« Où suis-je ?  Une prison ? L’Ergastule ? Non. Ce n’est pas l’Ergastule ».
 
En effet sa « cellule » n’était en rien comparable avec celles qui composaient l’Ergastule. Là où elle était, les barreaux avaient été rongés par la rouille ou alors s’étaient tordus dus au temps ou à de précédents prisonniers. Enfin, et plus important, rien n’entravait son chakra. Elle sentait cette mystérieuse énergie coulait à flot dans son corps, la picotant de-ci, de-là.
 
« Est-ce une illusion ? La réalité ? »
 
Tsukiko ne se souvenait plus des dernières heures. Quel jour elle était ? Où était-elle ? Comment est-elle arrivée là ? Ajoutons à cela qu’elle était complètement désorientée. Il y a quelques jours – 21 jours plus exactement mais elle ne pourrait le dire en l’état des choses – elle avait accepté d’accompagner une vieille Kawaguchi pour ses méditations habituelles. Cependant, si au départ elles s’entendaient bien, la suite s’était révélé un vrai enfer. La vieille dame avait une idée derrière la tête, avait tenté Tsukiko plus ou moins habilement et cette dernière était tombée bêtement dans le piège. S’ensuivit de longues journées à subir encore et encore une même illusion où ni son Sunaton, ni son Genjutsu ne l’avaient sauvé.
 
Concrètement, elle n’était plus sous aucune emprise. Malheureusement, elle ne le savait pas.
 
Elle se pensait être dans un Genjutsu comme ne pas l’être. Qu’est-ce qui lui prouvait que tout ceci n’était pas une autre illusion imaginée par cette maudite femme ? A contrario, qu’est-ce qui lui prouvait qu’elle était définitivement de retour à la vie « réelle » ? Elle était plus que confuse.
 
« Rien n’est réel » se répéta-t-elle mentalement. Une phrase « magique » qui lui avait permis de « survivre » les premiers jours – lorsqu’elle avait cette fièvre de s’en sortir – et les derniers jours – lorsqu’elle avait abandonné toute tentative de « fuite » de ce Genjutsu à répétition- .
 
Perdue dans ses pensées sur ce qui était vrai comme faux, elle fit à peine attention aux nouveaux arrivants. Ces derniers approchaient avec précaution, protégés et armés. Ce n’était pas des Shinobis entraînés mais ils n’en restaient pas moins quelques combattants avec quelques rudiments.
 
- Hey ! On va discuter un peu ! commença l’un avec une voix beaucoup trop forte, trahissant clairement une certaine « tension ». Déjà dis moi ton prénom !
 
Le second compère lançait de temps en temps des regards interrogateurs à son coéquipier. Il était le premier à avoir retrouvé la Kawaguchi abandonnée près d’une Oasis, et il était le mieux placé pour savoir que depuis sa « retrouvaille », elle n’avait pas dit un seul mot. Elle ignorait.
 
Elle le fit également à cet instant. On répéta encore deux fois le même ordre, et elle les ignorait à deux reprises. Cette attitude « nonchalante » et « absente » réussit à énerver le premier – et à lui insuffler un tantinet de confiance -. Il souleva la Kawaguchi par le col et la plaqua violemment au mur. Le coup n’était guère violent, et ce n’était donc pas le genre de coup qui la rassurerait sur le fait qu’elle n’était plus dans illusion.
 
Il réitéra son ordre. Elle l’ignora encore. Cette fois-ci, il donna un coup de poing violent au niveau du ventre, coupant le souffle de Tsukiko. Il redemanda ce simple prénom – suivit de quelques autres ordres du type « information sur Suna » ou les « richesses de Suna » et tant d’autres absurdités -, et elle continuait à ignorer.
 
Pas totalement. Un rire s’éleva. Elle riait.
 
- Rien n’est réel, finit-elle par dire.
 
Elle se tut bien vite, projetée au sol avec violence. Ils la rouèrent de quelques coups avant de disparaître, promettant qu’ils allaient revenir. Elle restait couchée sur le sol, à éponger le filet de sang de sa bouche.
 
« Du sang ? »
 
La vieille folle l’avait peut-être traîné dans un piège vicieux, mais elle avait tenu une promesse : ne jamais la blesser physiquement, à sang. Or, elle l’était clairement. Elle n’était donc pas dans une illusion.
 
« Du moins pour le moment … ou peut-être qu’elle a brisé sa promesse ? »
 
Toujours est-il qu’elle se relevait tant bien que mal. Elle allait accepter de croire d’être revenue à la vie réelle, loin de toutes ces illusions.
 
« Tout est réel… » se dit-elle en effectuant une succession de signe. Etrangement, rien ne se produisit. Le chakra circulait bel et bien dans ses veines et semblait s’activer. Finalement – et enfin- le sable qui composait le mur de cette cellule réagit enfin. Son but ? Extraire déjà une quantité de sable suffisante. « Quoi ? »
 
Aussi incroyable que cela puisse paraître, le sable ne se contentait pas d’être extrait. Il commençait à tourner étrangement autour de la demoiselle pour aussitôt foncer tout droit sur elle, afin de s’emparer d’un de ses membres. Elle annula aussitôt toute circulation de chakra, perturbant le tout.
 
Elle s’écroula au sol, tremblante. Elle avait reconnu la technique : c’était celle qui consistait à broyer le membre d’un ennemi.
 
« Si tout était vrai, il aurait pas fait ça … Le sable est mon ami. Il ne peut pas m’attaquer. Il ne peut pas. Mais ma bouche a saigné ... » et elle continuait à faire la différence entre le réelle sous ses yeux et l’illusoire qui n’était plus là.

Que s'était-il passé ? Elle n'était pas assez concentrée et régulait très mal son chakra, mettant en oeuvre les mauvaises techniques. Ajoutons à cela la peur et la panique, tout était rassemblé pour faire du sable non son allié, mais son pire ennemi.

Tsukiko s’était recroquevillée sur elle-même, attendant avec une peur non contrôlée la suite de l’illusion – ou des événements. Après ces quelques heures, elle comprit une seule et unique chose : illusion ou non, dans les deux mondes elle était dans une situation peu enviable. Quoique, elle pourrait fuir ce simple repère de brigand – ayant déjà mis les pieds ici par le passé – mais son incapacité à utiliser le Sunaton l’handicapait terriblement.

Soudainement, comme par miracle, apparut Kioshi suivit de Kibo. Son maître d’équipe la questionnait mais elle écoutait à peine. Elle se contentait juste de fixer les deux nouveaux arrivants d’un œil … vide, ou scrutateur. Etaient-ils réels ? Elle commença à lever sa main, incertaine, la dirigeant vers la joue du Yamada. Cependant, elle fut interrompue dans son geste par la soudaine voix de Kibo.

La surprenante puissance de la voix fit sursauter la blonde. Aussitôt après, elle sentit clairement le bruit des pas des brigands accourant là. Cependant, quelque chose clochait à « d’habitude », accentuant la peur de la jeune fille. Depuis quand un bruit de pas raisonnait comme une vibration traversant tout son corps ? Depuis quand, rien que par un pas très lointain, arrivait-elle à deviner la position de l’ennemi ou encore l’architecture des lieux ? Cette nouvelle perception l’effrayait.

Et dès lors, la peur se manifesta.

Les deux ninjas étaient persuadés que le danger était un tantinet plus loin, se présentant sous le trait de quelques grossiers brigands. Aucun ne suspectait qu’à cet instant, leur plus grand ennemi était la Peur même de leur coéquipière.

Le sable qu’elle avait réussi à extraire des murs il y a peu commençaient à se mettre en mouvement. Les grains voltigeaient légèrement tout d’abord avant de commencer à accélérer le mouvement pour… s’enrouler autour de la première personne dans les parages. Qui était cette personne ? Kioshi lui-même. Kibo n’était pas en reste. Pour sa part, le sable préférait prendre les traits de sable mouvant juste sous ses pieds.

Au loin – pas si loin que cela – les brigands continuaient leur traversée, prêt à être sur les lieux d’une minute à l’autre.

- Taisez vous … Taisez vous … se répéta-t-elle en fermant davantage les yeux et les oreilles. Mais rien à faire, elle ressentait toujours cet environnement. Pire, elle ressentait mieux que quiconque chaque grain de sable à son contrôle. Devait-elle être réjoui ? Pas temps que ça.

Tantôt ami, tantôt ennemi, le sable agissait de la manière la plus illogique possible. Tantôt il tentait une attaque contre Kioshi, tantôt contre Kibo, tantôt contre les premiers brigands arrivés sur les lieux… et tantôt contre elle-même.

Elle-même ? C’était un sable qui petit à petit la recouvrait, commençant par les pieds, s’interrompant si on approche de trop de Tsukiko. On aurait pu croire qu’il était vivant et pourtant non, c’était tout simplement un élément agissant sous la volonté irrationnelle de sa manipulatrice. Autre détail ? Elle n’avait pas composé une seule fois ses traditionnels signes.

La vieille Kawaguchi avait réussi ce qu’elle voulait : faire de Tsukiko et du sable une seule et même volonté. Malheureusement, la volonté de l’une flanchait dangereusement, influençant tout autant l’autre. En effet, Tsukiko voyait que son propre sable attaquait ses propres alliés - une vision qui la désespérait - mais son incapacité à se calmer et à prendre du recul l'empêcher de reprendre contrôle de sa situation ... la confortant davantage dans l'idée qu'elle était dans cette maudite illusion. C'était impensable pour elle d'attaquer sa propre équipe !

Effectivement, un KAwaguchi inapte à contrôler son sable pouvait-il exister?

HRP:

- Tsukiko ! C’est nous ! C’est moi ! Kioshi ! Tu ne me reconnais pas ?

A peine avait-il prononcé ces paroles que la blonde ressentit une perturbation de chakra dans son propre organisme. Cela valut tout d’abord un regard noir – elle savait faire elle-même ses propres Kai mais ces derniers ne servaient à rien ou plutôt n’avaient servi à rien quand il y avait besoin – suivit d’un regard incompris lorsqu’elle se sentit dévêtu. Que cherchait-il ? Que faisait-il ?

Son regard s’attarda sur ses jambes dégagées du sable et des vêtements. Elle avait remarqué d’autres blessures. Se souciant à peine du monde qui l’entourait, et du carnage qui avait lieu avec les bandits, elle tâta les zones. Le touché pouvait être douloureux à certains endroits.

« Pas de douleur. Pas de sang. Voilà ce qu’elle m’avait promis ». Or, elle venait d’écoper les deux et de surcroît, elle voyait son maître d’équipe et son coéquipier. Peut-être n’était-elle pas dans cette maudite illusion finalement – et Kioshi avait lui-même injecté son chakra - ? Et alors pourquoi son sable ne réagissait-il pas comme elle souhaitait ? Elle releva la tête mais ne vit rien. Le sable restait à même le sol.

Le calme soudain de Tsukiko avait également calmé cet élément.

Cependant … chaque cri, chaque blessure ou encore chaque manifestation de chakra la surprenaient, et la faisaient sursauter, offrant ainsi aux spectateurs des soubresauts inquiétants du sable qui jonchait le sol. Fermant les oreilles et les yeux, elle se laissait conduire dans ce repère même. Elle était incapable de bouger d’elle-même.

Une vraie plaie et un vrai poids. Une constations qui l’aurait rendu rouge de honte en temps ordinaire. Cependant, aujourd’hui n’était pas un jour ordinaire. Finalement, petit à petit, ses paupières furent agressées par une lumière chaude. A contrecoeur, elle rouvrit ses yeux et … hurla.

- JE NE VEUX PAS ! JE NE VEUX PAS Y RETOURNER ! criait-elle comme une hystérique en tapant ou en griffant la personne qui la retenait « prisonnière ». A sa détresse, le sable retrouva son étrange activité et chargea toute personne aux alentours.

Où ne voulait-elle pas retourner ? Dans le désert même. L’illusion était encore trop fraîche dans sa mémoire pour réellement faire une quelconque distinction. A cet instant, elle craignait que le sable ne l’engloutisse à nouveau et qu’elle ne puisse pas se protéger ou s’en sortir avec son sunaton.

Inconsciemment, à cette peur, le sable commençait à former un cocon autour d’elle. Le but était de protéger mais l’effet fut inverse. Elle se sentit suffoquer, elle se crut pris dans le sable même et elle se voyait déjà à nouveau enchaîner des jours entiers sous des tonnes et des tonnes de sable incontrôlables. Elle était toujours dans cet état « instable » et un des brigands finit par faire les frais de son inconscience. Le sable finit par l’avoir au niveau même de la tête … et le tout finit par être broyé. On pouvait entendre le bruit, on pouvait voir le sable se rougir et on pouvait tout autant observer le résultat – une tête sanguinolente au sommet éclaté sous toute cette pression -. Se sentait-elle « coupable » ? Absolument pas.

Elle ne savait ni ce qu’elle faisait, ni où elle était, ni ce qui se passait autour. Elle se contentait juste de fermer les yeux et les oreilles, enchaînant un coup sur « taisez-vous » pour un « rien n’est réel ».

Finalement, elle sombra dans un profond sommeil. Qui l’avait fait ? Elle n’en savait rien et ne le saura pas avant son réveil.

HRP:

Elle avait bien fait de fuir dans le monde de Morphée. D’une, elle aurait fait un peu plus de massacres sanglants. De deux, elle n’aurait pas pu assumer de telles actes, même si « involontaire ». En sombrant dans ces ténèbres, elle avait fui à plus d’une vision d’horreur et s’empêchait d’une certaine façon à stopper la folie de son sable – ou de sa volonté.

Elle ne vit donc ni les attaques de zone de Kibo et entendit encore moins les paroles qui se voulaient réconfortantes de Kioshi. Elle s’était encore moins réveillée malgré tous les soins apportés par les deux hommes. Elle s’était isolée dans son propre monde, loin de la réalité, loin de l’illusion.

Cependant il fallait bien une fin à tout cela, n’est-ce pas ?

« Des oiseaux ? »

Rêvait-elle à nouveau ou entendait-elle vraiment des oiseaux ? Voilà un doux son qu’elle n’avait plus entendu depuis des années et qu’elle n’espérait plus entendre. Elle était si heureuse que ce roucoulement raisonne à nouveau qu’elle n’osait pas ouvrir ses yeux, de peur de tout briser et de se retrouver à nouveau dans le silence mort d’un désert hostile. A sa grande surprise, rien ne se passa comme elle s’y était attendue.

Les oiseaux continuaient leur chant et au lieu de ce désert chaud, c’était un tapis vert qui vint enchanter ses yeux. Au loin, elle put voir quelques arbres. C’était clairement une illusion – car comment pouvait-on passer du désert à une plaine, forêt ? – mais elle était tout bonnement incapable d’un quelconque effort mental pour voir tout cela. Devrions-nous plutôt dire qu’elle préférait rester à tout jamais dans ce genre d’illusion plutôt que subir une illusion atroce ou retourner à la dure réalité ?

Certes, elle était perdue et son visage continuait à exprimer cette incompréhension ou cette « absence » mais au moins, elle était calme. Elle ne tapait pas le premier venu comme une folle furieuse et elle ne balançait aucune attaque au premier à l’approcher. Rien de tout cela, elle se contentait de se taire et d’enfoncer ses mains dans l’herbe même.

Cependant le calme laissa place à des larmes. Juste des larmes. Rien ne se manifestait autour.

- Je veux rentrer … à la maison, marmonnait-elle. Mais Pas à Suna. Ni à Konoha. Je peux pas … rentrer. Je veux partir.

Elle aurait voulu rentrer à « la maison » mais concrètement, elle n’en avait pas. Plus personne ne l’attendait vraiment à Konoha et elle n’avait pas une situation bien plus stable à Suna. Cependant, elle avait fait promesse – protéger Suna – ce qui la liait d’une certaine manière à ce village. Malgré tout, ne peut-elle pas toujours servir son pays … en s’éloignant ?

Soudainement, la peur qui s’était un tantinet endormi, se réveilla.

- Où sommes-nous ? Ce n’est pas Konoha, ce n’est pas Suna. Est-ce… je suis … là-bas ? Encore ?

Elle commençait à regarder autour d’elle, telle un animal traqué prêt à toute sorte de pièges.

« Tout est réel, tout est réel … » tenta-t-elle de se rassurer, tentant vainement de se raccrocher à l’illusion crée par Kioshi. Tout était si paisible ici … malheureusement, elle se souvenait de l’épreuve de la vieille Kawaguchi et cela suffisait à détruire toute paix ou sérénité dans l’esprit de la jeune fille.

Petit à petit, tout doucement, l’illusion se brouillait. Les arbres retrouvèrent leur forme originale, soit des dunes, et l’herbe laissa place au désert de sable. Annuler cette technique d’illusion ne fut pas faite inconsciemment. Elle avait généré elle-même et volontairement le Kaï … un Kaï qu’elle n’avait cessé d’utiliser.

- Vous aussi … vous m’avez trompé.

Eux aussi l’avaient plongé dans une illusion. Certes, elle était douce mais c’était tout de même un mensonge. Un mal pour un bien normalement … sauf qu’elle n’avait pas tous ses esprits pour réellement raisonner. Elle agissait de la manière la plus étrange et la plus irrationnelle possible.

- Je ne veux plus retourner là-bas ! JE N’Y RETOURNERAI PLUS ! JE NE VEUX PLUS ETRE CETTE KAWAGUCHI ! JE NE VEUX PLUS ! LAISSEZ-MOI !

Elle rejetait purement et simplement tout son héritage.

- Je ne veux plus … de ce sable. Ce n’est pas un ami. Ce … n’est rien d’autre qu’une arme. Un traître, se marmonnait-elle. Il m’a abandonné là-bas.

Soudainement, elle n’arrivait plus à avancer. Un regard à ses pieds et elle eut la surprise d’être prise dans … ses propres sables mouvants. Avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, ou faire quoi que ce soit, un nouveau cocon se construisit uniquement autour d’elle. Doucement mais sûrement, elle s’enfonçait … dans son propre sable. Comme si cela ne suffisait pas, deux bras de sable s’emparèrent de ses deux jambes pour l’enfoncer bien plus rapidement. En rien de temps, la moitié du corps était déjà prisonnier.

Que pouvait-on dire ? Elle paniquait. Normal.

HRP: