Spoiler:

Secoué de frissons causés par le froid, et ce même avec mon manteau doublé, je resserrai ce dernier au niveau du col avant de continuer ma marche, espérant qu’à un certain point l’effort physique finirait par me réchauffer. Vous riez probablement, en vous demandant comment une simple marche pouvait être considérée comme de l’effort physique. Je vous dirai alors que la marche en elle-même peut être considérée comme une activité physique, mais une marche en compagnie d’un ninken qui, lui, a une fourrure pour pallier à de telles températures, ça c’est considéré comme de l’effort physique. Ne voulant pas jogger à côté de mon ninken, ce qui aurait une très drôle d’image pour les passants, je me contentais donc d’une marche très rapide, qui parfois atteignait le petit jog quand Aka prenait de l’avance. C’est qu’il va vite sur ses quatre pattes! D’habitude, il reste toujours à côté de moi, mais ces temps-ci il marche toujours un peu devant moi. Je n’ose pas amener le sujet, mais je me doute fortement qu’il sent lui aussi ce qui me trouble. Je n’ose pourtant pas lui en parler, ne voulant surtout pas l’impliquer dans cette affaire. J’ignorais si un Yamanaka était capable de fouiller dans l’esprit des ninken, mais je ne voulais pas qu’il ne trouve rien le compromettant, lui qui n’avait rien fait.

Ce n’était toutefois pas pour m’aérer l’esprit que je prenais ces marches avec mon ninken dans l’air relativement frais de cette journée d’automne, probablement l’une des dernières avant que la neige. Oh, non, ça serait trop beau. Au lieu, je dois regarder constamment derrière lui s’il ne laisse pas un petit cadeau au village – comme quoi un ninken reste tout de même un chien, quand bien même un chien ninja – que je m’empresse d’enterrer grâce à ma récent maîtrise du doton. Je joins l’utile à… au désagréable, mais ça servait tout de même de petit entraînement, moi qui n’était pas familier avec cette affinité. Ce matin, enterrer les… cadeaux s’avéra beaucoup plus difficile que d’habitude puisque la terre était plus dure, dû à la température qui durcissait le sol. Il était encore assez tôt, puisqu’il s’agissait de la promenade matinale, un peu comme notre pipi du matin. Enfin bref, je ne continuerai pas plus longtemps sur le sujet et me conterai de dire que vu l’heure matinale, les gens se faisaient rares dans le village. Cela ne voulait pas dire qu’il y avait personne.

Utilisant malgré moi cette promenade pour penser à bien des choses autre que les cadeaux laissés par mon compagnon, ces derniers temps étant troublés. Malgré un silence anormal, je savais que la menace des Furyous tomberait bientôt sur nous. Plus qu’un ressentiment, je sentais ma cuisse me brûler de plus en plus fréquemment, comme si elle voulait se dépêcher pour m’assimiler. Car je devais dire que pour le temps que j’avais cette… grossière erreur, je ne pouvais l’appeler autrement, je tenais très bien contre elle. Je ne suis pas encore devenu un "illuminé" qui a réalisé la supériorité des Furyous, je crois donc que c’est un bon signe. Je n’eus toutefois pas plus le temps de penser à mon état et à ce que je deviendrais à cause de celui-ci puisqu’un juron m’alerta aussitôt que j’avais rêvassé un peu trop longtemps. Reprenant mon focus sur la situation devant moi, je réalisai aussitôt ce qui s’était passé.

- Oh misère! Je suis tellement désolé! m’empressai-je de dire au pauvre individu qui avait marché dans… un cadeau, alors que de quelques gestes je faisais aussitôt disparaître la cause du problème dans sous le village. J’étais encore un peu trop endormi il faut croire, je ne regardais plus ce que mon ninken faisait… Tiens, prends ça; ça devrait t'aider. Encore une fois, je suis tellement désolé.

Aussitôt, je plongeai la main dans mon sac et en ressorti quelques feuilles de papiers, que j’avais amené précisément pour ce genre d’incident. Bon, je les avais amenées au cas où JE me faisais avoir, mais au moins je les avais apportées. Je regrettais seulement que ça soit pour quelqu’un d’autre que j’avais à les utiliser, c'était beaucoup plus embarassant.

En temps normal, lorsque quelqu’un qui pile dans des excréments – on va arrêter de jouer sur les mots – il n’est pas nécessairement de bonne humeur. En fait, je dirais qu’en colère serait le terme le plus représentatif. C’est pourquoi quand ce qui devait arrivé arriva, je m’attendais à me retrouver face à quelqu’un de pas très content et à devoir me confondre en excuses. Toutefois, je pus rapidement comprendre à sa réaction que cet homme, puisqu’il s’agissait d’un homme qui avait pilé dans les déjections de mon ninken, qu’il ne s’agissait pas d’une personne normale. Comment j’ai fait pour le savoir? Je ne sais pas, peut-être parce qu’il éclata de rire lorsqu’il sentit le mou sous son soulier tout en affirmant que mes excuses n’étaient pas nécessaires. Pardon? Est-ce que cela voulait dire qu’il ne m’en voulait pas? Je serais prêt à dire oui, mais j’avais un peu de difficulté à comprendre le sens de ses paroles, lui qui s’exprimait de façon si décousu. Au moins, il n’avait pas l’air de m’en tenir rigueur pour le petit incident.

Plus je l’écoutais parler, moins il faisait de sens. Plutôt que de me parler à moi, on aurait dit qu’il avait déjà une conversation avec quelqu’un et que je n’entendais que des bribes. Peut-être était-il un Yamanaka? J’avais entendu dire que ce clan de Konoha était capable de communiquer télépathiquement, c’était peut-être ce que faisais le jeune homme. Je n’avais presque pas le temps de placer un mot, tant le jeune homme semblait être pris dans un débat animé. De ce que j’entendais, il semblait être en débat avec une femme, avec qui il n’était pas très courtois d’ailleurs. Non mais sérieusement, qui va dire ce genre de chose avec si peu de tact? Je ne m’y connaissais pas particulièrement en fille, mais je savais au moins que leur apparence physique était un sujet assez délicat pour la majeure partie d’entre elles. Je me gardai néanmoins de tout commentaire, ne jugeant pas que c’était ma place d’intervenir dans leur discussion.

Ce n’est qu’à cet instant qu’il sembla se désintéresser de la personne avec qui il parlait pour finalement se concentrer sur nous, qui l’écoutions parler sans rien dire. C’était à croire qu’il venait juste de se rappeler de notre existence. Le jeune homme, qui devait sûrement avoir le même âge que moi, se pencha vers Akamori et l’examina de près. Il voulait sûrement jeter un coup d’œil au responsable de sa malchance, même si vu sa réaction il n’avait pas l’air de lui en vouloir. L’étudiant pendant quelques secondes, le reniflant un peu et se reculant immédiatement. Aka sentait-il mauvais? Pourtant, mon nez l’aurait sûrement senti si mon ninken empestait. Peut-être mon nez s’était-il habitué à l’odeur du chien ninja, une odeur qui n’était pas familière pour tous. Cela ne l’empêcha pas de flatter Aka, geste que l’animal apprécia. Il avait toujours eu un point faible pour les caresses. Ce n’est qu’après avoir passé mon ninken sous sa loupe qu’il me regarda finalement. Et ce qu’il me dit me fit immédiatement réaliser que je n’avais pas devant moi un shinobi ordinaire. Non, mais franchement, qui demanderait spécifiquement pour des puces? Déjà que j’ai de la misère à garder Aka sans puces, je n’allais certainement pas demander pour en avoir. Cependant, je pus enfin apprendre quelque chose sur mon interlocuteur, à savoir qu’il n’était pas du clan Yamanaka, mais bien du clan Aburame. Je me demandai intérieurement avec qui il pouvait bien parler d’abord, mais je me gardai cette question pour plus tard. Je n’avais, par contre, aucune idée de ce qu’il parlait avec sa fac Aburame.

- Hum… non merci, je vais passer pour les puces, j’ai déjà assez de difficulté à les éloigner de lui comme ça. Par contre, si tu as un petit truc pour les éloigner pour de bon je suis tout ouïe. En passant, moi c’est Takeo, de la fac Inuzuka aussi dans les bois.

Après tout c’était un Aburame, sûrement avait-il des petites astuces contre les insectes envahissants comme les puces. Sinon, eh bien, ça aura valu la peine de demander. J'en avais aussi profité pour me présenter à mon tour question de savoir à qui chacun avait affaire, puisqu'il avait lui-même pris la peine de présenter. Enfin j’avais déduis que c’était une forme de présentation. Je lui avais ensuite demander s’il n’avait pas un petit truc contre les puces, vrai fléau de mon ninken, mais la réponse qu’il me donna était loin de ce à quoi je me serais attendu. En fait, elle ne faisait absolument aucun sens pour moi. C’était quoi cette histoire de fille lécheuse de marteaux?

- Disque quoi? Tu sais quoi, je pense que je préfère ne pas savoir. Peu importe c’était quoi cette histoire de disques, je n’étais pas sûr que je voulais nécessairement le savoir si ça impliquait aussi des marteaux et des jeunes filles pré-pubères. J’essayai plutôt de rediriger la conversation vers un autre sujet. Désolé pour ma curiosité, mais comment faisais-tu pour parler avec ton… amie? Je veux dire tu n’es pas Yamanaka, tu ne peux pas parler par la pensée. Serait-elle une Yamanaka?

J’avais toujours été curieux, et de voir un Aburame parlé aussi aisément par la pensée me semblait étrange et avait attisé ma curiosité. Peut-être était-il moitié Aburame et moitié Yamanaka, faisant en sorte qu’il avait un éventail de techniques beaucoup plus grand. Cela se faisait-il, des unions entre les clans de la sorte? C’était la première fois que j’envisageais une telle possibilité. Mais plus j’y pensais, moins cela faisait de sens. Pour que les Aburame et les Yamanaka se rencontrent, cela devait avoir été après la fondation de Konoha. Et pourtant, le jeune homme était presque mon âge, il était clairement né avant que le village ne se fonde; il était donc pratiquement impossible pour un Aburame et un Yamanaka de se rencontrer, encore moins s’unir! Il y avait sûrement une autre explication, mais j’avais déjà posé la question même si après mûres réflexion la réponse venait d’elle-même. Maintenant j’étais intrigué par ce qu’il allait me répondre, en espérant que je puisse en tirer un quelconque sens.

Pour être tout à fait honnête avec vous, je n’avais jamais mis les pieds à la fac Inuzuka, si un tel endroit existait. J’avais simplement dit cela pour rire, pour suivre son jeu; je croyais que c’était juste une façon assez spéciale de dire qu’il était du clan Aburame et que moi j’étais du clan Inuzuka. Cependant, l’air qu’il prit lorsque je l’informai de qui j’étais et de mes origines universitaires – ce qui entre vous et moi n’était pas du tout logique puisque j’avais passé les dernières années ici et non dans une fac quelque part – comme s’il savait exactement de quoi et d’où je parlais. Attendez un instant, est-ce qu’une fac Inuzuka existait bel et bien sans que je ne l’ait su? Après tout ça pouvait tout à fait être possible, le pays du Feu était si grand qu’une autre meute Inuzuka aurait très bien pu partir une fac. Ce n’est que lorsque je continuai de l’écouter que je compris que j’avais compris de travers et me faisait des idées.

En effet, même si ce dernier semblait effectivement savoir de quoi je parlais, à savoir de la fac que je venais d’inventer, il me dit alors que leur fac nous avait battu l’an dernier au… curli? Voulait-il parler de curling, avec des pierres et des balais? Je supposai que oui, puisque je ne voyais pas à quoi d’autre il pouvait faire référence. Je fis comme si c’était effectivement de ce quoi il parlait, mais il restait tout de même que son histoire ne faisait aucun sens. Premièrement une faculté Inuzuka et maintenant une équipe de curling? Je ne savais pas où il prenait ses idées, mais il était décidemment très imaginatif, parce que je c’était évident que ce gars-là aimait faire des farces. À la limite j’aurais pu croire qu’une autre meute de mon clan se soit installé et ait, qui sait, établie une académie ninja, d’où le surnom fac, et même là c’est moi qui suis très imaginatif. Mais une équipe de curling? Il avait poussé le bouchon un peu trop loin et avait gâché sa blague. Je me voyais déjà croire à son histoire de fac Inuzuka et lui demander où elle était; ce qui n’aurai fait aucun sens puisque j’étais censé y être allé.

- Écoutes, je pense que…

Même pas le temps de terminer ma phrase, lui faire comprendre qu’il n’y avait pas de fac Inuzuka et encore moins avec une équipe de curling, qu’il repartait aussitôt en parlant de notre soi-disant emblème, qui était nul autre qu’une pelote de laine. Assez représentatif pour un clan avec des chiens ninjas, vous ne trouvez pas? Selon lui, c’était une de nos tactiques pour nous en prendre aux chats par surprise. Cette fois-ci, je fronçai les sourcils et entrouvris légèrement la bouche, confus. Pendant une fraction de seconde, je pensai que ce n’était pas si fou comme idée, avant de me rappeler qu’on parlait d’un emblème de curling. Mais c’était suffisant pour me faire penser que si j’y avais cru pendant ne serait-ce qu’une fraction de seconde, peut-être l’Aburame devant moi était-il convaincu qu’une telle équipe existait. Et s’il était convaincu qu’une telle chose existait, ce n’était certainement pas mon petit discours qui allait le convaincre que tout n’était que le fruit de son imagination, ou celle de quelqu’un particulièrement mesquin pour faire croire ce genre de choses.

Au lieu d’essayer de le dissuader, ce qui revenait pratiquement à convaincre un enfant que le Père Noël n’existait pas – eh oui, désolé de gâcher votre plaisir les enfants – je préférai virer sur un sujet de discussion un peu plus à même de convenir à un Aburame, à savoir un remède contre les puces. Ben quoi, son clan maniait toutes sortes d’insectes, il devait bien connaître quelqu’un qui s’y connaissait en parasites. Ce que je reçu en réponse me laissa dubitatif, mais j’avais plus ou moins compris depuis les quelques minutes que j’étais avec lui qu’il était mieux de ne pas trop lui poser de question sinon tu en ressortais encore plus mélangé. Je ne m’étendis donc plus sur le sujet, renonçant à mon remède miracle contre les puces, et lui demandai à propos de son amie avec qui il semblait entretenir une discussion simultanément à la nôtre.

Il me répondit avec une question qui me laissa quelques secondes sans voix. Il marquait effectivement un point, il pouvait très bien être télépathe. Quand on pensait que des créatures comme les Furyous existaient, il n’y avait plus grand-chose qu’on ne pensait pas impossible. Tout de même, j’entretenais plusieurs doutes quant à la capacité à l’Aburame d’être télépathe. Encore plus quand il se mit à parler de calvitie et de mobilité réduite. Jetant un regard sur sa personne, il vint sûrement à la même conclusion que moi, soit qu’il ne correspondait pas vraiment au profil. Peut-être se disait-il que cette réponse ne suffirait pas, mais il poursuivit ensuite pour me dire qu’il parlait avec des voix. Des voix, pluriel. Cela voulait donc dire qu’il avait plus qu’une amie qui lui parlait, réduisant les chances qu’elle soit Yamanaka. Après tout, je doutais fortement que sa tête soit un forum de discussion Yamanaka, cela voulait dire que… Il hallucinait des voix et à ce qu’il me disait, elles ne semblaient pas vraiment m’apprécier. Toutes ses déblatérations prenaient beaucoup plus de sens maintenant; il faisait la conversation avec les autres voix. J’ignorais toutefois ce que j’avais fait pour attirer leurs foudres, mais avais-je vraiment le temps d’essayer d’amadouer les diverse voix qui habitait la tête de l’Aburame? Il fallait croire que oui.

- Elles ne m’aiment pas? Qu’est-ce que j’aurais bien pu faire pour les contrarier?

La meilleure chose que j’avais trouvée à faire pour l’instant : continuer la conversation. Essayer d’en apprendre plus sur les voix, voir s’il s’agissait de multiples personnalités qui s’alternaient l’enveloppe charnelle du jeune homme ou si elles s’étendaient qu’à son esprit. Cela changerait évidemment comment je me comporterais avec lui. Si je savais que les personnalités ne m’appréciant guère pouvaient prendre possession du corps à n’importe quel instant, ce n’était pas du tout la même chose que si elles restaient confinées à l’imagination de ce dernier. Néanmoins, rien ne me laisser penser qu’elles pouvaient avoir un quelconque pouvoir sur le corps de l’Aburame, sinon les voix auraient parlés eux-mêmes à partir de la bouche, sans avoir affaire à un intermédiaire, à savoir celui qui possédait présentement le corps. Peut-être devrais-je attendre de m’être fait pardonné par les voix avant d’avoir des réponses à mes questions?