Cela ne faisait même pas un mois que nous étions là. Un mois merveilleux, un mois ou j'avais énormément appris au contact de chacun ... mais aussi un mois qui allait changer ... le reste de ma vie ...
Ce matin là quand j'ai reçus une lettre de ma mère, j'ai immédiatement su que quelque chose n'allait pas. Je n'ai rien montré durant le repas, me contentant de la garder pour plus tard comme j'aimais si souvent le souligner.
Aujourd'hui, c'était une journée de libre et plutôt que de rejoindre le salon pour me prélasser avec les autres, c'est vers mon chéri que je me retournais. Le rejoignant dans sa chambre ou il était en train de s'occuper de l'entretien de ses deux épées, je m'allongeais entre ses jambes dans le lit, dans une position confortable afin de pouvoir tranquillement y faire la lecture de la lettre que j'avais reçus.

Yusuke ne s'occupait pas de moi à par quelques caresses sur le visage d'ici de là et cela me permit clairement de me concentrer sur ma missive.
Le premier aperçut que j'eus de cette dernière ne fut que confirmation de ce que je pensais ... L'écriture d'habitude si brouillonne de ma mère était droite, belle ... Anormale pour elle. Vraiment anormale. Le début me sembla normal, elle me donnait des nouvelles de papa, de mes grands parents maternels , de mes oncles et de mes tantes et me parlaient de la vie à Kiri. Le détail me sauta de suite aux yeux, sans que j'ai besoin d'y penser. Pourquoi ne mentionnait-elle pas mon autre grand-mère ?
La réponse m'était expliqué beaucoup plus bas dans la lettre ou elle avait pris la peine de noter chaque détail aussi insignifiant que cela puisse paraître sur les évènements de la capitale du pays de la brume. Elle essayait de détourner mon attention de quelques choses de beaucoup plus grave, cela ne faisait aucun doute.
Je continuais donc à parcourir les phrases avec un certain agacement. Cherchant les mots qu'elle voulait réellement dissimuler dans sa lettre.
Les phrases qui concernaient mamie était les toutes dernières de la lettre et je suis parfaitement capable de les citer de mémoire tant-ils ont marqué mon esprit.


"Mamie est malade ma chérie ... Gravement malade. Peu après ton départ, nous l'avons trouvé étrange. Elle semblait ne plus avoir réellement contrôle de tous ses mouvements. Elle dépérissait doucement et ne mangeait que très peu. Nous pensions que la raison était ton absence et que cela lui passerait, mais une semaine après pourtant, les changements se sont fait plus flagrant encore. Je me suis inquiétée des symptômes que je pensais reconnaitre au travers de ce qui se passai et j'ai préféré l'emmené à l'hôpital faire des examens. Le verdict a été brutal et sans appel ... Elle souffre d'une dégénérescence chronique du système nerveux. Je sais que depuis petite déjà tu parcours mes livres de médecines que tu sauras exactement ce que veulent dire ces mots ... "


Effectivement j'avais compris. La Lettre quant à elle, avait glissé d'entre mes doigts. Ma grand mère était lentement en train de rendre l'âme, de mourir. Mes mains se sont mises à trembler subitement et Yusuke à immédiatement remarqué le changement qui venait de se passer. Il m'a demandé si ça allait et j'ai été incapable de lui répondre. Je devais faire comme ci de rien n'était, je devais me montrer forte. Je me suis redressais et j'ai essayé de lui sourire en faisant non de la tête. Je me suis alors approchée de lui pour l'embrasser et en même temps que mes lèvres gouttaient les siennes, j'ai plongé doucement dans le chaos.
Je me suis laissée glisser contre son torse en pleurant comme jamais je n'avais pleuré auparavant. Ses questions ? Ses pourquoi ? Je n'ai même pas été capable d'y répondre. Tout ce dont je me souviens, c'est que je me suis raccrochée à lui comme à une bouée de sauvetage. J'étais en train de me noyer, de couler au plus profond d'un océan sans fin. Un océan que j'aurais bien appeler 'désarroi' sans vraiment me sentir en tord.

J'avais mal, tellement mal au fond de mon cœur. Je ne pouvais me résoudre à une telle éventualité. La perte de ma grand-mère était pour moi la perte d'un pilier essentiel dans ma courte existence. On m'arrachait le cœur alors que j'étais encore vivante, que j'étais toujours consciente sur la table d'opération. Comment arriverais-je à surmonter cette épreuve ? A passer par dessus ? A résister aux ténèbres qui menaçaient de m'envahir.

J'étais perdue et je ne me souviens plus vraiment de ce qui s'est passé après cet épisode si ce n'est le noir, le chaos. Rien ne me revient à l'esprit, je sais juste que j'ai pleuré toutes les larmes que mon corps pouvait contenir sans que personne ne parvienne à me consoler.
Je suis restée roulé en boule dans les draps de mon lit pendant plus de trois jours, sans rien manger et buvant avec difficulté ce que Yusuke insistait avec une pugnacité que je ne lui connaissais pas à m'apporter.

À présent, je ne pleurais plus, mais j'étais toujours plongée dans un désarroi et une réflexion des plus intenses. Pensant sans arrêt à la vie et à la mort, j'essayais de trouver les moyens de combattre cette dernière. Tous les moyens étaient bons selon moi pour permettre à ma grand-mère de rester parmi nous, absolument tous les moyens. Si pour cela, il fallait traverser les montagnes, je les détruirais pour passer au travers, s'il fallait entrer en guerre contre un pays pour obtenir un remède miracle, je deviendrais capitaine d'une armée pour écraser tous ceux qui se dresseraient devant moi pour accomplir mon dessein.

Bien sûr, j'envisageais énormément de solutions toutes plus folles les unes que les autres, pourtant, c'est à ce moment-là que j'ai entraperçu mon destin ... Ma vocation comme qui dirait ... D'autre appelle ça leur nindô, moi je vais la désigner comme ma dernière raison de rester un peu plus longtemps dans le monde que taré ou nous vivions. C'était pourtant si évident en soit, si facile à deviner en y repensant. J'avais passé ma vie à admirer mes parents, à apprendre leurs propres vocations. Mon père était le feu, la forge, le travail dur et salissant, mais qui apportait la satisfaction. La forge, j'y étais depuis longtemps initiée. Depuis petite déjà, je passais mon temps à l'aider à forger le métal, à le travailler pour en fabriquer des objets plus beaux, plus utiles les uns que les autres. Je savais réparer une lame émoussée et entretenir une arme sans problème ... Mais là n'était pas ma destinée.

Ma mère, aussi complémentaire qu'elle pouvait l'être avec mon père, était l'eau, le travail minutieux et ardu qui apportait la guérison et la connaissance. Cet art si noble qu'était la médecine, je baignais dedans depuis ma plus tendre enfance ou déjà, j'outrepassais les règlements de la famille en m'introduisant en cachette dans le bureau de ma mère, pour atteindre les plus hautes étagères de sa bibliothèque, ou se trouvait tous ses livres de médecines.

Je les avais tous parcourus et je les connaissais tous par cœur. J'étais parfaitement capable d'identifier un symptôme plutôt qu'un autre. Ma mémoire et ma soif de connaissance m'avaient longtemps bercé durant mon enfance recluse et j'avais vite abandonné cette perspective de devenir médecin comme ma mère pour me consacrer à autre chose de plus prestigieux encore, quelque chose qui me permettrait au fond de moi de prouver à mes parents que j'étais capable malgré mon handicap, mais aussi que j'étais différente d'eux.
Mes preuves ? Je les avais faites depuis un moment maintenant déjà. Depuis le jour où j'étais devenue genin plus exactement. Mais maintenant qu'avais-je à leur prouver ? Rien ! Maintenant, je devais juste être moi-même et me trouver moi-même.

J'ai toujours su au fond de moi qu'une partie de mon avenir était liée à ma famille, à ce qu'elle avait fait par le passé, à ce qu'elle avait accomplie pour le présent. J'ai toujours aimé mes parents, je les ai toujours admirés pour ce qu'ils étaient. Mais ma mère, c'est avant tout celle qui comme moi s'est battu contre son clan en ne devenant pas une shinobi comme le voulait mes grands-parents. Elle n'a toujours écouté qu'elle-même, même lorsqu'elle a rejoins mon père à Yuki no kuni. C'est une battante à sa façon, même si elle est bien misérable par rapport aux agissements de prestigieuse personne au sein du clan Samui. Mais pour moi, ma mère restera avant toute chose ma première héroïne, celle que j'aime, celle que j'admire.

C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que j'étais plus proche que jamais de l'eau de ma mère, que du feu de mon père. J'étais comme elle, comme l'eau, discrète, mais puissante, j'arrivais à traverser tous les obstacles qui se dressaient devant moi. J'avais les capacités pour soigner grand-mère, il me restait juste à acquérir les compétences de bases et à les développer ! Ainsi donc, je pourrais sans doute trouver le moyen de repousser les limites de l'imaginable, de les faire fuir même.
Qu'étais la mort après tout ? Une simple barrière infranchissable qui délimitait le monde des vivants et celui des non-vivants. Mais toutes les barrières, on peut les franchir au final, ou même les détruire...

C'est de là que me vient mon nindô à présent. Celui que je n'avais jamais réussi à trouver avant. Celui qui me permettrait de repousser la mort toujours plus loin, de l'effacer même si c'est possible.

Cette nuit là, je n'ai pas fermé l'œil. Mais pas de la même façon que durant les trois jours précédents. Non, je ne suis pas resté cloitré dans la torpeur morbide dans laquelle je m'étais renfermée. J'ai noirci des pages et des pages de mon journal intimes en imaginant mille et une solution pour sauver grand-mère des griffes de la mort.
J'ai écrit jusqu'à ce que ma main me fasse mal, jusqu'à ce que la fatigue devienne insurmontable, jusqu'à ce que mon corps m'appelle à l'aide et lorsque se fut le cas. Je ne suis pas retourné dans la tiédeur réconfortante de mes draps. Non, ce coup-ci, j'avais besoin de plus. J'avais besoin de feu, de sa chaleur qui permet de réchauffer les cœurs et de traverser tous les obstacles même en l'absence de mon père.
J'ai traversé le couloir froid et j'ai rejoint la chambre de mon amant où j'ai enfin pu aller me lover dans les bras de Yusuke. Il s'est réveillé en sursaut et je n'ai pas eu besoin de paroles pour lui faire comprendre ça allait mieux, mais j'avais besoin de lui expliquer que je lui étais reconnaissante d'avoir prit soin de moi. Un simple :


"Merci."


C'est alors glissé hors de mes lèvres avant d'aller se joindre aux siennes et de plonger dans les bras de Morphée. Je n'étais qu'une enfant, certes, mais j'avais un peu grandi au travers de cette épreuve.
Le lendemain, je partirais en pèlerinage chez les moines d'un temple perdu tout au nord du pays. Eux seuls étaient réputés pour leur connaissance en médecine à Yuki, eux seuls me donneraient les bases dont j'avais besoin pour parvenir à réaliser mes desseins.

C'est ainsi qu'au petit matin, sans même demander l'accord à Kakeshuou, car je m'en foutais bien soyez en certain, je quittais mon village natal, juchée sur le dos de ma jument et m'enfonçant doucement, mais surement dans la grande forêt bordant tout le nord du pays. Je savais que trouver le temple ne serait pas une mince affaire. On ne l'appelait pas perdu pour rien, mais j'étais confiante et ma foi est une chose en laquelle je n'ai jamais eu à douter.
J'ai voyagé au travers de nombreux paysages enneigés, au travers d'un dédale de typographie de toutes sortes jusqu'à ce que finalement ... Je tombe sur l'un de ses moines.
C'est ainsi qu'a commencé mon apprentissage.
Durant neufs jours et neuf nuits, je me suis plongée corps est âme dans les bases de la médecine humaine. J'ai pratiqué sans relâche chacune des opérations que les moines ont bien voulus me montrer, de l'extraction d'un chakra malsain à la guérison d'une simple égratignure. Le travail était difficile car il combinait à la fois médecine traditionnelle et médecine de shinobi. Je devais apprendre à aiguiser chacun de mes sens pour comprendre ce que je faisais. Là ou habituellement, on avait besoin de la vue et de l'odorat pour ressentir les choses, je devais avant tout utiliser mon toucher et mon chakra. Je devais arriver à ressentir la douleur de l'autre, à comprendre son langage et à me laisser guider par cette dernière.

Je n'aurais jamais pensé que les choses seraient aussi difficiles à comprendre et surtout à mettre en pratique, mais c'est ma détermination qui fit toute la différence.
Lors de l'apprentissage du scalpel de chakra, j'excellais dans la minutie avec laquelle j'arrivais à m'exécuter.
La rapidité et la finesse étaient devenues en quelques sortes ma marque de fabrique, mais même si cela me rapprochait un peu plus de mon but, je n'avais pas encore trouvé les ressources nécessaires pour arriver à le réaliser.
J'étais à la fois si proche et si loin de parvenir à mon but et pendant ce temps, je savais que grand-mère Chifumi se mourrait. Comment accélérer les choses ? Pourquoi n'étais-je pas née Jisetsu ou leur pouvoir m'aurait été tellement utile ! Je devais trouver un moyen de me révéler plus forte encore, plus puissante. Le temps m'était compté ça, j'en étais certaine, mais qu'elle serait la durée de mon répit avant que la maladie la ronge jusqu'à l'os ? Cela restait un mystère des plus profonds et je préférais agir au plus vite, au mieux pour réussir à présent ce que j'avais entrepris.
L'enseignement se poursuivit avec la découverte des poisons, la création de pilule basique, de médicaments. Les connaissances des plantes s'avérèrent être ma plus grosse lacune et je savais qu'il me faudrait beaucoup travailler pour combler ce trou béant dans mon apprentissage, mais les moines avaient quand même décidé de me montrer leurs plus belles techniques. Celles capables de réparer des membres et de soigner les plus vilaines blessures. Des techniques qui soulageaient la douleur et d'autre qui la rendait plus intense encore.

J'ai alors réalisé que la route menant à mon nîndo était encore longue et semée d'embuche. Mon apprentissage ne faisait réellement que commencer.