Les conflits s'étaient arrêtés il n'y avait pas si longtemps que ça. Désormais, Yoru foulait une terre nouvelle, au nom synonyme de l'unification de tout un archipel, lié par son élément dominant: le Pays de l'Eau. La région avait enfin cessé les conflits, et bientôt chaque clan allait peu à peu s'installer dans le domaine qu'il était parvenu à s’approprier au cours des traités signés pour stopper les affrontements. Dans le cas des Ryūzojis, l'île septentrionale sur laquelle il vivait appartiendrait désormais à leur noble famille. En plus des Murakamis, qui s'allièrent il y a de là plus d'une dizaine d'année, vinrent s'ajouter au fief du clan paternel de Yoru les Aoyamas. Cette triple alliance, qui était parvenue à vaincre la menace que représentait les Kajitoris, prit rapidemment le contrôle de l'île située au nord de l'île principale où se situait la capitale militaire: Kirigakure no satō.

C'était justement vers cette fameuse cité plongée dans la brume que Yoru et sa belle allaient devoir s'installer. Le nouveau dirigeant des armées de Mizu no kuni, le Shodaï Mizukage, avait appelé aux shinobis des quatre coins du pays à venir le rejoindre dans le village caché de la brume pour organiser les troupes. Yoru et Yūna ne manqueraient pas à l'appel. Néanmoins, Shozo, père de Yoru, tenait à faire part d'une requête pour son fils avant son départ définitif du domaine qu'il venait tout juste de gagner après un vaste effort s'étalant sur quelques décennies. Ainsi, quelques semaines avant son exode vers Kiri, Yoru eut un bref entretien avec son père. Le paternel lui confia une bourse de plusieurs ryōs, avec pour indication de se diriger dans un endroit nommé Kasumi no Onsen, les sources d'eau chaude du Brouillard. Shozo avait une idée derrière la tête, et envoyer son fils dans un tel lieu n'était pas anodin. Il savait que son enfant, après l'immense effort de guerre qu'il avait fourni malgré son jeune âge, était épuisé. Il possédait encore sur lieux plusieurs bandages, abritant des plaies peinant à se refermer, vestiges de longues batailles.

Seul. C'était le mot d'ordre de ce pélerinage. Shozo tenait à ce que son fils se purifie dans les eaux aux vertus apaisantes du Kasumi no Onsen en solitaire. Yūna avait accepté cette décision, certes à contrecœur, tout comme Yoru, mais elle savait que son amour irait bien mieux à son retour, plus vif que jamais pour partir à la rencontre de Kiri. C'est ainsi que vêtu d'un modeste kimono et d'un hakama, avec entre deux un médiocre obi, que le ninja au Futton quitta provisoirement le fief de sa famille, en route vers une île orientale de Mizu no kuni. Embarquant à bord d'un bateau faisant escale à l'île d'Izumi, lieu abritant les fameuses Sources Chaudes, le shinobi profita du bref voyage pour découvrir la grandeur de la mer.

A son arrivée, le ninja débarqua rapidement en direction des Onsens, et une fois sur place, fit usage des quelques ryōs que son père lui avait confié pour pouvoir entrer dans le bâtiment. L'ambiance était très calme, grâce à une atmosphère très sereine qui se dégageait du territoire. Yoru respirait calmement, et se sentait envahi d'une énergie nouvelle. Il ne tarda pas à approcher un état de plénitude inédit. Pourtant, il n'avait pas encore eu l'occasion de visiter l'ensemble des Sources d'eau chaude du brouillard. Après avoir déposé son sac dans un vestiaire prévu à cet effet, le blondinet masqua sa nudité derrière une serviette blanche qu'il entoura autour de son torse. De là, il commença à s'enfoncer progressivement dans les eaux relaxantes d'un Onsen. Progressivement, son corps se trempa dans l'onde chaude, et se détendit. L'ardeur du liquide combiné à l'apaisement qu'il provoquait semblaient avoir effacés les blessures du jeune homme. Pourtant, sauf la douleur, les plaies encore présentes. Qu'importe, puisque désormais Yoru se sentait bien. Afin d'être encore plus à l'aise, il se posa contre le bord en pierre du bassin, et déposa sa tête sur le rebord. Dans ce lieu presque sacré, il ne s'était pas rendu compte qu'il barbotait au milieu d'un bain mixte, dans lequel il risquait de faire d'effroyables connaissances...

Yoru était semblait-il au Paradis. Un monde nouveau, différent de celui que la guerre avait souillé, mutilé, purgé d'innocents et de criminels. Un univers mêlant l'eau sous différents aspects, déité de la vie et de la destruction. Dans ce lieu paisible, l'eau avait choisi de tendre vers l'assoupissement spirituel, de la détente physique de l'Homme. Ainsi, entre deux exhalaisons de vapeurs aqueuses, on pouvait discerner dans le bain mixte une tête ornée d'une crinière blonde. Le reste du corps, immergé dans une eau presque bénite par les dieux, se détendait, et profitait de la qualité de l'onde pour effacer la douleur des blessures de guerre. La tête séparée du corps, l'âme de la carcasse... et si le ninja continuait ainsi, il risquait de voir définitivement sa caboche à côté de son enveloppe charnelle !

D'une esquive sur le côté, le shinobi se décala de justesse pour éviter un pied lancé avec férocité dans le but de briser la nuque de Yoru. Et ce fut là que le blondinet vint constater son erreur. Quelques instants avant l'impact du pied qui avait broyé en partie une des pierres de l'édifice, une femme s'était présenté dos au manieur de vapeur. Dans le but de profiter au maximum de sa visite aux Kasumi no Onsen, elle avait choisi de se prélasser au bord de l'eau, avant de s'immerger à l'intérieur. Par malchance, son intimité apparut devant les yeux innocents de Yoru, qui n'avait rien demandé. Elle avait penché sa tête vers le bord de l'eau, et bientôt, ce même crâne prit une forte teinte écarlate, signe de rage intense. Un cocktail explosif de colère vint détoner alors à quelques centimètres du futur Genin. Suite à ce malentendu, Yoru se leva, sans pour autant se mettre totalement debout de sorte à pouvoir dissimuler son outil génital, et tenta de présenter ses plus sincères excuses à la femme enragé qui se tenait face à lui. Entre une dizaine de pardons et d'excuses, on put discerner dans le bain mixte la voix pleine de gêne et d'innocence de l'adolescent qui tentait de régler le différent qui l'opposait à l'imposante et pourtant radieuse dame:

« Excusez-moi, Gomenasai ! Je suis moi-même très embarrassé par cette situation, je m'en veux vraiment... pardonnez-moi cet incident, je ne voulais en aucun cas vous reluquer, il s'agit là d'un pur malentendu occasionné par ma maladresse ! Encore une fois, pardonnez ma négligence, j'en suis très confus... »

Et malgré ses accumulations d'excuses, et de justifications pourtant correctes, l'inconnue ne semblait pas donner raison à Yoru. Sous la volupté vaporeuse, le teint de sa peau était toujours aussi rouge que le sang d'un vif guerrier. La crainte d'avoir énervé de trop la femme - qui pouvait à tout les coups être une kunoïchi - naquit alors dans les méandres du jeune homme, et se matérialisa entre quelques tics nerveux de ce dernier. Il replongea lentement dans le bain, afin d'essayer de se calmer, pour mieux raisonner la personne aigrie à qui il avait à faire. Ses mains trahissaient ses émotions, gesticulant autour de son corps comme des insectes agiles. Alors qu'il voyait que la donzelle n'était toujours pas convainque de ses paroles, il tenta de trouver un terrain d'entente pour essayer de conclure l'affaire dans les plus brefs délais.

« J'espère que mon idiotie ne vous a pas trop agacé... dîtes moi comment pourrais-je réparer mon erreur, s'il vous plait, je vous promet de faire de mon mieux pour faire en sorte à ce que cet incident ne soit plus qu'un mauvais souvenir ! »

Et il baissa la tête, honteux, tant par sa bêtise que par la beauté déstabilisante de la femme qui allait décider de son sort.

Alors que Yoru était dans un lieu de détente et de repos, ce dernier fut confronté à une étrange personne. Une femme plus précisément, qui en se baissant, avait laissé une vue sur son intimité. Le shinobi était malheureusement victime de ce malentendu. Exposée face à lui, la vision de l'entrevue accidentelle de l'entrecuisse de la donzelle rendit rouge de honte la figure du blondinet. Cette teinte rougeâtre se retrouva sur la femme, non pas par gêne comme son pseudo-voyeur, mais de colère. Cette rage se manifesta physiquement par un puissant coup de pied qui faillit briser la nuque de l'innocent adolescent qui esquiva de peu l'impact. Après quoi, une série d'excuses et de justifications visant à étouffer l'affaire persuada le blond de sa niaiserie. A vouloir être trop apaisé, il s'était laissé allé au point de ne pas remarquer l'arrivée d'une présence féminine qui ne manquerait pas de profiter elle aussi de l'eau chaude du onsen.

Maintenant, suite à la réponse pleine d'énervement de la part de la demoiselle, Yoru était parti pour devoir lécher les pieds de cette dernière avant de lui masser les épaules. Mais malgré sa gêne et sa honte du fait qu'il avait effectué, le shinobi ne conservait pas moins sa dignité. Bien qu'il se sentait obligé de devoir trouver le moyen de pardonner sa confusion, il ne désirait en aucun cas se soumettre comme un chien à sa maîtresse à cette femme en se ridiculisant à ses pieds. Sa langue était faite pour parler, pour se mêler éventuellement à celle de sa belle - si sa passion était poussée à un certain degré - mais jamais pour lécher les pieds d'une inconnue enragée. Il acceptait néanmoins le massage des épaules, en gage d'excuses, mais aussi car il aimait rendre service aux autres. Il laissa ainsi la femme s'installer dans le bain, femme qui part ses airs colériques fit fuir une grande majorité de personnes du onsen mixte. D'un côté, ce n'était pas plus mal: plus de place, plus de tranquillité même s'offrait à Yoru et à la demoiselle.

« Et bien blondin, j’attends ! Faut que je vienne te chercher ? »
« Non non, c'est bon, j'arrive ne t'en fais pas ! Je rêvassais simplement, mais me voici maintenant. »

Effectivement, le ninja se mit dos à la femme, main sur les épaules, et commença un massage léger, en accord avec la température relaxante de l'eau. Ses mains jeunes et frêles frottèrent avec énergie - malgré ses quelques blessures de guerre - les épaules, ainsi que le haut du dos de l'inconnue. Cette dernière, au tempérament de feu, semblait d'ores et déjà plus apaisé par l'eau bouillante et le massage procuré par le jeune homme. Jamais il ne pensait rendre service dans un lieu qui devait justement lui rendre service. Mais bon, il devait réparer maintenant son erreur, quoiqu'il en coûte. Rien ne lui empêchait par la suite de se prélasser encore un peu dans le bain, ou alors de profiter du sauna. En attendant ce moment, il se concentra sur son massage, intrigué au passage par l'identité de l'inconnue qu'il détendait. Tout en tentant de faire de son mieux - ce qu'il faisait plutôt bien justement au niveau du massage - il tenta ainsi d'établir une conversation avec cette femme.

« Excusez-moi encore pour le dérangement. J'espère que le massage vous convient ? Je me présente: Yoru Ryūzoji, du clan Ryūzoji du Nord. Et vous, d'où venez-vous ? Vous êtes du coin ou vous aussi vous voulez profiter du Kasumi no Onsen ? »

De Charybde en Scylla, Yoru s'extirpait douloureusement de sa mésaventure. Lui qui pensait régler l'affaire de voyeurisme en faisant momentanément don de sa propre personne en gage d'excuse, ce dernier fut bien déçu de voir que la personne à qui il devait se faire pardonner était une vraie harpie. A ses côtés, quasi-seuls dans le bain mixte du onsen de Kasumi, il était sans cesse tourmenté par les propos agressifs de la demoiselle. Alors qu'il peinait à masser avec délicatesse la dame pour lui faire profiter au maximum de la détente occasionné par l'onde bouillante, voilà qu'il était soudainement assailli de comparaisons péjoratives. Après s'être fait rabaissé au rang de masseur, tel un soumis devant s'occuper des plus forts sous peine de mort, le voilà désormais comparé à une fille. « Mains de fillettes, » « mains de gonzesses » Yoru s'en prenait de tout les côtés, apparaissant même plus faible que la grand-mère de la sirène. Indigné, révolté presque, il baissa la tête, et poursuivit son travail besogneux en baissant la tête, silencieux.

Mais son mutisme ne peut s'empêcher d'être constamment brisé par les propos déchirants de la brune. Elle associa son clan à une famille de faibles, chanceux misérables ayant été épargnés de la mort belliqueuse. Là encore, Yoru resta neutre; il préféra ne pas faire empirer sa situation. Il avait déjà vu la colère de la femme à l’œuvre, et ne souhaitait pas voir cette même émotion se manifester de plus belle. Il en avait déjà assez des sarcasmes de la donzelle qui démarrèrent à peine le blondinet tenta-t-il de briser la glace entre les deux ninjas. Calme, tentant de paraître plus intelligent qu'elle en gardant son sang-froid, il laissa passer les insultes et les remarques plutôt basses. Dans la philosophie de Yoru, ce serait s'abaisser au niveau de la harpie de devoir répondre. D'autant plus qu'il devait présenter ses excuses à cette dernière. Ainsi, il conserva son mutisme, apparaissant comme transparent aux injures de la donzelle au regard hypnotisant.

Alors il resta coi durant une bonne partie du massage, au cours duquel il donna plus de force et de souplesse pour satisfaire les désirs de la potentielle kunoïchi. Au début, il préféra y aller en douceur, afin de laisser se relaxer la personne ayant fait fuir une majorité de touristes dans le bain mixte. Maintenant, il tâcha de masser la femme comme on pétrit la pâte avec ses mains, sans pour autant trop forcer, de peur de subir encore des propos disgracieux. Tout en la massant, il essaya un minimum de profiter de l'onsen en laissant la buée agréablement ardente lui détendre la peau et les muscles. Après tout, il était venu ici pour profiter du lieu et non pas pour faire profiter davantage une autre personne. Malgré l'incident, le lieu avait réussi à conserver son calme apaisant, plongeant la plupart dans un stade de plénitude léger mais suffisant. La vapeur enrobant le corps svelte et élancé de Yoru, ce dernier conclut son massage alors que soudain, une nouvelle vague de propos menaçants vinrent l'assaillir une dernière fois.

« Et j’espère que tu n’as pas de fille en vue… Non parce qu’avec tes mains de gonzesse, je plains celle qui vivra à tes côtés plus tard blondin. »

Cette fois-ci, c'en était de trop. Bien qu'auparavant il avait subi des attaques sur son physique ainsi que sur son propre clan, ce qu'il avait laisser passer en estimant que les paroles de la donzelle n'avaient rien de fondé, il choisit à présent de stopper son massage. Il recula, agitant lentement autour de lui l'eau bénéfique du lieu. Son regard à la lueur vide était sérieux, taciturne, sombre. Cette fois-ci, fini les excuses. Si désormais il y avait bien quelqu'un qui devait s'excuser, c'était cette femme au tempérament colérique. Yoru n'avait pas accepté le fait d'évoquer une relation fichue avec une femme. Pourtant, il était paradoxalement avec une demoiselle, et pas n'importe laquelle, puisqu'il avait prêté serment de protection jusqu'à la mort à cette même personne qui était chère aux yeux du ninja. Bien qu'elle n'avait pas attaqué sa belle, Yoru estimait que ce petit jeu agaçant ne pouvait plus durer. Encerclé de vapeurs volatiles fuyant l'onde, le shinobi laissa seule la tigresse avec pour unique tirade:

« Il est désormais inutile de poursuivre ce massage. J'en ai fait suffisamment assez pour vous. Pas la peine d'insister, ni de continuer de débiter des propos infondés et blessants envers moi, je m'en vais. »

Et effectivement, il s'en alla. Il laissa derrière lui une hystérique, dont la rage pourrait pousser cette dernière à attaquer une énième fois de façon verbale le blondinet. Mais en retour, le ninja serait prêt à réagir. Son chakra bouillonnait en lui de force. Un soupçon de colère agrémentait cette alchimie énergétique, aussi subtile et discrète que l'équilibre entre l'air et les exhalaisons vaporeuses dansantes. Il quitta alors le bassin, enroula sa serviette autour de ses hanches, et partit en quête d'un lieu plus paisible, sans se retourner.

La Folie est contagieuse chez les hommes. Elle peut pousser à divers actes, tel que le crime, ou bien au suicide, overdose de cette essence maléfique qui contamine la conscience de l'être. Longtemps cette même Folie avait régi l'ordre des guerres, observant chaque bataille, animant de volonté chaque homme sur le front. Le sang répandu sur les sols était un sang impur, comme si l'Homme, inconditionnellement venait à rendre un culte sacrificiel à l'entité démente. Un culte, quasi-occulte et lugubre, que depuis la Nuit des temps, l'espèce bipède doué de conscience se transmettait tel la peste. Progressivement, la Folie gagnait du terrain, de génération en génération, écrasant la Raison tel le serpent s'enroulant autour de sa proie. Néanmoins chez certains, cette Folie est passive; elle gagne peu à peu la raison, et vide au moment du jugement dernier le corps de son âme. Pour d'autres, elle prend diverses formes, comme la maladie, et tue avant l'âge requis ses victimes. Quoiqu'il en soit, la Folie dans chaque cas prend soin d'offrir à la Mort la vie de l'être contaminé. Tôt ou tard, l'Homme est condamné à l'agonie et dans cet instant douloureux, de se soumettre à la réalité qu'impose la souveraineté de la Folie.
Et dans son sillage, la Folie porte avec elle ses frères et sœurs. Du Mal originel, voici que ses rejetons se multiplient sans obstacle. D'un volcan de magma tourmenteuse, émerge des fragments qui s'en vont imprégner chaque chose de leur empreinte nuisible. Le Vent du Mal qui autrefois balayait la raison et la paix dans l'humanité se dispersait encore aujourd'hui. Parmi ses camarades fraternels, voilà qu'aujourd'hui Yoru était confronté à la Colère. La rage gagnait lentement son cœur, le dissuadait de toute tentative de raisonnement calme. Et pour cause, voilà qu'une harpie, pantin à la solde de la fausse déité colérique poussait le blondinet dans le gouffre de la rancœur. Chacun de ses mots étaient une flèche, enduite d'un poison poussant à se soumettre à l'autorité malsaine de la Colère. En apparence, il paraissait faisable de trouver un antidote à ce poison, qui n'avait de cesse de se répéter et de se heurter vainement à l'ignorance. Mais en réalité, chaque flèche se voyait associé à un venin différent, jouant sur les faiblesses du blondinet, cherchant à briser de diverses manières les barrières psychiques qui régissent la raison du garçon. Luttant avec difficulté contre la toxine, Yoru tâchait de dissimuler cette colère qui grandissait au fond de lui. Son chakra même s'en voyait affecté. La sorcière, dont le corps agréable visuellement était l'origine de cette discorde dans la vapeur, avait proféré différentes menaces à l'égard de cet adolescent dont elle ne savait rien.

Elle parlait à Yoru comme si ses blessures étaient invisibles. Faible, fillette, voilà ce que à quoi Yoru était apparenté. Pourtant, c'était pour effacer cette condition de faible que l'adolescent des contrées septentrionales s'était aventuré ici, au Kasumi no Onsen, afin d'effacer ses blessures. Mais derrière le halo de vapeur qui nimbait la peau innocente de Yoru, la dénommée Lilith - comme la démone des temps anciens, coïncidence malheureuse pourrait-on dire - ne pouvait voir le mal qui avait mutilé l'adolescent. Sa vision, comme voilé légèrement par l'action de cette soumission à la colère, en était incapable. De là, elle avait tenté d'augmenter la dose létale, en venant insulter son clan, puis revenir sur son physique, l'empêchant de jouir des plaisirs de l'amour. Le nindō du Genin en avait pris un coup, et la colère de l'adolescent elle aussi avait pris un coup de boost. Néanmoins, par respect pour les utilisateurs du bain d'eau chaude, il s'était retenu.

Et puis voilà qu'alors qu'il s'apprêtait à partir pour étouffer l'affaire, Yoru fut interpellé oralement par la démone. Elle semblait faire comprendre derrière son verbe plein de véhémence que pour son masseur du dimanche, c'était là sa dernière chance s'il désirait se rattraper dans les règles sans risquer de devoir s'attirer de sévères ennuis. Mais au lieu d'obéir, l'adolescent vint à l'encontre des avertissements de la kunoïchi, bravant le courroux de cette dernière. Il tourna alors sa tête, dont le visage aux traits emplis par le mutisme observait comme une dernière fois celui de la sorcière. Puis, il revint sur ses pas et tout en marchant, il déclara:

« Je n'aime pas me répéter, mais bon, puisque tu tiens à vouloir vainement me pousser à bouts... tes menaces ne marchent plus avec moi. Tu parles de démone, mais tout ce que j'ai eu en face de moi, ce n'est qu'une femme colérique, qui ne parvient pas à calmer ses ardeurs. Tu n'as aucun respect pour les autres ? Et bien soit, je ne vois pas pourquoi je viendrais respecter tes volontés. Qui plus est, tu ne sais rien de moi. Tu parles depuis tout à l'heure dans le vent, sans réel appui. Sache que tu as perdu ton temps à vouloir m'énerver, la guerre a suffisamment été rude pour ça. Sur ce, à jamais, je l'espère. Au revoir. »

De sa main droite, il joignit le geste à la parole et tira sa révérence d'un unique geste. Il s'éloigna alors un peu plus de la harpie, apaisant ses méandres en les faisant singer comme la vapeur qui s'élevait de la surface de l'onde pour chasser toute perturbation spirituelle. Son chakra ne parvenait cependant pas à faire abstraction de cet incident, et comme un vassal fidèle à son seigneur, il semblait manifester son intensité pour montrer qu'il tâcherait si besoin était de défendre son maître. Après tout, Yoru se doutait bien que cette rencontre n'allait pas se finir aussi simplement que sur un bref adieu. Pour preuve, la démone tâcha d'utiliser de nouveau son vocable agressif pour prévenir une énième - la dernière fois peut-être ? - son sujet du jour.

« Dernier avertissement le môme... »

Ce à quoi Yoru tâcha de répondre, en répétant avec cynisme:

« Au revoir. »

Il resserra par la suite la serviette qui couvrait le bas de son corps. Fatigué par cette histoire, il souffla légèrement, et de sa bouche, une volute de buée finement opaque émergea, pour se dissiper progressivement. La sueur de l'adolescent au regard de saphir dégoulina de sa tempe, ainsi que de son maigre torse. Un détour au sauna serait de mise, afin d'exploiter cette sudation aux effets bénéfiques. Car qui sait, le shinobi pourrait ainsi chasser les toxines de la Colère de son corps ?

" Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté. "

Yoru pensait avoir retrouvé la tranquillité. Seul, sans la menace que représentait cette femme au comportement violent et agressif. L'atmosphère était redevenue paisible, calme. Lilith était désormais loin. Le séjour au Kasumi no Onsen allait pouvoir véritablement commencer pour le shinobi au regard de saphir. Prenant la direction des saunas, le garçon espérait sincèrement découvrir les bienfaits de cette salle en bois où des exhalaisons de vapeur venaient assoupir les participants de cette séance de détente. Ce serait pour Yoru l'occasion de découvrir la vapeur sous une toute autre forme. Ici, l'eau sous sa forme gazeuse ne lui servirait pas à repousser l'ennemi, à vaincre l'adversaire. Bien au contraire, elle lui permettrait apprivoiser son élément d'une nouvelle façon, bien plus pacifiste que celle qu'il avait jusqu'à aujourd'hui connue. Le pas léger, quasi-certain qu'il ne risquerait pas de rencontrer de si tôt la démone dans les parages, l'adolescent se dirigea lentement vers le sauna. Ses pensées étaient presque totalement consacrés à cet instant de relaxation qu'il allait passer dans cette masse volatile d'eau chaude. Les personnes autour de lui était calmes, profitant en silence des divers bassins mis à leur disposition. Dans cette harmonie ouatée, le futur Kirijin trouvait son bonheur.

Autour de lui, le décor était agréable à l’œil. Ci et là, les murs en bois arboraient quelques décorations sommaires, en accord avec le milieu brumeux. Parfois, des morceaux de verdure venaient embellir l'environnement du visiteur. Chaque objet dans ce lieu quasi-mystique semblait entretenir une relation qui relevait de l'osmose. La réputation de ce lieu à l'atmosphère spirituelle avait de quoi tenir, au vu de l'ambiance fusionnelle entre chaque constituant du Kasumi no Onsen. Pas étonnant que ce site constitue une véritable menace pour la concurrence, essentiellement établie dans les contrées littorales et nordiques du monde, comme Mizu no kuni. C'était pour Yoru une espèce de Paradis, certes peu lumineux et plein de bonnes choses. Mais il y avait suffisamment de matière pour vivre agréablement ici. Il ne lui manquait plus que sa belle, Yūna, pour savourer au mieux de son séjour. Il se voyait l'enlacer avec douceur, dans un bain de vapeur et de verdure. Il rêvait profondément d'instants magiques avec celle qu'il avait choisie de protéger au prix de sa propre vie. Mais rapidemment, ses chimères s'estompèrent, et sa vision vint à son tour être perturbée.

En effet, un nuage de brume inhabituelle vint dévorer l'espace, pour envahir les lieux. Apeuré au début, puisque peu habitué à une telle situation dans un lieu pourtant si paisible, Yoru sentit le danger venir. Il craignait tout les cas de figure possible. Une apparition de brouillard aussi subite pouvait être l’œuvre d'un ninja envoyé avec d'autres camarades pour capturer les lieux. La guerre était certes finie, mais cela n'empêchait pas des mercenaires de profiter de la politique de pacification des terres de Mizu no kuni pour semer la confusion dans les rangs. Dans un élan de prescience, le ninja alarmé par cette brume artificielle se dirigea au plus vite dans les vestiaires. Quitte à se cogner de temps à autre contre des obstacles, murs ou personnes, il essaya de trouver ses affaires pour être en mesure de lutter contre l'éventuelle invasion. Une fois sur place, il vint se saisir d'un léger hakama qu'il avait emporté dans ses affaires, et sans chercher à enfiler le reste de son kimono, emporta avec lui sa sacoche contenant ses armes. En outre, Yoru prit la peine de panser ses blessures avec quelques bandages, de façon à éviter de rouvrir ses plaies durant un éventuel affrontement.

Paré au combat, le shinobi traversa la purée de pois, déterminé à trouver la cause de cette brume de nature humaine. Plus précisément, il espérait tomber sur le créateur de ce jutsu. Mais en un rien de temps, voici qu'il entendit quelques sombres paroles, médites par une voix familière.

« Encore toi... décidément, on dirait que tu ne peux plus te passer de moi... »

Yoru avait reconnu avec une pointe d'ironie la sorcière de tout à l'heure. Ses mots provocants, ses expressions pleine de violence... il avait deviné aisément l'auteur de ce faux brouillard. Seul bémol, que s'apprêtait-elle à faire désormais ? La kunoïchi semblait hanter les méandres du jeune garçon, persistant à appuyer là où ça fait mal. Et en réaction, le ninja à la crinière blonde ne pouvait quasiment rien faire. Sa vision, voilée par un drap blanchâtre d'eau en suspension, ne parvenait à distinguer une silhouette féminine. Il ne pouvait se fier qu'au sens de l'ouïe, sollicitée à de maintes reprises par la harpie. L'audition étant la seule ressource du blondinet, ce dernier ferma les yeux, afin de mieux se focaliser sur la tigresse.
Non pas qu'il redoutait un affrontement improbable, mais Yoru était dorénavant prêt au combat. Le moment était mal choisi, tout comme le lieu, mais généralement, on ne choisit pas non plus son adversaire dans de telles circonstances...

Plongé dans une purée de pois privant totalement de la vue quiconque s'y aventurait, Yoru était pris au piège par une personne dont il venait tout juste de faire la rencontre aujourd'hui. Un personnage assez étrange pour dire; anonyme, puisqu'ayant refusé de décliner son identité de façon agressive, colérique, avec des menaces constantes, et irrespectueuse, avec des insultes à répétition suivant ses avertissements violents. Maintenant, voilà que le shinobi tout juste ressorti du champ de bataille pour se reposer allait devoir ressortir les armes une énième fois, pour devoir sauver sa peau. La kunoïchi semblait lui en vouloir profondément, au point de laisser sa nature psychopathe s'exprimer à l'air libre. Une facette de la personnalité que Yoru redoutait. Jamais il ne pensait voir une femme aussi belle paraître aussi cruelle et sadique. Ce cocktail d'adjectifs apparaissait comme irréaliste et pourtant: la guerre était capable de mélanger de façon explosive beauté et sadisme dans un corps auquel le Ryūzoji allait devoir faire face.

Tel un aigle tournant autour de sa proie avant de se jeter dessus, la démone cherchait certainement à inspirer la crainte dans ses déplacements. Malgré cette brume opaque dont elle était à coup sûr la créatrice, elle était capable d'infliger un sentiment d’oppression incroyable, dégageant une aura désagréable difficile à supporter. Yoru n'aurait pas aimé l'avoir en face durant la Grande Guerre qui ravagea autrefois Mizu no kuni. Après s'être comparée à un cyclone qui aime que ses idées se fassent, elle laissa planer un silence douteux. Une absence sonore très désagréable au final. Ce mutisme volontaire était fait de telle sorte à déstabiliser le novice ninja. Si le sens de la vision était quasi-inutile sous ce brouillard issu d'une technique, pour le shinobi au regard de saphir, voir perdre son dernier allié qu'était l'ouïe était plutôt fâcheux.

Prêt à intercepter la moindre attaque, le shinobi rescapé de la grande guerre était néanmoins anxieux. Une certaine nervosité le poussait à hésiter par moments dans ses actes, tant la pression était forte. Bien qu'il savait contre qui il avait à faire, il ne connaissait pas le véritable danger ni sa gravité. Du moindre son le plus proche au bruit le plus éloigné de la zone de combat, le shinobi à la chevelure blonde tenta d'intercepter n'importe quelle source sonore lui permettant de maîtriser l'issue du combat. Au lieu de ça, le bruit d'une lame fondant droit sur lui, lui donna raison, et le poussa à se jeter violemment au sol afin d'éviter le choc douloureux. Un premier coup fendit l'air, et de peu vint trancher une partie du bras du shinobi. Apeuré par ce coup qui avait failli atteindre sa cible, Yoru fut rapidemment en proie au stress. Pour preuve, une grosse goutte de sueur, qui n'avait rien de du aux Onsens ni aux saunas du lieu, dégoulina du haut de son visage et traversa sa face tétanisée de peur pour s'écraser discrètement au sol.

Cette torture mentale s'accentua dès lors que Lilith prit un main plaisir à utiliser son arme, un imposant fendoir, dans le but d'effrayer une fois de plus sa victime. Comme tout à l'heure, elle tourna autour du Ryūzoji, tel un squale se préparant à happer sa proie, et utilisa le bout de sa lame pour provoquer au contact du sol un bruit strident et désagréable. Si auparavant, le silence avait créé un profond sentiment d'abandon dans l'esprit de l'adolescent, cette aiguë cacophonie avait maintenant pour effet de lui faire perdre ses moyens. Perdu au beau milieu de cette brume artificielle, il ne semblait pas savoir quoi faire. Il se releva lentement, perdant par moment l'équilibre, un genou après l'autre, essayant de se remettre debout de son mieux. Et puis soudain, une de ses blessures le força à serrer les dents pour contrer la vive douleur qui l'empoigna à l'avant-bras droit. Étrangement, cette brève souffrance le fit sortir de l'emprise diabolique qu’exerçait Lilith sur lui. A la manière d'un kaï sur un Genjutsu, il venait de revenir dans le combat. Et quoi de mieux pour repartir de bon pied qu'une bonne technique pour neutraliser un assaut adverse ?

« Futton, Yugejin Kazami ! »

Son corps dénudé partiellement au niveau du torse expulsa à grande vitesse une certaine quantité de vapeur. Cette vive émission de gaz aqueux repoussa avec efficacité le second coup de la harpie, qui tentait une nouvelle fois de blesser son adversaire du jour à l'aide de son fendoir. Cette fois-ci, le requin ne parvint à aucun résultat. La jambe du shinobi fut épargnée, et le futur Genin évita une chute qui aurait pu lui être fatale pour la suite des événements. Reprenant confiance et espoir en lui, Yoru se donna davantage de courage et l'air sérieux, écouta attentivement les paroles de la sorcière:

« Tu ne veux toujours pas faire ce que je t’ai dit ?! »

Sans plus tarder, le ninja au regard céruléen concentra son chakra dans son pied, le malaxant à l'aide d'une suite de sceaux manuels exécutés à grande vitesse. Puis, se fiant au ricanement habituel de la démone, il frappa du pied le sol, et en fit émerger une lame aqueuse qui fendit la surface pour se frayer un chemin rectiligne jusqu'à la sorcière. Le jutsu du Mizukamikiri exécuté, le blessé de guerre espérait gagner du temps contre l'antagoniste féminine. Comme contraint par la situation, il sortit de sa sacoche une dizaine de makibishis et les dispersa tout autour de lui afin de se forger une maigre protection. Avec ces petits pics métalliques l'encerclant, il cherchait un moyen de localiser avec plus de certitude la position exacte de la kunoïchi dans le but d'une esquive plus efficace, et éventuellement suivie d'une riposte de même envergure.

Spoiler:

Ce fut donc un combat imprévu qui se poursuivait dans le Kasumi no Onsen. Yoru, à peine habillé, continuait de lutter contre cette démone sans nom. Plongé au cœur de la brume, le jeune homme avait fait preuve d'astuce pour venir à bout de la technique Suiton de son adversaire féminine. Qu'importe si sa vue était supprimé provisoirement. Il n'y avait qu'à se concentrer sur ses autres sens pour déjouer le jutsu adverse. C'est ce que fit le Ryūzoji: fermant les yeux, il se servit du sens de l'ouïe pour contrer les assauts de Lilith - bien que la première attaque fut évitée de justesse. De toute manière, il fut assez aisé pour le blondinet de suivre le rythme du combat via ses oreilles: son antagoniste semblait bien amusée par le combat, et se plaisait à l'exprimer de multiples reprises, trahissant sa position.

Après avoir lancé une contre-attaque, Yoru fut satisfait de voir que les makibishis qu'il avait placé autour de lui avaient été utiles. En effet, les clous ninjas qu'il avait dispersé tout autour de lui vinrent se planter, du moins pour quelques uns, dans les pieds de la donzelle. Il n'avait certes pas infligé de lourds dommages à son ennemie, mais il l'avait handicapée en quelque sorte. Transpercée au niveau de la voûte plantaire, la difficulté de marcher devenait de plus en plus pesante. Un bon point pour le garçon qui pouvait être certifié de voir les assauts au corps à corps moins fréquent. Tandis que la kunoïchi titubait avec difficulté à cause des pics de fer installé sur la zone de combat, Yoru restait une nouvelle fois aux aguets. Sa stratégie visant à se fier à ses oreilles ayant marché précédemment, il répéta par conséquent l'opération. Il se focalisa de ce fait sur le moindre bruit, fermant les paupières pour être plus concentré. Le bruit le plus proche n'était autre que les pas au rythme anarchique de son antagoniste. Les makibishis là encore furent utiles pour permettre au natif du nord du pays pour repérer son adversaire.

Pourtant, suite à un instant de silence, le jeune homme fut dans une situation assez dangereuse. En somme, un imposant fendoir filait droit sur le futur Genin de Kiri. L'arme risquait sérieusement de causer de lourds dégâts à Yoru s'il ne faisait rien. Le projectile de fortune fusait à toute vitesse sur lui, représentant par la même occasion l'immense force dont semblait disposait Lilith pour pouvoir être capable de soulever et projeter une arme d'un tel gabarit. Mais le Yoru ne pouvait voir ce potentiel, et encore moins cette lame. Néanmoins, il avait pris la précaution dans une telle purée de pois d'effectuer de petits déplacements sur le côté. A chaque fois qu'il localisait la position de la démone, il tournait autour d'elle pour empêcher d'être une cible statique et trop facile à viser. Cette tactique le sauva d'un empalement imminent.

Le fendoir vint taillader violemment le flanc droit de Yoru. Une plaie béante, qui déchira le bandage, la peau, et une partie de la tendre chair du jeune homme. Une douleur vive frappa comme l'éclair le shinobi, qui n'espérait pas en arriver aussi loin dans un combat aussi absurde. Il se retint alors de crier pour laisser s'échapper la souffrance qui l'envahissait et se servit immédiatement des bandages à proximité pour panser sa plaie. Suite à cela, un bruit retentir, celui de la chute de Lilith dans l'eau du bassin.

« Il faut que j'en profite... se dit à lui-même Yoru, si je reste à la merci de cette femme, je ne donne pas cher de ma peau ! »

Dans un premier temps le shinobi de Mizu no kuni créa à ses côtés un clone de vapeur. Un sosie de lui se matérialisa alors dans la brume, prenant une apparence identique à son créateur, à un détail près: la présence de sang coulant de sa plaie au-dessus des hanches. Au lieu de ça le clone marcha sans le vouloir dans la petite flaque de sang qui s'était formé aux pieds de Yoru. Sans plus tarder il composa une nouvelle série de signes incantatoires et se dirigea vers le bassin, où faisait usage de la technique du Mizudōka, il se fondit intégralement dans l'onde. Désormais dissimulé dans l'eau bouillante, Yoru espérait que ses blessures auraient suffisamment le temps de se refermer, et surtout que son clone de vapeur tienne suffisamment longtemps.
Malheureusement, à vouloir se cacher, le jeune homme ne put voir son clone disparaître sous l'impact du Dagan no jutsu. Ce fut tout juste si ce dernier eut le temps d'envoyer une myriade de trois kunaïs sur ce qui semblait ressembler à une silhouette féminine aux allures démoniaques...

Spoiler:

Yoru avait réussi à se mettre à l'abri. Pour certains, il venait de lâchement se cacher. C'était le point de vue de Lilith. Mais pour d'autres, il avait agi comme un ninja, se dissimulant dans l'ombre pour pouvoir mieux frapper après. Dans le cas précis du shinobi, c'était surtout pour pouvoir récupérer de sa nouvelle blessure en lieu sûr. Il aurait été certain que si le blondinet serait resté dans le brouillard, il se serait fait attaquer une fois de plus. En un sens, il avait fait le bon choix: c'était ça, ou alors il était bon pour repartir du Kasumi no Onsen avec plus de blessures qu'il n'espérait avoir en rentrant chez lui. Néanmoins, une chose était sûre: Lilith n'était pas prête de lâcher le morceau. Dès lors que ce duel inégal avait commencé, il pouvait compter sur la ténacité de cette sorcière pour que le combat dure. Ce n'était pas là ses intentions, bien au contraire, mais il savait qu'il n'avait pas vraiment le choix. Le seul moyen de stopper ce combat était de le finir. Même en fuyant, il pouvait s'imaginer être traqué par la démone, et se faire attaquer d'une façon encore plus sauvage. Il devait donc tôt ou tard sortir du bassin, et revenir à l'assaut, peut-être une dernière fois, peut-être plusieurs fois encore, jusqu'à ce que la succube estime si cet affrontement pouvait ou non se terminer.

Par chance, le blondin avait précédemment réussi à toucher Lilith, via son clone. Sur les trois projectiles lancés disons-le assez hasardeusement sur la kunoïchi, un unique kunaï vint légèrement blesser la donzelle au bras. Peu de dégâts certes, mais suffisamment pour donner un brin d'espoir à Yoru. Avec l'aide de sa technique d'assimilation aqueuse, il se rapprocha tant bien que mal de son adversaire, essayant de tendre l'oreille à nouveau pour se repérer et localiser sa cible. Le moment final approchait pour le jeune garçon au regard céruléen. Dans sa tête, une idée de plan d'attaque s'était formé, et avec toute la bonne volonté du monde, il s'était mis en tête de l'appliquer pour en finir une bonne fois pour toute avec cette démone. Justement, cette même sorcière semblait se manifester encore, son caquet risquant de causer sa perte si à l'avenir elle ne se retenait pas de parler.

« Bon très bien, je préfère les courageux mecs, les vrai, pas une tafiole comme toi qui se cache alors on va faire comme ça, je compte jusqu’à trois, si à trois tu t’es pas sorti du bassin, je te trucide en te faisant un max souffrir. Ou alors, tu sors, tu présentes des excuses non seulement à nouveau pour ta perversité mais en plus pour le fait que tu es incapable de continuer mon passe temps favori. Je sens ton sang bien plus fort qu’avant, je t’ai bien touché, il ne te reste que cette option pour t’en sortir vivant, à toi de voir. Dis toi que tu as de la chance, je suis très indulgente envers toi, peut être me rappelles tu une certaine personne…
Bref, c’est à toi de jouer, ... »

Un ultimatum ? Très bien, c'est ce dont Yoru avait besoin pour conclure en beauté son combat avec la donzelle. Étant encore sous le bassin, il ne pouvait pas utiliser son chakra: il devait donc sortir en vitesse du bassin, à toute allure, pour pouvoir avoir le temps de composer les sceaux incantatoires nécessaires à sa technique, tout en surprenant Lilith. Ainsi donc à distance suffisante de la kunoïchi, il se fia au compte à rebours de cette dernière.

« Un ! »

Il sortit brusquement de l'onde. Nul doute que le shinobi était sûr de lui, et de ce qu'il faisait. Sans hésitation, il s'éleva dans les airs, ses mains prêtes à composer les signes incantatoires de sa technique. La brume était encore plus faible qu'auparavant, sa visibilité n'en fut que meilleure. Sa précision augmenta par conséquent, lui permettant de se focaliser davantage sur sa cible avec qu'il pouvait lutter à armes égales. Il en avait déduit auparavant que pour que cette succube puisse se battre avec facilité dans le Kirigakure, elle devait certainement avoir en sa possession une technique de repérage. Ce qu'il ne savait pas cependant, c'était ce que cette femme n'utilisait pas le don de senseur de chakra, mais utilisait bien son nez couplé à une technique d'affinité spéciale, le Chiton, pour sentir avec facilité l'odeur des sangs de ses proies.

« Deux ! »

Ses mains s'agitèrent à toute allure, ne perdant pas de temps inutile. Son chakra commençait déjà à prendre forme au bout de sa dextre droite. Il bouillonnait, certainement à cause de sa nature Futton. Lorsque Lilith laissa un blanc, par pitié ou non, pour prendre le temps de déclarer la fin du compte à rebours, Yoru fut prêt et n'eut plus qu'à couper l'herbe sous le pied de la donzelle.

« ... ! »
« Trois ! Futton, Kasumi Ryū no jutsu ! »

Sa main forma un globe de fumée vaporeuse qui grandit. La sphère d'énergie prit alors une forme reptilienne, avant que le serpent ne prenne davantage d'ampleur. L'animal de vapeur ardente et acide prit enfin définitivement sa forme finale: celle d'un dragon menaçant au regard aussi rouge qu'un rubis. La bête de légende fonça alors sur Lilith, et s'enroula autour d'elle comme un boa constrictor étranglant sa proie pour la dévorer plus facilement. La gueule du dragon vint par la suite piéger la cible en son sein, avec étouffements et brûlures acides au programme. Yoru retomba ensuite au sol, et se munit d'un kunaï dans sa main gauche et dans la main droite en posture défensive, un léger sourire de satisfaction sur son visage plein de sérieux et de concentration.