Tsubaki était à son bureau personnel, dans sa chambre, loin de tout bruit et de toute distraction susceptibles de la déranger. Dans la magnifique journée d’été qui se déroulait au-dessus de sa tête, le soleil perçait tout insolent nuage immaculé qui osait se trouver sur son chemin, baignant tout le pays dans une clarté aveuglante et une chaleur de plomb. Mais, bien entendu, se trouvant six pieds sous terre, elle ne pouvait pas profiter de tels bienfaits naturels. Aussi devait-elle se contenter de ce que l’éclairage cristallin ambiant pouvait lui proposer. Et cela lui convenait parfaitement. Elle devait bien avouer que la trouvaille de cette bibliothèque avait été une veine. Personne ici ne venait la déranger, étant donné qu’elle avait vu sa porte protégée par un sceau. Les seuls êtres vivants autorisés à pénétrer cette salle, à part elle, étaient Kumo et Seitô. Tout autre intrus avait fort à faire pour déverrouiller le mécanisme à l’entrée. Mais il n’est pas question du sujet qui nous amène ici dans mes derniers propos. En effet, si la kunoichi ne se trouvait pas à la surface en train de profiter d’une baignade dans quelque lac du coin ou dans la mer qui se trouvait quelques kilomètres plus haut, c’est parce qu’elle avait du travail à faire. En tant que chef financière de l’organisation, il était de son devoir de tenir et gérer les comptes et finances dont disposait le Shôraizen. Pour le moment, afin de n’accabler nul membre, elle n’avait pas demandé quelque cotisation que ce soit, n’ayant reçu aucune demande de son supérieur su tel sujet. Aussi usait-elle de ses propres revenus depuis le début pour assurer le maintien et la vie de l’organisation. Si elle avait quelque peu dépensé dans des besoins et envies personnelles depuis sa remise de récompense par le vieil archéologue, elle n’avait pas dilapidé toute la fortune, et l’acquisition de ressources qu’elle avait faite au cours de sa mission dans les stations thermales plusieurs semaines auparavant avait permis un renflouement des caisses. Aussi commença-t-elle à compter.
Bien entendu, pour des raisons de discrétion, je ne peux me permettre de divulguer les chiffres exacts des comptes de l’organisation, aussi aurez-vous droit à cette magnifique vidéo ci-après.
Heureusement qu’elle eut dans sa bibliothèque personnelle des ressources conséquentes en papier, sans quoi elle aurait dû placer quelques calculs sur sa propre table ainsi que ses murs. La tâche en elle-même, si l’on ne tenait compte que de somme de dépenses et de revenus, n’était pas si difficile, mais la jeune femme était assez généreuse en détails et pointilleuse au point de séparer les prix de chaque set d’objets achetés pour le QG, regroupant ensuite chaque ensemble pour générer le prix de chaque pièce. Il nous paraît ainsi évident que deux jours d’affilé comportant deux nuits blanches furent nécessaire à l’accomplissement de ce travail, Kumo n’ayant pas décidé de rendre la tâche aisée à sa chère et adorée maîtresse. Aussi décidait-il parfois de venir se planter sur ses feuilles ou ses livres de compte, parfois de se lover dans les bras ou sur les épaule de Tsubaki, qui, devant tant de tendresse, ne pouvait qu’accepter les intrusions de son félin préféré. Aussi passa-t-elle peut-être plus de temps que nécessaire sur son projet, mais ainsi son œuvre fut-elle plus agréable dans sa réalisation, ce qui ne pouvait que renforcer sa productivité. Alors que la Nuit se trouvait dans la fin de sa course et que l’Aurore aux doigts de rose et d’or pointait le bout de son nez encore endormi, la fleur se mit à recopier sur plusieurs livres, au nombre de trois, les résultats de ses comptes. Ainsi aurait-elle plusieurs copies au cas où, consultables par les gradés de l’organisation, ainsi que les acolytes qu’elle engagerait au fil du temps, pour alléger son fardeau dans les moments difficiles. Cette tâche dura encore sept bonnes heures, si bien qu’elle put se trouver à l’heure pour le déjeuner. Elle passa rapidement par la salle de bain, histoire d’être quand même au minimum présentable, et enfila une magnifique robe verte qui entrait parfaitement en harmonie avec la couleur de ses yeux. Elle fit un signe à son chat, qui sauta immédiatement sur ses épaules, prêt à quitter, après sa longue sieste, la pièce pour aller engloutir une bonne nourriture offerte par sa maîtresse bien-aimée.
