J’étais en face d’un de mes élèves. Techniquement un de mes anciens élèves plutôt car le Senshi s’était arrêté avec cette dernière vague dont seul Kadoria Sho semblait émerger. Et encore. Si Sho était devenu chef du puissant clan Kadoria, il n’en restait pas moins curieusement dans le viseur de mon prédécesseur. A présent il était Chuunin et il semblait que Kumo pouvait lui faire confiance. A contrario, les deux derniers membres de la vague du Senshi, eux, étaient comme qui diraient perdus : Dentô Shiwoon, déserteur pour une raison difficilement soutenable et Sanae, la démone qui n’en faisait qu’à sa tête. J’étais servi.

Par chance, je pouvais à nouveau faire confiance en un shinobi du Senshi que j’appréciais énormément. Shinikage Skan. Même si l’homme ne démontrait pas encore assez de maturité pour passer au grade supérieur, celui de Chuunin, je savais qu’il me faisait confiance. Pleinement. La chose était réciproque. S’il était un de mes élèves que j’appréciais le plus, et que j’avais beaucoup martyrisé, il était aussi l’un de mes shinobis les plus sûr eut égard à cette relation qui était la nôtre. Je ne saurais dire si Kumo est d’un réel intérêt pour Skan, seulement, je crois pouvoir affirmer que jamais il ne trahirait son Raikage. Enfin… Je jamais avoir aucune certitude dans ce monde de fous. Je me l’étais pourtant promis.

On avait toqué à la porte. Je demandais à la personne d’entrer. Sans surprise, il s’agissait de l’homme que j’attendais. Shinikage Skan. Je le regardais avec un sourire en coin. Complices. Je crois que nous l’étions.

« Bonjour Skan. De tous ceux qui viennent me voir tu dois être le seul à ne pas être passé par mon nom ou mon titre. Tu dois encore avoir du mal à t’y faire j’imagine… »

J’éclatais de rire. Je me moquais oui. Je devinais son embarras. Peut-être avais-je tort d’ailleurs. En tous cas, je profitais de ce moment gaieté pour me dérider un peu, moi qui était bien trop plongé dans les rapports qui m’étaient transmis. Un moment après, je reprenais mon sérieux après avoir invité le Shinikage à prendre place. Nous allions longuement discuter mieux valait pour lui qu’il prenne ses aises.

« Alors et tes entrainements ? Tu reprends du poil de la bête dis-moi ? »

Une simple entrée en matière, mais aussi, l’occasion de savoir où en était mon élève dans son programme d’entrainement. Si je l’avais convoqué ici, c’est parce que j’allais le solliciter pour certaines choses. Et pour ces choses il lui était nécessaire d’être au point niveau combat. Sait-on jamais ? Un shinobi n’étant pas à 100% de ses capacités est proche d’être inutile. C’était mon point de vue.

« J’ai besoin de toi pour une tâche difficile, dans l’intérêt de Kumo… »

Je le regardais avec mon air le plus sérieux. Ce n’était pas une feinte. J’étais réellement sérieux et le sujet que j’allais aborder avec lui était des plus importants.

Il venait de me refroidir un tantinet avec sa réponse. Alors oui je savais qu’il n’était pas totalement en phase avec le village. Non pas qu’il avait quantité de choses à reprocher au système de Kumo, mais plutôt qu’il était au travers de sa personnalité quelqu’un à la fois de froid dans sa relation au monde et d’explosif par certains abords. Cependant affirmer que l’intérêt de Kumo n’était pas ce qui le préoccupait réellement… Devant moi… Même si nous étions amis… La chose était plutôt osée. J'étais sceptique.

D’un autre côté j’appréciais son franc-parler. Chose naturelle et nécessaire entre personnes s’étant côtoyé sur bien des théâtres d’opérations. Je poussais un soupir. Une hésitation. Était-il la bonne personne pour la mission que j’allais lui confier ? Est-ce que seul son amour ? Son amitié ou son respect envers ma personne pourraient lui permettre de tenir le rôle que je comptais lui faire tenir ? J’entrevoyais déjà les énormes difficultés auxquelles il devrait faire face. Kumo se dresserait devant lui certainement. Et je n'y pourrais rien. S’il n’a pas cet amour total du village comment tiendrait-il face à une menace de ceux-là même qu’il sert ?

Je m’avançais vers lui. Du moins, uniquement le buste. Puis je poursuivais :

« Écoute, ce que je vais te demander nécessite forcément un minimum d’amour pour Kumo en plus d’un esprit de sacrifice. Un très grand esprit de sacrifice... Je sais que tu es capable d’endurer bien des souffrances, mais je ne sais pas si tu pourras endurer celles d’ordre mental… provenant de Kumo même. »

Je le regardais droit dans les yeux. Mon regard bleuté baignant dans le sien.

« Skan, serais-tu prêt à faire ton devoir de shinobi et à te sacrifier pour le village ? Pour son seul intérêt ? »

J’étais zen, serein. Mes mots probablement le choqueraient, le feraient chanceler, voire même, le déstabiliseraient. J'allais dans le sens contraire au sien après tout. Lui qui venait d'affirmer que l'intérêt de Kumo n'était pas vraiment ce qui l'intéressait. Au fond, il n’appartiendrait qu’à lui d’accepter ou non ce que j’allais lui demander. Il n’appartenait qu’à lui de prendre sa décision de faire le choix pour Kumo, devant ma personne. Avec tout ce que ça peut signifier comme engagement. S'il décidait que non, alors je me tournerais vers un autre. Tout simplement.

Une prise de responsabilité. Je ne lui en avais jamais véritablement soumis pareille demande. Même durant cette époque où nous nous entraînions ensemble, où nous allions en mission ensemble. Aujourd’hui, l’heure était venu pour Skan, de mettre en application toute l’idéologique que je m’étais évertué à lui inculquer. Quand bien même j’avais visiblement échoué sur la partie amour de Kumo, était probablement imprégné en lui tout le reste : loyauté envers le village, esprit de sacrifice, combativité, détermination à toute épreuves.

Alors Skan ? Ta décision ?

J’aimais la détermination qu’affichait mon élève. Cette attitude me plaisait fortement. L’esprit de sacrifice pour le village, pour Kaminari. C’est une des qualités que j’avais essayé tant bien que mal d’inculquer aux membres du Senshi. Là, il me semblait que le Skan avait fini par intégrer cette donne. Mais, je n’allais pas m’arrêter à de simples déclarations. Il me faudrait tester ce bonhomme. Eh oui ! Les tests n’ont jamais de fin. Il faut prouver, encore et encore, indéfiniment. Moi-même, avant d’arriver à la stature qui est la mienne, j’ai dû prouver plus d’une fois que j’étais l’homme qu’il fallait à Kumo. Mon prédécesseur pareillement.

« Skan. Je suis content que tu sois disposé à supporter d’aussi lourdes conséquences, sur ta vie, pour le village. Je comptais au départ te mettre sur une mission extrêmement difficile, mais… A bien y réfléchir, les conditions ne sont pas forcément réunies. »

Je réfléchissais à haute voix. Entre hésitation et réflexion. Mon idée préliminaire, était de faire faire déserter Skan afin de lui donner l’opportunité de surveiller certains types d’activités de groupuscules nukenins que nous, kumojins, devions garder à l’œil. Il était le candidat idéal. Peu connu au sein du village, discret, intelligent. Je n’avais aucun doute qu’il réussirait. Mon souci, se trouvait ailleurs. Les premiers mots de ce shinobi avaient été clairs. Il n’est pas lié réellement à Kumo. Au fond. C’est probablement mon accession à la stature suprême au sein du village qui a conditionné son maintien ici. Surtout après les difficiles épreuves qu’il avait vécu : son internement dans un asile ; ses relations souvent distantes avec la grande partie des kumojins. Il est vrai qu’il n’est pas non plus exempt de tout reproche… Mais… En tant que dirigeant, je me devais de toujours faire les bons choix. Pour l’intérêt du village.

« Entre Koma ! »

Ma voix avait porté jusqu’à l’extérieur du bureau. Pourtant nul n’avait toqué. Cependant, je l’avais bien entendu. Ce shinobi que j’avais fait appeler allait apparaître sous peu. Le voilà d’ailleurs qui passait l’embrasure de la porte de ce bureau. Je me levais automatiquement et contournais le bureau. J’avais invité Koma à s’asseoir.

« Niji Koma. Shinikage Skan. Les présentations sont faites. »

Je me plaçais à présent derrière eux. Probablement qu’ils devaient être étonnés par ma manœuvre. J’aurais été un ennemi qu’ils auraient eu froid dans le dos. Dans le vrai sens du terme. Mais là. Je peux affirmer qu’ils n’avaient rien à craindre. Skan en tous cas, devait encore être à l’aise. Il m’avait fréquenté bien plus longtemps que Koma. Rien de moins sûr cependant.

« Je compte vous envoyer tous deux en mission à Mizu no Kuni. L’un de nos hommes, le Jonin Perseus, y a été envoyé il y a plus de deux semaines avant vous. Mais il n'est toujours pas revenu. C'est pour le suppléer que vous êtes envoyés. Pour tout vous expliquer : de récentes informations me sont parvenues comme quoi l’Alliance des pays neutres aurait envoyé des troupes sur l’archipel. Je sais que le Shukai est actuellement phagocyté par les anciens kirijins. Je ne serai pas étonné qu’ils aient le désir de placer Mizu no Kuni sous contrôle. Le Raikage que je suis ne peut fermer les yeux sur cette situation. »

J’exécutais un jutsu se terminant par le signe du tigre. Deux sceaux complexes apparaissaient sur la paume de mes mains. Je m’approchais du duo kumojin et leur appliquais, sans leur demander leur avis, mes paumes sur la nuque. Le sceau quittait ma main pour se dessiner sur la nuque des kumojins. Peu après, la marque s’effaçait.

« Je viens de vous placer un sceau invisible empêchant la lecture de l’esprit. C’est nécessaire. Vous comprendrez avec le temps. »

Je revenais tranquillement vers mon siège et y prenait place. L’air sérieux, je l’étais véritablement, je sortais une carte déjà préparée ainsi qu’un parchemin vierge. J’exécutais à nouveau de rapides mudras et apposais ma main sur chacun des parchemins. Je remettais le tout au Chuunin.

« Évidemment, tu seras le chef de mission. Votre objectif : visiter l’archipel, me faire un état des forces en présences, des bâtiments qui y sont construits. N’engagez le combat que si nécessaire. N’hésitez pas à me contacter au besoin. Le parchemin vierge contient des propriétés particulières qui permettront de me transférer les informations que vous y écrirez. Quant à l’autre… Il faudra y apposer votre signature chakratique pour pouvoir disposer des informations connues par Kumo sur l’archipel. »

Je regardais Skan. Ceci serait son premier test avant d’intégrer l’unité que je voulais qu’il intègre. Koma, lui, était déjà membre depuis peu de cette unité. Il comprenait parfaitement tous les non dits de mes regards.

« Aucun signe distinctif d’appartenance à Kumo. Vous n’êtes ni d’ici, ni de Shimo no Kuni. Revenez d’ici trois semaines avec le maximum d’informations pertinentes. Si vous trouvez le Jonin Perseus, dites lui que je le rappelle. A moins bien sûr qu’il ait trouvé quelque chose de fort intéressant qui le retient sur l’archipel... »

Non, je ne pouvais imaginer qu’il avait déserté. Je n’y pensais même pas. Je craignais plutôt qu’il ait été découvert. Lui n’avait pas bénéficié du sceau que j’avais apposé à ces deux kumojins.

« Si vous n’avez pas de questions, vous pouvez y aller. »

Je faisais mine de me plonger dans d’autres choses, histoire de leur signifier que cet entretien était terminé.

Spoiler:

Ceux semaines s’étaient écoulées depuis sa discussion avec le Raikage et Shadis. Deux semaines qui furent parmi les plus difficiles depuis qu’il était entré à l’académie ninja. A peine avait-il pu profiter des trois jours de repos que lui avait offert Zennosuke qu’il avait dû immédiatement enchaîner sur un entrainement et des cours afin de tester ses capacités cognitives, son raisonnement, ses réflexes, ses maîtrises et bien d’autres choses encore. Très peu de repos lui avait été accordé, probablement afin de tester son endurance et des séances avec des psychologues et interrogateurs afin de tester ses résistances mentales. Même pour lui qui était un ninja expérimenté, ce ne fut en aucun cas aisé de passer tous ses tests. Sa volonté et sa motivation furent ses plus grandes alliées.

L’heure était maintenant venue d’affronter son nouveau chef, de qui il prendrait dorénavant directement les ordres. Membre du Naitei, une unité qui correspondait en tout point à ses objectifs. Au fond de lui, Koma était tel un enfant bouillonnant d’envie à l’idée de ce qu’il pourrait maintenant accomplir. Les idées ne lui manquaient pas, ainsi que le temps. Cependant il n’avait aucune envie de stagner maintenant qu’il était si proche de parvenir à son but. Une fois tous les tests passés, le Chuunin pourrait enfin faire part de ses idées et de ses plans au Raikage. Cependant, afin que ceux-ci aient plus d’importance, il lui fallait faire ses preuves, à la fois de ses capacités mais également de sa détermination.

Parvenant jusqu’à la porte en bois sculpté qui donnait dans le bureau du Raikage, Koma fut surpris d’entre l’homme l’inviter à rentrer alors qu’il n’avait pas encore donné de signes de sa présence. Certes il ne l’avait pas caché, mais il n’avait pour autant pas fait de bruit plus que nécessaire. Voilà un atout qu’il prendrait maintenant soin d’entrainer au quotidien. Ouvrant alors la porte, il salua les deux Shinobis d’un léger hochement de tête.

« Bonjour messieurs. »

Le Raikage fit lors les présentations. Le jeune homme un peu étrange qui se tenait là assis devant le bureau se nommait Shinikage Skan, un Kumojin inconnu de Koma. Le Seki se plaça alors derrière eux et apposa un sceau sur leurs nuques. Sans broncher, le Chuunin l’accepta tandis qu’il se demandait à quoi il pouvait bien servir. Ses questions furent cependant rapidement éclairées par les explications de Zennosuke. En effet celui-ci venait de leur apposer un Fuinjutsu les protégeant de toute tentative de lecture de leurs esprits. Armés de leurs pastilles leurs permettant de rapidement se suicider, le Niji possédait maintenant toutes les armes afin de protéger ses secrets et ceux du village.

La mission qu’il leurs confia alors était simple, bien qu’importante. Le Raikage voulait ainsi tester leurs capacités tout en se préservant des risques en ne leur donnant pas une mission de haute importance. Le Chuunin n’allait pas manquer sa chance de faire ses preuves, cette mission se devait d’être une réussite. Aller à Mizu no Kuni afin de récolter de retrouver la trace d’un Jonin du village manquant à l’appel. Le Shukaï semblait avoir envoyé des troupes, peut-être afin d’y établir un avant-poste en vue d’une conquête. La plus part des membres de l’alliance des pays libres se composant d’anciens Kirijiins, il était logique de penser que ceux-ci avaient des prétentions sur leur ancienne terre. Ils devraient en conséquence faire état des forces en présences ainsi que des infrastructures. Zennosuke donna à Koma deux parchemins, l’un était une carte permettant en temps réel de transmettre les informations qui y étaient inscrites au Raikage, le deuxième était une base de donnée regroupant les informations dont disposait le village sur l’archipel. Aucun des deux Shinobis ne devaient trahir leur appartenance, tout en revenant d’ici trois semaines en ayant rempli leurs tâches.

Skan ne fut en aucun cas surpris du geste du Raikage et l’accepta lui aussi sans montrer un seul signe de protestation. Acquiesçant ses dires, il demanda à son partenaire pour quand était prévu leur départ sans poser plus de questions. Koma prit un court temps afin de réfléchir, le Niji voulait en effet se préparer avant de s’engager ainsi dans une telle mission.

« On part d’ici deux jours. Rejoins-moi aux portes du village avant que le soleil ne se lève. »

Saluant alors Koma et Zennosuke comme s’il était proche de lui, il sortit alors promptement de la pièce. Tournant son regard vers le Raikage, le Niji se permit de lui poser une dernière question avant de disposer.

« Zennosuke-sama, pouvez-vous m’en dire plus sur ce Shinikage ? Il semblait vous connaître, dans quel cas une description de votre part voudrait toutes les informations que je pourrai trouver à son sujet. »

Le Niji n’avait pas l’habitude d’adopter un ton si sérieux avec ses interlocuteurs. Cependant il ne voulait manquer en aucun cas de respect au Raikage. Peut-être pourrait-il se permettre plus de marge une fois qu’il le connaîtrait mieux.