Les mille questions | Le Roi |

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Jour de pluie, encore, quoi de plus normal au pays de l'eau de toute façon, cette dernière ne m'avait jamais gênée, elle ne perturbait aucun kirijins digne de ce nom de toute façon. Qui plus est, j'étais arrivée et maintenant à l'abri sous une tente, non pas sans avoir passé le regard suspect et ricanant de mes confrères au campement. Rien à cirer. J'agitais les cheveux du roi...

~ Ne fais pas semblant, je sais que tu m'as senti arrivé de loin.

C'était un poste avancé, comme beaucoup dans Mizu no kuni en ce moment, il n'avait pas été difficile à trouver, j'avais fait le point dessus avec l’intéressé. La question alors qu'est-ce que je faisais là ? J'anticipais cette question, gentille comme j'étais...

~ Le temps était orageux, je me suis dit que cette mission de rang au moins triple « s » était une évidence, tu vois tu n'as même plus besoin de les ordonner.

Quelle garde du corps d’exception, vraiment... Encore que le temps ne jouait pas le jeu, pas d'orage, juste la pluie. Sur ce je m'installais, car après tout...

~ C'était pas fermé, tu m'en veux pas... ?

Le tout avait un air de déjà vu, j'étais venu aborder les sujets qui fâchent ? Difficile à dire, en tout cas, je ne passais pas par quatre chemin, droit au but, à peine le temps d'un salut d'un regard pour Saïtan.

~ Je suis venue parler de la capture de Teichiro, tu t'en doutes sûrement, mais j'aimerais un tête à tête privée avec la bête. Tu veux bien ?

Même si il ne voulait pas, je l'aurais quand même, d'une façon ou d'une autre, je ne m'en faisais pas pour ça, je venais plus l'informer qu'autre chose, mais ça il le savait déjà. J'étais une princesse capricieuse, il ne pouvait se plaindre qu'à lui, tant que je ne tardais pas à me plaindre de l'inconfort du lieu.

~ C'est assez spartiate pour un Kage, prévois plus de place la prochaine fois, mon poids menace de me faire basculer vers le sol.

Je riais et ne mentais pas, bien que cette position de côté palier au problème sans trop de souci, je me plaignais pour la forme, qui plus est, ce n'était pas là les seuls désirs dont je venais lui faire part, loin de là, mais chaque chose en son temps. J'avais retenu la leçon, il n'y avait pas de mauvais temps pour sortir et en terrain neutre, on risquait moins de casse dans la citée pour le cas où Saïtan aurait à nouveau envie de jouer. A ne pas en douter, je comptais bien la faire ressortir, histoire de ne pas me contenter que son souvenir, la question là encore, quand ? Décidément c'était le jour des interrogations.

Il n’avait pas besoin de reconnaître la voix ou même d’utiliser son chakra pour reconnaître la main dans ses cheveux. Il n’y avait qu’une seule personne qui puisse oser le faire.

« J’ai eu le temps de me préparer mentalement à ton arrivée, en effet, Princesse. »

Hattan portait sa veste de shinobi aujourd’hui, son petit signe personnel indiquant qu’il était au boulot, pas que ça change grand-chose avec la Kaguya. Devant lui, divers plans et cartes, encore davantage de dossiers et ce genre de chose. Elle entra dans la tente et ferma derrière elle pour ne pas laisser la pluie entrer. Du moins, c’est ce que Hattan voulait croire. La vérité était bien plus simple : elle voulait qu’on la voie faire ça. Étrange créature.

« …Ce qui n’est pas verrouillé est à toi ; ce qui n’est pas interdit, est permis. »

Il lui jeta un regard et Saïtan cliqueta sa désapprobation, accrochée à son dos. L’épéiste alla s’asseoir à ses côtés et entrepris d’essorer la longue crinière blanche de la femme pendant qu’elle parlait. La princesse avait dû rapidement comprendre que l’homme détestait se tourner les pouces inutilement. Puis, leur relation avait quelque peu changé depuis la nuit de la dernière fois. Pas positivement sur tous les sujets, cela dit.

« Avec tout ce qui se passe, il est ironique pour moi de réaliser que je n’ai pas pu m’occuper de cette affaire. On croirait que cet homme, qui a botté ton derrière si facilement, aurait plus grande place dans mon esprit. »

L’eau coula entre ses doigts alors qu’il réfléchissait. Tellement d’ombre subsistait dans cette affaire… Le démon cendré avait toutes les raisons d’en vouloir à Kiri ; cela dit, il n’était pas reconnu pour un massacre si gratuit de civils… Hattan l’aurait davantage imaginé s’attaquant à des shinobis, pas des humains sans défense qui n’ont eu aucun rôle à jouer dans son passé.

« Le Samidare sera un grand atout pour Kiri. Il entretient des relations avec certains villages et détient le secret d’un des clans les plus puissants et utiles de notre temps. Je ne veux pas lui donner trop d’attention ; il ne serait pas surprenant que sa manœuvre ne soit un piège. Le temps viendra où nos destins se croiseront, mais… Toi, pourquoi veux-tu le voir ? Hormis le fait que tu n’aies plus les accès nécessaires vu ta rétrogradation. »

Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il avait déjà accepté sa requête et tentait uniquement de satisfaire sa propre curiosité. Il replaça sa tignasse en roulant des yeux devant les plaintes de la Kunoichi.

« Je n’avais pas prévu ton poids dans l’équation quand on m’a demandé de quoi j’avais besoin. Peut-être aurais-je dû ? »

Il regarda à nouveau les plans même si l’intérêt n’y était plus.

« Tu aurais pu me demander ce genre de truc avec un lettre ou autre. Est-ce qu’il y a autre chose que je puisse faire pour toi, Princesse ? »

Puisqu’elle en était à demander, pourquoi s’arrêter sur un si beau lancé. Une princesse pouvait se montrer bien plus royale que ça. Il lui jeta un regard. Le bleu de ses prunelles ne décevait jamais.

Les siens non plus.

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Il n'avait pas faux, j'avais prit une sacrée fessée, je ne niais pas, mais inutile de me le rappeler...

~ Moi au moins, j'étais là.

Et un souffle de ma part sur son minois faisait voler quelques mèches. Une façon de dire qu'il était agaçant. Ça aussi il le savait déjà et sa curiosité ne m'étonnait pas, sa dernière question en revanche me laissait perplexe, j'arquais un sourcil pourquoi venir en personne ? Bah c'était tellement plus amusant...

~ Je suis en convalescence je te rappelle, je m'occupe comme je peux et en ce qui concerne le Samidare, je ne comprend pas son comportement, Tenzö en parlait comme homme qu'il admirait. Il n'y avait rien d'admirable dans le regard de l'homme que j'ai croisé ce jour-là. Que la haine et le chaos, ce serait-il perdu... ?

Je posais la question pour moi, je me doutais bien qu'Hattan n'aurait pas les réponses ou même qu'elles ne intéresseraient pas, qu'il soit utile à Kiri m’importait peu, ça c'était le travail du Kage en face de moi, un chez qui je reconnaissais cette veste... Je faisais la moue en la voyant et mon humeur changeait en perdant sa légèreté, je n'avais pas oubliée l'humiliation. D'un revers de ma main je chassais les siennes de mes cheveux, foutu Kage.

~ Y a pleins de choses en vrai, tu ne m'as toujours pas confirmer le sauvetage de Yuki, ni garanti quoi que ce soit la concernant. Pourtant reconnais que mes efforts envers toi son conséquent. D'une autre part, je suis venue te parler du Misuto entre autre, je ne veux définitivement pas de ce fardeau et pour finir je veux parler de Tenzö.

Autant dire que tous les points ou presque y était, une véritable emmerdeuse à ne pas en douter et j'allais commencer par le dernier, un sujet sensible à ne pas en douter, pourtant je promettais de ne pas m'énerver, mais allais-je m'y tenir ?

~ Tu as dit le Kaguya mort, mais il vit, son corps du moins, c'est un affront qui le déshonore bien plus encore que moi. Là encore je t'informe, je vais te servir sur autant de plans qu'il faudra, mais quand tous les miens seront rentrés et en sécurité, tout comme Kiri, la kunoichi restera à Kiri quand la femme partira réparer l'affront d'une façon ou l'autre.

Je ne cherchais ni son accord, ni qu'il comprenne, on ne pouvait pas avancer sans but, c'était ce qu'il avait dit, moi je pouvais pas le faire avec des chaînes, je ne pouvais pas le faire sans respecter ma façon de voir les choses. Je ne pouvais me résoudre à abandonner un des miens, vivant, mais mort, chaque souffle dans sa cellule était une insulte à mon existence, je devais réparer à un moment ou un autre. Néanmoins je ne voulais pas être une traîtresse, puis de toute façon...

~ Nous n'y sommes pas encore.

Et qu'importe le reflet doux ou brute dans ses yeux, c'était le même bleu, un qui ne mentait pas.

~ Mon intérêt pour Teichiro a avoir avec ça. Mais tu l'as déjà compris n'est-ce pas ?

Le ton de la femme était presque aussi froid que la pluie qui tombait dehors, et sans doute bien moins agréable. Hattan s’efforça de garder son calme. Il pouvait comprendre une partie de sa répartie : il la gardait dans l’ombre sur bien des sujets. La princesse avait été habituée à avoir beaucoup d’informations, souvent privilégiée, de par sa position auprès de l’ancien Mizukage. C’était encore une sorte de test pour savoir jusqu’où elle pouvait avancer.

« Pour une princesse en convalescence, je trouve que tu as repris du poil de la bête. Je ne comprends pas davantage le démon cendré que toi. Et il faut se méfier de ce qu’on ne comprend pas. Tenzô avait raison de l’admirer. Mais Tenzô est mort. »

Il n’avait pas d’autre façon de le dire, alors il préféra jouer franc-jeu avec elle.

« Fais ce que tu as à faire, Princesse. File là-bas et donne à Myakudou On’ un autre otage. Découvre que tes efforts ont été vains quand tu verras que la maladie a progressé dans le corps de celui qui partageait tes jours. Si la femme va là-bas, je perdrai la Kunoichi ici. Le Mizukage ne peut pas prendre un tel risque sans raison valable. Mais…»

Il soupira un peu en s’appuyant contre le pilier de la tente effectivement fragile. Le vent s’était levé dehors et secouait le tissu imperméable de l’habitation. Il lui attrapa la main quand elle voulut écarter les siennes. Croyait-elle s’en tirer si aisément.

« Je ne prétends rien comprendre, Princesse. Je n’ai jamais perdu personne, car je n’ai jamais eu personne. Je n’ai jamais vu personne mourir, je n’ai vu que des inconnus disparaître dans les ombres des routes. Et sans doute ferais-je comme toi si je connaissais autre chose. »

Il avait du mal à saisir l’émotion de la princesse. Était-elle en colère, ou encore triste ? Exaspérée, ou désespérée ? L’épéiste devait se rendre à l’évidence : plus il la connaissait, moins elle était limpide, et son imprévisibilité jouait contre lui. Hattan libéra sa main tout en soutenant son regard perçant et inquisiteur.

« Tes raisons pour parler à Teichirô sont les tiennes. Ne t’attend pas à ce que je retienne. Mais prend garde : car cet homme est une faille bien plus profonde qu’on ne puisse le croire. »

Il se releva et alla fouiller dans les dossiers sans empressement. Le poids de cette journée augmentait de moment en moment.

« Je ne savais pas qu’il fallait tant d’efforts de ta part pour traiter avec moi. Quoiqu’il en soit, je n’ai pas confirmé l’opération car je n’ai pas eu avant tout récemment une confirmation de données capitales à la réussite du projet. Peut-être verras-tu une raison de me donner encore un peu de ton attention. »

Avait-il tout prévu ? Le destin parlerait pour lui-même.

« Yuki et Kyoji seront transférés vers Konoha. Nous frapperons entre les deux. Tu auras ta liste de nom aux derniers moments, de même que les coordonnées. Cependant, ta tâche sera différente de ce que je pourrais te dire dans le futur. Je le ferai pour brouiller les pistes. Mais tu agiras autrement, Princesse. »

Il approcha sa main de l’oreille de la Kaguya avec un petit sourire et produisit une lettre cachetée comme un petit tour de magie.

« Lorsque tu auras récupéré Yuki, renvoie Kyoji à moi. Mais toi et elle, vous irez ailleurs… À Konoha. Là, vos assignations changeront. Tu sais très bien quelle sera ta tâche, parce que c’est celle qui semble être si importante pour toi. Yuki, elle, suivra les instructions de cette lettre. »

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Il avait toujours les mots les plus parlant avec moi, c'était contrariant, il faisait mouche et certaine chose dite de lui étaient bien pire que le contact qu'il m'avait offert avec Saïtan, le jour où elle avait pris mes doigts. Il disait ne pas comprendre et en toute franchise je ne le comprenais pas non plus, celui que je voyais comme la muraille bloquant ma route me créait des portes pour les passer à ma guise. Mais non, en fait ce n'était peut-être qu'à la sienne. Muette, sans aucun doute il avait fait claquer mon clapet et comme toujours eu le don de me perdre et maintenant ?

Je le regardais soupirer en baissant les yeux vers les papiers sur sa table, maudit Hattan qui savait voiler le Kage, le pire il avait sûrement raison, ça m'agaçait, mais peut-être pas autant que le reste, il m'avait anticipé faut-il croire ou alors je m'étais leurrée. Je détestais cette sensation là qui m'envahissait une seule phrase, plus que le reste m'avait remise à ma place et je regrettais.

~ Je te souhaite de ne pas connaître la perte.
Ni plus, ni moins, car pire que le poison du doute, elle faisait perdre la raison même au plus froid d'entre nous. Je ne comprenais pas ce que Yuki venait faire dans l'histoire concernant Konoha, encore que tout avait commencé avec elle, mais n'était-ce pas trop lui demander ? Trop à peine libérer, à moins qu'il ne se débarrasse de nous, il m'inquiétait, tout puissant qu'il était et ça me rendait farouche, mais je ne voulais pas l'être. Cette fois c'était moi qui soupirait, il m'emmenait dans un terrain que je ne connaissais pas, pas étonnent que je ne sache pas naviguer.

~ Pourquoi tu fais toujours autant de mystères ? Par manque de confiance ou bien ? Si tu avais depuis toujours cette idée là, pourquoi n'as-tu laissé dans le doute du sort de Yuki ? Tu es un homme bien cruel tu sais Hattan.
Il ne pouvait pas dire qu'il ne savait pas, même son dossier avait dû l'informer de ça, elle était beaucoup pour moi cette princesse des neiges qu'on m'avait volé. J'en avais marre qu'il m’inquiète, je voulais qu'il me rassure, mais il ne comprenait décidément pas ou alors si, mais il voulait m'obliger à le dire. Mon regard me portait sur Saïtan qui n'aimait pas bien mes aises avec son maître, j'allais lui donner une nouvelle raison de râler en posant une tête trempée sur une épaule sèche, même elle pourrait profiter de cette fraîcheur pas très agréable. Aujourd'hui je ressemblais à cette action là parfaitement, j'étais aussi une princesse cruelle, on faisait la paire.

~ Mais je suis bien plus cruelle que toi parfois n'est-ce pas ? Je t'ai déjà dit que la Kunoichi ne te supporterait jamais, tu la prives de ses habitudes.

L'évidence fut là.

~ Comme tu disais vrai quand tu me suggérais de ne pas rentrer en cas d'échec, c'est simplement que je mourrais là-bas ? Mais la présence de Yuki me rend cette fin insupportable.

Puis une question brûlait mes lèvres et comme toujours ma langue trahissait ma pensée.

~ Tu y perdrais quelque chose Hattan ?
La réponse n'était qu'une question de point de vue, la question, avions-nous le même ? Je regardais Saïtan et elle je savais ce qu'elle aimerait y gagner, désolée, elle n'était pas prête de finir de se faire évincer.

« Je n’aime pas les mystères. Mais on pose rarement les bonnes questions. »

Il eut un sourire contraint et baissa les yeux quelques instants. Hattan savait l’importance de Samui Yuki pour la princesse, et son empressement pour la sauver. Mais la seule façon pour lui de fonctionner, de garder le contrôle, était de jouer le jeu à sa façon. La princesse savait pertinemment qu’il y aurait toujours une frontière entre le Kage et l’homme derrière la robe officielle. On pouvait toujours tenter de jongler entre les deux et vivre un rêve, mais le Kentaro n’était pas de ce genre. Et à bien y penser, elle non plus.

« Je suis désolé. Vraiment. Mais tu sais que c’est nécessaire. Nous sommes shinobis. On a oublié que la cruauté était notre métier…»

Elle posa sa tête sur son épaule, et le froid qui frôla sa joue le fit un peu sursauter. Cette femme avait la particularité de passer d’un état à un autre sans même y penser. Hattan remit sa main dans sa longue crinière pour la lisser, à mi-chemin entre la caresse et l’action distraite.

« Je crains qu’on ne soit tous forcés de changer nos habitudes un jour ou l’autre. Comme la route, le paysage est toujours en changement. Il faut s’adapter. Mais la Kunoichi est indomptable. Par chance, le Kage est encore pire. »

Sa voix fut comme un murmure contre son oreille et il lui jeta un long regard, océan contre profondeur turquoise. C’était une étrange question de sa part. Ce moment était aussi bon qu’un autre, au final. Alors il resta simple comme sa propre nature le voulait. Il mit la main sur sa joue et l’embrassa avec simplicité. Et voilà c’est fait. Il se retira à l’affût d’une gifle ou autre, mais son visage garda sa moue moqueuse. Il garda la main dans ses cheveux.

« Tu mourras là-bas si c’est ton destin. Tu crois que je crée un nœud entre le sien et celui de Samui Yuki, mas c’est faux. J’attends de toi que tu l’aides à choisir son propre chemin. Je sais que tu tiens à elle. Comme je t’ai dit, je n’ai jamais connu la perte. Mais je pense pouvoir la ressentir à travers les autres. Fais ce que tu as à faire. Il n’y a quelque chose de pire pour moi que la mort, tu sais, Princesse. »

Il pointa tous les plans, les cartes et les instruments.

« L’inaccompli. Si je dois partir, j’aimerais le faire en sachant que je suis allé aussi loin sur la route de ma vie que possible. La tienne passe par Konoha, tu dois donc y aller. Mais n’oublie pas ceux qui t’ont permis de te rentre jusqu’ici, et jusque-là. Tes amis, ta famille. Ton cœur. »

La Princesse avait raison de croire qu’il est douloureux de perdre ce que l’on a. Mais que fait-on lorsque, comme Hattan, nous n’avons jamais eu personne ?

Mais est-ce encore le cas désormais ?

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Le changement et l'adaptation, c'était exactement ça, malheureusement, j'avais l'impression que mon monde changeait souvent trop vite, avant même que je n'ai eu le temps d'en profiter. C'était aussi frustrant qu'angoissant, mais sans raccourci pour éviter cette longue route hasardeuse, mais heureusement, durant les longs parcours, il y avait toujours les pauses. Aujourd'hui, celle-ci s'annonçait à nouveau dans mes cheveux, le premier signe du premier arrêt, peut-être comme forcer par la pluie par exemple. C'était cette dernière ayant trempée mes cheveux qui l'avait fait sursauter et ma seule réponse à ça restait un sourire amusé, il ne s'y attendait pas... ? Un partout, je ne le voyais pas non plus dans cette suite qui frôlait de si près mon visage, il n'était pas le premier a osé, mais peut-être le seul qui ne m'inspirait pas immédiatement une envie de l'empaler.

Je gardais un sourcil arqué alors qu'il me narguait de sa moue, non pas sans se montrait prudent, l'homme n'avait pas toutes ses aises, hésitant il n'en était que bien plus amusant. Moi aussi je savais être moqueuse et le bout d'un doigt essuyait un coin de ses lèvres, pourtant il n'y avait rien à ôter, d'autant qu'il continuait à parler, reprenant comme si de rien était. Étrange parenthèse que c'était accordé le Kage, il ne fallait pas chercher plus loin pour moi et les deux enfants de l'armée de Kiri reprenaient là où ils en étaient.

~ Je partage ta vision, le surplace me rongerait, j'ai besoin de toujours avancé, mais ça tu l'as compris pas vrai ?

Ma tête reprenait sa place, sans déranger ce qu'il faisait, ça ne changeait rien au fait, que la vie de ma sœur restait en danger et maintenant une balance sur mon cœur se faisait. Ne serait-ce pas m'aimer plus moi qu'elle que de l'importer dans ma cause à ses détriments ? D'une autre part, j'avais l'aval du Kage... ? Mes sourcils se fronçaient quand mon menton se relevait pour retrouver son reflet bleuté.

~ Hattan, je t'avais que je suis perplexe, si Konoha découvre les deux kunoichis de Kiri, tu ne crains pas des soucis en conséquence ? Que ça te retombe dessus... ?

Après tout nous étions en guerre, mais tout de même, pire que Konoha, comment Kiri acquiescerait ce genre de décision si elle l'apprenait ? Mal à ne pas en douter. Comment la justifierait-il ? Mais mon air s’adoucissait, il n'était pas le genre d'homme a se justifier, le temps dirait si ça lui ferait défaut ou non. Restait néanmoins qu'il n'avait pas répondu à mon ultime question ou peut-être c'était des mots qu'il n'avais pas voulu placé, qu'importe, cette fois c'était lui qui ne s'en tirerait pas aussi simplement. Faire comme on faisait n'était pas péché.

~ Hum, il m'avait semblé pourtant avoir posé la bonne question, mais tu n'as pas répondu. J'en conclurais qu'il vaut mieux que je connaisse pas la réponse. Je respecte, donc je n'insisterais pas.

Étrange mot quand il sortait de ma bouche... Il sonnait faux. Je soupirais en croisant les bras, je n'avais pas vu Saïtan s'agiter, était-elle fâchée à ce point ou satisfaite à l'inverse ? Fichue reine.

~ J'espère que nous partirons bientôt, à mon retour, il y a deux-trois petites choses dont j'aurais à te faire part, car non, je n'oublie jamais rien.
Nous avions tous nos rituels et j'en partageais un en décrochant la fleur étrange qui trônait dans mes cheveux, ils sécheraient mieux, pas seulement. Je m'étais à sa vue l'intérieur des pétales artificielles gravées, trois noms seraient facilement reconnaissable pour lui, ses trois prédécesseurs. Dans l'autre, je les pointais du doigts...

~ Tu vois il est devenu mon père et à construit les bases de ma vie -Shinichi était écris-. Il a fait de moi la kunoichi qui ne se limite pas à ceux qui pense pour elle, il a été mon mentor -Yoru était écris-. Il m'a mise dans son lit et bientôt j'irais prendre sa vie -Tenzö était une des cinq pétales-.

La dernière affirmation me décrochait un rire plaisantin, pourtant je ne l'étais pas tant que ça, les deux autres aussi avait marqué ma vie, mais il ne les connaîtrait pas, tous avaient un point commun alors que je laissais la fleur au bon vouloir de sa main.

~ C'est mon monument aux morts, le souvenir de mes bases, je n'oublie jamais rien, j'aimerais autant que tout comme Yuki tu n'y apparaisses pas. De plus, j'ai hâte de savoir quelle pierre tu apporteras à mon édifice. Tu vois, je ne suis pas si ingrate qu'on pourrait le croire et toi ? As-tu un édifice que tu veux qu'on t'aide à construire... ?

Respecter, certes, lâcher le morceau...

« Oui je l’ai vu. Nous avançons. Mais le chemin… »

Elle voulait savoir ce qu’il avait à perdre dans tout ça, et le Kentaro ne savait pas comment réagir. Quoi répondre. Il restait beaucoup de portes entrouvertes chez la femme, et Hattan n’osait pas y avancer de peur d’y fonder un édifice fragile, qui s’écroulerait au moindre choc. Il laissa ses doigts courir dans ses cheveux et regarda le long trait blanc se mouvoir, comme une route dont la fin était imprévisible. Il soupira en gardant son simple sourire.

« Tu me louanges un peu trop, princesse. Est-ce que j’ai vraiment le choix ? Ton cœur te crie d’y aller, de la sauver. Si je ne fais rien, tu iras quand même, et je n’aurai aucun contrôle sur les conséquences. Ce voyage te sera utile, mais le sera encore davantage pour moi. Et… »

Il savait que ce n’était pas une réponse claire, et précisa ainsi sa pensée.

« Yuki s’est déjà enfuie pour aller voir l’Hokage. Si elle se fait prendre encore, alors je prétexterai le même comportement. Et toi, tu ne risques rien. Myakudou On’ est intelligent. Méfiant, mais honorable à sa façon. Il te laissera voir Tenzô. »

Pourquoi l’atmosphère semblait si triste tout à coup ? Il réalisa que ce voyage était un deuil pour tout le monde, même lui qui n’irait pas. Et qui sait quelle serait la réaction de la femme lorsque Yuki ouvrirait ce parchemin ? Il fut si perdu dans ses pensées qu’il en garda le silence. Elle décrocha la fleur dans ses cheveux. Hattan glissa sa main autour de sa taille et la rapprocha pour mieux voir ce que la princesse voulait lui montrer. D’anciens Mizukage. Au regard que la Kaguya portait sur ces gravures, le Kentaro pouvait ressentir l’importance qu’ils avaient eu à ses yeux. Et cela lui fit étrangement mal, une douleur qui serrait son cœur.

Il avait toujours été seul dans l’ombre des routes.

Elle déposa la fleur dans sa main et il la considéra un moment. Il eut un sourire franc.

« J’aurai une réponse pour toi à ton retour, mais j’aurai tout autant besoin de la tienne. Et même si tu ne reviens pas, je veux que tu saches que tu es une des pierres fondatrices de l’homme que je suis. Tu crois avoir bonne mémoire, mais il y a des souvenirs qui ne deviendront clairs qu’à terme. »

Hattan fit tourner la fleur entre ses doigts.

« Il y a quelque chose que je voulais te donner avant ton départ, mais j’ai changé d’avis. J’aimerais te l’échanger contre cette fleur jusqu’à ton retour. »

Il se leva et sortit un rouleau de tissu d’un sac dans le coin de la tente, avant de reprendre sa place à ses côtés en le déroulant pour découvrir l’épée de Samidare Teichirô. L’épéiste la fit tourner entre ses mains de manière habile, puis lui tendit la poignée.

« Elle est équilibrée, légère, solide et fine. Une épée parfaite. Tout le contraire de Saïtan. Je sais que tu préfères les os. Mais j’ai l’intuition qu’elle te sera sans doute utile. »

Il resta silencieux à jouer dans ses cheveux mouillés. Elle aimait les réponses, mais en vérité, c’est lui qui avait de plus en plus de questions sur son propre destin.

« J’ai un rêve. Mais il est encore flou, et faible. Dans quelques jours je vais convoquer ceux qui participeront à l’opération. Soit à ton habitude et agit comme si tu n’avais jamais su. Rien n’a changé entre la Kunoichi et le Kage, du moins, à leurs yeux.»

Et en vérité, qu’en était-il ?

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Une épée ? Elle renvoyait mon reflet, mais je ne restais pas davantage fascinée auprès d'elle, justement ça son problème, elle était parfaite, pourtant ça ne m'avait pas empêcher de saisir la poignée pour m'en faire maîtresse un instant. Elle était froide elle aussi, gelée comme la glace et une étrange inscription attirait mon attention, je la fixais perplexe, j'irais la faire polir si elle devait être vraiment mienne.

~ Eh bien, c'est un cadeau précieux, j'ai du mal à croire qu'un épéiste s'en sépare.
Et mon regard se portait avec attention sur Saïtan avant que je ne ricane...

~ Hattan serait-il un homme sentimental ?

Je me moquais, mais gentiment et je restais intriguée, il savait pourtant que je n'étais pas patiente et cette fois c'était ma fleur que je fixais en faisant la moue, non je ne voulais pas m'en séparer, pourtant, je voulais savoir contre quoi elle serait échangé. J'étais d'une docilité effrayante quand j'avais ce que je voulais et je le réalisais, c'était dangereux. Combien même j'aurais voulu insister pour le faire céder, j'avais l'impression que ça serait lui ce soir qui se fermerait si je tentais, ses arguments se valaient, mais le flou dans lequel il les donnait le laissait les manier à sa guise. Si je comprenais ça, c'était que c'était exactement ainsi que je procédais, laisser entendre, mais pas affirmer. Je confirmais, le Kage était bien plus borné que la kunoichi, plus avisé aussi. Au final il était du genre à ne trouver que des solutions, pas des problèmes, d'une mauvaise base faire un beau truc, un vrai Kage. Ils l'auraient certainement beaucoup aimer et je commençais à comprendre ce que Tenzö lui avait trouvé, Kiri était encore passée avant moi. Je détestais. Mais j'étais réaliste, je connaissais ma place et ne ferait pas de caprice.

Qu'importe que je ne reviens pas, j'étais apaisée, s'il ne mentait pas alors il le ferait, il prendrait soin d'eux peut-être mieux que moi, c'était tout ce que je voulais. Je fixais la fleur, non, c'était aussi tout ce qu'ils voulaient, leur mémoire à travers la mienne, j'étais donc modulable... ? Mais était-ce une mauvaise chose, je la récupérais alors du bout des doigts pour la poser avec l'épée par dessus les plans. Ce soir rien pour gâcher ma vue, je savais que je serais moins concentré sur les détails, comme celui qui agitait mes cheveux.

~ Attention aux rêves, ils finissent souvent en étant oublier les jours d'après. Tu devrais rencontrer plus de gens à Kiri, vraiment.

Une leçon ? Non, un conseil plutôt, personne ne méritait d'être seul et je sentais ce vide, comme si il était mien, à ça j'avais trouvé bien des façons de le combler.

~ Tu n'es pas obligé de n'être que le Kage, mais dis toi que ça sera beaucoup plus difficile pour toi qui arrive sans connaître personne que pour eux qui avaient déjà toute leur vie ici. Ça veut pas dire que ça n'est pas faisable, quand je reviendrais, je veux une nouvelle suite de l'histoire celle de l'homme à Kiri, arrange toi pour qu'elle soit inintéressante et faites de rencontre. Mais avant raconte la suite de l'autre soir, où l'enfant est allé ?

J'avais cédé et abandonné les sujets fâcheux, la vérité était ma curiosité, je voulais la suite de leur histoire.

« Et moi qui voulait travailler sur mes plans… »

Manifestement elle avait d’autres plans. Puis il se faisait tard. Encore des excuses. Le futur Mizukage ne put s’empêcher de rouler des yeux alors qu’elle lui prenait la fleur des mains et la déposait près de l’épée de Samidare Teichrô. Elle l’avait traité d’homme sentimental. Avait-elle raison ? Il relâcha sa crinière en la poussant un peu.

« L’homme sentimental t’a coupé des doigts de mon souvenir, Princesse ! »

Vrai ? Vrai. C’était juste la fatigue et toutes ces nouvelles choses qui assaillaient sa vie depuis quelques jours. Entre la préparation de l’opération Larcin, la refonte du Misuto, les Kaguya enragés et la guerre en cours, il avait du mal à faire de la place dans son esprit. La princesse en ajoutait une couche encore plus épaisse. Non pas qu’il se plaigne. C’était son destin qui le voulait ainsi. Il détacha Saïtan qui devenait inconfortable dans son dos, et l’appuya contre son épaule, main sur le métal, à son habitude.

« Doucement, princesse. Je n’ai rien contre l’idée de socialiser. Mais je ne suis pas habitué à le faire, c’est tout. Saïtan m’a toujours suffit sur la route. Je sais que les choses sont différentes ici, à Kiri. Mais… Je dois le faire à ma manière. »

Il croisa son regard pendant qu’elle parlait de cette nouvelle histoire dont elle attendrait les mots à son retour. Une nouvelle page dans le résumé de Kentaro Hattan. Quand elle reviendrait, sans doute serait un Mizukage officiel, c’était déjà ça. Mais il reconnut bien la femme quand sa curiosité l’emporta.

« Je vais commencer à croire que tu passes uniquement du temps avec moi pour connaître mon passé. Déjà que je n’aime pas vraiment en parler, je ne comprends pas non plus pourquoi il t’obsède. Dans tous les cas, pourquoi ne pas faire au moins un échange équitable ? La journée se termine, la pluie n’a pas l’air de vouloir s’arrêter, et il fait froid. Autrement dit, j’ai faim. Je ne dirais pas non à un feu non plus. Deux choses que je ne trouverai pas dans cette tente à moins que tu te révèles comestible, mais je ne suis pas encore désespéré à ce point. »

Il eut un petit sourire en lui donnant un petit coup de coude amical pour détendre l’atmosphère. Son regard était tout de même pensif. Les mots de la Kunoichi lui revenaient en tête. Qu’avait-il à perdre ? Qu’attendait-elle comme réponse ? Il serait si simple de tomber dans son piège…

« Ce serait pour moi un échange équitable si tu t’en occupais donc. »

Qu’avait-elle à perdre ? Bien moins que lui…

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Ah le point sensible et le rappel de mes doigts que j'agitais sous son nez pour lui faire plaisir me faisait rire, il n'aimait pas mes dires ? Tant pis pour lui, parce qu'il n'encourageait plus à les redire en me poussant en prime, je mourais d'envie de lui rappeler que c'était le même homme qui venait de me rapprocher contre lui... Mais je m'abstenais, plus drôle ainsi. J'avais tellement mieux à en redire.

~ Oui, les doigts de ma main gauche et mon alliance a disparue avec eux. Mon souvenir est bon ne t'en fais pas, tu es aussi radicale. Possessif Hattan ?
Je tirais la langue, le hasard parfois faisait bien les choses de plus je ne mentais pas sur le détail décalé mais tellement bien placé finalement, amusant non ? Je le narguais et très vite la reine se présentait comme une barrière entre lui et moi, peut-être qu'elle lui grognerait dessus pour avoir osé rendre mes dires vrais, après tout, Saïtan n'était que porter par sa main non ? Mais je cessais là de la taquiner, il ne me semblait pas tant réceptif que ça.... Encore que.

~ Cette mauvaise foi ! De quoi veux-tu que je te parle d'autre ? Militaire ? Je croyais qu'on était en pause, au tant pour moi, si tu as de meilleur sujet n'hésite pas. Mais évites ceux qui nous ferons -encore- nous disputer, je ne suis pas venue pour ça...

Encore que là aussi. Il n'avait pas fini, c'était moi la princesse ici et le voilà qu'il voulait des services, un échange équivalent ? Bah voyons. Il me donnait un coup de coude avec un visage d'ange, mais je n'étais pas dupe, c'était bien là un caprice, une façon de se rendre pour avoir dit tout fort la faiblesse du roi. Je plaisantais pourtant. Un feu et à manger, rien que ça ! Il n'avait pas des subordonnés ici ? Je voulais juste lui rappeler...

~ Tu sais un Kage claque des doigts et on le sert et c'est à ton invitée que tu demandes de faire ça ? Je me suis montrée bien plus accueillante que toi quand tu t'es invité chez moi.
Je secouais la tête alors que d'un claquement de doigts j'avais fait jaillir des petites boules enflammées et bleutées venues réchauffer l'atmosphère. Elles virevoltaient en lucioles animées qu'elles étaient, des petites bêtes brûlantes au toucher qui en ce moment dansaient sur place, c'était comme ça.

~ Niveau feu, je pourrais faire mieux que ça, mais tout ton campement risque de flamber et ça tu ne veux pas n'est-ce pas... ?

Droite sur mes jambes pour finir, il ne fallait qu'un instant pour saisir la lame avant qu'elle ne disparaisse dans la paume de ma main. La magie du fuinjutsu, mais la fleur restait sur la table alors que je remettais mon manteau.

~ Je n'ai pas besoin d'un échange pour te donner tu sais Hattan. En revanche, je n'avais pas prévu un dîner, néanmoins, il n'y a pas de mauvais temps pour sortir n'est-ce pas ? Que dirais-tu de quitter le campement, il me semble qu'il y a de la civilisation autour et probablement une porte qui ne sera pas fermée. Ça pourrait être amusant, on se fera discret.

Et à se dire, un clin d'oeil se faisait alors qu'une griffe avait fait d'un trait droit une nouvelle ouverture dans la toile de la tente.

~ On ne verra même pas qu'on est parti, personne n'oserait venir te déranger à cette heure et en compagnie qui plus est. Tu viens ?

Ne jamais rien faire pour rien...

« Ça ne te ressemble pas d’éviter les conflits. Tu es une bien étrange princesse…Princesse. »

La remarque sur les avantages d’un Kage lui fit faire la moue. Encore quelque chose auquel il n’arrivait pas à ce faire. Il n’était qu’un simple homme et ne comprenait pourquoi on voulait le traiter différemment. Chacun avait son rôle dans ce village, et tous avaient besoin des uns les autres. Sa tâche n’était pas plus glorieuse que les autres… Au contraire… Il tendit le bras pour attraper la femme.

La tente s’emplit de bestioles et le Kentaro s’arrêta dans son geste pour les observer. Il montra la paume et l’une des créations l’effleura. Brûlante. Hattan ne connaissait rien à ce genre de jutsu, mais c’était…Impressionnant. Il eut un sourire contraint.

« Je n’ai jamais pu utiliser le Ninjutsu et le Fuinjutsu. Mon chakra est rouge comme tu l’as peut être remarqué. Il est trop volatile et incapable de se diffuser dans l’air correctement. C’est pour cela que je dois utiliser un objet pour le concentrer. Parfois mon épée, parfois mon propre corps. Les médecins disent que c’est génétique, mais je n’ai jamais connu personne avec le même profil. »

Ils se relevèrent et la femme attrapa son manteau. Il ne l’avait pas vu l’enlever. Aucune importance.

« Je n’aime pas ce concept de serviteur. Je me suis toujours débrouillé par moi-même. Je suppose que je m’habituerai, mais manger seul dans la tour est ennuyant. »

Il était habitué aux bars bondés, aux salles à manger, à la forêt comme cuisine. À la nature. Elle lui proposa alors son plan et le Kentaro lui fit un regard désapprobateur. Malgré tout, il devait reconnaître qu’elle savait appuyer sur les points sensibles pour le convaincre. Il regarda les fausses lucioles encore un moment.

« Les rumeurs vont se propager dans le campement… Mais je dois avouer que j’aime ton idée, princesse. »

Un peu d’aventure après cette interminable suite de bureaucratie était plus qu’irrésistible. Il se rendit compte que ce regard bleu pâle commençait à le connaître un peu trop. Elle le connaissait de mieux en mieux : mais lui, que savait-il vraiment d’elle ? Il garda le sourire malgré de sombres pensées, puis regarda Saïtan dans sa main. Elle essayait de lui dire quelque chose, mais l’homme ne la comprenait pas. Elle n’aimait pas la Kaguya, c’était sa seule certitude.

« D’accord, mais je ne connais pas ce coin, c’est toi qui mène. »

Ils sortirent dans la nuit. La pluie les accueillit comme une mère prend ses enfants et en quelques minutes, l’épéiste était trempé jusqu’aux os. Mais le froid était accueillant et l’air frais lui faisait du bien. Sa main tapota la poche de sa veste de shinobi, là où il avait mis la fleur pendant qu’elle ne regardait pas.

« Je peux demander à un utilisateur du Kinton de retrouver ton alliance si tu veux. »

L’épéiste n’était pas certain de savoir pourquoi il avait dit ça. Il réalisa que c’était important pour lui parce ça semblait l’être pour elle. La différence était le respect. Hattan repensa à d’autres mots qu’elle avait dits.

« Accueillante ? Tu voulais me mettre à la porte. Je n’ai pas encore compris comment on a fini par… »

Il ne termina pas sa phrase.

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Face l'information, je n'avais qu'une chose à dire en constatant mes doigts...

~ Moui... Tu n'as pas vraiment besoin de ce genre de passe passe tu me diras.

Il était bien assez redoutable comme ça, un frisson me parcourait en y repensant, manquerait qu'associer Saïtan à autre chose... Heureusement il changeait l'atmosphère... Et comment dire?... Définitivement pas doué. Oh moins il avait le don pour me faire rire autant que pour m'énerver, je secouais la tête exaspérée, mais amusée avant de mettre ma capuche et agitait une main, la bonne. C'était moi qui devait mener ? C'était bien ce qu'il avait dit non ? Je m'exécutais.

~ Si je la voulais, j'aurais été la chercher. Ce n'était pas une reproche tu ne regardes simplement pas les choses du bon angle.

Mais ce n'était pas très grave, il n'y avait pas de mauvais angle, c'était le principal alors qu'après un haussement d'épaule je réquisitionnais sa main, celle qui était mienne, non pas sans adresser un regard à Saïtan, il fallait qu'elle partage cette vilaine fille, je sentais ses mauvaises vibrations d'ici. Elle ne faisait qu'augmenter le charme de ma soirée alors que j’entraînais son maître derrière moi, il n'avait pas peur, j'étais bien le pire guide du pays et ses dires m'amusaient encore. Il avait parlé de rumeurs et j'avais envie de lui rappeler qu'il avait limite donné un communiqué au Misuto en les invitant avant d'aller s'endormir dans mes bras, mais il me prenait de court en reparlant le premier de ce soir-là. Je tournais la tête vers l'intéressé un sourcil arqué.

~ Par... ?

Un sourire de carnassier s'affichait, il n'avait pas fini sa phrase et ne la finirait jamais, ce n'était pas son genre, je secouais la tête encore, cette mauvaise foi qu'il tenait...

~ Tss... Pas accueillante ? Je ne sais pas ce qu'il te faut. Jamais content. Quel roi capricieux.

En revanche je ne niais pas avoir voulu le chasser, mais autant dire...

~ Tu as fait tout pour la rejoindre la porte aussi ! Toi aussi, si tu ne te sentais pas obliger de faire des détours comme ça, il suffisait directement de dire que tu voulais ta place dans mon lit. Puisque c'était le but initial non ?

Dans tes dents, vrai ou pas, ça le desservait bien et j'en connaissais une à qui le rappel de l'expérience devait être mauvais, mon regard se faisait perçant, ce soir aussi elle quitterait la chaleur du Kentaro et ça arriverait plus tôt que prévu. Une battisse isolée droit devant au milieu de la clairière, c'était parfait, aucune lumière, peut-être vide ou simplement endormie, j’entraînais le Kage vers la porte dont la poignée délicatement tournée ne voulait pas s'ouvrir. C'était mal présumé de la main qui la magnait, un peu forcé certes, mais qu'une unique main la serrure cédait. A chacun ses petits talents n'est-ce pas ? Un dernier regard sous la caresse de la pluie et sans lâcher l'emprise je m’engouffrais la première pour découvrir une pièce calme timidement éclairée par des braises d'un feu menaçant de s'éteindre. C'était encore mieux le Kentaro saurait mieux que moi si c'était habité ou non, bien que ça ne changeait pas grand chose alors que je l’entraînais vers ce qui semblait la cuisine. Un placard s'ouvrait et j'attrapais des gourmandises alors que dans un murmure je charriais le garant de l'autorité de Kiri...

~ Faut que je te fasse à manger aussi ? Dans ce cas je veux un échange équivalent aussi, cette nuit aussi Saïtan devra rester sur mon chevet.

Moi aussi je savais jouer, peut-être mieux que lui au final. J'ouvrais un plat sur les feux éteints, le dîner semblait plus ou moins déjà prêt.

Le mauvais angle.

Elle l’attrapa par la main et il trébucha presque sur le sol rendu glissant par la pluie. Le Kentaro n’avait pas besoin de beaucoup d’attention pour voir qu’elle avait bien du plaisir à le narguer. C’était sans doute la complexité de cette femme, mélanger le sérieux et le dérisoire. Un sujet pouvait sembler grave et pourtant être aussi léger que l’air dans sa voix.

« Le but initial ? Ça ne fait aucun sens. Je voulais visiter la ville. Je ne serais pas étonné que ce fut le tien au final, par contre. Peu importe.»

Malgré ça, c’était cinglant et Hattan ne répliqua pas davantage. Fatigue, exaspération ou manque d’inspiration, il ne suffisait que de choisir une raison. Ils firent encore du chemin dans la nuit, jusqu’au moment où il se demanda si Princesse n’allait pas les perdre dans la nature. Ou bien l’emmener dans un coin isolé pour le tuer. Puis faire des trucs à son cadavre. Dans cet ordre. Cette pensée le fit rire silencieusement, mais il n’en précisa rien à la princesse. Le Kentaro aimait l’humour mais déconnait rarement ouvertement. Du moins, sobre.

Ils s’approchèrent de la maison de campagne visiblement vide. Pendant que la Kaguya s’acharnait sur la porte, il posa la paume contre le mur d’enceinte et insuffla son chakra pour augmenter sa sensation. Pas de shinobi. Encore quelques instants pour affiner sa signature.

« C’est vide. »

La princesse ouvrit la porte après quelque manœuvre peu légitime. Hattan regarda la poignée brisée.

« Je pense que t’as mal compris le sens du mot verrouillé. »

Il la suivit quand même avec une moue désapprobatrice. Il était comme ça. Elle ne perdit pas de temps à presque le traîner dans la cuisine, moment où il put enfin récupérer sa main. Le jeune homme commença par s’asseoir, posa son arme contre le mur et enleva sa veste de shinobi dégoulinante. L’eau avait passé à travers et mouillé sa chemise aux manches repliées, mais le froid sur sa peau était une sensation bien familière. Pendant qu’elle fouillait dans la cuisine, il se leva et alla voir s’il pouvait rallumer le feu, emportant sa lame avec lui. Il l’entendit parler de l’autre pièce, puis regarda Saïtan. Le Kentaro ne comprenait définitivement rien à tous ces caprices, que ce soit de son arme ou de la Kaguya. Mais il avait faim, c’était une triste vérité.

« Personne ne m’avait dit que je dormais dans …- Soit. Mais je ne sais pas ce que tu as contre Saïtan. Es-tu… Jalouse ? »

Il avait dit ça avec un ton moqueur, sa réplique personnelle à sa pique il y a quelques moments. Tu fais fort, princesse, envier un bout de métal denté. Le futur Mizukage entra dans la cuisine pour la trouver au four. Hattan s’approcha derrière elle et s’appuya contre son corps en regardant par-dessus son épaule. La princesse avait des goûts assez simples. Enfin quelque chose qui l’arrangeait. Saïtan vibrait dans sa main.

« Tu m’as parlé des anciens Mizukages, mais tu n’as rien dit de ton passé. Quand tu reviendras, ce sera à ton tour de raconter. Garde ça en tête, hein. »

Il n’allait pas la forcer ce soir. La plupart des shinobis n’aimaient pas parler de leur passé. Hattan était une exception parce que les secrets étaient pour lui inutiles. Le Kentaro n’avait pas honte du chemin parcouru dans son destin pour se rendre jusqu’ici. L’homme glissa les mains sur la taille de la Kaguya et l’aida à retirer son manteau avant de la relâcher pour aller l’accrocher près du feu auprès de sa veste. Cela fait, il revint et commença à servir la table et trouva une carafe d’eau pour accompagner.

« Je savais que je devais partir. Le daymio avait été aimable avec moi, mais il n’était pas ma famille. Aux yeux du palais, je n’étais qu’un autre orphelin. Alors j’ai pris tout ce que je pouvais et je suis parti, traînant un sabre plus long que moi derrière. J’ai marché et marché. »

Il aida la femme à servir et remplit son verre avant de s’asseoir en face d’elle. Son regard était pensif, faiblement illuminé par les flammes qui reprenaient vie peu à peu. La pluie battait son train à l’extérieur.

« Et je ne me suis vraiment arrêté que lorsque c’est arrivé pour la première fois. »

Il posa sa lame sur le banc pour pouvoir manger correctement, mais un faible sourire anima ses lèvres.

« Quand je pu regarder autour de moi et me rendre compte que j’étais perdu. Irréversiblement perdu. »

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Mal compris le sens ? Quelle idée, j'arrangeais ma compréhension à ma guise, nuance, comme lui d'ailleurs, le voilà reparti sur la pointe des pics, définitivement pas doué il avait bafouillé son début, en temps et en heure je saurais le lui rappeler...

~ Jalouse ? Ce n'est pas plutôt à elle de l'être, je suis déçue. J'aime beaucoup Saïtan, je n'ai rien contre elle, je l'ai même aimé avant toi. Elle est la première à avoir captiver mon attention rappelle toi. C'est elle qui ne m'aime pas et je ne sais pas pourquoi.

Et j'haussais les épaules comme si c'était une évidence, bien sûr que je savais pourquoi... D'ailleurs elle ne tardait à nouveau à s'agiter à proximité et bien plus intéressée par la bête, j'ignorais les actions du maître. Il avait dit lui-même, son arme était faite de fureur, une possessive. Puis il en venait à mettre la table toujours accroché à elle inlassablement, il ne s'en rendait même pas compte tant qu'elle ne gênait pas ses mouvements, comme pour manger là il la posait. Perplexe j'observais, malgré toutes ses boutades, il n'avait pas négocié, nous n'avions ainsi pas fini de jouer, un sourire se dessinait alors que le sien avait peine à rester, était-ce une sale journée pour lui ? Je méditais là-dessus en ne l'écoutant qu'à moitié, mais assez pour enregistrer ses mots, mais le cœur n'y était ça se sentait. Je prenais la première bouchée, ce n'était pas du fin gourmet, mais mangeable.

~ Mon passé ? Je pensais que ton dossier sur moi te l'avait déjà donné, il est vite résumé, ne t'attend pas à de grandes épopées.

Je soupirais, j'aurais même pu rajouter sans intérêt, mais bon, je serais passé pour une mauvaise joueuse, il s'en rendrait vite compte de lui-même et finalement il avait complété sur le sien, je ne savais pas bien si j'avais envie de le secouer ou de le plaindre soudain. Ce soir encore il semblait s'être perdu.

~ Cela peut avoir du bon de se perdre je suppose, ça t'as presque bien réussi sur tous les tableaux.

Et je poursuivais mon repas mine de rien, non pas sans garder mon obsession sur elle, il avait beau dire, elle était celle qui l'avait isolé du monde, il l'avait même reconnu lui-même, sur la route il n'avait besoin que d'elle. Ainsi je posais mes couverts avec un agacement certain.

~ En fait, j'ai menti.

Et mon regard se faisait insistant sur son maître cette fois.

~ Il y a bien une sorte de rivalité avec cette fichue lame, c'est là le drame.
Je soupirais en croisant les bras, accablée par ce que j'allais dire, ça pouvait ne pas paraître avoir beaucoup de sens... ça allait même passer pour une crise, qu'importe, j'assumais.

~ C'est triste d'avoir à se battre contre un morceau de métal, un que tu ne dis pas vivant, mais pour lequel pourtant tu sacrifies toute ta vie, il n'y a jamais qu'elle que tu considères en compagnie, tu me suis... ?

Adossée sur le dossier de la chaise je préférais encore regarder le plafond que ces deux-là.

~ Tu n'as même pas la franchise de reconnaître tes actes, cette chose est ton obsession, plus que la mienne, tu ne sais pas te passer d'elle et avoir appris à vivre seul, ne veut pas dire avoir envie de le rester.

Mon regard revenait un air mauvais.

~ La ville tu pouvais la visiter seul, tu cherchais une compagnie autre à elle et pour le moment à Kiri, qui connais-tu d'autre que moi ? Tu tends une main et te surprends que quelqu'un la prenne. Je t'ai offert bien plus qu'une place une nuit, qu'une maigre consolation, tu n'écoutes rien de ce qu'on te dit, je ne suis pas une femme très patiente tu sais. Le Kage est vraiment pire que la kunoichi rien à redire.

Cette fois je soupirais agacée.

~ C'est pathétique tout ça. Tu n'es plus l'enfant qui a une épée trop grande à traîner pourtant, alors pourquoi tu sursautes encore comme ça ?

Ma fourchette entre ses deux yeux s'il ne comprenait pas. Je me disais que ça serait un bon défouloir. Et je soupirais.

~ Laisse tomber. La suite donc.

Lunatique à l’extrême, je reprenais le court de mon repas. Cela m'agaçait et je ne savais pas exactement pourquoi de doute façon.

Il avait arrêté de manger lorsqu’elle avait commencé à le piquer de tout bord tout côté en lui dictant ses quatre vérités. La même femme qui disait plus tôt ne pas chercher à se disputer ce soir. Alors il fit ce qu’il avait à faire pendant que la princesse le traitait pratiquement d’hypocrite, d’obsédé… L’homme se leva, prit son assiette, et changea de côté de table pour s’asseoir à côté d’elle, toujours en train de s’époumoner sur ses faibles aptitudes sociales et sa relation malsaine avec Saïtan, qui elle resta de l’autre bord. Le Kentaro posa son assiette, ses ustensiles, son verre.

Puis il prit le menton de la femme, l’attira à lui et l’embrassa en faisant mourir sa voix contre ses lèvres jusqu’à ce qu’elle se taise enfin. Ceci fait, il la relâcha et détourna le regard.

« C’est bon ? T’as fini ? »

L’épéiste soupira en piochant dans son assiette, mais il était un peu distrait. Sa voix resta tout de même calme, assurée. Le Kage ne cédait pas aussi facilement.

« Tu n’es pas la première à m’en parler. Je sais tout ça. Que ma relation avec Saïtan est bizarre. Que je ne suis pas vraiment sociable. Mais je ne me suis jamais attendu à ce que tu le vois autrement. Je ne te demande pas non plus de me comprendre. Même un autre épéiste ne le peut pas, parce que les armes légendaires sont uniques. »

C’était un discours qu’il connaissait bien. Il était par sa nature, ses principes, un marginal. Mais la vie lui avait appris à être lui-même, peu importe ce que ça voulait dire au final. Hattan avait des défauts, des traits qu’il souhaitait améliorer. Mais certaines choses ne changeraient jamais. Comme le lien de l’épéiste à son porteur.

« Je sais qu’elle me manipule, tout comme moi je la manipule. Mais cesse de la voir comme une épée et voit là plutôt comme une partie de moi. La plupart des gens ont, au plus profond d’eux, cette rage et cette colère. Cette énergie. La seule différence est que la mienne est visible en permanence. Saïtan m’a sauvé la vie, bien plus d’une fois, comme la détermination peut le faire aux moments clés de notre destin. Ce lien est indescriptible. Je pense qu’elle ne t’aime pas parce que tu lui ressembles. »

Il repensa aux Kages de la fleur, à Kaguya Tenzô.

« Tu es sauvage, vivante. Têtue. Et tu es quelqu’un. Elle a toutes les raisons de se méfier de toi. Je suis désolé de mieux connaître le froid du métal, que la chaleur de la peau, cela ne veut pas dire que je ne préfère pas l’un à l’autre. Lors de mes voyages, j’ai vite compris que je ne pouvais me fier à personne. J’ai compris que si j’ouvrais mon cœur, la route le briserait car rien n’est durable en voyage. Un jour ou l’autre, nos chemins se séparent. Or je ne suis plus sur les routes et je le sais aussi. J’essaie d’apprendre. »

Que dire de plus ? Il se pencha vers assiette en baissant les yeux.

« Pathétique, peut-être. Sans espoir ? Non. Je sais qui je suis. Et ce que je peux être. Et toi ?»

Elle voulait encore des mots de son histoire, mais cette semi-dispute l’avait un peu refroidi pour le moment. Il avait envie de passer à autre chose et de retrouver une meilleure atmosphère, mais ce n’était pas lui qui menait le jeu.

Sa main chercha instinctivement Saïtan mais ne trouva rien. Elle se referma sur celle de la Princesse au lieu de ça.

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Une fois je tolérais, je mettais ça sur le compte de l'élan ou simplement la provocation, mais deux dans la même soirée surtout pour faire fermer mon clapet, j'accusais le coup, une envie de le transpercer. Cette fois avait-il aussi une excuse, je le fixais mauvaise et lui que faisait-il ? Il m'ignorait faisant mine de ne pas saisir ma désapprobation. Retour au point de départ, il ne m'apprenait rien, n'empêche que son tic le reprenait et se confondait dans ma main, la même à deux doigts de le frapper. Je restais perplexe et seul un...

~ Tsss...

Véritable bruit de serpent m'échappait alors qu'il reprenait son repas. Cet homme en prime un tricheur et boudeuse, je faisais de même, je finissais mon plat, parce qu'il fallait déjà commencer par là. Non pas sans commenter...

~ Je suis censée être flattée que tu me compares à Saïtan, vu comment tu me l'as si souvent présenter ?

Mon regard était perçant et moi... ? J'attendais bien plus de lui encore, il ne semblait pas saisir la suite qu'il prenait sur ses épaules, mon village, ma famille, il avait toute ma vie dans le creux de sa main et son attitude je m'en foutiste et stricte à la fois m'effrayait un peu. Il était incontrôlable, un peu comme Yoru, mais lui je savais qu'il y avait Yuka pour le canaliser, un coup du sort à ne pas en douter.

~ Moi je sais changer en ce qui est le plus arrangeant pour le cas où tu n'aurais pas remarqué. Tout n'est que question de point de vue pour prendre bien les choses qui nous arrange. Je n'ai jamais dit que tu étais sans espoir, si c'était le cas.

J'agitais un des doigts bloqués sous les siens.

~ Il y a certaine familiarité que je ne te permettrais pas. Tu parles de sécurité, là encore, je préfère me dire que si je trompe, je pourrais voir ça sous un autre angle, un qui sera moins douloureux. Tu vois un peu comme le repas, ça ne sera jamais qu'une histoire d'échange, c'est tellement plus simple comme ça. Je t'apprendrais tu verras.

Ce qui était un peu un comble en le regardant, l'homme semblait avoir un chemin dans la vie plus entamé que le mien, mais là n'était pas la question, ça n'avait pas beaucoup d'importance non plus, mon calme avait un prix et je le lui avais donné dès le premier jour. Puisqu'au fond ne nous leurrons pas...

~ Comme Saïtan je te tente de manipuler et tu en fais autant, un cercle vicieux. Si ta main a besoin de chercher la mienne, ce que garde cette dernière t'es précieux, c'est là où se motive mon intérêt.

Mon regard se portait sur Saïtan mise à l'écart avant que je ne me redressais pour l'attraper par dessus la table et la remmener. Elle ne voulait pas être abandonnée de son adoré et c'était un sentiment que je partageais, que je pouvais comprendre de cette partie de lui qu'il venait d'avouer.

~ La façon dont tu laisses la reine pour la princesse, c'est l'exemple de ce qu'il m'attendait Hattan ? Après tout la reine est tout pour toi et tu as deux mains non.

Je la tenais à l'intention de son maître, elle devait être fâchée, pourtant je venais faire la paix avec celle qui m'avait pris mes doigts et épargnée, parce qu'elle avait le respect pour celui qui la maniait.

~ Moi ? C'est ce genre de lien là que je veux avec toi. Pas un rêve, pas une soumission à l'attirance, je veux la même symbiose, la confiance absolue, la même force, une qui me manque cruellement, je saurais ne pas être qu'une faiblesse. Même si on a tous le droit à nos moments de faiblesses. A trop les rejeter, on devient les monstres dont il faut protéger cette citée.

Face à face, mais le siège c'était lui maintenant et bien que Saïtan soit à nouveau entre nous deux, m'approcher ne me gênait en rien ni même le contact froid de son métal sur ma peau qui se serrait n'enlever rien à la chaleur des lèvres. Il venait de me donner des clefs, ça évitait de casser une nouvelle serrure.

~ Maintenant, je sais te faire taire quand viendront les sujets qui fâchent. Merci de l'astuce.
Même si je la connaissais déjà en fait, le Kage était un homme pas aussi las qu'il le voudrait. Je souriais.

Il sentit le froid de sa propre lame à travers sa chemise, mais bien plus intensément, le rythme d’un cœur vif et agile qui faisait mentir le sien, lent et paresseux. Un échange. L’épéiste n’avait pas compris au début mais maintenant, il pouvait voir où elle voulait en venir. Créer des fondations. Hattan eut un petit sourire. Cette idée ressemblait étrangement à un signe du destin. Rien n’était gagné d’avance.

Surtout pas Princesse.

« Une astuce qui fonctionne également sur toi, je te ferais remarquer… »

Le Kentaro posa les mains sur les hanches de la femme, pensif pendant un court moment. Son regard erra dans le sien. Si elle se jouait de lui, ce n’était qu’une revanche envers lui qui se jouait d’elle en permanence de par son statut et sa longueur d’avance. Un échange équitable. La voir prendre Saïtan était une étrange sensation. C’était la deuxième fois. La première, il avait eu un mouvement de recul, sur le bord de lui arracher des mains, comme si elle était effrayée qu’elle s’enfuit avec ce qui était, au fond, une partie de lui. Mais cette fois, il était resté immobile, attentif. Si le Kentaro n’était pas certain de s’habituer à la voir agir ainsi, au moins il résistait à l’envie de lui couper sa main encore présente.

« Je respecterai tes mots, mais tu devras en faire de même. Saïtan est une partie de moi. Et je ne saurais te laisser en disposer à ta guise sans rien en retour. Garde le en tête, Princesse. »

La laisser agir ainsi jusqu’ici n’avait prouvé qu’une chose : il avait davantage confiance en elle qu’il ne l’aurait cru… Malgré ses échecs… Elle parla tout en se collant davantage à lui, et captura ses lèvres un instant. Il se contenta de répondre de la même manière. Hattan repensa au souhait de la Kaguya. Penser Princesse aussi idéaliste aurait été impossible il y a quelques temps.

« Mes deux mains servent Kiri. Et à travers elle, le destin dira si elles sont de taille à accueillir les tiennes. Mais elles ne seront jamais acquises. La Kunoichi peut servir le Kage. Mais la femme devra aider l'homme. L’appuyer. Et accepter qu’il fasse de même envers elle. Approche. »

Son front s’appuya contre le sien encore une fois, mais cette fois, ce ne fut pas les seules choses qui se rapprochèrent…
***

Le soir commença à tomber sur les journées courtes de l’hiver, à travers les boisés enneigés. Le vent se levait pour commencer son interminable voyage. Sous les racines d’un arbre déraciné, un jet de vapeur, un souffle chaud qui s’évanouit dans l’air. L’enfant a froid, faim. Il est fatigué car le sommeil ne vient pas. Il n’a pas peur, mais il est paralysé par ses pensées. Par son impuissance dans cette nature qu’il ne connait pas. Une autre nuit tombait. Depuis combien de jours avançait-il dans cette forêt interminable ? Depuis quand était-il perdu ? L’enfant ignorait les réponses. Il ignorait même les questions.

Saïtan était plantée dans le sol devant lui, comme si elle montait la garde. L’enfant aimait le penser, même si l’arme s’était montrée inanimée depuis le métal gris la recouvrait. Elle était sale, écorchée d’avoir été traînée sur le sol. Mais Kaï ne se plaignait jamais. Il était trop occupé à surveiller sa sœur.

Le gamin se demanda s’il allait mourir dans cette forêt. Il alluma un maigre feu qui étouffa plusieurs fois. Il avait mal au bras et à la jambe. Certaines des blessures causées par les dents de Saïtan ne guérissaient pas correctement, mais il était trop jeune pour savoir qu’il aurait eu besoin de points de suture, ou même d’antibiotiques. Les plaies étaient brûlantes, même dans ce froid. Il avait eu envie de dormir deux fois aujourd’hui, mais pas le sommeil qu’il cherchait. Ce genre de repos était celui dont on ne se réveillait jamais.

Il clopina dans la neige et serra la lame contre lui, comme la jambe du père qu’il n’avait jamais eu. Il murmura contre le métal alors que la nuit l’engloutissait. Il ferma les yeux, et ne les rouvrit que lorsque la lame se mit à vibrer contre sa joue, un tintement métallique pur et profond.

Dans l’obscurité, les flammes mourantes renvoyait le reflet d’yeux épiant leur proie.

***

Ses mains glissèrent sur les cuisses de la femme.

« Maintenant je sais ce que je peux perdre. »

**Xia Chao Seng** Informations **Messages** : 1554

~ Je sais bien qu'elle marche sur moi, puisque tu viens de me le montrer. Tu perds le Nord Hattan ?

Simple boutade pour ne pas lui laisser le dernier mot alors qu'il marmonnait dans sa barbe, je venais de lui dire ok pour tout ça déjà et non, je ne me répéterais pas, il n'avait qu'à bien écouter. Je soupirais pour la forme cependant et j'aurais bien tiré la langue pour le narguer en répondant ceci...

~ Je m’inquiète pas, j'ai comme l'impression de vite voir où va ta vision du terrain de l'arrangement.

Mais équivalence qu'il disait ? Saïtan n'avait pas encore donné assez dans ce cas et je ne faisais pas crédit. Seulement il y avait un détail qui allait clocher...

~ Tu sais bien que la Kunoichi n'en fait qu'à tête, sois un homme malin et évite la carte du Kage.

Et en un sens, c'était intelligemment ce qu'il faisait. Quant aux autres points, l'aider j'avais déjà commencé, le laissait faire avec moi, quelque part c'était ce que je faisais aussi, mais méfiante, comme lui, l'esprit de l'échange était bien là. S'illustrer un étrange lien qui l'unissait à cette épée, un que je doutais que deux êtres sachent retransmettre, Saïtan était parfaite dans son imperfection, parfaite pour lui et ce soir elle semblait s'être tût. Peut-être qu'elle pactisait elle-aussi ou alors qu'elle préférait ignorer maintenant qu'elle était elle aussi enlacée, un drôle de duo que j'avais là, à moins qu'elle ne soit finalement attentive qu'à son maître dont les mains avaient glissées avec douceur comme sa dureté d'y il y avait quelque jour semblait filer. Le monde n'était pas fait pour rester figer, mais il fallait savoir respecter son rythme. Et non définitivement, il en savait pas, c'était trop tôt pour savoir, néanmoins il pouvait deviner, entre-apercevoir. C'était une bonne soirée...

~ Bien. Alors réfléchis aussi à ce que tu peux gagner en plus.

La fin de l'acte, la leçon a retenir quand on me laissait mener le jeu, aussi grand pouvait-il être à côté de moi, ça ne ferait pas tout. Ce n'était pas du luxe que de le rappeler à l'homme orgueilleux alors que mes mains avaient rejointes les siennes pour se poser dessus, je le fixais mesquine.

~ Je suis embêtée Hattan, vraiment crois-moi.

Mais je quittais sa caresse pour celle du métal qu'un doigt longeait mes lèvres se pinçaient sur le côté.

~ Nous n'avons pas le même but initial visiblement de ce que tu disais, mais j'ai mal au cœur de ne laisser que Saïtan à mes côtés sur le chevet. Allons visiter un bout du pays, faute de la ville.

Pam. Celle-là il ne l'avait pas volée et je l'avais dit que sa langue fourchée il la payerait alors qu'un dernier baiser et je me dégageais de là fouillant rapidement dans mon manteau pour laisser quelques ryos sur la table. Je n'étais pas une voleuse. Et d'un joli sourire celui qui existait finalement, je concluais ainsi...

~ Tu as mangé et profiter d'un bon feu, j'ai eu la suite de l'histoire, nous n'avons plus rien à faire ici. Partons. Aujourd'hui vois-tu je suis d'humeur à me balader, alors rattrapons ça.

Néanmoins, qu'il ne s'imagine pas que j’oubliais. Hattan avait cédé une soirée à Saïtan à mon chevet, je me ferais un plaisir de reporter sa dette quand ça m’arrangerait...

Si elle se trouvait embêtée, Hattan se demandait bien ce que lui était. Mais les lèvres qui se posèrent sur les siennes semblaient aussi honnêtes que… Que quoi au juste ? Sans réponse, il resta silencieux pendant qu’elle se dégageait. Ça faisait beaucoup d’étranges sensations en une soirée. Revivre des souvenirs lointains, conclure un pacte qui ressemblait bien davantage à un contrat qu’au début d’une relation.

Elle faisait exprès et le savait très bien. Quelque part, la princesse avait senti que Hattan ne s’obligeait pas à être en première ligne de façon constante. Alors elle prenait les devant et menait le jeu. Et il la laissait faire, tout en espérant qu’elle comprenne que cette liberté était une illusion. L’épéiste n’était pas submergé. Pas encore du moins.

Il se leva et alla récupérer sa veste à peine séchée. Pour la différence que cela faisait, puisqu’ils retournaient dans la nuit pluvieuse. Le ciel couvert transformait l’obscurité en une tache d’encre. Lui et la nuit avait un lien bien particulier, une relation que n’avait pas encore effleuré la princesse. Et il faudrait encore un moment pour en venir là. Une chose à la fois.

Lui aussi déposa de l’argent même s’il n’avait pas grand-chose sur lui. Ils sortirent et la pluie les attaqua immédiatement, mais celle-ci était plus fine qu’avant, comme une bruine épaisse et enveloppante. Il faisait suffisamment froid en ce printemps pour que leur souffle soit blanchâtre dans l’air.

« Ce pays est vaste. Quand on le regarde sur la carte, on a tendance à se laisser submerger par le continent central. On en oublie les trésors cachés. »

Il jeta un regard à la princesse, sans préciser sa pensée. Ils parcoururent encore de la distance en silence. L’épéiste sentit plusieurs sources de chakra dans l’air, mais aucun d’entre eux ne sembla les repérer. Et même si c’était le cas, le reconnaître par sa source énergétique n’était l’affaire que de quelques personnes à Kiri présentement. L’avantage d’être un étranger. Et la princesse ? Personne ne s’en approchait sciemment. Une affaire de réglée.

« Tu as ouvert la lettre n’est-ce pas ? »

Sa voix était neutre, presque enjouée. Aucune chance de se tromper sur le document. Ou sur la curiosité de la femme. Ils s’arrêtèrent au bord de la plage. Les vagues s’écrasaient sur le rivage. Ils regardèrent l’océan un instant.

« Il faudra que tu me fasses confiance sur ce coup. Comme moi je te fais confiance en t’envoyant là-bas, hors de la portée de mon bras… »

Il eut un petit sourire.

« Tiens, je vais t’aider à faire les premiers pas. »

Et il la souleva comme la princesse qu’elle était, tourna sur lui-même et la jeta à l’eau en éclatant de rire. Ce n’était que justice pour tous les quolibets qu’elle faisait pleuvoir sur lui. Sur le contrôle qu’elle espérait exercer sur lui. Ce n’était qu’un échange.

Et une manière d’oublier que Samui Yuki courrait peut-être à sa propre mort.

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Un jeu étrange où chacun faisait les règles, j'aimais bien, ça changer de l'ordinaire, même si ça ne m'arrangeait pas forcément et en général, quand lui il riait, mon fascié se minait et inversement, on s'amusait au dépend de l'un et de l'autre, qu'à cela ne tienne, ça m'allait parfaitement. En revanche, le bain, je m'en serrais passé et d'un regard mauvais j'aurais presque pu l'accuser d'avoir fait exprès, l'eau qui s'écoulait sur moi ne me posait pas de problème, celle qui m’oppressait me figer totalement. Non pas sans faire violence je sortais de là mine de rie, on avait tous nos démons et j'attrapais le bras du moins là justement comme me rapprocher plus vite du bord.

~ Baka ! Elle est terriblement froide ! Ne te plains si je suis malade avec plusieurs jours de congés à tes frais Kage.
Disons six mois ?... Et j'avais beau avoir une envie de meurtre, je ne lâchais pas prise pour autant, question de priorité alors que maintenant j'avais la sensation de peser une tonne, sans omettre les autre détail déconvenant de cette situation. J'avais joué et perdue, j’acquiesçais, c'était de bonne guerre sa petite vengeance, même si terriblement déplaisant. Et bien sûr, il avait si vite enchaîné l'amusement et le sérieux que j'aurais pu en prendre le fil,j bien qu'en laissant tomber ce poids pour m'asseoir ce ne fut pas le cas. Il en revenait aux sujets qui fâchent. Pire il me connaissait déjà un poil trop bien, bien sûr que j'avais lu ? Et quand... ? Tss, cet homme avait les yeux partout ou c'était les miens qui ne savaient pas mentir, quoi qu'il en soit...

~ Ah tient, je savais bien qu'il existait ce petit rire là.

Et sans nul doute la confiance il l'avait déjà, c'était triste qu'il me le rabâche encore, quoi que bien mériter, mais pourquoi Yuki ? Pourquoi cet homme... ?

~ Pourquoi lui, pourquoi elle ? Je ne discute pas tes choix, ni tes ordres, mais j'ai besoin de les comprendre, comprendre pourquoi je devrais être prête à sacrifier ma sœur, c'est beaucoup moins simple que sacrifier sa propre vie. Les leur d'existences sont plus précieuses que la mienne, mais tu le sais, c'est un pari risqué que tu fais. Tu me prends à mon propre jeu... Je respecte.
Sincèrement, mais ça ne voulait pas dire que je quittais la partie bien au contraire, cependant...

~ Yuki ne peut pas mourir, je ne veux pas et je m'en fou que ça soit pour un bien ou pas, ça n'arrivera pas. Le statut de pion ne me convient définitivement pas, je n'attendrais pas les ordres du roi pour me déplacer sur l’échiquier, peut-être que tu aurais dû écouter Saïtan. Je ne te promet de transmettre l'ordre à Yuki, parce que ça serait te mentir, je ne sais même pas encore si je pourrais. Ma question est simple, prend là sous cet angle... Pour quoi serais-tu prêt à sacrifier Saïtan ? Les miens sont des fragments d'une épées similaires à la tienne alors tu peux comprendre de là mieux mon attitude envers toi quand tu les frôles. Tu saisis ?

Le petit regard coupable de la Kaguya pendant qu’elle lui prenait le bras confirma ce que Hattan pensait mais il ne put s’empêcher le tout bien amusant. C’était particulier. Il pouvait sentir la colère dans sa voix, pourtant elle restait immobile verbalement. C’était peut-être sa vision de l’échange. Le geste de l’épéiste était plus que légitime après tout.

Ils arrivaient à passer de la violence à la tendresse dans des délais presque inquiétants. Elle s’assied et il fit de même. Elle s’appuya contre lui. Il lui entoura la taille avec le bras. La pluie continua de tomber. Aussi simple que ça. Des fous.

« Il m’arrive de rire. Mais le rire, c’est un peu un extrême. J’évite les extrêmes parce que j’ai du mal à les manier. Je laisse ça à Saïtan. Là-bas, ma colère, mon rire ne peuvent faire mal à personne sauf si j’en décide autrement. »

Elle parla de Yuki et il l’écouta en s’essuyant le visage un peu inutilement vu l’averse. Le Kentaro réalisa qu’à travers ses mots, il commençait à mieux comprendre ce qui la faisait chavirer. Ils étaient de parfaits contraire au final. Hattan ne s’était jamais fié qu’à lui-même, et Saïtan était une partie de lui. Mais la princesse elle, avait une famille. Des amis. Un de ses points faibles. Et Hattan en jouait indirectement de par son rôle de Kage.

« Je ne vois personne pour mieux faire. Elle est jeune, agréable pour les yeux. Le Kage a vu en Samui Yuki le bon candidat pour cette mission. C’est une opportunité pour elle de renouer son engagement envers Kiri. Je connais les risques. Je sais ce qu’elle représente pour toi. Je l’ai vu dans tes yeux dès le moment où je t’ai parlé de sa mission. Le fait que tu aies ouvert la lettre était assez prévisible. »

Il lui mêla les cheveux comme un enfant. Il valait mieux continuer à sourire même si le sujet était sérieux.

« Ne vois-tu pas, Princesse ? J’ai déjà sacrifié Saïtan. Je l’emprisonne en permanence, je refous une partie de moi, je la diabolise, et elle me terrorise. Je ne supporterais pas de m’en séparer par peur de céder à ce qu’elle représente. La rage, la colère, le désespoir. Mais c’est nécessaire pour que je puisse avancer dans mon destin. Je ne peux que respecter la façon dont tu vis ces émotions, que tu les partages avec ta famille et tes amis… Avec moi. Je n’ai aucune envie de changer ça. Mais le Kage y est forcé. Tu n’aimes pas cette carte mais elle existe tout de même. Je ne vais pas essayer de t’embobiner dans une histoire de patriotisme envers Kiri, que c’est vraiment, uniquement, au final, une question de devoir. S’il se trouve, tu tiens davantage à ce pays que moi. Et c’est peut-être pour ça que nous sommes à nos places respectives. »

Parce je peux.

« Je ne t’en voudrais donc pas si tu ne donnais pas la lettre à Yuki. Mais ce chemin-là nous éloignerait l’un de l’autre. J’ai choisi de mener cet endroit, avec tout ce que cela implique. Nous ne nous serions jamais rencontré si ce n’était pas le cas. Le destin a sa façon de tisser notre vie. Il n’y a qu’une chose de certain : si tu ne veux pas être un pion, alors fais ce que tu as à faire pour ne pas en être un. J’aurais pu rester au service de mon père adoptif toute ma vie. Mais je suis ici. »

Avec toi.

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C'était contrariant ce qu'il disait là, d'autant que comme une enfant, je n'aimais pas choisir, c'était tout ou rien, mais au fond j'étais une enfant aussi en y repensant, quoi de plus normal. Je n'aimais pas ce qu'il disait, ce qu'il laissait entendre et la vérité dans ses propos, c'était à ne plus rien y comprendre, j'avais perdu le fil de ce que je voulais, mais pas la principale, la ligne de chacun d'eux. Je soupirais exaspérée en m'appuyant on avait l'air de deux idiots sous la pluie, c'était n'importe quoi, comme nous en fait.

~ Je vois.
Un petit peu mieux du moins, tant que je m'amusais avec légèreté de notre condition.

~ Tu as tort Hattan, la pluie pour sortir quand on est deux ce n'est pas génial, j'avais raison de dire que la place était meilleure dans le lit, allons le retrouver alors.
C'était plus une indication qu'une demande alors que je me faisais définitivement traîtresse en la donnant, qu'importe, comme j'allais si bien le dire...

~ Je ne choisis jamais, c'est tout ou rien, mais l'un ne vaudra jamais plus que l'autre à mes yeux. Je lui donnerais cette lettre et je la ramènerais avec moi à Kiri, parce que j'ai confiance en elle, comme en toi, plus qu'en moi. Mais je ne la forcerais pas.
Je savais qu'elle le ferait de toute façon, ma princesse à moi était courageuse et talentueuse, elle ne me décevait jamais, parce qu'elle ne pouvait pas échouer à mes yeux, au pire des cas, elle me faisait attendre, mais ce n'était pas très grave. Rien que d'y penser je souriais niaise, pourtant elle me manquait et le risque était grand, c'était un peu un acte de trahison envers mon ancienne vie que d'avoir cette main dans la sienne. Un réflexe ramenait ma main vers mes cheveux un le premier geste fut un sursaut en sentant un manque, mais je me souvenais subitement où je l'avais oublié, un regard pour l'homme n'exaspérait, j'avais belle mine de me moquer. Je ne valais pas mieux, quoi que, j'étais en paix avec mes fragments de Saïtan moi, chacun d'eux.

~ Tu as tort Hattan d'écarter Saïtan comme ça, tu rates beaucoup de chose et tu ne pourras pas éternellement échapper à ce que tu es. Ceux qui ne seront pas t'aimer comme ça, ne te seront pas d'une grande perte, puis je reste persuadé que tu ne peux pas être aussi terrible que tu ne le penses. J'ai confiance.

Et un sourire trahissait une vilaine pensée, car au final...

~ Je préfère une colère terrible, mais ensuite un esprit apaisé, qu'une mesurée qui ne fera qu'accumuler, ne te rendra jamais vrai. Quitte à ce que ça soit un lourd prix pour un simple rire, je suppose que c'est le saké qui fait substitution pour rire de bon cœur. Tsss. Tous les mêmes, des orgueilleux.
A nouveau l'image du Kyu, mais pas que, je me souvenais de ce qu'il disait, mettre un homme face à ses faiblesses devant une femme était une déchirure ou une cicatrisation, dans tous les cas, ce n'était pas à prendre à la légère. Pas un jeu. Alors il ne fallait plus jouer pour le faire.

« Attend, c’est toi qui voulait que… *soupir amusé*… Bon, d’accord. »

Elle lui fit la morale. Encore. Comme quoi il ne devrait pas utiliser Saïtan ainsi. Cette femme était vraiment quelque chose. Il avait eu beaucoup de temps pour se construire au fur des années, et il allait pourtant bien, selon lui du moins. Et elle ? Non, il devrait tout changer et repartir à zéro. Oui d’accord, il n’était plus sur la route, mais un tel changement n’allait pas arriver du jour au lendemain. Il en était tout simplement incapable. Il se contenta d’abord d’hocher la tête avec un sourire empathique.

« Merci. »

C’était la première fois que la princesse acceptait plus ou moins volontairement de suivre ses ordres. L’emphase sur le plus ou moins est importante, cher lecteur qui espère voir cette histoire devenir plus torride. Bah on peut dire que c’est le cas avec toute cette pluie… Pluie, Torride, Torrent… Non ? Bref. Toujours est-il que cette acceptation était bonne à entendre. Au moins il arrivait à aller chercher quelques choses chez elle.

« J’ai encore du mal à me faire à cette double vie. Et peut-être que tu n’aimes pas tout chez moi, mais il est certain que ce ne sont pas tous tes traits qui sont appréciables. Et c’est parfait comme ça. Sinon ce serait ennuyeux, non ? De toute, tu ne veux pas voir à quoi ressemble la colère que je retiens. Tu n'as pas encore vu toute l'histoire. »

Si. Mais des deux, elle était la seule à le déclarer ouvertement. Mais cela ne voulait pas dire que ce n’était pas sa pensée aussi. Des fous.

« Allons, tu vas vraiment prendre un rhume si on reste là. »

Il l’aida à se relever tout en sachant qu’elle allait se moquer de lui pour ça. Sachant qu’elle se serait moquée de lui par manque de galanterie s’il ne l’avait pas fait. Le seul moyen de gagner contre cette femme était de lui couper l’herbe sous le pied, voir le pied en entier. Or, ce n’était pas toujours faisable facilement. Ils se mirent en route.

« Tu connais bien Saïtan. Mais moi je ne connais pas cette facette de toi. J’aimerais que tu me présentes tes amis et ta famille quand l’occasion viendra. Qu’il ne soit pas simplement des pions que j’envoie à la mort, tu vois. »

Un humour noir qui ne lui ressemblait pas. Mais rien ne faisait beaucoup de sens ce soir de toute manière. Ils atteignirent le pas de sa porte, trempés à l’os comme d’habitude. Il regarda autour en essayant de mémoriser la localisation des lieux.

« Que sais-tu de l’homme ? Tu sembles le craindre. Et tout ce qui fait peur à princesse m’intéresse. »

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Lui présentait les miens ? Blague, je les éloignerais au contraire de peur qu'il ne me les coupe en plusieurs bouts. Si je n'étais pas la douceur et la prévoyance incarnée, il était mille fois pire.

~ Trouves quelqu'un d'autre que Saïtan à me présenter, sinon l'échange ne sera pas équitable, tu vois pourquoi je te tanne sur l'importance de la socialisation !

Rien à voir, mais c'était un moyen comme un autre de la ramener encore une fois, car l'évidence était là nous ne serions tous à ses yeux que des pions tant qu'il ne se sentirait pas faisant parti des nôtres. Un peu comme les Gekei, masse d'eux ne tenait sous l'oppression de la citée et s'en allait et moi mon travail jusqu'ici? Les traquer. Les punir aussi, mais de quoi ? A Kiri on ciblait toujours les mauvaises personnes, comme partout, les puissants écrivaient comme il leur arrangeait les morceaux de l'histoire. Ce n'était pas juste, mais vrai, Tenzö l'avait compris, le seul moyen de rassembler les fous de Kiri c'était la guerre, la conquête, l'historie dans le sang, une âme corrompue pour berceau à des milliers d'autres bientôt atteintes. Mais moi, elle commençait à trop me prendre et tout ce beau monde commençait à me fatiguer. Alors à son ultime affirmation sur son intérêt...

~ Étonnement.

La réponse fut spontanée et je soupirais en rentrant à l'intérieur ça allait être un vrai carnage pour mon sol immaculé, si je devais nettoyer ça ce soir... heureusement ce n'était pas le cas quand aucun mot ne semblait vouloir répondre à sa question. L'art de toujours ramener les sujets qui fâchent, n'est-ce pas. De bonne guerre encore une fois, donnant-donnant. Je ne lui présentais pas le lieu puisque...

~ Tu as déjà montré que tu fais comme chez toi...
Rappelons le, une porte pas fermée pour lui lui autoriser tous les droits à l'intérieur et je n'avais pas fermé ce soir non plus, pas important bien que des yeux jaunes perçaient dans l'obscurité, le loup qui vivait ici n'était pas content. La lumière que j'apportais à la pièce le confirmer, alors que bien que serein, son regard était assassin sur l'intrus de la maison ma main sur le dessus de sa tête voulait le rassurer.

~ Nectus. Et si tu regardes bien cacher sous les poils et la couette c'est Tei' que je t'ai demandé de ne pas réveiller l'autre soir.

Il fallait dire que l'animal que j'avais recueilli tenant juste dans ma main prenait maintenant toute une longueur de canapé et ses longs poils blancs se fondaient souvent avec nos cheveux blancs. C'était amusant et depuis toujours je l'appelais mon frère, choyait au même titre que le môme endormi à la mauvaise place. Je n'étais pas inquiète qu'il se soit relevée, il savait que mes absences n'étaient pas alarmante, il avait l'habitude, puis un bon garde du corps. Restait un détail à régler...

~ Tu as de la chance si demain tout est sec, moi je n'aurais pas ce problème.

Je laissais mon bandeau dans les doigts de mon cadet, petit rituel pour dire que j'étais rentrée et toute à lui, enfin presque là. Je coupais la lumière, extinction des feux...

~ Je ne te montre pas le chemin tu connais ou tu préfères que je te prenne par la main.

La main qui se tendait et je n'avais toujours pas répondu, pourtant c'était simple.

~ Je sais de l'homme qu'il n'arrange pas du tout mes affaires et qu'il n'est pas prêt de les rendre simples, mais je me console, tu n'arranges pas les tiennes non plus. C'est le déjà vu qui m'effraie un peu je sais déjà comment ça fini, mais ce n'est pas grave.

Pas du tout même, un instant présent et puis c'était tout. Je détestais réfléchir, c'était à croire que ça aussi il le faisait exprès, comme si je ne le savais pas assez que ça ne se faisait pas il en rajoutait des couches. C'était le dernier moment de la journée qui bouclait la page en fermant la porte. Non, pas sans une dernière remarque utile, voire deux.

~ Tu vas te lever tôt pour retrouver le campement, je te plains et cette fois on échange nos places. Celle-là était la sienne, elle ne peut être que mienne, pas la tienne, c'est mieux si je te laisse la mienne.

Qu'il comprenne ou pas n'était pas important, après tout ce n'était qu'un détail, mais un important pour moi, voilà tout. En parlant de ça j'étais curieuse d'en découvrir un autre en débarrassant ce tissus mouillé, mais ce n'était pas tant la marque de naissance qui attirait ma curiosité de sa forme, mais une poche où je reconnaissais la mienne de marque. Ce n'était pas le moment de soupirer, alors je préférais en sourire, ce n'était pas la première qu'il s'endormirait ici, mais cette fois c'était différent, une première était la façon ensemble de s'endormir alors que Saïtan était bel et bien abandonné à un chevet. Pour cause, il aurait de quoi s'occuper de ces deux mains, si bien que...

~ Tu ne crains pas que ça soit moins marrant comme tu disais?

Les boutades avaient tendances à devenir étrangement vraies avec lui, j'allais me méfier, encore que, c'était un peu tard maintenant, ça n'allait plus rien changer !

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