* Plonge. Libère ta mémoire. Laisse toi voguer au gré des souvenirs, et saute à travers le temps. Remémore toi ton enseignement, ta pratique, ta minutie. Souviens-toi de ton talent. Un mensonge pour débuter, un artifice pour t’intégrer. Toujours. Gisei, qu’ils t’appelaient. Te souviens-tu ? *
Fuusho est rattrapé par ce qu’il fut. Il erre ainsi, d’une démarche faible et pénible, à travers la poussière de ses pensées passées. Comme un rappel entre les âges qui l’aspirent, le happent. Et il se souvient, comme l’y force son subconscience. Le paradoxe de l’éveil grâce au rêve. Il se souvient la précision dont il faisait preuve, la prudence avec laquelle il opérait. Toujours seul, toujours sous le couvert d’une fausse identité, d’une fausse adresse, d’un intermédiaire systématiquement différent. La jeunesse des interdits bravés, la prouesse d’une forme de géni oublié. Ces années d’apprentissage et de forte conviction initiées d’une simple recopie. Ses années de vie balayées par l’oubli.
* Remonte plus loin encore. Et constate tes œuvres. * Jusque dans ses songes, il traîne une clope au bec, le regard qui vole d’une scène à une autre. Diplôme, papier d’identité, acte de vente ou justificatifs d’achat… * Ne sont-elles pas semblables aux originaux ? Ne sont-elles pas proches de la perfection ? * Une exagération de son préconscient. Un mensonge de plus qu’il s’inflige. * Pourquoi s’être arrêté ? Qui t’y a poussé ? * Sa sœur. * Ta sœur ? Ou bien son image faussée que tu t’en faisais ? Car après tout, n’est-elle pas morte ? * Si. * Alors qu’est-ce qui t’empêche de reprendre ton art là où tu l’avais laissé ? *
- « Rien. » Le rêve s’estompe brusquement pour laisser place au présent et une profonde certitude de desservir l’Ordre préétabli par certains grands noms. Adieu condition d’exécutant, les prémices d’un chaos surgissent des méandres de son passé, comme une épée sortie de son fourreau menaçant la rigueur inflexible et impérieuse des lois.
Fuusho, fumeur de l’Alliance prompt à l’étude des sceaux et Gisei, faussaire impartial ne refont à présent plus qu’un. * Que le désir du premier ne cesse d'alimenter le commerce du second. *