Retrouvailles en famille [Feat Kakeshuou et Aokiji Samui]

La rencontre avec les parents de Kibo ne s'était pas exactement passée comme je le souhaitais. Non pas qu'elle se soit mal passée. Bien au contraire. Mais je n'avais pas eut de réponse à mes questions d'un coté et de l'autre, j'en ressortais plus angoissé que jamais. Le vent en poupe, le rouge aux joues, les larmes ruisselaient encore sur mon visage alors que j'étais retournée dans cette auberge ou j'avais élu domicile le temps de mes tractations et de la rencontre avec l'un patriarche du clan Samui.

Mais je n'avais plus le temps d'attendre ce dernier désormais. Non, je devais partir au plus tôt pour retrouver Kibo. Le temps m'était compté désormais.

Arrivée dans ma chambre d'hôtel, je commençais à rassembler rapidement toutes les affaires qui traînées sur mon lit. Rapidement, car il n'y en avait pas beaucoup, mais que j'avais renversé toutes ma valise dans l'espoir de trouver quelques choses de convenable à me mettre pour rencontrer mes beaux-parents.

Entre culottes, chaussettes, sous vêtements, pantalon, robe, jupe, je ne savais plus ou donner de la tête et je n'avais pas envie de perdre de temps. J'entamais donc mes préparations en commençant par replier l'ensemble que je mettrais ensuite dans ma valide, un sceau pour en réduire la taille et basta, je pourrais partir ! Mais avant toutes choses, j'avais besoin d'une douche pour me remettre les idées en place, aussi, je me dirigeais vers la salle de bains ou l'eau bouillante effaça sans problème toutes trace de tristesse de mon visage avant que je ne revienne vers la chambre ou je pouvais finir mes préparatifs.

C'est à cet instant précis que quelqu'un frappa à la porte de la chambre que j'occupais.

Mes yeux et mon corps suivirent un même mouvement vers cette porte que j'observais sans pour autant bouger. Qui donc pouvez venir me rendre visite ? Intriguée, je m'avançais tout en prononçant un :

"Oui !"

Distinct jusqu'à aller ouvrir la porte.

Un voyage un peu long, mais qui en valait certainement la peine. Après tout, nous sommes ici dans un contexte très particulier, et qui n’avait jamais été vu par un homme avait autant d’expérience dans ce Monde Ninja. Peut-être est-il même nécessaire de faire un léger rappel, pour que le lecteur comprenne … .

Après plusieurs semaines de retour au Shozaichi et ayant juste perdu son bras, le Capitaine de l’Ôdâ avait rencontré sa nièce/petite-fille lors d’une autre de ces discussion intimes au beau milieu de la nuit. Elle lui avait fait part de ses craintes, de ses soupçons au sein du Shukaï. Visiblement, un lourd secret, accompagné d’une profonde déception dans le fonctionnement du Triumvirat. Sur ces faits, elle avait annoncé sa décision de démissionner et de retrouver ses origines, ainsi que de préparer l’avenir avec son mariage. Une double nouvelle certes assommante pour l’Ancien, qui était à l’époque trop préoccupé pour prêter attention à cela. Il devait panser ses plaies, et penser à la suite ; alors que le Shukaï n’était pas encore menacé.

La nouvelle suivante avait été une lettre venant de Chifumi, lui annonçant la mort de cette même enfant ! Un profond choc … qui ne put que représenter la sévérité de notre homme. Certes, la nouvelle l’avait alors meurtri. Mais il était rapidement passé à la suite, étant lui-même impliqué dans quelque chose de bien plus grand. Préférait-il se plonger dans le travail pour oublier cette perte bien lourde ? Nul ne le sait … . Quoi qu’il en soit, envoyant un strict nécessaire comme présent, l’Ancien avait manqué l’enterrement et était passé à autre chose … .

Jusqu’à recevoir cette mystérieuse lettre ! lui signifiant le retour de sa petite-fille à la vie ! Il faut une première à tout, même chez les Samui … . Mais peu importe ! C’était une très bonne nouvelle ; que notre quinquagénaire ne pouvait pas savourer à sa juste valeur. Il était en plein milieu d’une grande affaire. Qu’il ne pouvait lâcher sous aucun prétexte. Il avait donc donné des instructions à ceux proches de lui au Clan, et avait pris note du message de Yuki, qui lui demandait de le rejoindre au Pays du Bois. Une bien étrange requête : un rendez-vous à l’autre bout du monde ! Certes proche des Terres de l’Alliance, mais loin du Pays de la Neige d’où elle devait venir ? Était-ce en rapport avec Suna ?

Après les évènements, l’homme ayant désormais la situation bien en main prenait son départ, accompagné d’une courte excorte, pourtant assez efficace pour ce déplacement, prenait le chemin de la frontière, après avoir laissé des instructions.

Suivant les instructions qu’on lui avait laissées, notre homme s’était approché des lieux, secondé par un membre fidèle de son Clan. Il espérait bien que cette rencontre serait bénéfique, mais il en doutait. Après tout, tant avait changé, et il ne savait pas à qui allait la fidélité de sa nièce. Ce serait l’occasion d’en avoir le cœur net ! En espérant que rien de grave n’en sortirait … . Après tout, la dernière fois que les deux personnages avaient été en différend, un Temple de Konoha avait failli en payer le prix fort !! La prière avait sand toute tout son sans dans cet instant précis.

Orienté par le patron des lieux, le vieux Samui était monté à l’étage, suivi de près. Frappant à la porte, il entendant la voix de sa nièce ; elle était donc bien en vie, et ici, dans ces lieux. La porte ne tarda pas à s’ouvrir, laissant poindre le nez froid de celle qui n’était encore qu’une fillette à ses yeux. Ils échangèrent un regard, sans mot. Que dire, en vérité ? Lui ne tenait pas à rester sur le pas de la porte, à attendre comme un chien de faïence.

~ Nous sommes un peu en retard, mais nous avons trouvé le moyen de venir à temps … . Je me permets … .

L’homme glissa entre elle et le pan de la porte, et s’autorisa à mettre un pied dans la chambre. Quelque chose de rudimentaire ; mais d’amplement suffisant. Les Ninjas ne sont pas réputés pour vivre dans le stuc et la luxure. En revanche, la valise en cours de préparation en disait bien assez. Kakeshuou restait un temps silencieux, puis revenait chercher le regard de la kunoichi.

~ Apparemment, tu es pressée de partir ? Je croyais que nous avions rendez-vous ici … . Quelque chose a perturbé tes plans d’origine ? Et que faisais-tu dans ce Pays, pour commencer ?

Un ton relativement monocorde. Pas d’ordre, ni de réprimande. Mais pas de satisfaction particulière. Après tout, il n’avait jamais vu la dépouille de sa petite-fille, ni n’avait eu le temps de pleurer sa mort. Cette rencontre n’était que la continuité de la vie, à ses yeux … .

Les récents évènements au sein du Triumvirat ne s’étaient pas seulement limités au Shozaichi. La nouvelle avait atteint le Shûkai dans son intégralité, et même au de-là. L’Alliance des Pays neutres allait connaitre de lourds bouleversements. Aokiji était persuadé que le système impérial qui souhaitait instaurer Kakeshuou leur serait bénéfique à tous. Même si ce dernier pouvait parfois se montrer sadique et strict, sa sévérité et sa main de fer était surement ce dont cette Nation avait besoin. Surtout après l’assaut que la capitale avait subi il y a peu.

Enfin bref, en dépit de ce que l’on pourrait croire, l’heure n’était pas à la division, mais au rassemblement. C’est d’ailleurs dans cette optique que le vieux Samui demanda à son jeune élève de l’accompagné pour une mission, plutôt personnel nous dirons. En effet, ils devaient se rendre à Ki no Kuni, la Nation du bois, non pas pour y faire du tourisme. Nous pourrions dire qu’ils étaient en mission diplomatique. Ils allaient à la rencontre d’une personne bien particulière, proche de chacun d’eux, mais surement encore plus proche du vieux Samui. Il s’agissait de la jeune Yuki.

Il n’y a pas si longtemps de ça, suite à sa démission au poste de Bras droit du Buki, Aokiji accompagné de Setsuna étaient partis à la recherche de la Princesse Samui. Ils en étaient même allés jusqu’à faire le déplacement à Konoha, en vain. Ils n’eurent pas l’occasion de faire de plus amples investigations car le devoir les appelait. Puis la nouvelle de la mort de la jeune konoichi prit tout le monde de court, y compris Aokiji. Yuki lui avait toujours apporté son soutien au sein du clan, et il voyait en elle bien plus qu’une cousine éloignée, mais une véritable amie. Cependant, par il ne savait quel moyen, Kakeshuou semblait avoir retrouvé la trace de Yuki, vivante ! Etait-ce une mauvaise blague ? Non, ce n’était pas son style. Mais que comptait-il lui faire ? Aokiji savait que son maître tenait beaucoup à la jeune femme. Mais maintenant qu’il y réfléchissait, il ne les avait jamais vu seuls ensembles, dans la sphère du privé. Comment comptait-il réagir ? La gronder comme un père grondant sa fille ? Ou la reprendre à l’ordre en tant que son ancien supérieur hiérarchique ? En réalité, le jeune Samui savait que les intentions de son sensei étaient tout autres. Au vue des récents évènements au Shûkai, de nombreux points relatifs au clan devraient être discutés et Aokiji comprit très vite que son ainé aurait besoin du soutien de la jeune Yuki.

Ils arrivèrent donc dans un hôtel du Pays du Bois où la Samui était descendue. Kakeshuou accompagné de son escorte si dirigea donc directement vers l’une des chambres, vraisemblablement celle où résidait la revenante. Après l’avoir sollicité, cette dernière ouvrit la porte dévoilant ainsi son visage, bien en vie. Aokiji était assez choqué de la revoir, lui qui la croyait morte. Le vieux Samui lui se montra beaucoup plus froid, comme à son habitude. Il ne se laissa pas prier pour entrer, daignant à peine jeter un regard à la jeune femme. Le blond quant à lui, fit son entrée dans la chambre, saluant poliment leur hôte.

« Ravi de te revoir, Yuki... »

Kakeshuou, toujours fidèle à lui-même, poursuivit sur le ton de l’indifférence avec une pointe de sarcasme. L’atmosphère devenait pesante et la conversation venait à peine de commencer. Aokiji décida donc de faire en sorte que cet échange soit productif sans pour autant établir un sentiment de pression.

« Kakeshuou-sama, nous devrions plutôt nous asseoir pour discuter calmement. Nous avons fait un long voyage jusqu’ici. Autant nous mettre à l’aise. Ne penses-tu pas, Yuki-chan ? »

Aokiji lança alors un regard insistant à son interlocutrice. Il savait que le vieux Samui avait un caractère pour le moins difficile et d’ailleurs celui de la jeune femme n’était pas des plus faciles non plus. Le jeune homme devait temporiser cet échange s’il ne voulait pas que tout parte en vrille.

En soit, ça aurait pu être des retrouvailles de familles normales ! Ordinaires ! Il m'aurait pris dans ses bras, nous nous serions embrassés, peut être même aurions nous verser quelques larmes ! Hors, chez les Samui, rien ne se fait de façon "ordinaire". Non, non ! Au lieu de cela, le vieux se montra pour le moins désagréable et je poussais presque un soupir en le saluant. Un soupir de soulagement, voilà qui ne m'obligerait pas à faire le voyage jusqu'à Shozaïchi. Aokiji suivit cette brève apparition et je m'approchais doucement de lui pour déposer un baiser sur sa joue :

"Bonjour Aokiji !" Murmurais-je à son intention, avant de me retourner finalement vers Kakeshuou tout en fermant la porte de ma chambre et en tirant deux chaises pour qu'ils puissent s'asseoir alors que je retournais derechef à la préparation de ma valise :

"Et bonjour aussi à vous mon oncle !"

Je plieais plusieurs vêtements avant de les déposer dans la valise tout en réfléchissant à ce que j'allais bien pouvoir leurs dire. Un nouveau soupir s'échappa d'entre mes lèvres :

"Pour vous dire la vérité ! Je ne vous attendais pas de si tôt, mais vous voir ici m'arrange ! Je n'aurais pas à faire le trajet jusqu'à Shozaïchi pour vous voir et je vais donc gagner du temps ... Un temps qui me sera précieux, je pense !"

Je me tournais alors vers mon cousin, lui adressant un sourire d'excuse :

"Je préfère malheureusement éviter que l'on remarque trop ma présence Aokiji ... Revenir d'entre les morts n'a pas spécialement la cote, tu vois ! Et je tiens qu'une personne soit au courant avant le reste du monde de ma résurrection miraculeuse ..."

Une brève excuse pour éviter que nous descendions au bar de l'auberge et que je cesse d'avancer dans mes préparatifs. Mes yeux s'étaient pourtant tournés vers le doyen de la conversation alors qu'il me demandait ce que je faisais ici :

"Mes futurs beaux-parents habitent ce pays mon oncle ... Je reviens justement de les rencontrer ce qui explique ma précipitation à vouloir partir ! Les nouvelles qu'ils m'ont données ne m'ont pas rassuré le moins du monde ! Il faut absolument que je retrouve Kibo avant qu'il ne commette la moindre erreur ! Hors mon souci, c'est que je n'ai pas la moindre idée de l'endroit où il se trouve ce dernier et que je suis morte d'inquiétude à l'idée de le perdre à jamais !"

Allons bon ! Une belle ironie dans ma phrase pourtant, je rabattais le couvercle de ma valise et posais un sceau sur ce dernier avant de composer un mudra qui la fit s'évaporer dans un nuage de fumée. Je me tournais alors vers les deux hommes en m'affalant sur mon lit en position assise :

"Enfin bref ! Puisque vous êtes là, je vais tenir la promesse que j'ai faite à grand-mère et vous révélez la raison de ma démission du Triumvirat !"

Un peu de suspense, ou pas vraiment, car pour le coup, je ne savais pas comment j'allais formuler la chose.

"Lorsque je suis venue vous voir, pour vous faire part de mes soupçons ... Je n'ai peut-être pas assez explicite dans mes propos ..."

Mes yeux bleu étaient campés dans ceux d'un brun foncé et profond de l'ancien :

"Il y a une taupe parmi les plus hauts gradés du Triumvirat ... J'avais déjà des soupçons avant ma mission pour Mizu no Kuni mais je n'ai pas pu mener cette dernière à bien ! Hors, lors de l'attaque de la capitale, j'ai été soupçonnée d'être ce traitre par l'un des chefs de clans de nos nations ... Sauf que ce n'était pas moi ... Et si ce n'était pas moi, ça ne pouvait être que l'une des personnes ayant connaissance de tous les plans de défenses du Shozaïchi ! Une personne qui saurait tout de nous et dont nous ignorions l'allégeance profonde !"

Je m'étais redressé et je faisais les cent pas à présent dans la chambre. Emprunte d'une nervosité profonde alors que j'exposais ma vision des choses :

"Vous innocentez vous et Aokiji étaient faciles. Nous sommes liés par notre clan et l'allégeance profonde que nous lui portons ... Setsuna est mon élève et bien que je ne la connaisse pas plus que ça, je ne la vois pas apte à un tel acte ! Il restait alors deux personnes ! Le capitaine Suoh et le capitaine Homura ! Votre taupe est parmi ses deux hommes ..."

Je levais les bras au ciel, rageusement, sauf que :

"C'est pour ça que je suis partie ... Je me suis fait percer à jour et ma situation devenait dangereuse ... En plus disons le clairement, ça m'arrangeait de prendre mes distances avec le pouvoir ! Je pouvais tranquillement penser à mon mariage tout en ayant laissé les instructions nécessaires pour que les plans de défenses soient mis en place ! Mais bon ... Tout n'a pas très bien tourné vue que ... Bah, je suis morte !"

Mouais ... Un beau discours quoi !

Se voyant offrir un confort minimum, le vieux Samui ne faisait pas de manière pour autant ; il tirait la chaise, se plaçant légèrement en retrait, et laissait les autres acteurs de cette scène disposer de l’espace à cette guise. Après tout, il espérait avant tout avoir des réponses à ses questions, et ne comptait pas s’imposer outre mesure dans cette discussion. Il avait fait preuve d’un certain mécontentement dès son entrée en scène. L’était-il vraiment ? En vérité, pas vraiment, mais il était préoccupé. Il n’aimait pas l’idée de laisser le Shozaichi loin de son regard inquisiteur dans un temps aussi crucial … . Espérons que ses partisans feraient le nécessaire en cas de besoin absolu … .

Croisant bras et jambes, le quinquagénaire portait sa tête vers le sol, restant pourtant attentif à ce qui était dit. La véritable raison de son départ ? Pour l’avoir rencontré peu de temps avant sa démission, Kakeshuou s’était douté de la méfiance que la jeune Yuki avait dans l’administration de l’Alliance ; et en particulier de sa tête, le Triumvirat. Son « oncle » avait beau en faire partie, cela n’empêchait pas la présence de certains membres qu’elle n’avait visiblement pas toujours apprécié. Passons le cas Kaguya : même si les Samui ont une aversion profonde pour ces Shinobis qu’ils associaient davantage à des animaux qu’à autre chose, Shio Kaguya faisait figure de profonde exception dans ce ramassis de dégénéré. Homme investi, déterminé, ambitieux même ! il s’était dévoué à faire de son mieux, et était en grande partie le fondateur de cette Alliance toujours sur pied. Son récent départ était un coup dur … même pour la nouvelle Tête du Shukaï.

Énumérant les différentes étapes de son enquête, Yuki Samui montrait bien là que son ancienne place de Bras-Droit du Jôhô n’était pas usurpée, ni déméritée. Elle avait soigneusement réfléchi à la chose. Était-ce bien sage en soi d’éliminer sa propre famille de la liste d’éventuels conjurés ? Peu importe, l’intelligence ou la chance lui avaient donné raison sur ce point. Setsuna Nakagawa n’était pas une complète certitude pour le vieux guerrier. Certes, l’ancienne Bras-Droit de l’Armée avait soutenu son initiative quelques jours plus tôt, mais rien ne démontrait qu’elle n’avait pas d’autre allégeance … . Ne restait effectivement plus que les deux Capitaines dans ce calcul maudit … .

Ayant terminé son analyse, la jeune Yuki tournait maintenant la discussion vers sa romance et sa récente condition … de morte-vivante ? Un statut des plus particuliers, même chez les Manipulateurs du Hyouton ! Peu importe, le vieux briscard était déjà plongé dans ses pensées ; et tâchait de voir les faits tels qu’ils étaient présentés. Il avait lui-même élaboré la possibilité d’un traître, et il savait pertinemment que ce dernier ne pouvait pas appartenir à sa Section. Il avait toujours gardé cette dernière sous le contrôle d’une main de fer, et savait ainsi avoir éradiqué toute trace de vilainie et de sentiment personnel en contradiction avec le crédo de la Justice et de l’Ordre. Aussi, ne restait plus que les autres factions ! Qui disposaient de nombreux anciens Ninjas indépendants. Le fait qu’un traître soit parmi eux n’était pas quelque chose d’impossible, et ce malgré l’examen d’entrée que leur faisait passer son élève, Len, aux Portes du Shozaichi.

Mais un Capitaine ! La chose n’était-elle pas trop extrême ?! A vrai dire, ce serait mentir de dire que l’un des doyens du Clan n’y avait pas pensé … . Mais en vérité, il ne voulait pas le croire ; ou n’en comprenait pas l’intérêt. Shio Kaguya avait participé activement, et avec toute son âme, à la fondation de cette Alliance et de sa troupe militaire. Quant à Homura Jisetsu, il l’avait lui-même recommandé comme Capitaine pour la Section Informations ! Quels intérêts avaient-ils tous les deux à agir contre l’Alliance ? Fallait-il prendre leur départ précipité pour un aveu … ?

Lorsque la nièce eut fini ses explications et projets, qu’il avait perçu d’une oreille, l’homme se releva brusquement mais tranquillement. Il fit trois pas pour se rendre à la fenêtre. Il observait l’extérieur et ses environs, sans vraiment ce qu’il recherchait du regard. Ses mots sortirent comme une voix de Juge suprême.

~ Dès que tu auras rassemblé tes esprits et tes idées sur les objectifs de Kibô, tu iras le retrouver et sauver ton mariage. Il m’a envoyé une lettre où il demandait mon enseignement pour devenir plus dur, plus téméraire et déterminé … . J’ignore si c’est sa propre volonté ou autre chose … . Nous trouverons bien une solution … .

Des propos bien réconfortants, pour un homme qui faisait preuve d’une hostilité neutre depuis le début de cette rencontre. Encore une fois, les préoccupations administratives qui l’attendraient à son retour. En revanche, s’il pouvait toujours être le messager de la nouveauté et du soulagement des maux de sa petite-fille, il s’en ferait un devoir. Le regard toujours en direction de l’extérieur, il tournait le dos à l’assistance, les mains croisées dans son dos. Craignait-il la réaction de la jeune femme ? Ca, par contre, il peut vous le dire !! Ses idéaux étaient bien plus forts que cela !

~ Par contre, le Triumvirat n’est plus un problème. Et si Homura et Shio ont des choses à se reprocher, il nous faudra les faire rechercher … . Les intercepter au besoin. Même si ces choses sont désagréables, on ne peut garantir l’Ordre et la Paix sans détermination face au doute … .

Yuki n’était pas encore prête à annoncer son retour à tous ceux qui voulait entendre. Soit. D’une certaine manière, Aokiji pouvait comprendre. Apparemment, même son propre fiancé n’avait pas été mis au courant de ce retour à la vie étonnant. La jeune femme leur expliqua ses craintes et ce sentiment de ne pas se sentir en sécurité qui l’avait poussé à mettre en place un tel stratagème. Pour être franc, le blond avait assez mal pris la nouvelle de cette fausse disparition. Il s’était d’une certaine manière senti trahi et trompé. Mais maintenant qu’il venait d’entendre la version de la principale intéressée, il devait avouer qu’il pouvait d’une certaine manière comprendre la manœuvre ô combien osée de la Princesse Samui.

Mais ce que Yuki révéla fut tout aussi surprenant. Il y aurait eu une taupe au sein du Triumvirat. Celle-ci aurait donc pu avoir un certain rôle à jouer durant l’assaut sur le Shozaichi. Mais qui cela pouvait-il bien être ? Selon la jeune femme, la piste Kakeshuou et Aokiji aurait très rapidement été écartée. Etait-ce vraiment légitime comme décision ? Qui sait ? Quoiqu’il en soit, il restait donc trois autres suspects, dont Setsuna. Le Samui ne pouvait croire que cette dernière est quoique ce soit à voir avec de tels actes. Il se souvient de leur première rencontre. Elle lui avait clairement révélé son aversion pour la guerre et sa quête d’une sorte de paix mondiale. Il est vrai qu’elle pouvait parfois prendre des décisions pour le moins excessive, à l’image de l’assassinat des deux Tôhatsu à Kusa no Kuni ou celui de l’ancien Bras droit du Buki, Nnoitra, sur cette mystérieuse île. Mais de là à participer à un attentat, non, Aokiji avait du mal ne serait-ce qu’à l’envisager.

Il restait donc Homura et Shio. Ce dernier ayant été convalescent pendant un certain temps, il était peu probable qu’il s’agisse de la taupe. Le Jisetsu, en revanche, c’était une toute autre histoire. Même si ce dernier s’était montré relativement réceptif lors du dernier conseil du Triumvirat, sa fuite lors de l’annonce sur la place publique n’était pas passé inaperçu. Pourquoi fuir, quand on se dit d’accord avec un remaniement du système ? Le comportement du Capitaine du Jôhô avait été incohérent et était proche de celui d’une personne ayant quelque chose à se reprocher, à cacher…

La discussion prenait donc une tournure inévitable. Il fallait mettre la jeune femme au courant des changements qui venaient d’avoir lieu à Shûkai.

« En effet, le Triumvirat n’est plus un problème. Ce que ton oncle veut dire par là, Yuki, c’est qu’il s’est passé beaucoup de choses durant ton absence… »

Aokiji était un peu mal à l’aise d’apprendre la nouvelle à sa cousine dans une telle situation, mais plus vite elle était au courant, mieux ce serait.

« Lors d’un conseil au sommet, Kakeshuou-sama a fait face aux deux autres capitaines et a exposé son intention de dissoudre le système du Triumvirat. Cependant, il n’était pas seul. J’étais à ses côtés, accompagné également d’un groupe de quelques partisans à cette cause. Après moult discussions, Homura et Shio finirent par capituler. Mais ces derniers finirent également par prendre la fuite après que l’annonce soit faite à la population. »

Le jeune Samui lança alors un regard à son maître, toujours impassible, puis recentra son attention vers Yuki.

« Tu n’as plus rien à craindre, Yuki. Et si cette taupe était réellement au sein du Triumvirat, nous finirons par la trouver, j’en suis persuadé. Une telle trahison ne peut pas rester impunie. »

Aokiji était déterminé. Les dommages qu’avaient subis la cité étaient considérables. Savoir qu’un de ses frères d’armes pourrait avoir contribué à un tel désastre le dégoutait profondément.

Les mains toujours entrecroisées nerveusement, j'écoutais et je sondais les attitudes des différents protagonistes qui m'avaient rendu visite. Autant mon oncle se montrait sans émotion et sans le moindre signe montrant une quelconque pensée, positive ou négative. Rien ne se dégageait de cet homme et j'en restais moi-même légèrement perturbé. Pourtant, il finit par se lever brutalement afin de se rapprocher de la fenêtre unique de la chambre. Des paroles sortirent alors de sa bouche. Des paroles qui m'encourageaient à retrouver mon amant et à poursuivre sur la vie que je m'étais choisie. Une surprise sans pareille pour moi, car je ne savais que trop penser de ce retournement de situation. Une attitude qui ne ressemblait pas du tout à l'ancêtre qui était pourtant habituellement si froid et si éloigné de moi. Ne vous méprenez pas ... Il n'était pas plus chaleureux que d'habitude, car la froideur entre nous était toujours, bel et bien, présente, pourtant, il y avait comme un changement étrange.
Je ne dis rien, surprise, j'analysais ses paroles puis finalement, j'ouvris la bouche :

"Très bien ... S'il vient vous voir avant que je ne le retrouve, pouvez-vous l'informer pour moi et lui demander de m'attendre ... Faites moi prévenir et je rentrerais le plus rapidement possible ..."

Au moins, cela m'ouvrait une porte, une petite chance pour le retrouver. Mais maintenant ... La suite ... Pourquoi autant d'insinuations et de sous-entendus dans les paroles des deux hommes de mon clan. Je restais au début, insoucieuse à ce genre de choses jusqu'aux paroles de mon cousin concernant les changements qui venaient de subvenir au Shukaï ? Des changements ? Comment ça ?
Je restais de marbre tout en décroisant mes mains et en les posant sur mes genoux tout en lançant un regard interrogatif aux deux compères :

"Des changements ? Comment ça ?"

Je tournais alors mon attention vers Aokiji pour écouter ses paroles. Un soulèvement ? Une révolution ? La fin d'une époque ? Étais-ce bien ce que je venais d'entendre ? Je n'étais pas vraiment sûre de tenir les tenants et les aboutissant de cette discussion, alors c'est vers mon oncle que je me tournais cherchant de plus amples explications dans son regard :

"Je ... Je ne suis pas sure de bien comprendre ce que Aokiji vient de dire mon oncle ? Qu'avez-vous fait ?"

Plus de capitaines, plus de Triumvirat, un nouvel ordre pour une nouvelle nation ... J'avais besoin de plus d'explications pour arriver à faire le point dans mon esprit.

Aokiji s’était permis de faire une présentation très poétique des évènements, alors qu’en soi, il n’en demeurait qu’un fait qui devait être assimilé. Ayant déjà pris toutes les dispositions nécessaires, le vieil homme avait déjà assuré la réussite d’un tel bouleversement. Et cette preuve, il venait de l’avoir.
Après avoir orchestré le renversement du Triumvirat, notre homme avait passé la vitesse supérieure et ordonné un blocus complet d’informations. Cela permettait au nouveau Régime de maneouvrer comme il l’espérait, et de ne pas être dérangé par les forces extérieures. Si Yuki Samui était aussi proche des frontières, sans avoir entendu parler de toute cette affaire, c’est que ces stratégies avaient portés leurs fruits. Désormais, l’Empire pourrait être officialisé et incarné jusque sur les terres les plus reculées ! … .

Mais l’étonnement de la kunoichi n’était pas non plus bien accueilli par notre Ancien. Qu’était-ce, sur ce visage ?! De la surprise, certes ! mais y avait-il plus que cela ? De la déception, de l’incompréhension ? Ne fais pas l’innocente, Yuki. Car ton « oncle » a également mené ce Coup d’État pour toi ! Et pour tous ceux qui avaient été déçu, dupés par ce système ! Revenir sur ses sentiments serait alors une pure traîtrise ; non pas contre le Nouvel Ordre, mais avant tout contre soi-même. Lorsque l’on exprime ses sentiments à l’encontre d’un système qui dépérie, il devient important d’écouter son cœur et de frapper fort là où c’est nécessaire ! Kakeshuou Samui avait procédé ainsi.

Puisqu’il fallait plus d’explications et moins de fioritures dans l’énnonciation des faits, celui qui ne tarderait pas à se faire connaître comme Empereur préférait attaquer les choses de façon directe. Tu n’as pas compris que ce Aokiji te disait ? Compte sur moi pour le marteler dans le marbre ! D’ailleurs, ce n’était pas une si mauvaise idée pour faire savoir la Nouvelle, ça !

~ Le Triumvirat ne répondait plus aux impératifs d’une Alliance en danger ! Les deux autres Capitaines et moi-même nous sommes donc démis de nos fonctions, afin de créer un nouveau système politique plus à même de maintenir ce gigantesque territoire politique en un seul morceau ! Nous avons appris par plusieurs rapports que les Daimyos se livraient à des querelles intestines auxquelles ils mêlaient nos hommes. Autant dire que nous étions des objets sans but prédéfini. Et même si c’est là le rôle naturel du Ninja, il était hors de question d’amoindrir nos forces dans notre propre camp avant de repousser un Ennemi encore inconnu !

Les mots étaient bien choisis, le ton aussi ! La petite Samui était habituée au caractère très sévère et strict de son « oncle », mais il apparaissait clair qu’il y avait quelque chose de plus cette fois-ci. C’était une détermination qui était propre à l’Ancien, mais qui n’avait jamais été porté à de telles extrémités.

~ L’Alliance des Pays Neutres telle qu’elle était n’existe plus. Des pouvoirs extraordinaires m’ont été confiés et le Shukaï sera désormais l’Empire des Pays Neutres, afin de porter l’Idéal de cette Organisation à une échelle et une puissance supérieure, afin de porter la Paix ; même si celle-ci doit être imposée dans le Sang ! Les ordres pour assassiner les Daimyos ont déjà été donnés. On ne peut plus reculer, désormais. Ce Coup d’État sera soit une réussite par le fer … soit une défaite par le sang.

Au moins, les choses ne pourraient pas être plus claires. Et le regard de marbre blanc qu’il posait sur sa nièce montrait qu’il ne s’agissait pas d’une mauvaise blague. Ou même d’une blague tout simplement. Il fallait soupeser tout ce que cela allait impliquer ; l’assassinat des Daimyos de chaque Pays, y compris de Yuki no Kuni. Le Pays des Neiges ne serait pas épargné dans ce sens, et il était évident qu’un nouvel Ordre devrait être instauré pour maintenir cet empire territorial en un seul morceau. Jusqu’à maintenant, Kakeshuou n’avait fait mention à personne de sa future organisation impériale ! Que comptait-il donc faire pour garantir l’équilibre des Nations et la stabilité de son Empire ?

~ Il va nous falloir des éléments solides et de confiance pour assurer la succession et la gouvernance de l’Empire. Tu as toujours voulu des responsabilités plus importantes au sein du Shukaï ; c’est un trait caractéristique de notre Race, à toujours vouloir s’élever plus haut. Je veux donc profiter de ton mariage futur pour te confier, à Kibo et toi, la Seigneurie du Pays des Neiges. Vous y règnerez en tant que Seigneurs de Guerre, avec un large panel de pouvoirs, vous donnant une quasi-indépendance au sein de l’Empire du moment que vous appliquez la Loi Impériale et que vous respectez votre Place au sein de l’Empire. En l’échange de ça, vous pourrez administrer librement ce territoire, créer des édits impériaux sur vos terres et livrer la guerre à tout ennemi menaçant l’Empire à vos yeux. Seuls une poignée d’individus auront cette responsabilité. De son côté, Aokiji sera Gouverneur d'une Terre d'Empire le temps que tout se mette correctement en place. D'ailleurs, je vais en fait avoir besoin de vous deux comme Protecteurs de l'Empire. Nos ennemis ne vont pas tarder à se multiplier ; le système de défense que tu as imaginé avec d'autres doit être maintenu et perfectionné, et je veux compter sur toi pour cela. La question maintenant est de savoir si tu comptes intégrer ce système ou non … .

Une proposition un peu sèche et soudaine ! mais qui n’était pas sans intérêt ! Une façon un peu trop directe pour assimiler Yuki au système impérial ? Peu importe. Cette initiative était voulue depuis toujours par le Quinquagénaire. Maintenant, c’était quitte ou double. Adhérer à son Idéal ; ou y résister et déclencher ainsi une rivalité inter-Clanique comme les Samui ne l’avaient jamais connu jusqu’alors … .

Yuki fut très déconcertée par la nouvelle et qui pouvait l’en blâmer ? Elle ne pouvait en aucun cas se douter de ce que son oncle préparait dans l’ombre. D’ailleurs, lorsque la nouvelle éclata, bien entendu de nombreuses mâchoires tombèrent. Mais ce qui devait surement la surprendre le plus était qu’un tel acte vienne d’une personne aussi proche d’elle. Elle était troublée, perturbée, demandant à Kakeshuou de lui donner des explications sur ce que venait de lui révéler Aokiji. La pauvre, comme à son habitude, le vieux Samui se montra aussi froid qu’un glaçon. En dépit de cela, il eut tout de même le mérite d’être clair. Le jeune homme regarda le visage de leur hôte, toujours aussi choquée. Comment allait-elle réagir à la nouvelle ? Elle qui s’était temps investit dans le Triumvirat ? Allait-elle poursuivre ce même travail mais au sein de l’Empire de son oncle cette fois-ci ? Ils n’allaient pas tard à le savoir.

Mais avant ça, Aokiji fut aussi lui surpris par les dernières paroles de son ainée. Il confiait la Seigneurie du Pays des Neiges à la jeune Yuki et son futur époux Kibô. Une grosse responsabilité pour des personnes aussi jeunes, mais Kakeshuou devait surement avoir ses raisons et une grande confiance en sa petite nièce. Mais il prit le jeune Samui de court également en révélant au passage que ce dernier allait se retrouver Gouverneur d’une terre de l’Empire, du moins le temps que le tout se mettre en place.

« Gouverner ? Une terre de l’Empire ? »

Tout semblait s’enchainer si vite. Il y avait peine deux ans, il n’était rien du tout, aujourd’hui il se retrouver à gouverner un pays. Lequel ? Cela sera surement à définir dans un futur proche. Tout comme sa cousine, le jeune homme avait lui aussi du mal à réaliser. Le vieux Samui leur balançait des nouvelles aussi grosses avec une telle indifférence que cela en devenait déconcertant. Aokiji en venait presqu’à admirer l’impassibilité de son maître. Mais il devait se montrer à la hauteur de la responsabilité qui lui était confié. Après tout c’était pour cela qu’il avait qui l’enfer de Yuki no Kuni pour rejoindre le Shûkai.

« Je vous remercie de votre confiance, Kakeshuou-sama. Je m’efforcerais d’être à la hauteur de vos attentes. »

Aokiji se tourna ensuite vers Yuki. Il voulait vraiment que cette dernière les rejoigne au sein de ce nouvel Empire. Elle avait fait ses preuves dans le passé et méritait amplement une place de choix aux côtés de Kakeshuou.

« Comme l’a dit ton oncle, tu es une personne de confiance et compétente de surcroît. Ta contribution au sein de l’Empire ne pourrait nous être que bénéfique. Nous avons élaboré le projet de défense du Shozaichi ensemble, Setsuna, toi et moi et je sais combien cela te tenait à cœur. Nous pourrions poursuivre sur cette lancée, il y a encore tant à faire, tu le sais. Nous avons besoin de toi, Yuki, c’est une évidence. »

Ce ne serait surement pas les mots que le vieil homme aurait employé mais la réalité était là. Yuki était un apport non-négligeable au Shûkai et pourrait l’être tout autant, si ce n’est plus au sein de l’Empire. La balle était dans son camp, qu’allait-elle décidé ?

Au fond, que suis-je vraiment pour cet homme ? Un soldat ? Une alliée ? Un membre de sa famille ? Peut-être bien plus encore ... Les mots s'infiltrent dans mes chairs et me battent avec ardeurs usqu'à ce que je le sang rougissent mon visage.

Les paroles de l'ancêtre, je les entends et je les comprends, aussi, mais autant d'informations est pour le moins difficile à accumuler et à percevoir de façon à les accepter toutes en une seule fois.
J'écoute et je scrute la moindres des paroles qui m'est donné par cet homme si froid que j'appelle mon oncle. Mon visage à cet instant-là continu à me trahir. Les émotions qui m'assaillent sont complexes.
La mort ne m'aura pas retiré cette partie-là de mon humanité et alors que le flot de renseignements continue à me parvenir, ma poitrine se soulève de plus en plus rapidement à mesure que ma respiration s'accélèrent. Une goutte de sueur pointe le bout de son nez sur ma tempe, mais je l'efface bien vite d'un simple revers de manche alors que je me pose sur le lit de la chambre afin de prendre la parole pour la première fois depuis le début du discours de l'empereur.

La première partie, je l'ai bien comprise et c'est d'ailleurs pour cela que je me suis contenté de hocher la tête positivement à toutes ses paroles empruntent d'une certaine sagesse. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de rire jaune lorsqu'il me parle d'empire o pire encore, d'assassiner les Daimyos de nos pays. Un rictus se dessine alors sur mon visage :

"Le pouvoir hein ... C'est donc ça qui vous motive depuis le départ mon oncle ..."

Mais avec ces actions, il nous a tous entraîné dans une merde sans nom. Tout le clan sera concerné par cela et je ne compte pas me gêner pour lui faire remarquer :

"Si j'en juge par vos paroles ... Tous les Daimyos vont être tués ... Y compris Oge Akeko, la dirigeante du pays de la neige ..."

Et c'est là que le drame commence, que le doute s'installe et que ma pensée divague. Je me redresse et je commence à faire les cent pas dans la chambre. Rapidement, sans m'arrêter ou presque. Parfois, je lance des regards furibonds aux deux hommes. Des regards qui pourraient tuer si je puis dire. Finalement, je m'arrête avant de pointer du doigt mon grand-père :

"Avez-vous perdu la raison ? Avez, vous ne serait-ce qu'une seule seconde pensée au clan ! À l'impact que votre folie aura sur notre famille ? Le Daimyos de Yuki no Kuni à toujours était une femme bonne et très proche de notre famille ! Que vont penser les habitants du pays de la neige ! Si vous échouez, ce n'est pas vous seul qui pâtirez de cet échec, mais toute notre famille !"

Voilà qui me mettait à présent hors de moi. Oui, j'avais du respect pour cet homme, mais les risques qu'il prenait pouvaient causer la destruction de notre race car en tant que tête pensante de cette nouvelle organisation, il faisait également figure de personne à abattre. Des larmes de rages coulaient le long de mes joues. Moi qui avais tant aspiré à un peu de bonheur et de quiétude, voilà que je voyais tout cela s'envoler en lambeaux par la folie d'un seul shinobi.

Je me remis à faire les cent pas et la seule chose qu'on pouvait entendre, s'était des mots lancés à la vas vite dans ma réflexion telle que : folie, dangereux, extermination, traquer ... La mort était partout ...
Il fallait que je fasse quelque chose ... Rattraper ses erreurs si je puis les appeler ainsi. Non, ce ne sont pas des erreurs après tout ... Juste des ambitions dantesques et il allait falloir gérer l'après. C'est peut-être cela qui m'effrayer le plus en définitive.

Je soupire longuement pour essayer de reprendre mon souffle, me calmer, voilà une idée qui me plaît. Alors je m'assois et je regarde une nouvelle fois les deux hommes.
Je sais pertinemment que tout mon verbe va les faire réagir, soit l'un, soit l'autre et je suis moi-même prête à me défendre, mais la suite n'est pas forcément celle à laquelle je m'attends le plus et c'est donc de colère que je passe à la surprise tout en écoutant ce qu'il a à me dire.
Une surprise qui reste néanmoins de courte durée, car bien vite, mon faciès redevient dur et froid. Était-il en train de jouer la carte de l'ironie ? Je n'en savais rien et c'est cette raison qui me poussa à le laisser finir son discours alors que moi-même, je posais violemment ma tête entre mes mains pour réfléchir à ce qu'il venait de dire. Ça ne ressemblait pas à l'ancien de faire de l'humour, et c'est ce qui me poussa à demander :

"Vous voulez me tuer aussi ... Moi et Kibo comme cette pauvre Oge Akeko ?"

Je ris jaune une nouvelle fois, mais je ne peux pas vraiment m'en empêcher au vu de la situation tellement moqueuse dans laquelle je me trouve. Je dévisage l'ancien avec beaucoup de ferveur tout en continuant de parler :

"Vous nous ferez assassiner nous et nos enfants si jamais nous allons contre votre volonté ? Vous croyez vraiment que je veux vivre dans la peur de voir un jour mon cousin débarquer chez moi pour prendre la vie de mes enfants ?"

Une question qui me laisse finalement de marbre. Pourtant à y réfléchir, l'idée ne me déplaît pas, mais la proposition est maladroite et malvenue dans un moment pareil bien que je sois parfaitement en mesure de comprendre l'urgence de la situation. S'il a vraiment donné des ordres pour assassiner les Daimyos, il lui faudra de nouveau dirigeant à la tête des pays rapidement.

Je me redresse et traverse une nouvelle fois la pièce pour mettre un peu de distance entre eux et moi et je me pose devant la coiffeuse qui occupe ma chambre où je contemple longuement mon reflet dans le miroir. Je ne dis rien car je suis confuse. J'ai surtout besoin de temps et de réflexion et je ne peux pas cacher que les problèmes qui secouent en ce moment le Shukai, même s'il me touche personnellement, ne sont pas ma priorité ... De plus, je ne peux pas répondre, n'y prendre ce genre de décision seule. Je soupire alors encore une fois lorsqu'Aokiji prend maintenant la parole pour m'encourager à poursuivre mon entreprise concernant les défenses de l'alliance ou plutôt de l'empire, je devrais dire. Pour cela, il est vrai que je n'ai pas trop besoin de réfléchir et pour lui répondre et c'est donc après mettre retournée pour leur faire face que je m'adresse à lui, puis à Kakeshuou :

"Merci Aokiji ... Ce projet me tenait à cœur effectivement et c'est pour cela que je profiterais de mon voyage pour retrouver mon fiancé pour vérifier nos dispositifs de sécurité ... Je vous ferais parvenir un rapport à cet effet ! Quant à votre proposition mon oncle ..."

Mes yeux venaient de se tourner vers le doyen :

"Je pense que vous comprendrez que j'ai besoin d'un temps de réflexion ! Kibo sera également impliqué et je veux donc son avis ... De même que je pense au clan qui voudra sans doute tirer au clair toute cette histoire et vous consultez concernant vos actions ... Je vous retrouverais lors du prochain conseil clanique qui aura sans aucun doute bientôt lieu connaissant nos têtes de bois ... À cet effet, je prendrais position en votre faveur ou non, à ce moment-là !"

Voilà qui finissait mon discours. Pour l'heure, je n'avais plus vraiment grand chose à leur dire.

~ Méfies-toi, Yuki … . Nous sommes certainement du même Clan et chacun est en droit de juger l’autre … mais il serait bon aussi de ne pas oublier que je suis ton aîné en tout point … . Peu importe le grade que j’occupe aujourd’hui … .

Le regard était dur ; et les pupilles ne lâchaient pas l’enfant, soutenant ces éclairs sombres qui tentaient de le foudroyer. J’en ai vu d’autres, demande à ta grand-mère ! Alors crois-moi, ce n’est pas comme cela que tu arriveras à me faire peur ! La nouvelle pouvait certes la choquer ; ce n’était pas une raison pour devenir bête ! Lorsque l’on appartient à une Race aussi noble que les Samui, l’usage voulait que l’on fasse usage de sa tête avant de succomber à ses émotions. Mais cela faisait longtemps que la jeune fille s’était passée de cet usage primordial ! A lancer des sornettes à tort et à travers, on finit par avoir l’air plus ridicule qu’autre chose. Peut-être était-il nécessaire de statuer les choses correctement.

La Samui s’était posée, espérant sans doute qu’un objet confortable et une position plus à l’aise lui permettrait certainement de mieux assimiler les choses. Elle s’entendait définitivement mieux avec Aokiji qu’avec Kakeshuou. Certainement une question d’âge. Les adolescents sont faits pour être rebelles, insubordonnés … et bêtes. L’âge, encore une fois … .

~ Si penser que la seule chose qui m’intéresse est le pouvoir, libre à toi. Je n’ai ni le loisir, ni le besoin de me justifier. C’est fait ce que le Devoir m’imposait. L’Alliance courrait à sa perte ; je l’ai sauvé. Il n’y a rien d’autre à voir. Et l’appui dont je bénéficie suite à un plébiscite militaire démontre que j’ai bien fait. Je me contenterais de ça … .

Un fait. L’argumentaire avait été déjà assez répété ces dernières heures. Devant d’abord expliquer la raison de la dissolution du Triumvirat aux Anciens Capitaines, le Quinquagénaire avait ensuite justifié ses actions devant le Shukaî rassemblé, et avait ainsi mené son Coup d’État sans violence ni coup férir. Une chance ; car ce n’est pas toujours ainsi que les choses se passaient.
Mais vous avez bien raison de penser que les choses ne peuvent pas glisser de façon aussi pacifique. Un Coup d’État se définit de façon assez simple en fait : en raison d’une complication politique, et de l’impossibilité de régler les choses à l’amiable – en raison d’un faible degré de coopération ou du caractère spécifique du régime suivant – seule la violence (supposée ou réelle) permet le changement de régime, pour une simplification politique et une meilleure cohésion future. Il est donc logique qu’à la suite de cela, des acteurs autrefois privilégiés, des personnes haut placées, soient évincées.

Mais là, c’était bien plus grave. Si le manque de coopération entre les Sections de l’Alliance et le manque de résultants probants ces derniers mois avaient fait germés dans l’esprit de notre Ancien cette idée de prise du pouvoir, cela s’était largement concrétisé avec l’annonce des luttes fratricides dues aux caprices des Daimyos. Usant des ressources du Shukaï, préférant jouer sur leurs propres intérêts que sur ceux de l’Alliance, les Seigneurs Féodaux s’étaient affrontés par Ninjas interposés ; résultant dans l’affaiblissement des troupes du Shozaichi, et la rivalité et la conflictualité croissante entre des Nations sensées être alliées. Vous l’avez compris : de l’anchois dans un gâteau au chocolat. Impossible.

Une seule solution. S’assurer que ce genre de risque n’ait plus les mêmes configurations pour se reproduire. Et on en revenait fatalement à ce qui a été déjà décrit plus tôt : il est plus que rare qu’un Coup de force politique, et l’existence d’un système autoritaire impérial, ne puisse se faire sans se débarrasser de quelques « gêneurs » occasionnels. Ici, les Seigneurs représentaient tous un potentiel danger ; dont il fallait disposer. Et sans faire d’exception.

~ Quant aux Daimyos, plusieurs devront effectivement mourir. Et pour certains d’entre eux, cette mort sera loin d’être juste. Seulement voilà : la vie est injuste ! La vieille Oge a longtemps été un soutien pour notre Clan. Mais il s’agit plus ici d’un Clan, ou même d’un Pays ; mais de la survie d’une Alliance comptant plusieurs centaines de Ninjas et plusieurs milliers de civils ! Ce Coup de force attirera certainement la réaction de certains, d’autant plus de Villages Ninjas qui y verront un affaiblissement apparent du Shukaï ! Certains Seigneurs ont déjà employés nos forces pour s’opposer les uns aux autres. Cette situation ne peut pas durer ; et laisser un Daimyo en vie reviendrait à un risque potentiel de couteau dans le dos pour cet Empire naissant. Je me moque de ce que les gens diront de moi. Les faits sont là : je suis désormais le Premier Protecteur de cet Empire, et je compte bien donner un rôle de première importance à notre Clan dans l’entretien de cet héritage.

Au moins, les choses étaient statuées. Le vieux Samui comptait-il faire excès de népotisme ? Allez savoir ; après tout, il avait plus de cousins, de neveux et de nièces qu’il n’avait d’enfants lui-même … . Mais s’il était une chose en laquelle il avait une confiance inébranlable, c’était bien en son Clan. En confiant la Seigneur de Yuki no Kuni à sa nièce, et un Gouvernorat à son neveu, il espérait bien ici établir des piliers solides qui feraient la force future de cet Empire. De quoi garantir un bel avenir pour cette organisation.

Qu’elle prenne du temps ? Sans le moindre problème. Après tout, elle était en train d’organiser son mariage. Il était donc logique qu’elle s’accorde un peu de temps ; d’autant plus que la nouvelle avait du la prendre par surprise. Mais peut-être qu’en ayant les détails et en voyant le soutien populaire dont avait bénéficié le vieux briscard, se laisserait-elle tenter à donner une chance à cet homme qui jusque-là n’avait jamais manqué à sa parole.

~ Si des enfants tu dois avoir avec ce Kibo, prends-en soin et élève-les dans la fierté Samui. Jamais on ne m’a trouvé tuer les Miens. Je ne vois pas pourquoi je m’ennuierais à remplacer la vieille Oge par toi, pour te faire éliminer derrière. Quant au Clan, s’il souhaite à ce point me voir, qu’il me convoque. Les choses seront ainsi mises au clair. Quelle que soit l’issue de ce débat, les résultats sont déjà là … . … Nous devons repartir … .

Un signe de tête vers Aokiji, qui lui avait servi d’escorte. Celui-ci s’était montré très fidèle à ses attentes, et nul doute qu’il aurait encore de nombreuses questions à lui poser sur le chemin du retour. Ces choses seraient abordées, à n’en point douter. Quoi qu’il en soit, les deux Samui devaient reprendre la route, et ne pas tarder. Il y avait encore beaucoup à faire, et il était difficile pour l’Ancien de quitter ses Terres aussi longtemps, alors que le Régime se devait encore d’être stabilisé un temps … .

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