La Godaime Kazekage était morte suite à une attaque « mystérieuse ». Du point de vue de Tsukiko, ce n’était guère mystérieux. Cela devait encore être un fait d’un terroriste aidé par un traître interne ou, pire, par un Sunajin même qui a patienté longuement à l’ombre pour attendre le bon jour. La Vengeance devrait brûler dans les cœurs mais ce n’était guère le cas de Tsukiko. La Vengeance était un sentiment d’attardé et totalement inutile, conduisant les hommes et les femmes à réaliser des actes inconsidérée. Enfin, il était hors de question qu’elle soit impulsive pour une mort qui allait rester impuni, comme celle des Conseillers – présumés disparus à priori, mais au vu des mois passés, ils devaient avoir été tué où qu’ils soient.

Persuadée que l’enquête ne donnera rien et que les ennemis de Suna rôdaient encore et encore dans les ruelles, la Kawaguchi ne tarda pas à prendre la décision de quitter pour une très longue période le village. Les raisons étaient multiples : un désir de fuir à ces ombres intangibles, la volonté de devenir assez forte pour les surprendre, le souhait d’apporter un véritable soutien « extérieur » au futur Kazekage qui pouvait être le point de mire d’une nouvelle attaque, ou encore amener un élément « neutre » pour mieux évaluer la situation. Dans tous les cas, elle avait plus de raisons de partir que de rester. Cependant, certaines choses avaient à être réglées. Ou assurées. En effet, Suna ne lui inspirait plus du tout la moindre confiance et elle appréhendait déjà un futur retour. Comment l’accueillera-t-on ? En bien ? En mal ? Il y avait mille et une manière d’assurer ce retour : faire appel à Kioshi, assurer sa fidélité au village … Mais elle opta pour une autre option, un brin plus risqué, mais bien plus « juste » à son sens.

Le Quartier du clan Kawaguchi se dressait devant elle. Les rues étaient un tantinet vides. Soit les familles s’étaient cloîtrées dans leur demeure, soient ils divaguaient encore de ruelles en ruelles à la recherche d’un coupable ou pour renforcer une sécurité ou pour aider deux ou trois civils traumatisés. Ne s’y attardant guère, elle se dirigea tout droit vers la demeure imposante du chef de clan.

- Kawaguchi Tsukiko, je souhaiterai lui parler. C’est important, fit-elle, se demandant si une Bâtarde serait acceptée ou non au sein de cette demeure.

Cependant il n’y avait pas de raisons qu’elle soit rejetée. Malgré ses origines étrangères, elle n’avait cessé de chercher à s’intégrer au clan ou – à défaut – à faire briller son nom en travers des actions pour le village – les défenses, le projet de développement, une alliance… . Elle vivait un tantinet à l’écart du clan mais elle ne cessait d’user habilement son nom ou encore ses propres talents ou imaginations pour se frayer son chemin dans tout ceci.

Sans grande surprise, elle fut introduite auprès de son chef de clan. La figure n’était pas étrangère pour Tsukiko. C’était lui qu’elle avait rencontré il y a sept ans, en se présentant et en expliquant son don naturel pour le sable, et c’était lui-même qu’elle avait croisé à plusieurs reprises pour différentes cérémonies traditionnelles. C’était ce vieil homme même qui lui avait donné de vieux parchemins sur l’histoire du clan – soit pour se débarrasser de vieilleries, soit pour donner une éducation historique manquant cruellement à la blonde … elle ne saurait dire -.

Et c’était lui-même qu’elle n’allait cesser de rencontrer par la suite, s’il acceptait sa proposition. Elle aurait voulu patienter mais les choses avaient changé, et ne la poussaient que davantage à accélérer certains projets.

- Bonjour, j’espère ne pas vous déranger, introduisit-elle, ne sachant quoi ajouter ou dire de plus. Je me rends compte que c’est soudain surtout suite aux événements d'aujourd'hui… mais c’est maintenant ou jamais que je dois vous faire part d’un projet auquel j’y tiens, et qui peut être bénéfique à tous. Et surtout à notre clan.

Elle allait tenter d’introduire chaque information lentement, mais sûrement.

- Auriez-vous du temps à m’accorder ?

Et avant cela, elle voulait savoir si le chef de clan accepterait d’écouter les propos d’une Bâtarde, s’il la considérant comme un « demi-sang » ou comme un membre à part entière du clan. A dire vrai, elle n’avait jamais parlé à cet homme dans un cadre si « intime ».