Dans la nuit [Meteora]

Il n'y avait que la nuit, que l'obscurité ambiante, que ça qui me permettait de rencontrer celui que j'avais, jusqu'aujourd'hui; suivi. La nuit, personne ne pouvait nous voir, du moins, je le croyais. J'étais toujours à Hi no Kuni, on pouvait dire que je me baladais; qu'avais je d'autre à faire ? Je me reposai dans forêt, contre un arbre; à des lieux de Konoha, et encore plus de Suna. Mais cette distance ne suffit pas à me mettre à l'abri. J'étais trop distraite, et trop "faible" en ce moment. Le silence, voilà ce qui régnait ici, avec parfois le chant d'une hulotte argentée. Ce silence auquel je m'étais habitué. Ce silence qui fut rompu par le son distinctif d'une branche cassée. Ici, aucun animal n'était assez lourd pour casser une branche, les plus dangereux étaient bien plus silencieux et prudent que cela. Je me levai, observant dans l'obscurité à droite et à gauche. Plus rien. Dans le doute, je fis une série de signe et crachai une déferlante de flammes dans la direction suspectée. Le buisson, les arbustes, et peut être les animaux qui s'y étaient réfugiés furent carbonisés... je ne leur voulais rien à eux, mais; tanpis. J'observai toujours, car malgré cette attaque préventive, aucun bruit ne se fit entendre, pas même un hurlement bestiale, rien. Soudainement, un reflet; une salve de Kunaï sorti de l'obscurité, me visant. Je fis un Kawarimi, me substituant à un tronc d'arbre. Celui ci fut mitraille de métal, et l'instant suivant, explosa. J'avais bien fait. Et une voix, inconnue, retentît.

"Elle est là, l'Ecarlate! Capturez la!"

Des Sunajin, des Knohajin ? Aucune idée, ce fut la première fois depuis que j'avais quitté Suna, que quelqu'un tentait de s'en prendre à moi. J'aurais pus les balayer en un claquement de doigt, réduire leur vie à l'état de cendre, et les disperser dans le vent, mais... Je ne voulais plus tuer qui que ce soit, je ne voulais pas salir mes mains davantage, pas pour si peu, pas pour me défendre de personnes me voulant pour les crimes que j'aie commis. Bien sûr, je ne voulais pas être capturée, pas maintenant. Je n'avais pas totalement le point sur ces derniers mois, je n'avais complètement récupéré. Oui, il en faut du temps pour accepter ce qu'on a fait, tuer tous ses proches, trahir la confiance de centaine de personnes... Une fois que je serai parvenu à vivre avec ça, sans me morfondre à longueur de journée, sans avoir besoin de voir "Kenji" pour oublier tout ceci... je ne me laisserai pas avoir, par qui que ce soit. Cette fois des shuriken sortirent de l'ombre, tranchant l'arbre sur lequel je me reposai, sur le quel je méditais. J'en attrapai un en plein vol, et leur renvoya, sans viser, sans voir où ils étaient; il ne serait qu'un caillou dans océan. J'en déviai un autre en déformant l'air m'entourant; cependant le troisième m'heurta, au bras, je serrai les dents; la blessure était profonde, je n'arrivai plus à le lever. Ils venaient donc de cette direction, du Sud. Je me retournai, et courus dans la direction opposée, maintenant; l'objectif était de les semer.

Dis-je en sentant le sang couler entre mes doigt, et le long de ma jambe.

Je n'avais pas l'impression qu'ils étaient de Suna ou Konoha, leur approche était bien trop... chaotique.

Les chasseurs pourchassés.

Après avoir remis le corps inanimé de l’Hokage qui ne serait bientôt plus qu’un élément du passé, le prédateur avait erré dans le pays du Feu, sans but. Son esprit s’était mis dans une sorte d’état de veille et la bête n’agissait que rapport à ses instincts. Quelque chose semblait manquer et causait de la frustration, mais cela est une émotion humain que le Furyou refusait de ressentir et vivre. Cette impression de travail non-terminé. Il avait réalisé que la moisson n’était toujours pas complétée à Konoha. Le luthier subsistait, ce dernier lien du passé de Kenji avec ce regroupement d’insecte qui pollue le territoire du prédateur.

Les jours suivants, il avait commencé à traquer les survivants nukenins de l’attaque sur Konoha, les éliminant un par un. C’était une autre consigne de Celui-Qui-Sait, ne laisser aucun liens avec le Kokuen, l’organisation mafieuse qui étendait ses tentacules un peu partout. Aussi imposante pouvait-elle paraître, la fumée était faible, et trop étirée sur le continent pour constituer un réel danger. Tout juste à bonne servir les intérêts du plus offrant. Ce concept lui était étranger, et hostile, illogique même. D’autres proies, tout simplement.

Alors il les tranchait, un par un, remontait les groupuscules mercenaires qui avaient constitué la diversion pour lui permettre d’abattre l’Hayashi. Planter sa griffe dans l’épaule d’un d’entre eux lui permit de découvrir leurs nouveaux contrats, avant qu’il ne décapite pour terminer l’affaire. La bête n’avait aucune patience et laissait des cadavres sur son chemin comme à l’habitude, ne faisant aucune différence entre villageois, shinobis de rangs inférieur ou mercenaires. Il épargna un chien qui le surprit à s’abreuver dans une rivière. Le masque avait regardé l’animal longuement, son regard triple dans celui plus naturel du canidé. Il avait sursauté quand la bête s’était approchée de lui pour lécher sa main distraitement. La créature resta silencieuse. Des images vinrent en sa mémoire, des images d’affection et d’amour. Amour.

La nuit l’attrapa dans ses longs bras obscurs mais il n’arrêta pas sa chasse pour autant que les images tournent dans sa tête. On chassait l’Écarlate, son Écarlate. Le destin la remettait incessamment sur son chemin. Il ne peut y avoir de telle coïncidence. Ce monde avait un plan pour le prédateur, et il incluait la femme aux cheveux de feu. Le temps sembla ralenti. Depuis combien de temps courait-il ? Impossible à déterminer. Mais il pouvait voir l’éclat du sang tanguer dans l’ombre globale du monde. Ainsi que ceux qui prétendaient la chasser.

Personne ne pouvait chasser Zanshi, sinon lui. Elle était sa proie À LUI.

Il prit de l’altitude grâce aux branches des arbres, et dévia sa trajectoire. Son attention se porta sur les poursuivants. Des éclats métalliques scintillèrent dans l’air, des lancers d’armes. Ils ne semblaient pas l’avoir remarqué, alors qu’il était toujours derrière eux, un masque blanc dans une mer d’encre. Le Furyou accéléra le pas alors que ses griffes se déclenchaient dans un mince bruit qui se noya dans les pas et les cris des mercenaires.

Il intercepta le premier qui venait d’atterrir sur une branche plus imposante. L’homme sentit son approche mais n’eut aucun temps pour terminer de se retourner alors que Kenji planta son arme directement dans sa gorge. À peine un hoquet alors que le regard vide du nukenin croisa celui du masque macabre du prédateur. La bête le secoua puis le laissa tomber dans le vide. Il se projeta vers l’avant en assénant un coup de griffe sur la branche, la tranchant .Son doigt effleura le bois et y apposa un sceau qui éclata immédiatement. Mû par la gravité, l’objet de bois le dépassa et se fragmenta dans l’air en dizaines de brindilles acérées qui transpercèrent le torse d’un autre poursuivant qui alla s’échouer au sol comme une pierre en chute libre. Il ne se relèverait jamais.

Des cris et des éclats de voix annoncèrent qu’il avait été remarqué ou qu’on avait remarqué que quelque chose n’allait pas. Le furyou continua sa course alors que des Kunaï volèrent désormais dans sa direction. Aucune d’entre elle ne passa même près de le toucher alors qu’il augmenta le poids de l’air autour de lui pour les dévier. Un sifflement le fit tourner la tête pour voir un Katana s’apprêter à le raccourcir d’une tête. Les trois yeux verdâtres croisèrent ceux du spadassin. Impulsion de chakra, et Tsura entra dans son esprit pour le paralyser à l’aide d’une illusion. Moment mal choisi. La créature se pencha vers l’arrière et laissa le nukenin passer, emporté par son propre élan. Il termina sa course empalé sur une branche.

Une boule de feu l’effleura et le Raiu sentit la chaleur sur son visage. Il gronda, et le bruit grave résonna dans la forêt toute entière alors que les triples yeux prirent une teinte verte et vive. Les arbres se tordirent et se brisèrent sous la zone de gravité qui s’installait. Les cris de souffrance résonnèrent dans la forêt.

***

Lorsqu’il la rattrapa, le masque était couvert de sang, les griffes ruisselantes de liquide écarlate. Derrière lui, les huits cadavres tranchés, écrasés, empalés, décapités et brisés de ce qui avait été une compagnie nukenin pourtant expérimentée. Mais rien n’était terminé. La chasse n’était pas terminée. Seul l’instinct.

Il la percuta de l’épaule et son poids vastement supérieur l’emporta vers le sol, au pied des arbres. Sa main se referma autour du cou de la femme alors qu’il ralentissait leur chute grâce à la gravité. La bête traina sa proie blessée sur le sol quelques instants puis la plaqua sur l’arbre en soulevant sa griffe pour frapper. Les lames s’avancèrent.

Un éclat de lune perça les nuages et illumina une fraction d’instant. Il s’arrêta, le souffle court, couvert des restes de ses adversaires. Un moment passa, et il baissa finalement son arme. Le prédateur était en cage à nouveau. Ou l’était-il ? Il relâcha finalement sa prise sur la jeune femme, et retira son masque, dévoilant le visage de celui qui avait été Raiu no Kenji, le Havre de la tempête.

« Zanshi. »

L’écarlate était une experte du combat au corps-à-corps, bien plus habile que la Kazekage ne l’avait jamais été.

Elle s’était laissée faire.

Pourquoi ?

Les morceaux de métal cessèrent de voler autour de moi, les cris de rages laissèrent place à d'autres, de terreur. Je ralentis. Je ne sentais plus mes poursuivants, ils s'étaient comme volatilisés. Je ne m'arrêtai pas pour autant. Quelque chose les avait happé, je ne voulais pas savoir quoi, et je ne pouvais que l'en remercier. Mais la question me traversa l'esprit; si quelqu'un ou quelque chose les avait fait taire, pourquoi ne serais je pas la prochaine ? Bonne question à laquelle je n'avais pas spécialement envie de répondre, d'autant que; mon bras; il ne répondait plus. Le shuriken géant avait dû sectionner quelques chose. Je ressentais la douleur, je sentais le sang s'écouler sur mon épiderme, mais impossible de bouger un doigt. Et réponse, sans être recherchée, me tomba dessus. La mort venue du ciel ? C'était si... épique.

Je fus trainée sur une certaine distance, en plus du coup brutal que cet inconnu m'avait assené sans retenue. J'étais incapable de me défendre, et en fait; je ne savais même pas si j'en avais envie. Des vies s'arrêtent tous les jours, pourquoi pas la mienne ? Une nuit, à Hi no Kuni... cela ne changeait pas d'ailleurs, à un autre moment. Cet attaquant, d'une force surhumaine; me souleva contre un arbre. Il me compressait contre celui ci. Et dans le clair de la lune, je reconnu ce masque blanc comme ornementé d'émeraude. Le souffle coupé, dans l'impossibilité de parler; je ne pus que le laisser agir. Sa griffe argenté reflétant l'astre nocturne se leva, et puis. Plus rien. Un frisson me parcourut. m'avait reconnu ? Sa griffe sanglante s'abaissa, et son visage se dévoila. Oui, c'était bien lui. Et mon nom résonna dans le noir, en ses lèvres.

C'est lui qui les avait tous abattu ? Mes yeux le parcourent, du sang, partout. Que leur avait il fait ? Aucune idée; et je ne voulais pas en savoir davantage quant à leur sort. Il me lâcha. Visiblement, il n'était pas encore décidé à m'éliminer. Aucune importance. Un jour cela viendrait. J'étais bien moins aveugle que cette nuit où il me libéra du joug du premier Habashi. Je connaissais sa nature, sa nouvelle nature; le Kazekage Kyoshi en avait parlé, je n'y avais pas cru, je ne l'avais pas vu; mais, mes doutes se certifiaient maintenant peu à peu. Mais y avait il toujours une partie de lui dans ce corps ? Tant de questions que je voulais pas poser. Je me laissai glisser contre le tronc, sur une terre humide. Je regardais ma main droite, couverte de ma propre hémoglobine. Je posai ma main sur la plaie, la zone était sensible, bien plus que cela; à la limite de l'insoutenable.

L'os avait dû être touché par la fine lame, cela expliquerait tout. Je fis chauffer, et même brûler la peau à cette endroit. Une cautérisation sauvage et douloureuse. Le sang s'arrêterait de couler, je ne risquais plus rien sur le point d'une éventuelle hémorragie. Si Tsuna avait été là, il aurait su quoi faire, il aurait put m'arranger ça. Mais il n'était plus. À cause de moi. Un juste revers ? Oui, sans doute. Néanmoins j'avais quelques notions, apprises de ce défunt; j'imaginais la suite sans soin. La perte d'un bras. Ce n'était pas cher payé pour tous mes méfaits. Maintenant, je reportai mon attention sur le Raïu, ou quoi qu'il soit d'autre. Pouvais je le remercier ? Le devais je ? J'en doutais. Je voulu me relever, mais en fus toute aussi incapable, finalement; j'avais peut être perdu un peu trop de sang. Enfin, maintenant, j'étais en sécurité; ou tout au moins, cela y ressemblait fort.

"
Kenji... ou... Furyou ?.. peu importe... Je suis... contente... de te voir. Dis-je le souffle court. C'est probablement ma... dernière nuit ici. Ajoutais-je."

Oui, avec un peu de chance il me tuerait, avec un peu moins je sombrerais sous le poids d'une infection, ou d'une anémie... ou d'autre chose peut être, ne sait on jamais. Il était quand même assez amusant de savoir que j'allais mourir d'une simple blessure provoquée par un Shuriken géant alors que j'ai survécu à des tempêtes de phosphore, des attaques de morts vivants; ou encore des affres d'un ninja un peu dérangé. Vraiment amusant. À moins que celui que se tenait devant moi ait des compétences en médecine, ce dont je doutais très fortement, je ne me souvenais avoir vu Kenji user de telles techniques un jour. Enfin, maintenant qu'il ne me restait au maximum que quelques heures de vie, peut être pouvais-je poser mes questions; il ne risquait rien, et moi; pas grand chose de plus.

"J'ai... des questions à te poser... Kenji."

La bête détourna les yeux de Zanshi pour essuyer la sueur qui perlait à son front.

Il n’aimait pas être près de cette femme. Elle embrouillait son esprit avec les souvenirs de Celui-Qui-Fut. Entre lui et Kenji, il n’y avait, en vérité, qu’un pas. Voilà déjà un moment qu’il n’était plus un Furyou conventionnel, si on pouvait vraiment les caractériser ainsi. La dernière fois qu’il l’avait vue, ce sentiment l’avait submergé, cette impression que l’écarlate était une partie indissociable de lui. C’était sans doute le cas, mais la logique tordue de Tsura avait fait son chemin depuis. L’inséparable l’était-il vraiment ?

Elle savait. Ou du moins, en savait davantage que cette nuit-là. Cela semblait avoir changé sa perception, mais le prédateur n’aurait su dire à quel degré. Il pouvait toujours sentir sa nervosité en sa présence, comme un jeune couple à leurs balbutiements. Mais l’obscurité et les ténèbres avait envahi ce sentiment pourtant pur et innocent, simple comme le soleil qui prend son envol chaque matin. La peur, l’indifférence la secouait. Elle se réfugiait dans ses cauchemars antérieurs. Il souffla par le nez et l’inspecta du regard avant de jeter un œil aux alentours.

« Pas ici. »

L’endroit n’était pas sécuritaire, et la bête n’était pas certaine d’avoir éliminé tous ses poursuivants. Le phosphore était aussi imprévisible que lui. Il avait constaté que la femme ne semblait plus en état de courir après sa chute ainsi s’approcha-t-il d’elle en posant un genou à terre. Leurs visages se rapprochèrent dangereusement pendant quelques instants, mais le furyou se contenta de la fixer de son regard émeraude avant de la soulever dans ses bras, ce qui n’avait rien de difficile pour lui. D’un bond, ils retrouvèrent l’altitude des arbres, mais il continua son chemin. Cette région ne lui était pas étrangère, mais l’obscurité ne rendait pas la navigation aisée. Ils contournèrent les ruines de quelques arbres calcinés chimiquement. Un corps pendait à une branche, le corps ravagé par la morsure verdâtre du phosphore.

Avant longtemps, le bruit de l’eau prit place dans leurs oreilles et ils atteignirent une rivière qui coulait paisiblement vers l’est, vers l’océan de la brume. Le sol retrouva les bottes de l’Ancien Kazekage qui déposa la femme en lui appuyant le dos contre un des rochers qui parsemait le long de la rivière. Il la regarda longuement, puis se détourna et marcha vers la rivière. L’homme défit sa toge trempée de sang. Il portait toujours son vieux manteau gris en-dessous, le même qui l’avait suivi à Suna. Le vêtement était en mauvais état, endommagé par le phosphore à maints endroits, comme une gloire depuis longtemps oubliée. Il l’enleva également, car le sang avait passé à travers. À la lumière de la lune, les rayons brillèrent sur son dos ciselés de dizaines de cicatrices, certaines fraîches et d’autres anciennes, perdues dans les sables du temps. Certaines semblaient improbables, si longues et larges qu’il fut impossible de croire que l’ancien Kazekage ait pu y survivre. Telle était la vie de celui dont la vie ne pouvait se terminer.

Il mit le tout à l’eau, les pesant avec des pierres pour qu’ils ne soient pas emportés par le courant. Meteora mit le masque en tout dernier dans le liquide froid qui devenait écarlate, puis se releva et tourna la tête vers la dame rouge.

« Parle, Zanshi. Et accepte la douleur.»

Quand Kenji avait vu cette Kunoichi pour la première fois, il lui avait donné un choix : le suivre, ou mourir. Aujourd’hui il lui semblait revivre ce moment, quand le destin et l’innocence semblait avoir fait son chemin…

Accepter la douleur ? Je n'avais vraisemblablement pas le même esprit que lui. Lorsque j'ai mal, je peux faire fît de la douleur, ne pas y penser, la négliger; mais l'accepter ? Qu'elle soit physique ou psychologique, je ne peux pas; encore plus dans ce genre de situation. Oui, je m'étais faite avoir comme une débutante, prise par surprise. J'avais mal, c'était un fait; enfin, mal... Aurait il encore fallut que je sente bras, car à cet instant... rien. Cependant, même sans faire preuve de compassion; il semblait avoir compris mon "problème", aussi il me souleva, et nous prîmes notre envole. J'avais passé mon bras valide autour de son cou, pour me tenir. Mes yeux battaient lentement, se refermant et s'ouvrant irrégulièrement, la fatigue me gagnait peu à peu. Mais je repris mes esprit lorsqu'il me déposa. La fraîcheur de ce lieu, son calme, c'était... reposant; mais pour combien de temps ? Je le regardais, toujours sous la lumière bienveillante de la lune, j'avais l'impression de revoir celui que j'avais connu, ce manteau, ce corps. Puis il revint vers moi. C'était comme... le dernier mot du condamné. Je me redressai contre le rocher, en me tenant le bras, par pur réflexe.

"Oui... J'ai beaucoup de questions... Qui es tu vraiment ? Je sais que tu lui ressembles, tu as sa voix... mais... enfin.. Ensuite, connais-tu Kyoshi Rei ?"

J'avais effectivement bien d'autres questions à poser, mais je devais faire un tri, et aller à l'essentiel. Effectivement, savoir ce qu'était devenu Kenji, me donner une assurance sur ce que je peux espérer de cette personne, savoir si j'ai autre chose à regretter. J'avais entendu parler du furyou lors de l'investiture du Kazekage Kyoshi. Je n'avais jamais fait confiance à cet homme, et ça; ce n'était pas une influence de mon "grand-père". Je voulais savoir si cette enveloppe charnelle avait encore un soupçon de l'âme de mon Kazekage. Je savais que je ne pouvais m'attendre qu'à une chimère, que mon souhait le plus cher; le reconnaître au plus sombre de la nuit; ne serait pas exaucé. Pour plusieurs raisons; la première : ma mort approchante. La seconde : la réalité, car même si je ne faisais pas confiance à l'actuelle ombre du vent, et bien; je n'étais pas idiote. Les furyou... j'aurais voulu en savoir plus à leur sujet. Mais le temps, c'est ce qui me faisait défaut à cet instant. Comme d'habitude, je supposais qu'il allait encore prendre un temps considérable pour m'apporter un premier élément de réponse. Puis, j'ajoutai quelques mots de plus, certainement du délire, ou de la nostalgie... enfin.

"Ha... Tu te souviens de cet alcool, lors de notre première rencontre ?"

Moi, je m'en souvenais. J'avais même refusé le verre au début, pour fini par l'accepter. Mon regard pencha sur ma main droite, couverte de sang séché, puis je posai les yeux, à nouveau; sur Kenji. Derrière lui la lumière lunaire lui donnait un aspect plus doux, presque normal, ou humain...

« Je suis Kenji. Et autre chose. »

Le blond s’approcha du rouge et appuya un genou au sol pour se mettre à son niveau. Il déplaça sans brusquerie la main de la femme pendant qu’elle parlait, puis leva lentement son bras blessé pour mieux le voir à la lumière de la lune. La blessure était incroyablement profonde, le résultat d’une arme de jet infusé de chakra. La peau était brûlée là où l’écarlate avait cautérisé sa blessure, mais les dommages internes restaient bel et bien présents. Sans soins, elle allait perdre son bras d’ici moins d’une journée. Et dans quelques jours, l’infection la tuerait sans doute. Son chakra était déjà faible. Ni Kenji ni Tsura n’était médecins. L’homme prit sa main valide dans la sienne, et l’appuya sur son propre cœur.

« Je suis honneur et obscurité. Le bon sens et la folie. Et je suis vivant. »

Il lui jeta un long regard, deux lumières vertes foncées dans un paysage d’encre.

« C’est moi qui t’ai offert cet alcool rose indéfinissable, et qui l’a lancé sur le mur quand tu l’as refusé. C’est moi qui t’ai appris à boire, qui a mené tes doigts sur une guitare. C’est moi qui t’as enlacé après la guerre contre Konoha. Et c’est moi qui t’as fait douter de ton amour pour Tsuna. Qui t’as offert, dans une autre vie, une existence paisible et loin de la guerre. C’est de moi que tu as eu pitié quand la mort de Kusanagi m’a brisé, m’a vidé, m’a mené vers ce que je suis aujourd’hui. »

La moue taciturne de son visage se défit quelque peu, comme si l’émotion le déformait pendant un court moment. Peu de gens auraient pu se vanter d’avoir vu le célèbre Meteora ainsi.

« Mais c’est également moi qui a tué tous ces gens. Qui chasse les humains en ce pays. Je suis un furyou. Je l’ai toujours été. Mais ce côté de moi était en sommeil. Je le connaissais, mais je n’avais pas à l’honorer. Je pouvais lui résister. Mais j’ai passé un pacte. Pour venger Kusanagi, Karas, Manzô, tous ceux à qui j’ai failli. »

Il détourna les yeux et secoua la tête.

« Kyoshi Rei est l’homme qui a pris ma place, alors que ça aurait dû être toi. Ta place est toujours à Suna. Tu dois continuer là où j’ai échoué. Et un jour tu devras me tuer moi. Ou essayer. Tu es si forte Zanshi, mais ton cœur est ta faille. Comme moi.»

Il regarda à nouveau le bras brûlé, les tatouages déformés par la blessure.

« Je vais sceller ton bras, femme. Le sceau va s’incruster dans ta chair et la retenir en place en repoussant l’air. Ton bras ne pourra donc pas pourrir d’ici à ce que tu trouves un médecin. Mais le sceau, ma marque, ne disparaîtra jamais de ta peau. Elle sera imprégnée jusqu’à tes os. Tu souffriras le martyr. Et tu devras l’accepter. »

Le Raiu serra la main qui était sur son cœur.

« C’est aussi près de Kenji que tu ne pourras jamais l’être. »

(#) Sujet: Re: Dans la nuit [Meteora] Ven 3 Jan 2014 - 3:31

Je me souvenais de chacun de ces détails, et lui aussi. Ses mots et ma faiblesse du moment n'eurent pour effet que de m'embrouiller à nouveau, moi qui croyais avoir compris quelque chose, je retournais à la case départ. Cette discussion était normale au final, si on mettait de côté l'étrange, et le critique de la situation. En effet, cela me rappelait ces conversations avec le Kazekage, à l'époque de Suna, cela me réchauffait le cœur, en quelques sortes; je regrettais ces temps. Je l'observais, je l'écoutais. Les réponses me parvenaient au compte gouttes, lentement mais certainement. Que ce soit à propos de Rei, ou de lui même. J'étais presque satisfaite. J'avais d'autres question à lui poser, cependant il ne m'en laissa pas l'occasion, à peine eus je le temps de prononcer quelques mots...

"La vengeance..."

La main du grand blond se posa sur mon bras, un sceau apparut, et ce qu'il avait dit fut. Une douleur concentrée sur une seule même zone, sur cette blessure que je n'avais su, ou voulu; éviter. Mais finalement, en comparaison de tout ce que j'avais pus faire et vivre, des combats et des relations vécues et surtout des déceptions et des erreurs qui m'eurent fait dériver jusqu'ici, face à cet homme; ce n'était rien. Je comprenais finalement ce qu'il voulait me dire, accepter la douleur. Je devais... faire fi ? Je soufflais, respirais, serrais les dents; repensai à mon départ de Suna, ce que j'avais pus faire à mes amis, c'était surtout ça que je devais "accepter"... un état d'esprit alors. Et bien non, je ne le pouvais pas, simplement, pas maintenant.

La douleur, elle; je pouvais la contenir, mais le reste. Quelques autres minutes s'écoulèrent, la souffrance ne s'estompa pas, et je n'arrivai pas non plus à bouger le bras. Mon front, malgré la fraîcheur nocturne, dégoulinait de sueur, un effet du fuinjutsu employé par l'ex Kazekage. Mes yeux se posèrent machinalement sur le plaie, je ne distinguais rien, peut-être était ce dû à l'obscurité, peut-être la fatigue, encore. Ce fut la voix tremblante, une fois que "l'opération" fut complètement terminée, que le Furyou eut retiré ses mains; que je repris la parole. L'envie de dormir commençait à se faire ressentir, pour cause plusieurs chocs subits les uns à la suite des autres; effectivement, attaquée par des mercenaires, secourue par Kenji que je doutais jusque lors revoir, puis "soignée" par ce dernier, une succession de violences tant psychologiques que physiques.

"Kenji... Mon esprit s'embrumait à chaque syllabe que je prononçais. Kyoshi Rei est ton ami ?"

Cette question m'obsédait, je voulais savoir, je voulais apprendre d'autres choses bien que mon temps de lucidité et de conscience soit de plus en plus limité. Je savais qui si je fermais les yeux pour me laisser aller dans les bras du sommeil, si je succombais à tout ceci; il disparaîtrait à nouveau, alors tant que je pouvais, je gardai les paupières ouvertes malgré leur oscillation dangereuse et parfois momentanée. De ma main valide, celle qui avait put le toucher, palper un torse renfermant un cœur battant bel et bien; je frottai mes yeux, et m'essuyai le front, tentant de me garder dans un état éveillé, ou y ressemblant fort. Je balbutiais quelques autres mots, péniblement audible; en fait je parlais seule comme me rendant compte d'une erreur ou d'une réalité...

"Pourquoi tuer Kenji ? non... je ne pourrais pas... Tu... Dis-je en regardant par dessus son épaule, fixant les étoiles maintenant découvertes. Mon cœur..."

J'avais vraisemblablement beaucoup de choses à comprendre encore. Cependant je voyais parfaitement à quoi il faisait allusion, il voulait parler de mes sentiments, de mes liens, de mes relations; amicales, amoureuses, ma haine; tout ces éléments qui permirent à un homme de me manipuler, et me pousser à commettre les pires actes que je n'ai jamais perpétré. Mais, à quoi d'autre pensait il ? Etait il en train de dire que...

"A quoi d'autre ?... continuais-je."

(#) Sujet: Re: Dans la nuit [Meteora] Ven 3 Jan 2014 - 18:08

« Un ami ? »

Meteora retira sa main et essuya la sueur sur son propre front. Cette technique jamais censée être utilisée dans ce but était très coûteuse en chakra. Mais un petit sourire anima son visage. Pouvait-il avoir encore des amis, voilà une question plus pertinente. Un animal n’avait pas d’ami. Un ami pouvait ne vivre que pour eux. Entre les deux, qui était-il,-lui ? Il la regarda, faible et fatiguée. Elle était vraiment humaine, dans toute sa faiblesse qui les caractérise. Mais pas comme les autres, car le prédateur ne ressentait pas envers elle cette colère primitive qu’il éprouvait envers les humains en général. Cette envie de les chasser et de mettre fin à l’empreinte disgracieuse qu’ils propageaient sur cette terre. Non, envers Habashi Zanshi…Il se contenta de mettre la main dans ses cheveux pour les enlever de ses yeux. Son front restait luisant de sang. Une goutte de sang tomba sur sa peau, en provenance des mains encore sales du shinobi, mais il l’essuya du pouce, comme un dessin d’enfant.

« Tu ne vois pas ? Je vais continuer à massacrer ta race. À prendre le meilleur d’eux. C’est ma voie désormais. Je ne l’ait pas choisi mais je la respecterai jusqu’à la fin des temps, car je serai toujours là. Mais toi, tu vieilliras, tu mourras. Et tu me regarderas au milieu des cadavres de tes amis, de ta famille. Ton amour t’aveuglera. Parce que le cœur est ta faille. Comme tout humain. »

Il caressa sa longue crinière rouge en gardant le silence quelques instants. Quelque part, ses mots étaient tout aussi douloureux pour lui. C’était sa propre part d’humanité, celle de Kenji.

« Je n’ai jamais même parlé à cet homme. Pourquoi le ferais-je ? Je ne veux pas redevenir Kazekage. Mener des humains m’est totalement impensable désormais. »

Sa main se serra un peu sur ses chevaux, mais il s’efforça de relâcher sa prise. Être ainsi était difficile, douloureux. Parler comme un humain était contre sa nature même. Elle en valait certes la peine, mais pas éternellement. Il avait l’existence devant lui, après tout.

« Quand tu verras ce que je ferai à tes semblables, alors peut-être choisiras-tu de me chasser. Tu mourras en prenant cette voie, mais tu mourras d’une façon ou d’une autre, de toute manière. À toi de choisir celle qui te plaît davantage. Une chose est certain, ce monde ne veut pas de nous. Ce paradis dont nous avons parlé est ailleurs. Nous serons toujours ensemble, je n’ai pas menti. Mais peut-être pas comme nous l’aurions voulu.»

Il se leva.

« Ne va pas à Konoha. Retourne chez toi. Soigne ce bras. La douleur partira un jour ou l’autre. »

Meteora fit son chemin et alla chercher ses affaires dans la rivière avant de les étendre sur la berge. Il lui jeta un regard.

« Il est bientôt temps de dire au revoir, femme. Quand je partira d’ici, nous serons ennemis.»

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