Shinji et Tsukiko avaient pu interroger le médecin en charge de l’équipe médicale qui s’était chargé des conseillers avant qu’ils « n’explosent » et se démenaient maintenant sur les lieux d’explosion à la recherche le moindre indice. Cependant, cette dernière activité prenait un temps considérable et peut-être même ne trouveront ils rien.

« Maître Kioshi m’a avant tout demandé à interroger le médecin et non fouiller les terrains. Il vaut mieux que je fasse un rapport très rapidement … » pensa-t-elle entre deux fouilles de débris calcinés.

Elle se releva, fit quelques signes et concentra son chakra. Aussitôt un clone des sables se releva du sable même sous ses pieds. Le clone lui ressemblait en tout point mais, contrairement à elle, il n’arborait pas un merveilleux sourire ou un regard plus ou moins pétillants. Il restait assez … neutre et robotique.

« Je dois encore améliorer cette technique … » se dit-elle en soufflant, désespérée.

***

Spoiler:

***

Sans tarder le clone se dirigea tout droit vers le QG du Kakemeigun. En raison de ses récentes et fréquentes visites dans ces lieux, les gardes ne firent guère attention et elle passa aisément. Cependant on l’arrêta bien vite en cours de route, indiquant que Yamada Kioshi avait quitté son bureau. Le retrouver ne fut pas compliqué car il avait donné sa destination à une personne.

Le palais du conseil souverain. Heureusement, le bâtiment n’était pas éloigné du QG du Kakumeigun et en quelques minutes, le clone était devant le bâtiment. Par contre, elle n’était pas le chef du Kakumeigun. Ainsi si ce dernier pouvait circuler librement dans les couloirs, la Genin qu’elle était ne le pouvait pas. Elle fut arrêté au détour d’un couloir et un ninja l’escorta jusqu’à la porte de la Kazekage.

- Je m’excuse de déranger votre entretien Kazekage-sama, et Yamada-san … Cependant, Kawaguchi Tsukiko souhaite vous voir. C’est au sujet de l’enquête sur la mort des conseillers.

Si les gardes avaient été réticents à l’idée de déranger la Kazekage et le chef du Kakumeigun suite à une caprice d’une Genin, le mot « conseiller » fut le mot magique pour briser toute réticence. Kioshi ne se fit pas prier pour quitter le bureau un court instant et s’isoler avec le clone de son élève.

- Le médecin chef n’est en rien un coupable, il était tremblotant, stressé et apeuré au moindre bruit. Il nous a donné d’amples informations sur les protocoles d’urgence ou encore sur le corps des conseillers. Tout d’abord, en cas d’urgence, pour protéger les civils et les hauts gradés, ces derniers sont placés à l’écart. Normalement, ils auraient dû être placés dans des pièces différentes mais au vu du chaos, l’équipe a fait l’erreur de les placer au même lieu.

Le clone fit une pause d’une petite minute pour laisser le temps au chef de réfléchir.

- Normalement, l’aile n’aurait pas dû exploser car Rinto Yogan était sur place sur s’assurer de leur sécurité.

Le clone refit une pause. Il savait qu’il arrivait à la partie la plus « intéressante » et intriguant de l’affaire.

- Il y a deux points « étranges ». D’une, le corps des trois conseillers sont introuvables. Soit la force de l’explosion était telle qu’ils ont été carbonisés, soit ils sont toujours vivants, soit leur corps mort servent à d’autre dessein. De deux, le médecin a recensé une intrusion il y a quelque mois dans l’hôpital. Une vitre aurait été brisée … et rien n’aurait été volé. Est-ce de simples voyous brisant les vitres ou alors le criminel avait préparé très, très en amont son plan ?

La question ne se posait même pas au vu des circonstances.
A Kioshi de trier ces nouvelles informations et éventuellement faire des rapprochements avec d’autres événements antérieurs dont il aurait eu connaissance.

- Pour l’instant, Akuzu Shinji et moi-même fouillons les lieux d’explosion à la recherche d’indices. Akuzu Shinji est un ami auquel j’ai fait appel pour m’aider pour interroger le médecin. Si je trouve quelque chose, je vous l’apporterai. Avez-vous d’autres tâches à me confier ?

Si non, le clone allait se retirer et rejoindre sa propriétaire pour prêter main forte au fouille de ce terrain.

Le chef du Kakumeigun donna quelques ordres et se retira dans le bureau de la Kazekage. Sans tarder, le clone partit rejoindre la vraie Tsukiko pour délivrer le message et prêter main forte pour la fouille.

La femme aux cheveux rouge observait par la fenêtre l'étendu du village et ses habitants arpentant ses rues sablonneuses. Lorsqu'elle vit un homme s'approcher du palais, elle le reconnu. Son pas rapide signifiait qu'il avait une raison autre qu'elle même pour s'inviter. Elle soupira et retourna s'asseoir dans le fauteuil qu'elle occupait quotidiennement. Heureusement cette chaise de bureau était confortable, sans ça ce travail, ces heures passées à lire des dossiers, rédiger des courriers ou des ordres de mission auraient été un véritable calvaire. Zanshi observa sa porte, s'attendant à l'entendre raisonner d'un instant à l'autre. Elle ouvrit un des derniers dossiers qui trainait encore sur son bureau et en commença la lecture. Ce fut quelques minutes après que ce qui était prévu arriva. On frappa, et on entra. C'était lui, c'était attendu. Elle leva les yeux un instant, transmit un sourire se voulant communicatif, et reprit la lecture.

"Que puis-je pour toi, Kioshi ?"

Il répondit assez rapidement par deux questions. Les deux portaient sur Yogan. Le plan s'articulait toujours d'une façon millimétrée. Elle effaça son sourire, et reposa le dossier, fermé. La Kazekage s'était demandée pas plus tard que veille si les soupçons allaient se porter sur le ninja retraité, ou pas. Elle était heureuse de voir que c'était le cas, finalement. Elle allait s'apprêter à lui répondre lorsqu'on vint une nouvelle fois frapper à la porte. Il s'agissait de Tsukiko. Le garde expliqua qu' elle demandait la permission d'interrompe l'entrevue. L'Habashi lui donna d'un signe de main, et les laissa faire, elle savait déjà de quoi il retournait... La Kunoichi écarlate attendit quelques secondes qu'ils eurent fini leur conversation, à l'écart de ses oreilles, bien entendu.

Pour qu'ils tiennent un échange de ce type dans son dos, c'était certainement pour une raison, mais la quelle ? Aucune idée, mais cela importait peu au final; puisque tout s'arrêterait rapidement. Peu à peu les voix se turent, et le chef du Kakumeigun refit apparition. Zanshi prit alors la parole sans prêter davantage attention à ce qui venait de se passer. Elle devait donc expliquer "à quel point Yogan et elle étaient proches". Pour le coup, elle se serait bien moquée du blondinet. Mais la seconde question écartait l'idée d'une jalousie quelconque; enfin, pas complètement non plus... Elle aurait pu se mettre sur la défensive, l'envoyer chier, lui dire que ce n'étaient pas ses affaires, mais cela ne servait à rien de cacher sauf éveiller maladroitement des soupçons qui seraient alors basés non pas sur un mensonge mais une dissimulation, inutile...

"Et bien, c'est un ami; voilà tout. Je ne sais pas ce qu'il serait prêt à faire pour moi... Certainement autant que toi, ou qu'un autre Sunajin. Tu n'as pas l'exclusivité de l'honneur à Suna, Kioshi. Mais, il est à la retraite en tant que militaire de Suna, donc... Il en ferait certainement moins qu'un ninja actif. Pourquoi ces questions ?"

En fait, elle savait déjà pourquoi. Avant de le voir arriver dans son bureau, elle avait déjà vu Yogan en coup de vent. Tout avait été préparé pour ce dernier, et sa famille. Après tout, il faisait partie de l'unité, et il la renseignait sur les paroles suintant dans le village au même titre que ses collègues. Elle savait tout ce qui avait été dit par l'ex Kazekage, et Kioshi. Mais bon, autant entendre tout ceci de la bouche du Yamada, c'était plus crédible...

Alors qu'il me parlait, je savais que le Rintô était en train de se préparer pour quitter le village. Lorsque notre conversation toucherait son terme, le senseur à la retraite serait dans le désert accompagné de sa famille. Il serait intraçable, introuvable. Notre discussion commença donc bon train avec comme premier sujet, justement, Yogan. Etait il capable de mentir ? La réponse était plutôt simple.

J'aurais pu dire que tous les Hommes sont capables de mentir. Ce qui était vrai et facilement vérifiable. Le mensonge était une chose innée chez tous les êtres humains et ce sans exception. Même Kioshi était un menteur, nous en étions tous. Les seules choses qui différencieraient les menteurs entre eux étaient l'utilité du mensonge, sa portée et son degré, mais je ne le ferai pas; à quoi bon ?

Ces derniers jours, je devais bien avouer que je battais les records à tous les niveaux, et que Yogan n'était pas loin derrière. Je m'étais imaginée comme une jauge de mensonge, ou une balance de vérité plutôt, que je pouvais équilibrer par mes paroles... C'était un moyen comme un autre de visualiser et virtualiser une chose aussi abstraite. J'allais donc, maintenant, parler pour équilibrer cette balance. Un mensonge pour le bien, et un peu de vérité pour faire apparaître le mal...

"Si Yogan est capable de savoir si les autres disent la vérité, il est aussi capable de camoufler ses propres mensonges... Oui, il est censé dire ce qu'il sait. Mais... Il est plus susceptible que la moyenne; donc fais attention à la façon que tu emploies pour l'interroger, et aux questions que tu lui poses. Cet homme est un géni. Pour tout te dire, il a combattu avec mon père, et avec moi au début la première guerre... Enfin.. Je te l'ai dit, c'est un ami."

Si la première question appelait une réponse assez simple, la seconde en revanche n'était pas du même bois, plus tranchante, plus... Désagréable. En effet, l'une des choses pour lesquelles je n'avais pas menti, que Yogan n'avait pas menti; c'était bien ça : ce qui m'était arrivé quelques années avant. Je compris que si Yogan était remit en question, alors son évaluation de ma version des faits seraient remises en cause. Certes, oui. Mais les conseillers n'étaient plus là pour changer d'avis et me condamner. L'unité existait pour écarter les opposants. Et Yogan... Serait loin de tout ceci dans quelques jours. J'observais alors le Yamada, le fixant et esquissant un sourire terne lui répondit sur cet autre sujet, d'une voix calme, presque éteinte.

"Tu remets donc en doute ce que j'ai dit ? Ce que je t'ai dit ?"

Je soupirai en me retournant, toujours assises dans mon fauteuil, vers la fenêtre, vers Suna. Je tirai un tiroir du meuble sur ma gauche et en sorti un sachet transparent contenant une poudre blanche. Je pris un verre d'eau et versai le contenu qui teinta le liquide d'un brouillard opaque. Je reposai le sachet dans le tiroir, refermai le tiroir, pris le verre de la main et tendis la main droite vers le même meuble juste à ma gauche. Là, se trouvait une cuillère en métal. Celle-ci trembla l'espace d'une seconde et parvint dans ma main comme irrésistiblement attirée. Je lâchai la cuillère dans le récipient, et sans la tenir, la fit tourner en rond dans la mixture afin de la mélanger. Quelques secondes après j'avalais d'un trait la potion et me retournai vers Kioshi.
Je posai le verre dans un tiroir ouvert du bureau tout en reprenant la parole.

"Si je lui avais demandé de mentir, il l'aurait probablement fait. Mais il n'y avait aucun mensonge lors de ce procès. C'est ma capacité à tuer qui m'a conduite à ce poste, à devenir Kazekage. Je t'aime profondément Kioshi, mais... Tu es encore très crédule dans ce domaine, mais être le chef du kakumeigun va t'aider à y voir de plus en plus clair. En attendant, je vais te l'expliquer. Les conseillers savaient parfaitement qui j'étais déjà avant que je ne parte. Si on m'appelle l'Ecarlate, ce n'est pas pour mes cheveux ou mes yeux, mais pour tout le sang que j'ai fait couler lors des différents conflits. Je suis de ceux et celles qui n'œuvrent que pour leur mission. Ma mission a toujours été de remporter les combats, les batailles et les guerres quels qu'en soient les coûts. Je peux tuer n'importe qui, ou presque, de sang froid. Sunajin ou pas, tant que j'atteigne mon objectif. Mais ce que je fais pour protéger Suna, et ce que je t'ai fait à toi et Mia n'a rien à voir. Et ne me dis plus jamais que ce genjutsu était une excuse pour me permettre d'expier mes fautes, parce que j'avais une solution pour payer ma dette, et tu m'en as empêché."

Je marquai un arrêt, et continuai de le fixer sans sourciller. Le silence ne fut pas long, je repris en apportant cette fois quelque chose d'autre, une autre vérité à mon sujet.

"Oui, je t'ai dit que je serai sincère, c'est pour ça que je te dis ça sans détour. Je vais maintenant t'en dire plus en ce qui me concerne. Ce genjutsu, comme tu l'appelles, c'est bien plus que ça. Je l'ai compris récemment. C'est une technique interdite de mon clan. Les Habashi disposent deux Kinjutsu. L'asservissement émotionnel et un autre... plus complexe dirais-je. Ils sont très similaires, et les erreurs arrivent très facilement. Akurai en plus de s'être trompé, ne connaissait pas leurs effets secondaires. Le premier joue sur les sentiments en passant par le genjutsu et le fuinjutsu, en ancrant une partie de ses propres... convictions dans mon esprit. Mais en exécutant ce ce Kinjutsu, il a implanté une partie de son âme et de son chakra dans mon corps. Ca peut te paraître inconcevable, mais c'est pour ce qui s'est passé. Depuis que Météora l'a tué, je suis devenue plus forte. Je déborde de chakra... Depuis que j'ai arrêté de boire, je l'entends qui me parle, et chaque nuit je le vois, chaque nuit je parle avec lui."

Je me frottai le visage et repris.

"Et son chakra est en train de détruire le mien, sa personnalité déteint sur moi... Je n'arrive plus à contrôler la chaleur, ni à invoquer Kirido..."

Ma voix se faisait chancelante. Accoudée sur le bureau, le front reposant sur la tranche de mes indexes, je fixai le bois vieilli. Je ne pouvais pas dire que je ne comprenais pas, au contraire, j'avais saisi ce qui se passait avec exactitude et je savais que je ne pouvais rien y faire. Le fait de savoir, et surtout d'en parler laissa s'évader de mon œil une seule et unique larme cristalline.

"Mais ne t'inquiètes pas, cela ne risque plus de m'arriver, d'être assujettie..."

Le Yamada était il prêt à revcevoir un tel partage, des telles informations; était il prêt ne serait ce qu'à les croire ?

J'avais promis d'être sincère en ce qui me concernait. Plus jamais on ne reprendrait à tenir une promesse. Mon éducation et la forte notion d'honneur qui imprégnait le passé de ma famille me poussait à respecter les paroles, et me poussait sans cesse à répondre aux interrogations de chacun lorsque je le jugeais, néanmoins, nécessaire. La réaction du jônin ne m'étonna pas vraiment, Kioshi avait toujours été comme ça. Il collait parfaitement à l'adjectif que j'avais employé : crédule. Mais je ne lui reprochai pas, et c'était sans doute l'une des innombrables raisons qui constituaient ce lien si particulier qui nous unissait. Un trait que j'appréciais qui m'avait souvent apporté la fraicheur que je recherchais à une époque, mais aujourd'hui aussi.

Dire pourquoi je l'aimais, finalement, m'était impossible. Qu'il s'agisse d'une prophétie liée à ma religion, ou d'une attirance physique; cela importait peu au final. Au travers de nos échanges, je m'étais aperçue que je ne lui montrais mon affection comme je l'aurais dû. Une autre chose dont j'étais vraisemblablement incapable. J'aurais aimé mener une vie plus simple, avec lui; en dehors de ce monde dicté par la loi du plus fort, du shinobi. Je ne pouvais donc dire si les choses étaient compliquées d'elles même, ou si j'étais la seule source de ces complication, enfin, moi ou mes origines; c'était la même chose. Je devais donc apporter de l'ordre à tout ceci.

Maintenant je comprenais véritablement la raisons qui avaient poussées mon frère à rester au pays de la neige toutes ces années. Quelque part je l'enviais, j'aurais voulu être à sa place. Il était presque amusant de voir comment, à partir de deux personnes identiques, les voies suivies pouvaient être si différentes. Mais au final, il était revenu à ce monde que j'aimais et haïssais à la fois et ce par ma faute. J'étais définitivement et clairement la source des ennuis de beaucoup de personnes. J'essayais de dresser une liste dans ma tête; mais il y en avait trop; beaucoup trop.

J'avais écouté le Yamada jusqu'au bout. Il attendait certainement de nouvelles réponses. C'était sûr.

"Yogan Rintô et toi êtes au courant. Et ça, ce n'est rien, qu'une décoction contre les maux de tête."

Je fis glisser le verre sur le bureau d'un geste sûr de la main, il pouvait le prendre et vérifier par lui même. C'était assez efficace, les apothicaires de Suna étaient sans doute les meilleurs pharmaciens de tous les pays confondus. Je sentais déjà le tambourinement lancinant qui résonnait dans mon crâne s'estomper au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient. J'essuyais ma joue encore humide, et pris une profonde respiration. Mes moments de faiblesse étaient rares, mais intenses, peut être trop. Maintenant, je devais le rassurer. Même si ses doutes comprenaient une part de vérité, l'autre partie était peu plausible.

"Si c'était Akurai, nous ne serions pas ici, il ne t'en aurait jamais parlé... Il ne peut pas me contrôler, ni même m'influencer directement; il est trop faible. Il ne peut que faire résonner sa voix dans mon esprit, et me donner la migraine. Et si j'avais souhaité la mort des conseillers, je n'aurais pas eu besoin de... lui. Je pense par moi même."

Entre autre, je ne pouvais pas dire que sa personnalité déteignait sur la mienne, je ne pouvais pas expliquer qu'il m'était bénéfique dans un sens. Il ne le comprendrait pas. J'avais besoin de lui pour être Kazekage, pour maintenir les choses dans l'ordre et faire preuve d'intransigeance quand il le fallait. Il y avait comme une osmose entre la haine qu'il éprouvait pour les shinobi, et le respect que je pouvais porter à la plupart d'entre eux, un équilibre presque parfait qui me permettait véritablement de faire la part des choses entre bien et mal, enfin, de façon assez générale. Je savais ce que j'avais à faire pour protéger les miens, je savais ce qu'il y avait à faire pour amener et préserver la paix; tout était plus clair qu'auparavant.

Non, il était parfaitement hors de question d'affirmer, qui plus est auprès de Kioshi, que j'avais besoin de cette présence; même si j'aurais préféré faire sans...

"Migrer vers un autre corps ?.. J'étudie les parchemins, je trouverai une solution à ce problème par moi même. Ca demandera du temps, il faudra être patient... En attendant, je voudrais que tu ne parles de ceci à personne d'autre. Que ce soit tes élèves, mon frère ou... je ne sais qui."

Sur cette dernière phrase, le silence s'installa. Je fixai toujours le blondinet. J'étais presque sûre que notre discussion ne se terminerait pas là.

Habashi et froide. Aussi froide que le métal que je pouvais maintenant maîtriser... Je m'étais rendue compte que je n'accordais pas au Yamada l'importance que j'aurais souhaité. Mais aujourd'hui, je ne pouvais pas. Pourquoi était la question. Trop dangereux pour lui ou pour moi peut être. Mais parce que je ne l'aimais pas ? Non. Je voulais lui faire confiance, j'aurais voulu lui dévoiler le moindre de mes secrets mais d'entre tous, j'étais presque sûre qu'il était le seul qui comprendrait le moins le sens de mes actes. Je ne voulais donc pas risquer sa vie, ni risquer de détruire ou de faire avorter tout ce que j'avais prévu. Les responsabilités qui m'incombaient m'obligeaient à me montrer distante. Je n'avais eu qu'à observer sa réaction lorsque je lui avas expliqué ma situation...

En fait, peut être devais je arrêter de jouer avec les mots, ou de dire les choses implicitement. Je comprenais ses maux et ses mots; sa réaction mais je ne pouvais résolument lui apporter ce qu'il demandait pour le moment. Que devais-je dire ? Devais mentir afin de préserver tout ceci ? Devais agir en Kazekage ? Le temps qu'il s'approche de la porte, je réfléchis un instant à la tournure des choses, de ce que j'allais dire. Ce fut à cet instant, en empoignant la cliche pour sortir, qu'il m'annonça que j'étais suspecte. Cela ne m'étonnait pas vraiment. J'avais laissé derrière moi suffisamment d'indices pour insinuer un doute raisonnable. Inévitablement, il me demanda d'être franche. Les Habashi avaient pour devise de ne pas mentir, mais cette dernière s'évanouissait, visiblement, avec moi.

"Quoi qu'il arrive dans ce village, j'y suis liée de prés ou de loin. Que vous me suspectiez est normal. J'en aurais fait autant."

Un phrase qui pouvait vouloir dire tout et n'importe quoi, ce n'était pas une réponse tout au moins pas celle à laquelle il s'attendait. Mais avant qu'il ne quitte la pièce, je repris sans attendre. Je devais aller jusqu'au bout quoi qu'il en coûte.

"Kioshi... Quelque chose nous uni, c'est inéluctable. Mais je ne suis peut-être pas celle que tu espérais. Ce qui se passe en ce moment rend les choses... si compliquées. Tu mérites sans doute mieux qu'une Habashi névrosée. Je ne te retiens pas davanatage... Je dois.. travailler."

Achevais-je sur un ton plus faible, en faisant pivoter le siège vers l'armoire dans mon dos, faisant mine de chercher quelque chose. Je me mordis les lèvres, alors que de nouvelles larmes inondaient mes yeux, ruisselant lentement sur mes joues. Aussi rapidement, je les essuyai, et me frottai les yeux de l'avant bras. C'était ça, la névrose. J'en connaissais son origine, c'était exactement ça...

Spoiler: