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Donneur de missions a écrit:

Saibogu Oniri & Akuzu Shinji

Les archéologues ont terminé les analyses de la statuette dorée. Selon les scientifiques cet artefact datant d'un autre âge serait majoritairement constitué d'or. Ils demandent à ce qu'une nouvelle expédition soit menée. Vous accompagnerez donc deux des archéologues menant des recherches sur ces ruines, vous devrez les protéger des dangers même s'il est à supposer que vous en ayez écarté une bonne partie lors de votre dernière exploration. Les deux hommes espèrent trouver d'autres pièces appartenant à cet âge, qui sait ce qui se cache encore dans les sables du désert de Kaze.

Le soleil tapait haut et fort sur le désert, déversant sa chaleur aussi arides qu'implacable sur les rares formes de vie qui osaient l'affronter. Nous, peuple du pays du vent, faisions parti de ces petits êtres jouant tantôt sur la raison, tantôt sur la passion pour édifier tout un empire parmi ces dunes de sable. Le plus incroyable étant que ce dernier commençait à s'élever petit à petit. Nous Sunajin étions la parfaitement représentation de la dominance humaine sur cette incommensurable étendue d'ocre dans lesquelles résidaient mille danger outrageusement plus pernicieux que le courroux de l'astre diurne. Moi-même en étais-je un exemple vivant. Pour continuer de parler de ma personne je demeurai également l'une des survivantes de ses terribles épreuves. Six semaines s'étaient écoulées depuis que, lors d'une mission, j'avais jouer le rôle de profaneuse de tombe quitte à en perdre la vie.

Pourtant ces ruines enterrés par le savoir faire des anciens et exhumée par la volonté de l'homme contemporain m'appelaient à nouveau. En effet, une nouvelle mission m'avait été confiée à l'aube, m'ordonnant d'escorter une équipe de chercheurs venant de découvrir une toute nouvelle série de salles dans le temple des Précurseurs. Il s'agissait du nom qu'avaient donnés les archéologues au site de fouille. Cette appellation leur convenait tout particulièrement, bien que personnellement je les aurais habilement relégué au rang de tortionnaires. Au vu de ce que j'avais pus vivre certains pourraient me penser totalement déraisonner en apprenant que je concédais à y retourner. Peut-être n'auraient-ils par totalement tort. Quoi qu'il en fut ma curiosité naturel ainsi que mon nom me poussait toujours plus à aller de l'avant. Je mettais prise d'un intérêt tout particulier pour cette civilisation antique et désirai en découvrir davantage à son sujet et ce qu'elle qu'en soit le prix.

Les dernières semaines avaient été particulièrement rude. Venant de quitter l'hôpital il y a peu, je me remettais tout juste de mon combat contre Megami si bien que j'arborai de nombreux bandages notamment sur le bas du ventre, l'épaule gauche, mon front ainsi que sur mes deux jambes. Un épais pansement couvrait encore ma joue. Malgré cela, je me sentais prête à m'engouffrer une nouvelle fois dans les profondeurs du désert pour faire face à l'inconnue. Partant en connaissance de cause, j'avais pris un soin tout particulier à sélectionner mon équipement. Celui-ci se différenciait à peu de chose près du précédent, à savoir que je ne transportai quelque gadgets supplémentaires ainsi que d'autant plus d'explosif accroché à ma bandoulière et à ma ceinture.

Je fus la première à arriver sur le site de fouille. Les chercheurs s’affairaient toujours dans leurs travaux voguant tantôt de l'extérieur du temple, jusqu'aux nombreuses tentes aux fanions secoués par le vent. Assise sur le sommet de l'arc soutenu par les deux colonnes de l'entrée principale des ruines, j'attendais patiemment l'arrivée de mon coéquipier, lunette de soleil posée sur le nez, fixant l'horizon avec nonchalance. Par ailleurs je ne tardais pas à distinguer sa silhouette se dessiner au loin. Il s'agissait de Shinji. Je ne l'avais pas revue depuis notre dernière expédition dans les ruines. J'avais à plusieurs reprises pensées à lui au cours des jours qui avaient précédé notre rencontre, ne sachant qu'en penser à son sujet. Partagée entre la rancune et la reconnaissance je n'arrivais pas à me faire une opinion concrète sur sa personne. Ce n'était qu'un idiot finit. Cela, j'en avais la certitude. Cependant il nous avait sauvé la vie à nombreuses reprises ce que je ne pouvais oublier. Il savait aussi se montrer singulièrement sympathique, du moins à sa façon. Malheureusement je ne pouvais renier que tous les problèmes que nous avions eut étaient en parti du à son comportement puéril. Ce sombre imbécile ne savait pas faire la part des choses.

L'image de nous trois unissant nos mains sur mon lit convalescent me traversa alors subitement l'esprit. J'éprouvai une certaine sensation de mal-être. Il était vrai que nous étions passés par tant d'épreuves. Nous devions notre survie à notre esprit d'équipe, ainsi que mon incommensurable sens analytique. Bizarrement j'avais été heureuse d'apprendre que j'allais de nouveau faire équipe avec cette ordure. Pour peu, les choses pourraient bien se passer s'il s'était donné la peine de prendre un bain avant d'arriver... Le voici qui était parvenu sur le site de fouille. Je l’observai en contre-bas. Ce dernier arborait un air interloqué en voyant tous mes bandages. Comme si je le connaissais depuis toujours je devinais instinctivement le fond de sa pensée.

-Je t'interdis toutes remarques où blagues vaseuses incluant mon prénom ainsi que la notion de momie. Je te vois déjà venir avec tes airs...Lançais-je de derrière mes lunettes dans un demi-sourire.

Sur ces mots je sautais du haut de mon perchoir mon atterrir juste en face de lui. Il arborait une mine exténuée et présentait un bleu sur son œil unique. Le voir dans un tel état ne fis qu'accentuer mon amusement.

-On dirait que les temps sont aussi dure pour nous deux. Bon...

Je marquai une pause, m'étirant de tout mon long tout en faisant craquer mes phalanges.

-Te connaissant et afin d'éviter que les mêmes ennuis ne se reproduisent, nous allons mettre en place quelques règles...
-Règle numéro une : Il est interdit de boire durant cette mission.
-Règle numéro deux : Il est absolument interdit de boire durant cette mission.
-Règle numéro trois : Si l'envie soudaine de boire te prend durant cette mission, réfère toi aux règles numéros une et deux.
-Règle numéro quatre : On ne touche absolument à rien !
-Règle numéro cinq : JE commande cette expédition.
-Règle numéro six : Les blagues sont interdites durant cette mission à moins d'être vraiment, vraiment drôles...
-Règle numéro sept : Si tu suis consciencieusement les six autres règles j'irai te payer un coup à boire après la mission.

Évidemment on ne pouvait faire agir un homme selon son bon gré, voir faire agir un homme tout court sans lui agiter, au préalable, une carotte sous le nez. Dans le cas de Shinji, il était question d'une carotte d'au moins vingt degré de teneur en alcool...

Et voilà, ils remettaient ça! La première expédition avait failli coûter la vie au trio que formait Yami, Oniri et Shinji et maintenant des petits malins du bureau des missions - ainsi qu'un ou deux archéologues à n'en pas douter - souhaitaient remettre ça! Et le tout sans la Ketsueki cette fois-ci! Ça donnait plus ou moins l'impression que quelqu'un dans l'administration leur en voulait pour des raisons encore obscures. Mais à Suna les ordres - même stupides - étaient les ordres et s'y opposer revenait à un détour par la case Ergastule dans la plupart des cas.

Shinji était partagé entre l'appréhension et la désapprobation tandis qu'il avalait la distance le séparant des ruines dans de grandes enjambées élastiques. Il n'était pas vraiment ravi de revoir Oniri même s'il ne pouvait nier qu'elle ne le laissait pas indifférent. Pas forcément dans le bon sens du terme d'ailleurs... Lors de leur premier périple dans le temple, les contacts entre la Saibogu et l'Akuzu avaient été pour le moins tendus. Et ce, à de nombreuses reprises pour ne pas dire tout le temps! Mais ils avaient aussi su accorder leurs violons et travailler en équipe lorsque les circonstances l'exigeaient. Le premier contact n'avait certes pas été facile mais ce lien naissant ne pouvait que se renforcer avec le temps et les expériences communes. Et puis il y avait Yami, aussi! La noiraude était comme le trait d'union entre les deux explorateurs désignés. Ne serait-ce que pour son bien à elle, ils pouvaient au moins essayer de faire des efforts pour s'apprécier ou, à défaut, se tolérer.

Ce fut donc avec l'esprit volontaire et dans l'idée de jouer à fond la carte de la coopération que Shinji arriva en vu du campement qu'il aurait tant souhaité ne pas revoir. Leur première expérience dans ces ruines avait été catastrophique même si la volonté du trio était parvenue à triompher des multiples pièges ou obstacles que les architectes de ce lieu maudit avaient imaginés. Avec un membre de moins, les chances de survie du binôme étaient encore plus mince. Travailler en équipe avec la jeune femme aux cheveux blancs relevait donc de la plus pure logique mais aussi de la plus extrême nécessité.

- "Bon elle est passée où la peste?" murmura-t-il en mettant une main en visière devant ses yeux. "

Après quelques instants d'observation, Shinji repéra la Saibogu sur l'arche qui marquait l'entrée des ruines. Il avait espéré un court instant être le premier arrivé mais il était une nouvelle fois en retard. Le borgne essuya la sueur qui perlait sur son visage d'un revers de la main puis allongea ses pieds avant de se mettre à skier le long de la grande dune pour rejoindre les tentes. Dérangeant au passage un scorpion qui s'extirpa rapidement du sable à cause des vibrations, il termina finalement sa glissade sur les fesses avant de se relever pour les frotter rapidement. Ouais parce que le sable, c'est chaud!

Il rejoignit ensuite sa camarade d'infortune et fronça les sourcils lorsqu'il put la détailler. De nombreux bandages couvraient sa peau à divers endroits comme si elle avait passé un sacrément sale quart d'heure. Peut-être que Notsuu avait décidé de régler ses comptes avec elle après tout. L'Akuzu s'attarda un moment sur le pansement qui recouvrait sa joue et brisait l'harmonie de ses traits délicats avant que l'image d'une momie apparaissait clairement dans son esprit. Il adressa un signe de main à la jeune femme et s'apprêta à lui faire remarquer la ressemblance avec ces amas de bandelettes mais la Saibogu prit les devants et étouffa dans l’œuf toutes velléités de moqueries. Dommage...

- "Moi, faire des blagues vaseuses?" releva-t-il avec un air faussement blessé. "Allons ce n'est pas mon genre..."

Il lui décocha un clin d’œil tandis qu'elle remarquait aimablement qu'il n'avait pas l'air dans son assiette avec la subtilité qui la caractérisait. Shinji avait douloureusement comprit qu'il fallait savoir lire entre les lignes lorsque l'on conversait avec elle...

- "Ho ça?" rétorqua-t-il sur un ton goguenard en désignant son œil au beurre noire. "C'est la routine! Et puis ça met en valeur mon regard il parait..."

Tu parles, ouais! Il en avait sacrément chié la veille et n'avait encore gagné qu'une petite partie de ses combats. Tout ça pour gagner quelques ryos! Vu les coups qu'il avait pris le jeu n'avait pas vraiment valu la chandelle! Mais Shinji arborait ses blessures avec fierté, comme des peintures de guerre! Et la personne qui le verrait se plaindre de ce genre de détails n'était pas encore née. Il allongea ses jambes pour venir s'asseoir à côté de la jeune femme et tira une bouteille de son sac qu'il porta à ses lèvres tandis que l'intéressée se mettait à énumérer toute une série de règles qui brisèrent net son mouvement. L'Akuzu tourna d'un coup sec la tête vers elle, l’œil rond:

Elle est sérieuse? Oo:

Elle était sérieuse quand elle parlait d'interdire l'alcool? Il la jaugea un instant du regard comme pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'une blague de mauvais goût et se renfrogna au fur et à mesure qu'elle énonçait les différentes règles qu'elle avait sûrement pris un malin plaisir à inventer. Mais lorsqu'elle termina en lui disant qu'elle lui payerait un coup à boire s'il se tenait sage, Shinji retrouva toutes ses facultés. Il décocha un sourire carnassier à la jeune femme tout en haussant un sourcil:

- "Je rêve où tu es en train de me rencarder tout en cachant ta demande sous une tonnes de règles désobligeantes?" fit-il d'une voix enjouée avant de se mettre à rire. "En fait tu espères que j'accepte pour pouvoir m'inviter dans un bar mais tu fixes des exigences suffisamment élevées pour que ça paraisse crédible! C'est pas bête ça j'ai failli me faire avoir! Mais c'est quand même un peu vicieux comme procédé..."

Il ne put réfréner une crise de rire et dut se tenir les côtes pour éviter d'avoir mal avant de reprendre peu à peu son calme. Ceci fait il se redressa sur l'arche et récupéra son sac de voyage qui émit un cliquetis caractéristique de bouteilles qui s'entrechoquent.

- "Sache que je n'avais nullement l'intention de boire pendant cette mission! Non mais pour qui tu me prends hein? J'ai tout à fait conscience des dangers qui nous attendent là-dedans et je te rappelle que j'étais avec vous quand les choses ont dégénéré! Alors me faire la moral, c'est pas cool!" fit-il en terminant sa phrase d'un regard blessé et parfaitement simulé. "Sur ce tu m'excuses, je dois aller aux chiottes!"

Aussitôt dit, aussitôt fait! Le borgne se laissa choir de son perchoir et se réceptionna en souplesse sur le sol avant de courir derrière une dune. Ceci fait, il renversa rapidement le contenu de son sac sur le sol et commença à descendre de longues gorgées des différentes bouteilles avec l'énergie du désespoir avant d'enterrer le reste sous le sable. Lorsqu'il avait préparé ses affaires quelques heures plus tôt, le jeune homme avait opté pour davantage d'alcool que pour la première expédition. La logique lui commandait d'emmener des parchemins explosifs et ce genre de bêtises mais il fallait tenir compte des faits: s'ils restaient enfermés dans une salle, ils auraient largement de quoi s'amuser au moins. Tandis qu'avec des parchemins explosifs...

- "Ok c'est parti Oniri! J'accepte ton défi! Mais je bois tout mon saoule quand on revient à Suna, d'accord? Pas de limite de crédits! En plus je sais que tu es riche alors fais pas la radine!"

Il tira les gants de combats qu'il avait prélevés sur la momie quelques semaines plus tôt et les glissa à ses mains. Les blessures de son bras et sa main gauche s'étaient peu à peu résorbés mais il ressentait encore certaines douleurs lorsqu'il devait se battre avec. La perte de tant de combats clandestins s'expliquait en partie à cause de ça... Le duo alla rejoindre les deux pignoufs qu'ils étaient chargés d'escorter dans les ruines. Ces derniers attendaient quelques mètres devant l'entrée et arboraient avec fierté un air de premiers de classe. Shinji jeta un regard à la Saibogu et leva les yeux au ciel pour lui signifier ce qu'il pensait de tout ça. S'il fallait veiller sur des bras cassés en plus de leurs propres existences, les choses risquaient vraiment de se compliquer.

- "Salut les binoclards!" fit-il en guise de présentation avant de désigner Oniri. "Elle, c'est la cheffe capito? Et moi je suis son... hum... bah... son troufion! Non, son aide de camp! Ouais ça sonne bien! Bref! On est comme vos parents, c'est à dire tout à fait aptes à vous éduquer si jamais il vous prenait l'envie de vouloir commander! Il y aura pas de premier avertissement, je distribue les claques directes! C'est clair comme ça?"

L'Akuzu jeta un regard satisfait à la jeune femme aux cheveux blancs tandis que les deux archéologues firent de même de leur côté, visiblement un brin surpris par cette entrée en matière!

- "Bon pour résumer: vous la bouclez et vous nous laissez faire! On a déjà failli crever à cause de vos collègues il y a quelques semaines alors essayez pas de nous la faire à l'envers! On est des pros nous!"

Un sourire colgate plus tard et un nouvel regard à la Saibogu, le borgne se hâta d'ajouter que l'alcool était également prohibé même si ça lui arracha la langue.

- "Cheftaine Momiri? Quelque chose à ajouter ou on se jette directement dans la gueule du Bijuu?"

Chassez le naturel, il revient au galop comme on dit! Espérant qu'elle ne s'attarderait pas trop sur ce surnom, Shinji adopta un des airs innocents de son panel tout en trouvant soudainement ses scandales très intéressantes...

Moi ? Vouloir le rencarder ? Qu'est-ce qu'il ne fallait pas entendre avec lui. Je haussai un sourcil désapprobateur à son encontre tout en arborant une mine déconfite. Le pauvre semblait vivre enfermé dans sa bulle, totalement ignorant du monde qui l'entourait. Qu'à cela se tienne, je pouvais bien laisser cet imbécile croire ce qu'il voulait du moment qu'il se pliait à mes exigences. J'allais presque finir par croire qu'il se tiendrait à carreau jusqu'au moment où il comment-ça à interpeller les deux chercheurs que nous devions escorter. Il s'adressa à eu sur le ton d'un parfait petit merdeux daignant imposer ses exigences à ces derniers qui devaient facilement être trois fois plus âgé que nous. Aussi navrée que consternée je plaquai ma main sur mon visage en guise de désappointement, mais aussi pour me faire la plus discrète possible. S'il cherchait à faire honte à notre équipe, il y était parfaitement parvenu. Avant que les choses ne dégénèrent et que nos employeurs finissent par nous virer sans commune mesure je dus faire dont de tous mes charmes afin de rattraper la situation. Effaçant ma mine déprimée j'éclairai mon visage d'un sourire des plus candides. J'en profitai également pour repousser Shinji derrière-moi en l'écartant avec mon bras.

-N'ayez crainte messieurs. Veuillez excuser mon ami. Il s'avère particulièrement téméraire et le fait d'explorer ces ruines antiques ne font que croître son engouement. Ne vous inquiétez pas, tout se passera parfaitement bien tant que vous resterez derrières-nous. Nous assurerons votre protection avec grand soin...Fis-je d'une voix des plus affables afin de les rassurer quant au potentiel, mais aussi aux sérieux de notre équipe.

Les deux hommes acquiescèrent visiblement peu convaincu par mes propos. Il fallait dire que le mal était déjà fait et que l'on ne pouvait pas si facilement réparer les dégâts d'un Shinji en rûte. Les scientifiques tournèrent les talons pour emprunter l'entrée principal menant à l'intérieur des ruines enfouis sous le sable. Sitôt eurent-ils quitté notre champ de vision que je me retournai pour reporter mon attention sur mon usine à problème de servir. J'arborai un sourire carnassier à son égard puis l'attrapai subitement par le col pour l'attirer à moi comme s'il n'était qu'un vulgaire sac à patates.

-Non mais t'es sérieux ? Je te rappel que ce sont ces types qui nous paient pour qu'on les escortes ! Si tu ne veux pas que notre mission tombe à l'eau essai de leur montrer un peu plus de respect. Dis-je en le secouant nerveusement sans réellement m'en rendre compte.

Lâchant ses vêtements, je remarquai que le pauvre était complètement décoiffé. Je trouvais que cette petite tête du matin lui donnait un air presque mignon. Cela aurait été d'autant plus charmant s'il n'empestait pas l'alcool à pleine nez. Je poussai un long soupir las tout en laissant mes bras pendre le long de mon corps devant ce constant si pittoresque. Préférant ne pas poursuivre dans cette lancée au risque de lui enfoncer la tête dans le sable, je tournais à mon tour les talons pour me diriger vers l'entrée du temple. Des torches nous furent proposées, mais je les refusais fièrement, ayant enfin l'occasion de sortir ma toute nouvelle invention ! Il s'agissait de deux longs tubes cylindriques en fer à l'apparence plutôt ordinaire sau, qu'il était possible de dévisser la parti supérieur pour s’apercevoir qu'ils possédaient une sous-couche en verre creuse. Je tapotais alors les deux tubes entre deux y infusant de mon chakra. Des arcs électriques se formèrent à l'intérieur jusqu'à dégager une vive lueur d'un bleu fluorescent. La lumière tamisée qui s'en dégageait était amplement suffisante pour chasser la noirceur des profondeurs. J'en offrais un à Shinjie en lui adressant un clin d’œil complice.

-Je les ais fabriqué à partir des cristaux de lumière que nous avions ramassé la fois précédente. Ces derniers sont capable de condenser le chakra en source lumineuse. J'y ai juste implanté des réflecteurs pour la rediriger sur le tube de verre.

 Nous n'aurions plus aucun problème pour nous éclairer. La faible teneur en oxygène tout comme le risque qu'elles s'éteignent était inexistant. Il suffisait d'envoyer constamment une quantité infime de son chakra pour la faire fonctionner. Nous laissâmes les chercheurs nous devancer durant la première partie du trajet. Ainsi, nous pus revivre dans nos tête les pires moment de notre dernière expédition en empruntant la voie menant à la salle anciennement inondée dans laquelle nous avions tous faillis mourir noyés. Depuis lors, les ouvriers s'étaient afférés à évacuer les eaux ainsi qu'à rendre l'accès praticable pour les chercheurs leur permettant ainsi d'aller jusqu'où nous avions affronté les trois gardiens de la main d'or. Mais tel n'était pas notre destination. En effet, nous nous arrêtâmes bien avant dans la salle précédent l'ancienne inondée juste avant long couloir où nous avions manqué de finir écrasé par un énorme rocher.

Je me rappelai que nous n'avions eu que peu temps pour explorer cet endroit. Shinji s'était brisé la main en tentant de gagner du temps afin que nous puissions en sortir. Désormais ; les lieux s'avéraient parfaitement sécurisé et éclairé. Les équipes de scientifiques étaient parvenu à retirer les sceaux sur les stèles de pierres pour rouvrir les passages. Nous devions intervenir dans ce cadre là. En effet, une nouvelle salle venait d'être découverte par ce principe de descellement. Le long couloir menant à cette dernière nous faisait désormais face. Entièrement plongé dans l'obscurité, celui-ci me donnait comme une étrange impression de déjà vu. Je n'espérai pas devoir vivre à nouveau le même genre d’événements...

Alors que nous nous trouvions dans la salle de jonction, elle-même ornée de quatre colonnes, je demeurai au côté de Shinji. Nous observions tous les deux les scientifiques débattre dans leur coins, les têtes penchés sur une carte. A constater la façon dont il nous tournait le dos on devinait qu'il ne prêtait aucune attention à nous. Voilà qui était parfait pour mettre mon plan à exécution. Ce faisant, je posai mon index sur ma lèvre afin d'intimer le plus grand des silences à mon compagnon. Je m'approchai alors à pas de loup de nos compatriotes. Suffisamment discrète pour qu'ils ne me remarquent pas arriver derrière. Levant les bras vers le plafond de façon magistral, je rabattis le flanc de mes mains sur leur nuque à une vitesse phénoménal afin de les assommer. Ces deux ignares tombèrent sur le sol inconscient sans comprendre ce qui venait de leur arriver. Satisfaite de mon œuvre je tapotai dans mes mains comme un ouvrier venant d'achever son labeur. J'adressai alors un nouveau sourire mesquin à l'égard de Shinji.

-Voilà ! Ainsi nous allons pouvoir explorer le reste du temple sans avoir ces deux idiots sur le dos. Nous serons de retour avant qu'ils n'aient le temps de reprendre connaissance.
Je brandis à nouveau mon Pocketflash (je n'avais pas trouvé meilleur nom pour désigner ces tubes de lumières) pour tenter d'éclairer le couloir sombre qui me faisait face. Il était impossible de voir quoique ce soit à plus de quatre mètres. Nous n'avions donc d'autre choix que de l'emprunter pour découvrir ce qu'il renfermait. Je détachai alors une grenade de ma ceinture pour m'amuser à la faire sautiller dans la main.

-Les bonnes vieilles méthodes sont toujours les meilleurs. Tu ne crois pas ? Lançais-je en présentant une nouvelle expression carnassière...

Shinji fut repoussé discrètement mais fermement par Oniri qui fit étalage de son sens de la diplomatie. Elle usa de mots compliqués qui donnaient un air pompeux à ses propos et le borgne réprima un léger sourire en levant l’œil au ciel. Il réfréna rapidement l'envie de la contrefaire et la laissa donc prendre les choses en main. Mais le mal semblait fait et les archéologues ne semblèrent guère convaincus par son intervention. Le jeune homme les regarda ensuite partir en direction des ruines en sachant pertinemment qu'il allait devoir rendre des comptes. Dès qu'il faisait une petite bourde, Oniri semblait prendre un malin plaisir à lui envoyer ses commentaires acides alors en insultant leurs employeurs...

- "Faisons ça vite je ne suis pas d'humeur à recevoir des leçons de moral..." lâcha-t-il laconiquement.

Pour être rapide, ce fut rapide! Le brun fut saisi au col par la jeune femme qui fit preuve d'une force peu commune. Il écouta vaguement ce qu'elle lui reprochait - notamment parce que sa capacité d'attention, déjà fort peu développée, fut mise à mal par la façon dont la jeune femme le secouait - et se passa ensuite une main sur le crâne comme pour calmer le violent mal de tête qui se manifestait. Il plissa ensuite son oeil valide pour dévisager la Saibogu. Ce genre de promiscuité, fut-elle destinée à d'autres objectifs, avait le don d'éveiller les instinct sauves de l'Akuzu qui ne put réprimer un petit sourire charmeur à l'attention de sa coéquipière avant qu'elle daigne le libérer.

- "Ho allez! C'est juste des scientifiques on va pas non plus fayoter sous prétexte qu'ils vont cracher les ryos!" râla-t-il en remettant ses vêtements en place. "N'empêche le premier qui fait son malin je lui en retourne une, je mentais pas!"

Il croisa les bras et fit une légère moue comme un gamin décidé à faire sa forte tête. Il arrêta néanmoins bien vite et rejoignit la demoiselle aux cheveux blancs lorsqu'il remarqua que son stratagème - si on pouvait appeler ça ainsi - ne provoquait pas la moindre réaction. Le borgne soupira en fermant les yeux et se hâta de rejoindre sa partenaire avant de glisser les mains dans ses poches et shooter dans une petite pierre qui se trouvait sur sa route.

*Fais pas ci, fais pas ça!* maugréa-t-il en silence. *Si c'est pas une dictature ça y ressemble!*

Il rejoignit ensuite l'entrée du temple et refusa plus ou moins poliment une torche qu'on lui tendait pour saisir le cadeau d'Oniri. Elle avait prévu des tubes bizarres qui dégageaient une douce lumière d'un bleu fluorescent grâce à une succession de petits éclairs. Shinji observa l'invention de la Saibogu d'un air sceptique, la tenant avec précaution comme s'il craignait qu'elle explose à tout moment. Il allongea légèrement son bras pour tenir son tube à distance respectable de son visage afin de réduire un peu les risques de dégâts sérieux en cas de soucis.

- "Je te crois sur parole!" s'amusa-t-il tandis que la demoiselle lui expliquait leur fonctionnement. "Mais c'est... heu... sans danger ces trucs?"

Le borgne emboîta ensuite le pas à sa partenaire tout en regrettant de s'être lancé dans cette mission. L'odeur de renfermé des lieux - et cette fois ce n'était pas lui il avait pris une bonne grosse douche avant de venir - lui remémorait les émotions qui l'avaient habité lorsqu'il avait cru mourir. Le manque d'oxygène n'avait jamais été plaisant mais quand en plus vous étiez harcelé constamment par des pièges aussi mortels qu'imprévisibles, ça devenait carrément angoissant. Autant dire que ce n'était vraiment pas agréable et même l'alcool ne pouvait rien changer à cet état de fait. Cette expérience avait certainement été la plus éprouvante du borgne depuis une bonne dizaine d'années...

Le quatuor progressa pendant de longues minutes et les shinobis pouvaient redécouvrir les lieux sous un nouvel angle maintenant qu'ils avaient été sécurisés par les équipes de scientifiques. Ils étaient éclairés et presque accueillants si l'on exceptait les lames et divers trous qui continuaient de parsemer le sol. Certains employés étaient d'ailleurs en train de les cisailler ou de les combler pour éviter que quelqu'un se blesse. Quelques instants plus tard ils arrivaient dans une sorte de salle de jonction avec quatre grandes colonnes gravées. Shinji ne se rappelait pas avoir exploré cette partie lors de leur première visite mais tout se ressemblait ici pour lui...

Lorsque les archéologues se mirent à consulter leur foutue carte sans prêter la moindre attention à leur escorte, le borgne jeta un regard las à Oniri pour lui signaler qu'il n'allait pas les supporter encore longtemps. Ne pouvant pas profiter de cette halte pour se saouler, il décida de se rouler une cigarette en y ajoutant un ingrédient de son cru. Une odeur étrange s'éleva dans l'air tandis qu'il y boutait le feu et l'éclat de son œil devint plus distant, moins vif. Il observa ensuite avec amusement Oniri lui faire signe de rester silencieux en posant un doigt sur ses lèvres et s'inclina légèrement à la manière d'un serviteur face à sa maîtresse. Adossé contre l'une des colonnes de la salle, il l'observa se rapprocher à pas de loups des deux scientifiques qui étaient tellement absorbés par leurs discussions qu'ils ne vinrent rien arriver. Elle leur asséna ensuite des coups bien placés dans le cou avec une synchronisation parfaite. Shinji haussa un sourcil en voyant les deux hommes tomber inanimés sur le sol.

*Ils ont tellement pas du comprendre ce qui leur est arrivé!* songea-t-il avec un sourire.

Il leva ensuite le regard sur la Saibogu tandis qu'elle lui décochait un sourire mesquin puis lui expliquait qu'ils resteraient allongés un bon moment. Charmé par cette démonstration qui était largement en accord avec ce qu'il pensait faire à ces deux zigotos, le borgne ne put néanmoins s'empêcher d'être frustré par ce qu'elle venait de faire.

- "Où sont passés les beaux discours sur le respect qu'on doit à ses employeurs et ce qu'il faut faire pour éviter que cette mission tombe à l'eau? Non parce que bon j'ai pas été super respectueux envers eux, ça je le reconnais! Mais tu remarqueras que je ne les ai pas frappé, moi!" fit-il en prenant une longue bouffée sur son semblant de cigarette. "Ceci dit c'est cool!"

Il proposa ensuite quelques tafs à sa partenaire avant de rejoindre les deux scientifiques et leur donner des petits claques sur la joue pour s'assurer qu'ils étaient vraiment inconscients. Il y prit d'ailleurs un malin plaisir puisqu'il augmenta rapidement la force de ses coups tout en se mettant à rigoler. Puis, se rendant compte qu'il abusait un petit peu, il revint vers la Saibogu avec un vague air satisfait sur le visage. Ils empruntèrent ensuite le couloir sombre devant eux et comprirent rapidement qu'ils étaient à nouveau les premiers à pénétrer dans cette nouvelle zone. Le sable qui maculait le sol était réparti de façon équitable et aucune trace de pas témoignait d'un quelconque passage avant eux. Ce qui signifiait clairement qu'ils pouvaient déclencher des pièges à tout moment. L'Akuzu allongea donc régulièrement ses jambes pour tâter le terrain devant eux à la recherche d'une éventuelle plaque de pression. Sans succès...

Après une vingtaine de mètres à ce régime, il sembla évident que le tunnel n'était pas piégé. En levant l'oeil Shinji découvrit un veste espace circulaire dans le prolongement du plafond, comme une sorte voûte qui s’arc-boutait sur la longueur du passage. Mis à part ça, il n'y avait pas le moindre son menaçant ou un quelconque signe annonciateur d'un éventuel danger.

- "Peut-être que cette partie des ruines n'est pas piégée après tout..." lâcha avec espoir le jeune homme en reprenant une bouffée.

Quelques mètres plus loin les circonstances lui donnèrent tort lorsque le sol se mit à vaciller lentement puis de plus en plus vite, pivotant sur un axe à la moitié du tunnel. La pierre sous leurs pieds - qui se révéla être une sorte de balancier - pivota rapidement sur cent-quatre-vingts degrés et ils glissèrent irrémédiablement dans un grand espace sombre et frais. Le Borgne réussit à allonger un bras pour freiner leur chute jusqu'à s'agripper à une sorte de stalactite. Il enroula son avant-bras autours d'Oniri et l'attira contre lui avant qu'un choc brutal interrompe leur chute. Ils entamèrent alors à leur tour un mouvement de balancier et l'Akuzu lâcha son tube fluorescent sur le sol. Il tomba sur une vingtaine de mètres supplémentaires avant de rebondir contre des lames rouillées qui semblaient recouvrir toute la surface du sol de la grotte. Après quelques instants ils remarquèrent également des stalagmites qui, si elles étaient naturelles, représentaient une menace toute aussi grande que leurs homologues métalliques.

- "Et c'est reparti!" maugréa-t-il.

Sa main blessée lorsque de leur première expédition montra rapidement des signes de faiblesse tandis que la douleur augmentait. Le brun était parfaitement conscient qu'Oniri pouvait utiliser ses bottes bizarres pour se mouvoir en l'air mais il aimait se poser en sauveur lorsqu'il en avait l'occasion. Mais cette fois c'était surtout par réflexe qu'il avait agi ainsi même si la présence du corps avantageux de la jeune femme contre le sien n'était en rien dérangeant. Il lui décocha un sourire amusé avant de cracher la cigarette naturelle qu'il avait dans la bouche. Le tout en ayant pris le temps d'en tirer une dernière latte, évidemment...

- "Je vais te lâcher!" avertit-il avant de joindre le geste à la parole.

Il la regarda activer ses trucs de Saibogu pour flotter et lui adressa une question silencieuse d'un regard suffisamment expressifs: et maintenant? Suspendu à sa stalactites, il se sentait un brin stupide là...

Le petit Shinji fit mine de me réprimander quant à mon acte agressif envers les chercheurs. Cela ne lui ressemblait tellement pas. Cela sonnait tellement faux dans sa bouche. Mais il en revint finalement à lui-même en expliquant qu'il aimait bien ce que je venais de faire.

-Prends-y exemple. Ça t'apprendra quand réfléchir avant d'agir.Dis-je en lui lança un regard hautain et moqueur qui se voulaient plus taquins qu'autre chose.

Il me tendit alors sa cigarette pendant qu'il s'occupait de claquer vigoureusement les deux chercheurs afin de s'assurer qu'ils n'allaient pas se réveiller. Je profitai alors pour en humer l'odeur et compris avec consternation qu'elle ne contenait pas que du tabac. Je soupirai longuement, commençant à me lasser de son comportement puéril. On lui interdisait une chose, il en faisait une autre. J'avais l'impression d'être une mère devant surveiller son gamin en pleine crise d'adolescent pour éviter que ce dernier ne finisse par se retrouver en prison. Ce rôle ne me convenait aucunement et il risquait de le découvrir à ses dépends s'il continuait de se comporter ainsi.

Rangeant ma grenade, je jetais le joint par terre pour le laisser le ramasser. Après tout, il pouvait faire ce qu'il voulait. S'il tenait à mourir bêtement en raison d'un manque d'inattention, cela ne tiendrait qu'à lui. Le petit drogué de servir se rendit néanmoins utile en inspectant chaque centimètre carré du couloir afin de s’assurer qu'aucun piège ne s'y trouvait. J'avouai que cela s'avérait plus convenable et discret que mes grenades...

-Décidément, ton cas me désespère... Dis-je en haussant un sourcil à l'égard de la cigarette qui pendait à son bec.

Malheureusement, au bout de plusieurs mètres le décor se mit à jouer contre nous. Le sol se transformant littéralement en balancier qui nous entraîna dans une chute vertigineuse. Avant que nous n’eûmes le temps de toucher le sol Shinji parvint à allonger ses membres pour agripper au plafond en me saisissant au passage. J'aurais tout aussi bien pus m'en sortir seul, mais son initiative de vouloir me sauver restait louable. Il ne put cependant s'empêcher de prendre son air condescendant, désireux de se placer en héro de la situation. Nous venions d'atterrir dans une vaste salle plongée dans une semi pénombre. En effet, des interstices au plafond laissaient échapper quelque puits de lumière ici et là. Visiblement les Précurseurs appréciaient ce système d'éclairage, du moins tout autant que les mises en scènes désespéramment mortelles. En dessous de nous se trouvait d'innombrables pieux d'acier recouvrant l'intégralité du sol tandis que le plafond était parsemé d'une multitude de stalactites. Après avoir jeté un sa cigarette mon équipier m'adressa un sourire équivoque en me disant qu'il s'apprêtait à me lâcher. Je lui lançai un regard décomposer, espérant sincèrement qu'il se moquait de moi.

-Tu rigoles...?

A peine eus-je le temps de dires ces deux mots qu'il s'exécuta, me laissant tomber dans le vide d'une chute de plusieurs mètres. Incapable d'activer mes Darks Boots sans appuie, je poursuivais ma descente infernal droit vers les pieux. Mon cœur s’emballa comme jamais et la peur soudaine de mourir me dévora les entrailles. Dans un ultime réflexes je tendis le bras vers le plafond pour activer l'un de mes grappins. Ce dernier parvint à se planter au dernier moment dans la formation calcaire et j'effectuai un mouvement de balancier, frôlant de peu les pieux, pour atterrir contre un mur situé un peu plus loin. Haletante, je sentais mon palpitant s'agiter violemment dans ma poitrine. Passé le choc initial, la peur céda rapidement la place à la rage. Ce salaud venait de me filer la peur de ma vie. Il avait faillit me tuer. Décidément, ce n'était qu'une vermine irresponsable. J'avais été sotte de pouvoir espérer quoique ce soit venant de lui. Il n'était rien d'autre qu'un déchet tout droit sorti des bas fond de Suna, un véritable danger pour autrui. Il n'avait absolument pas sa place ici. La colère me gagna à un point tel que j'en venais presque à souhaiter sa mort. A défaut de cela, cet ignare méritait une bonne leçon. Il voulait jouais ? Très bien, il allait être servit...

-SHINJI !!

Hurlais-je en activant mes Dark Boots afin de prendre une puissante impulsion sur le mur qui me propulsa à une vitesse impressionnante dans sa direction. Toujours relié à sa stalactite et ses mouvements ainsi limités, il ne put éviter le phénoménale coup de pied que je vins lui administrer en pleine poitrine. Même la momie que j'avais affronté quelques semaines plus tôt n'avait pas subit un tel choc. Il était parvenu dans une action purement instinctive à rendre son corps élastique pour absorber une partie de l'attaque, mais celle-ci fut tellement violente que mon pied, couvert de chakra raiton, s'enfonça dans sa cage thoracique. Passé le coup initial, je retombai alors dans le vide. Sans nouvelle appuie pour m'élancer, j'activai une fois de plus mes grappins pour me balancer jusqu'à un mur à l'autre bout de la salle. Une partie de ma rage s'était écouler dans le coup que je venais de lui porter. Cela me faisait un bien fou. Mais je n'avais cependant pas terminée de le remettre à sa place.

-Bordel, mais qu'est-ce que tu as dans la tête ? J'ai failli crever avec tes conneries. Si t'arrêtais un peu de fumer et de boire tu te rendrais peut-être compte que tu n'as de cesse de mettre la vie de tes coéquipier en danger ! J'ignore comment un crétin dans ton genre à pus devenir Genin. T'es complètement irresponsable et dangereux pour les autres !

Je n'avais aucunement mâchée mes mots, lui crachant ces derniers avec hargne, en laissant le son de ma voix colérique résonner dans toute la salle. Peut-être ne s'agissait-il ni de la bonne situation, ni du bon moment pour régler mes comptes avec lui. Hélas, en cet instant précis, je n'en avais singulièrement rien à foutre. Tout ce qui m'importait était qu'il réalise qu'elle vermine il était en réalité. J'en vins même à pester envers ma propre personne pour avoir oser espérer, ne serait-ce qu'un instant, une franche amitié envers lui après que nous nous soyons mutuellement sauvé la vie à plusieurs reprises. A présent ceci me semblait tellement ridicule et je me sentais tellement bête. Je ne pouvais avoir confiance en personne. Seule Yami comptait dans ma vie. Et il ne pourrais jamais en être autrement...

L'Akuzu cherchait du regard un endroit où poser pied sur ce sol hérissé de lames naturelles et artificielles quand Oniri hurla son nom sur un ton qui ne présageait rien de bon. Sa voix se répercuta en échos dans la cavité souterraine tandis que Shinji cherchait où sa coéquipière se trouvait. Il l'avait perdue depuis qu'elle s'était maladroitement réceptionnée avec son matériel avant-gardiste et fut toutefois soulagé d'entendre le son de sa voix même si, comme d'habitude, il était teinté de reproches.

- "Je suis là!" répondit-il simplement.

Il pivota la tête lorsqu'un mouvement rapide à l'extrémité de son champ de vision attira son attention. Il eut à peine le temps d'entrouvrir la bouche avant qu'un puissant coup de pied le cueille en pleine poitrine. Malgré l'élasticité qu'il donna à son corps dans un réflexe maintes fois entraîné, il ne put absorber complètement l'impact du choc qui lui fit lâcher prise et l'envoya voler contre l'un des murs de la grotte. Il s'y écrasa lourdement, le souffle coupé, avant de rouler sur le sol et se fracasser sur le flanc de stalagmites. Il resta allongé quelques instants, aussi surpris que choqué, et porta une main à son torse comme pour si ce mouvement avait pu l'aider à respirer avec plus de facilité. Ses vêtements avaient été troués à l'endroit de l'impact et sa peau était légèrement calcinée à cause du raïton que sa coéquipière - enfin son adversaire en l'occurrence - avait insufflé à son attaque en traître.

Il n'écouta que vaguement les reproches de la Saibogu tandis qu'il serrait les dents pour se redresser. Il joignit ensuite ses mains à ses genoux pour y prendre appui tout en crachant du sang. Il porta une main à ses côtes et prit conscience qu'il avait certainement une côte ou deux fissurées, voir pire. Chaque respiration lui faisait mal et chaque mouvement soulevait une douleur dans sa poitrine. Mais il avait eu de la chance dans son malheur puisqu'il aurait tout aussi bien pu terminé embroché sur l'une des nombreuses piques qui jonchaient le sol de la caverne. Mais la douleur à un puissant antidote, à savoir la haine ou la rage. Il serra son poing de toutes ses forces, faisant blanchirent ses articulations, et releva un regard vers la jeune femme. Le genre de regard qu'il réservait habituellement à ses ennemis.

- "Tu veux te la jouer comme ça, pétasse?" murmura-t-il avant d'écraser son poing contre sa paume. "Tu vas vite saisir que je ne suis pas qu'un alcoolique drogué!"

Les reproches de la Saibogu n'étaient pas sans fondements mais si elle arguait qu'il mettait la vie de ses coéquipiers en danger, que venait-elle de faire à l'instant en l'attaquant de cette manière? Son acte était considéré et volontaire, elle avait réellement voulu le tuer. Et cet acte était bien plus discutable que tout ce qu'il avait pu faire jusqu'à maintenant. Mais l'heure n'était pas au débat. Shinji comptait bien ne pas rentrer dans son petit jeu verbale et régler les chose à sa manière. Il aurait pu lui envoyer en pleine face le nombre de fois qu'il lui avait sauvé la vie sans même obtenir ne serait-ce qu'un merci en retour. Cette femme avait un peu trop tendance à croire que tout lui était du et qu'elle était supérieure aux autre. Grand bien lui fasse!

Le borgne puisa dans son chakra et se concentra sur sa propre affinité raïton pour créer des éclairs qui parcoururent rapidement la surface de son corps tandis que ses muscles se contractaient sous l'effet des décharges. Sa vitesse décuplée, il bondit rapidement sur l'un des murs qui flanquaient la salle et allongea son bras pour l'enrouler autours d'un pilier rocheux et s'en servir comme point d'appui pour se propulser sur la Saibogu à une vitesse plus élevée que la normale. Il feinta immédiatement un coup de poing de son bras libre avant de se raviser et allonger sa jambe pour la cueillir sur le flanc d'un coup puissant et amplifié par l'élasticité. L'assaut l'envoya rouler sur le sol et se fracasser contre une stalactite sans que cette dernière la transperce.

L'Akuzu se réceptionna ensuite face à elle tandis que les éclairs disparaissaient. Il continua de toiser la jeune femme aux cheveux blancs tout en se passant le revers de la main sur ses lèvres ensanglantées. Comment pouvait-on être si séduisante et si emmerdante à la fois? Malgré cette riposte, il estimait cependant qu'ils n'étaient pas quittes. Loin de là!

- "Je vais te le répéter encore une fois pour que les choses soient clairs: je ne suis pas ton larbin! Tu es peut-être habituée à ce que les gens te mangent dans la main et se plient au moindre de tes caprices de petite fille gâtée et jusqu'à présent je n'ai rien dit par respect pour Yami, parce qu'elle n'aurait pas aimé que les gens qu'elle apprécie se mettent sur la tronche! Je t'ai laissé me ridiculiser, me prendre pour une sous-merde et j'ai encaissé tes remarques avec le sourire. J'admets que j'ai commis quelques erreurs mais elles étaient involontaires et j'estime avoir fait ce qu'il fallait pour les réparer sur le moment! Je n'ai pas la prétention d'être le meilleur shinobi de tous les temps et encore moins celui d'être le coéquipier de l'année. Mais jamais, JAMAIS, je n'ai souhaité te faire du mal ou te mettre en danger! Ce que tu viens de faire..."

Il s'arrêta dans sa tirade car la colère embrouillait son esprit et rendait difficile le choix des mots. Il l'observa encore quelques instants, tremblant sous l'effet de la haine qui le submergeait.

- "Ce que tu viens de faire n'est même pas qualifiable! Tu as sciemment décidé de m'attaquer tout en sachant que je pouvais mourir lors de ma chute! Et tu essaies de justifier ton geste en plus? Laisse-moi rire... Ce n'est pas parce que ta fierté est froissée que tu peux t'octroyer le droit de vie ou de mort sur les autres! Tu exiges des gens qu'ils te montrent du respect mais tu as oublié que ça va dans les deux sens! Je vais peut-être te surprendre mais le respect, justement, ça se mérite! Ce n'est pas quelque chose qui t'es dû! Je... Tu... Ha laisses tomber! Tu me dégoûtes!"

Cette joute verbale n'avait aucun sens. Shinji prenait lentement conscience de ses torts de son côté et savait que cette discussions stérile pouvait encore durer des heures. Parce que oui, la Saibogu avait effectivement de bonnes raisons de lui en vouloir. Et vice-versa! À ce stade, il n'y avait plus qu'un seul moyen de régler tout ceci...

- "On aurait du faire ça il y a bien longtemps!"

Il leva l'oeil vers une série de stalactites juste en dessus de la Saibogu et allongea ses poings pour les marteler de plusieurs coups. Ils cédèrent rapidement et se détachèrent du plafond avant de tomber en une pluie mortelle sur le sol, droit sur la jeune femme...

Music ♪:

Il ne répondit pas à mes remarques, se contentant de contre-attaquer en faisant preuve de tout autant de violence. Élancé par son élasticité, il traversa la salle à vive allure pour tenter de me loger un coup de poing. Ce dernier portait les gants d'ors et d'aciers acquit durant notre dernière mission. Ces derniers rendaient ses coups particulièrement dangereux et efficaces. Je compris qu'il fallait que je m'en protège en priorité. Pour se faire je déployai alors mon bouclier dans le but de parer l'attaque. Cette tentative fut vaine car, il ne s'agissait en réalité que d'une diversion pour m'asséner un agile coup de pied en plein sur le flanc.

Le choc fut si brutal qu'il m’éjecta de mon mur pour m'envoyer m'encastrer sur le flanc d'une série de stalagmites au sol. L'intégralité de mon corps s’endolorit sur le coup comme si le choc avait littéralement fait vibrer chacun de mes os. Je me redressai toute tremblotante, me rendant alors compte que l'assaut avait heurté ma hanche de plein fouet. La douleur lancinante continuait de m'élancer dans toute cette partie. J'éprouvai de terribles difficultés à me maintenir debout si bien que je n'eus d'autre choix que de mettre un genou à terre afin de conserver mon équilibre. Posant ma main sur ma blessure, j’auscultai délicatement du bout des doigts sur mon flanc afin de m'assurer qu'aucun dommage ne semblait avoir été fait. Son assaut initial m'aurait sans doute mit à plat, mais il avait préféré jouer la carte de la sûreté sur celle de la puissance. Toujours fut-il que cela faisait sacrément mal et j'espérai qu'à défaut de ne pas me l'avoir brisé, il n'avait rien déplacé au mauvais endroit...

Toujours pliée en deux par cette brusque réplique, je pestai de rage à son encontre. Ce salaud osait encore m'attaquer après tout ce qu'il avait fait. Quel culot ! Je le vis par ailleurs se poser à quelque mètres de moi, prenant ses grands airs inquisiteurs comme s'il pouvait prétendre à la moindre condescendance envers moi. Décidément, il fallait absolument que je le remette à sa place. Les points serré, le visage déformé par la hargne et la colère, il me retourna mes propres paroles contre moi. Pour qui osait-il se prendre ? Me parler ainsi à moi. Lui, cet indubitable salaud a qui l'on ne pouvait faire confiance. A croire que les hommes étaient les mêmes, tous autant qu'ils étaient ! L'écoutant à moitié, le souffle haletant, je ne sus vraiment si cela était du à la douleur, la rancune, ce sentiment de trahison ou bien encore à la honte, mais je sentis une larme couler le long de ma joue sans que je puis la contrôler. Je l'effaçai rapidement d'un revers de la main afin qu'il ne puisse la voir. Ma faiblesse était la dernière chose que je souhaitai montrer en cet instant.

Malgré la couardise de ses propos et de la mauvaise fois dont il faisait preuve, je ne pouvais nier qu'il avait raison sur un certain point. Je mettais laissée emporter par mes émotions en l'attaquant de la sorte. Peut-être n'aurais-je jamais du faire cela, quoi qu'il en fut, il méritait tout de même ce qu'il avait subit. Sans l'avoir tué, peut-être que cela lui remettrait au moins les idées en place...

-Arrête de faire ton donneur de leçon ! Cela ne te va absolument pas. Tous ces malheurs qui nous arrivés jusqu'à présent sont entièrement de ta faute. On.. on a faillit mourir à cause de toi. Je... je... Je ne te laisserai plus mettre en danger la vie de ma Yami !!

Concluais-je en haussant la voix, alors que je sentis les larmes embuer mes yeux sous le flot de mes émotions. La crainte, la peine, comme la rage étaient mienne. Je me rendis compte que c'était autant pour lui que pour ma bien aimée que j'avais agit ainsi. Lui qui osait me donner ces pseudos leçon de morale en perdait finalement ses mots. Il finit par balbutier que cela n'avait plus d'importance en concluant que nous aurions du régler nos comptes dès le début. A ses propos, je serrai les dents tout en lui adressant un regard assassin. Poussée par cet élan de fatalité incertaine, j'en vins moi-même à murmurer ces mots, tantôt pour lui, autant que pour moi-même.

-En effet, nous aurions dû...

Alors il élança ses membres juste au-dessus de ma tête, frappant avec vigueur les stalactites au plafonds qui vinrent à s'effondrer sur moi. Comprenant que j'aurais quelques difficultés pour me relever à temps, j'avais pris soins de dégoupiller deux grenades afin de les lancer en l'air. Elles explosèrent au moment d'entrer en contact avec les formations calcaires, les faisant éclater dans une violente détonation qui fit trembler toute la salle. Les gravats se répartirent tout autour de nous. Je pus alors activer mes Dark Boots afin de m'élancer dans les airs pour poser sur mur non loin de-là. La douleur à ma hanche commençait à s'estomper, mais je ne savais que ce ne serais que partie remise. Lorsque l’adrénaline retomberai, après l'avoir taillé en pièce, j'aurai d'autre problème à régler.

-Une fois que j'en aurais finis avec toi, je me chargerai de terminée cette mission toute seule. Plus jamais tu ne feras équipe avec nous et ne nous reverra. Je veillerai personnellement à ce qu'il en soit ainsi !

Étonnamment, ces paroles me firent plus de mal qu'autre chose. Moi qui d'habitude parlait sans aucune mesure, j'avais l'étrange impression de me blâmer moi-même en proférant ces paroles. Voici ce qui arrivait lorsqu'on donnait sa chance à un homme. Cela finissait toujours de la même façon. Ils finissaient par me décevoir, par me faire du mal. En fin de compte Shinji ne différait pas à cette règle. Malgré tout ce que nous avions pus vivre lors de première mission, de la complicité qui avait put ce voir naître, je réalisai qu'il ne méritait pas d'être mon ami. Ce constat laissait une sensation amer dans mon cœur, mais je devais y être habituée car, cela ne m'empêcha pas de dégainer Ebony et Ivory dans sa direction. Tirant deux premiers projectiles, je m'élançais ensuite à l'autre bout de la lance pour lui tirer à nouveau dessus. Ainsi répétais-je l'opération en boucle, ponctuant chacun de mes assauts de déplacement rapide afin de lui donner la l'impression que mes attaques venaient de plusieurs endroit à la fois. Ma mobilité me conférait par l'occasion une grande sécurité. Tirant sur lui en plein élan dans les airs. Je faisais en sorte de toujours me déplacer sur son flanc gauche afin d'exploiter au mieux l'angle mort de son œil manquant.

♫:

Le paroles de la jeune femme me firent l'effet d'un coup de poing lorsqu'elle argua qu'elle ne me laisserait plus jamais mettre la vie de Yami en danger. Je fus blessé par ses propos et je serrai les dents avec force sous le coup de l'émotion. J'avais envie de lui rétorquer que jamais, jamais, je n'avais eu l'intention de lui faire du mal ou de porter atteinte à sa vie. Mais pourtant je ne pouvais pas nier que mon comportement était irresponsable. Le travail d'équipe n'avait jamais été mon fort et j'avais découvert avec difficulté ce qu'il impliquait. Mon mode de vie solitaire et destructeur avait souvent eu des répercussions mais n'avaient jamais lésé quiconque. Mais j'avais tissé des liens affectifs avec les deux jeunes femmes sans même m'en rendre compte et je ne pouvais plus seulement raisonner comme un égoïste si je souhaitais garder les deux personnes qui ressemblaient le plus à des amies dans mon cercle quasi inexistant de relations. Je serrais les poings avec l'envie de lui sauter à la gorge pour lui faire ravaler ses propos mais leur justesse m'empêcha de réagir. C'était la première fois qu'on me balançait mes torts en pleine tronche et si c'était sûrement nécessaire, ça n'en restait pas moins douloureux.

Je n'étais pas une personne mauvaise - du moins, je crois - et je n'avais jamais volontairement fait souffrir les gens qui m'entouraient. Du moins jusqu'à maintenant. Et voila que je m'enfonçais davantage encore dans la débauche qui me caractérisait comme si je ne pouvais y échapper, comme si c'était la seule voie qui s'offrait à moi. Je déglutis avec peine en croisant le regard embué de ma partenaire - l'était-elle encore, en fait? - et sentit une boule se former dans mon estomac. Un court instant j'eus envie de baisser les poings et d'arrêter ce combat insensé mais Oniri ajouta que plus jamais je ne la reverrais, elle et Yami. Et cette seule pensée fissura mon coeur avec une force telle que je sentis à mon tour les larmes me monter aux yeux. Mais qu'est-ce qui m'arrivait? Comment avais-je pu en arriver là sans même m'en rendre compte. Pourtant ça semblait évident: je tenais à elles. Et si je savais que j'avais des sentiments puissants à l'égard de la Ketsueki, je fus surpris de constater que j'en avais aussi pour la Saibogu. Ce fut donc plus sous l'effet de la blessure invisible qui déchirait mon âme que par pure haine que je fis un pas dans sa direction, le visage déformé par un mélange de surprise et de colère:

- "Tu te permets de choisir les fréquentations de Yami? De décider pour elle qui elle doit voir ou éviter? Tu... Comment oses-tu t'octroyer ce droit?" je serrai davantage encore mes poings, faisant blanchir mes articulations et m'entaillant la paume de mes mains avec mes ongles sans m'en rendre compte. "C'est peut-être ton amie et je respecte ça, crois-moi! Mais tu ne peux pas prendre ce genre de décisions sans la concerter avant! Ce n'est... Ce n'est pas ta chose bordel!"

Je la vis saisir ses armes mais je restai interdit, comme si la gifle verbale qu'elle venait de m'infliger m'empêchait de réagir. Je savais pourtant ce qu'elle comptait faire mais je n'arrivais pas à réagir avant. Pourquoi? Parce que j'avais peur de la blesser ou pire, de la tuer! Et parce que je lisais son trouble et sa souffrance dans ses yeux et sur ses traits. L'affrontement ne se limitait plus à des blessures physiques mais à celles, bien plus douloureuses, de l'esprit. Je la vis pointer ses armes sur moi et je réagis enfin, mais trop tard. Déconcentré, incapable de puiser dans mon chakra correctement, je n'eus pas le temps de rendre mon corps malléable. Je pus seulement plonger sur le côté avant de ressentir une violente douleur au niveau de l'épaule puis mon sang chaud qui s'écoulait le long de mon bras. L'adrénaline calma instantanément la douleur mais ce nouvel assaut raviva la haine que je ressentais à son égard. De la haine, vraiment? Je n'étais même plus certain des sentiments que je lui vouais...

Je me redressai avec peine et portai la main au niveau de l'impact de la balle, la main tremblante. Mes instincts de shinobis reprirent le dessus et je délaissai la plaie pour chercher du regard la Saibogu. Cette dernière était déjà à l'autre bout de la salle et j'eus cette fois le temps d'user des particularités de mon clan pour absorber l'impact d'une nouvelle salve qui s'enfonça profondément dans ma chaire sans la perforer, me faisant par la même occasion tituber. Les balles retombèrent sur le sol et laissèrent échapper un bruit métallique en rencontrant la roche. La furie continuait de sauter d'un bout à l'autre de la salle avec une rapidité impressionnante tout en restant imprévisible dans ses déplacements. Décidément, elle savait comment se servir au mieux de ses capacités. J'allongeai à de multiples reprises mes membres de l'espoir de la cueillir en plein vol mais le temps que mon poing atteigne sa position, elle avait déjà changé de place. Cet étrange jeu du chat et de la souris dura de longs et pénibles instants durant lesquels je fus touché à de multiples reprises. Et en plus, elle savait viser...

Au bout d'un moment, n'y tenant plus, conscient que j'allais perdre ce combat si je restais sur la défensive, je modelai mes jambes comme des ressorts pour me propulser sur elle et la cueillir en plein vol avec une anticipation aussi mesurée que chanceuse. Nous évitâmes de justesse les lames au sol pour nous retrouver contre l'une des parois de la salle, là où le sol était libre de tout dangers. Le combat se transforma davantage en lutte tandis que nous échangions des coups furieux et malhabiles. Je reçu un violent coup de crosse sur la tempe qui me sonna et encaissai quelques coups bien ajustés. Je la repoussai ensuite violemment contre le mur et lui dégageai ses armes d'un revers de la main. Cette menace écartée, je lui bondis à nouveau dessus et un nouvel échange de coup succéda au précédent. Ce combat n'avait plus aucun sens et n'y ressemblait d'ailleurs plus vraiment. Les secondes semblaient devenir des minutes tandis que nous sombrions dans une lutte sans merci. Nous n'utilisions plus de jutsus, n'avions plus vraiment une vision claire de l'affrontement. Tout ce qui comptait, c'était le désir de faire souffrir l'autre, de lui faire ravaler ses propos et de libérer enfin la rancœur accumulée.

Nous roulâmes une nouvelle fois sur le sol frais tout en se frappant mutuellement de toutes nos forces. Nuls doutes qu'à cet instant nous ressemblions et nous comportions davantage comme des animaux que des êtres humains tant l'affrontement fut soutenu et violent. Nos forces nous quittèrent rapidement puisque nous ne faisions même plus l'effort de nous économiser, désapprouvant ainsi tous les conseils des instructeurs de l'académie. Mais j'avais une force physique supérieure à la sienne et j'eus le dessus lorsque je la plaquai au sol, à califourchon sur elle.

♫:

Je levai alors mon poing droit recouvert du gant de combat prélevé sur l'une des momies quelques jours plus tôt, prêt à l'abattre sur son visage. La respiration haletante, du sang s'écoulant sur mon oeil valide et troublant ma vision, je retins mon geste tandis que l'indécision laissait place à la volonté que j'avais pourtant pensé inébranlable de la faire souffrir. J'avais envie de la tuer, de lui faire payer ses phrases assassines, de faire disparaître l'air arrogant que je détestais tant. Mais pourtant, je n'y arrivais pas. Je poussai un cri de colère et d'impuissance mélangée et abattit finalement mon poing... à la droite de la tête d'Oniri. Puis le calme laissa place à la tempête et le silence envahit la salle tandis que les derniers échos du combat s'évanouissaient contre les parois.

- "Je... Je n'y arrive pas!" murmurai-je tandis qu'un trouble que je ne connaissais pas s'insinuait peu à peu en moi. "Je ne peux pas! C'est con, hein?"

Je plongeai mon regard dans le sien sans attendre la moindre réponse à ma question rhétorique. La haine et la rancœur s'évanouirent aussi vite qu'elles étaient apparues et j'en fus le premier surpris. Et dans un élan purement instinctif, guidé par un désir que je me découvrais sans jamais avoir soupçonné sa présence, je penchai mon visage vers elle avant de joindre mes lèvres aux siennes...

Music ♪:

Tandis que je m’évertuai à déverser toute ma rancune sur lui en déployant sur lui un véritable déluge de balles. J'eus comme une aberrante sensation de déjà vu, ne tardant pas alors à me rendre compte que je me vouais à la même frénésie perfide, sans raison ni réel but, comme je l'avais fais envers Blake. Les remords comme la rage se mêlaient en moi dans un cocktail tout bonnement incompatible. Sur qui déployais-je ce flot d'amertume sans fin ? Et surtout pour qu'elle raison ? Je voyais en Shinji une trahison supplémentaire, des plus douloureuse. Sans doute celle de trop. J'en avais tout bonnement assez de tout ceci. De cette vie de cinglée qui ne cessait de me harceler, se complaisant dans la méticuleuse série de mutilations de mon corps et de mon âme. Tôt ou tard il n'en resterait que des lambeaux, du moins si ce n'était pas déjà le cas. J'avais l'impression de n'être plus que l'ombre de ce que je fus jadis. Au final il ne s'agissait ni d'une bonne ni d'une mauvaise chose, simplement un mal-être différent rongeant mon cœur meurtri.

Et moi, pauvre sotte que j'étais, je continuai d'y croire, de m'acharner inlassablement pour m'accrocher au peu d'existence qui me restait. Pourtant, en cet instant précis. Je n'avais l'impression que d'être l'infâme jouet de l'implacable providence. Elle qui m'envoyait sans cesse me battre contre ceux que j'aimais. D'abord Blake, puis ensuite Yami et maintenant Shinji... Tant d'affrontements qui n'avaient de cesse de m'éprouver et qui allaient désormais jusqu'à tourmenter mes songes... Bon sang... Qu'est-ce qui clochait ? Qu'elle pouvait bien être mon problème ? Pourquoi ? Pourquoi devais-je leur faire du mal ?

Je serrais nerveusement les dents si fort que je crus bien les faire sauter dans ma mâchoire. Les larmes coulaient désormais à profusions le long de mes joues. Désormais, à chaque fois que je parvenais à toucher Shinji, j'avais l'impression de me blesser moi-même. Ce combat n'avait plus aucun sens, mais cela ne m'empêchait pas de continuer dans cette longue et douloureuse pseudo auto-destruction. Mon trouble ne fit par ailleurs que croître lorsque, tantôt, j'en vins à croiser le regard de Shinji. Il ne possédait peut-être plus qu'un œil, mais celui-ci en traduisait tant sur son état. Il avait les larmes aux yeux lui aussi et semblait en proie à moult tourments. Pourquoi faillait-il qu'il rende les choses aussi compliqué ? Ne pouvait-il pas se contenter de rester un indubitable salaud ? Il n'allait tout de même pas commencer à éprouver des remords. Il n'allait pas oser me faire cela...

Las de rester sur la défensive, il parvint à contre-attaquer en me heurtant de plein fouet. Suite à quoi nous fûmes éjectés à l'autre bout de la salle en nous heurtant lourdement contre l'une des parois de pierre. Cela ne nous empêcha pas pour autant de continuer de nous acharner l'un sur l'autre. J'étais toujours prise par l'hystérie du moment. Mon palpitant tambourinait dans ma poitrine plus que jamais envoyant le sang pulser violemment jusqu'à mes tempes. Je ne voulais plus réfléchir. Je ne voulais plus me poser de questions. Je voulais seulement déverser ma colère sur quelque chose, je voulais le frapper.

Il n'eut aucun mal à me désarmer d'un geste de la main puis me sauta dessus pour tenter de me mettre à terre. Nous effectuâmes une série de roulé boulet tout en nous couvrant de coups. Le bandage que j'avais autour de mon bas ventre des suites de l'attaque de Megami fut arraché, révélant une longue et large cicatrice tout juste recousu en dessous de mon nombril. Il eut un léger geste de recule en la voyant. Je voulus en profiter pour le frapper, mais il parvint à m'immobiliser les bras et se tint à califourchon sur moi. Je pus dès lors apercevoir ses traits déformés par la rage. Redressant son poing d'acier au-dessus de moi, je sus qu'il s'apprêtait à frapper. Il me fut impossible de cacher l'élan de peur qui me saisi à cette instant. Je parvins à me dégager les mains pour me protéger instinctivement en plaçant mes bras comme bouclier devant mon visage. Le choc fut si brutal qu'il me fit sursauter. Il venait d'écraser son poing juste à côté de moi.



Music ♫:


A bout de souffle, les larmes coulants du bord de mes yeux, je lui lançai un regard aussi perdu que désespéré, incapable de comprendre ce qui se passait à cet instant. Tout semblait tellement ridicule. J'en avais assez... Lui aussi visiblement. Il m'exprima être incapable de poursuivre, dans une étrange ironie. Puis, toute la souffrance, tout le chagrin, toute la haine s'effaça subitement de son visage pour ne laisser qu'une intense expression de sérénité. Puis, le temps comme l'espace semblèrent voler en éclat. Il n'y avait plus de raison, seule cette passion soudaine et non dissimulée que je sentais émaner de lui lorsqu'il se pencha sur moi afin de joindre nos lèvres. Un baiser chaste et doux qui me submergea d'émotions. Je ni répondis pas, restant tétanisée sous cet afflux de sentiments nouveaux. Il se redressa sur-moi et continuait de me fixer avec intensité. J'en faisais de-même, le toisant de mes yeux ambrés alors, que des perles salines glissaient le long de mes joues. J'avais l'impression de mettre subitement réveillée d'un long cauchemar, comme dans ces stupides contes pour enfant de princesses endormis. ... Je me sentais tellement idiote...

Nous restâmes de longues secondes ainsi, impassible. Il attendait sans doute une réaction de ma part. Malheureusement j'ignorai que faire ou penser. Pourquoi avait-il fait cela ? Que pensait-il de moi ? A proprement dis, je me sentais incapable de l'aimer, pourtant, j'avais tellement besoin de lui. Son baiser sonnait pour moi comme une libération. Je ne voulais plus qu'il parte, qu'il m'abandonne, qu'il me laisse seule à nouveau... Mais pouvais-je simplement me le permettre après tout ce qui s'était passé ? Par peur qu'il se lève et s'éloigne j'en vins à poser une main sur sa joue pour la caresser. Nous ne nous étions pas quitté un seul instant du regard depuis lors comme si l'univers s'était suspendu face à l’intensité de cet instant.

-Espèce d'idiot...

Finis-je par lâcher d'une voix chevrotante avant de me redresser pour lui rendre son baiser en l'embrassant cette fois-ci longuement et langoureusement. Tout en poursuivant notre échange sensuel il posa ses mains sur mes hanches tandis que j'entourai sa nuque de mes bras, glissant tantôt mes doigts dans ses cheveux. La tension monta subitement d'un cran ainsi que la chaleur tout autour de nous. Je rompais alors subitement notre baiser, mais gardai mon visage à proximité du sien gardant nos front mutuellement collé l'un contre l'autre. Mes yeux larmoyant demeuraient penché, sur ses lèvres, désireuses que j'étais de l'embrasser à nouveau. Mais avant d'aller plus loin, il me fallait comprendre la raison du pourquoi. A savoir ce qui l'avait subitement poussé à agir ainsi. Peut-être qu'en tant normal ne me serais-je jamais posée la question, mais les temps avaient changés et moi également...

-Pourquoi ? Lui dis-je dans un murmure à peine audible avec un timbre de voix qui exprimait à la fois tout le déluge émotionnel ainsi que l'incertitude que j'éprouvai en cet instant.

♫:

Nous ne nous quittâmes pas du regard après notre premier baiser et je crois que les mots n'étaient plus nécessaires à cet instant. De toute façon comment aurions-nous pu exprimer ce que nous ressentions? Nous étions simplement deux âmes qui se cherchaient, deux corps qui se désiraient. Le temps sembla à nouveau se déformer tandis que nous nous caressions du regard, silencieusement. Elle me passa une main sur la joue et je frémis en sentant cette caresse sur ma peau. Notre affrontement semblait si loin maintenant, si dérisoire et stupide. Je lui décocha un frêle sourire alors qu'elle me traitait d'idiot. Oui, pour le coup j'en étais certainement un.

Je lui rendis sa caresse avec délicatesse, écartant au passage une mèche de cheveux de son visage de porcelaine avant qu'elle se redresse pour joindre une nouvelle fois ses lèvres aux miennes comme pour confirmer à son tour le désir qui la consumait. Nos langues s'unirent et se caressèrent tandis que nous raffermissions notre étreinte mutuelle avec une force empreinte de douceur. Nous collâmes ensuite nos fronts l'un contre l'autre. Les yeux fermés, je sentais son souffle caresser mon visage et je savourai ce contact tout en gardant mon œil fermé. La Saibogu rompit le contact et me dévisagea avant de me demander pourquoi. Une question simple en apparence mais qui était redoutablement compliquée alors que j'étais encore surpris par la tournure des événements. J'avais des sentiments forts pour Yami, ça j'en était certain. Je me sentais capable d'aimer la Ketsueki et je le désirais ardemment à vrai dire. Mais j'avais également des sentiments pour Oniri même si je n'arrivais pas à définir leur nature exacte. Mais lorsqu'elle m'avait dit que je ne la reverrais plus jamais j'avais été forcé de constater que cette remarque m'avait fait souffrir. Je ne voulais pas la perdre!

- "Parce que..." murmurais-je pour toute réponse, incapable d'en dire davantage.

J'essuyais du pouce les larmes qui perlaient sur ses joues, sentant une boule se former dans la gorge à la simple pensée de la savoir triste. Nous étions comme deux enfants qui s'émerveillent des sentiments qui jaillissaient en eux sans réellement les comprendre. Plus rien ne comptait à présent. Le temple, les archéologues, notre mission ou encore le danger que je savais omniprésent dans ces ruines... La seule chose qui importait pour l'instant, la seule chose digne d'intérêt, c'était Oniri...

Nous restâmes silencieux un long moment à nous s'observer mutuellement avant qu'un sentiment de culpabilité m'envahisse. Était-ce parce que je pensais à Yami? Parce que le visage de la Ketsueki flottait devant moi lorsque je l'avais embrassée? Parce que mon coeur avait tenté de réprimer l'instinct qui l'avait submergé pendant cet instant de faiblesse? Je me sentais tellement con...

Pourtant je me gardai bien d'exprimer ce que je ressentais à cet instant à ma partenaire, estimant que ça ne servait à rien de partager mes impressions à ce sujet. Encore plus pour lui avouer que la fille qui m'intéressait était sa meilleure amie... Je me redressai après quelques instants pour retirer mon manteau puis mon t-shirt et portai une main à mon épaule blessée d'où du sang continuait de s'écouler à rythme régulier. Je constatai alors que mon flanc gauche était recouvert de mon fluide vital et je sentis un vertige m'envahir. J'en fis abstraction pour l'instant et vint m'asseoir face à la splendide jeune femme aux cheveux blancs.

- "C'était..." balbutiai-je, hésitant. "C'était la première et dernière fois Oniri... Mes pensées sont entièrement tournées vers quelqu'un d'autre et ce ne serait pas juste de profiter de toi! Tu peux penser que je suis beaucoup de choses mais je ne suis pas un salopard!"

J'avais prononcé ces mots sur un ton plus sec que j'avais désiré et je m'en excusai par un sourire sincère à son attention. Je déposai un dernier baiser sur sa joue avant d'embrasser du regard la grotte qui avait été le témoin silencieux de cet acte inconsidéré. Puis je tournai le dos à la Saibogu tout en restant assis. Je lui désignai ensuite mon épaule blessée:

- "Est-ce que tu peux, s'il-te-plaît?" fis-je pour l'inviter à me retirer la balle logée à l'intérieur de cette dernière. "Je commence à ressentir le manque de sang et je crois que je ne vais pas tarder à tomber dans les pommes si tu ne fais rien..."

Tandis qu'elle s'affairaient à sortir la balle de ma chaire - ou plutôt à réparer ses conneries - j'utilisai mon briquet pour chauffer la partie supérieur de l'un de mes gants de combats jusqu'à le faire rougeoyer. Puis une fois que le projectile fut retiré je posai le métal brûlant sur la plaie pour la cautériser, le tout en serrant les dents avec une force telle que je cru un instant qu'elles allaient éclater sous la pression. Je pris ensuite une longue rasade d'alcool pour atténuer la douleur non sans avoir d'abord demandé la permission à ma coéquipière. Je poussai ensuite un long soupire avant de désigner le balancier qui nous avait propulsé dans ce piège qui se voulait mortel. Les concepteurs avaient beau avoir tout imaginé, ils n'avaient pas prévu que notre duo allait passer par là. La preuve? Nous étions encore en vie...

- "T'as une idée pour nous sortir d'ici?"

Je n'avais pas honte de reconnaître que si j'étais les muscles, elle était le cerveau. Après tout les Saibogu n'étaient-ils pas des ingénieurs extrêmement compétents? Ce genre de mécanismes, elle devait connaître...

Music ♫:

Sa présence, son odeur, sa chaleur... Son étreinte m'apportait tant de réconfort à un point qu'il ne pouvait s'imaginer. J'avais besoin de cela, j'avais besoin de lui en cet instant. Tout mon être se vouait entièrement à lui, savourant chaque geste affectif qu'il m'adressai. Ma gorge se noua. Mes larmes m'entraînaient dans la fatigue tandis que l'excitation me galvanisait d'ardeur. Je le voulais pour moi, seulement pour cette fois... Lui-même ne sembla trouver de réponse à ma question ce qui ne fit qu'accroître ma confusion. Je le vis se relever, cette soudaine séparation sonna comme un déchirement pour moi, me ramena brutalement à l'implacable et froide réalité. Je me recroquevillai involontairement, posant une main sur mon buste et le regardait retirer ses vêtements. Du sang coulait de son épaule. C'était entièrement de ma faute... Je me sentais si coupable de lui avoir fais du mal. J'avais agis promptement, l'attaquant sans réfléchir et mettant nos vies respectives en danger. Finalement, peut-être ne valais-je pas mieux. A cette pensée, je baissai les yeux, prises par la honte alors qu'il venait s'asseoir juste en face de moi.

J'avais l'impression, qu'avec ma rancune, toute mes forces m'avaient abandonnées. Je me sentais soudainement si froide, si vulnérable... Moi qui ne demandait qu'à recevoir un peu de chaleur et de force. J'aurais souhaité retrouver ces aspects là dans la personne de Shinji, mais il ne semblait plus décidé à quoique ce soit. Immobile et incertaine, j'attendai de comprendre sa réaction. Finalement il vint à m'avouer la vérité. Je ressentis un petit pincement au cœur en même temps qu'un souris triste se dessinait sur mes lèvres, ne sachant trop comment réagir. Son honnêteté me touchait énormément. D'une certaine façon, j'éprouvai de la fierté à l'avoir fait céder malgré lui. Cependant, il avait eut la sagesse de se raviser pour ne pas me juger tel un vulgaire objet. Dans mon état, je ne pensais pas que j'aurais pus supporter une telle chose. Étrangement, sa franchise, en débit de sa faute, ne faisait que renforcer l'attention que j'éprouvai envers lui. Sans doute en était-il mieux ainsi de sorte à ce que nous nous arrêtions là. Néanmoins, je lui demeurai reconnaissante pour ce baiser. Il l'ignorait, mais ce dernier m'avait permit de me rappeler que j'existai bel et bien en ce monde et que des personnes comptaient pour moi. Des larmes se remirent à couler le long de mes joues qu'il s'empressa d'essuyer d'une nouvelle caresse avant d'y déposer un dernier baiser. Je m'essuyai les yeux prostrée comme jamais avant de lui adresser un sourire infantile et fatigué. J'avais l'impression d'être une enfant se réveilla brutalement des suites d'un cauchemar.

Il me demanda mon aide pour l'aider à retirer la balle loger dans son épaule, ce à quoi je m'attelai aussi rapidement et délicatement que possible. Mes doigts lui arrachèrent un gémissement de douleur lorsque je parvins à me saisir du projectile afin de l'extraire. Je sortis ensuite quelque bandage de sorte à essuyer le sang coulant sur son torse. Pensant qu'il fallait recoudre , je voulus prendre le nécessaire mais Shinji trouva une méthode outrageusement plus radical en chauffant à blanc son gantelet de combat pour l'appliquer sur sa plaie. Je ne pus retenir une grimace à me remémorant ma cautérisation à vif lors de mon escapade nocturne au Kenkyuujo pensant alors, qu'indubitablement, ce type était aussi fou que moi. Cette pensée m'amusa alors qu'il paraissait rapidement se remettre de ma bêtise. Jusqu'à présent je n'avais pas prononcée un seul mot, me contentant d’acquiescer devant ses dires.

Mon amant d'un instant me demanda ensuite comment nous pourrions sortir d'ici. Il me faisait définitivement confiance en ayant jusqu'alors avisé de la clairvoyance dont j'avais fait preuve face à ces ruines. Le problème à notre pseudo claustration avait été de lui-même résolu durant notre affrontement. Dès lors, je n'avais aucune crainte à ce sujet, exprimant par ailleurs le fondement de ma pensée quant-à la situation dans laquelle nous nous trouvions.

-Il n'y a pas à s'inquiéter. Cette salle a été initialement construite de la même façon que celle où nous avons affrontés les momies...

Je me rendis compte que, malgré-moi, ma voix conservait une certaine faiblesse. Sans doute n'avais-je plus le cœur à l'ouvrage après tout ce qui venait de se passer. Prenant une grande inspiration je décochai deux grenades à ma ceinture pour m'amuser à les faire sautiller d'une main tout en m'efforçant d'arborer mon habituel sourire mesquin. Ainsi lançais-je la première en direction du balancier, qui dans une explosion qui fit trembler la salle, arracha des pans entier de roches pour révéler l'issue par laquelle nous étions entrés. Je répétai l'opération en envoyant cette fois-ci la deuxième grenade à l'autre bout de la salle, juste en face des débris du balancier. La détonation retenti pour libérer une nouvelle voie de sorte à nous enfoncer davantage dans le temple. Je profitai de cet instant, alors que les gravas continuaient de s'empiler, pour terminer mes explications.

-Il existe dans ces ruines des salles pouvant-êtres détruites contrairement à d'autres. Les parois n'ont pas été érigée de la même façon. Cela explique notamment pourquoi une issue de sortie s'est offerte à nous lorsque nous somme parvenue à vaincre les trois momies. Les Précurseurs semblent à la fois chercher à nous éloigner de leur secret tout en nous indiquant un trajet prédéterminé comme s'ils cherchaient à nous mettre à l'épreuve.

J'avisai avec calme la nouvelle issue, sentant plus que jamais le désire de percer les mystères qui régissaient ces ruines enfouis. Par ailleurs il fallait à tout prit que je m'occupe l'esprit afin de cesser de penser à tout ce qui venait de se passer. Ignorant quels périples il nous restait à affronter j'estimai tout de même que nous en arrivions à la fin. J'espérai que chaque salle destructible traversée menait à un certain dénouement. Auquel cas nous nous apprêtions sous peu à atteindre notre but. Après avoir récupérer un de mes Pocketflash entre les pieux j'en vins à éclairer la nouvelle salle, réalisant avec une certaine satisfaction que j'avais vu juste. Je reportai alors mon attention sur Shinji. Cela me paraissait si étrange, mais je n'arrivais plus à le voir de la même façon. Non pas que je fus tomber sous le charme, loin de-là, mais il m'inspirait à présent une certaine confiance que je n'avais jusqu'à présent ressenti pour lui.

-Nous arrivons à la fin. Je pense pouvoir terminer seule, il n'y aura pas de piège dans la prochaine salle. Je vais avoir besoin de temps pour prélever diverses données. Cela ne te dérange pas de m'attendre à l'extérieur en allant t'occuper de nos deux zigotos ? Fis-je en lui adressant un clin d’œil complice. Tu n'as pas tenu ton paris, mais je veux bien payer ma tournée pour cette fois...

Ma remarque sembla le ravir. Ce à quoi il détourna le pas pour se diriger vers la sorti. Je le regardai s'éloigner un instant avant de l'interpeller à nouveau.

-Hey Shinji ! Je sentis son regard se posé sur moi. Prise d'un certain malaise, je ne savais comment formuler mes mots. En fin de conte cette histoire se révélait terriblement gênante. Merci... Fis-je d'une voix empreinte de reconnaissance. Sans doute était-ce que j'avais de mieux à lui offrir à retour... A présent il était temps de nous séparer afin d'emprunter chacun notre chemin respective. Lui se dirigeait vers la lumière tandis que je m'enfonçai une nouvelle fois parmi les ténèbres. Mais désormais, une nouvelle lueur brillait en moi et elle n'était pas prête de s'éteindre...

♫:

♫:

Oniri ne tarda pas à répondre sur l'étrange communicateur qu'elle m'avait confié. Sa voix était grésillante et la transmission semblait avoir quelques difficultés à s'établir à travers les pesants blocs de rochers qui nous séparaient. Mais au moins je pouvais comprendre l'essentiel et fut plus ou moins soulagé qu'elle me réponde dans le mesure où je n'étais pas vraiment rassuré de la savoir seule dans le temple. Elle avait beau être convaincue qu'il n'y avait plus de pièges pour entraver sa progression, je restais tout de même sceptique sur ce point. Vu les surprises dont les architectes de ce lieu nous avaient gratifiées lors de notre précédente explorations et même celle qui se déroulait présentement j'avais quelques doutes quant à la sécurisation des ruines. Je me fendis d'un léger sourire lorsqu'elle me fit remarquer qu'on pourrait presque me prendre pour quelqu'un de sérieux.

- "Sérieux, moi?! Vraiment?! Je vais finir par me sentir insulté tu sais?" fis-je sur un ton amusé. "Très bien termine ce que tu as à faire et rejoins-nous! Si tu as le moindre soucis tu me fais signe d'accord? On ne sera pas trop de deux si jamais les choses venaient à mal tourner..."

Je coupai ensuite la communication en appuyant sur le bouton de l'appareil et m'installai plus confortablement contre le mur qui bordait le rocher sur lequel j'avais posé mon saint postérieur. Je me mis à rouler une cigarette d'un geste maintes fois répété avant de la porter à mes lèvres puis l'allumer. Puis je rabattis davantage ma capuche sur mon visage pour mieux le protéger du soleil qui à cette heure devenait toutefois moins mordant avant de cracher un jet de fumée en direction du ciel azuré. De temps à autre je jetais des regards aux deux archéologues qui avaient entamé une discussion au sujet du temple et si je ne prêtai pas attention à leurs dires - qui de toute façon m'étaient étrangers - je m'assurai néanmoins qu'ils n'étaient pas tentés de retourner dans ces ruines pour poursuivre leurs recherches. Je me fichais pas mal de ce qui pouvait leur arriver pour être honnête: j'avais déjà assez à faire pour m'occuper de moi-même sans devoir en plus me préoccuper de gens que je ne connaissais pas. Mais la mission impliquait leur survie et tant qu'elle n'était pas terminée j'allais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour les empêcher de faire une bêtise.

Je pris régulièrement des gorgées d'eau pour chasser la pâteuse dans ma bouche tout en tentant de chasser les multiples idées qui s'insinuaient en moi. Elles consistaient surtout en diverses hypothèses sur les dangers qu'était en train d'affronter la Saibogu et l'absence de nouvelles de sa part commençait à m'inquiéter. Après tout je lui avais demandé de me tenir informé régulièrement de sa progression pour m'assurer qu'elle allait bien, non? Alors pourquoi est-ce qu'elle mettait autant de temps à me donner signe de vie? Je descendis bien vite de mon perchoir et commençai à faire les cent-pas devant l'entrée de ce temple maudit, l'oeil rivé sur le couloir qui menait à l'intérieur.

*Allez t'as la peau dure non?* l'encourageai-je silencieusement. *Tu t'es pas faite avoir par ces foutues ruines quand même? Je suis le seul habilité à te tuer, tu te souviens?*

Les archéologues, quant à eux, m'observaient de leurs regards scrutateurs en se demandant visiblement si l'inquiétude qui se lisait dans ma démarche signifiait un quelconque problème. C'était plus de la curiosité que de l'empathie que je pouvais discerner dans leurs yeux et pour le coup j'eus envie de leur distribuer une claque ou deux. Mettre la vie de ma coéquipière en danger pour leurs foutues recherches n'avait jamais été une idée séduisante mais j'avais vraiment l'impression qu'ils se foutaient complètement de ce qui pouvait arriver à Oniri tant qu'ils pouvaient obtenir des informations supplémentaires sur ce temple. Comme si nous étions sacrifiables tant que nous leur permettions de progresser dans leur étude de ce lieu...

- "Dites?!" m'interpella l'un deux. "Ces momies, là! Elles marchent rapidement? Est-ce qu'elles sont si fortes que ça? On a lu votre rapport sur votre première exploration mais on a retrouvé que des cadavres inanimés et on en a jamais vu une se mouvoir pour de vrai!"
- "Et vous pouvez me croire quand je vous dis que vous n'en avez pas envie!" rétorquai-je simplement, peu enclin à ressasser le passé.
- "Vous n'êtes pas du genre bavard hein?"
- "Si! Mais seulement avec les gens qui en valent la peine..."

Rien ne me forçait à me montrer courtois envers ces types que je considérais comme des abrutis de première. C'était sûrement un peu ironique de penser ainsi si l'on tenait compte de mes faits et gestes mais c'était plus fort que moi. La dernière chose dont j'avais envie pour le moment était d'avoir une discussion avec ces types. Et si nous avions été engagés pour leur sécurité, rien ne me forçait à me montrer courtois. Les deux archéologues comprirent facilement qu'il était inutile d'insister et le silence reprit ses droits jusqu'à ce qu'enfin mon communicateur se mette à crachoter à nouveau. Si on m'avait dit qu'un jour je serais heureux d'entendre la voix d'Oniri...

Cette dernière avait pu récupérer les informations dont elle et les deux zigotos avaient besoin et me proposait même une future exploration de ces ruines. L'idée ne me plaisait guère d'autant plus que la mission n'était pas encore tout à fait terminée. Mais comme elle le fit remarquer à la fin de son message, il était temps d'aller se changer les idées en faisant la tournée des bars. Perspective plus qu'intéressante à vrai dire. D'autant plus qu'elle m'avait promis de payer les différentes tournés...

- "C'est le moment!" fis-je avec soulagement. "J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose! On parlera d'une future expédition à Suna, devant un bon verre! Commence déjà par revenir! Nos deux zigotos commencent à s'impatienter..."

J'eus droit aux regards désapprobateurs des deux intéressés mais je m'en fichais pas mal! Oniri nous rejoignit quelques minutes plus tard et leur donna une copie de l'enregistrement qu'elle avait fait lors de son exploration solitaire. De quoi leur donner du travail pendant quelques temps et leur faire oublier la rancœur découlant de leur mise à l'écart. Nous nous restaurâmes rapidement avec des fruits avant de remplir nos gourdes d'eau pour le trajet de retour jusqu'à Suna. Nous prîmes donc la route du village caché non sans avoir été gracieusement payés pour nos services avant de nous en aller. Il était maintenant temps de passer à la partie plus agréable de la mission: celle qui consistait à faire la tournée des bars...