Suite à sa mission d'exploration de Kaze no Kuni aux côtés de son coéquipier Kibo, elle en était venue à la conclusion que Suna était très faible. Sans aucune ressource vivante - plantes ou animaux -, Suna sera vite asservi en cas de longue guerre. Actuellement tous les regards étaient tournés sur les Furyous mais lorsqu'ils ne seront plus là - car il faut une fin à tout, même à ces êtres suprêmes n'est-ce pas ? -, chaque village allait à nouveau se concentrer sur son pré-carré et vouloir l'étendre sous couvert de quelques stupides motifs. Les ninjas ne pouvaient vivre sans déclencher un conflit et certaines personnalités politiques ne pouvaient vivre sans devenir toujours et toujours plus puissants.

En somme, il fallait penser à rendre Suna plus indépendante et exploiter réellement tout son potentiel. Voilà la conclusion de cette mission.

Elle avait eu une première réponse montrant l'intérêt de la Kazekage pour ce projet et avait invité la Kunoichi pour en parler en détail. Et le rendez-vous était aujourd'hui, à cette heure-ci. Tsukiko avançait donc dans les couloirs du palais souverain en se répétant sans cesse de se calmer, de ne pas être nerveuse.

- Excusez-moi, faîtes attention ... dit-elle soudainement lorsque deux personnes passèrent près d'elle.

Effectivement, elle ne venait pas les mains vides. Elle s'était permis d'apporter une petite maquette de "sable". En somme une sculpture détaillée de Suna avec ses projets plus ou moins matérialisés, et le tout solidifié. C'était à peu près une merveilleuse et complexe rose des sables, le genre de projet complexe qui lui avait pris une à deux nuits.

Elle finit par arriver aux portes du bureau de la Kazekage. Un garde qui était dans les parages lui demanda de patienter ici, alla annoncer l'arrivée de la Kawaguchi et finit par l'introduire. Elle le remercia et rentra rapidement dans le bureau d'Habashi Zanshi. Sa nervosité n'allait que grandissant en voyant la figure sérieuse du chef des armées de Suna et en se souvenant de la puissance de cette dernière.

- Bonjour Kazekage-sama, merci de me recevoir. Vous semblez en pleine forme, c'est ... bon à voir, elle toussota un peu pour se redonner de la constance. Je viens donc présenter plus en détail les idées lancées lors d'un rapport sur une mission d'exploration du pays. J'avoue que ce n'est pas peut-être pas les fonctions premières d'un ninja mais nous ne pouvons pas rester aveugles sur certains besoins.

Elle approcha du bureau de la dame écarlate et se permit de poser sa maquette recouverte d'un tissu sur la table. Après quelques secondes, elle souleva le tout. Devant la Kazekage se dressait une maquette très détaillée du village. Il y avait cependant des éléments inexistants comme une bâtisse assez grande ou encore des tunnels creusés dans le sous-sol - car la maquette était sur deux étages, soit le sous-sol et le tout ce qui se trouvait au-dessus du sol -.

- L'une de nos premières faiblesses est notre manque de ressources. Nous avons des animaux des plus venimeux et pourtant nous n'avons pas vraiment de plantes pour guérir ou prévenir. Quelqu'un est empoisonné, soit il meurt, soit il faut faire appel à un medic-nin... or si on avait déjà des produits à porté de main, en combat comme hors combat, on peut se guérir soi-même et les medic-nin pourront se concentrer sur plus importants.

Elle laissa un petit silence planer pour laisser le temps à la Kazekage de comprendre la "logique" de Tsukiko.

- Je veux dire il semble normal qu'on n'est pas de plantes dans ce désert mais je pense le contraire. La vie, c'est en travers de l'eau et du soleil. Nous avons l'un, il ne manque que l'autre. Soit on utilise les capacités suitons de nos ninjas couplés aux talents des Saibogu, soit on peut imaginer creuser assez profondément le sol pour trouver une source d'eau. Je ne doute pas qu'on en a, il y a des lacs, il y des grottes, il y a quelques rares bêtes ... il doit y avoir de l'eau quelque part forcément. L'idée, en somme, est de créer un environnement viable pour les bêtes et plantes surtout, un environnement... artificiel, crée par l'Homme. Je ne dis pas qu'on va nourrir tout Suna mais si nous sommes en guerre ou si nous avons besoin de mobiliser beaucoup d'hommes tout en maintenant le village à flot, il faut penser à la rendre moins dépendante de l'extérieur ...

Tout en expliquant, elle avait montré la bâtisse crée. Elle était assez grande effectivement et si le projet tenait, elle pouvait être très intéressante. Beaucoup de plantes pouvaient grandir à grande vitesse avec autant de soleil. Il ne manquait que l'eau...

- Nous avons des clans puissants, ingénieux et totalement adaptés au désert, je ne doute pas une seule seconde qu'on puisse trouver des solutions et avancer efficacement et rapidement.

Avant d'embrayer sur le second projet, elle attendit, impatiente de connaître le verdict de la Kazekage pour cette première idée.

Une nouvelle journée s'annonçait sous un soleil toujours aussi radieux. Je n'avais pas grand chose de prévu ce jour, sauf un entretien avec Kawaguchi Tsukiko une genin dont j'avais vaguement entendu parler au cours de discussion avec mon frère. Il avait reconnu sa sympathie et son sens artistique. Deux qualités que je ne pouvais remettre en cause mais dont je n'avais en fait rien à faire, malheureusement. J'attendais l'heure de notre rendez-vous avec une certaine imaptience; pouvoir parler d'autre chose que les sujets actuels me tardait de plus en plus.

Je m'évertuais à remettre un peu d'ordre dans mes affaires; des dossiers notamment. Les dossiers, il e m'en restait plus qu'un en main, le sien. Il n'y avait rien à redire, elle semblait jusqu'ici exemplaire. Son histoire était un tantinet particulière, mais en dehors de cette information peu ou pas capitale... Non, absolument rien à lui reprocher. Au contraire, à la lecture du premier rapport de mission je m'étais enthousiasmée. Cette jeune femme avait eu une idée qui m'avait traversée l'esprit quelques années par le passé, mais que j'avais abandonnée au final.

L'heure approchait, et enfin elle arriva. Elle correspondait à la description d'Anseï. Aussitôt fut elle entrée dans le bureau qu'elle déploya sur celui-ci un plan, non, une maquette puis elle commença son explication sans me laisser le temps d'en placer une. Ce n'était pas plus mal. Je rencontrai enfin un genin qui n'avait pas peur d'esquiver les préliminaires et toutes les platitudes d'usage. Je voyais qu'elle avait très bien planifié la chose, dans les moindres détails ou presque.

En fait, je n'avais rien non plus à dire sur sa présentation aucunes critiques, si ce n'était sur le point des plantes médicinales, mais je ne pouvais pas lui en vouloir, c'était une genin qui plus est qui ne devait pas nécessairement s'intéresser à la médecine et à la concoction de remède et autres mixtures. Donc, je supposais qu'elle avait besoin de mon aval et de quelconque conseils, entre autre. Enfin, je n'allais pas tarder à en apprendre davantage.

"Je vois... C'est un projet ambitieux. Il demandera beaucoup de ressources et de temps. Néanmoins, pour ce qui est des plantes médicinales, tu n'es pas sans avoir que Suna dispose d'une serre visant la culture de toutes sortes de plantes justement pour soigner d'éventuelles infections liées à la faune locale... Enfin, ce n'est pas le point le plus important. Je crois aussi que nous devons renforcer Suna, que ce soit militairement ou économiquement. Je suis ravie que quelqu'un s'intéresse à tout ceci. Si tu n'étais pas si jeune, tu ferais certainement une bonne conseillère..."

Souriais-je. Je marquai une courte pause. Le sujet du conseil de Suna restait encore assez sensible. Mais viendrait assez rapidement le jour où ces fonctions seraient de nouveau assurées, il le fallait. Le but de tout ceci n'avait pas été de prendre le contrôle de Suna, tout au moins pas directement, pas uniquement par violence, par force. Puis je repris la parole.

"Si tu veux réellement mener ce projet à bien, je suis prête à t'apporter mon aide. Mais il faudra certainement convenir d'un entretien avec le Daimyo. Certes en tant que village ninja nous avons une grande part d'autonomie, mais ce genre d'idée ne peut reposer que sur notre propre et seule décision. Comprends-tu ?"

J'étais sûre qu'elle comprenait parfaitement, elle devait se douter que je ne pouvais être la seule à autoriser un tel projet et tout ce qu'il pouvait entrainer. Mais j'étais prête à soutenir sa démarche et faire en sorte que cela fonctionne.

"Je ferai donc envoyer un aigle à la capitale. Par contre, je suppose que tu as déjà une idée des personnes avec qui tu développeras cette entreprise, non ? Parce que, en dehors d'un appuie politique et éventuellement quelques conseils sur l'économie du pays... je ne te serai pas d'une grande aide."

Souriais-je à nouveau. En effet j'avais une connaissance très précise de l'économie de Kaze no Kuni. Après tout je faisais partie de la famille Habashi, une famille de marchands, de négociateurs et d'hommes d'affaires avant même d'être une Kunoichi ou un Kazekage. Nous autres avions un sens très pointu dans les domaines touchant de prés ou de loin à l'argent...

- Oh...

Un "oh" qui fut son seul commentaire quand la Kazekage disait qu'il existait déjà une serre pour les plantes médicinales. Elle connaissait beaucoup d'endroit à Suna mais il semblerait que ce lieu spécifiquement lui est échappé. Peut-être était-ce dû au fait qu'elle fuyait comme la peste les hôpitaux, lieu de mort à ses yeux? Pourquoi parler soudainement des hôpitaux? Elle imaginait qu'une telle serre devait être incorporée dans l'édifice à laquelle elle était grandement utile.

- Si tu n'étais pas si jeune, tu ferais certainement une bonne conseillère...

Une phrase qui la surprit et qui fit naître différentes émotions dans le cœur de la jeune Kawaguchi. Tout d'abord la peur, car elle se souvenait encore de cette nuit où les explosions s'étaient succédées et où elle avait expérimenté d'assez près la mort. Ensuite elle ressentit la frustration, un sentiment légitime quand l'objet de tant d'acharnement avait fini par mourir par un acte traître. Enfin, tous ces sentiments négatifs furent balayés par un mélange de fierté et d'orgueil.

Si son père avait pu entendre cela... Malheureusement, il aurait été capable de se taire ou de critiquer. Ou alors la féliciter pour la pousser davantage à bout. Cependant pouvait-on lui en vouloir? Les ninjas restaient des humains avides et enfin, le monde était instable et chaque parcelle de pouvoir était bon à prendre, même si seulement miroitée.

- Merci, se contenta-t-elle de dire.

Elle ne sera jamais conseillère et encore moins un membre respecté de son clan. Elle restera encore et toujours la bâtarde étrangère, elle l'avait compris. Sa seule solution, sa seule voie possible maintenant, était d'assurer la protection du village et d'être un excellent ninja.

- Je comprends tout à fait pour le Daimyo. Cependant si vous êtes intéressés, il le sera davantage je pense. Cela implique l'indépendance, la force et ... peut-être la richesse du pays.

Qui voudrait dire non à une possibilité de rendre le pays plus fort et qui sait, plus riche? Qui serait assez fou pour refuser d'entendre une ou deux idées? Les Daimyos étaient clairement les derniers êtres à refuser de telles propositions, et peut-être même croulaient-ils déjà sous des tonnes de dossiers.

- Précisément, j'aurais besoin de votre soutien économique et politique mais surtout de votre soutien en tant que Kazekage. Je pense mener ce projet avec Kibo, qui est aussi enthousiaste que moi à cette idée de renforcer Suna et le pays en général. Cependant, j'aurais besoin de compétences plus techniques aussi, comme celles des Saibogu. Ils sont à la fois inventifs et débrouillards, ils pourront m'aider à développer des idées ou à les améliorer! Malheureusement, ils n'ont pas vraiment de chef de clan auprès de qui s'enquérir du bon Saibogu pour un tel projet et moi-même je n'en connais pas vraiment.

En somme, la Kazekage aurait-elle un bon profil à suggérer pour la jeune Tsukiko pour mener à bien ce projet qui promettait d'être long et laborieux? Hormis la Kazekage, qui pourrait être vraiment apte à choisir, celui qui connaissait parfaitement les ninjas du village?

- Par exemple, j'ai peut-être une idée de serre mais peut-être pourront-ils m'aider à trouver un système pour rendre l'eau plus accessible car c'est sur l'eau que repose tout ce projet? L'idée est seulement d'éviter les "famines" et grandes "pénuries" en cas de conflits. On sera vite touché si tel ou tel pays ne nous fournit plus de vivres., dit-elle, au risque de se répéter.

Elle se tut un court instant, en remettant ses idées en place. Il y avait tant à parler qu'elle ne savait pas vraiment comment continuer "logiquement", sans manquer s'embrouiller et rendre le projet "brouillon".

- Je pensais aussi à d'autres projets, donc l'évacuation des civils en cas de danger. Avant de vous le présenter et afin de vous faire gagner du temps, pourriez-vous me dire comment se charge-t-on des civils dès que le village est attaqué? Pour ma part, étant du clan Kawaguchi, on m'a sorti appris à courir aux "portes", et d'assumer sa protection, sa solidité avec mon sunaton.

Effectivement, elle préférait d'abord entendre et seulement après parler. Elle avait fait l'erreur d'enchaîner bien trop vite avant et avait été un court instant "déstabilisé". Elle ne voulait pas "revivre" cela, elle voulait rester un tantinet maîtresse de la situation.

L'entretien suivait un cours plutôt logique. Je ne tenais pas rigueur des quelques hésitations de la genin qui s'évertuait à présenter un projet plutôt bien construit dans son ensemble. Je la laissais parler et ne comptais pas l'interrompre. J'étais toujours plus impressionnée pas le travail qu'elle avait fournie, d'autant qu'elle n'était obligée à rien et une genin qui plus est. En fait, j'avais peut être une critique à formuler, je la gardais pour la suite. J'observais la maquette avec toujours plus d'attention qui n'était certes pas toute à fait bien construite, mais qui reflétait néanmoins bien le projet de la jeune femme.

J'aurais souhaité lui accorder davantage de temps, mais je ne pouvais malheureusement passer la journée à écouter un exposé aussi intéressant puisse-t-il être. J'avais encore beaucoup de chose à faire, et surtout je n'avais pas prévue que cette entrevue serait de cette ampleur, malgré le rapport que j'avais pourtant lu. Enfin, cela n'empêchait que je restais très favorable à ce plan de développement. Je me demandais pourquoi les hautes sphères du pays n'avait jamais songé à ça... Enfin, si, peut être l'avaient ils fait, mais ces hommes bornés aux murs de la capitale et de leurs bureaux ne faisaient qu'établir des théories.

Il était que ce genre chose, une fois placée entre les mains de Shinobi, pouvait prendre une tournure bien différente. J'en déduis alors que le seigneur du vent ne faisait pas confiance en nos capacités, ou alors les estimait il très limitées, bornées au combat et une diplomatie simple. Pourtant, nous protégions leurs intérêts avec force et endurions probablement des maux incommensurables pour... Rien ? J'ôtais cette idée de mon esprit, je n'en étais pas encore à ce pant de notre plan. Enfin, Suna et Kaze tout entier allaient pouvoir prendre un chemin différent, plus moderne, et ce grâce à l'esprit d'une genin... édifiant.

La volonté de cette jeune kunoichi me marquait un instant, j'envisageais déjà d'autre chose pour elle, il était important de ne pas perdre de tels cerveaux.

"C'est bien. Lorsque nous nous rendrons à la capitale, il faudra que ton exposé soit mieux mené. Ta prestation est bonne, mais je ne suis qu'un Kazekage. Les dirigeants attendent de la clarté, un plan... C'est ce qui les convaincra, en plus de mon appuie... Ce sont des bureaucrates, ils n'ont pas la même façon de penser que nous, enfin... Que vous devrais-je dire. Je ne saurai donc trop te conseiller que de t'entrainer. Bien que tu sois encore très jeune, si ce projet est accepté par le Daimyo, je te nommerai conseillère de Suna, sauf si tu as peur des responsabilités."

Il restait un point à aborder...

"Pour ce qui est des Saibogu, je m’entretiendrai avec le chef du clan, mais j'ai déjà une idée de la personne qui t'aidera. Bien sûr, tu ne seras pas seule à travailler sur ce projet."

La Kazekage ne répondit pas à sa dernière question, semblant davantage clôturer la rencontre en débutant sa tirade par "c'est bien". Tsukiko était un tantinet déçue mais n'en voulut guère à la dirigeante. Elle devait avoir bien plus urgent à traiter récemment!

La jeune Kawaguchi écoutait attentivement les explications de la Kazekage et, en parallèle, se fit une petite liste de choses à faire comme à améliorer. Ainsi, il faudra qu'elle mène avec plus de clarté et de précision son exposé, et qu'elle s'entraîne longuement sur son discours. Pour ceci, il lui fallait trouver une personne à l'esprit moins étriqué, moins rigide... En somme un esprit moins ninja et davantage bureaucrate.

A qui pouvait-elle donc le demander? Les conseillers auraient pu l'aider mais ils n'étaient plus vivants. Ils étaient morts, explosés en mille morceaux et puis carbonisés. Une fin ... explosive dans tous les sens du terme, et extrêmement triste et choquante.

- Bien que tu sois encore très jeune, si ce projet est accepté par le Daimyo, je te nommerai conseillère de Suna, sauf si tu as peur des responsabilités.

Tsukiko ouvrit grand les yeux devant cette nouvelle. Dans un premier temps, elle crut que la Kazekage faisait une blague mais son air sérieux et son ton mirent rapidement fin à ces doutes. Elle était très, très sérieuse dans ses propos.

Par contre, si Zanshi semblait plus ou moins imaginer ce projet "faisable", Tsukiko pensait que c'était un projet "irréaliste". Un conseiller, ou conseillère, était chargé(e) d'annoncer les Kage, de conseiller et de soutenir ce dernier. Tout cela exigeait sagesse, connaissance pointue de Suna et de ses secrets et le soutien d'un bon nombre de ninjas.

Elle n'en avait aucun.

De plus, il y avait tant d'autres candidats ... Il devrait y en avoir non ?

- Je ne sais pas Kazekage-sama. Un conseiller mérite sa place pour son expérience non? Je veux dire ... je suis jeune, cela risque de paraître injuste ... pour les autres candidats. Non ? demanda-t-elle avec une voix incertaine. Avant le développement de Suna, avant l'élection de nouveaux conseillers, je souhaiterai avant tout découvrir la personne derrière les explosions.

Effectivement, avant toute chose, son objectif était de mettre la main sur le coupable. Avoir échoué dans sa mission de protéger les conseillers lui restait réellement en travers de la gorge ! Enfin, elle se refusait que d'autres dirigeants "meurent" encore à cause d'un traître.

- Je... Je m'excuse de ne pas avoir mieux protégée les conseillers. Je... je promets que je n'échouerai pas à retrouver le vrai coupable, en assistant du mieux que je peux l'équipe en charge de l'enquête.

Elle se tut un court instant, lançant un petit regard vers la Kazekage-sama. Pouvait-elle lui poser des questions ou alors devait-elle laisser le chef du Kakumeigun se charger de s'entretenir personnellement? Sans parle que les deux semblaient être en couple.

Cependant ... des doutes persistaient dans l'esprit de la Genin.

- Un ninja nous a assigné à l'extérieur, nous disant de noter toute intrusion étrange. Cependant, en dehors de vous, personne n'est rentrée. J'en suis sûre et certaine. Ou alors ... je n'ai pas vu, ou ressenti. Je ne suis que Genin. Peut-être que vous avez senti quelque chose?

En somme, avez-vous remarqué des choses inhabituelles ou non ? En somme, était-ce "normal" qu'elle a failli à une telle "mission"?

- Pensez-vous que c'est une action contre Suna ou plus particulièrement contre les conseillers ? Une vengeance personnelle ou alors un désir de prendre la place de conseillers ? avança-t-elle prudemment.

La jeune femme avait une vision des conseillers toute à fait honorifique, et même plutôt juste. Je ne pouvais que la féliciter dans son raisonnement, comme pour le reste. Elle se trouvait donc elle même trop jeune pour assumer une telle responsabilité, elle parlait de justesse vis à vis d'éléments plus expérimentés du village... Oui, évidemment. Mais aucuns de ces hommes et femmes n'avaient eu l'idée ni même l'audace de proposer un tel projet. Et puis, c'était vrai; je ne pouvais pas nommer moi même un conseiller. Je pouvais les éliminer, mais ne pouvais pas décider de qui occuperait cette fonction. Un léger sourire égaya mon visage, étrange même; lorsque je pensai à ce détail.

Bien sûr, nous passerions par des élections. Enfin, la suite de ses propos changea totalement la teneur de la discussion, passant d'un projet de développement à ce qui semblait être l'enquête sur la mort des conseillers. J'étais assez contente de voir que des ninjas de Suna s'intéressaient tout de même à cette affaire, comment aurait il pu en être autrement après tout ? Une personne normalement constituée aurait craint d'être découvert, mais bizarrement je ne ressentais pas cette peur. Non, en fait ce n'était si bizarre que ça; je savais pertinemment qu'on ne remontrait pas à moi. Tout était prévu en fin de compte. Mais ils avaient le mérite de chercher la vérité, et quand bien même il n'apprendrait de cette opération, ils découvriraient un coupable. Restait à déterminer lequel.

L'oreille attentive que je lui prêtais me décida à prendre la parole. Il était certains points que je devais développer, et d'autres sur lesquels je devais la rassurer.

"Je doute que nous découvrions un jour les coupables, mais ça vaut le coût d'essayer. Pourquoi ? me demanderas-tu. Et bien c'est simple. Cette action n'a été revendiquée par personne. Les seuls indices que nous pourrions exploités sont des cendres. Mais ne te morfonds pas sur leur mort ou sur ton incapacité à les protéger. Même je n'aurais pu les défendre de cette attaque. Elle a été minutieusement préparée si tu veux mon avis. Ceux à l'origine de cet attentat peuvent être des déserteurs, des personnes voulant se venger, peut être. Peut-être est ce un message, un avertissement venu d'un groupe extérieur au village, ou peut-être même à un groupe au sein du village. Il y a une multitude, pour ne pas dire une infinité de pistes à suivre. L'une d'entre elle nous mènera à la vérité vraie, et les autres dévoileront des secrets... Qui sait ?"

Je marquai une courte pause dans ma longue tirade. Je n'allais pas en ajouter davantage sur ce sujet. Je n'étais "pas" au courant des rouages de cette machination, évidemment, non. Je préférais rebondir sur le sujet des futurs conseillers. Que je fusse ou pas à l'origine de cette affaire importait peu. Suna devait se tourner vers le futur et laisser au passé le passé. Je me rendais compte que ce n'était pas chose facile pour les habitants de ce village, et je ne doutais pas nombre de ses habitants devaient éprouver, sans la dévoiler, une forme de rancoeur à mon égard. Mais ce que je faisais et ce que je ferai pour ce village s'avérerait irrémédiablement bénéfique, à court, moyen ou long terme. C'était une stratégie.

"Il y aura bien sûr une élection des nouveaux conseillers. Cependant, tu n'as rien à envier aux plus anciens, qui eux ne font rien. J'aimerai une vision nouvelle sur le village, une vision comme la tienne. Les sages, des anciens, et toute cette clique... Est trop archaïque pour que Suna devienne plus grande. Enfin, quoi qu'il en soit, tu auras mon soutien pour ton projet; et il sera réalisé."

Quitte à ce que je vide les coffres du temple des Habashi.

Les paroles de la Kazekage avaient le don d’obliger de « taire » la modestie, la « sagesse » ainsi que la « lâcheté » de la jeune Kawaguchi. Elle craignait que le fait même d’être candidat attire l’animosité de plusieurs ninjas expérimentés et aimés du village ou encore certains membres de son village. Elle « fuyait » d’office les mauvais regards, les regards jaloux ou envieux, de ces personnes. Cependant, malgré tout, la manière dont la Kazekage parlait effaçait toutes ces craintes et ne lui insufflait que davantage l’envie d’être une « Conseillère de Suna ».

Petit à petit, un tout nouvel avenir se dessinait sous ses yeux. Si elle n’était pas conseillère, pourquoi ne pas « postuler » à un autre poste tout aussi honorifique, un poste qui lui permettrait vraiment de s’investir au sein du village et ainsi se sentir réellement « utile » et non comme une chair qu’on envoyait au front soit pour être tué soit pour survivre durement ?

« Et pourquoi pas … chef de clan ou bras droit d’un conseiller … de la Kazekage … ou de mon maître même ?! » pensa-t-elle, les yeux soudainement brillants.

Aucun de ces choix ne la gênait réellement. Etre chef de clan signifiait qu’elle était un membre « à part entière », voire même « Le » membre. Etre un bras droit d’un des chefs majeurs était tout aussi honorifique mais surtout instructif. Zanshi était la Kunoichi forte et respectée que Tsukiko souhaitait devenir. Kioshi avait toutes les compétences « pédagogues » pour lui apprendre ce dont elle avait besoin. Et un conseiller … eh bien, elle apprendra de sa sagesse et de son expérience.

Un sourire vint éclairer son visage il y peu triste.
Pourquoi pleurer longtemps des morts quand un avenir meilleur se présentait ? Pourquoi pleurer des morts qu’elle n’avait même pas connu ? Cependant, elle pleurait sur le fait d’avoir échoué ! Certes, elle avait « espéré » se sentir mieux si la Kazekage disait qu’elle-même n’aurait pas pu sauver les conseillers mais que nenni. La honte d’avoir « échoué » la brûlait encore.

- Qui que ce soit les futurs conseillers, j’espère qu’ils sauront vous guider comme il se doit. Quant au projet, je vais tenter de l’améliorer et le rendre intéressant pour le Daimyo pour qu’il l’accepte avec enthousiasme ! Conseillère ou pas … ma plus grande joie serait que Suna devienne un village puissant et solide, inspirant la peur à ses ennemis. Si on inspire la crainte, la grandeur et la modernité … on ne nous attaquera pas aussi facilement. Et si on nous attaque, on saura nous défendre et surprendre l’ennemi. La « Grande » Suna, voilà l’adjectif que je voudrais qu’on ajoute à ce village.

Suna était bien trop synonyme de désert et d’aridité pour beaucoup. Rien ne la rendait attrayant, et rien ne rendait la vie « facile ». Tous les jours, c’était un combat contre la chaleur, contre le désert et contre tant d’autres choses.

- Il est temps que Suna quitte ses préoccupations comme le manque de ressources ou de nourritures. .. Il est temps qu’on s’inquiète réellement de nos problématiques militaires. Renforcer Suna … économiquement et militairement.

Tsukiko finit par récupérer sa maquette de sable et finit par s’incliner rapidement en signe d’adieu.

- Je vais préparer plus minutieusement ce projet avant la rencontre avec le Daimyo… J’attendrai donc une lettre de votre part ou du Daimyo pour le jour de la rencontre ? demanda-t-elle. Effectivement, elle doutait qu’elle puisse joindre directement un haut dignitaire avec un simple rang de Genin. Je vous remercie pour m’avoir écouté. Passez une bonne journée !

Dans sa joie des nouvelles perspectives futures, elle en avait « complètement » oublié l’histoire de l’enquête et ne réfléchissait pas pour un sous sur les réactions ou les réponses de la Kazekage. La Kawaguchi n’y pensera qu’une fois sortie du palais souverain, à l’air libre, lorsqu’elle se remémorera tout l’entretien. Cependant, même en se rappelant des mots, jamais elle n’aurait idée de se douter de la Kazekage.

Elle restait la fervente défenseur de Suna après tout.

« Oh mince ! J’aurais dû lui dire de faire attention à elle … au cas où la ou les personnes ayant tué les conseillers ne s’en prennent à elle. Quoique … elle est Kazekage, on la dit très forte » conclut-elle en haussant les épaules et s’éloignant d’un pas léger et l'esprit partagé entre cette maquette, son futur et la mort des conseillers et tant, et tant d'autres sujets !

Le long entretien qu'il venait de se dérouler entre les deux Kunoichi de Suna venait finalement de toucher à sa fin. Zanshi était assez contente de voir que la jeune femme allait prendre en compte ses quelques conseils quant au peaufinement de cette présentation. L'exercice n'était pas des plus simples, mais il lui permettrait de gagner en crédibilité, d'autant plus lorsque cela se passe dans le Seigneur d'un pays. Oui, parce que la Kawaguchi n'avait que peu, pour ne pas dire aucun, de renommée. Elle n'avait jamais participé à une guerre, elle était de la nouvelle génération, et sans au moins une prestance irréprochable, le Daimyô aurait vite fait de démonter son exposé... Enfin bref. Tsukiko venait de refermer la porte du bureau derrière elle.

Ce fut quelques secondes après qu'une personne apparu, comme sortant du mur. Il s'agissait d'Akuzu Inabi, une jeune femme âgée de vingt cinq ans à peu prés. Une experte en infiltration, maitrisant parfaitement les caractéristique de son clan. Zanshi, ne l'avait pas sentie, mais elle savait qu'elle était là. La jônin approcha du bureau en soulevant son masque noir. La Kazekage lui demanda rapidement si elle avait des nouvelles, des informations à partager. La réponse fut négative. En revanche, elle avait autre chose à dire. Sa légendaire impétuosité reprit le dessus...

"Vous voulez que je la surveille ? Elle a l'air de s’intéresser de prés à notre dernière opération..."
"Non, inutile; j'ai d'autres plans pour elle. Elle enquêtere sous la responsabilité de Kioshi... Ils feront ce qui est prévu, n'ayez aucune crainte. Tout est planifié."
"Bien Kazekage-Sama. Avez vous une mission particulière à me confier ?"
"Oui... Mais ça attendra un peu. Tu peux disposer, je te ferai savoir ceci lorsqu'il sera temps."

Puis la jeune Akuzu disparu dans un petit nuage de poussière. Quant à la Kazekage, elle se remit au travail, comme si de rien n'était. L'élève de Kioshi n'avait aucunes craintes à avoir pour le moment, puis elle ne devait pas en avoir de toute façon; elle ne pouvait pas se douter que n'importe qui pouvait être prit pour cible, et encore moins de l'existence de l'unité...