Le passé est le passé. [PV / Tadaoki Wataru]

C’est toujours la même chose, quand je m’ennuie, je ne sais pas quoi faire. Et là encore, c’est exactement le cas. Il y a des jours où j’aimerais vraiment pouvoir m’adonner à quelques occupations. Le problème c’est que mes hobbies sont pour la plupart très mal vus par les gens de mon village. Faut dire aussi, je ne pense pas que les gens aiment bien quand je me bats et que je fais couler un peu de sang. Bon, bien sûr ce n’est pas mon seul loisir, mais c’est celui que j’apprécie le plus après tout. Enfin bref, vous l’aurez compris, je m’ennuie comme ce n’est pas possible. Et dans ces cas-là, quand je ne peux vraiment pas m’adonner à mon loisir préféré, il faut que je trouve quelque chose pour combler ce manque d’action. Et quoi de plus banal qu’une petite promenade pour me détendre et profiter du paysage que je connais par cœur à force de faire le tour du village. Je le connais tellement bien que je pourrais faire une balade les yeux fermés tienne ! Hé, mais c’est que ce n’est pas une mauvaise idée… Quoi que, si je croise quelqu’un qui me reconnait j’aurais très certainement l’air d’un con alors finalement je préfère éviter.

Bref, me voilà donc en train d’arpenter les rues de Kiri, avec un air maussade et un regard perdu. J’avais l’impression d’être un condamné à mort que l’on amène à l’échafaud. Oui la comparaison est certes un peu exagérée, j’en conviens, mais elle résume cependant parfaitement mon état d’esprit en ce moment. Il fallait absolument que je trouve quelque chose pour me divertir, n’importe quoi du moment que cela me faisait échapper à l’ennui. Et quoi de plus divertissant que de faire un tour dans les bars de la ville ? Rien, je trouve que c’est la meilleure chose qui soit, après les effusions de sang bien sûr. Vous n’imaginez même pas combien c’est amusant de rentrer dans un bar et d’écouter les conversations des gens, surtout ceux qui sont ivres. C’est bien connu, on cause plus quand on a un peu forcé sur la bouteille. Mais alors dans ces moments-là, je serais capable de payer pour écouter toutes les conneries que ces pochtrons débitent à la minute. Eh bien finalement j’ai trouvé quelque chose à faire, comme quoi tout arrive. Je me dirigeai donc vers mon endroit préféré parmi tous ceux qui renferment d’alcooliques.

Et quelques minutes plus tard, je me tenais devant l’entrée avec un sourire malicieux aux lèvres. J’ai beau ne pas ressentir d’émotion, je suis quand même capable d’avoir des loisirs et d’aimer ce genre d’occupations. Bien sûr cela ne me viendrait pas à l’idée de me joindre à ces gens là, mais parfois je peux croiser des connaissances ou bien des amis qui aiment eux aussi aller faire un tour dans un bar, même si ce n’est certainement pas pour les mêmes raisons que moi ; quoi que je n’aie jamais demandé. Et c’est alors qu’en entrant, je repérai tout de suite un visage assez familier, bien que je ne lui avais jamais vraiment parlé, cette personne m’intriguait. Et pourquoi ne pas discuter un peu tiens, ça ne peut pas me faire de mal. Je m’approchais donc d’une place libre à côté de lui et m’y installa. À la suite de quoi, je commandai un petit quelque chose pour éviter de passer pour le client qui ne consomme pas. Une fois servi, je tournai la tête vers cette personne et engagea la conversation d’un ton calme :

« Alors, on écume les bars parce qu’on s’ennuie, Wataru-san ? »

Ainsi donc, Wataru était dans ce bar pour la même raison que moi, l’ennui. Décidément, c’est aussi un syndrome en vogue de nos jours c’est peut-être même une fatalité en fin de compte. Enfin bref, mon regard se posa sur mon interlocuteur qui me tutoya, mais qui omit cependant de mentionner mon nom alors que j’avais mentionné le sien. Il me semble que cette personne ignore comment je m’appelle, en même temps je ne peux pas vraiment le blâmer pour cela. Après tout, je fais souvent de mon mieux pour passer incognito, je ne fais pas vraiment partie de ce genre de personne narcissique même si je ne m’occupe généralement que de moi-même. Je suis comme qui dirait un loup solitaire qui est cependant attaché à un village. Mais je dois bien dire que parfois j’envie un peu les Nukenins, enfin les shinobi errants, pas ceux qui commettent des crimes et trahissent leurs villages pour souvent des raisons que me dépassent. Pour l’instant je suis rattaché à cet endroit, qui m’a vu naître et grandir, certes j’ai perdu ma mère, mais une partie de ma famille est encore ici et pour rien au monde je ne trahirai la seule personne qui compte encore sur moi.

Enfin bref, Wataru me proposa de prendre une boisson de mon choix et paya même la prochaine tournée générale. Une proposition que j’acceptai bien évidemment, ce n’est pas tout les jours qu’une personne me propose de me payer un coût à boire. Je pris donc ce qui me faisait le plus envie. J’attendis que l’on me serve pour reprendre la parole, mais au moment d’ouvrir la bouche pour parler, j’entendis un bruit de verre qui se casse. Je me retournai alors et vit qu’un des pochtrons du bar avant fait tomber son verre. Il n’y a vraiment que des empotés, ici, maladroit et saoul, en général ces deux adjectifs ne font pas vraiment bon ménage. Il m’a surpris ce con, j’ai cru qu’une bagarre générale avait débuté. En tout cas, si jamais ce cas de figure arrive, je suis à même de les calmer en donnant à ma lame de quoi se nourrir, elle ne demande que cela et moi aussi d’ailleurs. Enfin bref, voyant que visiblement rien ne se produisit après cet éclat de verre, hormis un serveur qui s’empressa de ramasser les débris pour les jeter je suppose. Je me retournai alors et laissa échapper un soupir avant de prendre une nouvelle fois la parole :

« Moi… Rien de spécial, je m’ennuie un peu comme toi. Ah au fait, j’imagine que compte tenu du fait que tu ne me connais pas, je dois me présenter. Araragi Seigõ. Il n’y a vraiment rien à faire ici, surtout quand on a rien de prévu pas vrai ? »

J’imagine que compte tenu du fait qu’il me tutoie je me dois de faire de même, après tout, c’est un Kirijin comme moi, je ne vois pas pourquoi je devrais le vouvoyer… Enfin bref, je pris une gorgée de ma boisson avant de poser mon regard sur mon verre, une expression plutôt vide m’animait, comme ci la réponse de mon interlocuteur n’avait aucune importance, mais il fallait tout de même que je l’entende.