Les échos des coups se répercutaient sur les troncs au cœur de la forêt qui bordait Konoha. Au-delà de cela, la nature s'était complètement tut, son habituelle quiétude troublée par deux hommes trop occupés à s'affronter pour se rendre compte qu'ils dérangeaient. Les lapins et les furets avaient déserté les lieux depuis longtemps, tout comme tout ce qui avaient eu assez de courage pour venir vivre dans la partie des bois que les shinobis du Village de la Feuille utilisent au quotidien comme terrain d'entrainement.

Aucun témoin du combat donc, au milieu du dense feuillage que portaient les branches d'été, les deux adversaires pouvaient se battre sans crainte d'être dérangés par des tiers. Pour le moment du moins... Le silence retomba brusquement. Face à face, deux hommes s'observaient. L'un était ruisselant de sueur, haletant. Sa poitrine se gonflait et s'affaissait à un rythme rapide, entrainant dans ses mouvements ses bras maintenu en garde. Une multitude de tatouages les zébraient dans une symétrique parfaite, ondulant sur les muscles saillants qui roulaient sous la peau à chaque geste. Ses yeux restaient rivés sur celui qui se tenait à quelques pas de lui, immobile. Lui semblait frais comme la rosée du matin : s'il venait de se battre, aucun signe ne le trahissait. Il attendait intact, simplement, que les hostilités reprennent. Son regard était étrangement vitreux, sans émotion, si bien qu'il était difficile de se faire une idée de son expression générale à cause du masque à gaz qui lui barrait le bas du visage. Une légère brise, un vent discret parvenu à s'engouffrer entres les épais troncs de la forêt, agita l'énorme coupe afro qu'il portait, accrochant des brindilles dedans au passage. Cela ne sembla pas le déranger.

Natsuki avala sa salive et fit un pas en avant. L'Afro Seitô l'imita aussitôt comme un miroir, et les deux hommes se retrouvèrent au contact moins d'un instant plus tard. Mais le combat manquait de naturel et de mobilité : l'un en face de l'autre, bien campés sur leurs jambes, ils ne faisaient que s'échanger des coups de poing, sans qu'aucun ne touche l'autre. Pas d'esquive, juste des blocages : les assauts pleuvaient d'un côté, les autres s'y opposaient en barrage en face. Et le rythme ne fit que s'accentuer. Poings contre poings, os contre os, Natsuki semblait décidé à se cantonner à la défense, à moins qu'il n'y était acculé. L'œil nu moyen ne pouvait même plus suivre passé un certain moment : ce n'était plus qu'une tempête de chair flou qui déferlait entre les deux hommes, multipliant d'innombrables impacts au son de détonation. La passe s'éternisa, une minute, peut-être deux maintenant. Pas grand chose pourrait-on croire, mais l'effort physique était intense, et les muscles de Natsuki le lui firent savoir une fois le palier du troisième millier de coups franchit. Ses os aussi, mais ils les ignora de la même manière.

C'était ainsi que l'on progressait : en éprouvant son corps et sa volonté au plus près de la limite qui nous détruit, sans jamais la franchir.

Elle vadrouillait dans les airs, se plaisant à admirer la forêt depuis une telle hauteur. Portée par les différents courants elle laissait son esprit s’aérer et cessait de se focaliser uniquement sur ses prochains plans machiavéliques. Voler. Quelle sensation agréable. C’était presque aussi plaisant que d’écraser ses ennemis. Là-haut elle se sentait si puissante, si alerte. Comme si rien ne pouvait l’arrêter, rien ni personne. Ou presque. Non ce n’était pas possible. Il la poursuivait même quand elle ne faisait rien. Mais il n’était pas tout seul non. Ricanant quelque peu elle se posta au-dessus du terrain d’entraînement suffisamment en hauteur pour ne pas être vue. C’était bien lui … Mais en tenue de civil … Et l’autre … Non … Afro Seitô ? Ce dernier pensait-il véritablement pouvoir faire le poids face à son adversaire ?

Afro Seitô … Ce Super Vilain était une blague pure et simple. Il n’était bon qu’à s’en prendre à des villageois bouseux déjà aux portes de la mort avec ses deux acolytes les Seitô Boys Tatoués (SBT). Non … Elle n’avait rien à envier à Afro Mantis. Elle était la fourberie et la malignité incarnée. On la connaissait sous le nom de Mandibule la Ténébreuse, Veuve Noire, Mante Religieuse, Mouche à Sang … Et tout plein d’autres surnoms terrifiants rappelant ses larbins : les insectes. Ils s’amusaient bien en bas apparemment comparé à elle. N’y pouvant plus, Mandibule la Terrifiante piqua en direction du sol avant d’annuler sa technique de vol.

INSECT ROCKET, LA CHUTE DU FRELON AIGRI.

En position du héron elle atterrit au milieu des deux zouaves, la terre sous son pied se craquelant de manière circulaire, un nuage de poussière aveuglant les deux duellistes. Tournant sur elle-même dans une ravissante posture de toupie, un vent fort émanant d’elle repoussa la poussière au loin. Ça c’était ce qu’on appelait une belle entrée en scène. Et ni Afro Mantis, ni la Rousse aux Big Boobs ni même Lui ne pouvait rivaliser avec elle en matière de classe.

Spoiler:

Et bien et bien quelle surprise. Vous aurais-je interrompu ? Tu pensais vraiment t’en débarrasser tout seul Afro Seitô ? À d’autres ! Montre-moi ce que tu vaux vraiment … Sentaï Ranger !

Mandiboss regardant les deux énergumènes de son air le plus arrogant leur fit signe d’approcher. Mantis était plus que gérable … Sentaï Ranger ? Une autre histoire … Mais tant qu’il n’avait pas sa tenue spéciale il n’était qu’un homme ordinaire. Il ne lui faisait pas peur. Car après tout elle était la Grande, la Terrible, la Magnifique … Miss Morpion !

Deux coups particulièrement puissants s'opposèrent, figeant les deux adversaires dans leur position alors que l'onde d'impact souleva et repoussa autour d'eux un nuage de poussière. Mais plutôt que de s'éloigner, les résidus de terre et de brindilles leurs revinrent soudainement en plein visage. S'en suivirent alors des quintes de toux et des yeux larmoyants aux teintes rougeâtres. Que d'inconvénients que de ne pas porter de masque complet... Surtout que ce phénomène n'avait rien de naturel, et probablement un rapport avec la chose qui était tombée en piqué non loin d'eux. Pour peu qu'Afro Seitô ou Natsuki eurent encore des doutes sur le sujet, une voix digne de méchant de série pour enfants des années 1990 retentit et se chargea de les balayer.

Curieux spectacle qu'aperçurent alors le Nara tatoué et son clone maquillé lorsque les brumes de poussières retombèrent. Cela ressemblait à ces rêves qu'il avait parfois entre deux crises, ces visions d'un homme portant ses traits mais qui n'était pas lui, vêtu dans une étrange tenue bleue en braillant des concepts beaucoup trop beaux dans un monde qui était encore pire que le sien. Et ce fut comme si son esprit fut projeté ailleurs.

Son imagination s'emballa, son cœur traversa le ciel et les dimensions. Konoha, le Pays du Feu, le monde s'éroda sous ses pieds. Sa conscience disparut, et l'univers se reforma en un instant. Sentaï Ranger était là, dévisageant Miss Morpion de ce même air étonné qu'Afro Seitô ( à en juger par ses sourcils tout du moins ). Avaient-ils bien entendu ? Avait-elle décidé de se battre avec son allié après avoir remit en doute sa force ( et insulté ses capacités en venant l'aider sans qu'il ne demande rien ), alors qu'eux même luttaient entre eux pour la victoire du Bien ou du Mal ? L'occasion était rêvée pour elle, puisqu'il était affaiblit... Mais la Justice avait toujours un atout avec elle : le Bien gagnait forcément, sinon la série s'arrêtait et le producteur ne générait plus de profit qu'avec des produits dérivés oubliés d'ici un an. L'arrangement scénaristique se déroula donc comme suit afin de maintenir l'audimat :

Le temps de réaction des deux hommes toucha à son terme, et les deux ennemis se dévisagèrent à nouveau, comme pour se poser la question tacite '' que faisons-nous ? ''. Hélas pour Afro Seitô, Sentaï Ranger avait été plus vif d'une demi-seconde pour arriver aux conclusions : il lança son pied dans la mâchoire masquagazée du malheureux vilain, avec ce qu'il fallait de force pour l'envoyer à travers le firmament et le changer en étoile.

« + 300 Xp. Level Up ! » annonça une petite voix dans un accompagnement musical de deux notes.

Aussitôt, une aura de lumière émana de Sentaï Ranger, son passage de niveau lui ayant rendu tout ses points de vie et de points de chakra ( + les bonus inhérents à sa progression ). De quoi balayer toutes les certitudes de Miss Morpion quant à l'issu de ce truel redevenu un duel.

« Ne vend pas la Balance de la Justice avant de l'avoir vaincu ! Car moi, Sentaï Ranger, le dernier rempart inébranlable du Bien, vais t'arrêter ici et maintenant ! »

Et aussitôt, il se rua sur elle, dans la succession de sauts périlleux acrobatiques réglementaire – parce que marcher, c'est surfait. Les coups au corps-à-corps commencèrent rapidement à pleuvoir.

« Tu crois que peut-être que je ne vaux rien sans ma tenue ? Laisse-moi te montrer à quel point tu es dans l'erreur ! Car ma force ne me vient pas de mes vêtements, de mes armes, de mon canon laser Justice Beam, de mes années d'entrainements, de mes robots géants ou de mes techniques secrètes ancestrales, mais de mon coeur. Tant qu'en lui résonnera les préceptes de la Justice et la volonté de défendre le faible de l'oppresseur, alors je porterai en moi le pouvoir nécessaire de vaincre les monstres dans votre genre ! »

Des petits coups, des gros coups, toujours pleins de coups. ♫

« Je connais ta faiblesse Mandiboss ! Que croyais-tu en te dressant devant moi seule ? Qu'Afro Seitô suffirait ? A force de te cacher derrière tes armées et tes subordonnées ( la meilleure source d'Xp au monde ), ton potentiel physique offensif n'a jamais progressé ! Tu peux bien faire la maligne de loin, à lancer tes maléfices et tes subalternes ! Mais dès que tu es prise au corps, tu es sans défense, incapable de réagir et de te défendre face aux talents martiaux acquis dans la sueur et le sang ( le sien comme celui des autres ) ! »

Sentaï Ranger ne voulait pas lui laisser de répit, persuadé qu'en Art du Spectacle et de la Démonstration Martial ( appelé aussi Taijutsu ), Mandiboss ne valait pas un clou.

Il venait d’envoyer Afro Seitô vers d’autres cieux. Non ! Ça ne devait pas se passer comme ça ! À eux deux ils étaient censés faire plier ce justicier de pacotille avant qu’elle ne trahisse son allié et l’achève sans pitié. Enchaînant différentes positions martiales en guise de parade nuptiale, Mantibule la Terreur agita son sceptre, le plantant au sol alors qu’il émettait une faible lueur rougeâtre provoquée par un mécanisme bidon qui servait à illuminer la bulle en plastique qui faisait office de gemme à son sceptre.

Tu as beau avoir vaincu Sextô l’Affreux je vaincrai le pouvoir de l’amour et te réduirai en cendres moi l’Annonciatrice du Désespoir.

Nouvelles poses, elle commençait néanmoins à douter. Son pouvoir résidait dans son cœur ? Mais comment ? On disait toujours d’elle qu’elle n’en avait pas … Cela revenait au même que de lui dire qu’elle était faible ? Quel toupet ! Elle retrouverait sous peu tous ses anciens amants et leur couperait la tête en guise de punition afin de prouver à tous qu’elle était la Mante Religieuse qu’elle prétendait être.

Ahhhhhhhh tu dois me laisser une chance au moins Sentaï Ranger sinon l’épisode sera bien trop court ! Au lieu de m’achever laisse-moi appeler mon armée de minions !

Envoyée au tapis alors que son armure en caoutchouc s’agitait dans tous les sens, elle réveilla le pouvoir de son sceptre qui finalisa l’invocation dans des effets spéciaux mêlant fumée et éclairs du plus bel effet.

CHENIPAN ! PAPILLUSION ! OCCUPEZ-VOUS DE LUI !

Spoiler:

Se relevant difficilement, gênée par son armure, Miss Morpion se concentra, mémorisant les attaques de Sentai Ranger. Il l’avait eu une fois. Mais à force de voir ses créatures défaites elle avait appris son mode opératoire. Et maintenant elle pouvait enfin rivaliser. Retirant des pièces d’armures afin qu’elle devienne moins encombrantes, elle se préparait à invoquer ses larbins les plus terrifiants. Même le grand Musicos craignait la créature qui leur servait de chef, c’était pour dire. Meteorax et les quatre Furioups.

Sentaï Ranger termina son enchainement en repoussant Mandiboss à l'aide de son célèbre Dynamite Justice Flying Kick – ou DJFK en plus court . Il tourbillonna plus que nécessaire dans les airs, puis fit de même au sol afin de creuser la distance entre lui et son adversaire. Cette dernière avait raison, il ne fallait pas qu'il finisse tout de suite cet affrontement. Si le public le voyait achever le Mal sans effort, où serait le suspense ? Où serait le soupir de soulagement qui suit cette longue attente où chacun retient son souffle ? Où serait le cham...

Fumée et arcs électriques le tirèrent de ses réflexions. Il était complètement passé à côté du sceptre de Mandiboss, lequel avait tranquillement achevé son invocation en sournoise pendant que personne ne le regardait. Papillusion et Chenipan apparurent dans un long râle monstrueux suivit de plusieurs zoom en courte focale sur leurs pattes répugnantes s'agitant dans tous les sens et les différentes parties de leur corps difforme qui leur interdisait tout espoir de carrière dans une choral d'église.

Instinctivement, Sentaï Ranger porta sa main à sa hanche, prêt à se battre à armes égales contre Mandiboss et ses abominations. Mais il ne trouva que l'air et le vide à tâter de ses doigts. Forcément, il n'avait pas sa tenue de justicier qui fait la justice : sa ceinture de monstres de poche non plus, du coup... C'est alors qu'il se sentit comme cet aventurier célèbre pour son chapeau et son fouet au moment où il réalise face à son adversaire qu'il n'a pas son arme sur lui – autrement dit, plutôt stupide.

« J'espère que la Ligue me pardonnera cet écart et ne m'enlèvera pas ma licence, il ne me manque qu'un badge... » songea-t-il, alors qu'il prit sa position de garde.

A trois contre un, ses chances de victoire s'amenuisaient, même si en face il n'y avait surtout que du menu fretin. Il lui fallait réagir vite, et surtout réagir bien. Aux grands maux, les grands moyens... Accroupissement, rotation du torse, pas chassé avant, moulinets des bras. . Chenipan le malheureux était le plus proche, et tomba dans sa zone d'effet : la déferlante fut pour lui. Un premier poing ouvrit le bal en se fichant en gros plan dans son visage, suivit du reste de sa troupe, où chacun avait droit à un changement d'angle de la caméra pour donner une impression de dynamisme supplémentaire. Directs, crochets et genoux s’enchaînèrent jusqu'à mettre au tapis leur victime dans un uppercut final.

Spoiler:

Mais alors que Sentaï Ranger achevait sa pose de victoire, souriant à l'attention de l'écran, le pouce brandit vers le haut, son regard croisa Mandiboss, ou plutôt exactement, le corps beaucoup plus dénudé de cette dernière depuis qu'il avait posé un peu plus tôt ses yeux dessus. Le rapide tour du propriétaire lui fit oublier un instant Justice et son énorme paire de plateaux de balance. C'est que la criminelle était plutôt bien conservée pour son âge, le côté obscure lui avait réussit.

Un violent coup dans la mâchoire le ramena à plus de réalité, et l'invita à compter ses dents répandues sur le sol. Papillusion avait su profiter de la faille dans l'attention du Sentaï Ranger, et porta sa terrible attaque. La poussière avait un goût de sang dans sa bouche, à moins que ce n'était l'inverse. Il se roula alors sur le dos, et dévisagea l'ignoble créature en pointant un index menaçant dans sa direction, ses lèvres formant une réplique sans ambiguïté sur ses intentions futurs:

« Alors toi tu vas voir ta gueule » vociféra-t-il.
« Quelle attaque perfide ! Tu vas tâter du poing de la Justice en châtiment ! » corrigea la censure au moment du doublage français.

Mais impossible de masquer la colère qui brûlait dans les yeux du Sentaï Ranger sans armure. Oubliant toute notion de bien, de justice et d'honneur, il chargea le sous-fifre restant avec la nette intention de lui faire regretter la sortie de sa chrysalide.

« Tu vas souffrir d'une de mes meilleures arcanes ! La Grande Grêle de la Justice ! »

Les poings du Sentaï Ranger devinrent des missiles montés sur réacteur. Dès qu'il arriva au corps-à-corps de Papillusion, il le mystifia sur place de son enchaînement de frappes aux poings à haute vitesse. La réalité voulait qu'il le touche une trentaine de fois en une seconde seulement, mais ce laps de temps était beaucoup trop court pour lui permettre de placer sa réplique, aussi il fallu jouer sur la distorsion du temps et de la réalité, comme savait si bien le faire ce jeune garçon adepte du football avec son terrain.

« Vois ce que toi qui n'a plus de bras de ne peut plus faire ! Admire la rapidité de mes poings, la fluidité de mes gestes, la souplesse de mes muscles ! Le prix d'années d'entraînements et de pratiques ! Des angles d'attaques intelligemment étudiés, une force judicieusement dosée pour une vitesse optimale, une rotation des hanches pour une cadence démentielle, un positionnement stratégique des jambes pour une amplitude de frappes maximales ! Et surtout, l'énergie de la Justice issu de ma volonté déferlant dans mes veines, affluant dans mes mains le nécessaire pour surpasser toute limite physique de l'humain moyen ! La vitesse de frappe du son ! »

Son dernier coup, pas plus puissant que les autres mais davantage ponctué pour souligner l'aspect irrévocable de son jugement, acheva l’enchaînement du Sentaï Ranger. son adversaire aussi.

« Je te l'ai dit, ma force vient de mon cœur – ainsi que de beaucoup d'exercice – et non de ma tenue. Et maintenant c'est à ton tour d'en découvrir l'étendue, Mandiboss ! ».

Sa position en trois quart de profil ne rendit sa révélation que plus poignante. Mais il lui fit ensuite face, car il fallait du mouvement.

« Il n'y a plus rien pour te protéger désormais ! Ni tes sbires, ni ton armure. Alors prépare-toi à subir... »

Que subira Mandiboss ? Sentaï Ranger arrivera-t-il à occire l'une des plus profondes racines du Mal ? La suite au prochaine épisode ( estimé dans deux ou trois mois ).

Rapidité, fluidité, souplesse. Des angles d’attaques différents, la force, la rotation, le positionnement, l’amplitude mais surtout la vitesse. Oui oui ouiiiii ! Elle y était. Recréant les mouvements alors qu’il ne la regardait pas, il ne se rendait pas compte qu’il finalisait ses semaines d’entraînement. L’imbécile ! Ricanant diaboliquement, l’Aburame fit retentir son sceptre à nouveau. L’invocation était terminée et avec ça elle aurait enfin la puissance pour défaire cet ennemi de toujours.

FURIOUPS VENEZ À MOI !

Spoiler:

Des êtres monstrueux apparurent subitement dans un nuage de fumée. Ils étaient répugnants, ils étaient répugnants. Ceux-qui-étaient-invoqués-par-Miko. La terreur sur ce monde ou du moins de cet épisode. Et au centre leur chef. Meteorax. Une véritable machine à tuer qui avait fait se faire dessus bon nombre de Rangers.

ET TOMBEZ DANS L’OBLI !

Projetant des éclairs, elle absorba l’énergie vitale des quatre Furioups mineurs. Elle se sentait plus forte. Comme si elle dominait, tuait, se faisait adorer et massacrait. Un comble pour une méchante d’avoir toutes ces qualités. La puissance. Elle la sentait MUHAHAHAHA elle allait pulvériser ce misérable vermiceau ! Mais avant, il fallait encore un dernier ingrédient à sa recette de la puissance. Se rapprochant dans ce qu’il restait de son armure moulante de Meteorax immobilisé par l’éclair qui continuait à absorber sa puissance, Mandiboss attaqua rapidement de sa main droite, la plongeant dans le dos du Furioups supérieur. En ressortant son cœur alors que celui-ci s’écroulait avant de disparaître dans une nuée d’étincelles, Mandibule la terrible regarda Sentaï Ranger avec un sourire carnassier.

Voilà un cœur qui m’assurera la victoire ! Prépare-toi à mourir Sentai Ranger !

Broyant le cœur entre ses mains, Miko la Terrible chargea subitement son adversaire. Plus besoin de sceptre. Rapidité. Évitant son contre lamentable, elle ricana. Fluidité. Se faufilant sur son flanc droit, son poing brandi elle asséna le coup avec violence. Souplesse. Le Ranger déstabilisé, elle enchaîna par un jeu de jambes afin de le déstabiliser suffisamment pour continuer à caser ses coups les uns après les autres. Jeu de jambes, rotation, position, vitesse, force, énergie. Tout y était. Les coups pleuvaient alors boostée par l’énergie des Furioups qui émanait d’elle d’une lueur rougeâtre. Finissant son enchaînement en faisant voler le ridicule héros, elle rigola d’un rire méchant.

Où est ton cœur maintenant ? Aujourd’hui est le jour de ta défaite !

Chargeant à nouveau pour en finir, elle se jeta en l’air, prête à l’achever avec sa botte secrète. Mais l’énergie noire qui émanait de loin maintenant la fit hésiter alors qu’elle atterrissait sur lui, sa jambe chargée de toute la force dont elle était capable. Que se passait-il ? Il ne pourrait cependant pas arrêter un coup si puissant, non ! C’était la fin pour lui ! ça devait l’être !

« A subir... »

La menace se Sentaï Ranger se perdit dans le dépit. Si, des fichus sbires de Mandiboss, il y en avait encore... Ne s'arrêtait-elle donc jamais d'invoquer ? Le rêve de beaucoup de joueurs, c'était vrai, d'avoir une telle source de points d'expériences à volonté de la sorte, mais lui n'en n'était pas là. Premièrement parce qu'il aura beau farmer les invocations, s'il perdait contre le boss ensuite parce que épuisé, il devra reprendre au dernier point de sauvegarde en ayant tout perdu, et deuxièmement, parce qu'il venait juste de prendre niveau : il était trop loin du pallier suivant pour récupérer de la fatigue qu'il accumulera en se battant. Il ne pouvait donc pas laisser cette situation s'éterniser. D'autant plus que les spectateurs ne s'intéresseront probablement pas à du mâchage de mob en boucle. C'était bien pour la mise en bouche, l'échauffement tout cela, mais maintenant il fallait en venir au plat principal avec l'invité d'honneur, la soupe de marrons avec assaisonnement aux dents et cuisson bleue ou saignante, selon les préférences.

Sentaï Ranger avisa donc ses adversaires, qu'il sentait plus costauds que les précédents, et opta pour la tactique la plus adaptée à la situation : tout faire exploser. Mandiboss ne l'entendait cependant pas de cette oreille... Non, plutôt que de laisser son adversaire se nourrir allègrement en XP, ce fut elle qui les draina. Son sceptre fétiche en main, seule probable compagnie durant longues nuits d'hiver dans sa forteresse, elle paralysa tous ceux qu'elle venait d'appeler à son soutien, et tel un vampire, vola leur énergie à son propre profit. Sous les yeux du Justicier qui faisait la Justice, elle gagna brutalement en puissance, et continua de le faire sans rien craindre, car les héros attendaient toujours que le vilain termine de faire ce qu'il préparait, même si c'était long comme rituel et qu'il suffisait d'un poing judicieusement lancé dans le menton pour l'interrompre. Le Coeur de Meteorax à la main, Mandiboss toisait d'une assurance sans égale Sentaï Ranger, lequel baissait lui-même les yeux sur un petit carnet dont il prit note.

'' Les vilains prennent tout au pied de la lettre : bien surveiller ce que l'on dit lorsque l'on s'adresse à eux. ''

« Parce que tu crois vraiment que cela va être d'une quelconque utilité contre... » commença-t-il

Mais un battement de cils plus tard, Mandiboss était déjà sur lui. Plus le temps d'esquiver, il bloqua de justesse. Contre, il frappa avec force en riposte, mais ne toucha que le vent : son adversaire n'était déjà plus devant lui. Ses côtes meurtries lui firent remonter une information intéressante, celle qu'il venait d'encaisser une méchante frappe. Elle arriva cependant un peu tard, car il était déjà prit dans une tempête de coups : il en était aux dixième impact quand les effets du premier se firent sentir. Impossible de suivre la cadence, il ne pouvait que la subir, impuissant, sans parvenir à ne serait-ce que voir d'où la prochaine allait arriver. Se créa alors un sacré bouchon dans son système nerveux, toutes les parties de son corps faisant la queue pour se plaindre des conditions auxquelles elles étaient exposées. Il profita néanmoins d'un court instant de répit pour entendre les doléances, instant durant lequel il vola libre comme l'air, avant de tester s'il était plus solide qu'un arbre en bois. Le tronc gagna.

Gisant à terre, étalé de toute sa masse, il dû admettre qu'il avait très mal. Son sang ruisselait par diverses plaies sur son visage ( dans la version originale seulement ) et la poussière de terre s'y accrochait joyeusement pour renforcer son aspect vaincu. Un de ses yeux était tuméfié, et ses cheveux sales tombaient en mèches collantes sur sa joue gonflée. Il se releva avec difficulté, les jambes lourdes, les épaules affaissées et les bras ballants. Les genoux flageolants, et l'équilibre précaire, il peinait à se maintenir debout. Même respirer était douloureux. Il cracha un peu de salive sur le côté ( seule la version française considère que l'être humain crache de l'eau après un tabassage en règle ) et leva les yeux vers Mandiboss. Malgré son état précaire, l'on pouvait y lire toute la pitié que lui inspirait la jeune vieille jeu … la femme contre qui il se battait. Mener une existence de solitude au sein d'une armée où seule la force comptait, où ses seules perspectives d'avenirs étaient de détruire et répandre le chaos, alors qu'il y avait tant d'autres choses à faire de sa vie, de plaisir à découvrir et d'activités à pratiquer. Une vie dont les liens avec son entourage ne se classaient qu'en trois catégories : '' supérieur hiérarchique '', '' inférieur hiérarchique '', et '' à éliminer '' ( avec possibilité d'être dans deux catégories à la fois ). Une existence morne et répétitive, sans passion ni sentiment, avec la recherche du pouvoir comme seule fin en soi.

Alors qu'un plan de plus en plus gros sur la botte de Mandiboss lui était proposé, son regard croisa celui de la vilaine, et il lui afficha un sourire triste. C'était bête. Il allait mourir, et tout ce qu'il pouvait éprouver, c'était de la peine pour elle, et ce qu'elle était.

L'impact fut si puissant qu'il fut entendu à l'autre bout du pays. Les arbres se couchèrent sous la violence du contact, et les plus proches se déracinèrent même. La poussière retomba lentement, et laissa planer le suspense dans l'air. Les secondes s'égrainèrent, jusqu'à ce qu'une faible lueur bleue traverse le rideau de débris volatils. La vision s’éclaircit alors peu à peu, faisant place semi-dégagée à une scène figée dans le temps et l'espace. En l'air, Madiboss, la jambe résolument tendue vers sa victime selon un angle à cinquante degrés du sol. A terre, un homme campé sur ses deux pieds, la botte de son adversaire fermement bloquée dans sa main recouverte et dressée en barrage.

« Tu n'as vraiment rien comprit à ce qu'est vraiment un cœur alors... »

D'un geste du bras, il la repoussa en arrière sans force, et dissipa ce qu'il restait de la brume de terre autour d'eux.

« Mon cœur est là, dans ces paumes. » dit-il en faisant un pas métallique en avant, les bras à demi écartées et les mains ouvertes. « Il est celui qui me donne la force de protéger ce qui doit l'être des monstres dans ton genre. Les armes les plus puissantes sont celles qui servent à défendre, et non à détruire. Qu'importe mon état, elle me fera toujours me relever. Tu ne peux pas gagner. Et tu ne gagneras jamais tant que tu continueras cette course futile du pouvoir pour de mauvais desseins. Mon cœur est peut-être faible, mais il est lié à tout ceux qui comptent sur moi pour assurer un avenir radieux. La Justice et leur courage sont la source de ma puissance. Tu peux bien te gaver autant que tu le veux de l'énergie de tes sous-fifres, elle n'est rien en comparaison du pouvoir que mes amis m'accordent. Cette armure en est la preuve. »

En effet. La tenue que portait Sentai Ranger n'avait rien à voir avec celle qu'il revêtait habituellement en se transformant. Il n'avait même pas son bracelet transformeur sur lui. Et pourtant, elle était bien là, issue de la conviction de sa volonté, de son courage et des valeurs de son cœur. Une armure céruléen intégrale, dont les renforts d'aciers à sa couleur symbolique contrastaient le métal sombre qui couvrait ses bras, ses cuisses, et ses parties vitales. Plusieurs néons laissaient émaner une lumière bleuté qui flottait un instant dans l'air derrière les mouvements du Nouveau Ranger. Bien qu'il n'était plus possible de voir son expression sous le casque Monsieur Propre qu'il portait, l'intensité accrue de la lumière de sa visière se chargea de témoigner de la résolution de sa volonté.

Spoiler:

« Tu ne peux pas me vaincre, et je ne peux pas te laisser fuir après tout ce que tu as fait. Subit ma punition pour qu'enfin tu arrêtes de faire des bêtises. »

Il leva la main de son jugement, mais un tremblement terrible de la terre le coupa dans l'accomplissement de sa sentence. Un cri de rage retentit dans les cieux, et une silhouette gigantesque voila le soleil. Sentaï Ranger n'eut pas besoin de lever les yeux : à l'ombre qui grandissait à ses pieds, il en reconnu la forme : MegaAfroSeitô était de retour.

« Je vais tous vous détruire ! » hurla le sous-titre du géant de plusieurs dizaines de mètres de haut, car il était impossible de le comprendre parler sous son masque à gaz. « Tous ! »

Il était vraiment grand, Sentaï Ranger en avait mal à la nuque tellement il devait se pencher en arrière pour tout voir.

« Va-t-en d'ici Mandiboss si tu veux vivre. » lança-t-il d'une voix parfaitement calme à l'intention de la criminelle. « Tu as beau être devenu forte, tu ne fais pas le poids contre lui. Je m'en occupe. »

Puisque son cœur lui avait confier un nouveau bracelet transformeur, il était temps de s'en servir. Il tapota sur les boutons présents dessus, puis leva inutilement vers le ciel.

« A moi, Shitennosenpuunokokyaku Megazord ! »

Livré avec la délicatesse du routier espagnol, une immense et rectangulaire caisse de bois Acme tomba du ciel, s'écrasant sans dégât apparent à quelques mètres seulement de Sentaï Ranger. La colle de mauvaise facture utilisée pour la sceller céda sous le choc, et les différentes faces de la caisse tombèrent chacune de leur côté pour révéler ce qu'elle contenait : le légendaire Mecha-robot géant des Sentaï Ranger. Une petite porte présente au niveau de la semelle droite de la machine s'ouvrit, et permit à son pilote d'atteindre le cockpit cinq minutes plus tard, hors de souffle.

Spoiler:

« Foutu ascenseur encore en panne. » gromela-t-il.

Normalement, il était nécessaire que l'équipe des cinq Ranger soit réunit pour piloter l'engin, mais Sentai Ranger avait insister pour que le système soit simplifié, des fois que. Il boucla donc sa ceinture de sécurité, et agrippa le pad de contrôle.

Spoiler:

Le duel contre MegaAfroSeitô pouvait commencer. Un combat qu'il ne tarda pas à réaliser bien plus ardu que ce qu'il pensait. La Grande Grêle de la Justice risquait de ne pas suffire... Quelle idée aussi d'avoir construit un robot avec une tête aussi grosse et des bras aussi courts !?

Je vais tous vous détruire ! Tous !

*Natsuki arrête !*

Un combat s’engagea alors entre les deux géants mais il était clair que le Shitennosenpuunokokyaku Megazord avait le dessus sur son adversaire. L’épée tourna dans sa main, se transformant en foreuse dévastatrice, résultat d’un parfait combo AAAAABABABBA. L’épée perfora MegaAfroSeitô en pleine poitrine, plusieurs réacteurs et mécanismes explosant et volant dans toutes les directions alors que la drille le traversait de part en part.

* * * * *

Crachant une gerbe de sang, le blondinet allongé sur une table semblable à celle sur laquelle se trouvait le Nara à deux mètre d’écart, fronça les sourcils alors qu’il commençait à suffoquer et à suer sous le coup de l’effort. Son abdomen le torturait plus que de raison alors qu’aucun signe physique n’indiquait la présence d’une blessure. Le filet de sang coula le long de sa joue mais il ne se donna pas la peine de l’essuyer. Il ne pouvait pas. Il était toujours prisonnier de l’esprit du Nara dans lequel il était intervenu pour aider le bonhomme à maîtriser son pouvoir.

Un simple entraînement avec Miko au départ. C’était le souvenir de Natsuki que le Yamanaka avait choisi comme base de la simulation. Un combat amical, un entraînement avec une personne qu’il connaissait et qui ne représentait pas une menace. Les choses avaient plus que dérapé. Il avait fait une erreur dans ses dosages de drogues et Genjutsus sous lesquels le Natsuki avait été placé pour ébrécher légèrement les défenses qu’il avait dressées entre sa conscience et cette entité qui sommeillait en lui. L’objectif de la séance était que Natsuki apprenne à maîtriser cette entité, qu’il parvienne à garder le contrôle, du moins d’une infime partie. Ce n’était pas la première séance de ce type d’ailleurs. Iji souhaitant augmenter la difficulté progressivement.

Mais la simple brèche qu’il avait créée, avait été suffisante à cette entité pour prendre le contrôle du corps de Natsuki au moment critique où la Miko virtuelle allait achever le Nara. Il s’était par la suite totalement transformé, dans ce monde virtuel mais également dans le monde physique, les innombrables sceaux et liens étant les seules choses l’empêchant de s’échapper. Mais pour combien de temps ? Ses convulsions témoignaient de sa puissance. Lâché sur le village il ferait un véritable carnage. Continuant d’affronter cette présence démoniaque dans l’esprit du Nara, la représentation spirituelle du Yamanaka transpercé par l’avant-bras griffu de son boss, cracha une nouvelle gerbe de sang, avant de puiser dans ses réserves et dernières forces, agrippant le bras pour qu’il ne puisse pas s’échapper tandis que des centaines de chaînes s’échappaient du néant pour venir saisir et immobiliser la bête. Celle-ci hurla de rage alors qu’elle se débattait, essayant de retirer son bras, mais le blondinet tint bon avant de s’évanouir sous l’effort.

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S’épongeant le filet de sang séché avec un chiffon humide au-dessus du lavabo de son laboratoire secret dans les sous-sols de l’Hôpital, Iji, exténué, repensa à ce qu’il s’était passé. Jusqu’à maintenant les séances se déroulaient bien. Mais il avait fait l’erreur de confronter le Nara affaibli psychologiquement à une situation où il perdait. C’était trop tôt. Les résultats de l’expérience étaient plus que prometteurs, mais pour le moment il ressassait plutôt la difficulté de l’exercice. Ne pouvant se retenir alors que la douleur le travaillait encore, il vomit à nouveau dans l’évier, ouvrant le robinet pour faire partir la substance et l’odeur avant de se rincer la bouche.

Il tremblait encore sous l’effort qu’il avait dû fournir pour garder le Nara sous contrôle. Cette fois n’était pas comme les autres. Il avait dû mettre sa vie en jeu car s’étant installé en maitre du jeu dans l’esprit du manipulateur des ombres. Esprit qui l’avait retenu prisonnier quand les choses avaient dégénéré. Parcourant la salle d’un pas branlant, il arriva jusqu’à la table où se trouvait le tatoué, parcourant du doigt les liens à la limite d’avoir été rompus lors de l’expérience. Il allait devoir les changer mais … Plus tard. Pour l’instant Natsuki dormait d’un sommeil reposant et relaxant. Et puis … En toute honnêteté il commençait à craindre ce dont il était capable. Ce qui s’était révélé être une expérience qu’il imaginait comme révolutionnaire, commençait à devenir bien trop dangereux. Il avancerait plus lentement dorénavant et avec plus de précautions.

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Les deux mains encadrant la tête grisonnante du chef de la Racine, Iji ressassait sa version des événements passés. Les drogues et Genjutsus l’avaient fait voir la scène totalement autrement. Le gamin ne comprenait qu’à moitié cette histoire de Ranger et de Mandiboss et attribuait la chose à un souvenir lié à son enfance, mais il n’avait pu s’empêcher de réaliser que Natsuki n’avait pas eu conscience de ce qui s’était passé. Du moins pas pleinement. Pour lui tout était maîtrisé, il était toujours maître de lui-même mais … Était resté rattaché à cette réalité virtuelle, à ce jeu gentil contre méchant. Amusant de voir comment il identifiait son pouvoir à un costume ou à un robot géant … Mais terrifiant en même temps… Cependant Iji s’avouait assez vexé qu’il attribue son intervention à l’arrivée de ce MegaAfroSeitô. Génial la comparaison avec l’ancien intendant.

Ah t’es réveillé ! … Bien dormi ?

Sursautant alors que la tête venait de bouger, Iji ouvrit les yeux, se déconcentrant, avec d’arborer un magnifique sourire ravi et … terriblement fictif. Il avait peur que Natsuki découvre la vérité et s’enfonce à nouveau dans cette déprime qu’il adorait afficher.

Bon sinon écoute … Y a du progrès, ‘fin attend j’vais t’faire un café et apporter un truc à manger tu dois crever la dalle.

Quittant le Nara, le blondinet plissa rapidement son front à cause de l’inquiétude qui s’emparait de lui, perdant son sourire hypocrite alors qu’il lui tournait le dos. Toujours de dos, il remplit et mit en marche la bouilloire, sortit des encas, deux mugs, deux cuillères et le café en poudre avant de se retourner de nouveau faussement rayonnant sans s’apercevoir qu’il avait laissé les sangles à deux doigts de céder toujours attachées même après le réveil de son compagnon.

Il faisait noir. Pas de haut, pas de bas, juste l'obscurité. Dans une demi-conscience, il regarda autour de lui, sa tête ballotant entre ses épaules, l'effort de la lever semblant lui-même hors de ses forces. Il n'y avait rien. Pas de repère, pas de mouvement, pas même de trace de son propre corps. Et pourtant, il était là, flottant dans ce '' rien ''. Il tenta d'inspirer, mais rien n'entra dans ses poumons. Il n'étouffait pas, ses bras étaient juste engourdis. Il ferma doucement les yeux, sans trouver le courage de les ouvrir à nouveau. Cela ne changeait rien.

Une étincelle changea le monde. Discrète et minuscule, son éclat floconneux trancha pourtant comme un phare dans la nuit. Son doigt remua d'un tressaut, suivit des autres qui parvinrent à former un poing. Sa force lui revenait, il avait froid. La lumière était au-dessus de lui. Loin peut-être, il n'arrivait pas à l'estimer. L'éclat n'illuminait rien, car il n'y avait rien à illuminer. Il ne voyait toujours pas ses '' mains '', mais c'était sans importance. Il battit doucement des jambes, il flottait. Il était libre. Libre d'aller partout dans ce nulle part. Alors il avança. Il nagea dans ce '' rien '' dans la seule direction qui lui était offerte. Le flocon ne se rapprochait pas, mais il grandissait. D'étincelle à brasier, elle l'avala entièrement.

Natsuki ouvrit doucement les yeux, émergeant d'un sommeil étrange et singulier. Il aurait sincèrement aimé avoir autre chose qu'une vue directe en contre-plongée sur les narines profondes d'Iji comme première vision à son réveil, mais dû s'en contenter.

« C'est pas pire qu'un sommeil normal. » répondit-il.

Il tenta de se lever, sans succès : le peu qu'il avait pu soulever retomba lourdement sur la table. Il oubliait toujours qu'il était attaché pendant les séances. Au moins le Yamanaka avait prit la peine de lui ôter sa muselière.

« Alors, c'était comment ? »

Pivotant pour s’assoir sur le bord de la table une fois libéré, il acheva de retirer sa camisole, et enfila son haut habituel.

« Iji... » commença-t-il sur un ton léger à table après avoir porté sa tasse à ses lèvres. « J'ai apprit à faire ce sourire bien avant qu'il ne te pousse du poil au torse. Jusqu'où j'ai tenu, et qu'est-ce qui a foiré ? »

Niveau rictus factice et sourire à l'éclat de la nuit, on ne la lui faisait pas. Il laissa planer un instant de silence qu'il jugea de circonstance après la révélation.

« Il y a encore une odeur de sang et de peur qui flotte dans cette salle. Alors je veux bien que tu me dises que tout cela entraine mon esprit, et que ma mémoire n'a pas besoin de s'encombrer des souvenirs de nos séances introspectives, mais il y a des limites. Et vu la tête que tu me sers avec tes fleurs et tes oiseaux aussi vrais que morts, je pense que nous y sommes, en dehors de ses limites.C'est toi le toubib', mais j'estime avoir le droit de savoir. »

Il ne souriait plus.

« Cela fait plus d'un an maintenant. Cela ne doit pas être aussi minable qu'à nos débuts – ni même les miens. Même si l'on a rien pu faire pour les à-côtés, et que je ne retrouverai jamais le sens du goût, au niveau des pulsions je sens la différence : j'ai ressentis moins le besoin de tuer tout ceux que je croise dans la rue. »

Moins ne voulait cependant pas dire '' pas '', et ces envies était toujours là, bien présentes, mais il fallait se contenter de ce que l'on avait. Et ce n'était certainement pas à Iji de porter tout le fardeau.

« Alors, où en suis-je ? »

Pas sortit du trou, cela il le savait, mais il essayait.

Détachant les sangles du Nara un peu précipité car il avait oublié ce détail alors qu’il assurait pourtant que tout allait au mieux, Iji eut du mal à réprimer sa gêne quand Natsuki lui parla des poils sur son torse puis du reste. Soupirant enfin comme pour évacuer la pression, Iji s’assit sur la table sur laquelle il était allongé tantôt, ses ambes balançant dans le vide alors qu’il grignotait l’un des gâteaux qu’il avait apporté.

J’ai utilisé un souvenir d’un de tes entraînements avec Miko comme je te l’ai dit. Tout se passait plutôt bien. Au fur et à mesure j’ai augmenté l’intensité et la difficulté de votre combat en déverrouillant quelques verrous psychiques –langage Yamanaka- et … ça allait tu arrivais à gérer pas mal l’entraînement.

Zippant son café pour se désaltérer maintenant qu’il avait la bouche pâteuse à cause du gâteau, le Yamanaka continua sur sa lancée. Hésitation, hésitation.

Mais t’as craqué passé un moment, ‘fin alors que t’étais en super mauvaise position. J’suis con j’aurais pas dû franchir le cap où tu te prends une raclée. Bien sûr que ton instinct allait se réveiller d’un coup pour t’empêcher de perdre ou de te faire passer à tabac … Mais … J’me suis dit que peut-être t’arriverais à te gérer juste momentanément, juste le temps de reprendre l’avantage, et que t’arriverais à résorber tes instincts. Sauf qu’y a eu une couille quelque part.

Il ne voulait pas que Natsuki recommence à déprimer, pas après tout le travail accompli jusqu’à présent. Il l’admettait lui-même. Le blondinet ne pouvait pas le laisser dans sa mouise, pas après tout ça. Mais il n’était plus aussi serein qu’à leurs débuts, ni aussi excité à l’idée de faire une découverte majeure. Mais il fallait se l’avouer. Le problème n’était pas que psychologique et c’était là qu’il avait fauté à cette séance.

Je pense que j’ai mal évalué les doses de calmant, ça a permis à tes instincts … animaux ? … de prendre le dessus sur ta conscience. J’aurais dû être plus alerte dès le début à partir du moment où t’es parti dans un délire de justicier qui combattait les vilains méchants Afro-Seitô et Mandiboss (Miko) … Et d’après tes souvenirs tu te souviens de rien, même pas du fait que tu as assimilé ta transformation à un robot géant dont tu prenais les commandes. Ou que tu m’as pris pour un Seitô-robot géant.

Souriant quand même parce que c’était ridicule quand on faisait la comparaison avec le véritable problème auquel ils faisaient face –surtout Natsuki-, Iji retomba sur le sol, enleva sa blouse qui commençait à lui tenir chaud et se dirigea vers l’un des porte-manteaux.
 

J’dis pas ça pour te déprimer ou quoi. Promis. Ni pour me retirer de ta … guérison. Mais … J’ai jusqu’à maintenant seulement assimilé ta transformation à un problème psychologique, comme n’importe quel patient … En plus cornu. J’ai du coup sous-estimé le facteur physique pour cette séance. Et visiblement les deux sont plus que liés. Honnêtement j’suis pas médecin, pas chirurgien, j’pourrais difficilement te faire un pronostic réel, concret. Les examens des échantillons que tu m’as filé avant ont pas donné grand-chose, j’ai jamais eu affaire à ça. J’ai pu déterminer quelques propriétés mais j’ai l’impression de passer à côté d’un bon nombre de trucs. Et … Et si … Et si on incluait une personne tierce dans le processus. Qu’est-ce que t’en dirais ?