Vous m’avez demandé, Père ?

Un évènement très rare est en train de se produire. Cela fait un an que j’ai obtenu mon diplôme de ninja. Une petite année que je suis Genin, et que je me fais à ma nouvelle vie, qui me plait tout particulièrement. Parfois, les temps sont durs… et il faut croire que c’est ça qui me plait. Etrange, non ? J’ai tout simplement un petit faible pour la difficulté, pour l’adrénaline. Être un shinobi répond parfaitement à ces quelques critères, ne pensez-vous pas ? Enfin, là n’est pas le sujet.

Père m’a demandé, pour la toute première fois depuis ma promotion. C’est assez exceptionnel ce qui est en train de se passer, il faut croire. Je me demande bien ce qu’il cherche à obtenir de cette rencontre.

Il appose sa main sur un grand parchemin, disposé soigneusement sur une table qui nous sépare. Nous sommes actuellement dans une cabane isolée, dans le quartier des Hyô. La demeure de bois appartient à mes parents. Je me souviens que Jun et moi y jouions souvent auparavant. C’était pour se détendre après ses missions, et en attendant que j’aille à l’académie. Après, tout a changé. Mais bon. Il appose donc sa main sur le parchemin, et un sceau complexe s’y dessine.

Analyse-le, comprends-le, et brise-le.

Clair, net, et précis. C’est tout mon père ça. Il s’installe sur la chaise présente de l’autre côté de la table, le visage assombri par le peu de luminosité présente dans la salle.

J’imagine que je ne peux attendre de vous aucune autre explication ?

Il rabaisse sa tête, attendant patiemment que mon affaire avance.

Tu connais les règles, maintenant. Ce sont les mêmes qu’auparavant. Tu ne sortiras pas d’ici tant que tu n’auras pas réussi ton exercice.

Evidemment. Même si je m’écroule de fatigue, je ne pourrais pas sortir. Il m’apportera juste de quoi me nourrir, et me laissera juste quelques heures de sommeil seulement. Pas plus que trois, normalement. Et encore, trois heures, ce serait un exploit.

… Bien, Père.

Il est inutile d’en rajouter. Je connais Père, je sais comme il est. Il faut que je m’exécute, et puis c’est tout. Il n’y a pas à tergiverser davantage.

C’est donc dans cette optique que je me lance dans cet exercice particulier. Analyser le sceau, et le comprendre… Comment faire ? Cela me paraît impossible à faire, comme ça. Si je ne sais pas comment faire, il faut que je le trouve par moi-même. Eh bon… c’est pas simple, surtout en matière de Fûinjutsu. Bien entendu, c’est mon domaine. Je baigne dedans depuis que je suis tout petit, mais quand même… C’est une épreuve assez complexe là.

Passant mon regard sur chaque parcelle du sceau, j’observe la manière dont il est construit. Je passe ma main par-dessus, pour y ressentir quelque chose, comme le chakra qu’il contient.

Les heures passent. J’essaye toujours de comprendre le fonctionnement à saisir. Briser un sceau, ce n’est pas rien non plus. Pendant de longues heures, j’ai cherché par tous les moyens à comprendre la structure de la marque, et j’ai longtemps cherché à le briser.

Fort heureusement, toute peine mérite récompense. Après de longues heures de labeur, mon chakra se mêle au sceau inscrit par mon père, et se déstructure, avant de disparaître complètement. Le sceau est rompu. Instinctivement, mon regard se tourne en direction de mon père. Je m’attendais à qu’il soit impassible, sauf qu’il semble plutôt surpris. C’est bien la première fois que je vois cette expression sur son visage.

Tu as fait vite. Bien plus vite que je ne l’avais prévu... C’est fini pour aujourd’hui, tu peux retourner à tes occupations.

C’est tout… J’ai réussi à briser son sceau qui me semble très complexe en un temps record apparemment, et je n’ai même pas le droit à quelques félicitations… En même temps, à quoi pouvais-je m’attendre avec lui ? Il est évident qu’il ne me félicitera pas de sitôt… Ce serait trop lui demander, voyons.

Sans un mot, je sors de la cabane. La nuit est tombée, j’y avais bien passé l’après-midi.