Deux gardes semblent m'escorter jusqu'à la résidence des Saibogu. Le type se chargeant des entrées avait finit par me laisser le droit d'entrer. Suna est une véritable passoire. Cela ne m'inquiète pas, je ne pense qu'à Oniri. Je n'ai toujours pensé qu'à elle. Je ne peux pas l'oublier, je ne peux pas passer à autre chose. Son importance me semble vitale. Je réajuste le peu de vêtements qu'il me reste. Je suis dans un état frôlant le ridicule, les gens semblent me regarder. Les plus faibles craignent ma chevelure et mon teint. Effectivement, voir un être aussi blanc n'est pas chose courante au sein d'un pays plombé par le désert.
Je suis dorénavant devant ce véritable domaine. Cet endroit est remarquable. La technologie est omniprésente. Les bricoleurs semblent être nombreux, j'ai toujours pensé que Oniri était douée et intelligente mais, elle n'est facilement que l'une des nombreux génies de cette ville. Je me sens d'autant plus bête. Je suis quelqu'un ayant la chance de s'adapter assez facilement. Cependant, il est difficile d'imaginer un monde sans Oniri. Je ne veux pas y penser. Elle est vivante, il y a de l'espoir. Je me retrouve devant de nouvelles personnes, les gardes semblent me laisser dans de nouvelles mains. Ils ne veulent pas qu'un lien se fasse, c'est sûrement la raison.
Je ne sais que dire, je ne sais que faire. Je ne suis pas la bienvenue ici, au contraire. Je dois juste suivre.


Elle est sûrement en train de se reposer. Du moins, c'est ce que j'aime croire. Le coma est une sorte de sommeil si je me souviens bien... Mais, je pensais qu'on pouvait toujours se réveiller.. Ma culture n'est pas assez grande, je ne connais pas tout ça. Cette maladie ne doit pas être contagieuse, les dormeurs ne semblent pas courir les rues et les habitants seraient bien plus inquiets. D'un couloir à l'autre, j'ai de plus en plus l'impression d'être promené. Ils veulent me perdre dans l'enceinte du bâtiment. Ils ne veulent pas que je puisse m'y retrouver. Ils ne devraient pas s'en inquiéter, je ne regarde que vaguement...


Cet endroit inspire la richesse et la technologie. Une femme m'annonce que je ne vais pas tarder à retrouver Yami. Cette fille doit être ma prochaine interlocutrice, l'amie de Oniri. Je me retrouve seule dans une salle. Toujours et encore, seule. Cet endroit est beau, cet endroit n'est pas ma maison mais, cet endroit héberge Oniri. Devrais-je la rencontrer pour m'excuser ? Pourquoi rester ici ? Je n'y ai pas ma place.... Je vais bien finir par la revoir... Le destin ne peut être si horrible, il ne peut...

Quand vais-je la rejoindre ?
Que dois-je faire ?
Qui va me répondre ?

Music ♫:

Après la rencontre de la Kaguya j'étais retournée a l'hôpital pour veiller sur Oniri. Toutefois, l'heure avait tourné et les visites se terminaient pour la journée, signe qu'il était temps pour moi de rentrer.
Cette Akasha était peut-être certainement au domaine Saibogu désormais et je ne voulais pas la laisser traînasser dans les couloirs voir même monter jusqu'au sanctuaire d'Oniri que constituait sa chambre. Ma meilleure amie m'avait bien parlé d'elle une ou deux fois pour m'expliquer sa rencontre et si elle avait l'air misérable comme elle me l'avait décrit, en revanche, je ne savais pas qu'elle était si fanatique de la Saibogu... Ce penchant attirait mon attention et je m'en méfiais particulièrement, prise d'une soudaine pointe de jalousie.

Il me fallait également rapidement rentrer pour informer les domestiques et surtout le père d'Oniri de la présence de notre invitée surprise. J'ignorais si son paternel était présent en ce moment où parti dans l'un des nombreux déplacements qui occupait son emploi du temps du fait des affaires de son entreprise mais, s'il était là, je doutais qu'il accepte la présence de la Kaguya, et je serais bien impuissante pour le contredire : c'était chez lui, pas chez moi.
Le père d'Oniri était de ses hommes froids et focalisés sur leur business : pas grand chose d'autre l'intéressait mis à part peut-être moi... Je me doutais bien que son attrait pour ma personne était dû à mon rang de noble, titre qu'il admirait particulièrement et dont il aurait souhaité être affublé : de ce fait, il entrait dans mes bonnes grâces. Cependant, c'était injuste qu'il soit attentionné sur mon confort tout en omettant complètement la présence d'Oniri ou son propre bien être.

J'arrivais finalement à mon nouveau lieu de vie, qui, sans Oniri, me paraîtrait tellement vide... J'allais me changer dans a chambre lorsque Miria, la servante d'Oniri, frappait à ma porte pour me dire qu'une certaine Kaguya Akasha était ici : elle était donc bel et bien venu...

« Merci Miria. Notre invitée va peut-être rester avec nous un petit moment. Elle connait Oniri et lui avait apparemment promis de la servir. »

Miria me répondait alors par une moue désapprobatrice avant e s'offusquer d'elle même et de s'excuser pour son comportement. Je ne la blâmais pas car je savais très bien ce qu'elle ressentait, elle aussi était très proche d'Oniri...

Je rejoignais le hall, dévalant les grandes marches imposante pour rejoindre la Kaguya installée dans l'un des fauteuils qui se présentait dans l'entrée. Je la toisais du même air que lorsque je l'avais vu plus tôt, me demandant sincèrement ce que j'allais faire d'elle en l'absence d'Oniri pour juger si elle souhaitait l'accueillir en ce lieu ou non...

« Je n'irais pas par quatre chemin : je ne sais pas quoi faire de toi. Oniri vient de tomber dans un coma profond et personne n'est en mesure d'affirmer quand elle se réveillera ni même si ce sera le cas un jour... Je ne suis qu'une invitée de long passage ici, je n'ai pas l'autorité nécessaire pour juger de ton accueil ou de ton renvoi. Cependant, le père d'Oniri n'est pas ici actuellement et je ne peux donc pas l'interroger à ton sujet. En attendant, tu peux rester si tu le souhaites. »

Je marquais une courte pause avant de lui désigner la servante d'Oniri qui attendait dans un coin de la salle :

« Miria va t'indiquer l'aile appartenant aux domestiques et te formera un minimum : tu seras sous son autorité : obéis à ses ordres. C'est bien ce que tu désirais non ? Servir ?! Tu ne peux pas servir Oniri pour le moment mais tâche d'être digne de ta fonction lorsqu'elle reviendra ! Je ne veux pas que sa convalescence se fasse avec une domestique incompétente alors apprend vite ! »

Oui j'étais autoritaire mais je n'avais aucune compassion pour cette inconnue qui débarquait justement le jour où Oniri avait attenter à sa vie...

« Oh et encore une chose. Il te sera interdit d'entrer dans ma chambre ou celle d'Oniri : la demeure est équipée de dispositif de surveillance, si tu enfreins ces règles : je le saurais. Il en va de même pour l'hôpital, Oniri a besoin de calme et je ne te fais pas suffisamment confiance pour aller lui rendre visite. Prouve moi ta valeur en tant que servante et peut-être te concéderais-je de la retrouver : sous ma surveillance bien évidemment ».

Je la toisais de mon air hautain, cherchant par mon regard rubis, à lui rappeler la place qui était la sienne alors que jamais je n'avais pourtant montré de mépris envers les autres serviteurs de la demeure.
J'espérais que le message serait clair et qu'elle serait prête a s'y résigner, sans quoi, elle serait reconduite aux portes pour ne plus jamais les franchir.

Oniri... Je vois... Tu fais de nous ce que nous sommes. Avant de te connaître, j'étais une idiote. Une simple femme un peu niaise sur les bords. Je n'étais pas si malheureuse, la bêtise était satisfaisante. Mais, j'ai eu la chance d'apprendre et de me déshydrater de ton savoir. Ce fut chose agréable, je me transforma. Aujourd'hui, je suis une femme évoluée. Je sais me diriger sans l'aide de personne, je sais lire, je sais écrire et je sais m'habiller convenablement. Bon, je ne peux mentir, ma faculté d'appréhension avancée fut d'une grande aide. Je ne sais pas d'où cela peut venir mais, tu as pu me révéler ce don. Ma passion est d'apprendre. J'aime ça. Je ne peux plus vivre sans.
Tu sais, admettre ce que j'étais avant n'est pas chose simple. Mais, je me le dois. Car, c'est grâce à toi, grâce à toi que je suis ainsi. Et oui, je suis la misérable Akasha, cette fille qui prit peur en te voyant et aussi cette fille qui t'aima de suite. Que veux-tu que je te dise ? Je pense que tu vois où je veux en venir, non ? Il est temps, je ne vais pas pouvoir t'attendre cette fois-ci. Tu es déjà trop loin, ils ne veulent plus de moi. Je ne peux qu’espérer, espérer ta survie. Tu es mon exemple alors, tu dois être forte. Tu dois survivre.
J'observe cette femme, elle est sûrement celle la plus digne. Que dire ? Je ne sais pas, je baisse la tête. J'ai honte.
Je remonte timidement mes yeux pour l'observer.

Oui, elle est belle.
Oui, elle lui ressemble.
Oui, elle m'est supérieure.

Mais... Je ne peux pas accepter ça, Oniri. Je ne veux plus, je ne peux plus. Je ne suis pas une vulgaire servante, je suis ta chose, ton jouet ! Je ne vais pas attendre bêtement ton retour. Je veux que tu es besoin de moi comme j'ai eu besoin de toi. Je souris avec prestance pour ensuite m'exprimer avec grande politesse :

- " Tout comme moi, vous vous doutez du fait que je n'ai pas ma place ici. Votre proposition est alléchante mais, j'ai décidé de suivre mon chemin. J'ai confiance en votre amour envers ma maîtresse. Celle-ci reste et restera mon tout. Cependant, je présume que ma présence ne lui sera d'aucune aide. Et je pense que je devrais passer mon temps à évoluer POUR elle au lieu de me lamenter. Je veux pouvoir lui être utile et faire la serpillière avec maladresse ne lui inspirera pas de la fierté. "

J'observe les alentours avec une certaine retenue. Vivre ici doit être agréable, tout autant qu'être avec Oniri. Mais, je sais ce qu'est la vie à l'extérieur et je peux maintenant gagner de l'argent sans aide. Je ne suis plus cette stupide femme que j'ai été.

- " Je pense donc reprendre ma route. Je suis redevable de Oniri et de votre village. Grace à vous, je peux évoluer en sécurité et surtout, avoir une certaine présence d'esprit. Je serai m'en souvenir. "