mission B:

Je ne suis plus seul, j’ai maintenant un compagnon de voyage. Le jeune Arekushi s’est rapproché de moi beaucoup plus vite que je ne l’aurais supposé. Cela ne fait pas quelques heures que nous nous connaissons que j’en apprends déjà plus sur lui. Certes nous ne sommes pas vraiment des grands bavards et nous ne parlons obligatoirement pas de la pluie et du beau temps mais nous parvenons tout de même à soutenir une conversation. Il faut dire que nous avons des points communs. De plus la discussion tourne bien vite à l’échange de souvenir notamment lorsqu’il s’agit de ressenti ou de haine. Je fais ainsi part à mon jeune apprenti pendant le voyage nous menant au lieu de rendez vous de la mission de ma tendance certaine à la noirceur. Je lui fais comprendre que je n’y peux rien, que je ne l’ai découvert qu’à la mort de mon maitre mais que je crois que c’est une part de moi que je ne pourrais sans doute jamais effacer. Je fais avec. Je lui fais aussi comprendre que ce n’est pas parce que je suis profondément mauvais que je vais pour autant tuer n’importe quelle femme et enfant qui n’ont rien demandé à personne. Je ne tue pas les enfants, et ne viole pas les femmes. A ma manière je respecte un certains codes d’honneur, même si les lois et moi ne faisons pas bon ménage.

Toujours est-il qu’ensemble nous faisons route vers la demeure d’un homme fortuné se trouvant au beau milieu du désert. Le dit homme est une personne influente de la politique du désert et agit en tout point comme une sorte d’ambassadeur, représentant les communautés diverses ayant élu refuges dans les petits villages dispersés dans le monde de sable qu’est le pays du vent. Nous faisons route jusqu’à sa demeure car, comme je l’explique aussi clairement que possible à Arekushi, nos services ont été sollicités par ce fameux philanthrope. De plus je profite de l’occasion pour instaurer dans l’esprit de mon jeune disciple la notion de « fonds monétaire d’organisation nukenin ». En effet, il faut que ce jeunot comprenne que d’une manière ou d’une autre, nous, rebus de la société, avons toujours besoin d’argent. Que ce soit pour vivre, payer les informateurs, les armes que nous utilisons. Le monde est régit par le papier vert et nul ne saurait s’opposer à sa domination. Voilà pourquoi nous devons prendre le plus de mission possible tant que nous le pouvons.

Comme résumé, la discussion bat donc son fort et je tente d’inculquer à ma recrue le plus de concept possible pour lui faire comprendre mon mode de vie. La conversation rendant le temps moins long, nous arrivons bien vite devant l’imposante demeure, ou plutôt devant son portail. Nous nous tenons tous les deux devant la gargantuesque structure et je remarque une corde reliée à une cloche. Je jette un regard à mon disciple à mes côtés et me saisis de la corde pour faire sonner la cloche. Surement un moyen de bourgeois pour faire comprendre que quelqu’un attend au portail. Comme quoi taper simplement sur la porte en bois est trop démodé pour certains. Je profite de l’attente pour faire de nouveau part à mon disciple de mes inquiétudes.

« Cette mission va sans doute être dangereuse. Je ferais la parlotte. Toi, tu te contentes de garder un air sérieux et menaçant. Il faut qu’il pense que nous sommes tous les deux des pros. N’en fais pas trop quand même… »

Je m’arrête en plein dans ma phrase car un majordome apparaît juste devant le portail. Il insère une clé à l’intérieur et nous fais entrer. Là, c’est un spectacle magnifique qui s’offre à mes yeux et à ceux de mon acolyte. Une variété incroyable de plantes peuple le jardin de notre client et à mesure que nous avançons vers la porte d’entrée, la verdure se fait de plus en plus touffue. Comment de telles plantes peuvent-elles pousser dans le désert ? Je me le demande bien. Mais par soucis de professionnalisme je ne pose pas la question au majordome. Celui-ci nous conduit d’ailleurs vers la porte et la pousse douloureusement de son vieux dos cambré pour nous laisser passer. Devant nous un large tapis recouvre le sol et nous avons vu sur un imposant escalier rouge. Sur ce même escalier un homme chauve en costume cravate, surement notre client. Il lève les mains en l’air et nous accueille avec diplomatie et courtoisie, nous suppliant presque de le suivre jusque dans son bureau.

Dans celui-ci il n’y a que deux chaises séparées par un bureau. Je m’assieds et prends un peu de cognac que mon nouveau client vient de me verser. Arekushi demeure dans mon dos, surveillant mes arrières et sans doute faisant exactement ce que je l’ai convié à faire : rien si ce n’est adopter un air menaçant.

« Parlons affaire je vous prie, mon temps se compte en Ryos et je n’aimerais pas vous faire perdre le vôtre. »

Mon interlocuteur semble un peu choqué par ma manière directe d’attaquer les choses mais d’un autre côté ravi de ne plus avoir à jouer la comédie. Le masque tombe donc et son expression devient plus neutre, moins aimable. Il est clair qu’il va parler de quelque chose de sérieux.

« Ces derniers temps un nombre incalculable de voyageurs ont disparu dans ce désert. Tous avaient prévu de passer une nuit au moins en campement quelque part dans le pays du vent. Seul l’une de ces personnes est retournée vivante de son voyage. La seule description qu’elle a pu nous fournir quant à ses pseudo-agresseurs s’avère être… ambiguë. »

« Et dans quelle mesure est-elle ambiguë je vous prie ? »

« Eh bien elle assure s’être fait attaquée par des cadavres sortis du sable… chose peu plausible vous en conviendrez. »

« J’aimerais parler à cette personne. »

« C’est impossible je le crains. »

« Vous me demandez de vous aider mais ne m’en fournissez pas les moyens ? »

« Vous vous méprenez, la dite personne s’est suicidé. Elle habitait ici et a mis fin à ses jours dans ma même maison. Je lui avais offert le gîte quelques temps après l’incident… Tragique. »

J’observe plus attentivement mon interlocuteur. Il a quelque chose de louche. Quelque chose que tous les politiciens partagent avec un peu trop de clarté : ils sont tous doués pour parler. Cet homme pourrait bien être en train de me mentir, je ne m’en rendrais même pas compte. Toujours est-il que je ne peux pas tuer n’importe qui sur de simple présomptions et je ne peux pas non plus me mettre à poser des questions à tout vas. Je me lève donc, fais un salut poli et sors du salon après avoir terminé mon vers de cognac. Je trouve tout seul le chemin de la sortie accompagné d’Arekushi. Une fois dehors, nous nous concertons :

« Qu’en as-tu penser ? D’après toi que devrions nous faire ? Il est important que tu apprenne à prendre des décisions. »

Mon regard se pose sur mon élève, j’ai une certaine fierté dans les yeux. Il se débrouille très bien pour un ninja errant. Sa capacité d’analyse m’impressionne et bien que j’ai moi-même pris en compte le fait qu’il nous faudrait à un moment propice examiner le cadavre, je suis heureux qu’il ait fait cette proposition. Aussi il m’est agréable de constater que mon disciple garde la tête sur les épaules lorsqu’il me fait part du fait qu’il ne croit pas aux morts vivant. Il a certainement raison de s’accrocher à ses certitudes mais il sera surement surpris de se rendre compte que parfois, le ninjutsu dépasse les frontières du rationnel. Le pauvre ne doit pas connaître l’edo tensei pour parler avec autant d’aplomb de rationalité. Mais je ne lui en veux pas. Il est jeune et a encore beaucoup à apprendre. Et puis il n’y que très peu de risques pour que nous tombions sur un nécromancien. Mais mon analyse s’arrête là car mon acolyte me présente son plan qui se divise en deux possibilités. Nous pouvons soit demander à voir le cadavre, soit nous rendre directement dans l’un des campements de voyageurs ayant subi une attaque récemment. Dans mon cerveau mes méninges s’activent. Je n’aime pas la première idée. Ce type a l’air plus que louche et je suis sûr que si on lui demandait de voir le corps du témoin il nous répondrait qu’il est enterré dans le sable ou qu’il a été brûlé. Non clairement, je ne suis pas pour cette alternative. Mais je compte tout de même expliquer à mon nouvel élève pourquoi.

« Je ne suis pas pour lui demander de voir le corps. Je sens quelque chose de louche chez cet homme. Il reçoit le seul témoin d’une pseudo attaque et celui-ci se suicide directement après ? En plus c’est un politicien. Il y a fort a parier qu’il ne nous a fait venir que pour faire bonne figure auprès de la communauté. Il ne fera rien pour nous aider et il se peut même qu’il soit mêlé à cette affaire d’une certaine manière. Non… pour le moment nous allons tenter tout simplement de prendre la place de ces voyageurs, pour voir à quoi nous avons réellement affaire. Nous aviserons ensuite. »

Tout en parlant je fais signe à mon disciple de me suivre. Nous nous mettons en route. Nous quittons donc l’oasis de fertilité pour retourner dans l’aridité du désert. Le sable remplace la verdure et la terre la luxure de l’appartement de haute société. Non pas que cela me dérange, je me sens bien plus chez moi dans le désert que dans cette espèce de demeure cinq étoiles. Mais je ne peux que noter le changement drastique de paysage. Ainsi notre route se fait longue et je profite du trajet pour inculquer à Arekushi les notions de sagesse que la plupart des hommes recherchent chez un ninja. Il faut savoir par exemple quand il est bon de se battre et quand il ne l’est pas. Fuir n’est pas une honte si l’on sait que l’on va perdre. Cependant, fuir devant ses principes et ses convictions, c’est une chose que la plupart des ninja trouve révoltant. Nous avons donc une longue conversation sur ce qui mérite de se battre pour et je dois avouer que discuter avec mon nouvel élève s’avère grandement intéressant.

Nous arrivons finalement au campement et nous étalons nos affaires sur un tapis improvisé. Ici il n’y a que des lanternes cassées, des chevaux mutilés et des tantes abandonnées. C’est comme s’il s’agissait d’un campement fantôme. Comme si les habitants étaient partis pour une marche et s’apprêtaient à revenir dans la soirée. L’impression que me procure ce lieu est singulière et pas particulièrement agréable. Je m’assied sur le tapis en toile et tourne la tête de droite à gauche. L’endroit est désert autour de nous et nous nous trouvons plus ou moins sur une sorte de plateau de sable, pas vraiment de dune. On peut dire que la vue est plutôt dégagée. Je tourne le regard vers mon disciple, une expression perplexe sur mon visage.

« Si nous étions des voyageurs et que nous avions vu des soldats ou qui que ce soit arriver, nous nous serions surement enfui rapidement. Il n’y a pas moyen de prendre un campement par surprise ici… La seule manière de prendre les voyageurs par surprise aurait été de les attaquer par en dessous de la terre, qu’en pense-tu Arekushi ? Cela corrobore partiellement la version qu’on nous a donnée. »

J’écoute la réponse de mon disciple et lui explique ensuite comment nous allons nous y prendre pour que l’un puisse dormir. Le concept de base des tours de garde. Une heure chacun. Je lui fais comprendre qu’il doit se montrer particulièrement vigilant lors de cette garde, la mission en dépend. Nous continuons ensuite en discutant de tout et de rien, des questions que le jeunot se pose quant au fait d’être ninja. J’essaye d’y répondre le plus honnêtement possible. Je ne lui épargne aucune horreur de la vie d’un soldat.

La nuit finit par tomber, je prends le premier tour de garde. Une heure, il ne se passe rien. Je pousse Arekushi de la main sur sa couchette, lui signifie que c’est son tour. Je pars ensuite me coucher, mes sabres dans les mains. Je ne dors que d’un œil. Je sens que quelque chose se prépare.

Je rêve… doucement une musique s’insinue dans mes oreilles. Un magnifique requiem en mi bémol qui réveille le moindre de mes sens. Je sens mon corps devenir léger. C’est bizarre, je me sens voler, comme si je ne pesais plus rien. J’ouvre les yeux et me rends compte que je lévite au milieu du vide. Le vide parfait et complet, un blanc infini dont je suis la force centrifuge. Je peux sentir le néant autour de moi. Soudain, et de manière complètement imprévisible, le néant vire au noir et je me retrouve dans les ténèbres. Je ne savais pas que l’on pouvait concevoir les ténèbres d’une telle manière ! J’entends toujours cette étrange musique. La seule différence est qu’à présent je peux à nouveau sentir le sol sous mes pieds. Je peux sentir l’apesanteur. Un filet lumineux se trace d’ailleurs devant moi et semble mener au loin. D’instinct je le suis, sans savoir pourquoi ni où il va me mener. Mais j’arrive devant une représentation curieuse d’une des scènes de ma vie. Je la reconnais instantanément. Il s’agit de la mort de mon maitre… Shord.

Mon maitre est allongé sur le sol. Près de lui son araignée favorite et moi, lui retenant la nuque pour que celle-ci ne s’écrase pas sur le sol. Il est couvert de blessures, complètement épuisé et crache un peu de sang. Il me donne ses dernières volontés. En revoyant cette scène, je me rends compte que je ne l’ai jamais laissé finir sa phrase. Ou plutôt que la mort ne lui en a pas laissé le temps en me l’arrachant trop vite. Que voulait-il me dire ? Que voulait-il me confier ? Je ne suis plus sûr de rien tout d’un coup et des sentiments qui ne sont pas les miens me submergent soudain. Je ressens la peur, la tristesse qui accompagne souvent la perte d’un être cher. Mais surtout la haine, une haine indescriptible. Une haine tellement puissante que pendant un moment, j’ai l’impression que le chakra qui se dégage de ma personne tant je suis en colère n’est plus bleu mais noir instable. Je suis en colère, je sens que je pourrais détruire n’importe quoi.

C’est alors que Yuki apparaît devant moi, effaçant par la même occasion mon souvenir de la mort de mon maitre. Sans réfléchir et sans plus de mot que cela, je me jette sur elle armé de mes deux katanas. La pauvre est sur son lit en petite tenue, je la déchiquète complètement. Elle finit en petits morceaux et les draps sont couverts de sang. Je suis sur le lit, sa tête dans les mains et je la fracasse contre l’un des côtés du lit. Celle-ci explose en une déflagration sanguine. Mais une nouvelle fois le sang, Yuki et son corps, tout cela disparaît. Le souvenir de notre première nuit ensemble apparaît à la place. Je suis là, allongé sur elle, je ressens sa chaleur le long de mon corps. Ce que nous faisons, je pense que c’est évident mais je peux ressentir chacune des sensations dans mon corps à part et cela est perturbant. Je passe en marchant près de se souvenir et me rends compte de quelque chose de vraiment étrange, je ne ressens pas d’amour. Mon cœur ne s’accélère pas, seul mon cerveau fonctionne. Qu’est ce que cela signifie. Pourtant il me semble bien avoir aimé Yuki. Je ne comprends pas. Ce n’est pas la réalité mais je ne sens pas qu’il s’agit d’un mensonge.

Malheureusement une fois de plus le souvenir s’estompe et je me retrouve en face d’une nouvelle retranscription de la réalité. Cette fois-ci, une retranscription qui ne s’est pas encore produite. Tatsuô est là, devant moi, Yuki est derrière lui. Je suis désarmé et à genoux sur la neige. Tatsuô tend son sabre en face de moi et d’un coup sec me l’enfonce dans le cœur. Je sens alors une vive douleur dans le thorax, si intense que je manque de crier. Yuki derrière lui le tire ensuite par le bras tandis que mon corps sans vie s’écrase sur le sol, je suis mort. Ce souvenir de mon futur provisoire me fait peur, je n’ai pas peur de le dire. Je l’avais certes imaginé mais jamais je ne me l’étais représenté. Je tombe d’une telle manière que je semble avoir abandonné tout espoir. Est-ce vraiment l’homme que je suis devenu, une loque humaine ? Je ne pense pas avoir traversé tant d’épreuves pour simplement me faire abattre comme un animal au beau milieu d’un désert de neige.

Le souvenir s’estompe et je ne distingue plus rien dans l’obscurité. Je me rends alors compte que je ne suis pas dans un endroit normal. Jusque là cette prise de conscience ne m’avait pas effleuré l’esprit. Une lumière blanche se distingue soudain au loin et je suis comme happé. Je fonce sur celle-ci à pleine vitesse bien malgré moi et je tombe ainsi dans le spectacle des horreurs. Indescriptible…

Un univers complètement plongé dans les ténèbres. C’est dans ce genre d’endroit que je suis tombé. Ma chute est longue et je crois bien que je ne suis pas près d’avoir fini. C’est comme si j’étais en train de tomber dans un volcan sans fin, la gorge du monde en quelques sortes. Mais un volcan n’expliquerait pas un tel manque de luminosité, je peux à peine voir mes mains. Pourtant je sens bien la présence d’un adversaire, quelqu’un se cache dans cette obscurité et est aussi en train de tomber. Ce n’est pas juste moi, je suis presque sûr qu’il y a bien quelqu’un d’autre. Je reçois confirmation de mon hypothèse lorsque au loin, au point de chute de mon champ de vision, une petite lueur bleue apparaît. Celle-ci se rapproche et grandit lentement, prenant de plus en plus de volume. Lorsque suffisamment de secondes illusoires passent, je remarque enfin qu’il ne s’agit pas de simples lueurs, c’est mon maitre qui fuse vers moi comme propulsé par une sorte d’énergie cosmique invisible. Je ne me rends compte que quelques instants plus tard que la lumière bleue provient de ses ailes de vapeur.

Mon maitre fonce droit sur moi et manque de me décapiter en voulant m’asséner un coup de poing que j’évite de justesse en me servant de l’apesanteur provoquée par ma chute. Je me met immédiatement en position défensive et comprend alors que je suis en pleine illusion. Mais est-ce un rêve ou cela viendrait-il de l’extérieur, d’un tiers manipulant mon esprit. Si c’est du genjutsu alors l’homme en question sait particulièrement se servir des émotions profondes de ses victimes. Mais je n’ai pas le temps de me poser ce genre de questions puisque le Shord en face de moi m’assaille de dragon de vapeur que je tente tant bien que mal de détruire à l’aide de mon sabre. Je n’ai rien perdu de ma dextérité et me débarrasse très vite de la menace ailée. Mon maitre fonce alors de nouveau sur moi armé d’un kunai, je fonce à mon tour et nous échangeons des passes d’armes. Il a le même niveau que le Shord que j’avais l’habitude de côtoyer, les mêmes mouvements et la même odeur. Malheureusement si mon maitre est resté le même, moi j’ai beaucoup changé. Je suis même capable de le dominer en combat taijutsu. Arrive donc finalement une botte secrète de ma confection qui pourfend mon maitre par le torse. Un jet de sang immense sort de sa bouche et vient s’éclater sur mon visage. Je m’écrase sur le sol qui semble être finalement présent.

J’ouvre les yeux, je toujours dans mon campement, le feu est un peu moins intense qu’avant, il semblerait que tout cela n’ait été qu’un rêve. Je me redresse pourtant et remarque qu’Arekushi semble regarder quelque chose dans le vide avec de la terreur dans les yeux. Une terreur accompagnée d’une combativité instinctive. Y aurait-il quelqu’un dans la pénombre ? Je cours vers lui plus par expérience que par autre chose et insuffle une petite quantité de chakra dans son corps pour perturber son flux. Si jamais le vieux était sous l’emprise d’une illusion, au moins maintenant il ne l’est plus. Je me place ensuite en face de lui et plonge mon regard dans le sien, entourant sa tête de mes deux mains.

« Arekushi c’est moi… Yusuke ! »

Ses pupilles se dilatent, il doit me reconnaître. Je l’ai sans doute sorti d’une horrible torpeur en partageant avec lui mon chakra. Soudain j’entends à nouveau le requiem en mi bémol, je comprends que le danger est tout près. Qu’il nous guette. Je retourne ma tête vers Arekushi, une expression inquiète sur le visage.

« Au moindre signe que nous sommes tombés dans une illusion, il faudra perturber le flux de l’autre. Mais seulement si on en est sûr, il ne faudrait pas user trop de notre chakra. »

Soudain un kunai passe entre moi et mon élève et en regardant d’où il vient, je me rends compte de quelque chose de stupéfiant… Un millier de kunais fusent dans notre direction comme si nous étions positionnés à la verticale et que la gravité les ramenait vers nous ! Danger…

Lorsque j’ai pris le jeune Arekushi sous mon aile, je savais que ce serait difficile. Prendre un élève, c’est une véritable responsabilité même si l’on ne fait pas parti d’un village ninja. En effet, dès lors où la jeune recrue commence à te donner le nom de « maître », c’est officiel : sa vie est entre tes mains. Après tu peux très bien aussi réagir comme Goren le ferait et t’en battre les noix complètement. Seulement si tu te prend d’amitié pour ce jeunot et que tu vois en lui un avenir glorieux et intéressant, tu ne voudras sans doute pas le voir mourir de sitôt. C’est à peu près la situation dans laquelle je me trouve ces temps-ci. A l’exception faite que je n’ai rien à reprocher à Arekushi, c’est un garçon brillant qui sait tirer profit de mes enseignements pour assimiler toutes les vertus du ninja. C’est la raison pour laquelle je suis si satisfait par ses services. D’ailleurs lorsque cette pluie de kunais fond sur nous, il a immédiatement le bond reflex.

Je sens sa main se poser sur mon bras et son regard se plonger dans le miens alors qu’il m’annonce que je peux me fier à lui. Il me maintient alors immobile et certains kunais passent au travers de nos corps. Encore des illusions ! Malheureusement, et c’est bien ce que je commence doucement à craindre, il y a surement des kunais réels cachés dans la faune de kunais factices. Arekushi me pousse d’ailleurs vers le sol et, en tentant de me protéger, se prend un projectile dans la cuisse. La blessure n’est certes pas profonde mais je vois bien qu’il va en souffrir s’il doit se mettre à combattre. Quelque part, je dois à mon partenaire la vie car sans lui, je me serais surement pris l’un de ces kunais réels en pleine face ou peut-être même dans des endroits moins agréables.

La pluie de Kunai est passée et je regarde avec inquiétude mon disciple qui se tient toujours fermement la cuisse. Il me raconte une anecdote sur son passé, comme quoi il ne se fait pas tant de souci que ça pour son état, la blessure doit surtout être handicapante physiquement et pas vraiment dangereuse pour sa vie. D’ailleurs il n’y a pas tant de sang que ça qui s’en échappe, le projectile a dû rater l’artère. Mais alors que j’examine la plaie, je remarque que le regard de mon acolyte n’est pas porté sur moi, mais sur quelque chose se trouvant au dessus de mon épaule. Je tourne la tête et remarque ce qu’il regarde avec tant d’intensité. Au loin une silhouette se dessine de plus en plus nettement. Un homme à n’en pas douter. J’écoute mon acolyte qui me met en garde quant à son état. Je déchire une partie de ma tunique noire et l’enroule autour de sa plaie, sans faire attention plus que cela à ses élucubrations. Je serre le garrot et me relève sur mes deux jambes, me redressant complètement. Un dernier regard à mon disciple, plein de confiance et de neutralité, je vais tuer cet homme.

« Je vais m’occuper de ce gars… toi contente toi de te protéger toi-même. Et si tu n’as rien de mieux à faire, observe, tu pourrais bien apprendre une chose ou deux. »

Sans plus de cérémonie je fais route vers mon adversaire qui est encore assez distancé. Des corps commencent à sortir de terre, mais cette fois-ci je n’entends pas de musique… Il ne s’agirait donc pas d’une illusion ? Je me concentre sur les cadavres, il y en a trois. Ils semblent moins mobiles que les images que j’ai combattues… Il y a quelque chose de changer. Mais je n’ai point de temps à consacrer à cela, mon adversaire se rapproche, marchant à la même cadence que moi. Soudain il s’arrête et retire d’un coup le rideau de tissu qui recouvrait sa tête et son corps. Je reconnais alors le majordome de la demeure de notre riche dignitaire du désert. J’écarquille les yeux mais je ne suis pas plus surpris que cela au fond. Le riche dignitaire a quelque chose à voir dans cette histoire. Après de là à savoir quoi et à quel point ce dernier est mouillé…

Je n’attends pas une seconde de plus, je fonce sur la cible la plus proche, l’un des cadavres. Ce dernier me saute dessus en volant pratiquement dans les airs ce qui me surprend en premier lieu. Je le découpe d’un coup simple et bien tourné du sabre et me rend compte que des fils blancs s’échappent de sa carcasse. Premier détail qui rentre dans mon esprit mais que celui-ci n’a pas le temps de filtrer dû à l’adrénaline. En tout cas le cadavre est au sol, divisé en deux parties égales et ne semble pas prêt à se relever. Je continue donc ma course vers mon majordome préféré qui se tient complètement en retrait. Cette fois les deux cadavres se positionnent en mur et l’un plante sa main dans le torse de l’autre, en ressort une bombe. De ce spectacle morbide je ne retiens que le fait de devoir m’écarter au plus vite de ces cadavres avant que tout n’explose. Mais c’est trop tard, je remarque que le cadavre que j’ai tué précédemment en possède une aussi et je suis pris entre deux feux. Je suis projeté dans les airs, pas complètement touché mais assez vulnérable. Mon premier acte en rejoignant le sol est de revenir sur mes pas et de rejoindre Arekushi, j’ai une idée derrière la tête et j’ai besoin de lui.

« Arekushi, ta blessure t’handicape surement encore mais j’ai quand même besoin de toi. Je vais te porter sur mon dos et tu te serviras de cela pour tirer sur les cadavres avant qu’ils ne nous atteignent. Le seul moyen de les arrêter est d’arriver jusqu’au marionnettiste qui les contrôle car oui c’est comme ça qu’ils bougent. Je ne peux pas y arriver seul, ils sont trop nombreux. »

A ces mêmes mots, j’étale un rouleau au sol et le déroule pour en sortir une arbalète s’auto-rechargeant qu’un Saibogu m’a un jour fabriqué et je lance un regard amusé à mon disciple. Derrière moi plus de morts vivants se réveillent de leur sommeil profond.

Il ne m’arrive pas souvent de faire cor avec un tiers mais parfois il faut tout de même se sacrifier pour rester en vie. Curieuse manière de l’exprimer d’ailleurs. Toujours est-il qu’Arekushi comprend la situation et son pragmatisme semblable au mien le pousse à monter sur mon dos sans trop faire de commentaires sur cette situation cocasse. J’en connais un qui n’aurait pas arrêté de me rabâcher les oreilles avec cette histoire pendant des lustres. Mais heureusement je ne suis pas avec lui mais bien avec mon docile et respectueux disciple. Je n’ai donc pas à me faire du mouron pour d’éventuelles jacasseries et moqueries qui pourraient sortir de la bouche d’un golem de plus de deux mètres de haut et dont l’haleine sent le poisson de la veille.

Ainsi Arekushi monte sur mon dos et je me lance dans une course effrénée vers le majordome. Je prends le chemin le plus direct, charge de manière linéaire et frontale. Une véritable percée dans les lignes ennemies. J’entends sur mon dos Arekushi décocher ses flèches à tout vas et je perçois dans le mouvement du sable les explosions se faire de plus en plus fréquentes. Je comprends aussi que beaucoup d’autres cadavres se réveillent et sortent du sable puisque les mouvements du majordome –toujours dans ma ligne de mire- n’ont pas cessés et que mon acolyte à la tourelle n’a toujours pas arrêté de décocher ses flèches. Finalement, en passant entre deux explosions de sable, j’arrive à la hauteur de ma cible, surprise de me voir progresser aussi loin. En une fraction de seconde, je dégaine mes deux sabres en même temps, laissant Arekushi sans soutient de la part de mes bras ce qui fait qu’il s’écrase derrière moi dans le sable. Un puissant double mouvement et s’est fait, je débarrasse mon adversaire de ses deux bras. Plus de marionnette ainsi et plus de sorts ninjas. Je conclus cette magnifique action de démembrement par un coup de pied sur le visage pour heurter violemment son crâne et m’en retourner en arrière en une pirouette magistrale. Le pauvre homme perd connaissance et s’étale de tout son long sur le sable.

Je tourne la tête vers l’arrière, le terrain sur lequel nous campions ressemble à présent à un véritable champ de mine. Du sable explosé de tous les côtés contraste avec l’uniformité du reste du désert. Je remarque cependant que certains cadavres disparaissent tandis que d’autres gisent sur le sol. Un mystère qui ne manque pas de me faire tiquer. Je me souviens alors de la mélodie entendue juste avant le genjutsu… mais mon majordome n’a aucun instrument sur lui.

« Arekushi, déchire ses vêtements et stoppe du mieux que tu peux l’hémorragie. Nous allons l’interroger dès qu’il se réveillera. Pendant ce temps, je monte la garde. »

Tout en sortant mon sabre de son fourreau à nouveau, je me dis que c’est loin d’être fini. Le majordome n’agit pas seul et il y a quelqu’un dans la pénombre, en train de nous observer. Quelqu’un que je ne connais sans doute pas même si le fait que ce soit le gentil diplomate est une idée qui me titille l’esprit. En tout cas, quelque chose me dit que nous serons quand même tranquille pour le reste de la nuit. Il y a fort à parier que cet ennemi, qui qu’il soit- ne tentera pas une attaque frontale alors que nous venons de capturer son ami. Je pense que la phase combat de cette mission est terminée pour le moment. Le reste sera sans doute pure enquête et traque d’animal… j’ai hâte de voir ce qu’Arekushi vaut dans ce genre de situation.

Je suis perdu dans la contemplation du savoir faire médical de mon acolyte. Certes, je sais moi aussi cautériser une plaie pour l’empêcher de saigner trop abondamment mais je ne pensais pas qu’Arekushi le savait aussi. Apparemment il y a encore beaucoup de choses que j’ignore sur ce gosse Mais le fait qu’il semble apprécier les cris soudains se sa victimes me suffisent pour le moment. Je n’ai besoin que de cela autour de moi, des gens capables de faire crier leurs semblables. D’ailleurs le fait de le regarder agir me fait me poser quelques questions. Sommes nous la seule espèce qui tue ses semblables, je ne le pense pas. Il y a même des animaux anthropophages dans ce monde de brute. Mais alors pourquoi les villages ninjas semblent tous vouloir aspirer à la paix. La paix, c’est l’ennui, c’est la monotonie. Si l’on passe sa vie à couler de beaux jours jusqu’à atteindre un âge avancé, on ne connaitra donc jamais le sentiment grisant que procure une traque, un combat à mort. Car ces dans ces moments là que l’on saisit l’aspect tellement fragile de l’existence. Je ne comprends pas pourquoi les hommes ne peuvent pas s’inculquer ce concept dans le crâne et passer leur vie à mettre cette dernière en danger.

Arekushi se relève, je constate avec joie qu’il a parfaitement exécuté ce que je lui ai demandé. Il boite un peu mais ce n’est pas important. Il se rapproche de moi et me parle des conclusions qu’il retire de toute cette affaire. Il pense comme moi et cela m’économise du temps en argumentation et explication. Je le regarde quelques secondes puis acquiesce de la tête. Il veut retourner au manoir, je suis bien d’accord avec lui. Il n’y a pas meilleure initiative pour le moment. Je ne m’oppose donc en rien à son idée même si je ne l’approuve pas verbalement, je suis trop plongé dans mes pensées pour se faire.

Cependant, je remarque qu’Arekushi se saisit du majordome pour le poser sur son dos. Lui qui boite déjà, avoir un poids sur le dos le ralentira encore plus. Je ne peux permettre cela. Je me rapproche de lui et, tout en le maintenant d’une main, fais glisser le majordome sur mon propre dos. Je commence ensuite à marcher et, voyant qu’Arekushi a l’air interloqué, je tourne le visage vers lui et lui dit d’un ton amicalement paternel :

« Si je peux m’appuyer sur toi, tu peux aussi le faire sur moi, je ne vois pas pourquoi ce serait différent. »

Je continue ensuite de marcher, sans faire plus attention que cela à mon disciple. Je pense que ma remarque a du lui mettre un peu de baume au cœur. Mais pour le moment j’ai besoin qu’il soit concentré, qui sait quel genre d’illusions nous allons encore rencontrer au manoir. Nous marchons donc longtemps dans le silence ; mon esprit est occupé à créer des hypothèses et à les ranger par ordre de plausibilité. Nous arrivons finalement devant le portail de la demeure de mon riche dignitaire de suna et cette fois-ci, je charge un peu de chakra dans mon pied pour défoncer ce dernier. Nous passons le sentier orné de fleures et de la faune exotique du désert avant de nous retrouver devant la porte. Je fais un geste de la main à Arekushi pour qu’il cesse sa progression.

« A partir de là, tu reprends le vieux. Je vais combattre là-dedans s’il le faut, je veux que tu restes un peu en arrière en tant que soutien, on ne sait pas ce que l’on affronte. Garde l’œil vigilant. »

Je pousse la porte d’entrée et ce que je vois me surprend au plus haut point. Moi qui m’attendais à retrouver mon dignitaire en tenue de ninja et prêt à se battre contre moi, je le retrouve pendu au lustre du hall d’entrée, une dune de sable sur le sol qui semble se former à partir de grains tombant doucement de son corps. Je jette un furtif regard à Arekushi et nous explorons la maison lentement. Discrètement et avec furtivité nous passons de pièce en pièce dans le silence. Nous nous rendons bien vite compte qu’il n’y a personne dans cette demeure. Je rengaine mes sabres et fais signe à mon disciple de reposer son fardeau. Celui-ci se réveille d’ailleurs et ouvre légèrement les yeux. Il met quelques secondes à se rendre compte d’où il se trouve.

« Qui es-tu vraiment ? »

Ma question n’est ni méchamment posée ni gentiment, il doit sentir qu’à la moindre erreur je lui enlèverais surement un autre de ses très chers membres. Il me lance un regard accusateur avant de faire passer ses yeux sur toutes les sorties environnantes. Il se fixe alors sur le corps de son ancien maitre et me sourit.

« Vous connaissez le coup du sablier messieurs ? »

Je lui jette un regard interloqué, je ne comprends pas ce qu’il insinue. Soudain sa phrase réveille une idée dans mon esprit. J’écarquille les yeux et me lance sur Arekushi qui se trouve juste en face d’une fenêtre. Je le pousse à travers cette dernière et tente de nous envoyer le plus possible. Une explosion derrière moi déflagre et nous sommes tous deux victimes de l’onde de choc qui nous envoie nous écraser sur le sable. Je suis sonné et prend quelques secondes avant de reprendre mes esprits. Je pose une main sur le sable pour me relever lorsque j’entends une voix que je ne connais que trop bien…

« Magnifique spectacle n’est ce pas ? »

Je me replace sur mes jambes et mon regard se pose sur l’homme en face de moi. Grand de taille, une tunique blanche lui allant jusqu’au souliers, un air un peu d’outsider. Sa crinière rousse lui donne bien quelques centimètres et l’œil qui lui manque ne retire rien à son côté « raclure du grand désert ». Un large sourire s’imprime sur son visage, je peux admirer ses belles dents blanches et celle en or juste au milieu. Je remarque cependant que l’une de ses oreilles est malheureusement complètement déchiquetée, il ne doit plus entendre à travers un tel organe. Enfin je fais attention à la dernière minute à la flûte qu’il tient dans ses mains. Une flûte de pan complètement peinte en argent, un instrument de musique vraiment magnifique.

Je reste quelques secondes hébété, je peux sentir mon apprenti juste à côté de moi, il me parle. Je dois surement avoir un air complètement ahuri devant cet homme qui se dresse devant moi comme un paon et qui fait son entrée entre les flammes et le bruit sourd d’une explosion. Mais petit à petit mon expression revient à la normale et je plonge mon regard dans ses vertes pupilles, je souris également.

« Cela fait bien longtemps Toguro, je croyais que tu étais mort ! »

Toguro lève la main dans les airs avec un rire amicale, il est content de me revoir, j’en suis sûr. Il me souris et se rapproche de nous, je ne sens pas d’intention hostile.

« Je l’ai été… pendant un moment. Le temps de faire dégager ces salops de chasseurs de primes. Mais dis moi, c’est que tu grandi à vue d’œil toi gamin. »

Tout en prononçant sa phrase, le grand et vaillant homme de mes souvenirs pose sa main sur ma tête et m’ébouriffe les cheveux. Je souris un peu vu qu’il sait qu’en un rien de temps je pourrais le découper en rondelle mais qu’il est toujours aussi familier avec moi. Je me tourne vers mon disciple et tend une main vers mon vieil ami.

« Are, je te présente un ancien collègue à moi, Toguro. C’est un ancien membre de la pègre reconverti dans le mercenariat. Je l’ai connu à l’époque où je bossais sur une mission pour démanteler la pègre. Il est très sympa et ne nous fera pas de mal. Toguro je te présente Arekushi, mon élève. Interdiction de le tuer ! »

Toguro fait un grand sourire et dit quelques mots d’un air joyeux à sa nouvelle connaissance. Je me contente de lui sourire. C’est alors que de fil en aiguille, il nous raconte ce qu’il fait là.

« J’ai été contacté par ce mec que t’as trouvé dans la baraque. Il m’a offert pas mal de fric pour m’occuper des voyageurs du désert de la manière que tu connais surement. Apparemment le fait de faire peur au peuple le rendrait plus influent, donc plus riche, donc plus proche d’une promotion dans le domaine politique. Bon j’ai pris le job et me suis rendu compte que je ne me faisais pas payer. J’ai donc cambriolé sa chambre forte et volé tout le fric. Je l’ai tué ensuite et je n’ai pas pu résister à l’envie de faire une dernière fois le coup, surtout quand j’ai su que c’était toi qu’ils avaient engagé pour s’occuper de l’affaire (car oui pour faire bonne figure il fallait bien). Le majordome n’est pas un homme à moi mais je lui avais promis une part du butin. Quel con ce gars là. »

Je souris de bon cœur à l’écoute de son histoire. Elle est vraiment amusante et explique pratiquement tout. Une question me taraude cependant l’esprit. Et mon expression s’endurcie un peu tant je n’aime pas importuné un ami.

« Mais tu vas nous donner la part pour le travail n’est ce pas, tu ne m’obligera pas à te la prendre de force. »

Les yeux de Toguro changent de couleur et il me fixe avec intensité. Mais même si ce crétin essaye de jouer le méchant, je sais qu’il déconne, il sait de quoi je suis capable. Il déplie alors un rouleau sur le sol et invoque quelque chose : un gros sac.

« Il y a tout votre fric plus 50%, c’était une vraie mine d’or là-dedans. Mais dit moi petit, tu ne m’en veux pas trop pour ce coup à la cuisse ? »