Blanc pâle [On']

(#) Sujet: Blanc pâle [On'] Ven 15 Nov 2013 - 21:05

L’accueil qui m'avait été réservé lors de mon entrée au village caché de la feuille était comment dire... discutable. L'ANBU responsable des admissions n'était pas un tendre et avait même presque tué l'un des gardes de la porte. Je me disais tout de même que cette arrivée était moins banale qu'un simple formulaire rempli et que je devais donc m'en réjouir. Le membre de l'escouade de tactique et assassinat du village avait même affirmé que je serais surveillé 24 heures sur 24. Étais-je vraiment si dangereux que ça? Pas vraiment, mes capacités se limitaient et se limitent encore aujourd'hui à la médecine, science que l'on peut aussi appliquer au combat. Une fois dans Konoha, j'avais immédiatement entrepris de me trouver un logis, je comptais bien passer quelques mois au village histoire d'accomplir des missions et d'en apprendre plus sur le culte du feu. Le seul logement pas trop loin de l'hôpital qui restait s'avéra être assez cher, mais cela en valait la chandelle, en espérant que le salaire des ninjas médecins serait suffisant...

Je pris donc la direction de l'hôpital pour me faire embaucher ou du moins pour offrir mes services le temps qu'une place se libère. À ma grande surprise, l'endroit sembla être très agité, des infirmières courraient dans toutes les directions et un répartiteur criait des ordres à toutes celles qui passaient. La seule personne qui semblait toujours relativement sereine dans l'endroit était la secrétaire qui devait répondre aux nombreuses demandes des quelques dix individus qui faisaient la file devant son bureau. Je n'avais pas envie d'attendre 10 minutes et encore moins de ne pas savoir ce qui se passe en ces lieux. Plus loin, un concierge passait avec un chariot d'uniformes fraîchement lavés. À l'aide d'une petite feinte et d'un clone, je dérobai un uniforme avant de me diriger vers les toilettes pour l'enfiler. J'étais maintenant un médecin en uniforme, il ne me manquait qu'un petit badge qui disait mon nom, mais avec toute l'agitation dans les corridors, personne ne le remarquerait. J'adressai alors la parole au répartiteur pour savoir ce qui se passait.

« Bonjour, désolé du retard, ma femme a eu un... »

« Pas le temps, il y a eu un énorme feu dans l'un des plus gros immeubles à logement du village. Les blessés affluent, on manque d'effectif, la salle 7 a besoin d'un médecin, allez au boulot! »

Ça ne m'en prenait pas plus. Lorsque j'étais devenu médecin, il y a des années de cela, la vieille femme qui m'avait enseigné cet art à Nami no Kuni m'avait fait juré de vouer ma vie aux malades, ce que j'avais fait jusqu'à présent. Cependant, c'était ma première intervention dans un gros hôpital comme celui-ci, pour vu que l'expérience soit enrichissante. Il y avait beaucoup d'hommes, de femmes et même des enfants qui criaient de douleur, c'était le chaos. Je m'arrêtai sur un adolescent et une rapide analyse médicale me confirma que son abdomen avait été broyé par je ne sais trop quoi. Il était inconscient et plusieurs hémorragies internes allaient bientôt mettre fin à ses jours. Deux infirmières arrivèrent aussitôt à mes côtés pour m'affirmer. Mes paumes s'illuminèrent alors d'un bleu turquoise alors qu'elles injectaient un soluté aux propriétés analgésiques au jeune homme. Peu à peu, mon énergie se vidait et il commençait à reprendre de la vigueur. Dans une telle situation, aller jusqu'au bout des soins n'était pas nécessaire. Le corps possède à lui seul d'étonnantes propriétés de guérison qui aidés par les médicaments peuvent faire des miracles.

C'est donc sous cette logique que je m'attelai à soigner plusieurs citoyens de Konoha pendant toute la journée. Le dernier cas de la journée fut de loin le plus éprouvant. Une jeune fille ninja - en tout cas c'est ce que j'en déduisait vu son bandeau du village - ruisselait de sang. Elle avait bravé l'interdit pour tenter de sauver les blessés avec deux de ses camarades Genin ce qui s'était mal terminé. Cette kunoichi ne méritait pas de mourir ainsi et je décidai donc d'y investir toute mon énergie. Malheureusement, chaque ninja a ses limites et je m'écrasai sur le sol, mon chakra vidé, sans avoir rien pu faire pour la sauver. L'heure d'intense traitement sur cette jeune genin était venu à bout des mes énergies.

[...]

À mon réveil, j'étais sur un lit d'hôpital, mes vêtements avaient été changés et la pièce d'un blanc éclatant était vide de tout autre présence humaine. Enfin, pas pour très longtemps, puisque quelques minutes après mon réveil, un homme ouvrit la porte, ses traits me disaient quelque chose, mais quoi? Il ne pouvait pas me réprimander pour avoir soigné les malades, mais je m'étais quand même introduit dans l'hôpital illégalement...

(#) Sujet: Re: Blanc pâle [On'] Mar 19 Nov 2013 - 5:34

… Et c'est peut-être l'aspect que tu aurais dû soigner pour faire ton entrée. Parfois, ce qui compte est moins l'acte que la façon de l'exécuter qui importe.
L'homme qui avait ouvert la porte pour venir te voir avait un visage peu commun, puisque gorgé de cicatrices. Elles semblaient séparer sa figure en plusieurs morceaux, comme des tranchées à travers une plaine. Preuve que la médecine est parfois impuissante, qu'elle n'opère qu'un faible travail de surface pour cacher l'effet du monde et du temps sur le pauvre genre humain.

Ces cicatrices, il ne les cachait pas. Le chapeau d'Hokage, il le portait sous le bras. Même ses cheveux trop longs qui lui tombaient sur le visage semblaient agencés de façon à ne rien cacher de ces gravures sur chair, à moins qu'elle n'en masquât en réalité d'autres plus hideuses encore.

Aussi, tu aurais pu te demander : pourquoi cet homme, qui était vraisemblablement l'Hokage, portait-il sa toge de grand manitou dans un moment pareil ? Et par « moment pareil », tu aurais bien entendu voulu dire l'incendie contre lequel tu t'étais indirectement battu. La réponse aurait toutefois été évidente : l'incendie avait cessé, et le stress du village s'était déjà mué en cette mélancolie post-traumatique que les Konohajins ne connaissaient que trop bien.

C'était peut-être pour ça qu'il te regardait avec un regard si inexpressif. Parce qu'il savait qu'un déserteur de ton espèce aurait aussi bien pu être un acteur de « l'embrasement vert », cette récente attaque des nukenins – plus si récente que ça, d'ailleurs...

- Tu as du toupet, Kiyokuni Jun. Même si on a des compétences, on ne s'improvise pas une profession, surtout sur un territoire où l'on n'est qu'à moitié le bienvenu. Une chance que j'aie été assez naïf pour te donner l'opportunité de te rendre utile, sinon j'aurais sûrement laissé ces ANBU te plaquer au sol aussitôt que tu avais dérobé cette blouse.

Il savait tout. Quelque part, son réseau de sceaux-capteurs et d'ANBU couplés à ses capacités de senseurs faisaient de lui un véritable big-brother pour les visiteurs de ton style. Cependant, maintenant qu'il retroussait ses manches, tu pouvais entrevoir quelques traces de suie sur ses avant-bras.

- J'étais sur le terrain pendant que tu taffais ici, mais j'étais au courant de tes moindres faits et gestes. Comprends-tu ?

Il refit tomber sa manche.

- Tu n'es pas un ennemi pour nous, Jun, tu as même fait tes preuves. Mais si tu continues à te montrer aussi imprudent, je ne répondrai plus de rien, et je laisserai mes ANBU faire leur travail ; tes bonnes intentions n'y changeront rien. Konoha a beau être un village ouvert, tu comprendras qu'au vu des récents événements nous ne pouvons pas nous permettre de tolérer qu'un parfait inconnu prenne autant de libertés chez nous.

Il se prit une chaise, se mit en tailleurs dessus sans te quitter des yeux.

- Appelle-moi On'.
Je sais déjà pourquoi tu es ici, du moins j'en sais autant que l'ANBU qui t'a interrogé. Voici ma question : qu'attends-tu de Konoha en retour de tes services ?

Il te parlait sans ressentiment aucun, avec le plus aiguisé des professionnalismes. N'importe qui à sa place se serait autant interrogé sur tes véritables desseins, sinon davantage que lui.

(#) Sujet: Re: Blanc pâle [On'] Mar 19 Nov 2013 - 18:41

L'homme qui venait de pénétrer dans la pièce n'était pas n'importe qui. Loin de là. Les marques sanglantes sur ses joues faisaient peur et il ne faisait rien pour les cacher, un trésor de guerre probablement. Il tenait son grand chapeau à l'aide de son bras droit. Il n'était nu l'autre que Myakudou On', le Rokudaime Hokage de Konoha. Pourquoi est-ce qu'une légende du monde ninja s'adressait à moi? Personne ne m'a jamais vraiment porté une attention particulière. Les médecins sont toujours considérés comme des combattants qui servent à épauler les grands guerriers et non comme des légendes.

Il s'adressa à moi en premier, il savait tout de mon arrivé. Moi qui pensait avoir été plutôt subtile, c'était raté. J'avais entendu en me promenant dans le village qu'un jour ou l'autre l'Hokage finissait par tout savoir. Ses sources d'informations devaient être nombreuses et présentes un peu partout dans le village. D'un côté, il tentait de m'inspirer la terreur et de l'autre, il me remerciait très légèrement pour mes actes. L'Hokage gardait un ton de voix très neutre, il était impossible pour moi de savoir ce qu'il pensait vraiment. Pour lui, j'avais fait mon boulot et je m'attendais à recevoir quelque chose en retour. À vrai dire, ce n'était pas du tout le cas. Je déplorais les ninjas qui ne travaillent que pour le gain. Oui, j'ai déjà accompli de nombreuses missions, mais seulement pour me payer de quoi vivre sans raffinement. Là où certains se payent des bijoux et armes de qualité, je suis là à vagabonder avec mes seules mains et quelques vieux kunaïs comme armes.

Après m'avoir adressé la parole, On' - comme il voulait que je l'appelle - s'assis en tailleur sur une chaise non loin du lit où je me retrouvai. Je me redressai un peu à mon tour pour pouvoir parler convenablement et pour arrêter de ressembler à une limace qui a perdu tout son chakra.

« Je vois que vous n'êtes pas indifférent à ma cause. Lorsque je suis devenu médecin, j'ai refusé de travailler pour l'appât du gain et je ne renierai jamais mes traditions. Beaucoup de vos ninjas agissent comme des mercenaires constamment en quête d'argent. Je ne suis pas de ces types là. »

Je pris alors une petite pause en levant ma main droite au dessus de mon ventre pour analyser mes canaux de chakra. Parfois, il est bon de s'auto-analyser pour être sur que les médecins présents dans l'hôpital n'ont pas fait un boulot de merde. Je repris ensuite en le regardant droit dans les yeux. Ça me faisait un peu peur de lui parler ainsi, je n'étais pas vraiment insolent, mais dans un monde où certains peuvent voir un simple regard comme un signe de défi, on est jamais trop prudent...

« Ce que je veux en retour, c'est rien. Je souhaite continuer à soigner les gens et à parfaire mon art. Un jour plus aucune blessure ne m'arrêtera. En attendant, je souhaite garder l'anonymat. J'ai entendu dire que certains ninjas fichent les shinobi errants. Je n'ai pas envie d'être fiché et encore moins d'être traqué dans un avenir proche. Il m'est aussi impossible d'être complètement anonyme, un hôpital n'est pas le meilleur endroit pour ça. J'utilise souvent un faux-nom, je ne veux pas que les gens se souviennent de moi, vous voyez? »

C'était sincère et j'étais maintenant à deux doigts de lui demander d'où venaient ses cicatrices. Mais je ne le ferais pas, enfin pas pour l'instant. Un jour je saurais où l'Hokage avait dégoté ces marques. Sur mon chemin vers le village, j'avais remarqué les ruines d'un bâtiment, peut-être qu'elles venaient d'un combat qui avait eu lien en cet endroit? En attendant, je me redressai encore d'avantage sur mon lit et tassai les draps qui recouvraient mon corps. J'étais prêt à quitter les lieux pour une promenade en plein air, mais une visite du chef du village n'arrive pas tous les jours, est-ce qu'il avait quelque chose à me proposer?

Il garda le silence pendant quelques secondes, avec un sourire en coin clairement emprunté à Shiajin Suguato.

- Œuvrer dans mon village avec une fausse identité pour échapper au dur quotidien du nukenin... ce n'est pas « rien ». Pas du tout.

Il se gratta la nuque, semblant un peu gêné. Ses yeux étaient tournés vers le haut. Il réfléchissait.

- Je n'ai rien contre les étrangers, d'une certaine façon j'en suis un moi-même. Je viens de Ta no kuni, et certains de mes meilleurs éléments proviennent des quatre coins du grand continent. Tu peux rester ici, Jun, et travailler dans mon hôpital pour aiguiser tes compétences, mais pour cela il va falloir que tu te fasses Konohajin. Tu n'auras plus besoin d'anonymat, puisque tu seras l'un des nôtres. Si c'est vraiment ce que tu veux, on peut arranger ça, ce n'est pas moi que ça va déranger.

Il retroussa sa manche, laissant apparaître le petit tatouage de partition de musique sur son épaule, l'activa pour faire apparaître sa guitare. Il la plaça sur les genoux, et laissa ses doigts vagabonder sur ses cordes comme pour travailler ses barrés, un peu rouillés depuis sa nomination.

- Dans le cas contraire je tiens à t'orienter vers une autre piste.

Les accords s'enchaînaient cycliquement, avec la dynamique exotique de certaines chansons de l'Ouest.

- Là où tu es né – semble-t-il –, au pays des rivières, il y a un bâtiment. On l'appelle la clinique Takamagahara. C'est un projet né sous l'impulsion de la Sennin qu'on appelle Amaterasu... cette gosse en a dans le bide, elle a monté ça toute seule avec son équipe. Elle voulait offrir aux nukenins une chance d'être soigné par des gens comme eux, sans nation ni bandeau frontal valide. C'est une structure jeune, ils auront bien plus besoin de tes services que nous.

Sa main droite se fit plus douce, effleurait presque les cordes, alors que la gauche pressait à peine les cordes, faisant résonner d'agréables harmoniques. Après quoi, il releva le regard vers toi.

- Konoha est un village, pas une garderie pour shinobis errants. Tu ne pourras pas avoir le beurre et l'argent du beurre, Jun.
Soit tu prêtes serrement à la Feuille, et on te garde, soit tu t'en retournes à la recherche d'autres opportunités, comme celle que je viens de te présenter. Et ne t'inquiète pas, les errants qui s'exposent au "fichage" et aux traques sont ceux qui ont fait parler d'eux dans le mauvais sens du terme. Je ne connais pas la tronche du passé que tu traînes derrière toi, mais si tu es clean, tu n'auras pas plus de problèmes qu'un civil.

Il en avait de la tête celui-là. Son titre de Kage n'est visiblement pas là pour rien. Il connaissait beaucoup de chose, probablement bien plus que je n'en saurais jamais. Il avait tout d'un grand guerrier, de la parole aux marques sur le visage. On' m'expliqua que je pouvais avoir le beurre ou l'argent du beurre, pas les deux. Je ne comprenais pas trop sa manière de voir les choses. Je souhaitais garder l'anonymat pour plusieurs raisons que j'étais très loin de lui révéler. Il me proposait de devenir membre du village caché de la feuille, un choix auquel je ne pouvais me plier. Rejoindre un village — dans l'état actuel qu'allait les choses dans notre monde — consistait à renier toutes mes convictions les plus profondes. Si je rejoignais Konoha, j'augmentais les forces de ce village et l'emprise qu'il pouvait avoir sur les pays neutres.

L'autre option qu'il m'offrait était d'aller épauler une clinique médicale naissante à Kawa no Kuni. Un choix qui ne me plaisait pas non plus. D'une part, le pays des rivières était beaucoup trop isolé et vaste pour me plaire et d'une autre, je ne voulais pas transmettre mon savoir à des parfaits inconnus. Quand je dis vouloir devenir le plus grands des ninjas médecins, cela passe par le fait de surpasser les autres et peut-être de devoir un jour les anéantir. Il est impossible d'arriver à ses buts sans faire du mal aux autres, c'est une philosophie que j'ai d'abord eu du mal à accepter mais à laquelle je me résigne aujourd'hui. Dans tous les cas, les invitations du Hokage ne me plaisait pas le moindre du monde. Il ne me restait donc qu'un seul choix : prendre mes quelques affaires et déguerpir en vitesse de Konoha. Pour aller où? Je comptais bien aller faire un peu d'espionnage à la clinique dont il parlait, puis rejoindre une autre nation ninja qui accepterait de m'offrir l'hospitalité.

Kiri, Kumo ou Suna? J'irai dans la direction du vent, rien de plus simple! Il fallait maintenant que je formule cette décision d'une manière claire au chef de ce village.

« Je suis donc désoler de vous l'apprendre, Hokage, mais nos chemins se séparent ici. Je ne peux faire fit de mon anonymat et joindre une cause qui n'est pas la mienne. J'agis pour les malades et les blessés de Konoha, pas pour le village. Vos objectifs ne sont pas conformes à mes ambitions et à mes valeurs morales. Ce sera peut-être pour une autre fois...»

Je me levai ensuite complètement de mon lit pour prendre la direction de la porte. Mes habits avait été changé par je ne sais trop qui. Un autre village allait bientôt à avoir à accueillir l'étonnant ninja que j'étais et que je suis toujours. Avant de partir, il me restait une dernière chose à dire à On'.

« Vous savez, ces cicatrices, je peux surement les soigner. Vous les portez en trésor de guerre, celui que vous avez dû combattre devait être un costaud. Sachez que parfois, il vaut mieux oublier le passé pour aller vers l'avant. C'est un conseil, mais après tout, que vaut cette parole qu'est la mienne? Pas grand chose comparé à la votre, oh grand Hokage! »

Je pris la direction du couloir, allait-il me dire un dernier mot avant que je quitte? Peut-être. Dans tous les cas, je gardai un bon souvenir de cet homme. Il méritait mon estime.

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