Personnages joués :

Quelques chaises disposées autour d’une table à peine éclairée : voilà le cadre dans lequel pénétra la première femme. Daini, également « le Second » ou encore tout simplement D reconnaissait l’un des endroits achetés par Howaito. C’était ici que la réunion allait se dérouler. Sans dire un mot, elle s’assit là où se trouvait la chaise la plus proche d’elle. Et dans le silence, elle observa son voisin qui présidait l’assemblée.

Naninomai, surnommé « Rien » ou dont le nom de code était N, avait accompagné et agi selon les ordres de son employeur. A vrai dire, il considérait l’ancien moine comme un maître plutôt que l’inverse, mais pas dans le sens propre du terme, mais plus d’un côté spirituel et intellectuel. Il partageait pleinement ses idées, le respectait sans pour autant l’adorer : et c’était exactement ce qui était apprécié chez le Gekei. Que la présidence de cette réunion lui ait été accordée n’était une surprise pour personne.

Quelques cours instants plus tard, une rouquine entra. Shinpuru ou tout bonnement S, cette jeune femme remplissait depuis quelques temps le rôle du « Simple » et ce avec un certain brio. Contrairement à Daini, elle savait comprendre et utiliser ses avantages aussi bien que ses faiblesses, quels qu’ils soient. Ouverte, sympathique et maligne : elle avait tiré les vers du nez de nombreux shinobis et autres hommes influents ces derniers mois. Elle se plaça face à l’autre kunoïchi et lui sourit contrairement à l’intéressée.

Elle fut rapidement rattrapée par l’autre rouquin, Hachi. Il avait été pas mal occupé ces derniers temps, mais « l’Abeille » avait ainsi montré à Howaito qu’il était l’homme presque parfait pour remplir le rôle H. Un peu en retard, il ne manqua pas de voir le regard du quinquagénaire le fixer. Sur quoi il sourit et s’excusa sans trop d’insistance, avant de prendre place à côté de celle qui servait de bras-droit d’Howaito.

« Bien, maintenant que tout le monde est là, nous allons pouvoir commencer. Ouvrons nos dossiers.
─ Attendez mes mignons, pourquoi y en a un cinquième de dossier ?
─ J’ai reçu cinq dossiers, Howaito pensait peut-être qu’il serait parmi nous… »

Sur quoi la réunion commença. Au sujet, les récentes actions de la Ruche, les prises de décisions et les mouvements internationaux. Ils parlèrent beaucoup de l’attentat à Suna, des bruits d’un changement radical au sein de l’Alliance des Pays Neutres et de tout ce que ça pourrait impacter.

« En parlant de ce qu’il se passe au Shûkaï, vous ne pensez pas que ça pourrait nuire au projet du chef ?
─ Aucune chance. Même si un tel changement a lieu, ça sera davantage proche d’une dictature qu’autre chose… Ce sera totalement différent, mais sûrement pas la bonne solution pour changer le système. »

Chacun parla de ses dernières expériences et résuma ses dernières tâches. Bien entendu, Daini parla très brièvement de la façon dont les évènements au Pays du Vent s’étaient déroulés. Mais elle s’interrompit vite. Quelque-chose la dérangeait.

« Il y a quelqu’un. »

Certains se redressèrent autour de la table, alors qu’une silhouette se montrait à l’entrée. Plus elle s’approcha, plus elle s’amincit. C’était une femme, qu’ils reconnurent tous.

Anami.

Aussitôt, Daini était en face d’elle, l’épée sous la gorge de la brune. Les voix s’élevèrent derrière elle.

« C’est bien elle ? Je rêve ou elle est tarée de venir ici ?
─ Franchement ma chère Anami t’as du culot de venir ici. »

Mais ce qui ramena tout le monde à la raison fut un claquement de mains de la part du président de la réunion. L’ainé esquissa même un sourire face à l’arrivée de l’ancienne comparse de l’Homme Masqué.

« Bienvenue Anami, nous t’attendions. »

Aussitôt, Hachi, Daini et Shinpuru se retournèrent vers le quinquagénaire. L’air surpris qu’ils affichaient était tant déroutant qu’amusant pour l’homme d’expérience, qui pointa du doigt la chaise vide devant laquelle était placé le cinquième dossier. Le bras droit d’Howaito abaissa son arme, laissant Anami avancer silencieusement vers le document. Le nom qui y était affiché était le sien.

« Où est-il ?
─ Howaito ? Il accomplit les prémices de notre projet à Ta no Kuni, mais il savait que tôt ou tard tu viendras le chercher. Il a laissé ces documents à ton intention. Ainsi qu’un rôle au sein de notre future organisation : celui de la « Supervision ». »

La brune resta muette, mais finit par s’asseoir. Sans apprécier la chose, Daini en fit autant après avoir reposé son arme sur le côté de sa chaise. Dans les esprits de chacun, les questions fusaient : la femme qui avait accompagné à la fois le meilleur ami et le pire ennemi de leur chef était venue et ce dernier lui laissait un rôle pour la future Hikarishi ? Incroyable, mais si les temps de compréhension varièrent d’une personne à l’autre, tous finirent par accepter le choix d’Howaito. Car c’était lui, qui dirigeait les opérations et parce qu’il n’avait jamais fait un faux pas.

La discussion reprit donc de plus belle. Anami resta silencieuse, se contentant de lire et d’écouter attentivement tout ce qui se dit, tout en essayant de comprendre ce qui avait bien pu motiver le moine pour prévoir tout cela. Daini ne parlait pas beaucoup non plus, mais tout le monde était accoutumé de ce fait.

« Oui, Aburame Miko et Kawaguchi Tsukiko seront des pièces maîtresses, mais nous ne pouvons que faire confiance au chef pour s’en occuper avec ingéniosité. Parlons plutôt des autres organisations… S, H ?
─ Comme je vous l’avait écrit dans mon rapport, j’ai pu vérifier des choses qui corroborent la version de cette Miko. Apparemment, le chef du Shôraizen est bien mort. Mais à mon avis, une organisation avec une telle doctrine ne s’éteindra pas pour autant. Néanmoins, il n’y a rien à craindre d’eux pour l’heure actuelle.
─ Le Kuraï Hikari a beau avoir des membres qui veulent juste péter tout ce qui peut l’être, j’ai du mal à rassembler des informations sur eux. Ah si, y a eu des bruits qui courraient comme quoi l’un d’eux serait parti se cacher à Suna. Mais de toute façon, notre objectif ne peut pas être inquiété par ce genre de brutes.
─ Bien. Quant à moi j’ai approché le Zen’Ryou. Ils ont déjà été appelés par certaines grandes nations et villages shinobis. En faire un allié pour contrer les villages cachés ou laisser cette piste tomber est une décision qui revient à Howaito. »

Tous hochèrent la tête, même Anami, timidement. La discussion touchait bientôt à sa fin, du moins pour son contenu officiel.

« Et sinon le chef il va réussir, vous croyez ?
─ Oui, j’ai réussi à communiquer avec vous-savez-qui. Grâce à cette personne, en cas de succès de la part d’Howaito, les villages seront au courant. Et à ce moment-là, les sentiments de rébellion ou de trahison se multiplieront.
─ Et ça nous permettra de fonder Hikarishi. D’ailleurs, vous pensez que le chef croit vraiment en ce qu’il va incarner ou que c’est une ruse ?
─ Qu’importe s’il y croit ou non. Seul compte le résultat et il sera… que nous deviendrons la première force d’opposition au système shinobi. »

Changer le monde, mais loin de toutes les barbaries et les rêves irréalisables que l’histoire avait pu porter. L’Homme Masqué et l’arrogance d’un génocide inimaginable, l’An’tei et l’erreur de se reposer sur une élite sans cohésion, le Shôraizen sans chef et diminué, le Kuraï Hikari considéré comme de simples barbares, le mensonge de l’Alliance des Pays Neutres et le clan Zen’Ryou qui mangeait déjà dans la main des villages cachés.

Changer le monde, véritablement. Et c’était pour bientôt.