Les deux demoiselles eurent besoin de quelques jours de marche pour rejoindre leur destination, à savoir l Sud-Ouest du pays. Le duo avait pu profiter du trajet pour faire plus ample connaissance et si Setsuna était d'abord restée distante et peu loquace, la relation commençait à se détendre peu à peu entre les deux coéquipières. Le sujet principal de leurs discussions était souvent Aokiji que chacune d'elle connaissait sous un angle différent. Ce dernier était le coéquipier d'Asuna et le partenaire privilégié de Setsuna lorsqu'ils avaient du temps libres. D'ailleurs la noiraude avait pratiquement passé tout son temps libre en compagnie du Samui pour préparer au mieux l'examen qui se rapprochait rapidement.

- "Je me demande ce qui a pu pousser ces gens à quitter le Hayashi no Kuni!" glissa la noiraude à son homologue aux cheveux bleus. "Pour ce que j'en sais la région est plutôt calme normalement!"

La géopolitique n'était pas vraiment un sujet qui passionnait Setsuna, loin de là. Depuis son arrivée au Shûkai quelques mois plus tôt, elle s'était au contraire concentrée presque exclusivement sur son entraînement. Yuki se montrait exigeante mais avec raison: ses élèves progressaient à un rythme soutenu même si la fatigue des missions successives commençaient à se faire sentir. Quoi qu'il en soit, si c'était bien l'avenir de la noiraude qui était en jeu à ce moment-là, il en était de même pour l'honneur de la Samui. Ne jugeait-on pas un senseï sur les valeurs et les capacités qu'il avait transmis à ses élèves?

- "D'après l'aubergiste, les fugitifs ont été vus pour la dernière fois dans les environs!" indiqua-t-elle à sa partenaire tout en regardant sa carte. "Le problème c'est que ces bois couvrent une grande superficie et qu'il ne sera pas aisé de les retrouver dans cet environnement!"

La traque... Là encore ce n'était pas l'un des points forts de la jeune femme qui comptait sur sa partenaire pour trouver une piste à exploiter. Et lorsqu'elles arrivèrent devant la lisière de la forêt quelques minutes plus tard, le duo s'accorda une courte pause pour se restaurer et mettre au point un plan d'action digne de ce nom. Il fut rapidement évident qu'à deux ils n'arriveraient pas à quadriller le secteur de manière totalement efficace. Setsuna fit donc quelques mudras et créa cinq clones.

- "Séparez-vous et cherchez des traces de ces expatriés!" leur ordonna-t-elle simplement. "Faites vites et soyez vigilantes! On ne sait pas si ces gens risquent de se montrer agressifs! Quoi qu'il en soit n'usez pas de la violence contre eux si les choses venaient à dégénérer! Il s'agit de ne pas les faire fuir plus avant! Contentez-vous d'observer et de nous faire un rapport le cas échéant!"

Les cinq copies se séparèrent en bondissant chacune dans une direction différente. Setsuna les observa un instant jusqu'à ce qu'elles disparaissent de leur vue et se tourna légèrement vers Asuna.

- "Parée?"

Elle soupirait de nouveau. Encore une fois elle repartait en mission. Pour quoi ? Pour qui ? Juste en quête de reconnaissance. Chûnin ? Quelle illusion ! Elle s'en fichait de ça. Elle n'avait pas de goût à vivre, elle ne savait plus où elle allait et pourquoi. Elle était l'insecte perdu dans l'océan de la vie. Ce pauvre oiseau qui essayait d'apprendre à voler mais n'osant quitter le foyer. Pauvre victime, qu'on l'appelait. « si faible, si fragile » alors pourquoi personne ne venaient lui rendre visite ? Pourquoi personne ne passait du temps avec elle ?

Un très grand mystère, oui. Mais bon, elle devait accomplir de nouveaux objectifs, telle la ninja automatique qu'on lui avait appris à être. Obéir, respect, et courage. Être le parfait chien-chien de la société mondaine qui ne demandait que de voir de plus en plus de jeunes échouer. Il fallait bien un divertissement à ces gens qui ne fichaient rien de leur vie depuis qu'ils marchaient sur leurs pieds. L'Éclair était dégoûtée de devoir se battre pour des bourgeois qui ne faisaient rien pour elle.

Setsuna ne devait pas s'en rendre compte, mais au moins c'était un point positif, la naïveté ou l'ignorance. On vit toujours mieux en ne pensant pas à ce qui se cache derrière nous, c'est vrai. Mais aujourd'hui, Asuna devait redevenir cette fille stupide qui convenait si parfaitement à l'étiquette de la société dans laquelle elle essayait de sortir. Et elles étaient donc partis dans les bois, chasser des fuyards qui avaient sûrement eux tout compris, partir du Shukaï pour ne plus jamais revenir. Ne pas donner de raisons pour être considérer comme traître ou ennemi publique.

La partenaire de la Kirigaya était une fille belle, peut-être même du même âge, Asuna en rougissait à chaque fois que leurs regards se croisaient. Non, elle n'était pas attirer, enfin si, peut-être, mais c'était plutôt quelque chose d'autre, une amie, oui. Peut-être que cela pouvait redonner le goût de vivre à notre jeune protagoniste, pensez-vous. Quelqu'un sur qui compter ? Douce ironie. Aokiji ? Comment faire confiance à un homme qui change d'avis constamment, qui est un pervers finit ? Peut-être qu'au final, l'Éclair allait peut-être réussir à créer quelque chose de réelle, pour une fois.

Arrivées sur les lieux, les deux jeunes filles discutèrent avec un aubergiste, donnant des informations comme quoi les fugitifs se seraient enfuies dans les environs. Il était simple alors de les retrouver, les traces de pas en premier à vérifier, les branches aussi. Setsuna créa alors cinq clones d'elle qui se mirent à la recherche des fuyards. Asuna était totalement en phase avec ce plan qu'elle approuvait bien sûr. Setsuna posa une dernière question à la jeune Kirigaya.

« Bien sûr, viens suis-moi. »

Asuna prenait alors la main de Setsuna en lui souriant. Elle sautait d'arbre en arbre pour arriver sur une très bonne position en hauteur où tous les bois étaient visibles, dont les clones. Asuna claqua dans ses mains et une arbalète de métal fit son apparition. Elle s'allongeait, pointa l'arbalète en direction des clones de Setsuna pour être en mesure de tirer à tout moment.

« Je suis prête, oui ! »

Le but étant que Setsuna descende et discute avec les fugitifs pour voir pourquoi ils s'enfuyaient, et si combat il devait y avoir, un de ses clones, à Setsuna, serait là pour faire signe à l'Éclair de tirer.

Setsuna eut la main capturée par sa coéquipière avant d'avoir pu faire le moindre mouvement pour esquiver. Ce genre de promiscuité avait le don de la mettre mal à l'aise et spécialement quand cette attention venait d'une femme. Après tout elle ne connaissait pas la jeune Kirigaya autrement que par les récits d'Aokiji ou leur vague rencontre dans un restaurant. Et puis elles venaient d'entrer dans la première phase des examens chûnin du Shûkai et les circonstances ne se prêtaient guère à ce genre de choses...

Pourtant faire remarquer sa désapprobation à sa partenaire n'aurait mené à rien de bon à l'heure où elles devaient coopérer pour retrouver les fugitifs. Et puisque la situation permettait ce genre de liberté, Setsuna se laissa donc faire sans rechigner mais en gardant toutefois son air impassible. Le duo arriva quelques instants plus tard sur un corniche qui dominait les environs et leur offrait un point de vue inespéré. Là Asuna fit apparaître une arbalète grâce à au Fuinjutsu et s'allongea sur le sol avant de signaler qu'elle était prête.

- "Si je comprends bien je vais devoir me taper la discussion avec les fugitifs?" fit-elle remarquer sans la moindre animosité. "Je t'avoue que c'est pas vraiment mon point fort mais si tu y tiens..."

La noiraude prit place sur le rebord, les pieds dans le vide, et tira sa gourde pour en prendre de longues gorgées. Puis elle observa les environs en passant son regard sur chacun de ses clones dans l'attente d'un signe de leur part. Mais la forêt était grande et même à cinq la tâche n'était pas aisée. D'autant plus que les fugitifs étaient très pressés d'après les dires de l'aubergiste. C'était à se demander ce qu'ils fuyaient.

- "Si ça se trouve ces fugitifs sont des soldats du Shûkai qui jouent ce rôle pour l'examen! Si c'est le cas ils ne vont pas nous simplifier la tâche..."

C'était une idée en l'air mais on pouvait s'attendre à tout de la part des examinateurs. C'était tout de même drôlement étrange que ces gens fuient précisément au moment de l'examen. Ou alors ce n'était que le hasard qui était à l'oeuvre et les responsables s'étaient contentés de sélectionner les missions du moment. Mais dans ce cas il devait bien y avoir quelqu'un pour les observer, pour évaluer la manière dont elles réagissaient en mission ou quelque chose dans ce goût-là. Et Setsuna était pratiquement certaine que personne ne les suivait depuis leur départ du Shozaichi...

Le temps commença à s'écouler lentement, minutes après minutes puis heures après heures. Les clones ne trouvaient toujours aucune trace de leurs cibles et la noiraude en recréa cinq autres d'affinité Katon cette fois-ci pour augmenter la zone de recherche. Les deux jeunes femmes en profitèrent pour discuter de leur vie au Shûkai, de l'examen et de leurs équipes respectives. Il fut également question d'Aokiji qui était le trait d'union que leur avait permis de se connaître après tout. Puis finalement, quelque chose digne d'intérêt les coupa dans leur conversation. Un clone venait d'exploser en provoquant une boule de feu.

- "C'est un de mes clones Katon!" murmura la noiraude en se tournant vers sa voisine. "Ils n'explosent pas comme ça tu peux me croire! C'est eux!"

Sans un mot supplémentaire, Setsuna se laissa tomber du petit promontoire rocheux et atterrit sur le premier arbre à proximité pour rejoindre le lieu de l'explosion. Les clones survivants firent de même et quelques minutes plus tard le petit groupe de copies ainsi que l'originale entouraient un groupe de réfugiés. La noiraude comprit rapidement qu'il ne s'agissait pas d'acteurs comme elle avait pu le penser de prime abord. Des vieux et des enfants composaient un ensemble hétéroclites de personnes. Certaines étaient blessées, d'autres visiblement à bout de forces et d'autres encore étaient... armées...

Une volée de shurikens vint perforer le groupe de Setsuna dont une bonne moitié explosa avant que le reste puisse se mettre à l'abri.

- "Arrêtez!" cria la noiraude, à couvert derrière un arbre. "Nous ne vous voulons aucun mal! Nous sommes des envoyés par le Shûkai pour vous apporter aide et protection. Arrêtez ça!"

Peine perdue, la pluie d'armes de jet continuait et la forçait - elle et ses clones - à rester à l'abris. Setsuna ne possédait pas vraiment de techniques capables de se défendre sans blesser ces réfugiés mais il fallait leur faire entendre raison et les pousser au calme. La jeune femme tourna alors le regard dans le direction où Asuna était sensée se trouver comme pour l'inviter à faire quelque chose...

Asuna était en réalité placée tout pour qu'à la moindre cible, le moindre mouvement, elle pourrait tirer. En fait, elle fut assez étonnée de voir que le temps passait au fil des heures et non des minutes. Mais au moins, elles pouvaient parler, avec Setsuna, de façon plus proche. L'Éclair s'était même surprise à sourire parfois, voir même à rire. Aokiji revenait souvent dans la discussion et en même temps il était le lien entre les deux jeunes filles, même si elle le laissait volontiers à Setsuna sans aucun remords, il était si immature pour son âge et pour Asuna...

En bref, les clones de Setsuna ne trouvaient pas la moindre trace de fugitifs ou tout autre personnes dans la forêt. Aussi, Asuna avait bien pensé qu'ils étaient surveillées et cela paraissait évident. Elles étaient après tout en examen Chûnin et il fallait bien des surveillants pour prouver que les jeunes filles arrivaient à leurs fins. Enfin bon, on pouvait aussi les prendre pour les « boulets » de la compétition à déjà papoter sur tout et rien, perchées en l'air. Leurs surveillants devaient bien s'ennuyer comparer à d'autres groupes qui pouvaient être vingt fois plus dynamique.

Mais heureusement un nouvel élément venant s'interposer entre la conversation des filles. Eh oui, une explosion de feu, c'était un des nombreux clones de Setsuna qui venait d'exploser. Il fit d'ailleurs remarquer que ce genre de clone n'explosait pas du tout comme ça et la Kirigaya le savait fort bien. Ainsi, l'aventure reprenait son déroulement et Setsuna sautait déjà pour allez voir à l'endroit de l'explosion. Asuna s'allongeait de nouveau, l'arbalète en position et l'oeil dans le viseur, prête à tirer pour défendre sa coéquipière.

Elle visait Setsuna pour la suivre du regard au cas où il y avait un problème, et ce fut malheureusement le cas car la jeune fille se retrouvait face à un petit groupe assez nombreux avec tout au complet : des enfants, des personnes âgées, sûrement des parents et adolescents. Eux, ils ne devaient sûrement pas jouer la comédie car ils étaient déjà blessés. En revanche leur attitude fut désastreuse face à Setsuna, ils lui jetèrent des armes, kunaïs, shurikens et même des parchemins explosifs. Heureusement, elle était assez douée pour tout esquiver, elle et ses clones.

Aussi, elle regardait d'une façon très rapide Asuna, le signe pour l'Éclair fut clair : c'était à elle de jouer. Elle devait bien se trouver à 300 mètres d'eux et était cachée par les feuilles et en plus elle était allongée, comme une véritable sniper. En revanche elle n'avait pas de projectile et il suffisait à Asuna de passer sa main au dessus de l'arbalète pour en créer en métal, grâce à son pouvoir. Aussi, elle attachait alors des fils de fer, tout ce qu'il y a de plus simple, à quatre projectile. Dans son viseur, elle visait les quatre point autour du groupe d'attaquant.

Elle ne comptait pas les blesser, mais en appuyant sur la tête, quatre projectiles partirent ensemble, très collés. Heureusement, elle avait fait en sorte que ces quatre projectile se séparent sur la distance pour former les fils de fer relier et créer un grand filet.

En fait, il arriva en plein dans la groupe qui se retrouvait alors emprisonner dans le filet de fils de fer, par terre et ne pouvaient s'en défaire car les projectiles s'étaient enfoncés dans le sol de façon extrêmement puissante.

L'Éclair décidait alors de rejoindre sa coéquipière, juste à côté d'elle. Elle pointait le viseur de son arbalète dans la tête d'une personne âgée du groupe.

« Nous sommes là pour vous aider. Écoutez-nous et expliquez ce que vous faîtes là. Aussi, évitez toute tentative de rébellion, il le vaudrait mieux pour vous, vraiment. »

Le déchaînement des armes de jets se stoppa subitement lorsqu'un bruit des traits fendants l'air se rapprocha dans un long sifflement, suivit presque immédiatement de bruits secs qui signalèrent leurs impacts. Quelques cris de surprises s'élevèrent ainsi que d'autres de douleur. Setsuna se risqua à décaler la tête sur le côté du tronc qui lui servait d'abris et rangea sa dague tout en réfrénant un petit sourire: la bande de fuyards était recouverte d'un filet de fils de fer qui les immobilisaient solidement au sol, entassés les uns sur les autres. Si ce traitement n'était pas vraiment le plus adapté aux yeux de la Nakagawa, elle ne pouvait en tout cas pas remettre en question son efficacité. Ce fut donc avec un léger signe de tête pour signifier son approbation qu'elle accueillit Asuna lorsque cette dernière vint la rejoindre et se porta à sa hauteur.

- "Bien joué!"

Mais lorsque la demoiselle se mit à pointer son viseur sur la tête d'une des personnes âgées du groupe et les avertissant sur les conséquences d'une éventuelle tentative de rébellion, Setsuna posa une main sur son arme pour l'inviter à la baisser.

- "Je ne crois pas que menacer directement leurs vieillards est le meilleur moyen d'obtenir des informations..." lâcha-t-elle sur un ton entendu.

En effet quelques-un des hommes de la bande tentaient avec l'énergie du désespoir de se redresser et leur force combinée mettait à mal les flèches qui maintenaient le filet en place. Elles vacillaient à un rythme régulier et ne pourraient certainement pas tenir éternellement. Il valait mieux apaiser les tensions avant que les fils de fer cèdent et qu'un nouvel échange d'armes de jet vienne remplacer cet instant de calme. La noiraude fit en pas en avant et désigna sa partenaire d'un vague geste de la main droite tout en glissant sa dague de le fourreau de l'autre.

- "Veuillez pardonner ma partenaire qui n'a fait, vous en conviendrez, que me protéger de votre assaut aussi insensé qu'injustifié! Si je suis consciente que votre situation ne doit pas être agréable, je vous prie en revanche de vous rappeler que c'est vous-même qui avez lancé les hostilités alors que notre but n'est autre que le dialogue..."

Appuyant d'un geste sec sur sa propre lame pour soulever un cliquetis caractéristique lorsqu'elle atteignit le fond de son fourreau, elle espéra que ce geste suffisait à montrer la bonne volonté du duo. Après tout Yuki lui avait maintes fois répété que le dialogue était une arme puissante et que, bien utilisé, il égalait les jutsus les plus puissants. Vu que le but de cet examen était de vérifier les acquis des participants, c'était donc l'endroit rêvé pour mettre en pratique les enseignements de la Samui.

- "Commençons par ranger nos armes d'accord? Nous n'avons pas la moindre envie de vous faire du mal et je crois que vous non plus! Après tout ce n'est pas nous que vous fuyez n'est-ce pas?"

Elle écarta ensuite les mains pour leur montrer qu'elle ne cachait pas d'autres armes dans sa paume et ses avant-bras et après quelques regards entre eux les fuyards firent de même et lâchèrent les leurs au sol.

- "Bien! Maintenant que nous sommes prêts à discuter peut-être que vous pourriez nous dire d'où vous venez et ce que vous semblez mettre tant d'acharnement à fuir? Vous avez des personnes âgées avec vous et pourtant vous avanciez comme si vous aviez un Bijuu aux fesses!"

- "Peut-être que vous pourriez commencer par nous libérer? Il y a des personnes âgées comme vous l'avez bien fait remarquer!" lâcha un quarantenaire.

Asuna et Setsuna échangèrent un regard et décidèrent donc de les libérer. Après tout, à deux, elles pouvaient certainement venir à bout des plus téméraires d'entre eux s'ils tentaient quelque chose de stupide. Mais la présence de vieillards justifiait un minimum de décence à leur égard. Tandis que sa coéquipière s'occupait de les libérer à l'aide de sa maîtrise si particulière des armes, la noiraude resta sur le qui-vive pour prévenir tout problème. Problèmes qui n'arrivèrent d'ailleurs pas.

L'homme qui avait pris la parole fit un pas dans leur direction et se présenta comme le chef d'un petit village du pays du bois. Leur bourgade avait été attaquée par une bande de pillards deux jours plus tôt mais cet événement n'était pas la cause exact de leur fuite. Le jeune fils du forgeron avait poussé l'un des assaillants dans la foyer de sa forge en tentant de défendre sa mère et sa mort avait provoqué l'ire des assaillants qui, depuis, étaient sur leurs traces. Ils en avaient encore eu la confirmation ce matin lorsqu'ils avaient vu les pillards quelques centaines derrière eux lorsqu'ils se trouvaient au sommet d'une colline.

Setsuna jeta un regard à l'enfant responsable de tout ceci et lui adressa un rapide sourire. Son geste avait causé pas mal de soucis à ses ainés mais le courage dont il avait fait preuve l'honorait. En revanche la présence de ces pillards dans les environs signifiait que les ennuis n'allaient certainement pas tarder à arriver. Les fuyards laissaient derrière eux des traces aussi grossières que celle d'un passage de pachydermes. Leurs poursuivants n'allaient pas tarder à les trouver s'ils n'avaient pas abandonné la traque...

- "Vous allez venir avec nous et les autorités décideront de ce qu'ils convient le..."

Une lance la frôla de si près qu'elle souleva au passage quelques mèches de ses cheveux noirs. Le chef du village fut frappé de plein fouet par l'arme et tomba lentement à genoux en tenant la hampe qui dépassait de sa poitrine avant de s'effondrer sur le côté. Des cris retentirent parmi les réfugiés tandis qu'ils pointaient du doigt une direction dans le dos des deux Shinobis. Se retournant, elles découvrirent une dizaine d'hommes vêtus de noir qui chargeaient dans leur direction, armes au poings.

- "La fuite n'est pas une option! Si vous voulez vivre, battez-vous!"

Ces mots en guise de motivation, la noiraude fit un signe de tête affirmatif à sa coéquipière avant de se ruer à la rencontre des assaillants...

Sérieux. Un sérieux exemplaire, c'est ce dont faisait preuve la jeune Kirigaya. Son regard était d'une froideur absolue, on ne voyait aucun sentiment derrière ses pupilles, juste le confiance en elle. Et même si l'arbalète était prête à tirer à tout moment, Asuna savait très bien que cela n'allait pas plaire à sa coéquipière qui posait sa main dessus pour dire à l'Éclair de baisser son arme pour ne pas effrayer le groupe.

Effrayer de quoi, d'ailleurs ? C'était eux après tout qui avait lancées les hostilités avec des armes aussi vulgaires. Qui plus est il fallait bien les faire parler, car s'ils étaient une famille de bandits il fallait absolument les arrêter immédiatement. Mais bon, suivre les ordres du Shukaï était d'abord une priorité et dans l'ordre il n'était nullement mentionner quelque part qu'il fallait absolument se battre, qui plus est Asuna était sûrement l'une des personnes à le plus prôner la parole avant l'acte.

Ainsi, elle baissait son arbalète de fer et la rangeait dans son dos, Setsuna en fit de même avec sa petite dague. Elles détachèrent ensuite les « prisonniers » des mailles. L'Éclair avait bien peur de voir naître une nouvelle rébellion mais ils avaient l'air d'avoir compris car ils jetèrent tous leurs armes un à un. Un petit soulagement pour la jeune Asuna qui avait quand même peur de devoir se battre et de devoir sûrement blesser des enfants dans le groupe.

Ils expliquèrent leur histoire, plus ou moins folle envers laquelle Asuna prenait une attention toute particulière. En vérité Setsuna et la Kirigaya avait eut le même réflexe, regard le petit enfant qui avait tué quelqu'un en se disant qu'il avait bien fait. Néanmoins les choses qui venaient plus en tête d'Asuna étaient des choses comme sa santé psychologique, que va-t-il lui arriver quand il va grandir, et pleins d'autres pensées comme cela. Car oui, il aura très vite besoin d'aide car il fera des rêves de ça, revivra, aura peur de toutes choses pouvant s'apparenter à la scène où l'acte s'est produit.

Mais les gens de se groupe avaient l'air très soudés et pour preuve, ils fuyaient tous ensemble, soudés. Asuna avait bien confiance en ces personnes qui seraient là pour le pauvre petit garçon. Cependant, la pensée immédiate d'Asuna lui donna le mériter de sauver la vie à quelqu'un. S'ils fuyaient, c'est bien que quelque chose les poursuivait et surtout, que ce quelque chose n'était pas loin. En fait, le seul regard d'Asuna lui permit de s'approcher de façon rapide vers le vieil homme avec qui les filles parlaient pour lui toucher le torse et construire une couche très fine d'acier plutôt résistant.

Et ce réflexe lui sauva largement la vie car une lance arriva en fendant le vent, manquant de toucher Setsuna qui avait su esquiver un minimum pour que seulement ses mèches ne soient touchées. Immédiatement, à la vue du groupe de bandits, Asuna créa une épaisse nuée de limaille de fer qui obstruait la vue à tout le monde. L'Éclair se trouvant juste à côté de sa partenaire elle lui murmurait quelques mots.

« Je te couvre. Fonce dans le tas et fais-moi confiance, je t'en prie. Le nuage va durer un petit moment, je vais cacher les membres du groupe. Reste ici, et quand je dissiperais le nuage, fonce, bats-toi. »

Immédiatement, elle prenait tout le groupe avec elle pour leur dire de partir dans des endroits assez reculés en leur montrant le chemin. Asuna, elle, paraît en hauteur, comme toujours. Elle avait tout le champ de bataille sous sa vision d'aigle pour tirer, encore une fois allongée comme une véritable sniper. Son poing était serré et au moment où celui-ci s'ouvra de nouveau, la fumée de limaille de fer partait.

Un homme ennemi, à la vue de Setsuna seule au milieu du champ de bataille, lui fonçait dessus avec des sabres d'un calibre tout à fait simple. Presque au contact de Setsuna, l'Éclair appuya sur la détente de son arbalète.

L'homme s'effondra devant la partenaire d'Asuna, une balle dans la tête.

On voyait l'oeil gauche d'Asuna dans son viseur, et seule sa voix se fit entendre.

« Suivant. »

Setsuna fit de son mieux pour retarder les pillards mais la faible visibilité ne l'aidait pas vraiment. La limaille de fer avait l'avantage d'aveugler leurs ennemis mais limitait également sa vision. Mais l'essentiel n'était pas vraiment de remporter ce combat mais simplement de donner suffisamment de temps à Asuna pour qu'elle puisse mettre en sécurité le groupe de fuyards civils. La noiraude se contenta donc de se protéger plus que d'attaquer et repoussa avec plus ou moins d'efficacité les assauts qui la visaient. Elle comprit néanmoins assez rapidement qu'elle ne pourrait pas éternellement garder sa position et invoqua une nouvelle série de cinq clones qui lui donnèrent un peu de répit.

- "Sur le flanc gauche!" cria-t-elle à l'une de ses copies pour l'inciter à surveiller ledit côté.

Un coup de pied la cueillit alors un ventre et elle tomba à genoux, le souffle coupé. Essayant désespérément de reprendre son souffle, elle ne dut son salut qu'à l'intervention de l'un de ses clones qui se prit un coup de katana à sa place. Avec peine, Setsuna lacéra le torse de l'homme de sa dague et fit un bond en arrière avant de poser la main sur son ventre. La limaille se dissipa alors comme elle était venue, offrant ainsi à la noiraude une vision d'ensemble de la situation. Les bandits étaient encore une poignée et ne semblaient guère décidés à lâcher l'affaire. Quatre de ses clones avaient été détruits et le dernier vint prendre place aux côtés de la Nakagawa. C'est alors qu'un tir venu de nul part explosa l'orbite de l'un des pillards qui tomba de tout son long sur le sol.

L'intervention d'Asuna était providentielle mais néanmoins inattendue dans le mesure où elle était sensée mener en sécurité les civils qui fuyaient cette bande. Le fait qu'elle prenne le temps de la couvrir signifiait certainement qu'elle avait réussi et que la noiraude pouvait dès lors compter sur son aide. Un mince sourire soulagé sur le coin des lèvres, Setsuna resserra sa prise sur sa dague avec un regain d'espoir. Maintenant, ils pouvaient régler leur compte à ces enfoirés avec plus de facilité.

- "Bien joué Asuna!" cria-t-elle dans le vide en espérant que sa coéquipière entendrait.

Setsuna prenait appui sur ses jambes pour se ruer à l'assaut des quelques bandits restants quand une clameur s'éleva dans les bras. Le bruit caractéristique d'une bataille résonna dans les bois et stoppa net l'élan de la Nakagawa. À moins que d'autres personnes aient décidé de se battre dans les environs, il ne pouvait s'agir que du groupe de réfugiés que sa coéquipière était sensée mettre à l'abri. Un frisson de peur traversa l'échine de la demoiselle qui comprit que les pillards devant eux n'étaient pas la totalité de leur groupe. D'autres les avaient certainement contournés pour s'attaquer directement aux réfugiés.

Setsuna sentit également la colère monter en elle: Asuna ne lui avait-elle pas demandé de lui faire confiance en lui assurant qu'elle allait mettre les fuyards à l'abri? Et si la jeune femme venait juste d'abattre un homme à distance avec ses étranges armes, qui veillait sur les réfugiés? La noiraude avait envie de hurler sa rancoeur à l'intention de sa partenaire mais se ravisa rapidement. La concentration était essentielle dans un affrontement et faire des reproches à son alliée ne mènerait à rien de bon. Elles règleraient ça plus tard, lorsque la situation se serait calmée. À supposer, encore, qu'elles survivent...

La Nakagawa effectua quelques mudras et un grand arc de flammes apparut à l'horizontale devant elle. Il se banda rapidement tandis qu'un trait de taille impressionnante apparaissait au fur et à mesure que la corde se tendait. Un regard à son clone plus tard, la noiraude décocha le trait élémentaire qui vint exploser au centre des pillards, soulevant une explosion aveuglante qui propulsa sa propriétaire en arrière malgré le sacrifice du clone venu se placer devant elle. Un filet de sang quitta ses lèvres pour couler sur son menton et elle manqua de peu de tomber dans l'inconscience à cause du choc. Mais elle se permit néanmoins un vague sourire en se disant que l'un des problèmes avait été réglé pour l'instant. Restait le plus important: la survie des réfugiés.

- "Va les aider!" murmura-t-elle malgré sa tentative de crier cet ordre à sa partenaire. "Vite!"

A défaut elle tendit un bras vacillant en direction des bruits de bataille en espérant que sa coéquipière comprendrait ce qu'elle souhaitait. Ne restait plus qu'à espérer qu'elle soit encore sur place pour le voir ou qu'elle avait déjà quitté sa position pour prêter main forte aux fuyards. Serrant les dents, la noiraude s'aida d'une branche basse pour se redresser. L'examen n'importait plus et semblait affreusement dérisoire en comparaison de la survie de ces civils. Tout ce qui importait, maintenant, c'était de limiter les pertes en vie humaines. Gardant cette pensée à l'esprit pour se motiver, Setsuna commença à se diriger vers le lieu de l'affrontement, les jambes flagellantes et un affreux goût de sang dans la gorge...

Comprenant rapidement qu'elle parviendrait trop tard sur le lieu de l'affrontement, Setsuna puisa dans ses réserves pour créer cinq clones supplémentaires d'affinité Katon qu'elle envoya immédiatement prêter main forte à Asuna. Puis elle tomba à genoux, épuisée physiquement à cause du manque de chakra et de l'affrontement qu'elle avait mené.

- "Attendez bande de salopards!" lâcha-t-elle, les dents serrées. "Je vais vous faire passer l'envie de tuer pour le plaisir!"

Vu les circonstances et sa situation, ces propos semblaient totalement vides de sens. Mais ils restaient révélateurs d'un état d'esprit toujours aussi volontaire. Quelques instants elle reprenait sa progression à quatre pattes, bien décidée à donner le maximum d'elle-même pour sauver les réfugiés malgré les spasmes douloureux qui parcouraient son corps...

Précision.

Elle avait fait preuve d'une précision légendaire pour tirer dans l'homme qui tombait à terre. Il était mort, non loin de là, Asuna avait chargé son tir en Raïton et avait fait attention de viser dans le cerveau pour couper tout liens aux muscles. Elle connaissait presque le corps humain par cœur, en tant que Sniper elle se devait de jouer sur cela essentiellement pour permettre de neutraliser l'ennemi ou l'assaillant sans pour autant le blesser grièvement.

Cependant une erreur élémentaire avait été commise par Asuna. Oui, le nombre de bandits n'était pas définit par ce que la Kirigaya avait pu voir, non-loin delà. C'était comme le principe de l'Iceberg, on ne voyait que la partie émergée, et non-pas tout ce qui pouvait se cacher en dessous. Elle le savait, elle avait tout comprit au moment où elle avait entendu les cries des enfants, et le fourreau des épées de personnes mal-entionnées.

Les yeux d'Asuna changèrent d'un tout autre, une noirceur démoniaque, quand elle aperçut l'enfant qui avait tué quelqu'un, blessé, par terre, couvert de sang une épée le transperçant. Immédiatement Asuna fit quelques mudras d'une simplicité hors-norme. Cinq répliques de la Kirigaya prenaient alors place, deux fonçant dans le tas parmi les réfugiés pour les défendre. Cela allait demander un chakra immense à la Kirigaya, mais elle avait fait ramasser aux deux clones qu'elle avait envoyés les armes par terre des fuyards.

Ainsi, les trois autres clones d'Asuna avait invoquées chacune des arbalètes et était toutes allongées. Créer des projectiles simples n'était pas très couteux en chakra, et donc elle se retrouvait à mitraller le champ de bataille. Dés qu'un ennemi essayait de s'approcher d'un des réfugiés, un sniper clone lui tirait en plein dans la tête, cette fois-ci, pour le tuer. La vision horrifique de l'enfant qui souffrait le martyr hantait Asuna, il fallait les neutraliser jusqu'au dernier.

Les deux autres clones d'Asuna essayaient tant bien que mal de se battre avec les armes qu'elles avaient ramassées. Heureusement il y avait les quelques restes de maîtrise de la rapière qui étaient encore là et donc les clones arrivaient à se battre avec une lance ou encore une épée légère. Un massacre, le sang coulait tant bien pour les ennemis que pour le petit groupe attaqué. L'Éclair était fatiguée car son chakra baissait encore et encore à maintenir la cadence de tir avec tous ces clones qui enchaînaient cible après cible.

Quelques minutes, les clones de Setsuna venaient alors en renfort, elle devait aussi être dans le mal de son côté mais elle avait demandé à Asuna d'aller s'en occuper.

La situation commençait à se calmer petit à petit. Les derniers ennemis tombaient et Asuna commençait à un peu soupirer. Malheureusement pour elle un dernier homme, dans un élan de rage, lui sauta dessus et eut le temps de lui planter un couteau dans le bras droit avant qu'un des snipers ne lui défonce le crane avec une nouvelle balle.

La Kirigaya cria de douleur, on l'entendait alors dans toute la forêt et même Setsuna avait dû comprendre ce qu'il venait de se cacher. Mais au moins, il n'y avait plus d'ennemis, pour l'instant. Heureusement pour elle, Asuna avait emporté les premiers kits de soin qu'elle put se faire elle-même avec ses clones. Elle souffrait énormément certes, mais se devait de courir vers le petit groupe qu'elle avait tenté de protéger. 2 morts et une personne grièvement blessée. Les deux personnes mortes étaient celui qui avait parlé à Setsuna et Asuna et sa femme.

Ils expliquèrent que les deux avaient donner leurs vies pour les plus jeunes en s'interposant entre eux et les ennemis. La personne grièvement blessé était l'enfant qui s'était fait transpercé le ventre par une épée. Asuna lui prodigua alors les premiers soins très rudimentaires.

Il fallait attendre maintenant Setsuna et faire au plus vite, en espérant que Setsuna arrivait de son côté à s'en sortir. Juste au cas où, l'Éclair envoya un de ses clones la rejoindre.

La jeune femme observait le ciel nuageux à travers les feuillages épais des arbres qui l'entouraient. Elle ressassait les derniers événements dans sa tête même si le soulagement avait laissé place à la peur. Certains de ses clones avaient été détruits dans l'affrontement entre les pillards et les fuyards et leur mémoire s'était alors greffée à la sienne. La noiraude savait qu'Asuna avait été blessée dans l'affrontement mais que ce dernier avait toutefois tourné en faveur de sa partenaire et des civils. Rien n'avait été facile et les deux Shûkaijins n'avaient pas été des exemples d'efficacité. La mort de deux des civils, entre autre, était une pilule aussi amère que difficile à avaler...

Lorsque ses derniers clones disparurent d'eux-même une fois leur objectif atteint, le chakra qu'elle leur avait insufflé vint s'accumuler avec le peu qu'il lui en restait en elle. Cette énergie supplémentaire lui permit de se redresser avec plus de facilité et de tenir sur ses jambes. Elle rejoignit ensuite le lieu de l'affrontement en faisant abstraction de la fatigue musculaire consécutive à l'utilisation de la précieuse énergie shinobi. Un clone de sa coéquipière se porta à sa rencontre quelques instants plus tard et Setsuna l'accueillit avec un petit sourire et un signe de main avant que la copie l'aide à avancer en glissant une main dans son dos pour la soutenir. Le duo rejoignit ensuite le lieu de l'affrontement.

Des cadavres gisaient sur le sol et l'odeur du sang recouvrait celle, naturelle, de la forêt. Le sol aspirait le fluide vitale et se tentait d'une couleur vermeille tandis que plusieurs corbeaux commençaient à se regrouper sur les branches des arbres avoisinants: ils ne perdaient pas le nord ceux-là. La noiraude balaya du regard les survivants avant de se rapprocher de sa coéquipière qui était en train de converser avec eux. Elle eut droit à un rapport sur les pertes assez concis. Deux morts et un blessé du côté des civils. Vu la situation ça aurait pu être largement pire...

- "Et maintenant?" demanda simplement l'un des vieillards du groupe.

Setsuna échangea un regard avec sa partenaire. La situation était peu commune et elle n'était pas certaine de la marche à suivre dans ce genre de circonstances. Mais c'était aussi ça, être soldat: il fallait prendre des initiatives et broder sur l'inconnu:

- "Je suppose qu'avec la mort de ces pillards vous n'avez plus aucune raison de fuir, alors... Si vous souhaitez retourner dans votre pays il n'y a rien qui s'y oppose..."

Les survivants échangèrent à leur tour des regards avant de se regrouper pour discuter entre eux. Le débat semblait plutôt vif de leur côté et les deux shinobis en profitèrent pour faire un point sur la situation et sur ce qu'il venait de se passer. Quelques minutes plus tard, le même vieillard revint se planter face à eux en prenant appui sur sa canne.

- "Notre village est détruit et tous le travail que nous avons fourni pour l'ériger est perdu! Si vous acceptez, nous aimerions nous établir à Tsuchi no Kuni!"

- "Cette décision ne relève pas de notre autorité mais de celle des responsables du Shûkai." commença à expliquer la noiraude à leur interlocuteur. "Ce seront à eux d'accéder à votre requête après avoir étudié la situation et pesé le pour et le contre. Mais vu la situation je pense que cela ne posera pas de problèmes majeurs! Mais gardez à l'esprit qu'un refus reste possible, je ne voudrais pas vous donner de faux espoirs..."

Ils s'accordèrent quelques heures de pause mise à profit pour les deux shinobis pour s'accorder sur la situation et par les civils pour enterrer leurs morts. Les pillards quant à eux n'auraient pas droit à une sépulture et serviraient de nourriture aux corbeaux. Il fut convenu que la majeure partie des fuyards resterait dans l'endroit sûr où voulait les conduire Asuna depuis le début tandis que l'un de leur représentant - une femme d'âge mur nommé Shysa - les accompagnerait pour plaider leur cause devant le triumvirat ou d'autres représentants du Shûkai. Ils se mirent ensuite en route en calquant leur allure sur celle du groupe de réfugié. Ce qui les arrangeait bien vu les circonstances, il faut le dire...

- "Qu'est-ce qui t'as pris de les laisser seuls?" questionna-t-elle sa partenaire en se portant à sa hauteur à la tête du groupe. "On s'en sort bien mais les choses auraient pu être bien plus dramatiques! Comprends-moi bien: je me fous de l'examen actuellement, je parle simplement des vies perdues! On a eu de la chance sur ce coup-là..."

Néanmoins l'erreur était partagée et la noiraude lui adressa un léger sourire pour lui montrer que ses reproches n'étaient pas voués à créer des tensions, juste à lui permettre de comprendre ce qu'il s'était passé. Les erreurs faisaient parti intégrante de l'apprentissage shinobi et on grandissait toujours plus grâce à ses fautes qu'à ses réussites.

Minable et pathétique.

Les deux mots ici présents décrivaient le mieux comment Asuna se voyait elle même : comme une moins que rien. Elle se plaignait de sa douleur au bras car un simple poignard lui avait transpercé celui-ci, et alors ? Qu'est-ce que cela pouvait faire ? Cette attitude était si égoïste comparé à la souffrance que devait subir le groupe de réfugiés d'avoir perdu des personnes de leur groupe, d'avoir été chassés de leurs maisons et pourchassés comme si ils n'avaient été que de simple animaux.

Elle se détestait à ce moment là de sentir la souffrance d'une simple blessure tandis qu'un groupe venait de subir la souffrance la plus horrible, celle de perdre un être cher, une personne qui vaut bien plus qu'une simple blessure de ninja. Si elle avait pu, et si elle avait eu le courage de le faire, elle ne se serait même pas soignée pour montrer que ce qu'elle avait n'était rien, rien face aux larmes qui coulaient doucement des joues des personnes réfugiées.

Bien sûr que oui, elle s'en voulait. C'était sa décision, son choix de les avoir laisser seul dans un endroit soi-disant « sûr ». Elle avait été pathétique de croire que ce qu'elle ne voyait avec ses yeux et bien entendu sa coéquipière enfonçait encore plus le couteau dans son bras en lui demandant pourquoi elle avait fait ça, qu'elle s'en fichait de ne pas réussir l'examen mais que de perdre des vies étaient pire que tout. Elle n'avait rien à répondre à cela.

Pathétique.

Un simple « désolée » ne pouvait pas suffire pour les âmes en peine qui se tourmentaient. Des excuses aux villageois qui décidaient alors de s'installer pas loin pour refaire leur vie car Asuna n'avait pas été capable de faire son rôle de Kunoichi. Elle regrettait, vraiment d'avoir pensé un seul instant qu'elle était quelqu'un de forte. À combien de personne avait-elle ôté la vie aussi, dans ce massacre ? Non, ça il ne fallait pas y penser, c'était si peu important.

Son avis ne changeait pas du tout sur cela, c'était de la pourriture qu'elle avait éliminé pour préserver l'équilibre du monde. Au moins, à cet instant, elle avait rempli un minium son rôle de ninja. Ils n'avaient alors reçu qu'une infime partie de la peur qu'ils avaient pu infligée aux réfugiés. La mort était mérité, et puis au moins cela éviterait de remplir les geôles de l'Alliance avec de tel larbins, même s'il devait en rester quelques uns en vie.

Mais bon, la mission avait menée à bout et était un succès car le duo avait réussi à réintégrer les réfugiés dans l'alliance et à neutraliser des ennemis potentiels à celle-ci.

Au final, Asuna répondait au sourire de Setsuna.

Une amie.

Asuna n'était visiblement pas à l'aise et se reprochait la perte des civils. Ce qui était plutôt logique en soi. Setsuna n'était pas la mieux placée pour la réconforter vu son manque de qualités sociales et elle se dit que le silence était préférable à de longs discours sur la mort. Tout ce dont Asuna avait besoin pour le moment c'était certainement un peu de calme pour prendre du recul sur la situation. La noiraude ralentit donc l'allure pour se porter à la hauteur de Shysa. Elles parlèrent longuement du Shozaichi, de ses avantages et de ses particularités. Quelques semaines plus tôt c'était elle qui se posait ce genre de questions. Comme quoi...

Le voyage de retour dura plus longtemps que prévu à cause de la démarche plus lente de la représentante des civils. Elles s'accordèrent une pause en soirée dans l'une des auberges et profitèrent d'un repos plus ou moins mérité avant de se remettre en route. Setsuna eut de la peine à trouver le sommeil ce soir-là tout comme Asuna d'ailleurs qu'elle entendait gigoter dans le lit adjacent. La noiraude n'aurait pas voulu être à sa place, à sa torturer l'esprit pour la perte des vies lors de la mission. Si la Nakagawa se sentait déjà mal en repensant à ce qu'il s'était passé, elle n'osait pas imaginer dans quel état d'esprit se trouvait sa partenaire. Mais encore une fois elle ne trouva pas les mots qu'il aurait fallu prononcer et se contenta donc du silence jusqu'à ce que le sommeil l'étreigne.

Reposées, la marche du lendemain se déroula avec plus de facilité. Elles profitèrent même de l'aide d'un marchand qui accepta de les emmener au Shozaichi dans son chariot. Ce fut donc au milieu de provisions en tout genre que le trio acheva la dernière partie de leur voyage. Shysa fut émerveillée par la beauté de la capitale lorsque cette dernière fut enfin en vue. Setsuna la comprenait parfaitement, le lieu était tout simplement magique. L'appréhension gagna le binôme au fur et à mesure qu'il se rapprochait des grands escaliers qui menaient aux massives portes de la cité. Maintenant il était temps de faire face aux examinateurs et de soumettre le résultat de leur mission. Est-ce que cela leur conviendrait? Rien n'était moins sûr...

Elles expliquèrent la situation au chef de la garde à l'entrée de la capitale puisque Len ne semblait pas dans les parages. Un officier vint prendre en charge Shysa et commença à lui poser diverses questions avec gentillesse. Le binôme lui souhaita le meilleur pour la suite avant de la laisser avec son nouveau chaperon. Setsuna espérait que sa requête serait acceptée et que les siens pourraient s'établir au Shûkai. Quoi qu'il en soit cela ne relevait plus de leurs compétences et leur travail s'arrêtait là. Il était temps de se rendre au bureau des missions pour déposer leur rapport.

- "Tu m'accompagnes au bureau?" questionna-t-elle sa partenaire. "Une fois qu'on aura réglé les formalités administratives je t'offre un verre, d'accord? Je crois que nous en avons bien besoin..."

Il n'y avait rien de mieux que de se détendre après une mission de ce genre, lorsque vous étiez confronté directement à la mort. On ne pouvait pas oublier mais on pouvait toujours accepter. Et un moment de relaxation ne pouvait pas faire de mal vu les circonstances. Mais le délai pour réussir la mission était presque écoulé et le temps pressait. Ce fut donc d'une démarche pressée que le duo prit la direction du palais du triumvirat...