Kaze no Kuni, ta chaleur m'avait tellement manqué que désormais, de retour, je me sens enfin complet. Dès lors, tous les jours je me faisais une balade au gré des rues, de la masse de civils qui allaient acheter ci et là les fruits dont j'étais tellement friand. D'ailleurs aujourd'hui je me fis plaisir en usant beaucoup, beaucoup de ryos pour faire mes courses, je fis également le ménage dans mon appartement car la durée de mon absence fut tellement longue que la poussière était présente en masse... Ce que je regrettais de ne pas maitriser le fûton parfois. C'est aux alentours de midi que je me décidais d'arrêter et de sortir me faire un restaurant. Je prenais donc mes affaires et m'engouffrais dans une des grandes avenues du village. Les saveurs me caressaient les narines et je ne pu qu'apprécier. Un petit restaurant à brochette m'attira plus que les autres, et c'est à celui ci que je décidais de me sustenter.

Le village était en état de siège, ni plus ni moins, depuis les attentats dont il avait été victime et sur lesquels je m'étais renseigné : Le conseil de Suna avait été renversé et le village avait verrouillé les accès. Ainsi de nombreux marchands et autres touristes étaient bloqués au dehors, aux portes du désert même si les autorités Sunajin s'occupaient d'eux, cela ne semblait pas simple. Par rapport à ce qu'on voyait à l'intérieur de la ville, le contraste était saisissant. C'est alors que je ne pensa plus à manger, je pris les brochettes avec moi avant de me diriger vers les portes de Suna. J'observais l'une des autorités en charge, un jeune Jônin fraichement promu, auquel je signifiais vouloir passer pour m'assurer de la bonne tenue des civils au dehors. Il me laissa passer, en me donnant quelques bouteilles d'eau bienvenue.

Là je pu m'apercevoir d'une famille où la mère était la seule parent pour surveiller deux jeunes enfants qui paraissaient aller mal, à cause de la chaleur sans doute. Je les voyais batailler avec un marchand ayant un grand chapeau pour un peu d'ombre des remparts. Je me hâtais de rejoindre leur position où je demandais gentiment au marchand de laisser la place aux personnes plus faibles que lui, ce qu'il fit sans rechigner après que je lui ai offert une bouteille et deux brochettes encore tièdes. La famille me remercia et je ne résista pas à l'idée de leur donner à eux aussi de l'eau et mes trois dernières unités de nourriture.

Je levais les yeux vers les dizaines d'autres personnes, voire plus car des tentes avaient été érigé ci et là, tandis que d'autre rebroussaient chemin sans vivres, n'imaginant pas les erreurs qu'ils commettaient. Dans la masse plus proche de moi, je remarquais une silhouette que je semblais connaitre, en effet je me rappelais d'elle, mais elle se souvenait-elle de moi ? Il s'agissait de la Samui dont Kibo était éperdument amoureux, celle que j'avais accueilli à son arrivée à Suna alors que je n'étais qu'un simple Genin, je m'étais même occupé de sa jument. Je me dirigeais doucement vers elle avant de l'interpeller par un surnom dont elle seule pouvait être nommée.

- Chère Fleur des Glaces, c'est un plaisir que de te revoir.

Peut-être en faisais-je un peu trop mais tant pis, le premier contact était effectué. C'était le plus dur après tous ces mois loin des autres. Je sentais malgré tout que sa puissance avec bien évoluée, elle était plus ou moins équivalente à celle de Kibo, l'amour semblait à même de faire progresser les gens, c'était assez impressionnant, peut-être que je devrais penser à m'y mettre un jour au lieu de me fatiguer en entrainements. Je la regardais fixement avant de prendre à nouveau la parole.

- Peut-être ne te souviens-tu pas de moi, et je ne t'en tiendrais pas rigueur, cela fait tout de même pas mal de temps et je n'étais que Genin à cette époque, comme Kibo d'ailleurs... Eichi, Jônin d'élite de Suna désormais. Cette fois j'espère que le tutoiement sera de rigueur dans les deux sens. Alors que fais-tu ici ?

Je lui tendais par la même occasion ma dernière bouteille d'eau, au cas où la soif viendrait l'embêter quelque peu. D'ailleurs l'attente pour entrer au sein du village devrait être plutôt longue à la vue des évènements, j'espérais qu'elle était prête à patienter un peu avant de connaitre à nouveau les joies de notre beau village.

J'avais été presque instantanément reconnu par la demoiselle, plutôt flatteur car cela devait signifier que je ne vieillissais pas trop vite ! Elle semblait aller, compte tenu de la situation, elle avait même prévu les sceaux d'eau, très astucieux pour une habitante peu habituée aux joies du désert. Elle... QUOI ?! J'avais dû mal comprendre et je sentais déjà mes sourcils se froncer... Elle venait pour quoi ?! Un mariage avec Kibo... Il était donc parvenu à ses fins le bougre ! Je le voyais déjà en père au foyer, loin des dangerosités des missions avec sa petite maison et ses gamins qui venaient le réveiller tous les matins parce qu'ils voulaient apprendre les arts ninjas... Ah Kibo dans quoi t'étais-tu embarqué ?! J'essayais de garder mon sang-froid alors que la surprise avait quand même été de taille. Heureusement que j'étais de retour finalement, sinon comment m'auraient-ils invité !

Je l'écoutais sur les évènements récents intervenus à Suna, c'est vrai que cette histoire était très surprenante car avec les nombreux problèmes d'intrusion par le passé, je pensais que les services de garde et de surveillance avaient doublé voire plus. Je me doutais de quelque chose de louche mais mon retour avait pris beaucoup trop de temps ces derniers jours. Yuki m'annonçait qu'elle avait trouvé refuge dans une auberge éloignée de son âme-sœur d'une cinquantaine de kilomètres car forcément et même pour elle, l'accès au village était impossible. Ça me paraissait de plus en plus un miracle le fait de mon entrée dans l'enceinte. Bref j'inclinais la tête affirmativement lorsqu'elle m'annonça aider la population, je trouvais cela en effet très noble de sa part, après tout elle n'était pas (encore) chez elle ici, d'ailleurs allait-elle rejoindre Suna et quitter le Shukai ?

- Mariage ? Les félicitations semblent de rigueur alors, Madame Kibo. C'est dommage que celui ci tombe durant cette période de trouble, comme si nous n'avions pas assez payé de tribut ces derniers temps. Je n'étais pas au village durant cette année écoulée, je n'ai rien su de tout cela, malheureusement, sinon je serais très rapidement revenu... Sinon, tu vas donc venir emménager à Suna ? Ce serait une joie que de te croiser plus souvent.

Je regardais autour de moi, les gens étaient tout de même de bonne humeur et aucun incident ne paraissait à déplorer, sans doute renforcer par les patrouilles du villages qui éraient ci et là dans ce campement de fortune. Yuki semblait venir tous les jours en espérant la réouverture des portes aux marchands et aux touristes. Malheureusement je pensais comprendre que tant que l'enquête n'aurait pas abouti, la situation ne bougerait pas ce qui me préoccupait tout de même : Suna était coupé du monde, un ennemi potentiel pourrait trouver son compte à cette situation, comme un état de siège mais sans avoir à mobiliser la moindre armée, intriguant.

- Cette situation est déplaisante pour tout le monde... Je ne comprends pas ce qu'il a pu se produire... M'enfin j'espère que votre mariage mettra un point final grandiose à cette sombre histoire ! Je serais invité tout de même à y assister ? Même si au départ je m'opposais à ce que Kibo retourne terre et ciel pour t'obtenir, je suis bien content qu'il ait réussi et que vous soyez heureux ensemble.

Une vieille dame tenant à peine debout ne trouvait pas de place à l'ombre, embêté pour elle je me détournais de la Samui quelques instants pour aller l'aider. Je la portais jusqu'à un endroit à une dizaine de mètres où d'autres personnes âgés avaient trouvé refuge. Je leur donnais toute mon eau et je m'en retournais vers la fiancée de mon frère capillaire.

- C'est pour cela que je déteste ce genre de blocus...

Kioshi gérait lui-même la traque ? De toute façon il était le chef de l'unité spéciale du village, c'était à lui qu'incombait cette mission, et pas à moi jônin de retour d'un long périple. Finalement c'était même mieux ainsi, je souhaitais avoir des responsabilités mais celle là semblait tout de même plus que problématique dans cette affaire. Peut-être devrais-je aller lui glisser deux trois mots d'avis personnel, même si il n'était en rien à accréditer d'une quelconque véracité. La phrase qu'elle usa par la suite me fit rire : Là où le vent les porterait ? Et où pouvait-il mieux les porter qu'en son pays ? Ici à Kaze ?

Une nouvelle bonne réponse de la Samui : Les sunajins étaient crispés, et même ceux ayant besoin d'aide n'auraient sans doute pas accepté d'être des victimes de jutsus dont la plupart ignorait les effets, moi y compris d'ailleurs. Ce monde m'avait assez souvent apprit à ne faire confiance à personne, pas même à ses propres parents malheureusement... Alors voilà peut-être la raison de ma réponse à sa dernière question.

- Non, dernièrement c'était le cas, mais une banale amourette comme nous en traversons tous en étant jeune. Le grand amour me semble vraiment trop loin. Mais à voir le bien qu'il semble vous faire, je ferais mieux de me trouver une petite chérie à dorloter !

Là encore des rires francs, sans le moindre soupçon de malveillance ou quoi. Et moi qui pensait il y avait quelques secondes que je ne pouvais faire confiance à personne, voilà que je me liais d'amitié avec une jeune femme certes connue mais non pas comme amie avant ce jour. À croire que le malheur rapproche bien plus les gens que les temps de paix.

La solidarité ici était bien plus forte que toute celle que j'avais pu apercevoir à l'intérieur du village, c'était fou comment ces remparts pouvaient séparer les mondes avec autant de vigueur. Vu de l'intérieur rien ne semblait avoir changé, et l'extérieur montrait presque des images de pauvreté et de crise civile d'importance. Je comprenais aussi finalement que la dernière question de mon interlocutrice, bien plus précise et intime qu'auparavant, souhaitait ouvrir la conversation vers une connaissance plus approfondie l'un de l'autre.

- Sinon et bien, si je devais me comparer à vous, vous me faites rêver. C'est vrai que j'ai toujours été contre l'idée d'un mariage entre shinobis, mais votre bonheur semble contagieux et il est vrai que je me mets parfois à rêver qu'au détour d'une de mes patrouilles, je tombe nez à nez avec celle qui partagerait ma vie. Elle arrivera, mais je ne me sens pas prêt, après tout je suis encore un adolescent en crise, comme en témoigne ma fuite de ces seize derniers mois ! C'est Kibo entre autre qui m'ont fait revenir, je ne pouvais pas les laisser seuls, il faut bien que quelqu'un surveille ce village !

Je commençais à raconter ma vie, ce n'était jamais très bon signe quand la discussion prenait ce tournant. J'avais en effet, et je le reconnais aisément, fâcheuse tendance à m'approprier le fil d'une discussion pour ne le lâcher que très brièvement. Même si je pensais ce point de ma personnalité assez estompé, force était de constater qu'il n'en était rien et qu'à la moindre tentation, je reprenais mes mauvaises habitudes.

- Excuse-moi, je fais tout tourner autour de moi. Et toi alors, raconte moi un peu ta vie ! Ce qui t'es passé par la tête pour suivre ce rêveur qui est désormais ton fiancé alors que tu étais une kunoichi en devenir déjà très brillante apparemment ! Je veux dire, tu as forcément dû mettre ta carrière entre parenthèses non ?

Ainsi donc le désert que je chérissais tant allait accueillir une nouvelle arrivante n'ayant qui plus est aucun lien avec lui ? Finalement je n'étais pas aussi surpris que cela. Ce qui me gênait était l'appartenance et à un degré que je ne connaissais pas mais qui devait être important de cette jeune femme dans l'organisation du Shûkai, au moins autant que moi à Suna par exemple. Je trouvais donc cela assez délicat comme situation car ni Kibo ni elle ne laisserait son poste vacant. Je la fixais tandis qu'elle multipliait les interventions et ce en alliant assez finement les styles humoristiques ou encore sérieux. Elle me tendait par ailleurs un récipient rempli de thé chaud, ce dont raffolait de nombreuses personnes du désert, moi y compris même si je préférais la douceur des jus de fruits. Je saisissais doucement ce qu'elle me donnait en le buvant délicatement.

C'est donc après que je la remerciais d'un geste humble de la tête alors que je finissais ma gorgée en finissant par un "ahhhh" assez long, comme pour évacuer la température trop haute de mon corps. C'était marrant de voir une fille du froid au milieu de tant de chaleur, et s'en portant même très très bien !

- Tu sais, il y a encore tellement de choses que tu ignores de la région, c'est toujours magique de découvrir des lieux inconnus, je l'ai vécu cette dernière année à faire le tour du monde et ce fut ma plus belle expérience.

Je l'écoutais fixer les dunes et en rire lorsqu'elle évoqua son mariage où serait présent tout son clan. Moi cela ne me paraissait pas aussi farfelu que ça : Nous avions des personnes à Suna capable de rendre un mariage en plein désert viable, même si cela nécessiterait une logistique très importante et un coup assez incroyable pour un tel évènement. Non elle avait raison, l'idée n'était pas du tout envisageable, en plus de la difficulté d'assurer la protection de tous les ressortissants dans une vaste étendue comme Kaze no Kuni.

Apparemment la cérémonie serait plus que grandiose, une cérémonie comme Suna n'en avait jamais vraiment connu, ou en tout cas pas depuis un très long moment. Et puis un peu de paix et d'amour dans notre époque ne pouvait pas être de mauvaise augure. Je me plaçais à ses côtés en fixant à mon tour les dunes.

- Je connais chacune d'elles, de l'horizon où le soleil se lève à la dune derrière laquelle il se couche, chaque âme dans ce désert, je la considère comme membre de ma famille. Désormais on peut donc considérer que tu es ma sœur, Lumière des neiges. J'ai hâte de voir la délégation de ton clan arriver sur l'endroit de cette Terre qui leur est le moins hospitalier, ils le rendront sans doute bien plus noble qu'il ne l'est actuellement.

Je me retournais vers elle, sourire au visage comme à mon habitude. C'est vrai que je commençais à l'apprécier cette fille, il ne s'était pas autant trompé que ça le Rêveur, il avait bien fait de poursuivre ses rêves et de ne pas écouter le grincheux que j'avais été depuis le tout début, preuve en était si il fallait : Il avait une vie bien plus complète que la mienne.

- Et après ? Le choix va devoir se poser, Shûkai ou Suna ?