Contexte:

La nuit approchait doucement. Michiki en avait conscience mais il ne se préoccupait guères de cela. Depuis qu’il avait développé ses dons de senseurs, l’obscurité ne pouvait pas être un inconvénient majeur. Plus le temps passait, plus il se rendait compte à quel point ces capacités étaient indispensables. Il en venait parfois même à s’étonner d’avoir survécu aussi longtemps jusque-là. Soit un coup de chance, soit le talent. Objectivement, Michiki pensait plus que c’était un coup du talent.

Ses chevilles ne l’empêchaient pas de sauter de branche en branche pour se rendre à destination. Par cette belle nuit de pleine lune, il avait décidé de se rendre aux ruines du village. Comme tous les soirs à vrai dire. Depuis son retour, il avait toujours passé quelques heures par jour à venir se poser aux alentours de l’ancienne puissance de l’Eau. Et il continuerait de le faire. Il ne le faisait pas par déprime pour se rendre encore plus triste. Il avait dépassé ce stade. Mais côtoyer quotidiennement la destruction et les débris de son village ne faisaient que lui rappeler la force qu’il déploierait pour racheter cette perte. La moindre petite parcelle de désespoir forgerait son espoir à lui. il avait toujours été ainsi chez les nécromanciens.

Le Fossoyeur continuait donc sereinement sa route pour les décombres de la Brume, tous ses sens en alerte pour autant. Et ce fut à quelques mètres de l’endroit qu’il ressentit un chakra. C’était indéniablement un être humain. Pas de Kuchiyose ou de sceau. Il ralentit la cadence, s’arrangeant pour être le plus discret possible. Il activa un jutsu de dissimulation en prévention. Il finit par arriver à l’orée du couvert sylvestre donnant sur la triste scène. Et à proximité, un homme. Son identité ne faisait aucun doute, et cela Michiki l’avait su peu de temps après avoir ressenti sa présence. Se tenait maintenant à quelques mètres de lui : Gekei Masashi.

Un membre très doué du clan de son senseï. Et un très bon ami. Un allié de taille qui l’avait suivi dans bien des péripéties. Les deux hommes avaient partagés quelques missions et ils avaient notamment combattus côte à côte lors de la guerre contre les Nuages. A son grand soulagement, le polymorphe ne faisait pas partie de ses frères d’armes tombés au combat. La vision de son vieil ami lui arracha un sourire carnassier. Il était ravi de savoir qu’un tel allié était en vie.

Il était donc temps d’aller le saluer. Face à la vision qu’il contemplait, un petit soutien ne serait pas de trop, même s’il ne s’en faisait pas trop pour le Gekei. Il n’allait pas être aussi atteint que la Koken il y a quelques semaines. La même qu’il avait laissé se reposer à son cabanon familial le temps de sa petite balade nocturne. Michiki tomba donc de son perchoir sans un bruit, se positionnant derrière Masashi. Il se rendit alors compte de l’idiotie de la situation. Son ami était un bon guerrier extrêmement doué. Arriver ainsi par surprise ne serait sans doute pas l’idéal. Il décida donc de mettre cela un peu en scène. Il sortit un parchemin de sa ceinture d’où il invoqua une dizaine de cadavres. Les macchabées prirent ensuite son apparence suite à une nouvelle technique. Il envoya ensuite tout ce beau monde marcher d’un pas serein en direction du Gekei. Michiki fermait la marche et se permit donc de prendre la parole depuis sa position privilégiée :

- Cela fait bien trop longtemps Masashi. La dernière fois c’était plus ou moins ici il y a 4 ans lorsque je quittais Kiri !

Le Shinda afficha un large sourire :

- Ravi de te revoir l’ami !

FLASHBACK !:

Le Gekei ne semblait pas plus surpris que ça de voir débarquer le Shinda. Sa sensorialité était donc développée également. Ni l’un ni l’autre ne semblait avoir chômé pendant ces quelques temps d’absence. D’un claquement de doigt, Michiki révoqua tous ses pantins ayant son apparence. Il les avait mis là par sûreté au cas où le polymorphe un peu trop surpris ce serait jeté à la gorge de l’un d’eux. Il franchit donc les derniers mètres les séparant pour venir saluer comme il se doit son jeune compagnon. Le paquet de cigarettes tendu, il lui proposa silencieusement de s’en griller une avec lui.

Michiki prit la sienne sans l’attendre et l’alluma. Après quoi il rangea le paquet. Il n’avait pas fait attention si son collègue avait répondu positivement ou pas à cette avance mais ça n’avait aucune importance. Masashi n’avait pas traîné en question, lui demandant plus ou moins ce qu’il faisait ici et surtout ce qui s’était passé depuis tout ce temps. Le nécromancien tira donc quelques bouffées avant de répondre.

- Rien de spécial tu sais. De la récolte par ci par là de nouvelles recrues. J’essaye de faire dans le volontariat mais il arrive parfois que je donne un petit coup de pouce au destin, ponctua-t-il d’un clin d’œil.

Il continua sa cigarette tranquillement avant de surenchérir sur l’autre partie de la question qui semblait déjà plus intéressante à développer que de faire le résumé de ces quatre dernières années de vagabondage de par le monde :

- Quant à ma présence ici, on peut dire que je suis le gardien des lieux ouais. J’ai établi ma petite tente pas très loin pour du un Camping de Durée Indéterminée. Ou un C.D.I si tu préfères.

Son petit sourire ne mit pas longtemps à s’adoucir, puis à disparaître face à la désolation les entourant. Les ruines et les simples restes de leur nation qu’ils avaient autrefois défendus au péril de leur vie. Et les voilà aujourd’hui admirant le cadavre de leur cité perdue. Elle avait péri, mais ils persistaient toujours. A croire que les deux hommes étaient plus forts que Kiri. Ce qui était vaniteux de penser. Mais il fallait reconnaître que la scène avait tout de même une certaine symbolique. Ce silence de cathédrale inspirant encore plus l’aspect solennel de cette rencontre entre deux éminents membres de la Brume. De la Brume Sanglante qui plus est. Car oui, il y avait une différence.

C’était par leur goût pour le sang que les deux hommes s’étaient liés d’amitié. Une soif de combattre et des capacités innées les ayant menés vers les hautes sphères de Kiri. Ils n’avaient pas eu l’occasion d’y imposer réellement leur suprématie mais ils avaient gravis bien des échelons malgré les obstacles et les guerres. Le Shinda se souvenait encore de ce combat à Kaminari aux côtés de son interlocuteur. Un autre membre de la Brume faisait également partie de l’escouade ce jour-là. Mais il avait péri, comme le médecin Yakushi Hojo lors de son affrontement avec le Shodaime Raïkage, un autre combat que Michiki n’était pas prêt d’oublier.

A ces pensées, sa main se déposa par réflexe sur le parchemin abritant le corps de son ancien camarade du Misuto. Une petite tape sur le rouleau de papier et un léger sourire en coin. Il se trouvait bien nostalgique d’un coup. C’était sûrement l’ambiance et la compagnie qui faisait ça. il fixa d’ailleurs le Gekei dans les yeux, lui offrant un regard violacé mais néanmoins sérieux :

- Tu t’es terré si longtemps dans ta grotte ou tu es quand même sorti un peu ? Histoire que je sache de suite si je dois te mettre au parfum pour ce qui s’est passé ici.

La clope du Shinda prenait alors fin. Il y était allé un peu rapidement mais il était en retard dans son planning tabagique. Il avait donc inconsciemment voulu se rattraper en la terminant plus vite. ce qui ne l’empêcha pas d’être toujours aussi concentré dans ses paroles :

- Et toi alors ? Qu’as-tu fait depuis tout ce temps ? Et surtout…qu’est-ce qui te ramène ici ? Le mal du pays ? dit-il avec un sourire.

Le nécromancien eut un sourire non dissimulé lorsqu’il fit référence au jaguar dans sa première question. Il voulait bien entendu parler de Pô. Même si ce dernier ne possédait plus ce pouvoir, il avait autrefois la faculté de se métamorphoser en ce puissant animal. C’était d’ailleurs avec cette capacité que le Shinda l’avait connu. Le Gekei lui fit également référence par la même occasion à sa fourmilière. Serait-il déjà au courant pour le Fumetsu ?! Non impossible. Il devait donc y avoir un autre sens.

Il fallut quelques secondes au nécromancien pour faire le lien. Masashi devait sûrement repenser au Fossoyeur en tant que chef du Misuto. Même s’il n’avait plus la même influence ou le même réseau d’informations, Michiki tâchait toujours de se tenir bien informé des agissements en ce bas-monde. C’était bien pour ça qu’existait le Fumetsu. Mais il y reviendrait plus tard, se concentrant pour l’heure sur la première question de son ami :

- Chose étrange, le jaguar a disparu. Le serpent a pris le dessus sur lui. Qui l’eut cru n’est-ce-pas ? Mais ce dernier se porte bien ne t’en fais pas. J’ai déjà eu l’occasion de le retrouver.

Masashi expliqua ensuite son périple personnel. Terré dans une grotte tel un ermite en recherche de paix. Pas très loin de ce qu’avait fait Michiki sauf que ce dernier n’avait pas eu le luxe d’un voyage paisible pour se ressourcer et en apprendre sur lui. le Gekei en avait profité pour parfaire l’entraînement d’Amaterasu. Encore ce nom. Décidemment, il fallait que le nécromancien contacte cette fille. Elle semblait impliquée dans bien des affaires. Il ne manqua pas d’ailleurs d’exprimer tout haut sa surprise et sa principale interrogation :

- Tu connais cette Amaterasu ? D’où ?

Puis il renchaîna de suite après sur les interrogations du Gekei qui n’était pas assez dupe pour se dire que Michiki était resté tout ce temps dans son canapé à siroter un verre. Ce n’était vraiment pas le genre de la maison. Il apporta quelques éclaircissements à tout cela :

- J’aurais aimé avoir la chance d’un petit voyage d’ermite. Le mien a été plutôt mouvementé… Et que dire lorsque j’ai voulu revenir ici. Dans le temps c’était nous qui provoquions un tel chaos. Maintenant c’est tout de suite moins marrant.

Il observa la scène à 360° avant que son regard ne retombe dans celui du polymorphe :

- Cette vision m’a fait beaucoup réfléchir. Plus que je ne l’aurais imaginé. Au-delà du désir de vengeance, j’ai surtout eu cette envie et ce besoin de réparer tout ça. Buter les salauds à l’origine de ce désastre pourrait nous soulager c’est vrai. Mais j’y ai vu bien plus.

Michiki fit quelques pas dans une direction bien précise. A partir de là où il se tenait, il suffisait d’aller tout droit vers l’est. Il se retourna pour observer son acolyte. Son air était toujours aussi sérieux et il l’invita d’une voix sereine :

- Allons donc parler de ça dans un endroit…plus tranquille.

Michiki ouvrit la marche vers leur destination : l’Antre.

Comme on pouvait s’y attendre, Masashi exprima immédiatement le souhait de retrouver son collègue polymorphe. Rien de plus naturel. Entre membres du clan, il fallait savoir se regrouper. Pour mieux régner ? Non c’est pas ça l’expression ? Peu importe.

Le Sphénodon apporta également une réponse quant à l’interrogation du nécromancien sur sa relation avec la fameuse Amaterasu. Depuis sa rencontre avec la Koken, il s’était renseigné sur ce nom et il avait eu plusieurs retours. Elle avait une certaine renommée, ce qui ne faisait qu’accroître la curiosité du Shinda. Il avait de toute façon besoin de s’entretenir avec elle pour le cas de Jaden. Et les rumeurs racontaient qu’elle avait un bon niveau. Il serait intéressant de voir ce qu’elle prévoyait dans ce petit monde. Le potentiel est à la portée de n’importe qui. Il se distingue ensuite selon la manière dont on l’utilise. Amaterasu semblait de cette trempe. Et le fait qu’elle connaisse Masashi était un signe presque évident qu’une entente était possible entre elle et le Fossoyeur.

Mais c’était un tout autre sujet et une toute autre histoire. Pour le moment, il se contenta d’éluder la question d’un simple :

- J’ai entendu parler d’elle et j’aimerais discuter avec elle oui dans un premier temps. Il faudra que tu me communiques ce que tu sais d’elle que je puisse la contacter dès que possible.

Mais là n’était pas la priorité. Après avoir salué l’état d’esprit de l’ancien chef du Misuto, le Gekei suivit Michiki jusqu’à leur fameuse destination. Un endroit que Masashi risquait de fortement apprécié. Lui qui avait toujours été un allié de choix aux côtés du tandem Michiki-Pô, il ne manquerait pas d’avoir un intérêt immense pour ce qui l’attendait dans l’Antre. La route se fit sans embûche. Le Fossoyeur s’assurait que les environs étaient bien déserts pour pouvoir accéder facilement à l’entrée du Quartier Général. Pas un chat mort, les deux hommes entrèrent dans la souricière.

Face à la structure du labyrinthe, Masashi ne put s’empêcher d’être en admiration devant ce qu’il appela le talent d’architecte de Michiki. La remarque arracha un léger ricanement à ce dernier qui ne perdit pas pour autant le fil de la discussion. Le polymorphe en revenait à cette fameuse fille. Il la qualifia de bizarre. Comme étant une jeune gamine « squattant » la forêt. Très certainement le meilleur endroit pour s’entraîner au Ninjutsu.

- Comme je te le disais, son nom a déjà été mentionné devant moi. Une Sabreuse que j’ai retrouvée ici à Mizu. Son état de santé s’aggrave de jour en jour et elle m’a signalé connaître une kunoichi médecin remarquable. Je voulais donc contacter cette Amaterasu pour voir si elle pouvait au moins faire quelque chose. Mais ce n’est pas ce qu'il y a de plus important.

Michiki ne souhaitait pas s’attarder sur de si futiles détails. Il y avait bien plus important à se dire. Bien plus intéressant à raconter. Bien plus…imposant à présenter. Le nécromancien écarta les bras, désignant les murs qui formaient le labyrinthe.

- Je suis ravi que mon œuvre te plaise ! L’architecture a toujours été ma seconde option dans la vie !

Il émit un petit sourire en coin tout en jetant un regard malicieux au Gekei. Derrière ses verres violets, son petit esprit mesquin et cynique tournait à plein régime. Avant d’en venir à de longues et profondes discussions sur ce qu’était cet endroit ainsi que le Fumetsu, Michiki voyait en son frère d’armes une opportunité de tester son système de sécurité. Il y avait très certainement des failles qu’il se devait de combler pour assurer la protection de cet endroit. Il attendrait donc de voir comment pouvait se débrouiller le Sphénodon dans ce petit dédale.

Ramenant ses bras le long de son corps, il continuait d’observer son interlocuteur, toujours aussi souriant, mais avec une pointe de folie ce coup-ci :

- Nous avons beaucoup à nous dire. Mais avant toute chose je te propose de jouer à un petit jeu. Le but est simple, essaye donc de trouver la sortie de ce labyrinthe !

D’un claquement de doigt, les murs changèrent de place, venant se refermer entre les deux hommes. Avant que le visage du nécromancien ne disparaisse, il adressa un dernier regard de petit diablotin à son collègue qu’il gratifia d’un :

- Bonne chance !

Le sourire aux lèvres, Michiki se tenait au-dessus du labyrinthe sur le large plafond qui en recouvrait toute la surface. Il suivait de près la progression du Gekei en usant de techniques de sensorialité et en se fiant à son ressenti sur l’avenir de ses multiples invocations. Masashi n'avait pas faibli. Malgré ses dires, sa grotte ne l’avait pas trop rouillé. En tout cas sur le plan du Taïjutsu. Restait à voir ce qu’il était capable de faire avec sa Sensorialité. Lui suffirait-elle de le sortir de ce mauvais pas dans le Labyrinthe ?

Le Shinda s’amusait beaucoup de cette situation en tout cas. Il était très fier de cette trouvaille. Il n’allait pas manquer de la ressortir autant que possible. Les combats pourraient tourner à son avantage avec ça. Cela envisageait déjà de magnifiques combos et enchaînements à mettre en œuvre. Une petite pensée pour son senseï qui l’avait humilié à de maintes reprises lors de leurs entraînements. Aujourd’hui au moins, il y avait des chances pour que la tendance soit inversée. Il se fera un malin plaisir à leur prochaine joute.

Mais pour l’heure, il s’amusait déjà bien de son petit défi avec le Sphénodon. Il enchaînait les cadavres réanimés sans problème en les envoyant au tapis un par un. Michiki allait presque devoir répliquer sérieusement pour réellement corser le jeu ! Mais finalement, le sort en voulut autrement lorsque le polymorphe s’exclama qu’il était en difficulté. La nouvelle fut accueillie d’un petit ricanement de la part du Shinda, très fier de son œuvre et d’avoir pu mettre le Gekei en difficulté. Néanmoins, le Fossoyeur était joueur !

Il contrôla mentalement les parois du labyrinthe pour que le chemin change. A l’intérieur, si Masashi pensait que la voie s’était ouverte vers la sortie, il allait être déçu. Le tracé allait le mener au centre de l’infrastructure où l’attendait une vague de cadavres. Le nécromancien se réjouissait d’avance de sa petite blague. Il aurait presque aimé s’inviter à la fête pour ajouter un peu de piquant mais ce serait à la fois exagéré et malpoli. Il laissait donc le soin à son compagnon de combat de découvrir la petite fête improvisée.

Par la même occasion, perché sur son toit, Michiki se rendit lui aussi au centre. Il faisait durer le jeu encore un peu mais ce serait son dernier test. Il souhaitait avant tout s’entretenir avec son collègue. Il avait juste profité de l’occasion pour tester son labyrinthe. L’endroit était une bonne défense. Il devrait l’améliorer par la suite par quelques pièges ceci étant dit. Mais il pourrait s’occuper de ça plus tard. Il le testerait sur quelqu’un d’autre. Au hasard : Pô. Pourquoi ? Parce qu’avec tout ce que le polymorphe lui avait fait subir, le Shinda était impatient de lui rendre la pareille. Le souvenir d’un bain glacé dans l’eau de Yuki no kuni le fit frissonner jusqu’à la moelle. Il l’aurait sa revanche. Ce ne serait sûrement pas de l’eau gelée, mais il trouverait un substitut.

Mais pour le moment, le méchant nécromancien faisait subir le calvaire à un autre polymorphe. Si Michiki ne côtoyait pas les membres de ce clan depuis tant de temps, ça pouvait être pris comme de la haine. Alors qu’il n’en était rien. Et si c’était le cas, Michiki devrait se détester maintenant qu’il faisait lui aussi partie du clan. Mogura ricanait à cette idée.