Chûnin, je venais d'être promu à ce rang. J'en étais heureux, à vrai dire ce n'était que récompense pour mes efforts. En soit je n'avais pas à remercié la décision qui n'était qu'un juste paiement. J'effectuais des missions encore et encore, je n'avais pas peur du danger et j'allais affronter tous les problèmes survenant. Je ne pensais surtout pas à lister mes actions, ce n'était pas quelque chose dont on pouvait se vanter. Comme tous les Shinobis, j’exécutai seulement mon rôle en tant que tel. J'en suivais les préceptes, les valeurs allant même jusqu'à défaire certains principes. Habituellement, on donnait ce grade suite à un examen, la seule dérogation était l'obtention par le mérite. En soit je ne savais pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose, certaines personnes pourraient mal le prendre et d'autre pourraient me féliciter. Dans tous les cas, je me fichais complètement de l'avis d'autrui. L'avenir de mon village m'importais bien plus que les remontrances de ses habitants.
Aujourd'hui était un jour comme les autres si ce n'est mon premier jour en tant que Chûnin, de plus je n'avais aucune consigne pour ce jour. C'était donc un jour libre et je pensais à marcher un peu dans mon si beau village avant de rejoindre le centre d'entraînement. Je ne m'étais pas vêtu de la bonne façon mais ce n'était pas très grave. Je portais un Kimono noir assez simple et Azura était toujours située à mes côtés. Il fallait tout de même que je prenne de quoi me restaurer avant de continuer ma route, je ne pus m'empêcher de penser au restaurant où on était allé avec Satoru, un très bon restaurant. J'avais pris le plat du jour qui était plutôt bien préparé, la serveuse bien que débutante avait aussi fait un très bon travail. J'y mangerai sûrement à nouveau un jour avec ma nouvelle équipe. Comme dit je déambulais donc dans les ruelles, les boulevards de Suna à la recherche de quelque chose attirant mon palais. Je ne pensais pas voir ces trois personnes mais le destin en avait décidé autrement.
Je m'arrêtai donc face à trois hommes, l'homme du milieu était le plus vieux et les adjacents avoisinaient la quarantaine. Ils étaient les dirigeants de la famille Toshiro, une famille qui prenait de plus en plus d'ampleur d'après mes sources. Après l'achat de quelques boutiques, ils en profitaient pour acquérir des maisons et un pâté de maison appartenait à cette famille. Nous n'étions pas un clan étant donné que nous étions dénoué de don inné, seulement une famille voulant acquérir de la puissance à Suna. Je disais « nous » mais c'était bien sûr à tort, j'avais été évincé de la famille il y a bien longtemps. Je n'en portais plus que le nom que j’espérais au fond de moi faire briller dans le futur. Le vieil homme s'avança avec le sourire aux lèvres avant de prendre la parole. Il avait une voix usé par le temps et le temps avait laissé des marques sur son visage. Mes yeux étaient plantés dans les siens et j’arborai alors une expression froide sans pareille.
« Ogami, ogami ! Cela fait longtemps, n'est-ce pas ? Dis donc nous avons appris ta promotion, c'est une bonne chose. On parle souvent d'un Toshiro Ogami.. Enfin pour nous c'est seulement Ogami haha. »
Il était aisé de comprendre où il voulait en venir. Après m'avoir jeté comme un malpropre, je n'étais plus pour eux un membre de la famille. Les Toshiro étaient environs une cinquantaine à ce jour et chaque personne expulsée n'était plus des leurs. Je repensais alors au jour où mon père s'en était allé. Un jour que je ne pouvais oublier. Les images me paraissaient tellement claires, j'avais l'impression d'être omniscient à la scène. Je voyais mon paternel se faire emporter dans un morceau de bois afin d'être enterré dans une petite parcelle appartenant à la famille. Habillé de noir, j'observais la sépulture la tête baissée en repensant à lui. Je n'avais personne autour de moi, ils étaient comme dispersés, avaient-ils peur de moi ? Seulement, je ne cherchais aucune compassion.. Du moins je le croyais jusqu'à qu'on me demande à la salle des dirigeants.
Je pensais honnêtement qu'ils allaient m'apporter de l'aide. Je le voulais tout simplement. Assis sur une coussin en une position plutôt traditionnelle, je regardais les trois dirigeants et le prêtre à ma droite lui aussi assis. Je pus m'empêcher de laisser quelques larmes couler avant que le vieil homme ne prenne la parole. Il m'expliqua alors que le prêtre avait eu une vision à mon égard et que les signes ne pouvaient pas être interprétés autrement. Je dévastais tout sur mon passage, j'étais comme une malédiction. Petit j'avais déjà emporté ma mère à ma naissance, ma sœur avait suivi ainsi que mon père. Mon entourage mouraient à mes côtés et ils pensaient que j'en étais la cause. À quoi bon défendre quelque chose de déjà décidé ? Finalement j'étais venu en espérant avoir du réconfort de la part de certains membres de ma famille et je n'en avais pas eu. Je pense que mon blocage vient aussi de là, je n'avais pas eu d'aide au moment où j'en avais le plus besoin.
D'un geste de la main, je fus évincé de ma propre famille. Je partis donc avec quelques affaires, je n'avais plus de rente. Je quittais une demeure traditionnelle pour les rues de Suna. Ce jour-là, je m'étais promis de me venger. Une vengeance que je reportais au fil des années, n'ayant pas la force nécessaire.
Ses souvenirs eurent le don de faire monter en moi une colère difficile à retenir. Les poings serrés, je me décidai à répondre au vieil homme d'un ton froid.
« Je suis Toshiro Ogami, fils de Toshiro Yakou Shinobi de Suna. Je n'ai pas besoin de ton accord vieil homme pour arborer ce nom. Vous n'êtes que des déchets, vous trois. »
J'avais beau avoir seulement dix sept ans, cela ne m'empêchait pas pour autant de m'exprimer de la sorte face aux « anciens ». Une discussion bien brève qui après quelques rires se termina, mes trois interlocuteurs continuèrent leur route en discutant, j'en étais le sujet bien sûr. Je les regardais s'éloigner encore et encore. Mes poings toujours serrés, ils avaient fait ressortir de mauvais souvenirs, des pensées que je croyais oubliées. Ma vengeance ? Finalement peut-être que je devais y repenser sérieusement.
