Dans l'ombre [Zennosuke]

(#) Sujet: Dans l'ombre [Zennosuke] Mer 19 Mar 2014 - 15:10

Ils ne semblaient pas comprendre, malgré tout ce qu’il avait pu dire. Tsumei pourtant pas dépité, aurait préféré ne pas devoir hausser le ton face à ceux qui l’avaient transformé. Le Daimyô et ses deux conseillers, ceux qui l’avaient fait Raïkage.
J’ai besoin de m’entretenir avec lui. Cela se passera dans une pièce voisine d’ici si vous voulez.
Non. Tu as dit être d’accord pour rester ici, sans le moindre contact qui n’aurait pas de lien avec la taupe.
Réfléchissez un peu. Vous privez le village de son Kage en espérant que tout se passera bien ? Laissez-moi une entrevue avec un gradé de confiance, et vous aurez déjà bien plus de crédibilité dans ce que vous faites.
Forte de sens et forte au sens le plus clair, Tsumei avait obtenu du vieux trio ce qu’il avait demandé. La transmission faite, Seki Zennosuke allait arriver le lendemain. Ce qui laissa au Karasu le temps de réfléchir à de nombreuses choses…

***
Sans réelle surprise, on fit d’une petite cabane en bois située non loin des quartiers du Daimyô le lieu de l’entrevue. Même pas dix mètres carrés pour les deux protagonistes. L’un était bien entendu déjà présent, l’autre devant arriver dans les prochaines minutes.

Seki Zennosuke, un nom que le Yondaime avait lu dans de nombreux rapports. Un shinobi qui avait vu et vécu pour Kumo sous plusieurs ères. Un Kumojin qui avait vécu de nombreuses choses, accompli bon nombre de missions. L’exemple même du gradé que tout aspirant ninja rêve de devenir. Mais il y a des choses que, même avec du talent, même avec de l’entraînement, on ne peut acquérir.

Et cette chose qui avait fait de Karasu Tsumei un Raïkage. Celle qui l’avait placé si près du Shodaime. Celle qui lui permettrait de faire tant de choses à l’avenir… Il la sentait en Seki Zennosuke. Mais sentir ne fait pas tout, et même si sa sorte de sixième sens porte toujours des fruits, le manieur du Bec a toujours appris à être sûr de lui.

Il fallait vérifier qu’il avait raison de croire que cette chose habitait le Seki. Il fallait qu’il en soit sûr. Car de cette entrevue pouvait découler le changement à première vue d’une vie. Mais de tant d’autres. C’est pourquoi, dans son attente pourtant courte, il sembla à Tsumei qu’il regardait son ombre depuis des heures.

(#) Sujet: Re: Dans l'ombre [Zennosuke] Jeu 20 Mar 2014 - 12:58

Le Seki était de retour à Kumo après son rapide et intense combat qu’il avait livré contre deux kirijins. La hiérarchie lui avait donné deux jours de repos pour pouvoir emmagasiner assez d’énergie avant d’être à nouveau opérationnel en vue d’une prochaine affectation au front. Étant un des rares Jônins du village, le Seki était régulièrement envoyé en soutien dans différents points chauds du monde ; à des endroits où Kumo avait besoin de forces vives. À ces affectations qui duraient rarement plus de deux semaines, s'y ajoutait que le kumojin était régulièrement rappelé pour des missions d’importance. Jusque-là, notre homme avait toujours donné le meilleur de lui-même. Il avait toujours, d’une manière ou d’une autre, donné satisfaction. Combattre pour la grandeur de son village était SA priorité, chose qu'il essayait de faire apparaître dans chacune de ses actions. Tout ce qu’il faisait en tant que ninja de Kumo était pour l'intérêt de son village. C’était ce qui pouvait expliquer pourquoi on pouvait considérer cet homme comme quelqu’un de sûr. Malgré ses défauts, malgré ses erreurs, le Seki, marqué d’une détermination sans pareille, poursuivait irrésistiblement son avancée vers la réalisation de ses rêves. Ces rêves qui étaient intimement liés à la progression de Kumo sur l’échiquier politico-militaire du monde...

Quoique lessivé, plus à cause des récents événements auxquels il avait participé qu’autre chose, le shinobi se préparait mentalement à retourner au front dans 48h. Pour l’heure, tout ce qu’il avait à faire c’était profiter du bon temps. Au programme, passez du temps avec sa mère adorée, puis avec sa chérie Hiryuu, en somme se faire plaisir pendant son court répit... Chose normale après tout, le divertissement, tout comme le repos, étaient partie intégrante de la vie de tout être humain. Assis sur une chaise de la salle à manger de sa maison, le Seki observait, de sa position, la cuisine. Il pouvait la voir, de dos, la silhouette de cette femme qui était tout pour lui. Celle-là avec qui il vivait jusqu’à présent sans en rougir auprès de qui que ce soit. Il s’agissait de la toute première femme qu’il avait connu, mais aussi de celle qui s’était occupée de lui jusqu’à ce qu’il devienne le shinobi qu’il était devenu. Vous l’aurez compris, ce personnage n’est autre que sa mère. Une femme apparaissant rarement dans les récits du bonhomme. Cette femme s’affairait dans la cuisine dans le but de préparer son repas préféré à son fils unique. L’homme en salivait déjà. Il s’imaginait en train de déguster tout ça avec entrain. De la bonne bouffe… Plus de deux mois qu’il en rêvait ; coincé qu’il était le plus souvent entre quatre murs, obligé de se contenter uniquement de sa pauvre ration de soldat. Pendant deux jours, il aurait droit à trois repas délicieux par jour, cuisinés avec amour. La belle vie !

Alors que l’homme entrechoquait entre eux les couverts tout en débitant tout un tas de conneries, comme du temps où il était encore un enfant insouciant, histoire de faire en sorte que sa mère le serve plus rapidement, le Seki entendit quelqu’un tambouriner respectueusement à la porte de chez lui. S’étant levé de sa chaise en râlant, sous le regard amusé de sa mère, le Jônin rejoignit la porte qu’il ouvrit. Devant lui se tenait un Chuunin qu’il connaissait bien. L’adjoint du Jônin chargé des missions. Sourcils fronçés, le Seki salua son invité tout en s’étonnant d’être déjà rappelé par la hiérarchie. On lui avait pourtant donné l’assurance qu’il pourrait bénéficier de ces deux jours… Cependant, sans mot dire, comprenant que s’il été rappelé c’était forcément pour une chose importante, le Seki prit l’enveloppe qu’on lui remit et donna congé au Chuunin qui était venu lui remettre le colis. Ce dernier avait encore du travail, et d'ailleurs le Seki n’avait aucune intention de lui faire partager le voluptueux déjeuner qui lui était destiné.

En refermant la porte derrière lui, Zennosuke déchira le haut de l’enveloppe et en retira la lettre. Il s’agissait d’un courrier officiel, le type de courrier provenant du Raikage. Le kumojin déplia la lettre et en lu le contenu. Il était convoqué par le Raikage Karasu Tsumei pour une première entrevue entre les deux hommes, hors de Kumo, chez le Daimyo. Ainsi les rumeurs qui disaient que le Yondaime Raikage n’était pas à Kumo étaient donc fondées ! Qu’est ce qui pouvait donc justifier le rapprochement de l’Ombre et du Seigneur du Pays de la Foudre ? Probablement les affaires de la guerre. Mais même si c’était le cas, les deux hommes forts de Kaminari no Kuni ne devaient pas rester ensemble trop longtemps. Question de sécurité. S’il s’avérait que l’Ombre était plus de deux jours auprès du Daimyo, quelque chose de grave planait au-dessus du village. Le Seki en saurait plus, une fois qu’il verrait le Raikage.

Il était arrivé, à l’heure. On ne rate pas, même pas pour une poignée de secondes, une convocation avec son supérieur hiérarchique. Puis le retard n’était pas un défaut de Zennosuke. On lui avait désigné un endroit : une simple cabane de bois située non loin des bâtiments principaux où logeait le Seigneur du pays de la Foudre. Le Raikage avait-il réellement Zennosuke convoqué dans cette boîte de conserve ? Cet endroit était bien trop exigu pour que deux personnes s’y tiennent à l’aise. On aurait dit un parloir, ou un confessionnal… Faisant la moue face, au ANBU qui lui avait désigné cet endroit, Zennosuke se résigna à y entrer lorsqu’on lui dit que Karasu Tsumei y était déjà.

L’homme qu’il trouva dans la cabane était grand, quoiqu’assis, on pouvait parfaitement s’en rendre compte. Il portait un vêtement noir et avait des yeux d’un bleu frappant. Plus bleus encore que ceux du Seki, comme s’ils brillaient sans cesse. Un regard assez troublant en somme, même pour le Seki, qui, faut-il le rappeler, aimait à abuser du sien pour charmer ou déstabiliser. Ces pupilles ressortaient indéniablement de tout le portrait physique de cet homme. Elles étaient ce qui lui donnait un air particulier car ni ses cheveux raides et bruns, ni ses traits fins, ni son allure mince en général ne pouvait le différencier de la plupart des hommes. Zennosuke ne l’avait jamais vu, du moins face à face. Tsumei n’avait pas jugé nécessaire de faire un discours comme le faisaient traditionnellement tous les Kage. Probablement qu’il avait été refroidi par les réactions suscitées lors du dernier discours de Monjara Otenba… Toujours est-il que les deux kumojins se tenaient à présent face à face. Par respect, et parce qu’il avait trouvé le Tsumei dans la cabine, le Seki le salua.

« Raikage-sama… Seki Zennosuke… » Fit le Jônin en saluant respectueusement son supérieur tout en se présentant. « Vous m’avez fait appeler ? » finit-il par dire tout en jetant de rapides coups d’yeux tout autour de lui. La sécurité, voilà une chose qui préoccupait le Seki à chaque instant. Et en l’occurrence, s’entretenir avec le Raikage dans un endroit aussi exiguë ne lui plaisait pas. Un mauvais coup était vite parti, surtout en ce type de lieu où la majorité des gens se croient habituellement invulnérables…

Spoiler:

(#) Sujet: Re: Dans l'ombre [Zennosuke] Sam 22 Mar 2014 - 19:30

Les bruits indiquèrent au Kage que quelqu’un rentrait. Seki Zennosuke, était enfin arrivé. La discussion n’allait pas pouvoir s’étendre sur une longue durée, et chaque minute gagnée par son arrivée plutôt en avance était bonne à prendre. Car les deux hommes allaient avoir beaucoup de choses à se dire, indéniablement. Tsumei n’était pas de ceux qui agissaient sans raison. Et cet appel ne faisait pas exception. Mais il eut du mal à décoller son regard du sol, de ses pieds et de son ombre.

Il s’intéressa enfin au visage de son interlocuteur. Voilà donc à quoi il ressemblait. Plutôt grand pour sa vingtaine d’années, le manipulateur de chakra semblait être quelqu’un d’expressif. Mais fort heureusement, la plupart des informations le concernant avaient déjà été passées au peigne fin par les rapports qu’on avait livré au Raïkage. Ce dernier qui ne l’avait entendu que par le biais d’une lettre. Une réponse à celle que le Yondaime avait envoyée à tous ses compatriotes et ses shinobis.
Nous rencontrer et échanger de vive voix, je crois que ce jour est arrivé.
Une référence directe aux mots qu’il avait écrits. Cette convocation allait donner la possibilité au gradé de pouvoir s’exprimer et dialoguer avec son supérieur, même si le sens de la discussion était déjà tout trouvé par le supérieur.

Dans un silence installé depuis quelques secondes, Tsumei plongea son regard vers le fourreau de son arme. Il y attrapa le manche, et la dévoila d’un large mouvement de bras. Kuchibashi, surnommée le « Bec ». Comme une illustration aux paroles à venir de l’Ombre de la Foudre.
Sais-tu qui je suis réellement, d’où je viens ? Et sais-tu pourquoi on m’a nommé Raïkage ?
Puis des souvenirs ressurgirent. La plupart étaient intenses. Lui qui avait toujours servi dans l’ombre, ces images obscures revinrent sous la lumière de son esprit. Lui qui avait tout vu, tout fait. Qui était-il réellement ? Le seul homme qui l’avait su était probablement mort aujourd’hui, Kadoria Uriô.

Car la question de savoir qui est réellement quelqu’un est sans doute la question la plus difficile que l’on puisse poser. La grande majorité des gens ignorent même eux-mêmes qui ils sont au fond d’eux. Et cette grande partie ne le découvre qu’au soir de leur mort.

Seule une poignée d’hommes peuvent dévier de cette triste habitude. Seuls quelques-uns peuvent savoir qui ils sont réellement et ce de leur vivant. Et lui, Seki Zennosuke… Savait-il ?

(#) Sujet: Re: Dans l'ombre [Zennosuke] Dim 23 Mar 2014 - 22:17

Zennosuke écouta calmement le Raikage répondre à son interrogation. A la bonne heure ! Tsumei reprenait quelques mots que le Jônin avait lui-même écrit lorsqu’il lui adressait une correspondance au tout début de son magistère à la tête du village militaire. Si le Raikage avait prit le temps de s’imprégner de cette lettre, c’était qu’il avait eu l’occasion de relire bon nombre de choses en relation avec le Seki ou que cette unique lettre avait eu l’effet escompté par Zennosuke. L’heure était donc à l’échange de vive voix entre le Kage et le Jônin. Une opportunité qui devrait permettre au Seki de pouvoir jauger quels étaient les réels plans de l’Ombre par rapport au village.

*Karasu Tsumei, es-tu ambitieux ?* Se demanda le Seki tandis que son regard se plongeait dans celui de l’Ombre. Ce dernier, après avoir sorti une épée, venait de poser trois questions des plus curieuses. Ce type de question qui était destiné à jauger l’interlocuteur, mesurer certaines de ses aptitudes… A priori, le Seki ne pouvait savoir qui était réellement Tsumei à moins qu'il ait un réseau d'informateurs particulièrement au fait de ce qui se passait dans Kaminari no Kuni. Karasu Tsumei, lui savait qui était Zennosuke. Il savait certainement aussi que ce dernier n'était pas apte à répondre aux questions qu'il lui posait. Ainsi donc, sans le dire, ce premier instant entre les deux hommes serait décisif. Pour un iota, le jugement qu’adopteraient l’un et l’autre pourrait s’avérer défavorable ou à contrario très favorable. Zennosuke prit le temps d’observer la lame que le Kage déployait entre eux deux. Le geste était plutôt dangereux, surtout dans un endroit aussi exigu. Et pour tout vous dire, le Seki n’aimait pas ça. Dégainer une arme entre deux individus ne se connaissant pas tant que ça n’était pas forcément la meilleure des choses à faire. Que souhaitait Tsumei ? Que cherchais-t-il en agissant de la sorte ? Le Seki porta son attention sur la lame, gravant sa forme, sa couleur et ses motifs dans sa mémoire. Il ne s’agissait pas d’un katana conventionnel. Encore moins d’un ninja-tô, tel qu’en portait Zennosuke.

« Je mentirai si j’affirmais savoir quelque chose d’autre que ce que la majorité des gradés sait à votre propos. Quant aux raisons qui ont poussé le Daimyo et ses conseillers à vous nommer… J’avancerai, au risque de complètement me tromper : compétence et loyauté envers Kumo. Cependant, d’autres kumojins ont ces aptitudes, j’en conclue que vous possédez quelque chose que d’autres n’ont pas… ou que vous êtes particulièrement chanceux. » Le Seki posa alors son regard sur l’arme. Même s’il était en compagnie de son supérieur, l’homme ne se sentait pas très à l’aise dans cet endroit exigu avec une lame à moins d’un mètre de lui. Pour autant, il tacha de ne rien laisser transparaître.

« Je vous renvoie la question. Qui êtes-vous Karasu Tsumei ? » Zennosuke posa son regard sur le Kage en prononçant ces mots. Puis d'un rapide coup d'oeil il porta sur regard sur la lame avant de la ramener le visage du Kage. Tsumei comptait tenir en haleine le Seki ou lui offrir des pistes de solutions en lui montrant cette arme. Pour sûr il voulait que le Jônin focalise son attention sur cette lame. Le Seki l'avait comprit. Mais pour une raison qui lui était encore inconnue, Zennosuke préférait que le Raikage déroule l'entretien selon ses propres plans. Cette entrevue, Tsumei semblait l'avoir parfaitement préparée, ce qui n'était pas le cas du Seki. Wait & see Zenno !

(#) Sujet: Re: Dans l'ombre [Zennosuke] Lun 24 Mar 2014 - 19:54

Alors qu’il écoutait attentivement les paroles et épiait d’une manière tout aussi appliquée les gestes de Zennosuke, son supérieur tenait toujours sa lame. Un katana qui ressemblait à tant d’autres mais qui avait quelque-chose de plus. Cela se sentait, mais on ne pouvait pas savoir quoi. L’apparence, l’atmosphère, le chakra… Une sorte d’intuition englobait toute personne un minimum consciente des forces qui l’entourent lorsqu’elle se trouvait en face d’une des épées à pouvoir. Et c’était sûrement le cas du Seki. Ce dernier semblait penser que le Karasu avait été nommé au poste de Raïkage parce qu’il était fidèle et discipliné, et aussi parce qu’il avait un « petit plus » que les autres n’avaient pas. Quant à la chance, même s’il l’avait évoquée, il ne semblait pas y croire. La chance n’intervient pas dans le monde des shinobis.

La prise de parole du Jônin était terminée mais pourtant Tsumei laissa le silence s’installer. Son regard se reporta alors vers sa lame. Kuchibashi, le Bec. Une épée qui appartenait selon les traditions à Mizu no Kuni et donc à Kiri, mais qui avait tant de secrets. Et le Karasu avait bien entendu une autre façon de décrire l’histoire de ces sabres contrairement à la simple théorie du « ce qui a été trouvé par quelqu’un reste à lui ».
Cette lame n’est pas un katana ordinaire, tu dois t’en douter. Pourtant, on pourrait la prendre pour une arme standard comme tant d’autres.
Sans la baisser ou la ranger, le Yondaime porta son regard vers ses pieds, pour à nouveau regarder son ombre. Les paroles qu’il allait prononcer dans cette séquence allaient être importantes.
D’autres gradés auraient pu prétendre au titre de Raïkage. Et pour dire la vérité, ce sont les dirigeants du pays ainsi que quelques Kumojins qui m’ont nommé, sans que je ne demande rien. J’ai en effet quelque-chose de particulier. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que malgré ma récente nomination, peu de choses sont sues à mon sujet.
Il lâcha le sol des yeux, et les reporta sur ceux de Zennosuke. Comprenait-il où il voulait en venir ? De toute façon, il fallait bien continuer d’expliquer.
Je suis un shinobi de l’ombre.
Tsumei planta son arme au sol puis se retourna et alla chercher deux chaises en bois qui se trouvaient au fond de la cabane. Après les avoir ramenées, il en proposa une au Seki et s’assit sur la seconde, à côté de Kuchibashi enfoncée dans le sol en bois.
La plupart des shinobis vivent sous la lumière. Leurs missions, leurs actions, elles sont claires et transparentes. Par exemple, en cette période de guerre, combattre au front est quelque-chose de fort mais de répandu. Mais, lorsque tu es envoyé combattre quelqu’un ou aller accomplir une mission à tel endroit pour telle chose, t’es-tu déjà demandé comment ? Comment en est-on arrivés à t’envoyer à cet endroit, comment a-t-on pu savoir qui tu allais affronter ?
Le passé de Karasu Tsumei resurgissait alors en même temps que ces paroles. Tout ce qu’il avait fait dans sa vie. Kadoria Uriô, Kumo. Tant de choses…
Les renseignements, les missions secrètes, la diplomatie dissimulée : voilà ce qu’un shinobi de l’ombre doit être capable d’affronter. J’ai été le chef de cette unité qui avait une réelle existence sous le règne de Kadoria Uriô puis cette dernière a été dissoute par ses successeurs ou plutôt mes prédécesseurs. Et c’était une erreur qui a sali la réputation de Kumo.
Il soupira, en se rappelant de ce jour où il avait appris que sa fonction n’allait plus être officiellement reconnue. C’est à partir de ce moment-là qu’il avait commencé à travaillé exclusivement pour le Daimyô et pour les hautes autorités de Kaminari no Kuni.
Le monde shinobi est trop complexe et trop importante pour qu’on se contente simplement d’envoyer des hommes ici ou là, d’envoyer des fleurs à untel et la hache de guerre à l’autre. Les actions importantes doivent souvent rester secrètes pour leur bon fonctionnement et l’atteinte de leur objectif. Et c’est pourquoi bien souvent, celui qui a l’étoffe d’un shinobi de l’ombre est reconnu comme un shinobi normal, sous la lumière. Et c’est ainsi que l’on comprend pourquoi ceux qui peuvent remplir ce rôle sont très peu nombreux.
Le Yondaime reposa son bras sur le dessus du manche de son arme, et détourna le regard de son shinobi. Mais il ne lâchait cependant pas son attention.
Un shinobi de l’ombre n’a comme seule récompense le fait de savoir qu’il a aidé son village et son pays, et c’est difficile de vivre avec ça, du moins pour certains. Mais le pire, ce n’est pas ce manque de reconnaissance, puisqu’au fond un shinobi de l’ombre peut être récompensé par ce qu’il fait en tant que shinobi normal.
Son regard ne visait rien de particulier. Il repensait à son passé, à ce qu’il avait vu, décidé. La douleur et l’amertume le gagnaient. Mais la fierté aussi.
Un shinobi de l’ombre verra tout. Il sera parfois envoyé pour des missions difficiles moralement, indélicates. Il découvrira le monde, les comportements réels des hommes. Et plus il avancera, plus il sera confronté à des choix. J’ai quasiment tout vu des différents pays et des différents villages. J’ai vu tant de malheurs et de tristes réalités, qui marquent bien plus que le bonheur ou la fierté que j’ai pu voir la plupart du temps. Et c’est suite à cela et pour ça que j’ai été nommé à ce poste.
Il se leva, et regarda à nouveau le Jônin.
J’aurais pu rejoindre n’importe quel réseau criminel, n’importe quel village, et j’ai eu tellement de possibilités qui offraient tellement plus que ce que j’avais au niveau « matériel ». Mais jamais je n’ai douté de ma vision de choses et de mon respect envers Kumo et le Pays de la Foudre. Je les ai toujours servis et je les servirai toujours, quoiqu’il arrive. Qu’importe ce que j’ai eu à faire, si c’était bon et utile pour Kumo ou Kaminari no Kuni, je l’ai fait.
Sa main droite se glissa derrière lui, et ressortit un kunaï. Il le tendit à Zennosuke.
Je pense que tu as l’étoffe d’un shinobi de l’ombre. Si tu le pense aussi, et si tu es prêt à affronter cette vie parallèle qui t’attend, alors prends ce kunaï et fais toi saigner le torse.
L’heure du choix était venue. Mais en vérité, comme il l’avait expliqué, les choses étaient plus compliquées qu’en apparence…

(#) Sujet: Re: Dans l'ombre [Zennosuke] Mer 26 Mar 2014 - 23:23

Zennosuke buvait littéralement les paroles de son supérieur. Attentif à ses moindres faits et gestes, il l’observait comme on un fauve observerait sa proie. Tout, dans le détail, était disséqué par le Seki, malgré ce long silence du Raikage, qui au début, sembla plomber l’atmosphère, la saupoudrant de mystères... Karasu Tsumei s’était baissé se contenant de regarder le sol, ses pieds ou son ombre. Il semblait préoccupé, comme perdu dans ses pensées. Probablement que cette question, que le Seki lui avait retournée, faisait resurgir en lui des souvenirs enfouis. A présent, il devait leur faire face, les refouler, pour un temps, ou les accepter et aller de l’avant.

*Qui es-tu Tsumei ?* Le regard de l'illusionniste se portait sur le visage du Raikage. Ce dernier semblait toujours l’éviter des yeux, comme s’il était désintéressé par sa présence. L’Ombre semblait préoccupée par son épée. Celle-ci devait posséder quelques spécificités. Quoique n’étant pas un expert en reconnaissance de chakra, le Seki avait ce vague pré sentiment que cette arme, que le Raikage avait sorti de son doux fourreau, n’était pas ordinaire. Quel lien existait-il entre Tsumei et cette arme ? Tous deux semblaient intimement liés par quelque chose de certainement plus puissant que la relation existant entre Zennosuke et son ninja-tô. Le Seki le ressentait quoique l’Ombre ne l’ait à aucun moment affirmé. Au bout d’un moment, qui sembla une éternité, Karasu Tsumei finit par apporter un début de réponse à la question qu’il avait posée au Seki et dont lui seul, possédait la clé. L’esprit vif du Seki se mit alors à décortiquer les moindres propos de l’Ombre, proposant immédiatement de multiples pistes crédibles quant à l’objectif de l’Ombre, la substance du message qu’il souhaitait communiquer au Seki, les raisons… Il s'agissait d'une exercice habituel du cerveau du Seki, une habitude à anticiper les pensées de ses vis à vis. Quelque chose qui lui avait permis à bien des moments, d'éviter une attaque qui aurait pu lui être fatale. Au moment où Tsumei leva enfin les yeux vers le Jônin, tout en lui révélant ce qu’il avait été par le passé, tout devint limpide pour Zennosuke.

*Un shinobi de l’Ombre… C’est donc ça qu’il veut faire de moi ?* se dit le Jônin, anticipant sur la suite des propos du Raikage. Pour autant, le Seki ne dit rien, se contenta d'écouter. La suite des propos de Tsumei fut très instructive pour Zennosuke. L’Ombre apporta une vision, une analyse différente du règne du Shodaime Raikage et celui de ses prédécesseurs. Si le premier avait clairement apporté les bases de la puissance de Kumo, ceux du Second, du Troisième avaient été quelque part, les auteurs du manque d’essor du village sur la scène politique. Kumo avait stagné depuis Uriô. C’était un fait. Le seul fait majeur des successeurs du Shodaime étant l’alliance avec Tetsu no Kuni. L’angle d’analyse de l’Ombre avait ceci d’intéressant qu’elle mettait en exergue toute l’importance des actions cachées par rapport à celles apparentes et fortes. Dans ce monde shinobi, agir en secret, de manière cachée ou détournée permettait d’avoir toujours un temps d’avance sur ses adversaires. Voilà une vérité implacable et tellement évidente !

L’Ombre poursuivi son enseignement. Il n’y avait pas d’autres mots pour le qualifier, car c’est ainsi que le percevait le Seki. Lui qui avait tout de même réfléchi sur les voies et moyens en vue d’amener son village à une meilleure place sur l’échiquier politique mondial, ne s’était même pas aperçu de ce manque pourtant criard d’une unité de renseignement au sein du village. Pour autant, il s’était lui-même rendu compte de l’importance des actions cachées. Et d’ores et déjà, notre kumojin évoluait en ce sens, depuis qu’il était passé Jônin… Mais ça, c'est un autre sujet. Cette discussion tombait à pic décidément… L’Ombre termina son discours en brodant sur les valeurs. Les valeurs nécessaires à tout shinobi de l’ombre, car dans ce monde dans lequel le Raikage souhaitait faire entrer Zennosuke, il n’y avait aucune récompense, si ce n’est celle du sentiment du devoir accompli. Et c'est alors, que le Karasu Tsumei tendit un kunai au Seki, lui demandant de se faire saigner le torse s’il acceptait la charge qu’on lui proposait.

Tout d'abord pris de court, comme choqué le Seki resta figé sur place observant cet objet. Puis, au bout d'un court instant qui devait sembler long certainement, d’un air distrait, le Seki s’empara du kunai tel un automate. Il considéra l’objet à plusieurs reprises, observant le Raikage tentant de comprendre quelles étaient ses motivations. Qu’attendait-il de l’acte qu’il demandait au Seki ? Etait-ce un test ? Une sorte de pacte pour confirmer ou infirmer son adhésion à ce monde vraisemblablement ingrat ? Quelle pouvait bien être la signification et la portée d’un tel acte ? Le Seki considéra à nouveau le Kunai. Il était toujours debout, son supérieur, lui, s’était assis depuis longtemps et devait goûter à présent au dilemme dans lequel il plongeait le Jônin…

Zennosuke pointa l’arme vers sa poitrine d’un geste résolu et pourtant lent. De sa main gauche, il avait dénudé une partie de sa poitrine pour y laisser la trace du métal froid. Son geste s’arrêta à quelques centimètres de sa peau. A nouveau son regard se posa sur l’Ombre. Le moment était solennel, ou pas du tout. En tous cas, Zennosuke avait le sentiment que quoi qu’il fasse, sa vie prendrait un tournant en cet instant précis. Comme pour se rassurer, il s’adressa à son supérieur :

« Je n’ai jamais rien attendu de la part de Kumo si ce n’est peut être un minimum de loyauté envers moi. Devenir un parfait homme de l’ombre ne me fait pas peur, ne jamais être reconnu à juste valeur pour chacun des actes que je poserai dans l’intérêt du village, je ne le crains pas non plus. Ma seule satisfaction a toujours été de voir Kumo sortir grandi à la suite de chacun de mes actes… » L’homme se livrait à cœur ouvert comme il ne l’avait jamais fait. Pour une fois, il dévoilait ses rêves en termes voilés à un interlocuteur tout en mettant en exergue tout le don de soi dont il était capable. Ce don de soi, pour Kumo, nécessitait une énorme force de caractère, une volonté et une fidélité au village sans failles. Toutes ces qualités, le Jônin les possédait. Seulement, à cet instant précis, le Raikage lui demandait de faire quelque chose dont il ne comprenait absolument pas la portée. Tuer quelqu'un que le village estimait néfaste pour X ou Y raison, pas de problèmes. Mais porter atteinte à son intégrité physique sans raison apparente ? Non, le Seki n'en était pas capable, car il manquait un réel motif à ce type d'acte. Rien que pour ce chaînon d’information manquant, le Seki avait du mal à agir. Jamais, depuis qu’il était passé Genin, il n’avait eu à se blesser lui-même pour la seule nécessité de se blesser ou de faire plaisir à un supérieur. Karasu Tsumei l’avait fait convoquer jusqu’ici et s’était livré à lui sans détours. Avait-il réellement besoin de ce genre de spectacle pour se convaincre que Zennosuke était un parfait soldat de Kumo ?

« Raikage Sama. Je peux devenir un ninja de l’Ombre, mais n’oubliez jamais que je reste malgré tout un homme d’action. Ma parole seule devrait suffire comme gage de ma fidélité absolue au village et à son Raikage. A vous de décider, in fine, ce que vous souhaitez faire du Soldat de Kumo que je suis. » Sur ces mots, Zennosuke rendit le kunai au Raikage. Non, il ne se ferait aucune balafre à la poitrine car il n’en voyait pas du tout l’utilité. Avait-il tort d’agir de la sorte ? En son for intérieur, le Seki était persuadé du contraire quelles qu’en soient les conséquences.

Karasu Tsumei connaissait-il la différence entre un katana et un shinobi ? Tous deux sont des armes aux mains de ceux qui les emploient. Seulement le katana ne rechigne à aucun moment d’atteindre la cible qui lui est indiquée quelle qu’elle soit et ce, sans motif. Il déchire et troue avec froideur la zone qu’il heurte, sur une seule impulsion. Un shinobi, quant à lui est malheureusement dôté de conscience et d’intelligence. Il est une arme à double tranchant influençable ne garantissant pas forcément un résultat escompté suite à un ordre qui lui aurait été donné. Seulement son rendement est de beaucoup supérieur à un simple katana. Aucune certitude, rien de figé, au fond, entre deux shinobis, seules les relations de confiance comptent…

L’hésitation avec un grand « h ». Elle était si palpable que le Karasu aurait pu la ressentir même en ayant les yeux bandés. Son shinobi hésitait, sûrement à cause de ce kunaï. Se faire saigner le torse, montrer sa loyauté ou refuser quitte à paraître comme un lâche. Comment pouvait-il être sûr de la réaction qu’allait avoir son supérieur s’il faisait tel ou tel choix. Ce n’était pas quelque-chose de facile actuellement, mais Zennosuke apprendrait rapidement qu’avoir le choix, même dans des conditions si délicates, est souvent une chose rare et extrêmement appréciable.

Finalement, les mots voulurent lui suffirent. Il tendit le kunaï à son possesseur tout en argumentant. Les paroles montrent la loyauté. Mais qu’en était-il des actes ? Seki Zennosuke, avait-il bien fait de refuser quelque-chose qui, au fond, pouvait montrer une forte détermination ? Le Karasu ne voulait pas faire naître un quelconque suspense, il se contenta donc d’hausser les épaules.
Comme tu veux.
Sur quoi il rangea le kunaï là où il l’avait pris. Il alla s’asseoir, et rehaussa son bras gauche sur le manche de Kuchibashi. Voilà qui était fait…
Tu as eu raison. Te faire saigner le torse n’aurait rien apporté à Kumo. Prends ça comme une première leçon.
Il reposa sa tête sur la chaise, comme s’il se reposait, mais ce juste un court instant. Puis il la releva, et fit de même avec son corps tout entier. Il rengaina son épée, puis regarda une dernière fois Zennosuke.
Tu sais, les gens oublient à quel point être un shinobi est difficile. Les vrais ninjas d’antan se font de plus en plus rares, et c’est justement ça que sont les shinobis de l’ombre. Des ninjas étant prêts à tout faire, pour ce qu’ils trouvent juste. Et quand je dis tout… C’est tout.
Sur quoi il ouvrit la porte de la cabane, faisant ainsi signe à Zennosuke que c’était tout. La prochaine fois qu’ils se verraient allait tarder. Mais Tsumei avait cette histoire de traîtres au sein du Conseil à régler. Et ce n’était pas tout… Les relations avec les autres villages et la Guerre pour l’Indépendance devaient aussi être dans ses priorités. Ah, il y avait une chose de sûre : Tsumei avait un emploi du temps toujours aussi chargé voire plus depuis qu’il n’était plus officiellement un shinobi de l’ombre. Peut-être qu’un jour, ça serait ce que Zennosuke se dirait. Pourquoi pas ?

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