hrp:

Une nouvelle de Goren. Cela faisait bien des lustres que je n’avais eu aucun écho de lui. Qu’était-il devenu entre-temps ? Je n’en avais absolument aucune idée. Mais, j’étais certain d’une chose, c’est que Goren avait eu l’occasion d’accroître son réseau d’informateurs. Il devait savoir très certainement, des choses que j’ignorais. Depuis le temps que nous nous étions perdus de vue. De mon côté, quelles nouvelles avais-je ? Il faudrait voir. Trier celles qui ne le concernaient pas, ne pas évoquer les sujets sensibles et partager avec cet allié, ce qui pouvait l’être. Car notre pacte se basait essentiellement sur cela.

Je me trouvais une opportunité, une raison de quitter Kumo seul. Dans la plus grande discrétion possible, même si je savais pertinemment que mes allées et venues seraient connues d’au moins quelques personnes haut gradé à Kumo. Normal. N’avais-je pas installé tout un dispositif de pistage ? Quasiment tous les mouvements proches de Kumo étaient connus. Pour ne pas dire, tous. Chose pour laquelle j’éprouvais une certaine fierté. Nous avions travaillé d'arrache pied, les chefs de clan majeurs du village, Koémi et moi, pour mettre sur pied ce système de défense. Détenez l'information, la plus précise possible et vous aurez une avance considérable sur vos adversaires.

Je quitte donc le village en tenue banalisée comme on dirait. La tenue d’un membre du Satoru. Je ne pouvais me permettre d’aller plus bas. Un Kage, reste un Kage, même les dimanches ! Je filais donc aussi vite que possible vers le lieu de rendez-vous. Tout excité, à l’idée de rencontrer cet homme, certes dangereux, mais oh combien précieux sur le plan de l’exactitude des informations qu’il m’avait plus d’une fois donné.

J’étais arrivé sur le lieu de rendez-vous. Goren était là, il m’attendait. Il n’avait pas changé. Il semblait par contre, légèrement plus renfrogné. Des coups du sort… Probablement, une ou deux mauvaises aventures l’ayant affecté. Moi qui pensais qu’il était imperturbable. Peut-être me faisais-je des idées ?

« Salut Goren. Cela fait un moment… Je me doute bien que tu dois avoir des choses croustillantes à me partager. Et pour tout te dire, je suis curieux de savoir quoi. »

Je me laissais aller à un sourire mi-salaud, mi-sadique. Goren et moi avions tous deux cette disponibilité mentale au sadisme. Nos petites manigances ne tournaient qu’autour de cela d’ailleurs. C'était nos élans de sadisme que nous projetions.

Je regardais tout autour de moi. Rien. Simple précaution de shinobi, j’écoutais. Il me semblait qu’il n’y avait personne.

« Tu es venu sans ton binôme ce coup-ci ? »

Je faisais référence à Katano Yusuke. Une simple question. J’étais de toutes façons à mille lieux de me douter de quoi que ce soit.

*Étrange coïncidence!*

Pensant au moment, quelques jours auparavant, où j’ai rencontré Konjo. Cet homme avec qui j’ai encore une affaire à réglé non seulement parce qu’il m’a envoyé brutalement dans un dôme de Chakra qui aurait très bien pu me tuer, mais qui m’a plutôt détruit, mais, surtout, parce qu’il fait souffrir cette femme que j’apprécie particulièrement : Nozomi.

Nous avons croisé le fer pendant quelques minutes et je lui ai demandé de retourner voir sa fille. Je lui ai donné quelques informations quant à l’emplacement de la dame tout en esquivant plusieurs de ses assauts. Le géant à la lame immense ne m’effraie plus autant qu’il ne le faisait avant. Il est usé, vieux et désuet. Son style brut est sans classe et sans innovation.

Néanmoins, j’ai préféré le laisser partir sur cette entente, qu’il doive retrouver Nozomi. Ce n’est plus mon ennemi. Du moins, de mon point de vue, il n’est plus un danger pour moi ni ma voie. Peut-être me déteste-t-il, mais je n’ai pas le temps ni l’énergie à gaspiller pour ça. J’ai une nation à convertir.

Ainsi, seul, sur le chemin qui mène entre Senun et Gashadokuro, je vois, entre les arbres, une silhouette qui me rappelle de lointains souvenirs. Il s’agit du Vétéran, de Goren, de l’homme à la force incroyable qui m’a sauvé et aussi laissé pour mort, qui m’a rendu riche, mais aussi qui m’a fait rencontrer la dure réalité et, tout ça, en l’espace de quelques heures. Goren, face à moi, se met à sourire de toutes dents tout en m’approchant.

Yanosa m’a bien mis en garde contre lui et, maintenant, je sais qu’il est un criminel et une personne extrêmement dangereuse. Toutefois, je n’ai pas eu de nouvelles de lui depuis longtemps et je n’ai ouï d’aucune histoire horrible. Peut-être s’est-il assagit! Peut-être a-t-il payé ses dus à la société ou qu’il a changé sa voie!

Quoi qu’il en soit, il m’approche et requiert mon aide. Sans même prononcer un seul mot, j’accepte. C’est simple, j’ai une dette envers lui et si je peux la payer sans avoir à effectuer un crime, je me dois d’accepter. C’est le devoir d’un homme de payer ses dettes. Goren est un monstre, c’est vrai, mais c’est aussi grâce à lui que j’ai retrouvé ma famille et que j’ai eu suffisamment d’argent pour payer tant de choses.

Laissant Boke à proximité, je suis l’énorme pièce qu’est le Vétéran jusqu’à une location qui m’est inconnu. C’est réellement une situation à laquelle je ne m’attendais pas. Évidemment, je réalise que ça pourrait facilement être un piège, mais je préfère suivre l’homme silencieusement, une main sur mes trois sabres, prêt à agir en une fraction de seconde.

Encore plus étrangement, Goren me demande de rester tapi dans l’ombre à quelques dizaines de mètres de l’endroit où il se dirige. Je sens les pulsations de mon cœur frapper durement, mais je reste caché derrière un feuillu encore plus grand que les autres. Silencieusement, j’observe au loin ce qui se déroule.
Goren arrive, seul, et un autre homme s’avance lentement.

Un choc. J’écarquillais des yeux tout en ayant un mouvement de recul à l’entente de cette nouvelle pour le moins inattendue. Katano Yusuke, le silencieux, le méfiant. Dans mon imaginaire, il était de ces hommes qui étaient destinés à vivre longtemps, et à perpétrer encore et encore leurs indicibles méfaits contre les peuples et les nations. Mon seul rôle était de faire en sorte que ce type d’individu ne songe jamais à s’en prendre à Kaminari no Kuni. Voilà pourquoi je m’étais entre autres alliés à eux. De là à penser qu’il mourrait si tôt… Incroyable. Dans toute cette affaire, un nom cependant semblait être l’inconnue inattendue ayant été à l’origine de cette fin de parcours subite du nukenin aux sabres : Samui Kakeshuou.

Je me laissais aller à une grande expiration, manifestation de mon irritation naissante. Samui Kakeshuou. Encore lui. Ces temps-ci, le nom de cet homme parvenait un peu trop souvent à mes oreilles, à ma vue. Beaucoup trop à mon gout. Samui Kakeshuou, nouvel Empereur. Samui Kakeshuou, meurtrier du nukenin Katano Yusuke. Et bientôt quoi ? Je n’eus pas besoin d’attendre bien longtemps. Le déserteur de Kaze no Kuni me confirma ces pensées parvenues à mon esprit à peine quelques secondes plus tôt. L’Empire naissant, mais surtout, le projet d’annexion de l’archipel de Mizu no Kuni. Voilà un sujet qui m’intéresse au plus haut point. Cependant, je ne montre aucun signe de grand intérêt. Non pas que je me cache, mais plutôt que, dans un coin de ma mémoire, j’ai encore une pensée pour Yusuke. Peut-être par pur sadisme, je guette une trace de tristesse dans le visage, les gestes, le comportement de Goren. Je le sens affecté, au fond de lui, même s’il feint du contraire ; même si je constate qu’il a littéralement éludé la question Yusuke. Généralement, nous refusons les sujets gênant : ceux qui affectent d’une manière ou d’une autre notre interlocuteur ou nous-mêmes.

« Mes condoléances pour Yusuke… »

Je sais que Goren et lui étaient comme des frères, sinon plus. Et même si nous étions des shinobis, des armes au service d’un ordre quelconque, nous étions avant tout, des humains, là, au fond de nous, avec nos joies, nos peines.

« J’ai eu échos de la prise de contrôle de l’Alliance des pays neutres par le Samui. J’ai eu échos de prise d’envergure récente. Je sais également qu’il projette quelque chose sur l’archipel du pays de l’Eau. Cependant, te l’entendre dire est une preuve supplémentaire de la réalité et probablement de l’imminence de ces projets. »

Je me taisais. Une légère brise caressa ma chevelure. Mon regard restais fixement posé sur le nukenin. J’essayais de deviner ses intentions. Exercice futile, car nous nous disions tout. Tout, dans la limite de ce que nous pouvions partager.

« J’imagine que tu vas t’opposer au projet du Shukai sur Mizu ? J’imagine que tu es à la recherche d’alliés actifs ? Quels sont tes conditions ? »

Allons droit au but ! Indéniablement, nous devrions en passer par ce point. Autant lui ouvrir cette possibilité d’échange, sans tourner autour du pot.

hrp:

*Zennosuke? Que fait-il là? Et que veut Goren?*

Surpris, je prends une longue seconde à tenter d’analyser la situation avant de doucement me glisser plus profondément dans l’ombre. Je me suis tourné le dos contre l’écorce silencieusement. Les bras croisés, la jambe arquée et les yeux fermés, je me concentre sur les discours qui se déroulent à une dizaine ou vingtaine de mètres entre Goren et le dirigent de la Foudre.

Ainsi, j’apprends, de un, que Goren était allié avec un certain Yusuke Katano qui est maintenant mort, de deux, que le chef de l’Éclair connaissait les deux hommes, de trois, que le Vétéran connait Zennosuke, de quatre, que le criminel fut enfermé au Shûkai durant l’affaire des Furyoux, de cinq, qu’il était contrôlé et, peut-être, un serviteur et, de six, que mon ancien allié connait l’Empire et leurs projets.

Je soupire tout en douceur.

*Goren voudra donc prendre le contrôle de peu importe quel sera l’objectif de Kakeshuou par vengeance caché sous le drapeau de ses objectifs. C’est mon pari.*

Zennosuke se lance directement dans les questionnements et négociations au sujet de l’assaut potentiel, voire probable, de l’Empire sur l’archipel de Mizu no Kuni. Ce dernier s’informe de la raison de la rencontre. Suivant ces paroles, Goren m’appelle. Mes yeux s’ouvrent grands.

*Bon, nous serons fixés. Allons-y.*

Me poussant délicatement avec mon bassin, je quitte ma cachette et prend place dans la partie plus clairsemée, illuminé par les étoiles et la lune. Je m’avance tout en prenant soin d’enlever les quelques épines et feuilles qui avaient tombés sur mon veston. À quelques mètres, alors que j’en suis à replacer mon bouton de manche, je souris et regarde Zennosuke.

« Bonjour, monsieur Seki. Pardonnez ce subterfuge. »

Je tourne lentement le regard vers Goren.

« Alors, monsieur Goren, dites-moi, quelle est la raison de ma présence? »

Sitôt mes paroles prononcées, le Vétéran explique en détail la raison des invitations et des secrets. Grosso-modo, il désire confronter l’Empire et éviter que cette nouvelle puissance puisse prendre possession de Mizu no Kuni. C’est un noble bannière pour couvrir sa rage et sa vengeance contre un seul homme.

« Je vois. »

Je retire un cure-dent de la poche de mon veston et l’insère entre mes dents. Ma langue le fait se déplacer d’un coin à l’autre de ma bouche. Je lève le menton, laissant la lumière lunaire toucher mon visage.

« Je dois dire que ma relation avec vous, Zennosuke, fait en sorte que je ne puisse prendre position sans savoir quelle est la vôtre, malgré la dette que j'ai envers vous, Goren. »

Je baisse la tête en retournant mon attention envers Goren.

« Pour ce qui est du reste, je peux vous mettre en contact avec le Zen’Ryou, Goren, ils seront intéressé à protéger les villages et les innocents. »

Ma main se met à caresser l’arrière de ma nuque.

« Quelle est la situation de l’archipel? »

Ma demande peut sembler loufoque, à ce moment, mais je ne peux pas prendre une décision sans connaître toutes les répercussions de cette dernière. Maintenant, je suis l’élève de Musashi et si je m’implique dans des confrontations politiques, j’implique indirectement l’état du Fer. Ma présence sur un champ de bataille pourrait amener à la présence des armées de tous les clans ou mon renvoie de la contré tout dépendamment les circonstances.

Un de mes sourcils s’arque au-dessus de mon œil droit lorsque je constate la réaction de Goren à mes mots de sympathies. Un « pff » servi comme si les paroles que j’avais prononcé étaient futiles. J’avoue avoir été légèrement vexé. Un poil. Après tout, j’étais sincère en prononçant ces mots. Je croise les bras sur ma poitrine sans même y prêter attention. Je comprends désormais que dans ma relation avec Goren, ma place se limite à un simple allié de circonstances. Un allié qui le restera probablement tant que je lui serai encore d’un quelconque intérêt. Voilà de quoi affiner mes propos, mes actes futurs envers lui, dans un avenir proche.

La discussion glisse sur le sujet de l’intervention à Mizu no Kuni et la recherche active d’alliés par Goren. Bras toujours croisés sur ma poitrine, je suis à nouveau surpris lorsque mon ouïe me fait parvenir le son d’un mouvement. Un mouvement que je peux définir, me représenter, d’après ce que j’en entends. Quelqu’un se lève, quelqu’un marche vers notre direction, calmement. J’entends à ses pas qu’il ne s’agira pas de quelqu’un va tenter une quelconque attaque en traitre. Je reste cependant sur mes gardes. Prêt à faire exploser littéralement l’endroit au moindre signe qui indiquerait une traîtrise de la part de Goren, que je regarde fixement, mais d’un air neutre.

A ma grande surprise, des bois environnants, se dégage la silhouette d’un homme que je connais. Un samouraï aux idées pacifistes qui s’approche. Un idéaliste. Le type d’homme que je classerai volontiers dans la case : « rêveur ». Takusanken, le leader du Zen’Ryou. Une chose cependant me frappe. Le samouraï a un visage légèrement plus grave que de coutume ? Est-ce le poids des responsabilités qui commencent à lui faire entrevoir le monde dans sa nature véritable ou par un concours de circonstances cet homme est devenu plus réaliste ? Il me semble un poil moins rêveur. Cependant, quoi qu’il en soit, à première vue, j’estime que sa place n’est pas ici. Pas dans une discussion privée entre Kyu Goren et moi.

« Bonjour Monsieur Takusanken. »

Lui avais-je répondu, sur un ton neutre. Puis, j’écoute les deux hommes échanger devant moi. Je n’avais toujours pas bougé. Et je prenais acte. Je prenais acte de cette liaison incongrue entre ce samouraï aux idées obsolètes, et ce déserteur aux idées si perverses, que m’expliquer le fait que ces deux-là n’en viennent pas aux poings dans un combat à mort, m’était impossible. Leur idéologie respective est totalement opposée. Comment peuvent-ils s’entendre ? Ou alors, l’un des deux n’a pas dévoilé son véritable visage à l’autre.

Takusanken me demande à présent quelle est ma position suite à ce que vient de dire le déserteur de Suna, concernant l'archipel. Je hoche la tête en son intention comme pour lui demander de me donner un court temps de réflexion, puis je m’avance vers Goren. Une fois à sa hauteur, de côté, buste orienté dans le sens contraire au sien, montrant le dos au samouraï, je lâche dans un souffle directement porté aux seules oreilles du Démon du Sable, ces quelques mots :

« Ce samouraï n’est pas fiable. Il est bien trop idéaliste et serait capable en pleine opération, au détour de propos charmeurs adressé à son encontre, se détourner de toi et te porter préjudice. Prends-tu ce risque Goren ? »

Et c’est là que j’appuyais de mon regard mes propos. Je fixais Goren, de profil, mon alter ego sur bien des aspects. Prenait-il conscience du risque qu’il courrait avec cet homme et son Zen’Ryou dont il semblait être curieusement détaché, au vu de ses propos ? Goren était-il conscient qu’en tentant d’utiliser Takusanken, il manipulait une lame à doubles tranchants ? Encore pire s’il faisait appel au Zen’Ryou ? Il faudrait avant tout des arguments solides et tortueux, tant ce groupe pouvait s’avérer difficile à mobiliser. La preuve… Le samouraï avait parlé de protéger les villages et les innocents. J’avais envie de me frapper la main sur le visage. Qu’est-ce qu’un innocent en temps de guerre ? Sur quel critère pourrait-on se baser pour le déterminer ? À bien connaître les hommes, je pouvais être certain que la manipulation poussée de ce type de concepts pouvait mener aux plus grandes absurdités. J’en avais déjà fait les frais à plusieurs occasions avec les hommes de Konoha sur la grande affaire du Shoraizen. Je sais qu’un homme qui ne prête pas allégeance à un autre homme ou à une entité ou un système donné, précisément identifiable, n’est pas quelqu’un de fiable. Un homme qui est lié à des concepts est tout ce qu’il y a de plus creux. Il est un navire laissé à lui-même, en haute mer, par temps de tempête. Il est sans cesse berné, perdu par ses propres illusions.

« Je ne suis pas concerné par tes activités avec le samouraï. Ce que tu as à savoir, c’est que Kumo interviendra sur l’archipel. Mon objectif n’est pas de prendre l’île. Je n’y gagnerai rien, car les peuples qui y vivent, sont hostiles à la Foudre. Tu es assez intelligent pour comprendre pourquoi mes hommes interviendront. »

Un petit sourire sadique, et une lueur guerrière dans mon regard. Puis je poursuivais, dans ce murmure ne pouvant arriver aux oreilles du samouraï.

« Tâche d’utiliser ce que je t’avais remis. Nous échangerons par ce biais pour tout ce qui est des aspects stratégiques. »

Je reculais, puis faisait face au samouraï. Mes prochains mots seraient pour lui.

« La position de la Foudre ? Il nous semble que laisser les populations de Mizu dans leur état actuel est le souhait du Daimyo de ces terres. Autrement Kiri aurait été reconstruite depuis belle lurette et certainement pas sous le joug d'une coalition de pays étrangers, quand bien même ce serait un Samui qui serait à la tête de cette coalition... L’idéal est qu’une guerre soit évitée. Et pour éviter ce grand désastre, il faudra probablement faire avec des situations regrettables, mais qui en mon sens ne peuvent être évitées. Le Shukai avance ses pions dans l’ombre et l’Empereur voudra probablement s’assujettir tous les peuples. La première bataille se jouera probablement là, dans l’archipel et Kumo sera certainement du côté des peuples libres. »

Je venais de terminer ma tirade. Je ne comptais pas lui demander s’il comptait ou non participer à cette évènement. Après tout, jamais il ne me serait venu à l’idée de placer ma confiance en Takusanken ou en ses petits copains pour une action de type offensif. À la limite, je pouvais faire appel à leurs services pour des rôles d’un tout autre type. Si Goren voulait jouer avec le feu en traitant avec le samouraï sur ce type de dossiers, cela le regardait lui. Pas moi.

« Si ma présence n’est plus nécessaire, je m’en vais devoir vous quitter messieurs. »

Un regard vers Takusanken, puis je me tournais pour faire face à Goren et je formulais, dans un murmure à son intention, le dos tourné :

« Tu as pris un gros risque en dévoilant devant lui que nous étions liés. »

Je n’avais pas envie de prononcer des menaces. Mais, dans l’ordre des choses, ce sont les mots qui devaient sortir de ma bouche si je devais ajouter quoi que ce soit. Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais le sentiment que ma « couverture » venait d’être grillée.

Spoiler:

Le Vétéran et le Maître de la Foudre discutent très près l’un de l’autre, si près que je n’arrive pas à entendre un seul mot. Je garde le sourire et croise mes bras contre ma poitrine, attendant que cette discussion secrète se termine. Je trouve particulier que Goren m’ait invité à cette rencontre et qu’il m’apprenne, donc, la relation qu’il tient avec le dirigeant de Kumo et, donc, indirectement, avec la Nation des Nuages.

Finalement, Zennosuke explique qu’il pourra apporter son aide au géant puisqu’il n’a guère d’autres choix que d’empêcher l’Empire de prend possession de l’Archipel, un point plutôt stratégique dans les querelles entre Shinobis. En guise de réponse à sa requête de quitter, je ne fais que hocher de la tête, conservant mon sourire cachant toutes mes émotions et mes pensées. Je m’améliore en ce qui concerne la conservation de ce masque, de ce sourire. Les gens peuvent de moins en moins lire mes motivations et je trouve, maintenant, moyen de cacher jusqu’à ma surprise.

Approchant de Goren, à quelques pas de lui, je peux sentir sa présence. Cet homme est pur de ses convictions et de ses idées. Il est direct, brut et sans détour. Il veut chaotiquement que l’homme redevienne une sorte d’animal et il prouve par ses actions ce que peut donner un être qui se laisse guider par cette passion, par ces choix.

Néanmoins, il reste un criminel d’une force renommée.

« Donc, si Zennosuke vous supporte, vous pouvez compter mon support et je communiquerai avec le Zen’Ryou pour avoir le leur. Je devrais communiquer directement avec mon Mentor pour connaître la position de Tetsu no Kuni. »

Je caresse ma nuque.

« Je n’ai pas l’intention de parler de cette rencontre, Goren, vous le savez bien! Je vous en dois une, voire deux. »

Je retourne mon regard vers le Vétéran.

« Et, désolé de ne pas vous avoir contacté auparavant. Vous savez que je chasse les criminels, Goren, et vous êtes le plus grand d’entre eux. C’est compliqué. Dites-moi..?! »

Mon sourire devient blagueur comme lorsque deux vieux amis rigolent ensemble.

« Ça ne vous dirait pas de ne plus être un criminel! Non? »

Je laisse passer un petit gloussement en espérant que ces mots détendent l’atmosphère.

« Plus sérieusement, j’ai quelques questions à vous poser encore. Vous connaissez en endroit où nous pouvons être seuls et loin des yeux et oreilles? »