Hachibi, la puissance divine à huit queues, voilà le livre auquel j'avais accordé quelques heures, une
sorte de descriptif raconté dans une histoire pour enfant, relatant les faits passés du démon à huit queues de Kumo. Un ramassis de conneries expliquées aux plus jeunes à la manière d'une épopée... Autant de blasphèmes et d'insultes contenue dans un seul livre, cent quarante-deux pages dans lesquels l'auteur avait pris pour objectif de faire de ce démon l'égal d'un dieu... Jusqu'où ira l'absurdité humaine ? Si cette créature, Hachibi, possède le surnom de Démon, ce n'est pas pour rien, pourquoi s'entêter à vouloir en faire une divinité ? C'est là le plus grand sacrilège que je n'ai jamais vu !
Je fermai le livre et le déposa dans la poubelle située non loin de moi. Je me dirigeai vers le banc où j'étais installé lorsqu'une cloche retentit, s'en suivi une déferlante de gamins plus bruyant les uns que les autres. Je regardais alors vers le soleil et soupirai, pourquoi ? D'un mouvement lent je posai mes mains sur mes genoux et me relevai, bien décidé à quitter cet enfer sonore. Je mis délicatement mes lunettes et me dirigeai à présent vers les montagnes, j'avais lu dans ce livre qu'un temple dédié au démon Hachibi s'y trouvait. Je devais l'avouer, ce culte du démon avait piqué ma curiosité, comment les gens de ce village pouvaient-ils être en adoration devant une créature soit-disant doté de pouvoirs capables d'anéantir des villages entiers en quelques secondes, une puissance qualifiée de divine dans ce bouquin... Une puissance digne d'un démon des enfers oui ! Retirant la vie aux personnes ne le méritant pas, tu parles d'un dieu ! Enfin... Allons voir l'allure du dit temple, de quelles manières ont-ils bien pu honoré un démon ?

Je marchais donc en direction du temple d'Hachibi, au bout d'une petite heure de marche, j'arrivais devant les portes du temple, à première vu un édifice majestueux et imposant, digne d'un vrai temple. Huit colonnes d'une belle pierre, taillé pour représenter les huit queues, maintenaient une toiture épaisse et bien entretenue, quelques marches nous permettaient d'atteindre les deux grandes portes d'entrée. Je poussais les portes, tel le prêcheur ayant pour mission de laver ce lieu de toutes formes démoniaques. L'ombre régnait dans la demeure du Malin, je fermai alors les yeux, avançant lentement dans le temple. Lorsque je stoppai ma marche, je sentis une force se dresser devant moi, j'ouvris les yeux avec lenteur, pupilles différentes. Une expiration se fit et en une fraction de seconde, la lumière jaillit de mon corps et chassa les ombres présentent en ce lieu.
Je me tenais droit, sans osciller, face à une imposante statue du fameux démon Hachibi. Regardant les yeux de la statue, je n'éprouvais rien, sauf peut-être une légère satisfaction. Mes yeux reprirent leur aspect normal et je quittais le temple, laissant l'ombre reprendre son dût. Je m'arrêtai un instant sur le palier, jetant un dernier coup d'oeil instinctif au-dessus de mon épaule avant de refermer les portes du lieu. Levant les yeux au ciel, je me rendis compte que le soleil avait déjà fait les trois-quart de sa ronde.

Je me mis donc en route pour redescendre la montagne et regagner le village avant que la lune ne commence son règne funeste. Je gardais une allure lente et souple, non sans élégance, descendant la montagne avec aisance, puis j'eus l'idée de regarder le coucher du soleil, selon mes observations, celui-ci se ferait d'ici une petite heure. Le temps pour moi de trouver un endroit agréable et paisible pour me divertir devant ce phénomène divin. Lors de ma descente, je vis une sorte de petite avancée plate dans la montagne, offrant une vue unique et dégagée sur l'ouest. Je pris alors le petit sentier et me laissai guider jusqu'à destination. Je marchais en regardant les alentours et surtout ce qui se trouvait plus haut que mes yeux, les couleurs du ciel, les mouvements des nuages et le vent déplaçant des couches de poussières sur les roches. C'est alors que je ressentis une présence non loin de moi, plus particulièrement une source de chakra. Je continuais d'avancer vers la falaise, portant à présent mon regard sur la petite chose qui se ''dressait'', pardon c'est un bien grand mot, qui se tenait accroupie devant moi. Je m'arrêtai une fois rendu à quelques centimètres d'elle, je pris quelques secondes pour la toiser, sa tête était baissée, elle n'était pas très propre, ses cheveux étaient à peine peignés et... Cette odeur insupportable qui émanait de cette petite fille, savait-elle seulement ce qu'était un bain, ou même un savon ? Grand dieu, viens en aide à cette pauvre petite...
Cet être ne méritait pas mon attention et je passai donc mon chemin sans dire un mot, je m'assis donc au bord de la falaise, jetant mes pieds dans le vide. Regardant en face, je vis que j'avais encore du temps avant que le soleil ne disparaisse. Je sortis alors mon livre de son étui et tentais d'imaginer un nouveau fuinjutsu à inscrire, en vain. Je tournai alors la tête vers la petite et aperçus un détail que je n'avais pu voir précédemment, elle portait un bandeau de ninja de Kumo sur les yeux, la privant ainsi de toute possibilité de vision... Intéressant, cette petite n'était peut-être pas si méprisable qu'elle en avait l'air, elle aussi avait piquer ma curiosité, était-ce une cécité, une blessure ou bien un entraînement étrange ? Je la fixais, après tout, elle ne pouvait pas le voir... Si ce mal était une cécité, cette gamine était extraordinaire, Dieu l'avait mise à l'épreuve et elle la surmontait avec réussite, la voyant ici dans cet état, je ne pouvais que pensé qu'elle vivait la vie selon ses envies, sa volonté. Sans émettre un son, je continuais de l'observer, ne souhaitant pas briser le calme naturel qu'imposer le silence de la nature. Je fermai les yeux un instant et emplis mes poumons d'une bouffée d'air frais, avant de laisser s'échapper quelques mots sur un ton passif.

† Dieu t'as mise à l'épreuve petite...

Cette petite était assez marrante, je devais l'admettre. A vrai dire, cela ne me faisait pas sourire, mais sa compagnie était distrayante, elle avait tout un tas de mimiques, de toc et autres bizarreries dont elle seule devait posséder le secret. Je m'en divertissais en attendant ce pour quoi j'étais venu m’asseoir à ses côtés, le coucher de soleil. Et on pouvait clairement sentir son approche, une brise fraîche s'était levée, balayant légèrement les poussières sur les roches, faisant se balancer nos cheveux comme les feuilles des arbres situés non loin de nous, cette air frais annoncé la venu du soir et donc le repos tant mérité de l'astre le plus majestueux de notre système, le Soleil. N'est-il pas merveilleux ? Nous permettant de vivre au chaud, de voir sans avoir besoin d'autres choses que de ses yeux. Le Soleil... Si quelque chose devait symboliser Dieu, ce serait bien le soleil, permettant la vie lorsqu'il est présent, pouvant apporter la mort si son absence est trop longue.

Je m'écarte... Revenons en à cette petite, que disais-je déjà ? Marrante ? Ah oui. Oui, il est vrai que cette enfant était intéressant à observer. Le simple fait de poser mon regard sur elle la faisait grogner. Une frustration ? C'est certain que de sentir quelqu'un vous regarder quand vous même êtes incapable de lui rendre la pareil peut être très désagréable. Mais après tout... Au vu de ses réactions à mon arrivé et de son bandeau frontal, je me doutais qu'elle possédait d'autres méthodes que la vue pour m'observer. Sa vue lui manquait, certes, mais ses autres sens devaient avoir été aiguisés, son ouïe par exemple, j'étais certain que le moindre petit bruit que je faisais était capté par ses oreilles. En revanche, quelle agréable idée que d'imaginer posséder son odorat à cet instant précis. Rien que mon simple odorat basique se délectait du parfum dégagé par la nature nous entourant, mais imaginez ce qu'elle devait sentir... Un florilège de saveur, un torrent d'odeurs délicieuses se mélangeant pour former une mer chaude et agréable. Je soupirai rien qu'à l'idée que je m'en étais fait.

Je me régalais du spectacle qu'elle m'offrait, une gêne apparente chez elle, quelques grognements, une crispation visible, pour sûr cela ne lui plaisait pas que j'agisse ainsi, et c'est peut être pour cela que je voulus portait atteinte au silence en le tranchant de mes mots. Elle cessa alors ses petits grognements et la crispation disparue petit à petit, laissant à ses muscles la possibilité d'ouvrir sa bouche et de prononcer quelques mots. D'un ton curieux, accompagné d'un geste tout à fait innocent, elle se mit à me questionner, me demander ce qu'était Dieu... Que dire ? J'étais à la fois surpris de sa question, mais quelque part j'étais content, j'allais pouvoir lui enseigner ce qu'il était, elle avait l'air de chercher à comprendre. Elle redressa alors sa tête, quant à moi, je jetai un coup d'oeil vers le soleil, évitant ainsi de rater son coucher. Puis, lorsque je revins vers elle, elle prit de nouveau la parole sans me laisser le temps de lui répondre. En quête de connaissance, elle avait du essayer de trouver la réponse seule et en avait déduit, du moins c'est ce que je pensais au vu de la stupidité de sa question. Dieu était-il un Kumojin ? Remarquez, elle n'avait, quelque part, pas vraiment tort... C'est alors qu'un semblant de sourire, un petit lever au coin de ma lèvre se dessina sur mon visage, rien de bien visible et sachant qu'elle était aveugle, cela passerait inaperçu. Je regardai alors tout autour de nous et lui répondis.

† Dieu... C'est tout ce que tu vo... ce qui t'entoure. Dieu existe mais n'existe pas. L'air qui te permet de respirer est présent grâce à Dieu, le sol sur lequel tu marche est ici grâce à Dieu. Tu vis parce qu'il te l'autorise. Dieu est le créateur de tout ce qui peuple cette terre, animaux, végétaux, minéraux... Dieu est en toi, mais surtout en moi.

Pour moi, tout ce que je venais de lui dire était parfaitement clair, tout ceci était limpide dans mon esprit. Mais peut être était-ce encore trop compliqué pour cet être, qui à première vue, m'avait semblé primitif. Dieu l'a mise sur ma route pour que je l'instruise. C'est à moi qu'il a confié ce devoir.