La jeune fille aux cheveux roses s'avançait doucement vers le bureau de son professeur, l'air morne, rasant presque les murs. La soirée où plusieurs incendies et explosions avaient eu lieu et où les trois conseillers avaient connu la mort restait le genre de soirées inoubliables, le genre de soirée qu'on n'aime pas se rappeler. Elle n'avait pas cessé de réfléchir à cette nuit, cherchant vainement une explication à l'explosion de l'hôpital.

Des pensées qui furent interrompues devant le bureau de Yamada Kioshi. Elle mit bien une minute avant de toquer à la porte, tentant de garder la tête un tantinet haute. Comment l'être quand l'homme qu'on devait retrouver et aider avait trouvé la mort là où on le pensait en sécurité? Si elle l'avait gardé à ses côtés, Ohatsu aurait-il pu vivre? Sûrement pas plus. Elle l'aurait suivi et elle aurait autant explosé en mille morceaux que lui.

Toc toc toc.

Trois "toc" qui sonnèrent bien faiblement. Elle attendit quelques secondes avant d'entrer et de s'avancer jusqu'au blond. Elle observait son professeur, cherchant à voir s'il était en colère pour une quelconque raison, fatigué ou "neutre".

- Bonjour Sensei. Comment vous portez-vous ?

Cette dernière phrase était posée dans un réel intérêt et non pour la forme. Avec les explosions, beaucoup de ninjas avaient été réquisitionnés expressément, certains s'étaient blessés, d'autres brûlés. Elle-même avait eu droit à cette "blessure de guerre", soit un bras légèrement brûlé couvert actuellement par une série de bandages. Elle espérait ne pas en garder une cicatrice sincèrement. Certes soigner une brûlure n'était guère compliqué pour un medic-nin mais L'hôpital avait été si chargé qu'il avait été impossible d'en réquisitionner un. Elle a dû donc confier ce soin-là à son demi-frère et aux baumes de la maison, des soins bien moins express que ceux d'un medic-nin entraîné.

- Je veux dire, avec les explosions de l'autre nuit, il y a eut pas mal de blessés... enfin, surtout des civils à réfléchir.


Effectivement un des avantages des nombreux clans de SUna était qu'ils pouvaient presque constamment contrer le feu ou les chaleurs extrêmes, pouvant ainsi rester maître de leur environnement. Elle se tut, attendant une réaction ou une réponse de Kioshi. Enfin, elle regarda un peu tout autour d'elle, essayant de comprendre si elle allait être seule. Il semblerait.

- Evidemment que je peux travailler. Ce n'est qu'une petite brûlure, répondit-elle au tac-au-tac à la réplique de son maître.

Elle pouvait critiquer autant qu'elle souhaitait le clan Kawaguchi et les accuser de l'avoir sans cesse rejeté pour ses origines, mais elle ne pouvait nier les enseignements appris. Les entraînements avaient été durs mais au moins, il avait fait d'elle une femme à la peau dure et aux réflexes plus ou moins rapides, deux points qui lui avaient permis de "parer" rapidement une explosion et de supporter cette brûlure.

Elle sursauta un tantinet quand Kioshi se tourna brusquement vers la fenêtre suite à un coup de vent. Elle comprit ainsi la tension et la nervosité qui habitaient le chef du Kakumeigun et déduit donc qu'il valait mieux ne pas trop le pousser à bout. Cependant, ce n'était en rien étonnant car en une nuit, et suite à une attaque surprise, trois conseillers avaient été tué, trois dirigeants. Etait-ce la fin ou y avait-il une suite?

- Tout ! Oublies quelque chose et tu seras considérée comme suspecte !
- Quoi?! Mais c'est ...

Elle aurait voulu dire "c'est injuste" mais s'interrompit, se remémorant que le châtain n'était guère accueillant et ne semblait clairement pas d'humeur à négocier ou à se montrer extrêmement patient. Pour terminer, en tant que "bâtarde" ou "étrangère", ce n'était pas la première qu'on la mettait en position de "suspect". Elle était habituée d'être toujours analysé, étudié, questionné et suspecté. Ainsi, elle adopta rapidement une attitude docile, clôturant sa phrase commencée par un "bien" marmonné.

- De la couleur du sable à la position de chaque débris après l'explosion... hum.

Elle n'osait pas commencé immédiatement. Son maître voulait de la précision, ce qui sous-entendait qu'elle n'avait pas le droit à des erreurs ou aux "peut-être". En somme elle réfléchissait à comment traduire les événements de cette nuit cauchemardesque sans s'emmêler les pinceaux avec les détails.

- Si vous permettez. Cela ne va me prendre que quelques minutes mais tout sera plus clair pour vous comme pour moi. Je l'ai déjà fait chez moi... Cela m'aide à voir toujours plus clair.

Elle s'assit aussitôt, ferma les yeux, inspira et expira longuement et concentra son chakra dans la paume de ses mains. Petit à petit, des grains de sable apparaissaient et se liaient pour former une carte de Suna. Cependant, ce n'était pas une simple carte plate. Les bâtiments étaient en relief, élevés, ronds... Ce n'était guère détaillé mais les rues principales et les bâtiments principaux s'y trouvaient.

- Voilà Suna avant l'explosion. C'est une représentation grossière j'avoue mais cela est suffisant. Alors, cette nuit, j'étais de retour d'un entraînement dans le désert. Je suis donc passée par la Voie Illusionnée et j'ai emprunté cette route-ci. C'est la plus large et la moins dangereuse durant ces heures-là.

En même temps qu'elle parlait, une forme grossière d'humaine en miniature s'était érigé et avançait selon la volonté de la Kawaguchi. Cette dernière maintenait une de ses mains dans une position immobile, indiquant qu'elle utilisait encore et toujours du chakra pour maintenir le tout debout et faire avancer ou bouger la sculpture.

- J'étais arrivée à peu près à ce niveau lorsque la première explosion a eu lieu. Je n'étais pas loin des quartiers résidentiels comme vous pouvez le voir alors j'ai couru directement au lieu de l'accident. Je ne me suis pas tout de suite dirigée vers les quartiers du conseiller Ohatsu étant donné que dans ce chaos, j'étais un tantinet désorientée. J'avais commencé à aider quelques civils ou encore éteindre le feu avec mon sunaton. Les renforts n'ont pas tardé à venir.

Quand elle avait parlé del'explosion, elle avait concentré à nouveau son chakra et une succession de petits bâtiments avaient explosé et s'était effondré, ne laissant qu'un fin nuage de sable.

- J'aurais pu continuer ainsi mais des clones de la Kazekage sont arrivés et ont commencé à donner des ordres, comme retrouver le conseiller. Enfin, je crois. J'avoue qu'on n'entendait pas très clairement. Un des Jonins sur place à ordonner à la majorité des Shinobis d'éteindre les incendies, et il s'est ensuite dirigé vers un autre shinobi et moi-même pour nous donner l'ordre de chercher Ohatsu avec lui. Il disait partir de ce côté, nous ordonnant de nous diriger de l'autre côté. Je sais juste qu'il est parti par là et après.... aucune idée.

Aussitôt, aux côtés de sa figurine, trois autres figurines s'étaient dressées. Une pour chaque nouveau protagoniste. Celle de la Kaze disparut, celle du Jonin se dirigea vers un coin inconnu pour aussitôt disparaître, et celle du shinobi l'accompagna se dirigea avec elle vers la demeure du conseiller.

- Avez-vous déjà des questions jusqu'à là? se permit-elle de demander en lançant un regard interrogateur à Kioshi.

Tsukiko déglutit difficilement sa salive suite à la dernière question de son maître. Elle ne savait pas comment lui dire qu'elle ne connaissait pas l'identité de ce fameux Jonin lui ayant donné l'ordre de retrouver le conseiller.

- Je ne connais pas l'identité du Jonin, finit-elle par avouer de but en blanc. Je n'ai pas d'excuse.

Elle aurait pu prétendre que les événements brûlants et explosifs n'avaient pas laissé le temps à la réflexion ou qu'elle était inexpérimentée mais elle se refusait de dire tout cela. Elle s'était promis de devenir une excellente Kunoichi et pour atteindre un tel but, elle n'avait guère le temps de se cacher derrière des excuses ou en chercher. Elle avait échoué, elle avait à l'accepter et avancer sans refaire ces mêmes erreurs.

- Cependant, je me rappelle de son visage et le ninja qui m'a accompagné pourrait confirmer son identité si nécessaire. Ce ninja-là, je connais plus ou moins son identité. C'est un jeune homme brun du nom de ... Gen... Genshi. Et il est marionnettiste.

Ils s'étaient plus ou moins présentés à l'hôpital mais elle avait été trop secouée pour retenir exactement le nom et le prénom. Par contre, l'image de la marionnette était bien imprimée dans son esprit. Par contre, ni l'un ni l'autre ne savait qu'ils allaient à nouveau se revoir très, très souvent.

- Avec Genshi nous nous sommes dirigés vers la demeure d'Ohatsu. Il était inconscient mais vivant. Nous l'avons porté à l'extérieur, confié à un clone de la Kazekage qui était là et ... il y a une seconde explosion, assez forte, qui venait de la demeure du conseiller. J'ai érigé des murs de sable, suivi de mon cocon pour nous protéger. Cela a plus ou moins tenu ... Après cela, c'est assez flou j'avoue. J'avais un foulard autour de la bouche et du nez pour m'empêcher de respirer l'air ambiant assez "saturé" mais entre l'explosion, les techniques, le souffle ... j'étais assez désorientée. Je sais juste qu'on a atterri à l'hôpital après cela.

Sa petite carte improvisée bougeait selon ce qu'elle disait.

- Lorsque nous sommes arrivés à l'hôpital, le conseiller a été pris en charge par un groupe médical. En parallèle, d'autres groupes étaient venus avec les deux autres conseillers.

Elle s'apprêta à conclure son histoire mais se tut. Elle avait encore commise une erreur, et la même qu'avec le premier Jonin.

- Un ninja sur place se dirigea vers nous, soit les autres ninjas ayant amenés les autres conseillers, Genshi et moi pour nous féliciter, en disant que Suna avait ... de la chance ... ou de l'espoir, avec des ninjas comme nous. Ensuite il nous a ordonné de former un paramètre de sécurité et d'informer à la moindre intrusion suspecte. Je ne connais pas son prénom... mais la Kazekage peut le connaître! En dehors de la Kazekage, personne n'est rentrée à l'hôpital et je crois qu'elle avait parlé avec ce ninja. Tout allait bien jusqu'à ce que l'équipe médicale revienne. Après... il y a eu l'explosion.

C'était le plus incompréhensible. Comment l'explosion avait-elle pu avoir lieu ? Soit il y avait un traître, soit leur mouvement avait été "prévu" bien à l'avance par l'ennemi. Ou était-ce les deux tout simplement ?

- J'ai demandé à une infirmière s'il y avait eu d'autres blessés que les conseillers et elle m'a répondu que non. Apparemment, il n'y avait que les trois conseillers dans l'aile et que l'équipe avait reçu l'ordre du médecin chef de quitter les lieux dès qu'elle aura statué sur l'état de santé des conseillers.

Elle mit fin à sa petite carte et se releva, prête à recevoir les blâmes ou les ordres.

- Je... J'ai échoué à ma mission, conclut-elle d'une voix sombre.

Tsukiko n'eut guère le temps de poser une quelconque question sur ce "Genshi Kurusawa". Comment se fait-il que Kioshi le connaisse ? Et de quel retard parlait-il? Elle avait la désagréable sensation d'être passée à côté d'une information "cruciale" récemment et se mordait un tantinet la langue. Pouvait-elle demander maintenant ou alors devrait-elle attendre de résoudre l'affaire? Suite à un rapide calcul temporel, elle en revint à la décision de demander immédiatement.

Cependant, elle oublia rapidement sa curiosité et cacha tant bien que mal son désarroi devant la petite pile de feuilles. Elle avait à éplucher tout cela pour deux pauvres visages?

"On ne récolte que ce qu'on sème. Dans mon cas, je ne récolte que les conséquences de mon incompétence..." pensa-t-elle en se dirigeant droit vers cette liasse de feuilles. "Et tu as laissé un conseiller mourir... Vaut mieux au moins assurer pour retrouver son assassin!".

Elle s'assit et commença à éplucher chaque dossier attentivement. Elle regardait les photos mais la nature humaine oblige, elle ne pouvait s'empêcher de voir certains diagrammes. Certains étaient vraiment impressionnants et elle ne pouvait s'empêcher de se demander comment c'était possible. De même, elle ne pouvait s'empêcher d'être curieuse sur le diagramme de son maître. Il devait surement surpasser ce de cette pile.

- Hum... Pourquoi avez-vous dit que Kurusawa Genshi était en retard? Le connaissez-vous? se permit-elle de demander pour "remplir" ce silence lourd régnant dans la pièce.

La nervosité ou l'impatiente de Kioshi étaient perceptible, palpable même, et contagieuse aussi. Sauf qu'elle était impatiente de sortir de cette pièce et non subir plus longtemps la mauvaise humeur - certes légitime - du chef.

- Voilà le Jonin qui nous a ordonné de retrouver Ohatsu, dit-elle en tendant la feuille.

Une autre demi-heure passa. Cependant, au fil des minutes, la nervosité de la Kunoichi montait crescendo. Une nervosité qui se mua en une forme de frustration due à une grande incompréhension. Elle n'arrivait pas à mettre la main sur le dernier "Jonin" inconnu, celui qui était à l'hôpital.

- Je ne trouve pas le dernier ninja, celui de l'hôpital. Pourtant je suis sûre que c'était un ninja. Il avait le bandeau, il avait "l'air", il avait cet "aura". Et je me rappelle parfaitement de son visage parce qu'on était "au calme". Vous êtes sûrs que ce sont tous des photos récentes? Se permit-elle de demander. Il est déjà un peu plus vieux que les Jonin de cette pile. Peut-être que je le reconnais pas parce qu'il doit être plus jeune sur son dossier.

C'était la seule explication plausible à ses yeux. Ou alors il était le coupable, l'homme mystérieux à être rentré par effraction à Suna. Cependant si c'était le cas, la Kazekage ne parlerait pas avec aussi aisément.

- Hum... laissez-moi mieux-vous le montrer ! Peut-être que vous le connaissez !

Aussitôt elle refit quelques signes. Ces derniers étaient semblables à ceux faits pour la carte mais au lieu d'assister à une mini reconstruction de Suna, c'était la reconstruction du visage de ce mystérieux ninja qui se construisait. Elle tenta d'être extrêmement précise lorsqu'elle modulait et solidifiait les différents grains de sable.

De temps en temps, elle s'arrêtait pour voir son "chef d'œuvre" et reprenait si tel ou tel détail ne lui convenait pas. Au bout d'une autre demi-heure, elle avait terminé le "visage".

- Voilà à quoi il ressemblait ! Finit-elle de dire en indiquant la tête sablée posée sur le bureau. Le reconnaissez-vous? demanda-t-elle avec un mélange d'anxiété et de curiosité.

Si Kioshi lui-même ne le reconnaissait pas, comment étaient-ils censés retrouver ce ninja? Peut-être en demandant à la Kazekage, mais aurait-elle le temps? La mort des trois conseillers l'avait davantage chargé de travail et on allait jusqu'à dire dans la rue qu'elle était submergée et ne sortait pas du bureau.