Cette guerre battait son plein. De nombreux rebondissements rendaient son issue incertaine. Cela avait pour conséquences des phases plus ou moins longues pendant lesquelles les combats semblaient s’estomper et d’autres où ils reprenaient leur rythme endiablé. Pour le moment, le Seki s’était retrouvé à la frontière entre Tetsu no Kuni et Taki no kuni. Des escarmouches régulières avaient lieu entre les ninjas de kiri tentant de maintenir leur influence sur cette contrée. Ces ninjas étaient appuyés par des shinobis affiliés, les Mamoru. Ces êtres au sombre pouvoir. Ces hommes, qui avaient un fort penchant pour le combat, la guerre, le sang… Ils étaient très attirés par la mort et les lieux où celle-ci rôdait. Ce qui en faisait de parfaits alliés pour les enragés de Kiri. La plupart des Mamoru acceptaient la domination des Kiri. Chose étonnante dans un sens. Kiri avait été l’un des instigateurs de cette guerre que beaucoup considéraient comme absurde, et dont le motif était des plus risibles : libérer les pays dits neutres de l’influence des pays pays ninja. Taki no kuni, le pays de la Cascade, demeure des Mamoru, était pourtant toujours sous le contrôle des kirijins qui se disaient favorable à l’indépendance des pays neutres. Une anomalie qui n’avait pas été corrigée jusque là.

Pour l’heure, caché derrière d’épais murs d’un bastion à la frontière entre Taki no Kuni et Tetsu no Kuni, le Seki patientait. Il observait d’un regard vague ces vastes contrées du pays de la Cascade éclairées par la lumière blafarde de la lune. Ces contrées l’attiraient depuis quelques temps. Depuis ce fameux jour où il avait réussi à subtiliser des documents d’importance à cette gamine qu’il avait rencontré au détour d’une mission. Celle là même qu’il avait combattu et vaincu il y a peu. La petite en question se retrouvait présentement dans les geôles de Kumo, emprisonnée et questionnée. Mais ces détails n’étaient pas importants. Ce qui était important, c’était ces documents volés. L’attirance que le Seki éprouvait pour ces contrées était liée aux informations qu’il avait recueillies à son sujet. Il en savait beaucoup et il savait qu’à un moment ou à un autre, il lui faudrait user de ce savoir pour la grandeur de Kumo.

Tandis qu’il était encore absorbé dans ses pensées, les ninjas senseurs de Kumo sonnèrent l’alerte. Ces sanguinaires de kirijins lançaient un nouvel assaut sur ce bastion. Ce ne pouvait être qu'eux. Les hommes de Suna, trop peu nombreux et bien trop éloigné de Tetsu no Kuni ne pouvaient se livrer à pareille folie. Seuls les kirijins, turbulents voisins des habitants de Tetsu no kuni osaient s'en prendre à ce fort kumojin. Tous les hommes du pays de la Foudre se mirent dans un branle-bas de combat. Cette nuit allait être sanglante. Encore une fois…

Zennosuke se déplaça suivant les indications d’un ninja senseur. Il se dirigeait droit sur une zone où plusieurs shinobis s’étaient regroupés. Le jounin supérieur en charge des troupes de Kumo placées dans ce bastion était un homme expérimenté sachant ce qu’il avait à faire. Aucun endroit de la défense kumojin ne serait dégarni. L’utilisation des forces kumojin se ferait au mieux. A peine quelques minutes après que l’alarme se fut déclenchée, le combat s’engagea entre les forces en présence. Dur, violent, sanglant. Les forces kirijins étaient composées de shinobis téméraires, avides de batailles et de sang et très portés sur le combat. Ils étaient un peu fou sur les bords d’ailleurs. Le Seki en était persuadé. Vivre trop longtemps reclus dans leur archipel avait altéré l’esprit de ces hommes. Ils vivaient dans leur monde à eux avec leurs propres réalités et leurs propres manières d'appréhender le monde. Ils avaient leur propre façon de vivre leur contact avec "l'autre". C’était cependant tout ceci qui faisait d’eux, d’excellents guerriers, difficiles à combattre. Les kumojins quant à eux étaient puissants, courageux, solidaires dans le combat. Ils ne fondaient jamais sur l’ennemi avec le préjugé selon lequel ils étaient supérieurs. Ces deux facettes des forces en présence promettaient une nouvelle fois, un affrontement plaisant. Du moins pour le Seki...

Une trentaine de minutes plus tard, le combat était terminé. Les forces kirijins, ou ce qu’il en restait, s’étaient retirées laissant un grand nombre de victimes dans leur sillage. Haletant, les mains pleines de sang, habits troués et éraflures et coupures par ci-par là, le Seki observait d’un œil empli de haine, la retraite ennemie. Pouvait-on d’ailleurs décemment la considérer comme telle ? Ces guerriers avaient certainement eu l’occasion de satisfaire leur libido et c’est tout ce qui leur importait. S’ils se retiraient c’étaient certainement qu’ils étaient repus. Repus de sang. Leur ardeur guerrière avait été comblée face à ce qui ne pouvait être qu’un bon challenge pour eux. C’était donc ça les kirijins. Des monstres qui se cachaient derrière des apparences humaines. Car il n'y avait que les monstres qui pouvaient tuer juste pour le plaisir de tuer, faire la guerre, juste pour le plaisir de la faire...

Alors que les senseurs laissaient entendre qu’il n’y avait plus d’ennemi, l’un d’eux fit signe que non. De l’index, ce senseur, un ANBU, montra du doigt une caisse haute d’un mètre et large de plusieurs centimètres. Elle était bien trop petite pour pouvoir cacher un ninja. Alors qu’avait-il bien ressenti ? Qu'est-ce que cela pouvait bien être ?

Quelques deux secondes pendant lesquelles le temps semblait suspendu. Les ninjas en présence s’étaient tus. Plus aucun mouvement, si ce n’était le cœur de chacun battant la chamade. C’était dans ces moments là que l’homme passait de la peur au courage. Car c’était dans ces moments là que le guerrier transcendait sa peur, la surpassait pour aller de l’avant et agir selon ce que son esprit lui dictait. Le premier à réagir fut un ANBU. D’un mouvement ultra rapide, l’homme se retrouva derrière la caisse qu’il envoya bouler contre un mur d’un puissant coup de pied. La découverte de la chose qui se cachait derrière la caisse étonna tout le monde. Il s’agissait d’un rat. La bête était de taille moyenne par rapport aux autres bestioles de ce type. Ce rat jetait des regards à la fois apeurés et plein de détermination autour de lui. Du sang coulait de l’intérieur de ce que l’on pouvait considérer comme sa cuisse. Cet animal était donc blessé. Le Seki s’avança d’un pas. Il comprenait que cette bestiole était un kuchiyose. Une invocation des kirijins assurément car elle avait sa propre signature de chakra et aucun des kumojins ne l’avait jamais vu dans les parages. Pourquoi cet animal était-il encore là alors que les forces kirijins s’étaient retirées ?

C’est alors que l’ANBU qui était tout proche de la bestiole, sorti une lame de son fourreau qu’il tenait noué à sa ceinture. L’invocation remarqua immédiatement l’arme et comprit le sort qui lui était réservé. Pourtant, l’animal resta calme comme résigné. Ses yeux cependant lançaient des regards des plus déterminés. Une lueur de haine traversa ses yeux tandis qu’il fixait son futur bourreau. Cet être était plein de dignité. Au moment où l’ANBU rabattait sa lame sur la bête, le Seki fonça de toute vitesse pour contrer le katana qui comptait transpercer ce rat. Son ninja-tô se mit en opposition du katana de l’ANBU dans un tintement aiguë. Les regards des deux hommes se croisèrent tandis qu’ils se jaugeaient en termes de détermination, mais aussi de force physique, chacun imprimant toujours plus de puissance dans son bras pour amener l’autre à flancher. Un duel silencieux qui n'empêcha pas Zennosuke à passer à autre chose. Tour à tour, le regard du Seki se posa sur le rat et sur le masque de l’ANBU. Zennosuke risquait gros en cet instant précis. C’était la première fois qu’il s’opposait à un kumojin pour ce qui avait trait à la mise à mort d’un ennemi ou de ce qui semblait en être un. Pourquoi agissait-il de la sorte d’ailleurs ? Lui-même se le demandait. Qu’est-ce qui pouvait bien le pousser à se mettre à mal avec la hiérarchie ? En plus pour un simple rat ! Un léger doute s’installa dans l’esprit du Seki tandis que le jounin constatait que le regard de cet animal le troublait au plus au point. L’instant d’une demi-seconde, le Seki s’était senti proche de cet être, attiré par lui par il ne savait quelle magie…

« Laissez-moi prendre soin de cet animal. Je m’en porte garant. » lâcha Zennosuke en s’adressant tour à tour au ANBU puis au capitaine des forces kumojins.

« Zenno ! Es-tu fou pour t’opposer à un ninja d’élite ? » Lui hurla le ninja supérieur en charge de la protection de ce bastion.

« Capitaine… Je… Ai-je déjà désobei ? Ai-je déjà montré un signe de mécontentement contre la hiérarchie ? Ai-je déjà contesté un ordre ? Je… » Se mit à balbutier le Jounin. Il semblait à la fois plein d’assurance et confus. Comme si le doute s’était immiscé dans son esprit.

« Il ne s’agit pas de cela Zenno ! Nous sommes en guerre et ce rat est une invocation ennemie ! Réalises-tu ? »

« Capitaine ! Vous savez qui je suis ! Kumo a plus d’importance pour moi que ma propre vie ! Le réalisez-vous ? Laissez-moi prendre soin de ce rat. J’accepte toutes les conditions que vous m’imposerez si je peux le garder. » Le ton du seki se muait en supplication. Ce n’était pas courant. L’homme n’avait pas l’habitude de demander des faveurs encore moins aussi saugrenues que celles-ci. Tous les kumojins présents connaissaient la loyauté du Seki envers Kumo. Elle était sans faille. Chacun des soldats du Pays de la Foudre ici présent savait que le Seki n’était pas du genre à laisser ses sentiments prendre le dessus sur une situation quelle qu’elle soit. Cette demande était donc tout à fait inédite.

Le silence s’installa tandis que les acteurs en présence, mais surtout le capitaine, semblaient considérer la situation. Tous savaient que lorsque le capitaine hésitait un temps soit peu, il finissait par prendre une décision risquée pour lui-même ou le groupe. En général, il prenait toujours les bonnes décisions après un bref moment de réflexion.

« Zenno ! J’accepte ta requête. Je ne sais pas ce que tu trouves à ce rat, mais saches qu’il a été entrainé aux arts ninjass et que par conséquent, il pourrait se retourner contre toi à tout moment. Dès lors, je te détache de cette garde et te demande de te retirer à Ta no Kuni jusqu’à ce que ta situation avec ce rat soit clarifiée. Avec un peu de chance pour toi, il sait déjà parler… » laissa entendre le jounin supérieur comme pour dire implicitement, tâches de lui soutirer des informations ! Le jounin poursuivit : « Tu es interdit de Kumo jusqu’à nouvel ordre. Je ferai un rapport sur toi que je transmettrai au Raikage en personne. J’attends de toi que tu me transmettes un rapport de ta situation chaque semaine. Tu peux t’en aller… »

Le Seki regarda droit dans les yeux le capitaine. il le salua avec gratitude puis se tourna vers le ANBU. Ce dernier retira son katana de dessus le ninja-tô du Jounin. Rangeant à son tour son arme, Zennosuke fit lentement avancer ses mains vers l'animal. Les yeux du rat n'indiquaient plus la peur, mais ils ne laissaient transparaître aucune joie, aucune forme de gratitude. Au contraire, il y avait toujours cette lueur sauvage...

« Je ne veux que t'aider. Si tu me mords, je te laisse à une mort certaine. » dit le Seki au rat tandis que ses mains le prenaient par le bas, par le postérieur. Pourtant, comme s'il avait voulu le défier, comme s'il n'avait pas totalement pris conscience de la situation, le rat donna un sévère coup de dent au Seki. La chair entre la paume et le pouce de la main droite était visée. L'entaille fut profonde, tellement profonde qu'elle laissa entrevoir l'os de sa main.

Pris de douleur, le Seki lâcha aussitôt le rat qui chuta lourdement au sol en couinant à la mort. Il l'avait bien cherché. D'un coup de pied de rage, entremêlé d'incompréhension, Zennosuke accentua les souffrances de l'animal. Ce dernier se mit à couiner de plus belle. Les yeux clos et comme un rictus sur la face, cet animal avait l'air d'être en proie à de réelles souffrances. Pendant un instant le Seki n'en eut cure. Sa main laissait couler abondement du sang tandis que tout autour d'eux, les kumojins étaient morts de rire. Une scène pathétique qui donna envie au Seki de laisser crever ce crétin de rat qui n'avait rien compris de ses nobles intentions. Son regard croisa à nouveau celui de l'animal. Une fois de plus, le temps sembla s'arrêter. Les rires bruyants et mesquins des kumojins n'étaient plus que des échos déformés, devenus rauques. Zennosuke s'en moquait. Il lui semblait qu'il était à nouveau attiré par cet animal. Ce regard lui donnait l'intime conviction que ce rat et lui pourraient parfaitement se comprendre.

A nouveau, le Jounin s'entêta à venir en aide à ce rat. Ses mains s'emparèrent de l'animal qui, cette fois-ci, ne fit lui fit pas de mal. Il avait finit par comprendre, probablement aidé en cela par le coup de pied ravageur du Seki. En cet instant précis, le Jounin se redressa. Son regard parcourut l'assistance encore hilare. Non, il ne leur en voulait pas. Ces moqueries le renforçait dans son choix... Prenant congé de ses frères d'armes, le Seki se téléporta avec le rat, à Ta no kuni.

Zennosuke se retrouvait à nouveau sur le champ de bataille. Un éternel recommencement dans ce monde de combat et de haine. Mais rien n’entamait sa détermination à lui. Chaque nouvel affrontement auquel il participait, était une nouvelle opportunité de se prouver à lui-même sa détermination sans faille à accroître la grandeur de son village. C’était ça qui maintenait en vie le Seki, combat après combat. Il se battait non pas pour sauver sa misérable vie, mais pour un idéal qu’il estimait bien plus grand : Kumo. Dès lors, comment voulez-vous qu’il puisse souffrir la défaite ? C’est donc de victoires à nuls que le kumojin concluait tous les affrontements auquel il participait… Seulement, ce soir-là… Tout avait été différent.

Pour la première fois, le Seki avait vu sur le champ de combat un shinobi d’une puissance colossale. Un shinobi, c’était vite dit. Il s’agissait plutôt d’une kunoichi. Une femme aux yeux rouges et aux cheveux noirs. Telle une furie, elle s’était mise à déclencher les éléments tout autour d’elle ravageant sans compter alliés et ennemis. Le bilan à la fin du combat avait été lourd et let Seki, pour la deuxième fois depuis le début de cette guerre, le kumojin s’était retrouvé sans chakra, complètement hors combat. Pendant plus de cinq minutes, il n’avait pu bouger le moindre petit doigt, inconscient qu’il était lorsque la furie s’approchait de lui. Cette folle furieuse que les kirijins étaient allés chercher on ne sait où, s’amusait à présent à transpercer au cœur, de sa longue lame ensanglantée, tous les corps qu’elle trouvait sur sa route. Les uns, après les autres, sans distinctions et avec un sang froid à faire frisonner un psychopathe… Lorsqu’elle arriva au niveau du Seki, sa main se leva sans émotions au-dessus du corps de ce dernier pour ensuite... s’abattre sur le sol. Le Jônin avait disparu dans un nuage de fumée au dernier moment !

Zennosuke se réveilla deux jours après cet événement. Son chakra avait été au plus bas, et, cela cumulé à ses nombreuses blessures, son corps l’avait tout bonnement « déconnecté » de la vie. Oui, un coma. Un coma d’un peu plus de 48h qui lui avait permis de se refaire. Au bout du compte, c’était mieux ainsi. Il avait échappé à une mort certaine. Il avait échappé à cette femme. Avec le temps, le Seki appris qu’il avait eu affaire à une Mamoru. Une fidèle alliée de Kiri qui se subjuguait dans le combat. Une véritable bête de guerre qui n'avait que pour seul leitmotiv, le meurtre et l’assassinat.

Zennosuke se retrouvait dans un somptueux palace. Les murs énormément haut, comme s’il s’agissait de la demeure d’un titan. Du marbre, de l’or, du diamant à perte de vue. La pièce où se trouvait le Seki était propre, très propre. L’endroit était éclairé par des bougies. Cet endroit inspirait le respect et l'humilité. Assurément, le kumojin se trouvait dans une demeure de grand roi. Entendant un petit bruit, le Seki tourna la tête vers la gauche et c’est là qu’il tomba sur deux yeux qui le regardaient avec intérêt. Ces yeux, il les avaient déjà vu quelque part… Oui c’était bien ça, il s’agissait de lui, ce fameux rat aux allures distinguées : Ebla.

Au bout de quelques secondes de silence, le rat coupa court à la gêne qui semblait prendre place entre le Seki et lui. Une discussion s’engagea entre les deux êtres. Une longue, patiente et animée. L’un et l’autre s’étaient manqués à priori. Plusieurs minutes d’échanges permirent à Zennosuke de répondre aux questions cruciales qu’il se posait à cet instant précis. Il se trouvait dans la demeure du roi des rats et Ebla était un de ses fils direct le 148ème dans la hiérarchie. Il était un rat entraîné à la vie de la Cour, ce qui expliquait ses allures princières, mais c’était surtout un combattant, chef d’une unité guerrière de près de 500 de ses congénères tous initiés à un niveau plus ou moins avancé, aux arts ninjas. Son niveau devait être un peu inférieur à celui de Zennosuke, mais pas de beaucoup. Sa spécialité restait néanmoins l’infiltration et la traque.

Le Seki fut sauvé par ce rat qu’il avait lui-même sauvé de la mort il y a quelques semaines. Il avait été scellé et invoqué ici même sur cette place inconnue du monde des humains. Un ensemble de galeries creusées dans la plus grande montagne du monde : le pays des rats Ishibuki. Pendant une semaine, Zennosuke resta là à se faire soigner par les rats médecins du coin. Il y découvrit une civilisations qui jusque-là lui était totalement inconnue. Ebla lui présenta tous ses frères ainsi que son père et sa mère.

Le Jônin apprit que toutes les êtres que les humains considéraient comme des invocations, provenaient d’un endroit. Le plus souvent, il s’agit d’une monde tout aussi structuré que celui des ninjas, mais avec beaucoup moins de conflits. Les animaux ont cette avance sur les humains de se battre que lorsque c’est une question de survie. Cela leur évite bien des conflits inutiles…

Au bout du 6ème jour, Zennosuke appris qu’il pourrait conclure un pacte avec la lignée des rats Ishibuki. Ebla allait le lui enseigner le 7ème jour...

Et le 7ème jour arriva. Le Seki était tout excité. Ses blessures s’étaient résorbées et à présent, il était totalement remis de son combat. Son chakra était à son maximum et il avait la parfaite sensation d’être en pleine possession de ses moyens. S’étant rhabillé en prenant le soin de porter son uniforme Jônin, encore déchiré, mais lavé et parfumé par les rats Ishibuki, le kumojin rendit une visite au roi, maître des lieux. Il devait faire jour à l’extérieur. C’était ce que supposait le Seki, quoiqu’il n’en avait aucune preuve, puisqu’étant sous terre dans un lieu magnifique, mais clos. C’est une fois arrivé devant le roi des rats Ishibuki, que le Seki remarqua Ebla. Il était assis à côté de son père. Bien entendu, la différence de taille était astronomique. L'un était géant, cette immense demeure de titans étant faîte pour lui. Pourtant, cela ne semblait pas le gêner. Il gardait toujours son maintien altier. Après un rapide échange, Ebla décida de commencer l’entrainement. Mais avant tout un curieux rituel commença.

Les rats Ishibuki apportèrent un grand rouleau de parchemin qu’ils déroulèrent offrant le contenu à la vue de tous. Des écritures bien visibles remplissaient la partie supérieure du parchemin. Des signes ou plutôt des représentations de mains exécutant des mudra étaient dessinées ainsi que des formes artistiques de rats. La langue véhiculée par ces mots était inconnu au Seki, ce qui le poussa à poser un regard interrogateur sur Ebla. Ce dernier eut vite fait de lui résumer la contenance du document. Il s’agissait au départ d’une histoire qui était racontée. Une histoire entre le premier ninja qui s’était allié aux rats Ishibuki. Puis ensuite Ebla expliqua comment c’était déroulé le pacte qui les liait, qu’elles en étaient les incantations et quel était le prix à payer… En regardant les nombreux dessins sur le parchemin et les traces de sang à la fin de ce document –qui paraissait infini d’ailleurs-, le Seki remarqua de petits cercles contenant des traces de sang encore rouge ou desséchées. Il comprit quel était alors le prix à payer et il comprit que le sang encore frais était le lien qui unissait les rats Ishibuki à des shinobis encore vivant.

« Ebla, où ton ancien allié à-t-il laissé sa trace ? » Demanda Zennosuke d’un ton interrogateur. Il aurait souhaité savoir est-ce que ce sang était toujours rouge. Ebla demanda alors aux rats gardien du parchemin des pactes de dérouler encore plus loin le parchemin. Tout au bout, le Seki se vit indiquer une tâche desséchée, indication que cet homme était mort. Les yeux du kumojins rencontrèrent alors ceux du rat.

Automatiquement, l’homme comprit que le kirijin, ancien allié d’Ebla, avait trahi sa parole. Il en était mort. De quelle façon ? Quelque chose disait au Seki que c’était inutile de demander.

C’est alors qu’Ebla indiqua un cercle vide au Seki. Il s’agissait du tout dernier de la chaîne, quoique il restait encore de l’espace dans le parchemin pour matérialiser d’autres cercles. Ebla souhaitait que le Seki se morde le pouce jusqu’au sang, ou déchire tout autre partie de son corps de manière à ce que son sang coule sur ce parchemin. Une fois cela fait, son sang serait mélangé à celui du grand roi Ishibuki de manière à ce que le Seki pactise avec tous les rats de la lignée Ishibuki. Ainsi lorsqu’il invoquerait un rat, selon ce qu’il a en tête et selon la disponibilité des rats combattants, l’un d’entre eux se pointerait. Tout résultait dans la pensée au moment où le shinobi réalisait les mudra pour apposer le sceau d’invocation sur la surface désirée. Si le ninja pensait à invoquer un rat senseur, alors c’est un senseur qui viendrait. S’il pensait à un rat combattant, c’est un combattant qui viendrait à lui. Et s’il pensait à un rat spécifique, ce serait ce rat là qui viendrait à son secours, si bien entendu, il n’avait pas été appelé ailleurs. Le pacte ne se limitait cependant pas à ces seuls aspects. Il fut clairement signifié à Zennosuke que lui aussi pouvait être invoqué par les rats à tous moments. Compte tenu qu’il était seul, il ne pouvait refuser. Son rôle à lui était de protéger le peuple des rats Ishibuki jusqu’à la fin de sa vie et au péril de sa vie. Car voyez-vous, il s’agissait d’un pacte de sang.

« J’accepte toutes ces conditions Ebla. » lança alors le Seki d’un ton solennel. Il mesurait l’impact de sa décision à cet instant là. Mais il savait qu’il ne le regretterait jamais. Ebla avait été là pour lui sauver la vie. Et en tant que senseur, ce dernier pouvait lui être fort utile dans sa vie de ninja. En échange, il avait à protéger la lignée des rats Ishibukis contre tout type d’envahisseur. Qu’avait-il à perdre ? Pas grand-chose ! La plupart des hommes ignorent jusqu’à l’existence des rats Ishibuki. C’est alors que le rituel commença.

Le Seki se mordit violemment le pouce grimaçant sous l’effet de douleur. Il s’arracha une bonne partie de chair, encore novice dans cet art de l’auto-cannibalisme. Le sang se mit rapidement à perler le long de son doigt. Sans attendre, le Jônin apposa son doigt blessé sur le cercle indiqué, puis, lorsqu’il jugea qu’assez de sang avait été donné, il retira son doigt. Aussitôt, une curieuse réaction se vit ressentir. Le sang occupa soudainement l’entièreté de la surface intérieure du cercle avant de revenir à petit espace qu’il avait imbibé. Zennosuke leva alors des yeux interrogateurs vers son ami Ebla. Ce dernier lui sourit et le remercia pour la quantité de sang qu’il avait laissé. Il expliqua à Zennosuke que la quantité de sang déposée par un ninja laissait présager de sa détermination à respecter le pacte qu’il signait. Dès lors, il apparaissait à tous que Zennosuke serait un fidèle compagnon. A ce moment là, le roi des rats émit un couinement rauque (sisi c’est possible) de satisfaction. Par la suite, les rats approchèrent le parchemin de lui et lui percèrent d’un katana un des doigts de sa patte. A son tour, le souverain des rats Ishibuki déposa à son tour son sang sur le parchemin, à l’endroit même où Zennosuke avait laissé son empreinte. La même réaction que précédemment fut distinguée.

C’est alors qu’Ebla en passa à la pratique. Il expliqua verbalement au Seki quelles étaient les mudra à accomplir, leur ordre d’exécution, et comment se présentait le sceau d’invocation spécifique aux rats Ishibukis. Puis il lui montra à nouveau les représentations qui montraient tout ce qu’il avait expliqué, mais sous forme de dessins. Un dessin vaut mille mots avait dit un ancien de notre monde. Il n’avait pas tort… Le Seki comprit mieux à quel type de sceau il avait affaire. En tant que spécialiste en fuinjutsu, il s’y connaissait plutôt bien en la matière. Sans tarder, le Jônin s’y essaya :

Chien, lièvre, singe, bœuf, sanglier, coq, sanglier à nouveau et rat puis apposition du sceau.

Puis un petit nuage de fumée s’éleva à l’emplacement où le Seki venait de poser sa main et où il avait apposé le sceau… Ebla venait d’être invoqué. Interloqué et à la fois fier de lui, le Seki regarda l’endroit où se trouvait ce rat avant sa tentative et une fois qu’il eut réalisé le jutsu. C’était effectivement Ebla que le Seki avait souhaité invoqué et c’était bien lui qu’il avait réussi à faire venir.

« Tâche de ne pas oublier le sang. Il faudra user de ton sang, du frais bien entendu, pour invoquer l’un de nous. » Lui répondit Ebla d’un air fier. Ce rat le savait, tous d’eux étaient liés à présents.