L’avenir… Que lui réservait-il ? Qu’allait-il avenir de lui ? A quoi aspirait-il à ce moment précis ? Tant de questions qui se bousculaient dans la tête d’Aokiji. En effet, après l’attaque sur la cité, les évènements s’étaient enchainés si vite, qu’en y repensant, il n’eut même pas le temps de réellement assimiler et digérer les divers bouleversements de ces derniers jours. Allongé sur le dos, les mains derrière la tête, il avait le regard fixé vers le plafond de son appartement. Il y était seul, confortablement installé sur son canapé, en train de réfléchir à tout et n’importe quoi. Un silence presque religieux régnait dans la pièce. Après toutes les péripéties que le Samui avait connues récemment, il savourait ce moment calme et apaisant. Il ne serait surement pas dire qu’elle était la dernière fois où il eut un réel moment seul avec lui-même. Un moment pour penser à lui et non plus uniquement aux autres. En effet, maintenant que le Shûkai avait totalement été réformé, le jeune homme devait maintenant réfléchir à son avenir. En effet, il y avait maintenant deux ans de cela, il avait quitté les terres gelées de Yuki no Kuni pour démarrer une nouvelle vie ici au Shozaichi. Il avait pour ambitions de devenir un ninja respecté, non pas seulement auprès de ses paires, mais plus précisément auprès de son clan. Et en réalité, il y était parvenu. Il avait atteint le grade de Jônin. Il avait été le Bras droit d’un Capitaine de section qui, en plus d’être son sensei, s’avéra être un membre ô combien respecté du clan Samui. Aokiji avait le sentiment d’avoir trouvé sa place. Du moins, le sentiment d’avoir plus ou moins trouvé ce qu’il était venu chercher dans cette ville. Pourtant, pourquoi continuait-il à ressentir ce vide ? Une sensation pesante lui donnant l’impression qu’il devait encore faire plus, qu’il avait encore besoin de plus. Mais plus de quoi ? Il n’en avait aucune idée.

Le vent balayait tendrement l’intérieur de l’appartement, ramenant parfois avec lui quelques brides du brouhaha qu’on pouvait entendre dans le centre-ville. Comme pour le ramener à la réalité. Il faut dire qu’Aokiji occupait encore son logement de fonction de Bras droit du Triumvirat. Il avait donc une vue imprenable sur le Shozaichi. Soudain, le jeune homme se leva, surement fatigué, ben, à ne rien faire. Vêtu uniquement d’un jogging, il se dirigea vers son balcon afin de contempler la cité. Les stigmates de l’attaque des Furyous étaient encore visibles, mais la ville reprenait peu à peu des couleurs. C’est alors que du haut de son perchoir, le Samui aperçut un visage qui lui était plus que familier. Il s’agissait d’Aru, cette ancienne Kirijin qu’il avait accueilli aux portes de la capitale avec sa famille et qui finit par devenir son élève. Il est vrai qu’avec les récents évènements, ils n’eurent pas trop l’occasion de se côtoyer. Aokiji y vit donc une opportunité pour échanger un peu avec la Genin. Il s’empressa alors de mettre une tenue plus décente et sortit donc de chez lui. Il se dirigea vers ce point de vue sur lequel la blonde s’était arrêtée. Il ne se trouvait pas bien loin et ce fut donc en quelques minutes que le Samui arriva sur place.

« Aru ? Je suis content de te voir. Tout va bien ? Que fais-tu seule ici ? »

La jeune femme semblait songeuse et un peu préoccupée. L’expression du visage d’Aokiji était pourtant accueillante et chaleureuse. Elle devait peut-être lui en vouloir de ne pas avoir été très présent durant ces jours difficiles que connut le Shozaichi, mais il était vrai que tout s’enchaina si vite…

La jeune femme se montra peu convaincante. Aokiji la regarda lui tourner le dos afin de se reconcentrer sur le panorama qu’offrait ce point de vue. Le Samui pouvait sentir un certain malaise entre lui et Aru, mais il décida d’y faire abstraction, du moins pour le moment. En effet, la Genin n’arrivait même pas à le regarder droit dans les yeux ? Avait-il fait quelque chose de mal ? Le jeune homme n’en était pas sûr. Son absence avait surement fait plus de dégât qu’il l’avait imaginé. Il décida donc de ne pas trop la brusqué et s’appuya à son tour à la rambarde afin de se positionner juste à côté d’elle.

« En effet, le Shozaichi est une cité magnifique. Je n’aurais jamais cru que je vivrais dans un endroit pareil un jour, haha… »

Un rire pas très convaincant en fin que compte. Aokiji avait tenté de détendre l’atmosphère mais le malaise était toujours aussi présent. C’est alors que la jeune femme retourna la question au Samui. Pourquoi était-il seul ? Sur le moment, la réponse lui paraissait évidente. Il avait beaucoup de travail et donc plus le temps de côtoyer qui que ce soit, même pas sa compagne. Mais en réalité, peut-être avait-il tout simplement envie de rester seul ? Il prit du temps pour répondre, mais le blond finit par briser le silence.

« Je ne serais te dire la dernière fois que j’ai eu vraiment de la compagnie. Puis je t’ai aperçu au loin et j’y ai vu une occasion de discuter avec quelqu’un. Discuter d’autres choses que… Hum… »

Aokiji marqua un temps d’arrêt et leva sa tête vers le ciel. Il était un peu gêné. Mais en fait il avait juste envie de parler, ce qui était assez rare compte tenu de son caractère plutôt réservé.

« J’avais souvent l’habitude d’être seul. A vrai dire, je l’étais tout le temps. Et puis je suis arrivé ici et je me suis rapidement retrouvé entourer d’un tas de personnes. Je ne dis pas que ce fut une mauvaise chose, au contraire, mais disons que parfois, un peu de solitude ne fait pas de mal. Je suppose que tu es du même avis que moi, non ? En tout cas, j’espère que ma compagnie ne te dérange pas. Je peux m’en aller si tu le souhaites… »

Il pouvait clairement sentir que quelque chose n’allait pas. Il se tourna vers la jeune femme quelques secondes, puis lui tourna le dos. Il ne voulait pas l’importuner, il fallait peut être mieux qu’il s’en aille…

Le dos tourné, il écoutait attentivement la réponse de la Genin. Le regard fixant un point lambda devant lui, il conservait tout de même toute son attention sur son interlocutrice. Il ne savait pas trop quoi penser de cette réponse. Dans un sens, Aokiji ne pouvait lui donner tort, car au fond de lui, il éprouvait le même sentiment. Être entouré de gens qu’on aime, en quoi cela pouvait être nuisible en soi ? Mais la jeune femme le rejoignait sur un point. Effectivement, se retrouver seul de temps en temps pouvait également faire du bien. Un léger sourire apparut alors sur le visage du jeune homme, sans qu’il puisse vraiment le contrôler. Les paroles d’Aru l’avaient d’une certaine manière réconfortée. Malgré leur relation Maitre/Elève, il restait deux personnes de la même génération et ayant surement le même regard sur la vie. A ce moment, le Samui ressenti quelque chose d’agréable. Un sentiment de satisfaction, de bonheur. Oui, il était heureux d’avoir rencontré la jeune femme à un moment pareil. Mais il ne savait plus trop comment réagir face à la réaction de son interlocutrice. Devait-il continuer et partir, ou rester ? A vrai dire, Aru ne lui en laissa pas vraiment le choix. Elle agrippa le dos du vêtement d’Aokiji, lui demandant de rester encore un peu avec elle. Le Samui fut assez surpris par un tel acte. Il resta immobile, silencieux, écoutant les paroles de la jeune femme. Elle affirmait avoir quelque chose d’important à lui dire. Le blond, intrigué, se retourna alors pour voir le visage aux teintes rosées d’Aru, visiblement embarrassée par ce qu’elle venait de faire. Les yeux posés sur la jeune femme, Aokiji trouva cela assez drôle dans un sens. Lui aussi était de nature timide, mais il ne pensait pas que la Genin pouvait l’être aussi. Surtout après ce qui s’était passé lors de leur première rencontre. La blonde lui tourna alors à son tour le dos, toujours aussi gênée. Le jeune homme quant à lui apposa sa main sur l’épaule de cette dernière afin de la rassurer.

« Aru ? Qu’il y a-t-il de si important ? »

Elle était visiblement gênée par ce qu’elle avait à dire et cela ne manqua pas d’intriguer Aokiji davantage. Il apposa alors sa seconde main sur l’autre épaule d’Aru afin de la tourner face à lui. Le regard plongé dans le sien, la jeune femme tentait tout de même de fuir son regard. Qu’est-ce qu’il pouvait bien la mettre dans un tel état ? Le Samui continuait à la fixer attendant que son interlocutrice prenne la parole.

« Ne t’en fais, quoique ce soit, tu peux me le dire… »

Etait-elle malade ? Comptait-elle quitter la capitale ? Avait-elle tout simplement fait une bêtise ? Tant de questions qui se bousculaient dans le crâne d’Aokiji, mais seul Aru avait les réponses.