L'air vivifiant de Suna m'avait donné envie de me promener à nouveau dans les rues du village, j'avais fais le point avec mon très cher ami, Yamada Ta afin d'entendre son rapport avec tout ce qui s'était passé pendant mon absence. Apparemment il y avait eu de nombreuses promotions dont plusieurs inattendues. Car j'avais entendu que Kawaguchi Tsukiko avait été nommé Chûnin, j'avais combattu avec elle sur l'île mais j'ignorais ce détail, mon plan aurait peut être été différent si je l'avais su. Enfin vu la manière dont ça s'était terminé, pas vraiment besoin de plan, j'imagine. Et j'avais entendu parlé de cette autre fille là, Ketsueki Yami, apparemment elle avait rejoint les rangs du Kakumeigun. C'est une réelle consécration pour quelqu'un qui n'était qu'une simple Genin il y a de cela quatre mois.

Si je devais admettre une chose aujourd'hui, c'est que les Ketsueki ont toujours été mon péché mignon, un peu comme les fraises pour les femmes enceintes. Il n'y a que trois pouvoirs que j'ai toujours convoité. Le premier je l'ai acquis, il s'agissait de l'art des Mamoru. Le second, ce sont les Kaguya et j'étais en bonne voie pour obtenir un spécimen. Le troisième c'était les Ketsueki, et celle-ci semblait vraiment exquise, il fallait que je la rencontre. Vous vous en doutez donc, en réalité ce n'était pas l'air vivifiant de Suna qui m'avait donné envie de sortir mais bien la promesse d'une rencontre avec cette personne.

Et en parlant de de cette dernière, je l'avais suivie pendant la journée entière, me servant de mes talents de senseurs pour la suivre en toute discrétion. J'avais attendu qu'elle soit seule afin de provoquer la discussion. Je voulais vérifié si elle est aussi talentueuse que le prétendent les écrits. Je me lançais donc dans une première approche.


« Bonjour, milady, je viens vers vous car j'ai entendu parlé d'une fable et je voulais savoir s'il y avait un fond de vrai. J'ai entendu dire que les Ketsueki considéraient le sang humain comme un des mets les plus délicats. Donc je voulais savoir, si je m'ouvre le bras comme ceci et que je vous laisse vous repaître de mon sang, m'accorderez vous un entretien, très chère ? »


Dis-je en liant le geste à la parole, la lame acérée du Kunaï vint tracer une ligne de sang le long de mon bras dévoilant un peu de ma chair à nu et laissant une traînée de sang couler le long de mon bras. Je lui tendais ce dernier, un petit sourire aux lèvres et les yeux plissés. Je ne lui voulais réellement aucun mal, juste une petite discussion entre fils et fille du désert. Après tout j'étais un homme aimant l'art et la culture des différents clans en général, donc quand en plus il s'agit de mon péché mignon, mon attention était dédoublée. Les premières goûtes perlèrent sur le sol créant petit à petit une flaque de sang, je fixais toujours la jeune femme et je repris la parole afin de la convaincre.


« Ne vous en privez-pas, voyez ça comme un échange de bon procédé, mon sang contre une discussion. Je n'attends rien de plus de votre part, milady. »


Alors là bien entendu le jeu de mot facile aurait été de dire qu'il s'agissait d'un pacte de sang. Mais comme même en terme d'humour j'étais plutôt fin gourmet, j'avais évité de ne serait-ce que formuler une syllabe de ce pathétique trait d'esprit. Cela n'a que peu de rapport avec ma pensée précédente mais un jour quelqu'un a dit : une amitié pour être bien trempée, doit l'être dans le sang des autres.

Le climat de Kaze était comme à son habitude : fulgurante, implacable mais tellement réconfortant. J'en étais désormais certaine pour en avoir discuté avec mon père : j'étais née dans le désert. Cette terre natale que j’affectionnais tant était le moyen pour moi de me rattacher à mes racines et espérer m'octroyer un lien pourtant perdu et déchiré avec ma famille déchue.

Depuis que Megami avait été scellé, je me sentais plus sereine et enfin plus moi même. Cependant, je ne pouvais nier un vide inéluctable que m'avait causé sa perte. En plus de cela, ma puissance était sur le déclin alors qu'au contraire ma maladie progressait peu à peu... Je n'avais encore peu de signes me certifiant son avancée mais je savais que tôt ou tard elle se manifesterait de façon bien plus virulente.

Mon clan n'était pas le plus apprécié de Suna de part sa maîtrise et son histoire d'introduction au village caché du sable. C'est pourquoi, mon naturel méfiant était en état alerte constant même au sein de ma propre patrie. Aujourd'hui, j'avais eu la vague sensation désagréable d'être observée mais, même en demeurant sur le qui-vive rien n'était arrivé malgré mes coups d’œils discret de temps à autre tandis que mon visage demeurait impassible. C'est pourquoi, lorsque je m'apprêtais à regagner le manoir après avoir passer la journée au QG du Kakumeigun, et que quelqu'un s'adressait à moi dans mon dos, je n'en fus pas vraiment surprise. Je stoppais ma marche en écoutant les propos qui m'étaient destinés, jetant simplement un regard derrière moi en tournant la tête avant de faire volte-face vers mon interlocuteur.

Je ne connaissais pas cet homme et pourtant son air me paraissait presque familier. Son regard azuré, sa chevelure d'ivoire et ses traits ne me revenaient pourtant pas en mémoire alors je me contentais d'écouter ce qu'il avait à me dire. Il me parlait de mon clan et de notre ivresse pour le sang humain cherchant à savoir si cet adage était exact. Je restais interdite devant l'homme qui venait de s'ouvrir le bras devant moi, ne concentrant mon regard plus flamboyant que jamais devant son fluide écarlate qui s'écoulait allégrement de la plaie qu'il s'était infligée. Mon faciès était neutre mais mes pupilles trahissaient mon intérêt soudain. Ma maladie s'accroissant me demandait de subir de renouveler mon sang plus fréquemment et je n'étais jamais contre un don gracieux. Pourtant, ma méfiance naturelle avait le don de m'alerter tandis que l'homme me proposait de son nectar contre une discussion. Je ne le connaissais pas et il se présentait à moi ainsi... J'avais toutes les raisons de croire qu'il cherchait à me tester plutôt qu'à m'offrir simplement généreusement de son élixir. Qui donc serait assez fou d'accepter un tel contrat avec un Ketsueki qui lui était inconnu en sachant pertinemment ce que j'étais capable de faire avec son fluide ?!

Mon regard perdait de son éclat alors que je jaugeais l'homme pour lui répondre.

« Notre attrait pour le sang n'est plus à prouver. Cependant nous pouvons très bien avoir une discussion sans le lier... Qui êtes vous et que me voulez-vous ? »

Il n'y avait aucune hostilité dans le ton de ma voix simplement une neutralité impassible. Je m'évertuais à redorer le blason de mon clan en tachant de l'humaniser quelque peu. Me précipiter sur le nectar divin sans prendre en considération les dangers auxquels je pouvais m'exposer n'était que pure folie. Mon clan appartenait à la noblesse, nous avions une retenue et une maîtrise bien plus contrôlée que ce que tout le monde pouvait croire. Pour autant, malgré la retenue, il était indéniable que sa vue nous faisait envie et nous plongeait dans une excitation telle qu'il était difficile de se brider... Si nous cédions à notre pulsion, nul doute que la frénésie grandissante avait tôt fait de totalement accaparée notre attention, ce qui ce montrait des plus problématiques entre les murs de Kaze où je n'avais pas le droit d'exécuter quelqu'un pour me repaître de son sang.

« Vous avez là toute mon attention. »

Me contentais-je d'ajouter, ne quittant pas un instant mes yeux vermeils des siens tout en tachant de faire fit de son fluide écarlate qui s'égouttait toujours sur le sol de Suna.

Cette expression sur son visage était magnifique, on pouvait sentir ses yeux se détourner des miens pour lorgner sur la plaie de mon bras, intérieurement je jubilais, la légende n'en était pas une en réalité, cela me donnait encore un peu plus d'intérêt pour elle. D'ailleurs ce qui était marrant lorsque je me prenais d'intérêt pour quelqu'un c'est que contrairement à la plupart des gens qui prennent de l'intérêt pour un physique ou pour la capacité qu'il y a autour, je ne m'intéressais pas à tout cela, ce qui m'importait c'était le reste.

Chez elle, par exemple c'était cette envie irrépréhensible de se jeter sur mon bras afin d'étancher une soif qui doit la consumer en ce moment même, c'était aussi les battements les réactions irrégulières de son âme qui m'indiquait qu'elle était dévorée par l'envie, mais pas que, je sentais aussi un peu de méfiance. Quel pouvoir que celui des Mamoru, il me donnait réellement l'opportunité de savoir ce que les gens ressentent et d'en tirer le maximum d'amusement. J'écoutais maintenant sa réponse à ma question. Elle répondait par l'affirmative, avec un tel regard sur mes veines il ne pouvait en être autrement n'est ce pas ? Quelques secondes plus tard elle m'annonçait que j'avais toute son attention, je rigolais juste après ça avant de m'exclamer de la sorte.


« Tu arrives peut-être à garder l'attention de tes yeux sur moi, mais ton nez respire mon odeur et ton âme désir ce nectar. Tu es très drôle Ketsueki Yami, garder un tel sang-froid est impressionnant, ah pardon, mauvais jeux de mots dans cette circonstance. Maintenant je me demande à quel point ta maîtrise de toi-même est importante ! »


J'empoignais mon kunaï et je passais la lame sur la peau du bras qui n'était pas encore ouvert. Un deuxième filet de sang coulait sur le sol. Ce n'était pas encore dangereux pour ma santé, mais ça pourrait le devenir si je continuais à me scarifier de cette manière. Cependant, je crois que je donnerai tout pour continuer à voir cette expression sur son visage, cette lutte contre le désir. Je reprenais la discussion par ce qui suit :


« Le désir ma chère, est fait pour que l'on y cède, il n'y a pas de vie sans désir, le désir est ce qui te mène là où tu dois être. Enfin tu me demandes qui je suis, je pourrais te répondre mais ça ne serait pas drôle du tout de cette manière. Voilà ma proposition, trempe tes doigts dans ma plaie et rapporte l'odeur à ton nez, si tu parviens à résister, tu gagnes mon identité, dans le cas contraire, je m'écorche un peu plus pour rendre ton envie encore plus irrépressible. J'espère que tu aimes les défis ! »


Pour ma part, j'adorai les défis, mais uniquement ceux où la probabilité que je gagne était supérieure à celle de perdre. J'étais une personne qui adorait avoir l'ascendant et qui donc par opposition détestait se sentir dominer. Et autant dire que lors d'une rencontre comme celle-ci, l'ascendant était très vite déterminé. Et pourtant la réponse était si simple, si elle ne cédait pas, je continuerai à la torturer tout en posant des questions. Si elle cédait, nous reprendrions une discussion normale. Bien que normale avec moi soit un concept plus ou moins relatif puisque je lui proposerai certainement de la fournir en sang frais de ma propre réserve ou ce genre de chose. D'ailleurs j'étais persuadé que nous arriverions à cette discussion à une étape de cette entrevue. Le sang de ma plaie continuait à s'écouler goûte après goûte, c'était des petites plaies, assez superficielles, je devrais rester les bras vers le bas pendant une bonne heure avant de ressentir l'effet lié à la perte de sang. Mais voyons voir comment cette situation évolue.

Cet homme se révélait être de plus en plus étrange... Il cherchait visiblement à mes tester et à voir jusqu'où allait ma résistance pour le fluide écarlate. Quel était le but de son petit manège ? Il évoquait même savoir pertinemment que si mes yeux ne regardait plus le liquide, mon nez et même mon âme le faisaient encore... Etait-ce une façon de parler pour cette dernière où était-il vraiment capable de la discerner ? Qui était-il ?

Tant de questions m'assaillaient à son sujet, néanmoins, je tachais de gardais mon impassibilité. Je me forçais à l'être même lorsqu'il s'ouvrait son autre bras pour lui faire subir le même sort qu'au premier. Cela n'avait aucun sens... Avait-il l'intention de se saigner jusqu'à ce que je réagisse ? Et lui était-il vraiment prêt à aller au bout de sa manœuvre ? Un fin sourire s'étirait sur mes lèvres alors que mon regard se posa sur le nectar s'écoulant à gré avant de remonter dans le sien.

Il me faisait ensuite un cours sur le désir et sur le fait de s'y laisser tenter puisqu'il était fait pour cela. Je lui adressais dès lors un sourire carnassier.

« Si je me laissais tenter par le désir, comme vous le dites, bon nombre de Sunajins seraient passés à trépas. Cependant, je chéris ma nation et mon village et je place mon existence à son service. Je ne veux pas devenir le mal contre lequel je lutte pour elle. »

Si je laissais mes pulsions prendre le dessus j'aurais déjà causé plusieurs crimes dans mon sillage : c'était indéniable.

« Je vais me répéter mais mon clan est noble : nous aimons connaître un minimum la personne qui se proclame donneur, dans le cas de nos alliés... »

Je marquais une pause, laissant cette dernière phrase en suspension avant d'ajouter :

« Comprenez moi, des donneurs j'en possède plusieurs entre ses murs et je les connais. Je ne sais rien de vous, pourquoi me laisserais-je donc tenter par l'élixir d'une personne dont j'ignore tout jusqu'à son identité ? »

Son sang continuait de se répandre sur l'asphalte dans un clapotis bien distinct à mes oreilles mais je n'en faisais fit. Il ajoutait vouloir conclure un marché où je devais tremper mes doigts dans son nectar et le porter à mes narines : si je résistais à l'envie d'y goûter il me déclinait son identité. Un nouveau sourire dévoilant mes canines effilées, s'étirait sur mon visage :

« Désolé de vous l'apprendre mais je ne fonctionne pas comme cela. Habituellement, c'est moi qui expose les marchés. Il n'est pas question que je me prenne à votre petit jeu de fanatique pour votre bon vouloir afin obtenir des informations de votre part : je ne suis pas une bête de foire. »

Il n'était pas envisageable que je devienne son jouet qu'il pouvait manipuler juste en brandissant son fluide écarlate sous mes yeux et mon nez : si c'était ainsi qu'il pensait que les Ketsueki fonctionnaient il se trompait lourdement.

« Et si vous me disiez là vrai raison de votre discours ? J'ai l'éternité devant moi mais tout de même, autant aller droit au but plutôt que de poursuivre ce manège plus longtemps. »

Je l'avisais d'un regard provocateur et un rien enjôleur. Je mentais pour l'immortalité : je ne l'avais pas encore mais cela ne saurait tarder. Même si mon père m'exposait cette malédiction plutôt comme la consécration d'un Ketsueki, je ne faisais pas ce choix de gaieté de cœur mais bel et bien parce que je n'avais pas le choix si je ne voulais pas réduire mon existence à cinq années, emportée des suites de ma maladie de naissance dans de terribles souffrances. Il était d'autant plus difficile pour moi de faire abstraction de l'attraction que suscitait en moi le liquide écarlate qui était à ma portée en ces conditions où j'étais contrainte de renouveler mon sang plus fréquemment. Toutefois, les années m'avaient appris à porter un masque de neutralité impassible et je m'évertuais à mettre en application ses années d'entraînements pour ne pas céder impunément à la soif qui me tordait les entrailles.

Je savais que cet homme avait quelque chose en tête pour oser me tester de la sorte : qu'il en vienne donc aux faits plutôt que de vouloir me voir revêtir le rôle de sa marionnette que je n'arborerais jamais...

Ce petit jeu durait et ce n'était pas pour me déplaire, à vrai dire je raffolais de ces situations, ces petits échanges de regards, l'incompréhension permanente qui orne son cœur, les petits frémissements de son âme lorsqu'une nouvelle plaie vient rejoindre la précédente. Tout cela est absolument exquis. On reparlait du désir je trouvais ça réellement intéressant comme concept, mais pour le coup je me contentais d'ironiser sur les paroles qu'elles venaient de formuler.


« Si je me laissais tenter par le désir, le monde entier pourrait passer à trépas. En revanche Milady, s'il vous plaît ne me sortez pas comme excuse que vous vous contenez pour le bien de votre village. C'est une chimère. Vous vous contenez car vous avez peur, peur de libérez la bête et de voir comment les gens réagiraient s'ils vous découvraient sous votre vrai jour. Je peux ressentir tout le tumulte qui siège dans votre âme. »


Je riais lorsqu'elle énonçait sa deuxième phrase, leur clan est noble, certes. Mais pas pour les raisons qu'elle évoque. Je répondis immédiatement à ses propos.


« Donc si je comprends bien dès que vous mangez un steak dans un restaurant vous demandez d'où vient le bœuf ? Vous êtes un clan noble, effectivement, c'est une raison de plus pour ne pas se soucier de votre gibier. Depuis quand les rois et les reines se soucient des mendiants ? »


Je terminais par un nouveau rire, je fixais continuellement la jeune femme, un sourire toujours aux lèvres. Mon sang s'écoulait encore de ma plaie, ce n'était qu'un moyen comme un autre d'avoir l'ascendant psychologique, je me serais planté un Kunaï dans le genou si cela pouvait me permettre de le garder. Je répondais à sa prochaine parole concernant le pourquoi se laisser tenter par mon sang ?


« Pourquoi ? Parce que plus vous refusez, plus votre âme s'acharne à le vouloir. Parce qu'il est offert et que le gaspillage n'a jamais été quelque chose de très saint. Et enfin parce que j'éprouve pour vous une certaine forme d'attirance, pas physique, bien que vous soyez très belle, non, moi c'est votre âme qui m'attire, c'est la mélodie qu'elle joue lorsque votre cœur est éprit de l'indécision, une sérénade qui ravit mes oreilles lorsque vous dîtes des mots et qu'elle les trahit l'instant d'après. C'est ce qui vous rend aussi fascinante. »


J'avais toujours eu une aisance des mots, j'étais en mesure de charmer de contrarier d'expliquer, de convaincre. Je provoquais exactement le sentiment que je souhaitais chez mon interlocuteur et justement c'est ce genre de don qui faisait d'un homme quelqu'un de dangereux. Je haussais du sourcil lorsque j'entendis le mot fanatique. C'était un mot un peu rude, surtout pour quelqu'un comme moi. Je me contentais donc de répondre de la sorte.


« Fanatique est un mot rude, même pour moi. Et je ne vous ai jamais considérer comme une bête de foire, le peuple de ce village vous considère comme cela mais pas moi, je serais une bête bien plus hideuse si je le faisais. Pour moi vous êtes un joyaux, un rubis couleur sang, comme tout les membres de votre clan d'ailleurs. Ceci étant dit ne pas vouloir jouer équivaut à un échec n'est ce pas ? C'est la dure loi de notre monde où l'abstinence d'action n'est pas forcément la meilleure voie. »


Comme elle avait refusée le jeu ce qui équivalait à un échec pour moi, je fis à nouveau glisser le Kunaï, cette fois dans la paume de ma main, laissant à nouveau un peu de sang supplémentaire couler sur le sol. Enfin elle parla du fait qu'elle possédait l'éternité devant elle, je riais un instant avant de continuer sur ce point.


« Vous semblez dire que le temps n'a pas d'emprise sur vous. Si c'est vraiment le cas milady, cela nous fait un point commun. Êtes vous en mesure de ramener les êtres qui vous sont chers à la vie ? Tout comme j'en suis capable ? Cela m'impressionnerait de rencontrer quelqu'un possédant les mêmes pouvoirs que moi. »

Cet homme me déplaisait. Il parvenait à lire en moi comme dans un livre ouvert malgré ma neutralité : au fond il m'exaspérait et je savais qu'il en jubilait car j'avais tendance à réagir de la même manière lorsque j'endossais le rôle qu'il portait en ce moment. J'aimais manipuler les gens et les mener en bateaux simplement pour mon bon vouloir et pour parvenir à mes fins : c'était ce qui lui-même cherchait à faire... Simplement je voyais clair dans son jeu et ma méfiance se couplait soudainement à l'intérêt pour cette personne perfide aux quelques traits correspondants aux miens...

Il avait de l'audace et il avait le mérite d'être têtu et de persister dans ses tentatives : j'étais moi même encline à camper sur mes positions. Pourtant, comme il l'avait si bien dit, je ne pouvais nier mon attrait pour son élixir... Sa douce effluve me parvenait aux narines et je me délectais de son arôme pour lequel j'avais une envie irrépressible de goûter. Seule la méfiance et le manque de confiance que j'avais pour lui ne faisait pas flancher mon désir frénétique. Je déglutissais. A quoi bon lui cacher mon état d'esprit du moment alors qu'il semblait pouvoir le lire à travers mon âme. Mes précédents soupçons se confirmaient sur lui lorsqu'il évoquait ces entités : je devais avoir en face de moi un Mamoru. Si les Ketsueki étaient haïs et détestés, la réputation des Mamoru ne devaient pas être si différente, seule l'histoire avec Kyoshi Rei nous était différente. Je contrôlais le sang, il pouvait interagir avec les âmes : voilà un face à face bien énigmatique et qui en ferait fuir plus d'un.

Cela expliquait certainement son détachement pour mon clan puisqu'il avait dû subit les mêmes regards et les mêmes désobligeances dont j'avais été sujette. Je n'apportais pas d'importance aux critiques que l'on pouvait m'infliger. En revanche, je ne tolérais pas que l'on bafoue le nom de mon clan en nous insultant de traîtres et autre joyeuseté du genre.

« Les gens ne m'ont que trop vu sous mon véritable jour : j'essaye justement de faire en sorte que cela change. Je cherche à m'intégrer à la société pour gravir les échelons et ainsi redorer le blason de mon clan déchu. »

Personne n'avait dit que c'était facile. J'avais dû revoir toute ma conception du monde et tenter de m'accoutumer des sentiments humains, ô combien synonyme de faiblesse pour moi autrefois. Toutefois, je n'étais désormais plus seule : j'étais entourée de précieux alliés et amis qui m'aidaient à m'aiguiller dans cette société où j'étais en marge. Mon père, que j'avais rencontré il y a peu, avait été horrifié par la part grandissante de mon humanité. Personnellement, j'étais plus heureuse ainsi que lorsque j'étais terrée dans ma solitude à l'orphelinat de Suna où j'avais grandi ou même au sein du manoir du clan où Megami n'était que la seule présence constante en moi. Elle avait été scellé il y avait peu et j'avais retrouvé le bonheur que d'être seule dans son propre corps sans barrières à redresser constamment pour éviter qu'elle ne prenne l'ascendant et me contrôle pour exécuter ses noirs desseins : cette traîtresse assassinée par le Kakumeigun dont je faisais moi même désormais partie, douce ironie...

« Je n'ai pas peur de ce que je suis mais les autres oui. Vous en conviendrez que montrer cette facette de moi-même ne va pas vraiment m'aider à atteindre mon objectif. »

Mes alliés le savaient. Sur un champ de bataille, face à mes ennemis, je me montrais impitoyable et la frénésie du sang avait raison de moi : j'en voulais toujours plus et je voulais toujours plus voir leurs visages se déformer pour laisser place à la peur et à la souffrance. Je jubilais d'extase à cette simple pensée, étirant un nouveau sourire carnassier face à cette idée délicieuse. Mon regard flamboyait, incandescent alors que j'aurais souhaité me retrouver dans l'une de ces circonstances où je ne faisais fis des conventions sociales et me moquais bien de connaître l'identité de mes proies.

« Je me soucies pas de mon gibier ni de leur provenance mais de ce qu'ils peuvent me faire. Je ne vous connais pas : qui me dit que votre sang n'est pas empoisonné ? Qui me dit que vous ne voulez pas que je cède à mes pulsions pour avoir l'ascendant sur moi ? Personne. De plus, ma frénésie pour le sang est telle que j'ai dû mal à m'arrêter d'en boire une fois que je l'ai goûté. »

Je lui adressais un regard lourd de sous-entendu sur cette dernière phrase. Je devais résister à cette soif qui m'asservissait même si, comme il le disait, cela devait la renforcer encore un peu plus... Il me parlait d'échec suite au fait que je ne voulais pas jouer et forcément cet air de défi me faisais froncer les sourcils : encore une fois je savais que c'était ce qu'il voulait. Je ne pouvais le nier, garder mes distances ainsi et jouer la carte de la sécurité faisait de moi une trouillarde et je n'aimais pas cela pour autant, je me rassurais en me disant que la voie de la sûreté était parfois plus difficile à tenir et que ma volonté était telle que cela prouvait ma force de caractère : malgré le tiraillement et l'envie de la soif qui m'assaillait, je parvenais à rester concentrée et ne pas la laisser remporter. J'avais un contrôle de moi-même que je m'évertuais à améliorer et que les années pour m'intégrer avaient renforcé.

« Le prédateur est plus dangereux lorsque l'on ne sait pas à quel moment il va frapper... »

Mon naturel calme et impassible, bien qu'il pouvait visiblement voir les tourments de mon âme, s'avérait dangereux pour quiconque baissait sa garde en ma présence car c'était ce moment précis que je choisissais pour changer du tout au tout. Inspirer confiance et la proie n'en sera plus que décontenancée et prise de cours au moment fatidique.

L'homme reprenait un kunai et s'ouvrait la paume de la main. Son sang perlait et s'écoulait d'un nouvel endroit, alors que j'avais sous les yeux trois flots écarlate s'écoulant impunément devant moi, son odeur embaumant l'air. Il divulguait enfin un tant soit peu d'éléments sur lui, m'apprenant qu'il appartenait lui même au monde de l'immortalité. Etait-ce ce genre de personne que je deviendrais lorsque j'y accéderais moi même ? Mon père m'avait mis en garde sur les sacrifices d'une telle malédiction et sur la perte probable de mon humanité : pour autant, cet homme en face de moi qui en jouissait n'avait pas l'air d'une bête dépourvu de sentiments. Il était visiblement capable de ramener des morts à la vie mais à quel prix pour lui comme pour ses demandeurs ? Il aurait été ironique de me dire que les choses devaient rester telles qu'elles l'étaient sans modifier le cours du temps alors que moi même allais accéder à l'immortalité. Pour autant, je me demandais si retrouver une personne défunte n'était pas un lourd fardeaux pour cette âme tirée de son sommeil... La question ne me concernait pas car excepté ma défunte mère, je ne connaissais que mon père, encore vivant du haut de ses presque cent-soixante ans. Puisque c'était tout le châtiment que j'espérais pour la première, je n'avais aucune raison de vouloir la revoir parmi nous et mon père se serait chargé de la ré-envoyé en enfer.

« Je vois. Non, il ne m'est pas gré d’interagir avec ces entités. J'ai moi-même cru jusqu'à il y a peu avoir été l'hôte de l'une d'entre elle pendant trois années. Finalement, seuls les souvenirs de cette dernière, son sang, ainsi que son chakra m'avaient été transmis lors de la création d'un lien de sang avant que cette personne ne trouve la mort devant moi. Sa présence en moi était telle que j'avais l'impression qu'elle était parvenue à transférer son âme en moi en cet instant. J'ai appris récemment que ce n'était pas le cas. »

Depuis que Megami avait été scellé par mon père, ma puissance s'était amoindrie et ma maladie avait progressé. Tel était le châtiment dont elle me gratifiait. Quelle ironie de constater que celle qui m'avait pourri la vie me servait aussi à la maintenir plus facilement.

Je fixais son fluide vital qui gouttait toujours sur le sol, l'avisant d'un regard envieux avant de découvrir mes canines effilées et aiguisées pour mordre sans ménagement dans mon poignet. Ma bouche était maculé de mon propre sang, apportant des touches vermeilles sur ma peau diaphane tandis que mon nectar s'écoulait de la même façon que le sien. Je concentrais alors mon chakra pour faire léviter mon sang devant moi. Même si cela ne pouvait pas calmer ma soif, avoir le goût de mon propre fluide dans ma bouche avait le don de m'apaiser. De surcroît, je pouvais faire une démonstration à cet homme, visiblement fasciné par ma nature.

Je l'avais laissé répondre à chacun de mes points sans l'interrompre, je souhaitais faire cette fois une sorte de réponse groupée. Après tout c'était d'usage, ne dit-on pas que la beauté à tout les droits ? Elle avait commencé par s'exclamer en annonçant qu'elle avait justement trop attirée l'attention sur ça réelle personnalité et qu'elle essayait de mettre de l'eau dans son sang pour essayer de plus correspondre au moule. Je trouvais cela particulièrement idiot, puisque nous sommes des shinobis, nous ne sommes pas nés pour être conformes à ce que la société veut que nous soyons. Du moins selon ma propre définition du mot shinobi.

Elle continua ensuite par dire qu'elle effrayait les autres lorsqu'elle se laissait aller à ses instincts primaires. Et que montrer ce trait-ci ne permettait pas d'aider à l'objectif dont elle avait parlé précédemment. Enfin elle déclara qu'elle n'avait aucune empathie pour son gibier. Elle suspectait en revanche que je sois capable de mettre du poison dans mon sang pour le lui donner. C'est pas faux j'étais réellement en mesure de le faire. Après ça elle se comparait à un prédateur dont la dangerosité varierait si son moment d'offensive était imprévu.

Enfin, elle déclarait ne pas être en mesure de ressusciter les morts mais qu'elle avait en revanche été hanté par quelque chose, mais c'était une variance de mon pouvoir puisque seul le chakra et le sang de la personne avait été transmise. Elle déclarait que l'âme n'y était pas. Sauf que le chakra est une partie de l'âme mais ça elle ne pouvait le savoir sauf s'il s'agissait d'un membre de mon clan. Enfin clan. Il est vrai que j'étais un mamoru et sans aucun doute un des meilleurs dans le monde, mais de là à dire qu'ils étaient ma famille. Je ne sais pas ce qu'ils étaient pour moi, mais une chose est sûre, un jour je me lèverai pour les diriger, tous.

J'allais maintenant devoir répondre à la jeune femme aux cheveux de jais. Je réfléchissais un instant au style de réponse que j'allais lui apporter et j'en profitais pour sonder son âme qui était toujours dévorée par l'envie de mes veines. Je m'exclamais alors à son attention.


« Les gens... Qui se soucient du regard de ces personnes, ceux qui ne vous comprennent pas sont des ignares milady. Quant à l'avenir de votre clan que vous considérez comme déchu, sachez qu'il me préoccupe au plus haut point. Pour ma part je n'émet aucun jugement sur vous, mais je sais ce que vous désirez, je comprends ce désir et je m'offre à vous pour l'étancher. Enfin sachez que cette facette de vous constitue ce que vous êtes, vous ne vivez que dans le déni en vous y refusant. »


Je respirai une seule fois avant de continuer de dialoguer avec la jeune femme.


« Le petit jeu que nous jouons vous et moi, car il s'agit d'un jeu, je sais qu'il vous agace. Peut-être avez vous en horreur de ne pas être en position dominante. Mais pourtant si vous me permettez une analyse, lorsqu'un Ketsueki consomme le sang de sa proie il peut contrôler cette dernière. Donc pour retrouver votre position favorite, la seule barrière reste toujours la même, intacte et pourtant si fragile. Votre volonté. »


Il était peut-être enfin l'heure de tomber le masque, définitivement. La plaisanterie était longue et elle avait su me contenter pendant toute sa longueur, mais je savais que nous étions dans une impasse, je reprenais donc la parole encore une fois.


« Bien, malgré tout je me rends compte que vous êtes tiraillée et peut-être, je dis bien peut-être je parviendrai à force à vous faire fléchir, mais je sais que le jeu aurait fini de m'amuser bien avant cette étape. Je vais donc vous rendre un avantage pour pimenter la partie, je vais vous donner mon nom. Et par habitude, cela risque de générer un nombre incroyable de question dans votre esprit. »


Je laissais quelques secondes passer avant de reprendre la parole afin de mettre fin au spectacle.


« Mon nom, vous le connaissiez déjà, à vrai dire vous m'avez même déjà vu, seul ce visage vous est parfaitement inconnu. Je me nomme Araakoa Aare. Les liaisons devraient se faire d'elles-mêmes maintenant, non ? »


une nouvelle pause avant de reprendre immédiatement.


« Je ne mentais pas, je me soucie vraiment du sort des vôtres et votre âme me plaît réellement, alors, je me répète, laissez moi vous offrir ce cadeau. »


Dit-il en tendant ses bras scarifiés, elle pouvait maintenant en prendre sans danger, à moins qu'elle ne fasse pas confiance à un Kazekage non plus.

L'homme m'adressait son point de vue sur le regard des autres. Je le comprenais pour l'avoir moi même partagé il n'y avait de cela pas si longtemps. J'avais même avisé Kioshi de ce point mais il m'avait conseillé de me fondre dans le décor pour acquérir l'ascension hiérarchie et la reconnaissance dont j'avais besoin pour faire valoir mes idéaux. Encore aujourd'hui, je n'étais pas convaincue par cette manière de procéder mais je devais bien admettre qu'il m'était plus aisé d'agir ainsi. Non seulement les regards posés sur moi commençaient à être différents mais surtout : je n'étais plus seule. J'étais parvenue à me faire des amis et je commençais peu à peu à comprendre comment interagir avec eux pour ne pas leur causer du tord comme je l'avais fait jadis. Je me montrais impitoyable avec mes ennemis mais j'affectionnais mes amis et faisais en sorte qu'ils soient heureux.

Il était risible de se dire que l'homme qui se tenait face à moi ressemblait à mon père tant sa conception des choses lui était proche. Eien Ketsueki, mon père, l’Innommable qui avait décimé bons nombres de vies sans jamais se soucier de son gibier, ne comptant que sur les siens et lui même et n'octroyant sa confiance à nul autre. Il se sentait en autarcie avec le reste du monde, tout mon clan semblait avoir été ainsi. Nos idéaux et nos façons de procéder étant si différentes des autres, il leur était difficile de concevoir que nous appartenions tous à la même espèce : celle des hommes. Les Ketsueki s'évertuaient à penser qu'ils appartenaient à une race supérieure capable de jouir de la malédiction de l'immortalité s'ils s'y risquaient. Le tableau que dressait cet homme tendait vers cela aussi. Ne comprenaient-ils pas que ce n'était pas possible d'inspirer la confiance si l'on est craint ? Je voulais être reconnue et agir dans l'intérêt de mon village mais comment le pouvais-je si mon simple nom me renvoyait à la méfiance des uns et la trahison des autres ? Sans pour autant changer, je me devais de brider ma nature pour atteindre les objectifs qui m'étaient chers : peu importait si mon père n'était pas d'accord sur ma façon d'agir ou me renvoyait cela comme une faiblesse au visage.

Après tout, il n'avait jamais été là, malgré lui, durant mon enfance : j'avais donc dû faire mes propres choix et ce n'était pas en réapparaissant dans ma vie, dix-neuf ans plus tard, que mes décisions allaient changer : il en allait de même pour cet homme dont j'ignorais tout.

« Je sais pertinemment que je vis dans le déni mais parfois mieux vaut vivre ainsi que dans la solitude. Je n'ai que trop donné de sa présence constante depuis mon plus jeune âge, ayant grandi entre les murs de l'orphelinat de Suna. »

J'avais appris par mon père récemment, que j'étais la première Ketsueki à avoir intégré Suna puisque j'y avais été conduite plus jeune, juste après sa construction suite à un transfert du premier orphelinat où je trouvais à celui de Suna. C'était ainsi que je m'étais retrouvée au village que j'estimais m'avoir vu grandir, avant même l'arrivée de mon clan avec Kyoshi Rei. Le village avait tenté de donner un sens à ma vie et je lui étais redevable même si j'avais grandi seule.

Pour autant, je savais que cet homme était sincère quand il disait me comprendre. Comme je le pensais plus tôt, sa condition de Mamoru lui avait sûrement valu les mêmes regards et discours dont j'avais fait les frais. Il expliquait que malgré ma position dominante dans cette circonstance, puisqu'une fois son sang ingéré j'aurais l'ascendant sur sa personne, ce qui me maintenait dans ma retenue c'était ma volonté. Je ne pouvais le nier : c'était le cas. Ma volonté seule me permettait de ne pas sauter sur cet homme et de me repaître de son sang alors même que la soif grandissait et que tout mon être me suppliait d'y succomber.

Il semblait finalement résolu à cesser son jeu et m'annonçait même qu'il allait me révéler son nom, qui laisserait planer en moi de nombreuses questions. Je le connaissais. Je l'avais déjà vu... Pourtant j'étais certaine que non... Il ajoutait que je ne l'avais simplement jamais vu sous cette apparence, dans ce corps : le nidaime Kazekage...
Mes yeux s'écarquillaient de surprise, faisant tomber la neutralité que j'avais jusqu'ici conservé. Je l'observais davantage ne comprenant pas comment il s'y était pris pour rajeunir... Avait-il changé de corps ? Avait-il rajeunit ? Etait-il vraiment immortel comme il l'avait prétendu plus tôt. Pourquoi l'ancien Kazekage m'observait avec un tel intérêt et de cette aura mystique qui lui avait valu une approche de ma personne en toute discrétion après m'avoir sans doute longuement suivi ? Je comprenais encore moins ce qu'un homme de sa trempe me voulait. Il réitérait sa proposition, m'assurant une nouvelle fois qu'il ne possédait pas cette vision stéréotypée des Ketsueki.

« Je vois. Cependant un nouveau frein s'offre à moi. Voyez vous, j'ai trop de respect pour les dirigeants de ce village pour oser me repaître de votre sang. »

C'était vrai mais pas seulement. Il avait beau être un ancien Kage, la façon dont il m'avait abordé sonnait de façon louche à mes oreilles. Pourtant...

« Néanmoins, puisque vous me le proposez je ne peux le refuser. Soyez averti que je prend ce que l'on me donne sans être gage de rendre l'appareil en retour. »

Je n'étais pas totalement dupe. Il parlait sans cesse de mon âme comme s'il souhaitait l'ajouter à l'une de ses collections morbides et je ne voulais pas qu'il espère que son geste faisait en sorte que je lui sois redevable : il me donnait son sang et comme il l'avait précisé au début de notre rencontre, son sang contre une discussion : je n'avais dès lors plus rien à lui offrir.

Mon envie réprimée depuis tout ce temps n'avait fait qu'accentuer ma soif si bien que mes yeux rubis luisaient dans la pénombre alors que, une seconde plus tard, je plantais mes crocs effilées et affûtées dans sa chair déjà meurtri. Son arôme était particulier, la mort était dans son sillage. Je m'abreuvais sans ménagement par la plaie de son bras que je maintenais contre ma bouche ensanglantée et avide. Mon regard brillait d'une nouvelle lueur : prédateur et démoniaque, celui qui émanait de ce que j'étais vraiment. La frénésie m'enivrait et me consumait de toute part alors que j'étais galvanisée par le plaisir que j'en ressentais. Le liquide écarlate s'écoulait sans vergogne dans ma gorge alors que j'en retirais une immense satisfaction : j'en voulais toujours plus...

Elle savait pertinemment qu'elle était dans le déni mais malgré tout elle persistait pour ne pas être seule ? Elle avait grandie dans l'orphelinat de Suna ? J'eus un visage attristé après cette révélation, je n'aimais pas entendre l'histoire des gens puisque même si j'avais des idéaux immense demandant de nombreux sacrifices, la résultante finale était la paix universelle, de ce fait entendre ce genre d'histoire provoquait en moi une compassion sans borne. Tout comme Lilith l'avait provoqué en moi. C'est l'effet que l'on a lorsque l'on ramène un chiot errant dans sa demeure, on ne sait pas où il a traîné ni ce qu'il a fait, mais on l'aime parce que l'on sait que son vécu justifie tout ses actes.

Ses prochaines paroles concernait mon sang, elle avait trop de respect pour les dirigeants du village pour se repaître de leur sang ? C'était idiot. Je ne me respectais pas moi-même lorsque j'avais lancé ce jeu alors pourquoi devrait-elle montrer une forme de respect, ce n'est pas mon statut de Kage qui fait ce que je suis. C'est ce que je suis qui définit ma position d'ancien Kazekage. Finalement elle laissa libre cours à son envie, elle plongea ses crocs dans ma chair et commença sa manœuvre, se repaître de mon liquide vital. Je ne l'arrêtais pas, je la laissais faire, à elle de voir si elle parvenait à se stopper toute seule. Pendant qu'elle avait le nez et la bouche sur mon bras, je faufilais mes lèvres près de son oreille avant de murmurer ceci.


« Tu n'es plus seule milady, tout les membres de ce village sont mes enfants, viens me voir à chaque fois que tu en sens le besoin. »


Le sang qui s'échappait de mon corps provoquait déjà des vertiges. Signe qu'en plus de celui qui s'était écoulé sur le sol, elle en avait trop bu. Mais elle était encore penchée sur mon bras. Devais-je l'arrêter ? Non, chaque épreuve est une leçon. La vérité est là. Si je devais m'écrouler par sa faute, ce n'était pas important, j'étais heureux d'avoir contribué à satisfaire ses désirs. Il s'agissait là d'un souhait de ma part donc après tout, ne pas s'en plaindre était la moindre des choses. Je continuais de parler tant que ma raison était encore là, je m'exclamais de la manière suivante :


« La méfiance des autres est quelque chose que je comprends mieux que personne, mais quand je te vois maintenant entrain de te satisfaire de mon sang, je ne suis pas méfiant, je partage la satisfaction de ton âme. Peux-tu le comprendre. J'entends, j'entends cette symphonie, nos âmes qui résonnent à l'unisson. Ne serait-ce pas là une esquisse du paradis ? »


L'homme que j'étais était en plein délire, une autre conséquence dû à la perte de sang, mes forces m'avait quitté, j'étais en pleine hallucination. Et Soudain le noir, mon corps bascula en avant et je tombais sur la jeune femme, inconscient. Je ne voyais plus rien ou plutôt je voyais tout. J'étais revenu dans le monde en blanc celui des esprits, celui que j'avais déjà visité maintes fois lorsque je recherchais des âmes égarées. Je discutais avec les passeurs, ceux des deux grandes portes et je leurs demandais si j'étais mort, ils me répondaient que j'étais juste inconscient et qu'il dépendait de moi le choix d'y retourner ou non. Ils répondaient que c'était mon lien avec ce lieu qui m'avait amené ici. Alors je fis ce choix. Je fis le choix de me réveiller. Lorsque j'ouvris les yeux, je vis...

Je continuais d'ingurgiter mon dû avec toujours autant d'avidité et de véhémence que les premières gouttes. Jamais je ne pourrais me lasser de l'arôme ferreux si caractéristique du fluide écarlate... C'était pour moi le summum des plaisirs, incomparable avec tout le reste, pas même avec le plaisir charnel : rien ne pouvait rivaliser avec ce nectar synonyme à la fois de vie et de mort.

J'entendais la voix de nidaime rajeunit comme un murmure au creux de mon oreille, distinguant à peine ses mots sous la frénésie qui m'habitait. Je comprenais simplement que si j'avais besoin de me repaître à nouveau je pouvais aller le voir pour en obtenir. A vrai dire, je n'étais pas contre un donneur supplémentaire : surtout depuis que mon besoin de sang était accru pour son renouvellement afin de palier à ma maladie grandissante. Bien sûr je m'abreuvais pour la jouissance que cela me procurait mais aussi parce que c'était un acte vital pour moi : sans le sang d'autrui je dépérirais jusqu'à m'éteindre totalement comme une bougie allumée depuis trop longtemps et qui n'aurait plus de cire à consumé.

La suite de ses propos se montraient en revanche plus clair alors que je me forçais à retrouver contenance : j'en avais déjà trop bu, je ne devais pas attenter à sa vie. Il disait comprendre ma méfiance mais ne pas me craindre et même se contenter de ma propre satisfaction. Il semblait comme déliré en parlant de l'harmonie de nos âmes et de la découverte d'une esquisse du Paradis... Je ne comprenais pas où il voulait en venir mais c'était le signal pour moi d'arrêter et au moment où je retirais ma bouche de la plaie, nettoyant l'écoulement de la pointe de ma langue, qu'il tombait en avant contre moi : évanoui.

Le retour à la réalité fut brusque et soudain, me passant de l'excitation et l'euphorie à l'inquiétude et la panique. J'allongeais l'homme de façon a ce que sa tête repose sur mes genoux alors que je m'étais assise. J'usais ensuite de ma maîtrise de la médecine pour soigner ses plaies et stopper ses hémorragies. Mes yeux s'écarquillaient alors que j'étais prise au dépourvue ne sachant que faire.

« Non , non, non ! Vous n'avez pas le droit de mourir hein ! Je vous l'interdit ! Vous avez dit être immortel alors debout ! »

Mes mains étaient maculés de son sang et le spectacle que j'avais en face de moi était à la fois horrifiant et sublimé par la mise en scène. Je n'avais pas encore retrouvé totalement la pleine maîtrise de moi même mais plus les secondes passaient, plus mon désarroi devenait exponentiel. Je n'avais aucun moyen de lui réattribuer du fluide vital puisque le mien était corrompu par le mal qui me rongeait depuis l'enfance et mes soins ne seraient d'aucune utilité dans ce cas. Je prenais son pouls en appuyant sur son poignet, il battait toujours et son rythme cardiaque n'était pas excessivement ralenti, signe que, normalement sa vie n'était pas en danger : il était juste anémié.

Je m'en voulais. Je culpabilisais d'avoir poussé cet homme, ancien Kazekage de surcroît, à sombrer dans l'inconscience par ma faute : à cause de cette soif que je n'avais pas su arrêter à temps... Il avait lui même dit que je devais laisser mes instincts prendre le dessus et me moquer de ce qu'en pensait autrui mais voilà ce qu'il se passait quand je laissais mes pulsions s'assouvir : rien de bon !

Je m'agrippais les cheveux, complètement dépassée par les événements alors que ma bouche était maculé de son sang, rehaussant le teint de ma peau diaphane. Soudainement, un homme apparu dans mon champ de vision, je l'avisais avec des yeux horrifiés comme s'il s'agissait d'un témoin de la scène qui allait rapporter les faits ou se mettre en position de combat, hors, dans mon état actuel, je n'étais pas capable de me défendre, mes pensées étaient tournées vers mon acte répréhensible et l'état préoccupant de Aare qui gisait au sol. L'homme s'approchait de moi et malgré ma méfiance, je n'osais reculer, le nidaime ayant la tête reposant sur mes genoux. Il avisait l'inconscient, le couvant d'un regard presque amical : se connaissaient-ils ? S'il avait une solution pour l'aider j'étais preneuse...

Lorsque Aare est revenu au village, nous avons conclu un marché pour que la tragédie avec Raiu no Kenji ne se reproduise plus, un sceau placé sur son corps et sur tout ceux qui viendraient après me permettant de savoir lorsque son cœur venait à descendre à un pouls trop bas. C'était le cas aujourd'hui. Je me précipitais donc à sa rencontre. Il ne me fallut que quelques minutes pour le rejoindre, je le voyais étendu près d'une jeune femme. En un clin d’œil je pouvais comprendre la situation, elle avait prit de son sang, je pouvais sentir un peu du chakra du Nidaime en elle. Connaissant Aare, il avait dû lui offrir, ce n'était pas très sage de sa part, mais il s'agissait bien du genre de choses qu'il ferait.

La jeune femme semblait désespérée et réellement consternée par la tournure de la situation, elle s'en voulait sûrement, c'est pour cette raison que je n'allais pas l'accabler d'avantage. J'arrivais à sa hauteur et regardais mon ami avec un regard qui en disait long. Je mis la main sur l'épaule de la jeune femme en m'exclamant.


« Ne t'en fais pas demoiselle, tu es en face d'un homme qui a survécu à une paralysie après rupture d'une partie de la colonne vertébrale et qui est parvenu à marcher à nouveau en se greffant des parties de cadavres animé par son chakra. Cet homme est plus robuste qu'il en à l'air. »


Je soulevais le Nidaime en mettant ma main sous ses genoux et sous sa nuque, puis je me dirigeais vers la maison du Kazekage, invectivant à la femme de suivre, ce qu'elle fit. Il ne nous fallut pas cinq minutes pour nous rendre jusque là. Et c'était le seul endroit qui ne contenait rien de compromettant, puisque le Nidaime ne laissait aucun document sensible à cet endroit contrairement à son laboratoire qui était rempli de dossiers sensibles. Je me rappelle encore d'il y a huit ans quand j'avais dû détruire chaque feuille relatant les activités du Rinyuaru, un calvaire. Je déposais le corps d'Aare sur son lit et je soulevais sa manche. Je le connaissais et s'il suivait une Ketsueki et si comme je le pensais il avait prévu de lui donner son sang, alors sous son vêtement il doit y avoir. Ah le voilà.

Je mordais le doigt de l'ex-Kazekage, la jeune femme devait être dans l'incompréhension sachant qu'il avait perdu beaucoup de sang mais bon. Je passais le doigt sur le sceau et j'activais mon chakra. Et là depuis le parchemin apparu du matériel de transfusion et deux poches de sang vierge de son groupe sanguin. J'installais rapidement le matériel et une fois que ce fut fait je m'exclamais en direction de la jeune femme.


« Vous n'auriez pas dû vous inquiétez, comme à chaque fois il a toujours prévu quelque chose afin de sortir de la pire situation. Mais pardon, laissez moi me présenter Yamada Ta, Jônin du village de Suna et ami d'Aare. »


Dis-je en lui tendant ma main. Je savais déjà quel problème futur ça allait engendré avec cette rencontre. Notre relation pourrait être mise à la lumière. Mais je me souviens encore des instructions du vieil homme si un jour je devais être interrogé. Si je devais l'utiliser, je n'aurais aucune inquiétude. Malgré tout je gardais un air amical. Il n'était pas encore temps de s'inquiéter pour l'avenir. Je me levais et chercher une étoffe de tissu pour la jeune femme.


« Vous avez du sang autour de la bouche et un peu partout d'ailleurs, essuyez-vous. Vous sembliez décontenancé devant son corps inerte. Est-ce parce que vous pensiez être responsable ? Ou juste que la mort vous effraie ? »


Je venais de dire cela avec un grand sourire, j'adorais taquiné les personnes que je rencontre c'était un trait de ma personnalité j'imagine. Je reprenais un instant après :


« Il est dur de contrôler sa passion n'est-ce pas ? De contrôler qui on est vraiment. J'ai compris la scène dès que je vous ai vu. Mais ne vous blâmez pas d'avoir accepté, je pense qu'il souhaitait vraiment vous permettre d'étancher votre soif. Vous savez cet homme, beaucoup le juge comme quelqu'un ne prenant pas soins des autres. Pour ma part je le connais un peu mieux, c'est quelqu'un en qui on peut vraiment avoir confiance. Je n'ai pas peur de dire, que cette confiance est réciproque. Il va se réveiller dans quelques minutes. »


Et à peine quelques secondes après on entendait un :


« Bien plus tôt que cela. »


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Je parvenais enfin à ouvrir les yeux, ce fut un temps considérablement long avant que je le puisse, j'avais le cerveau embrumé mais j'arrivais à reconnaître la voix de Ta et à discerner ses derniers mots. Je tournais le visage vers la jeune femme avant de m'exclamer en dévoilant un léger rire :


« J'ai dis que le temps n'avait pas d'emprise sur moi, pas que j'étais immortel, milady. »


C'était une plaisanterie qui n'eut sans doute pas l'effet escompté, à savoir détendre l'atmosphère, la réaction de Ta se fit attendre mais elle vint quand même :


« Aare-sama, pourquoi lui avez-vous dit pour votre capacité ? La connaissez-vous depuis longtemps ? »
« Ai-je besoin de connaître une enfant de Suna longtemps avant de lui donner l'un de mes secrets, Ta ? Cette jeune femme m'a confiée assez d'élément sur sa vie pour que je lui confie une partie de la mienne, il n'y a rien de plus à en dire. »


Je me tournais maintenant vers la jeune Ketsueki afin de m'exclamer comme cela :


« Milady, ne vous blâmez pas, toute cette mascarade est uniquement ma faute, c'est mon entêtement à vouloir vous tenter qui a conduit à cette situation. Et de plus ce fut une expérience rafraîchissante, je serais heureux de vous offrir à nouveau mon sang à une autre occasion si vous pensez être encore capable de le recevoir. D'ailleurs, je souhaite vous montrer autre chose, nous nous y rendrons dès que cette perfusion sera arrivée à son terme. »

L'homme se montrait compatissant à mon égard, me disant que je n'avais pas à éprouver de la culpabilité et que le Nidaime avait résisté déjà à bien pire. Oui sans doute mais tout de même... En arrivé à de telles extrémités juste pour mon bon vouloir... J'avais horreur de perdre le contrôle sauf que dans ces moments là, la soif était si prenante qu'elle me contrôlait totalement, me forçant à en prendre toujours plus sans me soucier des conséquences.

Finalement je les suivais. Je ne savais même pas où nous allions mais je ne pouvais simplement pas tourner le dos à un homme qui allait certes s'en sortir, mais que j'avais plongé dans l'inconscience. Nous parvînmes finalement dans une résidence, sans doute celle du Nidaime, alors que celui-ci était installé dans un lit et que son ami tirait quelque chose depuis la manche de l'inconscient. Ce qui se passait sous mes yeux était surréaliste... C'était comme si l'ami connaissait si bien l'ex kazekage, qu'il savait à l'avance ce qu'il avait prévu pour s'en sortir. Car oui apparemment il m'avait approché en anticipant déjà les possibilité et ce qu'il devrait faire. Le Mamoru avait donc décidé de m'approcher avec l'idée de me donner de son sang déjà ancrée en lui puisqu'il avait tout prévu.

L'homme mordait le doigt de Nidaime sous mes yeux ébahis, afin d'activer un sceau qui fit apparaître le matériel nécessaire à une transfusion. Il avait vraiment tout anticipé...
Celui qui s'improvisait médecin se présenta sous le nom de Yamada Ta. Je me demandais si Kioshi le connaissait ?! Il me tendait la main que je serrais avant de préciser simplement mon prénom, mon nom il le connaissait.

« Yami. »

J'étais encore décontenancée par tout ce qui s'était passé. Ta alla me chercher de quoi essuyer le sang qui maculait ma bouche, mes mains et qui entachait même mes vêtements ici et là. J'imaginais que j'avais dû avoir l'air d'une sauvageonne lorsqu'il nous avait trouvé là, en plein milieu d'une ruelle des quartiers résidentiels...
Je répondais à sa question, les yeux dans le vague :

« La mort ne m'effraie pas sinon je ne donnerais pas ma vie au service de ma nation. J'ai juste... oui culpabilisée de le voir ainsi à cause de ma soif que je ne parvenais pas à étanchée. »

Il parlait ensuite de la difficulté de contrôler qui nous étions vraiment : j'en étais la preuve. Je pouvais me retenir dans une certaine mesure comme je l'avais démontré mais lorsque je succombais, il était difficile de refréner mon envie... Selon lui, le Nidaime était un homme qui cherchait à aider ceux qui l'entourait et qu'il était digne de confiance. A l'entendre, on pourrait presque donner le bon Dieu sans confession à cet homme qui était pourtant nécromancien et un Mamoru... Peut-être que je m'égarais... J'étais la première à trouver stupide les jugements de mon clan sans le connaître vraiment et pourtant je répétais le même schéma pour lui : les apparences étaient peut-être trompeuses...

Aare se réveillait enfin et plutôt que ce que son ami venait d'évoquer. Il avait l'air d'aller bien : tant mieux. Il précisait qu'il n'était pas immortel mais que le temps n'avait pas d'emprise sur lui : c'était donc différent de l'immortalité dont j'allais certainement jouir prochainement. Le Yamada semblait presque inquiet qu'il m'avait révélé cet aspect de lui même... Etait-ce censé être un secret ? J'imaginais aisément que ce n'était pas le genre de choses que l'on criait sous tous les toits pourtant il avait rajeuni et il avait sans doute en rendre des comptes alors pourquoi le cacher ?

Je ne savais quoi penser de ce duo improbable qui sortait de nul part et dont j'ignorais tout il y a encore à peine une heure. Ils avaient l'air étranges mais sympathique dans leur genre... Je ne savais pas vraiment comment les qualifier...
Le Nidaime s'adressa alors à moi, me demandant de ne pas m'en vouloir pour tout ceci et que cette situation était la résultante de son entêtement à poursuivre dans cette voie. Il m'exprimait même son désir de renouveler l'expérience si j'en éprouvais le besoin mais après cela je n'étais pas certaine de vouloir accepter son offre... Son ami ne serait pas toujours là pour intervenir si je dérapais de nouveau.

« Vous devriez peut-être vous reposer non ? Ce que vous souhaitez me montrer peut attendre. Votre santé est plus importante que ma connaissance. »

Je ne pouvais pas accepter qu'il m'informe ou me montre quoi que ce soit, et donc qu'il me fasse encore une faveur, alors que je l'avais mis dans cet état. Ce qui importait en cet instant était qu'il se rétablisse et recouvre ses forces dont je l'avais drainé.

J'avais rencontré un nombre de personnes incalculable en ces sept décennies de vécu mais il n'y en avait que peu qui arrivait au niveau de cette femme. Ce n'était pas un élan de sentiment à son égard, non, simplement une constatation. En effet c'était un subtil mélange entre une gentillesse et une compassion sans limite et un contrôle de soi hors norme. Mais le tout était contrebalancer par une force de caractère et une soif de sang inouïe. Si elle était vraiment immortelle, elle s'approchait de près de l'être ultime.

Je me demande ce qu'elle dirait si elle connaissait les plans que j'avais prévu. Me jugerait-elle ? Me trouverait-elle fou ? Ou au contraire voudrait-elle fait partie de ce projet insensé que de faire de Suna la capital du monde shinobi. Suna capitale de paix, unifications du continent sous sa bannière afin d'instaurer une utopie. Un partage réel de chaque richesse présent sur notre monde. On attribuerait un rôle à chaque personne en fonction de ses compétences et en fonction de ses désirs. On anéantirait la pauvreté, les malversations et les abus. Voilà mon rêve, voilà mon objectif. Je souhaitais être la personne qui permettrait cela possible. Serait-elle intéressée ? Je devais bien avouer que j'avais trop peur de m'engager dans cette discussion. Car un faux pas et tout l'espoir accumulé pourrait être balayé, d'une seule main. Lorsqu'elle s'exclama afin de me dire de rester alité, je répondis immédiatement la phrase suivante.


« Rien n'est plus important que la connaissance milady. Car c'est la connaissance du monde qui fait que l'on possède l'expérience de faire des choix adaptés. C'est parce qu'en lisant en vous, j'ai pris connaissance du type de personne que vous étiez que j'ai décidé de vous rencontrer. Comprenez bien, demoiselle Yami, que ma santé importe au final bien moins que la leçon que j'ai tiré de notre petit jeu. »


J'affichais un sourire sincère avant de continuer.


« Puisque vous ne souhaitez pas que je vous montre pour le moment, peut-être pouvez-vous répondre à une question préalable. Quel est votre consommation en quantité de sang en litres, à la semaine ? »
« Aare-Sama vous ne comptez quand même pas ? »
« Bien sûr que si, j'ai même un projet intéressant, partager ma grande réserve de sang humain et animale avec le clan Ketsueki. »
« Nidaime, je vous demande de reconsidérez cette position, ce sang vous permet de travailler et de concevoir des techniques pouvant sauver de nombreuses vies, je conçois que vous ayez été touché par la condition de vie de cette jeune femme, mais... »
« Je sais ce que tu penses Ta, mais les Ketsueki sont constamment jugés et rabaissés. Alors qu'ils sont une force non négligeable et pourraient s'élever bien plus haut que bon nombre de Shinobi de Suna. Mais laissons là décider pour son clan.»


Je me tournais vers la jeune femme afin de m'exclamer de la manière suivante.


« Souhaitez vous recevoir mon aide ? Je possède de nombreuses poches de sang scellées, me servant habituellement pour la pratique de mes pouvoirs, souhaitez vous que j'aide votre famille ? Je ne vous demanderai qu'une chose en échange, la garantie que nous discutions encore de nombreuses fois après aujourd'hui. Cela ne veut pas dire que vous devez partir dès maintenant ! »


La dernière phrase était amenée par un grand sourire, c'était une boutade tout ce qu'il y a de plus standard.

Ses paroles étaient sages et cela me paraissait plus censé d'imaginer que derrière ces traits presque juvénile, se cachait en fait un homme âgé ayant parcouru le monde et amassé bon nombre de connaissances. Il disait avoir lu en moi et compris quel genre de personne j'étais et que c'était de là que venait sa motivation à me rencontrer. Qu'avais-je de si exceptionnel ? Je l'avais écouté depuis notre rencontre impromptue mais je ne parvenais toujours pas a comprendre pourquoi il me vouait une telle fascination... Etait-ce justement parce qu'il pouvait me comprendre qu'il s'était montré sensible à ma cause ou bien possédait-il de tout autre desseins à mon égard ? Je n'en avais pas la moindre idée mais je ne pouvais pas me permettre d'omettre cette piste et de ce fait, malgré le fait que je me montrais plus détendue en sa présence, je n'en restais pas moins encore méfiante. D'autant plus qu'il semblait avoir véritablement tiré un quelconque enseignement de son petit jeu où il m'avait poussé dans mes derniers retranchements... Là encore j'ignorais ce que cela avait pu lui apporter. A vrai dire je n'avais pas connaissance de suffisamment d'éléments.

Il avait accepté de rester alité pour le moment, me posant dès lors une question qui me décontenançait de nouveau. Cette simple interrogation pourtant bien loin d'être anodine, soulevait un débat entre les deux protagonistes que j'avais en face de moi. En effet, Ta jugeait irresponsable de la part d'Aare de me fournir tout ce sang, ce que je ne pouvais que acquiescer.

« Bien plus que ce que vous pourriez être en mesure de me donner. »

Répondais-je simplement.
Il n'était irrépressible pour les Ketsueki d'assouvir leur soif : nous pouvions très bien nous ne passer même si l'odeur du sang ou sa vue nous y faisait facilement succomber. En revanche, dans mon cas, il était vital que je renouvelle mon fluide écarlate régulièrement. Environ un litre de mon sang s'altérait par jour, devant impropre à mon organisme. En définitive, si je ne renouvelais pas mon hémoglobine tous les cinq jours environ, je mourrais.
Peut-être que le Nidaime avait déjà senti la maladie qui me gangrenait à travers mon âme : qu'en savais-je ? Mais je tenais à lui apporter cette précision.

« Voyez vous, je souffre de béta-thalassémie, une maladie incurable de naissance qui affecte mes globules rouges et qui, pour faire simple, empoisonne mon sang au fil des jours. Il m'est donc vital de renouveler mon sang. Je subis des transfusions sanguines régulières depuis mon plus jeune âge mais cette méthode fatigante et éprouvante n'est guère appropriée et je n'en use que dans une extrême nécessité... »

Autrement dit, je préférais directement prélever cet élixir à sa source. Lorsque je subissais des transfusion, j'étais rabaissée et en pleine démonstration de faiblesse et j'avais horreur de cet aspect. Le fait de pouvoir m'en procurer à sa source me permettait de garder ma fierté : il n'y avait, de plus, rien de meilleur sur cette terre que de se servir ainsi.

« Pour me sentir en forme convenable il me faut donc environ cinq litres de sang par semaine même si sept serait préférable. »

Autrement dit, il ne pouvait pas me fournir autant de son propre fluide. Il avait également évoqué un accord où il partagerait sa réserve de sang humain et animal avec mon clan. Il estimait qu emon clan avait du potentiel et qu'il n'était pas considéré à sa juste valeur : ce que j'approuvais avant qu'il ne me demande mon avis sur la question tout en me priant d'avoir d'autres discussions avec moi.

« Vous savez, mon clan est déchu et le blason des Ketsueki n'est guère aussi reluisant qu'auparavant. Bon nombre des miens sont morts dans la révolte de Kyoshi Rei et beaucoup d'autres l'ont suivi : d'où la réputation de traître que nous écumons. Au jour d'aujourd'hui nous ne sommes que quatre Ketsueki connus à Suna même si je me doute que d'autres se trouvent ailleurs. Mon chef de clan n'est guère présent et est plus souvent parti en mission qu'ici quant aux deux autres hormis moi, ce ne sont que des Genins dont l'un à la phobie du sang et l'autre est complètement névrosée. Aussi, je crains que mon clan ne possède pas le même attrait que je confère au fluide vital qui met en jeu ma vie. Je ne peux donc pas parler en leur nom et mettre leur responsabilité en jeu mais je peux parler en mon propre nom. »

Je marquais une pause avant d'ajouter, solennelle :

« Sauf votre respect, je ne peux accepter une telle proposition. Je possède suffisamment de fierté pour ne pas m'abaisser à utiliser de vulgaires poches de sang que je ne me serais pas moi même procurées de surcroît. Je n'aime pas dépendre des autres et c'est bien pour cette raison que j'évite les transfusions autant que possible. Je m'en sors très bien avec ma méthode actuelle et je possède plusieurs amis qui sont prêt a jouer les donneurs quand ce ne sont pas mes ennemis qui me servent à étancher ma soif. »

J'adressais un sourire fier et carnassier à l'homme. Mes traits s'adoucir cependant rapidement :

« En revanche, même si je décline votre offre, cela n'empêche la garantie de discussions ultérieures. »

Je me demandais comment il allait réagir à mon refus motivé par mon égo et ma fierté. Allait-il se montrer insistant comme il l'avait été jusqu'à présent ou bien allait-il m'exposer tout autre chose ?

J'avais terminé mes explications quant à mon refus pour sa proposition mais déjà, le regard de l'homme compatissant, recelait un fragment de sérieux. Je ne savais pas ce qu'il s’apprêtait à dire mais je savais que l'annonce serait surprenante. Mes doutes se confirmèrent lorsqu'il ordonna au Yamada de ne pas intervenir quoi qu'il pourrait dire. Il insistait également sur le fait qu'il possédait une solution pour me guérir de ma maladie mais que ce qu'il voulait me dire changerait sûrement la vision que j'avais de lui. Tous les scénarios possibles et inimaginables traversaient mon esprit alors que je connaissais sa condition de Mamou. J'inspirais dès lors profondément, me préparant à encaisser ce qu'il pourrait me dire mais jamais je n'aurais pu imaginer cette situation...

Au fur et à mesure de ses paroles, je me raidissais, mes yeux flamboyants de vie s'étaient ternis sous l'annonce de cadavres des miens qu'il détenait dans son laboratoire... Que faisait-il de ces corps ? Pourquoi avait-il des membres de mon clan morts en sa possession ? Je déglutissais, centrée sur cette idée et entendant vaguement le reste tout en comprenant ce qu'il m'expliquait. Transférer mon âme dans un corps d'un défunt de mon clan pour ne plus subir les affres de la maladie... Telle était sa proposition. Il prétendait que cela ne me coûterait rien vis à vis de celui mais simplement à m'adapter dans ce nouveau corps. Je ne parvenais pas à réfléchir à la question, encore bien trop secouée sur l'annonce des Ketsueki qu'il avait en sa possession.

Néanmoins il poursuivait, enchaînant sur autre chose de tout aussi important en me laissant le temps de la réflexion alors que je n'y parvenais plus. Que devais-je penser de cet homme dès lors ? S'agissait-il des membres de mon clan qui avait trahi le village caché du sable pour suivre Rei dans sa folie ? Cela était encore possible et dans ce cas je n'avais pas vraiment de remords ou de compassion à avoir pour eux. Non, ce qui me faisait bel et bien le plus peur s'était de revoir ces corps sortirent de leur torpeur éternelle avec une nouvelle âme transférée comme il venait de me le proposer...

Suite à cette conclusion, j'étais plus encline à écouter la suite de ses propos. Il me parlait de Kioshi en tant que Chef du Kakumeigun et un peu moins en tant que l'ami qu'il était pour moi. Ce dernier m'avait effectivement parlé de l'unité fantôme de Aare en nous demandant d'obtenir des informations sur cette dernière... Je n'avais plus besoin de les chercher, le Nidaime me confiait des paroles importantes, m'apprenant par exemple que le Rinyuaru, unité fondée il y a huit ans alors qu'il était encore Kazekage, comptait par exemple Ta et qu'il était l'un des ses derniers membres à Suna. Cela sous entendait qu'il y en avait d'autres ailleurs et que cette unité n'était pas si fantôme et désertique que cela... Elle était encore en activité.

Aare me demandait alors de faire un choix, parler de tout cela a Kioshi, Chef du Kakumeigun et ami en tant que son Intendante ou en tant qu'amie ou si j'allais terrer cela dans le secret. Dans un élan pour me pousser à la culpabilité, il ajoutait même que Ta devrait se supprimer s'il venait à être interrogé. Je fermais les yeux et soupirais un instant avant de prendre la parole.

« Je suis une enfant de Suna. Je place ma vie à son service et ma loyauté. Kioshi a su me faire confiance malgré sa réticence, comme bon nombre, des Ketsueki. Je suis son Intendante au sein du Kakumeigun, je ne peux décemment pas trahir sa confiance en gardant des données qu'il cherche à obtenir en tant qu'ami ou en tant par rapport à l'ordre qu'il m'en a donné. »

Je marquais une pause, regardant Ta puis Aare successivement avant de reprendre :

« Je suis désolée mais je ne peux garder ces informations pour moi, il en va de mon devoir de shinobi et de membre du Kakumeigun. En revanche, Ta n'aura pas besoin d'attenter à sa vie puisqu'il ne se fera pas interroger. A quoi bon vouloir capturer un homme et l'interroger s'il se supprime ? J'ai une certaine dette envers Ta qui a su apaiser mes craintes et mon désarroi de vous voir plonger dans l'inconscience par ma faute : je ne permettrais pas qu'il ôte sa vie. Si elle devait être prise pour ses agissements ou les vôtres, je voudrais que ce soit en combat singulier à armes égales. La vie que chaque Sunajins m'est précieuse cher Nidaime. Je ne serais pas digne d'être une shinobi de mon village si je cherchais à leur nuire simplement parce qu'il font partie d'une unité. »

Je parlerais à Kioshi de tout cela mais Ta ne se ferait pas interroger, j'y veillerais personnellement et je n'avais qu'une parole. Je ne pouvais pas maintenir ça secret car je n'avais pas l'intention de trahir la fonction que l'on m'avait accordé et Ta était aussi un Yamada alors Kioshi, en tant qu'ami, était en droit de le savoir d'autant plus qu'il m'en avait donné l'ordre. Je ne voulais pas mentir au Nidaime. J'aurais très bien pu prétendre que je ne dirais rien pour tout colporter ensuite mais je ne fonctionnais pas ainsi, mes propos étaient toujours sincères même si cela devait mettre ma vie en péril, je n'étais pas une lâche. Au moins était-il prévenu de la façon dont j'agirais mais comment lui allait réagir ?

« En ce qui concerne votre première proposition, je suis d'abord très étonnée et horrifiée, je l'admets, que vous possédiez les cadavres des miens. Sachez ensuite que je ne peux , une fois encore, accepter votre offre. En effet, mon corps tel que je suis, est le seul vestige de ce que mes parents m'ont confié, il est le seul lien que je possède encore avec eux et je ne peux le gâcher. Si je dois affronter la maladie pour encore une poignée d'années, dans la souffrance mais en respectant jusqu'au bout mes convictions et celle que je suis alors cela me va. Je préfère mourir en étant moi même que vivre en étant quelqu'un d'autre. »

Même si mon âme était conservée, mon apparence serait changée et je souillerais le corps de l'un des miens, possible traître de surcroît, en lui donnant un nouveau souffle de vie alors qu'il était jusqu'ici plongé dans le repos éternel. Une fois encore, j'avais trop d'honneur et de dignité pour accéder de vivre à travers quelqu'un d'autre : j'étais la seule à pouvoir affronter les épreuves de la vie et je devais le faire avec ce que je possédais sans bafouer l'héritage de mes parents et souiller notre sang. Même si la mort se présentait plus rapidement de cette façon au bout du chemin, mon honneur en serait sauf et je serais fière de ma décision sans aucunement la regretter.

J'observais Aare et poursuivais :

« Sachez toutefois que cette annonce n'a pas altérer mon jugement à votre égard. Peu importe la manière dont vous le faites c'est ce que vous accomplissez qui reste essentiel. Peut être avez vous des intérêts derrière à le faire mais ce que je retiens c'est que vous avez cherché à me venir en aide à travers les solutions que vous pouviez m'offrir, peu importe qu'elle soit éthique ou non. »

Je me souciais davantage à ce genre de choses depuis que je tentais de m'ouvrir au monde et à m'y intégrer mais je ne pouvais pas me permettre de juger alors même que mon clan subissait constamment ce genre de regard et était vu comme l'étrange, la bizzarerie qu'il valait mieux éviter à tout prix. Je ne pouvais donc pas éprouver d'aversion pour ce que faisait cet homme mais peut être au contraire même une forma d'admiration alors qu'il avait su tirer son épingle du jeu et faire ce qu'il voulait tout en restant lui même sans se soucier de qui il était et de comment le percevait les gens : c'était ce que je n'avais pas réussi à faire. Pour autant, malgré mon refus à ces offres, je ne pouvais qu'admettre que la rencontre de cet homme, me ressemblant sur plusieurs points, m'avaient permis de me rendre compte d'un certains nombre de choses...

Finalement elle avait rejeté ma proposition de lui trouver un corps adapté à recevoir son âme, je ne fus pas peiné d'apprendre cela, c'était son choix de vivre avec sa maladie et je comprenais l'aversion que l'on peut avoir d'imaginer cela. Pourtant c'était là un véritable service que je lui rendais, quelque chose lui permettant d'espérer une vie plus sereine. Elle s'exclama en annonçant que son image de moi n'avait pas changé. Mais en soit, ce n'était pas le plus important de cette discussion, c'est pourquoi j'en parlais en premier.


« J'ai ressenti que vous avez été perturbé lorsque j'ai mentionné les corps de Ketsueki. Ne vous en faîtes pas, je ne les ai pas tué moi-même, il s'agit juste de récupération de personnes tombées au combat. J'examine juste les corps afin de voir de quelles manières ils sont utilisables. Je vous l'explique même si vous avez refusé afin de clarifier la chose. Je ne suis pas un assassin milady, je n'ôte une vie de mes mains que dans la plus grande nécessité. »


Nous en arrivions au point le plus grave, au fait qu'elle ne souhaite pas garder le secret concernant mon très cher ami Yamada Ta. Mais il le savait, depuis le début il était au courant des risques qu'il prenait en venant à ma rencontre en pleine rue. Il était au courant de ce qui allait en découler, il était préparé à cela. Je le regardais juste, le laissant s'exclamer pour certainement, la dernière fois de cette vie.


« Je comprends Yami, c'est votre choix et je respecte cela, c'est votre devoir de shinobi de rapporter les informations à votre supérieur. Tout comme le mien est de m’assurer d'enlever tout risque que l'on découvre quoi que ce soit à notre sujet. Aare mon ami, nous nous reverrons. »


Il avait déjà dégainé le Kunaï et venait en un éclair de l'approcher de sa gorge avant de l'ouvrir d'un bout à l'autre, dévoilant une gerbe de sang immense venant recouvrir la jeune Ketsueki. Je ne fermais pas les yeux, mon rôle était de regarder la digne fin d'un homme ayant dévoué sa vie pour notre cause. Je n'eus pas à parler, je n'eus pas à ordonner quoi que ce soit, depuis le début il savait ce qu'il risquait en empruntant la voie que je lui avais tracé, depuis le début c'était son Nindô en tant que ninja.

Les codes disaient que les shinobis n'étaient que des armes destinés à être utilisés et jetés. Mais c'est faux, les shinobis sont aussi et avant tout des êtres humains, ils ont un cœur qui bat dans leur poitrine et leur main est guidée par leurs émotions. Ce spectacle que nous a offert Ta aujourd'hui est la digne fin d'un homme qui a combattu et a périt pour ce en quoi il croyait pour son ami, pour son avenir. C'est la digne fin d'un homme résolu et déterminé à changer le monde.

Le chakra qu'il restait en lui venait d'activer un sceau maintenant que le sang avait cesser de jaillir, ce sceau venait de transporter le corps dans un laboratoire, le plus secret de ceux que je possède, là où se situait toutes les informations cachées concernant le Rinyuaru et Suna. Je fixais la jeune Ketsueki, je me demandais bien à quoi elle pouvait pensé. Pour ma part je m'exclamais en lançant simplement un :


« Repose en paix, mon cher ami »


La perfusion était finie, j'avais retrouvé une grande partie de mes forces, je me redressais sur mes jambes et je fixais la jeune femme sans mot dire. Je me contentais de lire son âme.

Music ♫:

Il jugeait utile de me préciser la provenance des cadavres Ketsueki. Au moins prétendait-il qu'il s'agissait de personnes tombés au combat et non pas lui qui les avait décimé... Je ne pouvais que le croire sur parole, faute d'éléments pour pouvoir prétendre le contraire. Toutefois était-ce vraiment nécessaire ? Ces personnes, Ketsueki ou pas, étaient mortes. Ce qui me dérangeait c'était qu'il les utilisait pour ses expériences... Que pouvait-il bien en faire... ? Il se pourrait qu'il les stocke pour prévoir un jour de transférer une âme en eux comme il me l'avait proposé. Cette histoire restait bien obscure mais je me contentais d'observer ce qu'il se passait. Bizarrement, une tension était palpable, renforçant ma vigilance : voudraient-ils me nuire après que je leur avais dit que je ne pourrais contenir toutes ces informations pour moi ?

Lorsque Ta s'exprima, je comprenais qu'il s'agissait de tout autre chose, avant même que je n'ai pu m'interposer, il se tranchait la gorge sous nos yeux, sa vie le quittant définitivement dans un flot écarlate qui m'aspergea de toute part. Mes yeux étaient écarquillés d'impuissance : il était mort par mon choix ? Devais-je me blâmer ? Non ! J'avais suivi mes convictions tout comme il en avait fait de même mais... tout de même... Il s'était montré avenant avec moi et voilà qu'il venait de s'ôter la vie par ma faute...
Mes mains tremblaient. Elles frémissaient d'horreur devant le spectacle mais pas seulement... Non... Tout ce fluide vital qui me recouvrait de la tête au pieds tout cela était inavouable mais diablement euphorique : j'en tremblais d'excitation. Mon faciès perturbé par la scène se métamorphosait alors que j'affichais un sourire dérangeant et satisfait. Je portais mes doigts ensanglantés à ma bouche, goûtant le nectar de la pointe de ma langue alors que le temps semblait s'être suspendu autour de moi.

La joie, l'infini bonheur et l'extase voilà ce que me procurait cette vision qui se jouait en boucle dans mon esprit. La frénésie était telle qu'elle éveillait ma soif. Mes canines effilées et aiguisées s'étaient teintées de carmin : j'aurais presque pu me laisser aller à un râle de satisfaction ou un ricanement psychédélique mais voilà... couplé à tout cela, je ressentais également une profonde culpabilité et un sentiment d'impuissance qui me dévorait. J'étais tiraillée par ce que je ressentais et ce que je devrais normalement et uniquement ressentir. Ma nature reprenait le dessus alors que je jubilais intérieurement d'être ainsi maculée de sang. C'était moi ! J'avais conduit à ce résultat spectaculaire et mirifique ! Quelle jouissance que de provoquer cette réaction en chaîne ! J'étais parvenue à ôter la vie de quelqu'un sans même penser à la provoquer ! Oui mais... il s'agissait d'un sunajin... Un homme œuvrant pour Suna mais qui avait scellé son destin au moment où il avait pactisé avec le Nidaime pour rejoindre son unité et se tenir au secret ! Je n'étais pas responsable de leur adage, je me réjouissais simplement des conséquences ! Pourtant... Il avait été si prévenant avec moi ! Qu'aurais-je fait dans mon désarroi pour venir en aide à Aare alors qu'il venait de perdre conscience, une fois encore par ma faute ? Je venais de provoquer la mort de l'un des miens ! Avais-je fait le bon choix ? Le bon choix était toujours celui où s'y mêlait le sang...

Je me sentais happée pas le poids de mes convictions et par mon ancienne moi. Égoïste, je l'étais encore aujourd'hui. Jadis, égocentrique, hautaine, perfide et manipulatrice, ne jurant que par moi même et n'accordant de crédit aux autres que parce qu'ils représentaient des sources de sang... Ce doux élixir dont je ne pouvais me passer et qui me plongeait dans une frénésie sans nom ! Celle que j'étais véritablement reprenait ses droits et elle était habitée de desseins inavouables.

Seulement quelques secondes s'écoulèrent depuis alors que je tentais de retrouver contenance et de laisser mon humanité réapparaître pour dissimuler la bête assoiffée d'hémoglobine que j'étais réellement. Tout ce plaisir que j'avais ressenti comme une vague me percutant de plein fouet s'était amortie à mon contact, ne m'infligeant que peu de souffrance pour une sensation de satisfaction et de bonheur accrue. Le tout retombait progressivement, me laissant sereine et en toute quiétude, comme après un câlin frénétique sauf que cela n'avait rien de comparable : c'était tellement plus... divin !

Mon visage se montrait de nouveau affligé par les événements : mon humanité avait retrouvé sa place et j'osais un regard vers le Nidaime, ne sachant que dire sur ce qu'il venait de se passer. Il avait lui même l'air perturbé bien que son adieu avait presque sonné avec une pointe de détachement... La culpabilité me rongeait de nouveau et je ne savais que faire face à cette réalité. Est-ce que j'étais désolée ? Au fond oui... Je ne parvenais pas à réaliser et assimiler correctement ce qu'il venait de se passer. Les tremblements reprenaient mais cette fois-ci ils étaient tout autres... En pleine torpeur, je basculais dans l'opposé de ce que j'avais précédemment ressenti. Le désespoir découlait de mes actions : je ne me pardonnais pas la mort de cet homme...
Incontestablement tiraillée, toujours perdue entre celle que j'étais, que je devrais être et que je voudrais être... Tout semblait presque plus simple lorsque je laissais parler ma véritable nature...

Ce qu'il venait de se passer en ce lieu était indescriptible. Le pouvoir des Mamoru s'étend bien plus loin que l'on imagine. Je vais vous expliquer. Imaginez le monde comme une gigantesque boite, dans cette gigantesque boite des noyaux blanc qui bougent à droite à gauche dans un ordre plus ou moins défini, ils répètent des cycles pour la plupart, la totalité de ces noyaux émettent des sons. Maintenant imaginez un noyau rouge au milieu de tout ceci. Ce noyaux possède la capacité de ressentir ces sons et de les emmagasiner, de les comprendre et de les déchiffrer. Tel est mon pouvoir, sauf qu'en ce jour ce ne sont pas des sons mais des sentiments qui sont transmis.

En ce jour, j'ai vu tomber un homme, un homme que je chérissais, un homme dont la tête ne jonche plus sur ses épaules. Je m'attendais à ce que la femme présente accepte le choix de celui-ci avec sobriété et compréhension, mais ce ne fut pas le cas. Pendant une seconde, une simple seconde avant que je ne ressente toute l'intensité de ses sentiments, je fus en colère. Après, mon propre pouvoir se retourna contre ma personne. Ce qu'elle venait de ressentir ce n'était même plus de l'extase, c'était le nirvana. Et bien malgré moi, alors que je regardais le corps de mon ami jonché sur le sol, je ressentais plus de plaisir que je n'en avais jamais ressenti pendant ces vingt dernières années. A ce niveau là, ce n'est plus du sexe, ce n'est plus de l'amour, comprenez, c'est un sentiment bien au delà. Je vous parle ici de la plénitude de mon cœur.

Si ma voix avait pu s'échapper à cet instant je ne sais même pas ce que j'aurais dis, je ne sais même pas ce que aurait pu être dit. Mes yeux la contemplait, elle, qui ressentait cette émotion encore et encore sans discontinuer. Et abruptement, cela s'arrêta. La mélancolie revint, l'indécision, la tristesse et la culpabilité. C'est à ce moment là que je m'étais exprimé en annonçant que je souhaitais à mon ami de reposer en paix, alors que je venais de bafouer son âme l'instant d'avant avec le ressenti que j'avais pu avoir.

Devais-je lui dire ? Devais-je dire, je sais tout, je sais ce que tu as ressenti. Pouvais-je seulement lui en parler. J'avais honte de moi, j'étais meurtri par la honte. Mais d'un autre côté j'en voulais plus encore, je voulais m'ouvrir moi-même le ventre pour ressentir cela encore une fois. Ne comprenez vous pas à quel point c'est cruel ? Je venais de goûter à un bout du paradis. C'est comme si Dieu en personne venait de me baigner d'un bain de lumière avant de me replonger dans la noirceur de l'abysse. Je me sentais perdu, vidé, démoralisé. J'en voulais encore. Mais comment le formuler ? Je ne le pouvais.

Je me contentais alors de me lever, et de marcher jusqu'à la jeune femme toujours debout, silencieuse, je ressentais les sentiments qui parcouraient son cœur mais je n'étais pas en mesure de la calmer puisque j'étais moi même tirailler par mes propres ressentis, j'enlevais alors mon manteau et le plaçait délicatement sur ses épaules. Avant de m'exclamer de la manière suivante en essayant de garder le ton le plus normal possible. Même si on pouvait sentir de la fébrilité dans ma voix, elle mettrait sans doute cela sur le compte de la mort de Ta. Mais il n'en était rien, ce qui me mettait dans cet état était le bonheur qui avait parcouru mon âme.


« Ne vous accusez pas, vous n'y êtes pour rien. »


Je déposais alors mes lèvres sur son front, avant de me diriger vers la porte d'entrée. Une fois dehors je me mis à faire émaner mon chakra le plus fort possible avant de me mettre à courir jusqu'à la voie illusionnée, je montais sur les falaises bordant le village et ma voix se porta alors vers l'horizon. Je criais, je chassais ma frustration par le cri. Ça ne résoudrait rien mais tant pis, j'avais besoin de sentir que j'étais en vie.

Citation :

Fin de ce RP °°