Messager du vent, Seiyomuri Bras armé [Kiri - libre]

Celui-ci était bien le seul à savoir nager, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il fut envoyé à Kiri. Même s'il savait nager, il n'aimait pas l'eau. Ce voyage fut pour lui un calvaire inavouable. Le pays de l'eau était pour son espèce une région trop humide, trop inconfortable, un endroit invivable. Il lui fallut prés d'une semaine pour rejoindre Mizu. La traversé de la mer ne fut de tout repos, mais pour un animal plus grand qu'un navire marchand, ce n'était au final qu'une broutille. Ce qui lui déplut le plus, outre l'humidité, était peut être l'eau salée, le sel. Ces petites particules ridicules le démangeaient atrocement. Fort heureusement quand il posa la patte sur la plage une tempête se levait, de l'eau douce en trombe pour rincer le dépôt salin. Kiri... Il se souvenait de ce village, sa maîtresse y avait déjà mis les pieds par le passé, il s'en souvenait. Il scruta le ciel, la pluie, extrêmement bruyante, couvrirait ses pas.

Il traversa néanmoins le territoire, les marais et les forêts avec une vitesse et un silence digne des plus grands ninjas. Sa taille et sa corpulence ne semblait pas jouer dans ses mouvements, ses déplacements semblaient être ceux d'un funambule ou d'un trapéziste, précis, fins et efficaces. La pluie cessa, et la brume prit le pas. Mieux encore. Une journée de course effrénée le mena à l'entrée d'un tunnel. C'était là. Il se souvenait de ce lieu, ou du moins il se remémorait ce qu'on lui avait décrit, oui; car lui même n'avait jamais mis les pieds, il devait la connaissance de cette structure humaine à la seule voix de l'Ecarlate. Il été sorti de la brume comme tel un fantôme ou un monstre comme ceux dans les histoires pour enfant. Aussitôt était il apparu qu'un ninja se montra, un Kirijin. Il siffla longuement, et sa langue laissa échapper un parchemin scellé, portant les armoiries du clan Habashi ainsi que la marque du Kakumeigun. Etrangement le rouleau ne présentait aucune trace de bave...

"Je suis Seiyomuri, Kirijin. Habashi Zanshii m'envoie vous porter ce message."

La créature garda pour elle toutes brimades ou remarques quant à la faible menace que semblait représenter ce garde. Selon l'invocatrice, ces ninjas là étaient les amis de Suna, et du pays du vent. Alors pour lui, qu'à cela ne tienne. Il n'avait qu'une parole : celle de servir au mieux la femelle humaine qui un jours s'était rendu au temple de gila, dans le désert de Kaze...

"Je ne vous ferai aucun mal, soyez sans crainte."

Ajouta-t-il en fixant le petit soldat.

HRP:

Lettre scellée:

Invocation:

~ Nous n’avons peut-être rien à craindre de toi, mais peut-être devrais-tu te méfier de nous, Créature … .

Dans le décor pourtant anodin et sans signe particulier, la silhouette à chevelure blanche ébouriffée se détachait des éléments et se posait plus clairement sur le devant de la scène. Il était clair que le garde était là, et qu’il remplissait bien son rôle. Mais la présence de ce messager était d’une toute autre importance ; raison pour laquelle Kakeshuou Samui s’était tiré peu à peu de sa somnolence et avait décidé d’entrer en action.
Il avait accepté un peu plus tôt d’assumer ce rôle de garde, alors qu’il avait du temps libre. Inutile : l’emploi du temps de notre homme est calculé à la minute près. Il s’est déjà entraîné tôt ce matin, et s’est enregistré pour plusieurs missions en attente de validation. Ne lui restait plus qu’à s’activer et à passer à la suite. Depuis qu’il avait quitté son rôle de gouverneur de Yuki no Kuni – en raison de la guerre – l’homme s’était investi derechef dans les activités banales et traditionnelles du Village caché de la Brume. Ici, prendre un tour de garde ne lui ferait pas de mal, et lui aurait certainement permis de voir quelque chose de nouveau. De plus, pour être au devant des combats, il valait mieux se placer là où les adversaires avaient le plus de chances d’apparaître … .

Pour le côté combat, on repassera. Cette journée était tellement monotone que le ninja s’était même permis une petite sieste à œil semi-clos sur le toît du poste de garde ! Ils était déjà quatre pour l’entrée du tunnel principal. Si malheur il devait arriver, il bondirait pour intercepter la menace. Mais observer dans le vide afin de voir si quelque chose ou quelqu’un approchait n’était pas à son goût. Il relayait donc les tâches ingrates aux subalternes et profitait d’un moment de pause pour lire ou se reposer.
En revanche, voilà une rencontre qui était digne d’intérêt ! Autant le visiteur avait un profil des plus étranges – pour ne pas dire des plus abjectes ! – mais il se disait porteur d’un message ! Intéressant … . Le tout accompagné d’une petite blague pour ce garde qui restait en état d’alerte, et quelque peu impressionné par la Bête qui venait de se présenter à lui. Un animal de cette taille qui pénétrait dans Kirigakure no Sato, il y avait de quoi surprendre ! Mais le don de parole qui était le sien ramenait aisément le quinquagénaire à la réalité : c’était une invocation. Un Kuchiyose, soit ! Mais de qui ? De quelle nation, et qui était son invocateur ? C’était ces mêmes questions qui avaient poussé le vieux briscard à intervenir.

La première déclaration était donc certainement peu agréable. Se présentant se profil, allure noble et allongée, regard ni amical ni agressif, démontrant une profonde confiance en soi, le membre du Clan Samui se contentait de faire pendre son poignet droit sur le pommeau de son katana. Une posture à la fois décontractée, mais qui faisait clairement comprendre que l’homme était prêt à réagir à tout signe suspect. Ses yeux teinture de glace examinaient le curieux envoyé, et tombaient finalement sur le fameux parchemin. Il ne connaissait pas ce sceau, mais pas de doute que des shinobis étaient liés à cette histoire. Cependant … lesquels ?

~ Tu dis être porteur d’un message, et je suis tout disposé à te croire. Mais j’ignore qui est Habashi Zanshii, et je ne sais pas non plus de quel village tu viens … . Ne m'en veux donc pas d'être sur mes gardes ... . Dis moi clairement qui est ton maître et je serais à ta disposition.

Conservant sa posture, il avait fait un signe de tête demandant au garde de prendre du recul et de faire venir la petite troupe. Il n’y avait que peu de chances qu’un adversaire se présente de façon aussi décontractée et simple. Mais il est des temps de guerre où la prudence est mère de toutes les vies.

Seyomuri fixa le ninja de la brume de ses yeux ambrés, sa langue se déroula et se rétracta dans une succession de petits sifflements. S'il avait pu rire, il l'aurait fait. Les humains lui donnaient cet étrange sentiment à chaque fois qu'il en rencontrait un, comme une allégresse ténue. Ces créatures, aussi petites soient elles; faisaient toujours preuve d'une... certaine anxiété à l'idée de l'inconnu. Leur comportement oscillait entre le signe d'une relativement grande sagesse, et en même temps la stupidité. Bien que ce ninja semblait avoir comme son homologue écailleux une certaine expérience de la vie et donc s'approchait comme leur race, de la sagesse. A l'instar de son frère Seïansen, Seiyomuri faisait preuve d'un sens diplomate et d'une patience à toute épreuve. Ses paupières reptiliennes se refermèrent et s'ouvrirent rapidement. Il devait lui répondre et apporter tout aussi rapidement des éléments de réponse clarificateurs.

"J'aurais pu vous croquer sans que vous ne m'ayez vu m'approcher. Mais Zanshi l'Ecarlate m'a dit que vous étiez nos alliés. Vous semblez être un humain plutôt sage mais néanmoins encore ignorant du monde qui vous entoure.. Enfin. Ce message adressé à votre Kage porte des signes que vous devriez reconnaître. Une réponse doit être apportée rapidement, ne perdez plus de temps inutilement, maintenant. Siffla-t-il."

Son regard dévisageant continuait de pénétrer celui du Kirijin. Soit le ninja comprendrait rapidement l'enjeu de la situation, soit ils continueraient de s'observer mutuellement comme ça, en chien.. ou plutôt en lézard de faïence. Il comprenait néanmoins la réaction de cet homme, il devait s'assurer de la de son village, et puis de la sienne, et en théorie le fait se savoir d'où pouvait venir l'animal, et qui l'avait envoyé devrait résoudre cette première approche un peu abrupt. Fort heureusement pour le shinobi, il avait face à lui le plus calme et plus ouvert de tous les monstres de Gila, en dehors d'Orui le sage, qu'il ne verrait sans doute jamais de ta sa vie mortelle d'humain. Alors, il n'avait plus qu'une chose à faire, attendre; que le ninja réagisse, que le Kage vienne, qu'il donne une réponse, et qu'il reparte vers des terres plus chaudes et plus sèches. Tout un programme en somme.

En plus, encore pus chanceux était le Kirijin, Seiyomuri n'était pas du genre à se plaindre ou à menacer les individus. Même pour ses adversaires il avait un profond respect, qu'ils soient humains ou tout autre!

Kentaro Hattan soupira en appuyant ses pieds sur son bureau, un peu ennuyé. Que dire de plus, c’était une journée étonnamment ordinaire pour lui. Pas de princesse pour le rendre fou, pas de légende pour mettre une vie ou deux en jeu et ainsi changer les règles. Ce n’était pas loin de l’histoire des images de lui de l’autre jour… Mais ça, aucune n’envie d’y repenser… Ses pieds tapotèrent le bois du mobilier et il songea à la rumeur qu’il n’avait jamais pris le temps d’investiguer. Se redressant, l’homme se mit à fouiller celui-ci à la recherche d’un quelconque mécanisme. Presque certain d’avoir trouvé celui-ci, l’épéiste allait l’activer quand on décida que c’était le meilleur moment pour lui annoncer qu’une étrange créature géante était arrivée dans les longs tunnels, porteuse semble-t-il d’un message. Enfin un peu d’action. Il ramassa Saïtan qui se prélassait au soleil comme l’aurait prétendu Aoji… Cette femme lui manquait.

***

« Paix, Kakeshuou. »

Il posa la main sur l’épaule de l’homme plus âgé. C’était la première fois qu’il le rencontrait personnellement. On disait que le Samui avait une forte influence et un long passé chez la Brume. Il avait été gouverneur et menait pratiquement le clan par lui-même. Selon son dossier, le gris avait délaissé beaucoup de ses tâches administratives pour reprendre un rôle plus actif de shinobi. La puissance de son chakra démontrait son expérience au combat… Et sa méfiance, plus que justifiée. Cela dit, Hattan avait eu amplement temps de se renseigner à même les archives du Misuto.

« Selon nos informations, les lézards sont la spécialité de l’Écarlate. Je suis Kentaro Hattan, et c’est moi qui mène ce village. »

Sans titre officiel, vrai. L’épéiste attendait le retour de la princesse pour effectuer la cérémonie, lui qui n’avait absolument aucune idée de la façon de faire de toute façon. Peut-être que ce Samui en saurait davantage… Un homme lui tendit la fameuse lettre scellée. Il planta son arme au sol en jetant un regard aux Kirijins puis au lézard géant, avant de l’ouvrir et d’y jeter un œil.

Court message, mais suffisant pour que son sourire sympathique ne perde un peu de son éclat. Il fronça des sourcils. Étrange destin. Le sable engendrait un autre démon au dirait. Étrange pays que Suna, au dirait. Il relut deux fois pour être certain puis releva la tête en replaçant ses cheveux. Il n’avait rien à cacher aussi n’eût-il pas d’hésitation à répondre à haute voix devant ses hommes.

« Suna apporte des informations importantes, et demande ma présence à un sommet des Kages en leur village. Elle demande d’une certaine façon un cessez-le-feu en attendant que moi et les autres dirigeants se penchent sur le cas de l’homme masqué. »

Un discours répété par le Raikage dans le passé… La différence était cette fois l’intérêt pour Kiri de ne pas laisser ce Kyoshi Rei œuvrer à sa guise dans le monde. Les autres villages pouvaient brûler, mais la brume devait prospérer. Puis, c’était une bonne occasion de connaître davantage cette Habashi Zanshi. On la disait instable mentalement, capable de sauver d’une main, et de massacrer de l’autre. Manquer ça était hors de question. Puis la princesse serait plutôt contente…

« Informez que je serai présent à ce sommet. Les forces de Kiri se tiendront de leur côté du monde d’ici là. »

Et seulement ce temps-là…

Malgré son regard et ses paroles croquantes, le lézard géant ne faisait pas preuve d'hostilité franche. Mais cela n'empêchait pas Kakeshuou Samui de faire démonstration d'un profil combattif, prêt à bondir à la moindre occasion. Certains disent que l'âge fait l'expérience. Vous voulez un échantillon ? Si le moindre faux pas est fait, notre homme – tout quinquagénaire qu'il est – plongera dans la mêlée sans aucune forme de procès. Hé oui ... la sagesse a ses limites ... que tout le monde connaît, d'ailleurs ! ... .

Mais si les paroles sifflantes et hautaines du reptile n'avaient pas perturbé pour autant notre fidèle serviteur, la main qui se plaça sur son épaule le ramena à une autre réalité. Portant un regard inquisiteur derrière lui, l'ombre qui se profila lui fit relacher toute animosité, entraînant même une profonde retenue. Restant sur place pendant quelques secondes, l'injonction de paix fut suffisante pour rappeler le Jônin dans ses cordes. Effectuant un pas sur le côté pour laisser au Régent le privilège de la scène, il se contenta de frapper la paume de son poing et de s'incliner légèrement en signe de respect. Ces usages, qu'un shinobi doit à son seigneur, étaient le fumier de l'identité du vieux briscard. S'il avait lui même dépassé ses propres règles lorsque le Kaguya s'était hissé au pouvoir, il n'avait en revanche aucune animosité contre ce visage-ci. Lui témoinger son allégeance était donc tout ce qu'il y avait de plus naturel.
Obéissant, retenu, le membre du Clan Samui plagia donc l'attitude de la foule et fit preuve de patience. Plusieurs hommes de garde s'étaient rapprochés depuis le début de la rencontre, et la présence du Maître des lieux avait d'autant plus ameuté du monde. C'était donc une petite troupe de combattants qui se tenaient là, observant le Régent prendre le message et le parcourir à plusieurs reprises.

Silencieux, ne pipant pas mot, le Ninja observait les réactions du lecteur. La surprise et l'embarras semblaient clairs sur ses traits faciaux. Une mauvaise nouvelle ? Il serait fâcheux que la situation ne tourne au désavantage du Pays de l'Eau dans une ère de conflits si intense. De son côté, Kakeshuou Samui ne ferait qu'obéir aux ordres; mais il est évident que chacun a sa propre opinion sur les évènements et leur déroulement. Et en ce qui concernait le vétéran des guerres kiriennes, ce conflit n'était pas de trop.
La nouvelle d'un sommet des Kages tomba donc comme un cheveu sur la soupe, comme une couille dans le potage, bref : comme une merde ratant le fonds de la cuvette des chiottes. Si les visages alentours semblaient montrer un certain ravissement à cette nouvelle, et une nouvelle appréhension de cette réunion, seuls deux individus gardaient bien leur sentiment et leur hargne. Chacun de leur côté, le Kentaro et le Samui maugréaient cette nouvelle. Quelle foutaise ! Mettre fin à la guerre alors que nous sommes parvenus, il y a peu, à récupérer nos prisonniers ?! Depuis quand devions nous nous plier à la diplomatie internationale, et suivre le mouvement ? Certes, être absent à ce sommet reviendrait à s'isoler et à risquer une alliance de l'ensemble des autres nations ninjas. Mais il est des fois où il faut savoir résister et s'opposer aux décisions générales afin d'imposer sa volonté ! Dans ce sens, vive la Corée du Nord, quoi !

Dans ce tournant des évènements, le Lion des Neiges gardait son calme, bien que son poing témoignait ostensiblement de la façon dont il accueillait la nouvelle. Il le cachait pour autant derrière son corps massif. Et puis ... lorsque des mauvaises nouvelles pointent, de bonnes nouvelles restent visibles. En effet, le vieux soldat avait bien remarqué la réaction de son homologue. Ainsi, toi aussi tu es un guerrier dans l'âme, Epéiste mystérieux. Voilà une excellente chose pour l'avenir. Si paix il doit y avoir, ce ne sera que pour mieux préparer notre retour ... .
S'approchant de quelques pas, Kakeshuou Samui se plaçait directement sur le profil gauche de son Supérieur, afin de lui parler en catimini. Il profitait des murmures et discussions des autres soldats pour dissimuler ses propres propos de l'animal invoqué, et questionner le Dirigeant actuel.

~ Seigneur, doit-on laisser se répandre la rumeur ... . Il vaut peut-être mieux éviter toute fausse joie ou de propager de fausses informations dans le village qui saperait la motivation des troupes ... .

Attendant la réponse quelques secondes, le Lion des Neiges tournait de nouveau son visage vers le Lézard mythique. L'Ecarlate, hein ? Il en avait déjà entendu parler de ce nom, bien qu'il ne s'agissait pour lui que d'un nom légendaire parmi tant d'autres. Il n'avait jamais rencontré ce combattant, mais peut-être un jour aurait-il cette occasion. Pour l'heure, il tenait à clarifier les choses et à exprimer ses regrets.

~ Je suis navré de ne pas avoir su reconnaître la marque de l'Ecarlate. Mes excuses pour ce manque de respect, en espérant pouvoir un jour rencontrer votre Invocateur ... le tout déclaré en effectuant le même signe de respect, poing contre paume et légèrement courbé.

Hâte de rencontrer cet individu, c'est vrai. La question était de savoir si cela serait sur le terrain des négociations ... ou sur le champ de bataille.

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