Dans le silence et l'obscurité de la cellule, Hasü ouvrait des yeux vitreux. Ordonnant à ses membres de bouger, ses derniers, toujours atteints, ne se déplacèrent même pas d'un millimètre. La Koken était encore semblable à une marionnette dont on avait coupé les fils. Seule sa tête était encore en état de bouger. N'en ayant pas l'utilité pour le moment, l'Espionne repensa aux événements de la veille : La torture, le combat, sa défaite, la colère du blondin et finalement l'épisode écœurant qui s'était déroulé dans cette même pièce. Qu'allait-il se passer désormais ? Que pouvait-il lui arriver de pire que ce qu'elle avait déjà subit en à peine deux jours. La DJ était brisée, impure et sans honneur. Même en frôlant la Mort, elle n'avait rien dit, absolument rien. Toute ces horreurs allaient-elles cesser ? Allait-elle avoir une vie de captive plus respectée, une libération ou une mort rapide ? Les réponses à ces questions allaient être élucidées dans la journée.

Soudain la porte de sa cellule s'ouvrit dans le même nuage de vapeur. Une silhouette se dessina à travers l'épaisse brume blanche. C'était Eichi. Les yeux d'émeraude de la Martyr s'agrandirent quand elle vit que ce dernier fut frappé violemment dans le dos. Du genre impulsif, le Sunajin se retourna, s'apprêtant à ne pas laisser cet acte impuni, cependant un élément l'en empêcha. De sa position, la Koken ne put pas savoir la cause d'une telle retenue. Se contentant de menacer les auteurs de sa détention, il se dirigea alors aux côtés de la Chanteuse inerte. S'asseyant sur le sol pierreux de la cellule, il annonça que c'était terminé. Tout deux allaient mourir. Ce n'était plus qu'une question de temps. C'est alors qu'il se lamenta sur son propre sort, se demandant comment il avait pu se mettre dans une telle situation. La Poupée se retint de pleurer suite à cette déclaration. Ce n'était pas spécialement le fait qu'elle y laisse la vie. Non. C'était surtout que le Jonin allait aussi y passer. Et ça, c'était entièrement la faute de la Koken. Pourquoi la gentillesse d'un homme allait-elle être sanctionnée ? Tout ça parce qu'il l'avait prise sous son aile pendant un temps. Ce n'était pas juste !

De la colère se faisait sentir côté Hasü. Ils étaient prêts à tuer un de leurs camarades pour préserver leur village. Tout a parce qu'il s'en était tenu à ses convictions ! La DJ ne pouvait pas accepter cela. C'était à son tour de protéger celui qui l'avait préservé.

Les minutes passèrent, lorsqu'une nouvelle arrivante fit son entrée sur la scène : Yami. La Martyr ne l'avait pas vu depuis un moment, mais bizarrement, contrairement à Eichi, la Poupée n'était pas réellement contente de la revoir. Ce regard de braise sur son visage glacial, cette démarche qui se voulait supérieure. Non décidément cette femme ne lui avait pas manqué. Que faisait-elle là ? De nombreuses autres questions traversaient l'esprit de la rousse quand la Vampire se décida à parler. Ses premières paroles furent adressées au Sunajin. Elle continua à cracher son venin sur cet homme pendant encore quelques secondes le traitant comme un moins que rien. Si Hasü avait pu serrer les poings, elle l'aurait fait sans hésitation. Malheureusement, dans son état l'Espionne ne pouvait que grincer des dents. Des larmes d'indignations s'écoulaient sur son visage pâle. La Sunajin s'empara alors de son bras meurtri, réveillant les douleurs originelles et les craquements osseux dû à sa profonde plaie. Dans un cri de douleur, la Koken fut placée dos contre le mur d'une couche de la cellule sans aucune précaution. La place d'une spectatrice. Finalement, Yami annonça qu'ils allaient être exécutés tous les deux et que la sentence de son sauveur était la faute de la Martyr. Cette dernière, entre deux élan de douleur, ne put retenir plus longtemps l'indignation et la colère qui la submergeaient :

— Vous n'avez pas le droit !...

C'est alors que vive comme l'éclair, tout en prenant la rousse de court, la Vampire dégaina un Kunaï pour le planter dans la cuisse de son ancien allié.

— NOOON !

Utilisant son torse et ses épaules, faisant fi de la douleur, Hasü essaya machinalement de s'approcher pour sauver son compagnon sans le moindre résultat. Ainsi handicapée, elle ne pouvait pas faire grand chose. C'est le visage en larme que l'Espionne voyait un homme qu'elle appréciait se faire torturer. La Vampire se tourna alors vers elle, lui montrant bien les conséquences de son mutisme.

— LAISSEZ LE ! IL N'Y EST POUR RIEN !

Suite à cette brusque poussée vocale, la Koken fut prise d'une violente quinte de toux. Tellement violente, qu'elle se plia en deux à en tâcher le matelas de son sang. Les yeux rouges, la Koken reporta son attention sur ce show qu'elle ne voulait pas regarder.

— Prenez moi à sa place... Il n'a rien à voir avec cette histoire !

La Martyr préférait endurer le double de ce qu'elle avait subit jusque là plutôt que de voir un visage aussi doux se tordre de douleur de la sorte.

Elle tentait vainement et pitoyablement de m'arrêter, me demandant de la torturer elle plutôt que lui. N'avait-elle donc pas compris qu'ils allaient y passer tous les deux de toute façon ?

« Tu préfères que je m'occupes de toi en premier pour mourir tranquille sans voir la mort d'Eichi en face alors que tu en es responsable ?! Décidément tu seras lâche jusqu'au bout ! Mais je ne te ferais pas ce plaisir ! Tu aviseras la mort d'un homme qui a jugé bon de protéger la traîtresse que tu es comme un shinobi puisque c'est ce que tu souhaitais devenir ! Les Shinobis n'ont pas peur de la mort ! Ils confient leur existence pour leur village. Meurt au moins sans déshonorer ce code ! »

Ses plaintes m'agaçaient. En d'autres circonstances, avec une autre personne qu'Eichi, j'aurais sans doute pris un infini plaisir dans la souffrance de ma victime mais pas cette fois ! Pas alors que je devais réduire à néant un frère d'armes.
La nukenin se tordait de douleur et crachait du sang c'était pitoyable... Elle était pitoyable ! Pourquoi en venir à de telles extrémités et mourir sur l'image d'un homme se sacrifiant par sa faute ? A quoi bon rimait sa mission dès maintenant ?

Je continuais de malmener Eichi sans discontinuer pendant le discours de Kioshi. Je le lacerais de coups de Kunai par ci par là, tantôt de sa pointe tantôt bien plus profondément, le corps a vif et ds plaies ouvertes suintants de son élixir vital qui disparaissait peu à peu. Je demandais aux gardes de stopper leurs coups et de reculer un instant. J'attrapais mon ex camarade par les cheveux pour le forcer à me regarder dans les yeux et qu'il puisse constater de la rage couplée à la peine que j'en retirais. Je ne voulais pas qu'il pense que j'en prenne plaisir...non... Pour la première fois de ma vie, j'infligeais la torture sous la contrainte et sans aucune envie : je vidais simplement mon esprit pour faire abstraction de mon ressenti et de ce que j'étais en train de faire et que je devais faire.

Je l'observais un moment ainsi, sans rien dire, juste mon regard se perdant dans le sien alors qu'il était tiraillé par l'affliction. Je m'approchais de son cou et le mordait sans ménagement, ne prenant pas la peine d'anesthésier la zone pour qu'il ne ressente rien non justement il devait ressentir ma colère à cette morsure : il devait comprendre à quel point j'étais déçue de lui qui avait osé trahir également notre village, si cher à mon cœur.
Il crachait dès lors son venin sur elle entre deux cris d'agonie, se repentant enfin ! Il y avait peut-être de l'espoir quant à son sauvetage in extremis finalement...

Je redressais la tête, regardant l'espionne d'un air enragé alors que le sang maculait ma bouche et mon menton. Mon regard était perçant et plus mauvais que jamais mon ton était plus glacial qu'un jutsu de Samui.

« Tu l'entends souffrir par ta faute ?! Je concéderais peut-être à l'épargner si tu sortais de ton mutisme tu sais ! Mais puisque tu n'en as pas l'intention alors soit témoin de la morte d'un homme ! »

Mes doigts se plaçaient à l'endroit de son cœur puis reculait pour prendre de l'élan. Encore une seconde et j'allais frapper. J'allais lui extirper le cœur de la poitrine, d'un coup, comme elle avait piétiné le sien et qu'il avait souillé le notre par ses actions envers elle... J'allais le faire : nul doute là dessus et elle devait suffisamment commencer à me connaître pour le savoir.
Il lui restait une dernière chance de le sauver, après tout serait trop tard...

Jamais Hasü n'aurait cru pouvoir en arriver à une telle situation. Et tout ça à cause d'un homme qui avait attiré son attention. Ce même homme qui se faisait torturer sous ses yeux larmoyants. Pourquoi est-ce que ce gars s'était montré aussi gentil et bon envers l'Espionne ? S'il s'était comporté comme la Vampire ou le blondin, jamais Hasü n'aurait eu à subir cette horreur visuelle. S'il n'avait pas aidé la rousse, jamais il n'aurait eu à endurer cette sentence. Hasü ne pouvait que crier, tenter d'arrêter cette folie. Mais, il n'y avait rien à faire. La Sunajin continuait de malmener Eichi de la pire des manières. Le coeur de la DJ se tordait sous les cris du jeune homme. Entre deux reniflements, la Chanteuse vit le deuxième antagoniste de son histoire. Elle ne l'avait qu'entraperçu, son attention se reportant sur le spectacle macabre. Malheureusement, ce dernier après s'être rapproché de son ancien camarade, rejoignit calmement la Poupée. Annonçant que le Jonin allait trépasser en premier, il assura la Belle qu'elle le rejoindrait bien assez vite. Elle ne savait pas quoi penser, ses pupilles allant de son geôlier à son... compagnon ? son ami ? Elle n'arrivait pas à trouver un nom adéquat à mettre sur son sauveur. S'apprêtant à supplier pour la survie d'Eichi, la Koken n'en eut pas le temps. En effet, ses pleurs se muèrent rapidement en cri de douleur. D'une simple pression de la paume, le blondin avait réveillé les douleurs de sa cuisse qui s'étaient pourtant atténuées. Cependant, ce mouvement n'acheva pas la Koken, puisque la tirade que ce monstre envoya à la figure de la rousse fut bien plus douloureuse. Oui, elle n'avait aucune parole. Jamais, elle ne révélerait la véritable raison de sa venue à Suna.

C'est alors que son regard se posa, à nouveau, sur le torturé. Non ! Il était hors de question qu'Eichi meurt. Une partie de sa conscience tentait de lui rappeler qu'elle ne devait en aucun cas dévoiler quoique ce soit. Les conséquences étaient trop importantes pour qu'elle prenne le moindre risque. Mais l'autre partie, supérieure, ne voulait pas voir le Jonin mourir. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Etait-elle amoureuse ? Elle avait ressenti quelque chose pour cet homme... Était-ce réellement aussi fort qu'elle le croyait actuellement ? Silencieuse, la bouche entrouverte, Hasü continuait de regarder ce triste show à travers ses propres larmes. C'est à ce moment, que celui qui l'avait fait entrer dans la cité du Sable lui adressa des paroles qui détruisirent le coeur de la Belle. Son estomac se tordit à en lui brûler le ventre. Choquée par ces dires, la chanteuse ne bougea pas, comme pétrifiée. Finalement, elle baissa la tête, masquant sa déception sous ses cheveux désormais dans un état horrible. Il la détestait. Et il avait bien raison. Hasü aurait voulu dire la même chose. Lui hurler ces mêmes paroles tranchantes, aussi efficaces que des sabres. Mais aucun mot de ce type ne s'échappa de ses lèvres. Aucun. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'elle n'y arrivait pas. Elle l'aimait. Et à cause de cet amour stupide, la DJ allait le sauver.

Posant ses yeux imbibés de sang sur cette boucherie, la Martyr vit Yami planter ses crocs dans la chair d'Eichi. C'est avec un visage recouvert de peinture sanglante que la Sunajin se retourna vers la Poupée. Des larmes de colère tombèrent côté Hasü. Elle détestait cette femme autant qu'elle l'intimidait. La Koken découvrait la véritable signification de certains sentiments depuis son arrivée. Dans ce cas là, c'était la haine. Les dents de la DJ grinçaient entre elles, ses poings, pourtant inobéissants, se serraient à en faire trembler cette dernière. Si elle survivait à tout ça, elle n'hésiterait pas à tuer cette Vampire en lui rendant goutte pour goutte ce qu'Eichi et elle avaient subis.

Finalement, cette torture allait toucher à sa fin pour le Jonin. Prenant de l'élan, la Vampire s'apprêtait à en terminer avec son ancien frère d'arme. La DJ avait l'impression d'assister à ce mouvement au ralenti. Les cheveux noir de la grognasse voletant dans le vide de la pièce, son expression glaciale. Et puis il y avait le condamné : Son corps rouge de son propre sang, son regard agonisant. Les premières paroles d'Eichi résonnèrent dans l'esprit de la rousse : "Je pensais même ressentir quelque chose d'étrange pour toi, je me sentais attiré vers toi". L'hémoglobine d'Hasü ne fit qu'un tour.

— ARRÊTEZ !!

Haletante, la prisonnière reprenait :

— C'est... C'est d'accord... Je vais tout vous dire...

Prise d'une violente quinte de toux, la Martyr se redressa, posant son dos brûlé sur le mur de la cellule. Oui, elle allait tout dire. Par amour.

Avaient-ils entendus ? Oui. Perdant le contact visuel suite à sa quinte de toux, Hasü fut soulagée de voir la Vampire se figer dans son mouvement. Elle ne bougeait plus, elle ne fit même pas l'effort de prendre une posture moins agressive. Ils n'avaient pas confiance en la Chanteuse. Elle s'était déjà joué du Blondin une fois. Pas question que cela arrive une deuxième fois. L'important était que la source de ses souffrances avaient cessés. Désormais, si Hasü voulait voir cet homme continuer à respirer, il allait falloir avouer. La voix pressante du chef de cette torture fut interceptée par l'ouïe de la Koken. Il voulait entendre la vérité. Dans le cas contraire où elle mentirait, des souffrances supplémentaire seraient ajoutées à cette boucherie avant qu'ils ne puisse profiter de la libération provoquée par la Mort. Hasü ravala sa salive et murmura quelques mots pour elle même.

— Je... Je suis désolée...

Loin d'avoir une deuxième personnalité, l'Espionne s'excusa auprès de ses commanditaires encore présents à Mizu : Elle avait échoué. Son regard était toujours fixé au sol lorsqu'elle parla sur un ton plus audible.

— Je fais partie d'un groupuscule... ayant pour but de récolter toutes les informations disponibles sur les Pays et villages cachés. Les renseignements prioritaire étant ceux portant sur les Furyous. Mon chef... est un ancien Kirijin qui souhaite éliminer cette menace une bonne fois pour toute...

La respiration saccadée, elle termina :

— Il... Il s'appelle Michiki.

Voilà. C'était dit. Elle avait avoué la plus grosse partie de ce qu'elle savait. Chacune des paroles qu'elle avait dite lui avait enlevé ce qui lui restait de son cœur. Elle serait désormais détestée des deux côtés. Elle serait haïs par tout le monde. Plus personne ne lui accorderait sa confiance. Elle se trouvait pitoyable. Désormais, elle aurait voulu disparaître, se cacher au fin fond d'un Pays oublié. Vivre seule, ne plus croiser personne, pour ne plus jamais tisser de lien. Car oui, c'était bien parce qu'elle s'était attachée qu'elle avait dû subir ce traitement visuel horrible. Parce qu'elle s'était décidée à aimer au mauvais moment, au mauvais endroit. A partir d'aujourd'hui, elle ne s'attacherait plus à personne, elle allait devenir une femme aussi glaciale que cette connasse aux yeux écarlate. Le chemin serait long et tortueux, mais elle y arriverait. Elle ne voulait plus jamais connaître cela : Avoir le sang d'une personne qu'elle appréciait sur les mains. Elle ne voudrait plus avoir à faire face à un tel dilemme.

Hasü resta là, immobile. Sa respiration haletante était la seule source auditive qui émanait d'elle. Elle avait froid. Sa peau était glacée et son corps tremblotait. Quelle sensation étrange que de trahir des amis...

Le silence ne dura pas. A peine eut elle avoué la raison de sa présence ici, que le blondin, tel un rapace se jeta sur les informations. C'était comme avec la nourriture, il en voulait toujours plus... En effet, le Sunajin se lança dans une nouvelle séance d'interrogatoire. Il commença avec une interrogation toute neuve : Pourquoi est-ce que l'Organistaion n'était elle pas venue d'elle même pour demander ces renseignements. Une question qui semblait réellement absurde aux oreilles de la Koken. Etait-il sérieux dans ses dires ? Croyait-il vraiment que Suna aurait partagé ses connaissances avec un groupe d'inconnus ? Non. Il devait se moquer de la DJ. Les informations étaient des données à ne pas négliger. A elles seules, elle pouvaient changer le cours d'une guerre. Sa colère n'étant pas partie, elle n'arriva pas à contenir un sarcasme :

— Vous vous foutez de moi ?

Elle regretta tout de suite ses paroles. Par peur, la Martyr n'osa même pas lever son visage pour observer la réaction du Sunajin face à cette première réponse. A jouer les rebelle, elle n'irait nulle part. Elle ne ferait que souffrir encore et encore. Elle espérait juste que les conséquences ne s'abattraient pas sur le torturé du moment. C'est alors qu'une question beaucoup plus stressante fit son entrée. D'une voix glaciale, le jeune homme demanda à l'Espionne l'emplacement de l'Organisation. Effarée, Hasü resta néanmoins silencieuse. Elle ne savait pas. L'endroit exact lui était totalement inconnu. Michiki ne l'avait montré à personne, même pas à Jaden. Comme quoi, le binoclard avait eu raison de se montrer méfiant jusqu'au bout...

— Je... Je... Je ne sais pas...

Elle entendit alors les pas de son geôlier s'éloigner de sa position. La Koken leva les yeux afin de connaître ses intentions, se doutant du pire. Et elle n'y manqua pas. C'est terrorisée qu'elle vit le blondin se saisir du kunaï encore recouvert de sang de la Vampire. Attrapant sans ménagement la chevelure neigeuse du Jonin, il força ce dernier à relever le menton, mettant bien en évidence sa gorge. Prise de panique, Hasü sentit son corps trembler à la vue du très mince filet de sang qui se dégageait de la minuscule entaille. Sans pitié, le bourreau réitéra sa question. La Martyr ne savait pas précisément ! Elle n'en avait même pas vu l'entrée. Voyant que le Sunajin était toujours aussi sérieux dans ses prochains mouvements, la Koken ne pouvait que sortir ce qu'elle connaissait :

— C'est à Mizu ! C'est à Mizu no Kuni !!

Le chagrin s'empara à nouveau du visage de la chanteuse. Ses pleurs résonnant dans une pièce toute à l'écoute. Entre deux chute de larmes, son regard suppliant se posa sur le blondin.

— Je... Je ne sais rien d'autre !... S'il vous plaît... Laissez le vivre... S'il faut me tuer, faites-le !... Mais sauvez Eichi... Pitié...

Encore une fois en train de chialer, la jeune femme observait la réaction du blondin. Ce dernier tenait toujours fermement sa lame qui s'enfonçait très légèrement sur la carotide d'Eichi. C'était une vue insoutenable pour la Koken. Impossible pour elle de tenir plus longtemps ce contact visuel avec ce qu'il restait du Sunajin prisonnier. Son visage était éclaboussé de sang, tandis que sa gorge était méchamment amochée. Une importante quantité d'hémoglobine s'écoulait du cou du jeune homme. Ses mains étaient crispées sur les reposes poignets de la chaise, et ses jambes étaient recouvertes du même liquide écarlate. Le tout donnait sur une flaque vermillion importante. Le torturé avait perdu bien plus qu'assez de sang. Il allait lui falloir des soins médicaux au plus vite ! Consciente des risques présents, la DJ s'apprêta à demander au geôlier de se bouger. Il fallait qu'il sauve Eichi ! Ce dernier était aux portes de la Mort. Malheureusement, le blondin ne lui laissa pas le temps de s'exprimer. En effet, le Sunajin posa encore une question. Cette interrogation s'ajoutant à la longue liste de cet interrogatoire.

— Je... Je devais me rendre à Mizu. A partir de... ce moment là, il m'affirma qu'il me retrouverait de lui-même. Je... Je ne sais pas comment...

Cette réponse sembla, malgré tout, satisfaire le geôlier qui, d'un mouvement sec relâcha la chevelure abîmée du Jonin. Un immense soulagement put se lire sur le visage de la Chanteuse qui semblait reprendre des couleurs rien qu'avec ce mouvement. Sa crispation s'effaça, comme si la chose qui l'avait tétanisé jusque là s'était décidée à arrêter. Son souffle se fit bien plus régulier. Elle effectua le processus de respiration à pleine puissance, sa poitrine se gonflant comme jamais. Se sentant libérée, elle s'affala davantage sur le mur crade de la cellule. Des brûlures se firent sentir, mais la Koken les ignora totalement. Eichi était sauf, c'est tout ce qui comptait... Ce dernier fut évacué quelques secondes plus tard. Soucieuse pour l'avenir de cet homme spécial, Hasü essaya de croiser son regard une dernière fois. Elle voulait savoir si la haine qu'il éprouvait envers la Martyr était toujours lisible. Et finalement leurs yeux se croisèrent. Pour la dernière fois, elle verrait la lueur écarlate des pupilles de ce Jonin. Malheureusement, elle n'arriva pas à se faire un avis sur ses sentiments envers la rousse. La distance qui les séparait, avait été un poil trop espacée. De la tristesse pouvait se lire sur le visage meurtri de la Koken...

Après quelques secondes perdue dans ses pensées, Hasü releva les yeux. Ce n'est qu'après encore quelques instants, que la jeune femme se rendit compte qu'il ne restait plus que le blondin et elle. Juste lui et sa pauvre personne dans cette cellule colossale. Qu'avait-il prévu ? Posté près de l'entrée de la geôle, l'homme annonça à la Martyr, qu'Eichi et elle avaient gagnés le droit de rester en vie pour le moment. C'était sûr désormais, le torturé allait vivre ! La seule bonne nouvelle de la journée... Elle ne put s'empêcher de sortir un seul mot à l'adresse de son détracteur :

— M... Merci...

Adossée, la jeune femme était désormais calme. Posée. Quand bien même elle devrait encore subir les traitements de l'Ergastule, elle resterait en Paix. Car elle savait, que quelque part dans Suna, une personne chère à son coeur respirait encore, grâce à elle. Finalement, elle avait tellement baissée sa garde qu'elle n'entendit même pas un garde s'approcher d'elle. Ce dernier d'un geste brutal, souleva la demoiselle et la porta jusqu'à une autre cellule plus petite. Arrivée à destination, la jeune femme remarqua qu'elle était pour la première fois seule. Pas un seul brigand ou autre squatteur. Elle était la seule locataire de cette pièce. Des vêtements étaient posés sur sa couche. De simple habits tricotés dans un tissu de mauvaise qualité. Il n'y avait malheureusement aucune chaussure. Se contorsionnant et en s'aidant de ses épaules, Hasü fut en mesure de s'habiller malgré de nombreux gémissements provoqués par les divers craquements et brûlure que son corps arborait. De telles blessures ne disparaîtraient jamais naturellement. De toutes manières, elle comptait les garder pour que ces deux derniers jours restent gravés dans sa chair. Une piqûre de rappel quand l'occasion se présenterait de se rafraîchir la mémoire...

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