Il faudrait qu’on m’explique un truc… Il est trois heures du matin et pourtant je ne dors pas. Pourquoi ? Je ne sais pas. C’est comme si mon corps refusait tout simplement de trouver le sommeil. Comme si il voulait que je fasse autre chose à l’heure qu’il est. Mais je suis là, dans mon lit telle une moule accroché à son rocher. Bien heureusement, je n’ai pas de mission ou d’entraînement prévu pour le lendemain, sinon j’aurais bien été dans la grosse merde. Le pire, c’est que ça fait plus d’une heure que je suis sous ma couette à fixer le plafond en réfléchissant au pourquoi du comment je n’arrive pas à rejoindre le monde des rêves.

Ce n’est qu’une fois prise d’une motivation soudaine que je me résous à me lever. Premier réflexe oblige, je mets mon cache-œil avant de me recoiffer brièvement. D’après la vue que m’offre la fenêtre, Konoha à l’air plus animé la nuit que je ne le pensais… Après, si ce sont des gens sains d’esprit qui traînent dans les rues à cette heure-là, c’est une autre histoire. Ça tombe bien puisque je vais pouvoir vérifier cela par moi-même. Bah oui, vous ne pensiez tout de même pas que j’allais rester dans ma chambre à attendre que mon esprit me livre enfin la réponse à ma question.

C’est donc tout naturellement que je m’habille comme à mon habitude avant de faire un passage exprès à la salle de bain. Une fois mon apparence un minimum potable, j’entreprends de descendre les escaliers pour sortir de la maison. Cependant, il va falloir que je fasse attention à ne pas réveiller mes parents. Je commence donc à dévaler les marches une par une à pas de loup, jusqu’à que…

- Peut-on savoir où est-ce que tu comptes te rendre à une heure aussi tardive ?

Raté. La voix de mon père résonne dans ma tête comme un écho. Vous ne pouvez pas savoir à quel point c’est perturbant de se faire attraper par son père à distance sans même qu’il n’ait besoin de sortir de son lit. C’est donc à cotre cœur que j’use du même jutsu que lui pour lui répondre à distance, tout en descendant les marches sans aucune discrétion.

- Je n’arrive pas à dormir, je vais prendre l’air vite fait. Je serais rentré avant l’aube ne t’inquiète pas.

C’est sûr ces mots que je coupe la connexion qui nous liait. Après quelques secondes d’hésitation, il fit de même de son côté. Certains croiront que mon père à une confiance aveugle en moi, mais il sait juste que Konoha est un endroit sûr, même de nuit et que dans le pire des cas je sais aisément me défendre. Dans le pire des cas je n’ai qu’à montrer mon bandeau de Kunoichi et on adversaire prendra peur.

Sans attendre plus de temps, je traverse la ville de toit en toit, admirant les ivrognes qui sortent des bars à cette heure-là. Cela me fait d’ailleurs pensé que je n’ai jamais été ivre de ma vie… Il faudrait peut-être que je remédie à ça dans les plus brefs délais. Qui sait, ça pourrait être marrant !

Après quelques minutes de voltige, j’arrive à ma destination : Le terrain d’entraînement. Je ne sais pas trop pourquoi mais j’ai une petite envie de perfectionner mon lancé de kunaï. La nuit me permettra ainsi de m’entraîner à utiliser un projectile quand la visibilité est réduite. Je me place donc face à un mannequin et agrippe un Kunaï fermement.

Mais alors que je m’apprêtais à le lancer, un bruit de pas se fait entendre derrière moi. Par pur réflexe, je me retourne et lance le Kunaï en direction des pas. À ce moment, une seule et unique question se bouscule dans ma tête : Pourquoi je l’ai lancé ?

Il y a différents types de nuit. Celles où l'on profite d'un repos récupérateur bien mérité, et celles où les bras de Morphée s'obstinent à nous repousser. Durant certaines, les cauchemars hantent l'esprit et font se réveiller en sursaut en plein milieu du règne de la lune, alors que d'autre se prolonge durant des jours, lorsque le corps est trop faible pour parvenir encore à ouvrir les yeux. Natsuki, qui les avait à peu près toutes connues, en vivait une toute nouvelle ce soir là : celle où dans l'esprit les pensées tourbillonnent tant qu'elles ne sauraient permettre au corps de trouver le sommeil. Accoudé sur le rebord de sa fenêtre ouverte, l'héritier Nara avait tourné son regard vers le ciel clairsemé d'étoiles. La guerre actuelle le préoccupait. Cela semblait douteux qu'un conflit globale se soit à nouveau déclenché moins d'une décennie après la Grande Guerre des Shinobis, et surtout pour un motif aussi futile que le désire d'indépendance d'une nation annexe à Kumo. Les forces militaires de Kiri et Suna étaient intervenues bien trop vite dans l'histoire pour que ce soit anodin. Mais de raison ou de preuve, Natsuki n'en avait aucune. Tout ce qu'il pouvait faire pour le moment, c'était ressasser ses récents voyages et affrontements dans les pays voisins avec l'espoir de déceler dans ses souvenirs quelque chose qui lui avait échappé. C'en était ainsi depuis qu'il était revenu de son dernier combat. Réfléchir, et attendre que ses blessures guérissent. D'ici bientôt, il devra d'ailleurs passer à l'hôpital pour faire retirer les agrafes qui maintenaient les berges de ses multiples plaies fermées. S'il avait encore mal en effectuant certains mouvements, il n'allait pas s'en plaindre : il lui était déjà arrivé de revenir d'assignation dans un état bien pire.

« On va faire un tour ? » demanda-t-il en se retournant.

Il fixa sa guitare posée sur son support. Elle était couverte de poussière, comme d'habitude. Forcément, il ne l'utilisait presque plus – et ne l'avait jamais réellement utilisé en fait. Un peu dans sa jeunesse, puis il avait favorisé plutôt sa carrière de shinobi, en s'accordant un autre passe-temps de nature culinaire. Mais parfois, quand ça le prenait, il lui arrivait de la sortir de son support, et d'en gratter les cordes une heure ou deux. Pas très doué, cela avait au moins le mérite de l'amuser. Et bien souvent, la mélodie douteuse de son instrument canalisait ses pensées, les orientaient sous un autre angle, et l'amenant à voir les choses autrement. Parfois... Il enfila alors sa tenue habituelle sombre, version manche longue, rangea sa guitare dans une housse qui trainait sous son lit, et quitta sa chambre. Cette nuit encore, il n'avait pas à s'inquiéter du bruit qu'il faisait, il n'y avait personne : ses parents étaient sur le front. Enfin, sur l'un des nombreux fronts. Des batailles, il en éclatait partout dans le monde. Il traversa la cuisine, et nota enfin le gâteau mis sous cloche sur la table. C'est vrai, c'était le quinze hier, il avait fêté ses dix neuf ans. Moins d'un cinquième de siècle, et il comptait déjà plus de victimes que d'années de vie. Est-ce qu'il les regrettait ? Du tout. Il avait fauché autant d'âme qu'il en avait protégé, et pour les valeurs auxquelles il croyait.

Le temps d'enfiler un manteau et ses chaussures, il était déjà dehors, dans les rues encore animées de Konoha. C'était amusant. La guerre était aux portes du pays, mais la population s'amusait encore. Une réaction normale en fait. Demain était incertain, alors il fallait profiter d'aujourd'hui. L'Embrasement Vert avait été un cruel et douloureux rappel de cet état d'esprit... Difficile d'avoir un peu de tranquillité ici. Natsuki songea alors au Mont Hokage. Il commençait presqueà se sentir chez lui là-haut, tout en doutant toujours du fait qu'il était respectueux de se poser sur la tête des trois premiers Dirigeants du Village de la Feuille. Onpu lui avait dit qu'il le tolérait, mais peut-être était-ce seulement pour lui au nom du souvenir qu'il avait avec ce lieu ? Peu importe. Il faisait froid là-haut ailleurs qu'en été, surtout avec le vent qui y soufflait en permanence. Alors une nuit d'automne, mieux valait ne pas y penser. Il opta pour là où tout avait commencé pour lui : où il avait rencontré ses premiers équipiers, appartenant désormais au passé. Plus d'un événement majeur de sa vie s'était déroulé là-bas, alors pourquoi ne pas tenter le Destin encore une fois ? Marchand d'un pas tranquille, il se laissa baigner dans l'ambiance de la ville, laquelle s'atténuait derrière lui au fur et à mesure qu'il s'éloignait du cœur. Lorsqu'il passa les portes pour rejoindre le terrain d'entrainement aux trois bûches, seul le chant des grillons l'accompagnaient. La nuit était fraîche, mais quelques part vivifiante. Pour le moment... Il savait que d'ici bientôt, l'hiver arrivera, et son cauchemar aussi. Au moins il en connaissait la raison maintenant, mais ne le vivait pas mieux pour autant. C'était ainsi...

Guidé par le claire de lune – et aussi une aptitude certaine à vivre dans l'obscurité, sang clanique oblige – il traversa la porte des grilles du terrain protégé afin que les civiles ne s'y aventurent pas par mégarde. Ici il sera tranquille. Du moins, il le pensait. Il sentit la présence de quelqu'un en s'avançant. Et ce quelqu'un aussi, visiblement. Un éclat de lune brilla un instant dans la nuit, et fusa droit sur lui. Plus guidé par ses réflexes qui amenaient l'information au corps sans passer par le cerveau que sa réelle analyse de la situation, il abattit son bras devant lui, transformant sa housse et sa guitare qu'il portait par-dessus son épaule en bouclier improvisé. Il était clair que l'instrument n'avait vraiment pas apprécié, pas plus que la seconde suivant, quand il le lâcha sur le côté. Un détail dont il se souciera plus tard, quand il aura assuré sa propre sécurité. D'une charge rapide, il se retrouva en un instant devant son assaillant, et lui attrapa les deux bras au niveau des poignets, interdisant tout nouveau mouvement de ce côté là. Un autre éclat, de lucidité cette fois-ci, l'empêcha d'enfoncer les côtes de sa prisonnière.

« Doucement. » souffla-t-il, autant en guise d'avertissement que d'excuse en reconnaissant le visage de la jeune femme avant de la lâcher et de reculer de deux pas.

Enfin, reconnaître était un mot un peu fort. Disons que le visage lui disait quelque chose, les caches-oeils n'étant pas les plus courants dans son cercle de connaissance. Seule le patronyme lui venait à l'esprit : elle était une Yamanaka, l'un des clans les plus proches de celui des Nara, avec les Akimichi et les Hyûga.

« J'apprécierai grandement si tu évitais de me tuer. » lâcha-t-il en levant les mains devant lui, avec un fin sourire qui essayait de détendre l'atmosphère.

Ce qu'il ne montra pas par contre était la lancinante douleur qui lui irradia le dos après ce brusque mouvement. Il n'était peut-être pas si mal pour réfléchir, à la maison...

Est-ce ma faute si mes réflexes de Kunoichi ont pris le dessus ? Je ne sais pas. Heureusement, un grillage empêche l’accès aux civils afin d’éviter qu’ils soient blessés. De ce fait, la personne qui sera victime de mon assaut sera sûrement un Shinobi et nul doute qu’il arrivera à parer un simple kunaï. Pourtant, l’inquiétude et le regret augmentent de plus en plus dans mon esprit, au fur et à mesure que l’arme fuse dans la nuit noire.

Cependant, d’un geste clair et précis, mon pseudo adverse utilisait un objet plutôt grand pour parer mon attaque. Au vu de la forme, je pencherais pour une guitare, mais il m’est difficile de bien différencier la forme dans la pénombre. L’homme de la nuit, après avoir contré mon assaut, laissa tomber son instrument par terre dans un bruit sourd. Pressé de faire mes excuses, je commence à légèrement m’incliner tout en préparant mes mots de pardon. Malheureusement, je n’eus pas le temps de prononcer une seule syllabe.

En une fraction de seconde, l’homme qui me faisait face à plusieurs mètres se retrouva à seulement quelques centimètres de mon corps. Il agrippa les poignets sans que je ne puisse me défendre, me réduisant ainsi à l’état de simple jeune fille sans défense. Car oui, bloquer les mains d’une Yamanaka, c’est un peu comme priver un sabreur de son sabre. En gros, mon efficacité au combat diminue grandement. Sans mes mains, je ne peux point utiliser mon ninjutsu ou mon transfert d’esprit. La seule et unique chose que je peux éventuellement faire est de prendre possession partiellement du corps de mon adversaire. Il me semble que c’est le sel jutsu ne nécessitant pas de signe qui pourrait m’aider à l'heure actuelle.

Le jeune homme n’était pas vraiment plus vieux que moi et portaient des sortes de signe sur les joues. Pourtant, la chose que je remarque au premier coup d’œil, c’est sa couleur de cheveux. C’est la première fois que je vois une personne avec les cheveux blancs comme moi, même si les siens partent plus sur le gris que les miens. Il semblerait aussi qu’ils soient d’à peu près de la même longueur que les miens. À croire que nous sommes identiques au point de vue capillaire…

Perdu dans mes pensés, je suis ramené à la réalité par la voix de mon interlocuteur. Ce dernier précise qu’il préférerait que j’évite de le tuer, tout en desserrant son emprise sur mes poignets. Hallelujah, je ne vais pas avoir besoin d’utiliser le transfert partiel. C’est toujours ça de moins à faire ! On peut par ailleurs remarquer le petit sourire qui parcourt son visage au moment de sa prise de parole, limite cette situation le fait rire. Pourtant moi ça ne me fait pas rire du tout. Loin de là même. Cependant, c’est avec un rire nerveux que s’accompagnent mes excuses.

- Excusez-moi… Je n’ai pas fait exprès. Comprenez-moi, il fait nuit et j’ai entendu des pas derrière moi, mon premier réflexe a donc été de lancer mon Kunaï dans votre direction.

Étrangement, ce jeune homme m’intrigue. Sa capacité d’analyse est plutôt impressionnante quand on y pense. Avoir l'idée de se protéger avec sa guitare alors qu’il était pris par surprise... Sans parler de sa vitesse ahurissante. On peut aisément affirmer qu'il n'est pas un simple genin.

- En tout cas, je peux vous dire que votre vitesse est hallucinante ! Sans oublier vos réflexes ! Qui que vous soyez, je ne peux que m'incliner face à cela.

Malgré ma grande gueule, je sais aussi quand il faut s'écraser et admirer son adversaire / alliée. Oh mais attendez... Il semblerait que j'ai oublié quelque chose de plutôt important...

- Oops, j'ai oublié de me présenter, que c'est impoli de ma part. Je m'appelle Natsumi, du clan Yamanaka. Enchantée.

Natsuki hocha la tête d'un air entendu. Il savait ce qu'elle voulait dire par là, et ne lui en voulait pas pour son geste malencontreux.

« Un réflexe qui pourrait effectivement te sauver sur le champ de bataille. Mais normalement, à Konoha, tu devrais quand même te sentir un peu plus en sécurité. Cela dit, à ta défense, c'est rare que des visiteurs viennent à cette heure-ci sur le terrain d'entrainement. Depuis l'Embrasement Vert et avec la guerre aux frontières, je comprends que l'on soit tous un peu sur la défensive. »

Vint alors le compliment sur sa vitesse et ses réflexes, lequel ne lui tira qu'une moue peu convaincu.

« Moui... Si j'avais eu de bons réflexes, je l'aurai évité plutôt que d'utiliser ma pauvre guitare comme abris de fortune. » soupira-t-il en tournant les yeux vers son instrument qu'il avait abandonné au sol quelques mètres derrière.

Généralement, la survie d'un shinobi, surtout en milieu hostile, dépendant fortement de sa capacité à sauter immédiatement aux conclusions, quitte à laisser le corps agir avant le cerveau. C'était ainsi qu'il fonctionnait en tout cas, avec des sens très aiguisés par une mémoire musculaire affutée. Parfois même trop depuis le début de la guerre : cela lui avait joué quelques tours parfois... Il reporta ensuite son attention sur son interlocutrice, et afficha un large sourire à l'écoute de son nom.

« Ah, j'avais vu juste. » dit-il d'un ton amusé. « Je me disais bien que ton visage ne m'étais pas totalement inconnu. Nous avons dû nous croiser rapidement l'une ou l'autre fois durant des cérémonies. Je suis Natsuki, du clan Nara. Ravi moi aussi de faire ta connaissance, de façon un peu plus formelle en tout cas. » se présenta-t-il ensuite en tendant sa main. « Je vais peut-être moi aussi te présenter des excuses pour avoir réagit au quart de tour. Je commence à être conditionné avec tous les conflits qui s'enchainent en ce moment... »

Bien sûr, il n'y avait pas que cela. C'était l'apprentissage de toute une vie de combats qui l'avait amené à ce qu'il était aujourd'hui. Et puis, il y avait aussi cet incident du mois dernier, qu'il ne gérait pas encore totalement. En parlant d'incident d'ailleurs, il se retourna, et ramassa la housse qui contenait sa guitare avant d'en extraire délicatement le projectile et le lancer mollement en cloche à sa propriétaire. L'instrument regagna alors sa place par-dessus son épaule, dans son dos, et lui devant Natsumi.

« Si ce n'est pas trop indiscret, puis-je te demander ce qui t'amène ici à cette heure si tardive de la nuit ? Hormis lancer des kunais sur les bruits suspects je veux dire. Non pas que ce n'est pas dans ton droit, mais je dois avouer que c'est suffisamment peu courant pour piquer ma curiosité. Même les plus férus de progression profite en général du cycle avancé de la lune pour se reposer un peu. A moins que tu ne sois du genre oiseau nocturne ? »

Il lorgna rapidement sur les trois bûches qui trônaient sur le terrain, lesquelles veillaient vraisemblablement sur les jeunes générations s'entrainant, puis les désigna du regard.

« Si tu veux discuter un peu, cela te dit que nous le fassions là-bas ? Je serai plus à l'aise pour inspecter mon '' bouclier ''. » lança-t-il sur le ton de la plaisanterie.

Comme je le pensais, mon interlocuteur est plutôt sympathique. Il n'hésite d'ailleurs pas à me faire part du fait que mon réflexe pourrait éventuellement me sauver sur un champ de bataille. A vrai dire, je ne sais pas si c'était un compliment, mais pourtant je le prends comme tel. Bon, il n'a pas vraiment tort sur le fait que je devrais me sentir en sécurité dans le village, mais comme il l'a dit lui-même, mon ressenti au niveau de la sécurité est tout autre quand il fait nuit. D'ailleurs, cela m'a bien convaincu de rester gentiment au lit la prochaine fois que je n'arrive pas à trouver le sommeil. Il enchaîna ensuite après mes compliments sur le fait que s'il avait eu de bons réflexes, il aurait tout simplement esquivé au lieu de se protéger avec sa guitare. Ouais enfin bon, moi j'aurais été à sa place, je me le serais pris en pleine gueule sans rien comprendre à la situation...

Une fois mon nom prononcé, un large sourire se dessina sur le visage du jeune homme. Comme si savoir le fait que j'appartiens au clan Yamanaka lui faisait plaisir. Ou peut-être a-t-il entendu parler de moi ? En bien, en mal... Je ne sais pas. Mes doutes se sont vite éclairée puisque mon interlocuteur ne perdit pas de temps pour répondre. Il semblerait que je fasse face face à un membre du célèbre clan Nara, un certain Natsuki. Cela explique bien son grand sourire à l'entende de mon nom... Car oui, il se trouve que nos deux clans entretiennent des liens plutôt étroits. Disons que nos pouvoirs se combinent plutôt bien, ce qui peut donner parfois à des combos plus que dévastateurs. C'est du moins ce que mon dit mes parents lors de nos nombreux entraînements. Il paraît aussi que le village favorise les équipes composées d'un Nara, d'un Yamanaka et d'un Akimichi.


Il continua en affirmant que mon visage lui disait quelque chose. Il est éventuellement possible que l'on se soit croisé lors de cérémonies comme il le dit. A vrai dire, je m'en fous un peu de ce genre de cérémonies, j'y vais uniquement pour faire plaisir à mon père. Tout ce que je vois là-bas est tout de suite oublié. Puis il enchaîna en présentant à son tour ses excuses, car d'après lui, il serait partis au quart de tour. Bwarf, il faut dire que je l'avais mérité à lancer des kunaï sur les gens. Je ne m'attendais à ce qu'il me fasse des bisous en retour non plus hein... Je ne suis pas conne à ce point.

Il termina en me questionnant sur ma présence ici, hormis le fait de lancer des Kunaï. Cependant, avant que je ne puisse en placer une, il continua en m'indiquant des bûches non lui. D'après lui, nous serons plus à l'aise là-bas, chose que je ne démens pas. Lâchant donc un petit rire à sa petite plaisanterie, je ramasse mon kunaï qu'il a précédemment jeté. Après ça, j'entreprends de lui répondre d'un ton amical.

- Si vous le désiré, je ne peux guère vous l'interdire.

Je me dirige donc ensuite à notre destination et continue ma tirade après l'être confortablement installé.

- A vrai dire, je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Du coup, j'ai voulu prendre l'air pour éventuellement me fatigué et donc réussir à dormir. Sauf que par le plus grand des hasards, j'ai eu une soudaine envie de m'entraîner, d'où mon arrivée ici. Ne cherchez pas à comprendre pourquoi j'ai eu envie de m'entraîner... Moi-même je ne sais pas pourquoi si c'est dire.

Oui je sais, je suis bizarre parfois, mais que voulez-vous, je suis faites comme ça. Soudainement, mon attention se porte sur son « bouclier ». Une question me vient tout de suite à la tête.

- Mais dites-moi, j'espère ne pas avoir trop abîmé votre guitare... S'il le faut je suis prête à vous rembourser la totalité du prix.

Ou alors je n'aurais qu'à prendre possession du corps d'un luthier pour qu'il répare son instrument. Ouais nan, je ne suis pas censé user de mon pouvoir pour faire ce genre de chose. Ah et puis... Même si je transfère mon esprit dans le corps d'un luthier, ce n'est pas ça qui me donnera les compétences pour réparer l'objet... Je crois que je ferais mieux de me taire moi en fait...

- D'ailleurs, je pourrais vous retourner la question. Qu'est-ce qui vous amène à venir ici en pleine nuit... ?

Natsuki parcouru les quelques mètres qui le séparaient des bûches avec Natsumi à ses côtés. Tout comme elle il s'installa sur le sommet de la plus proche, en tailleur, et dézippa la fermeture éclaire de la housse de sa guitare. Écoutant alors d'une oreille attentive la jeune femme, il orienta son instrument sous les rayons de la lune, de sorte à avoir une vision relativement claire de ce qu'il faisait. Du moins, jusqu'à ce qu'un gros nuage s'y oppose en s'interposant.

« Je vois. Bien, ce sont des choses qui arrivent que de ne pas trouver le sommeil parfois. Et les raisons à cela ne sont que trop variées. Cela va du repas que l'on n'arrive pas à digérer à toutes les angoisses du monde qui choisissent le moment du coucher pour se manifester. Ce n'est pas la première fois que cela t'arrive j'imagine, et ce ne sera malheureusement pas la dernière. Le tout est de savoir comment occuper le temps que l'on aurait dû consacrer au sommeil. S'entrainer ma foi, est une option comme une autre. Cela dit, si tu veux cumuler fatigue et entrainement, j'ai un bon conseil pour toi. »

Plutôt que des mots, Natsuki laissa son idée s'exprimer au travers de ses gestes. La guitare posée sur ses jambes, il composa une poignée de mudra avant de claquer une fois des mains. Un léger vent s'éleva alors d'autour de lui presque sans force, tout juste de quoi faire frissonner l'herbe qui les entourait. Il ne se passa rien pendant quelques instants, puis les quelques nuages qui hantaient le ciel étoilé se hâtèrent de partir. Le croissant de la lune et les étoiles brillèrent dans le ciel, apparaissant comme dans un mauvais film d'horreur. Le firmament s'illumina à nouveau de sa pâle lueur d'automne. Affichant alors un sourire, l'héritier Nara s'expliqua :

« Je ne connais pas beaucoup de shinobi qui refuseraient l'étreinte chaude de la couette une fois qu'ils ont bien siphonné leur chakra. C'est l'un des meilleurs somnifères que je connaisse. Aussi, si tu ne sais pas quoi faire de ta nuit, tu peux toujours t'amuser à malaxer ton chakra pour t'essayer à diverses manifestations. Cela à l'air de rien comme ça, mais cela permet de se faire la main avec la manipulation de l'énergie. Juste faire attention de pas raser sa maison de la sorte... »

Ceci dit, il reporta son attention sur sa guitare, et constata qu'il ne fut pas le seul. Natsumi avait l'air vraiment embêtée de l'incident et des dégâts qu'elle avait plus ou moins causé. Qu'est-ce que cela aurait été si elle avait blessé quelqu'un – en l'occurrence lui - plutôt que toucher un malheureux instruments de musique sans défense ? L'idée, bien que drôle uniquement parce qu'elle n'était justement pas arrivée – lui tira un sourire, pour peu qu'il était possible de sourire davantage. L'embarras de la situation de la jeune femme l'amusait vraiment, puisqu'au final, il n'y avait pas eu de mal. Son instrument profitait maintenant d'un nouveau trou dans le corps, certes, mais rien de réellement dommageable. Il chassa alors les inquiétudes de Natsumi d'un geste de la main.

« Non non, ne t'inquiète pas, elle s'en remettra. Et à quand bien même, elle n'est plus toute jeune. Elle n'a vraiment de valeur que pour les quelques souvenirs du passé qu'elle porte en elle. Je n'en joue plus assez pour que sa détérioration soit problématique de toute façon. Mais si vraiment tu as besoin d'être rassurée, et qu'une petite once de culpabilité traine encore quelque part dans ton esprit, sache qu'un très bon ami à moi est luthier, et que si besoin était, il s'occuperait des réparations sans rien attendre en retour. »

Un très bon ami... C'était à la fois proche et loin de la vérité. Loin parce qu'il ne s'agissait ni plus ni moins que du Hokage actuel en personne, mais proche car il entretenait avec lui une relation assez singulière de par son poste.

« Au passage, peux-tu arrêter de me vouvoyer s'il te plait ? Je ne suis ni encore assez vénérable, ni assez vertueux pour cela. D'autant plus que l'on vient pour ainsi dire presque de la même famille tous les deux.»

Affichant une expression sympathique, il poursuivit :

« Pourquoi je suis ici ? Pour des raisons assez similaires aux tiennes. Je ne trouvais pas le sommeil non plus, j'ai la tête un peu prise par mille pensées dont je n'arrive pas à mettre un semblant d'ordre. Avec la guerre en ce moment et les conflits que je dois enchainer, je t'avoue que j'y vois de moins en moins claire dans tout cela. Pour peu qu'il y ai un sens tout du moins... Enfin. J'étais venu ici avec ma guitare en pensant que j'arriverai plus facilement à faire le tri. Cela marche parfois, quand je suis au calme. Après, pourquoi ici précisément, c'est une plus longue histoire. Je pourrai te la résumer en quelques mots toutefois si cela t'intéresse : c'est ici que beaucoup d'événements marquants ont débuté dans ma vie. Alors de temps à autre, quand j'en ai le besoin et le temps, je reviens. Sans trop sombrer dans la nostalgie non plus, c'est agréable. »

Les quelques notes que Natsuki gratta sur son instrument pouvait laisser croire qu'il savait à peu près en jouer. Il jugea donc sage de s'arrêter à cela pour maintenir l'illusion.

« Tu es déjà dans une équipe Natsumi ? » questionna-t-il en changeant de sujet sans réel transition autre que ses trois accords qui oscillaient entre un do majeur pas trop moche et un ré un peu raté.

Pendant que je prenais bien le temps de lui expliquer le comment du pourquoi je me trouve ici même, mon interlocuteur s’installa en tailleur à mes côtés. Le Nara se mit ensuite à observer sa guitare à l’aide des rayons de la lune, ces derniers furent d’ailleurs rapidement stoppés par un gros nuage blanc. Rien qu’à la vue de son, instrument, je ne peux m’empêcher d’avoir honte de ce que j’ai fait. Bien évidemment, je ne cesse pas d’écouter Natsuki qui m’a l’air d’assez bon conseil. Ce dernier me livre une tactique qui pourrait allier l’entraînement avec le manque de sommeil. Une méthode que je me ferrais un plaisir d’essayer la prochaine fois que mon esprit refusera de rejoindre le monde des rêves.

Mais alors qu’un sourire se dessine sur mon visage à l’écoute du jeune homme, je remarque que ce dernier repoussa le gros nuage qui bouchait les rayons de la lune. J’ai à peine eu le temps de le voir faire un mudras qu’un petit vent s’est levé, balayant ainsi ledit nuage. Il semblerait donc qu’il possède l’affinité du futon, un élément qui m’est totalement inconnu. En effet, mes parents maîtrisent tous les deux le doton et moi le suiton. Jamais je n’ai vu quelqu’un user du vent comme arme. Qui sait, peut-être qu’un jour je pourrais lui demander de me faire une démonstration.

- Pas mal comme méthode. La prochaine fois que je n’arriverai pas à dormir je l’essayerai ! Après, je ne pense pas pouvoir raser ma maison avec ma puissance actuelle… Et puis je ne suis pas du genre à utiliser mon chakra pour tout faire exploser. Je préfère les techniques de manipulation de l’esprit propre à mon clan si vous voyez ce que je veux dire.

Le jeune homme s’attaqua ensuite à mes regrets. Ceux concernant tout particulièrement son instrument. Il a sûrement remarqué le regard inquiet que j’ai lancé tout à l’heure… Moi et ma discrétion légendaire. Je m’atèle donc à lui répondre d'une voix gênée et maladroite.

- Vous devez vraiment être un bon ami de ce luthier pour qu’il veuille bien vous la réparer sans rien en retour. N’empêche que je suis encore désolé pour ça ! Vraiment.

Natsuki reprit aussitôt pour me demander d’arrêter de le vouvoyez. Selon lui, il ne le mériterait pas encore et on serait quasiment de la même famille. Il est vrai que nos deux familles sont très proches, jusqu’à même en former qu’une. Sans parler de la grande famille que forme tout le village.

- J’y veillerais, si c’est ce que tu souhaites. J’ai pris pour habitude de toujours vouvoyez les personnes que je ne connais pas, même si elles ont quasiment le même âge que moi. Et puis, vu la démonstration de vitesse que tu m’as fait tout à l’heure, j'étais plutôt impressionné.

Il poursuit en m’expliquant à son tour le pourquoi du comment il est ici, répondant ainsi à ma précédente question. Toujours un sourire peint sur le visage, je m’occupe de lui répondre.

- J’ai bien l’impression que tu as vécue de nombreuses choses malgré ton âge, je me trompe ? Il est vrai que la guerre fait rage en ce moment. Je ne peux pas vraiment comprendre tes ressentis par rapport à cela puisque je suis loin d’y être impliqué. Même si je suis genin, mes parents font jouer leurs relations pour retarder au maximum mon départ sur le front. A vrai dire, je ne sais pas si je dois les en remercier de vouloir autant me protéger ou alors au contraire, leur en vouloir. Je sais que je peux être utile à notre village. Tout le monde est utile au village s’il s’en donne le moyen, du moins, c’est ce que je pense.

Je marque une petite pose en poussant un léger soupire.

- De plus, avec ma manipulation de l’esprit, je pourrais facilement récolter des informations. Ma mère m’a beaucoup entraîné de ce côté-là. Il me suffit d’un contact avec le crâne de mon ennemi pour lui arracher tous les infos nécessaires. Malheureusement, je ne pense pas pouvoir utiliser ce jutsu pour aider mon village avant un petit bout de temps...

Peut-être qu’avec un peu de chance, mes supérieurs m’enverront à la guerre malgré mes parents. Quoique non, j’aie oublié que j’étais la fille la plus malchanceuse de Konoha. Dommage !

- Ah et non, je ne fais pas encore partie d’une équipe, du moins pas officiellement. Mes géniteurs et moi-même partons souvent en mission ensemble, donc on peut dire que nous formons une équipe officieuse… Mais le village ne m'a pas encore assigné à une équipe et je n'ai pas cherché à en avoir une de mon côté non plus. Sinon, pourquoi cette question ?

Natsuki éclata de rire à la lune, puis une fois son sérieux revenu, se tourna de nouveau vers la jeune femme.

« Mais n'est-ce pas là l'essence même de l'amitié ? Savoir que l'on peut compter sur l'autre sans rien attendre en retour, car il sait que lorsqu'il aura besoin d'aide à son tour, il trouvera une main tendue pour le soutenir ? Sans jugement de ma part, si tu ne connais pas encore ce sentiment, je te souhaite de le découvrir un jour. Car tu te rendras tôt ou tard compte que seule, l'on arrive très vite à ses limites. »

Natsuki avait découvert ses propres frontières ainsi. Puis il avait progressé avec de vrais amis, les avait rattrapé, dépassé, et enfin perdu quand la mort avait choisi de faucher. La vie des uns s'arrête, celles des autres continuent leur chemin sur l'Arbre de Konoha, le cercle recommence toujours lorsque l'on se donnait la peine de rester ouvert. C'était ainsi qu'il avait commencé à se faire connaître, et à atteindre sa position actuelle.

Il hocha la tête en entendant la suite :

« Et c'est une très bonne habitude que tu as. Les shinobis sont parfois vu comme des rustres qui ne savent que tuer, mais nous valons bien mieux que ça. L'étiquette fait aussi partie de notre éducation et apprentissage, car notre vie n'est pas que combat. Tu me verras d'ailleurs le premier à vouvoyer dans les contextes qui le nécessite. Mais là c'est différent, il n'y a rien de formel entre nous cette nuit. »

Un nouveau sourire barra son visage.

« Vive de corps, rapide d'esprit et bien éduquée, je reconnais bien là les valeurs qui font la fierté de ton clan. Mais j'ai l'impression de déceler une petite pointe de fougue quelque part, et de regret de ne pas pouvoir monter sur le champ de bataille. Crois moi, c'est une bonne chose que de ne pas pouvoir comprendre mon ressenti. Je comprends parfaitement que tu ais envie toi aussi de te rendre utile à ta façon pour la cause de notre Village, ou que tu trouves injuste que d'autres risquent leur vie pendant que tu es tranquillement à l'abri derrière les remparts de Konoha. Mais dis-toi que c'est le travail des plus forts aussi que de servir de bouclier et prendre les coups pour les moins expérimentés le temps qu'ils mûrissent. Chaque génération se bat pour préserver la suivante, et verse le sang de la guerre pour que l'autre n'ait pas à la connaître. La guerre n'est ni amusante, ni un bon entraînement, seulement une ultime solution à laquelle l'on recourt un peu trop facilement et rapidement pour régler les problèmes. Et par régler, cela veut dire supprimer l'opposition. J'entends bien à ta voix que ce n'est pas par désir de reconnaissance que tu veux participer à l'effort de guerre, mais bel et bien pour servir Konoha. Mais crois en ce que j'ai vu, si tu peux éviter de connaître ce genre de conflits, tu ne t'en porteras que mieux. Bien sûr, je ne dis pas que tu n'en as pas l'étoffe ou les épaules assez solides pour endurer cela – vous les Yamanaka avez l'esprit et la volonté les plus inébranlables qui soient. L'on sera amené à faire beaucoup de choses horribles dans notre vie de shinobi, mais aucune n'égale celle de la guerre. Tout est l'intérêt de notre nindô d'ailleurs. Lorsque l'on doute du sens de nos actes, il n'y que vers lui que l'on peut se tourner. »

C'était à la fois un bon et un mauvais conseil. Il était bon tant que le nindô était en accord avec les principes du Village du shinobi. Lorsque ce n'était pas ou plus le cas, il y avait deux cas de figures possible : soit le ninja en question n'était pas né au bon endroit, soit le Village avait changé. Dans les deux voies possibles, ce n'était pas bon signe pour l'un des deux camps, l'Homme ou le Village.

« Enfin, je vais pas te faire la leçon, et mes opinions n'engagent que moi. Mais il m'est avis que si la guerre est une grande expérience, elle est tout sauf bonne, et l'on n'en revient jamais vraiment pareil – si l'on parvient à en revenir. »

L'expression de Natsuki s'était progressivement affinée, jusqu'à n'être plus qu'un simple sourire de courtoisie plutôt que réellement sympathique. En même temps, ce n'était pas le genre de sujets qui prêtait à rire. Celui d'une équipe par contre, pouvait l'être beaucoup plus. Il haussa alors les épaules, comme s'il ignorait lui-même l'intérêt de sa question.

« Je ne sais pas, je voulais juste savoir peut-être. »

L'héritier Nara tourna son regard vers les étoiles, et resta pensif un moment en les contemplant, comme si la réponse à une question muette s'y trouvait. Puis il ouvrit à nouveau la bouche, sans que le reste ne bouge.

« Je me suis rappelé en discutant avec toi que la vie était bien courte, surtout quand elle tenait à si peu. Cela m'a donné envie de transmettre ce que je savais à ceux dont l'expérience fait encore défaut. Peut-être que j'essaierai de monter ma propre équipe, si je suis encore là lorsque la guerre sera terminée. »

Si. Une condition qui lui tira un soupire, alors que sa tête retomba en avant comme accablée par un poids invisible. Il la redressa finalement un peu grâce à la paume de sa main qui accueillit l'une de ses joues tandis que l'autre extrémité de l'avant-bras assurait la position sur son genou. Ainsi installé, il avait directement en ligne de vue la jeune femme.

« Si jamais la proposition t'intéresse, tu y seras la bienvenue. Ce n'est bien sûr pas une offre à accepter tout de suite, loin de là. J'ai et vais avoir prochainement beaucoup à gérer pour me consacrer comme il faudrait à ce genre de tâches. Je n'ai pas envie de le faire maintenant pour ressembler à mon premier formateur – le penchant pour l'alcoolisme en moins... Cela te laisse le temps d'y réfléchir. »

Et pour lui surtout, l'occasion de voir s'il a vraiment assez de bagages derrière lui pour être capable d'enseigner à une équipe fixe placée sous sa direction, un trio qu'il formera plus ou moins lui-même. '' Les meilleures techniques sont celles que transmettent les survivants '' disait le proverbe...

À l’entente de ma réponse par rapport au luthier, le jeune homme ne put s’empêcher d’éclater de rire. Sur le coup, j’étais à la fois surprise et aussi légèrement vexée. Peut-être se moque-t-il de moi ? Il semblerait que ce soit juste par rapport à mon ignorance. D’après lui, ce serait l’essence même de l’amitié. Aider un ami sans rien attendre en retour car on sait qu’un jour ou l’autre il nous le rendra. Il faut dire que je n’avais jamais vu ça sous cet angle-là du fait que je ne possède pas de réels amis. Les seuls personnes que je qualifiais ainsi étaient mes camarades de classe à l’époque de l’académie. Maintenant, ma vie sociale ressemble plus à un long désert. Espérons que cela ne dure pas plus longtemps !

- Pour dire vrai, je n’ai pas vraiment d’amis. Il y a bien ceux qui étaient avec moi à l’académie mais je ne peux pas vraiment les qualifier « d’amis ». Ce sont plus des camarades à qui dire bonjour de temps en temps, mais rien de bien passionnant. Peut-être qu’un jour, je connaîtrais le même genre d’amitié que tu as avec ce luthier… mais je ne suis pas non plus pressé. D’après moi, la solitude est elle aussi bénéfique. Seul, on ne peut pas être influencé dans ses choix. Seuls, nous sommes sûrs de suivre notre propre voie, même si elle nous mène à la mort.

Puis, je continue à écouter ce que me raconte le jeune Nara. Ces paroles pleines de sagesse qui prouve bien qu’il n’est pas un simple Shinobi. Il m’expliqua alors que la guerre n’est sûrement pas quelque chose de bien. D’après lui, je ne devrais pas être pressé d’y aller, même pour aider mon village. Les générations d’avant nous protègent le temps qu’on mûrisse dit-il, mais ne suis-je pas déjà assez entraîné et préparer pour à mon tour protéger les moins expérimentés ? Là est vraiment la question.

- Je suis au courant que la guerre n’est pas quelque chose de bien, mais elle est parfois nécessaire. Je fais entièrement confiance à notre Kage. Si nous sommes en guerre ce n’est pas pour rien, j’en suis sûr. Après je peux comprendre qu’on veuille protéger les générations futures pour qu’ensuite elles prennent la relève, mais il faut savoir quand lâcher prise. Qui peut vraiment savoir quand la chenille est prête à prendre son envol en tant que papillon ? À mon sens, personne. Tout n’est qu’une question de confiance et de risque, et je suis prête à prendre des risques, ça ne fait aucun doute.

Le sujet retourna ensuite en direction d’une équipe. Il semblerait que notre discussion ait provoqué chez mon interlocuteur une sorte de déclique lui faisant comprendre qu’il était peut-être temps de prendre des élèves. Il m’annonce alors que je serais la bienvenue si par hasard il montait une équipe après la guerre. Je dois avouer que cela m’intéresse au vu de nos pouvoirs de clan qui se combine particulièrement bien, mais comme il le dit, il faut déjà voir s’il reviendra sain et sauf de la guerre.

- Ta proposition m’intéresse beaucoup et j’espère sincèrement que tu seras encore là pour me le redemander après la guerre. Comme tu l’as dis, la vie est courte, beaucoup trop courte. En parlant de ça...

Sur mon visage se dessina alors une pointe de gêne. Je ne sais pas, j’hésite. Je n’ai encore parlé à personne de ce rêve… Et si il allait se moquer de moi ? Je ne sais pas. Oh et puis merde, je n’ai pas envie d’avoir de regret.

- Je ne sais pas si je devrais vraiment t’en parler mais… peu de personnes connaissent mon véritable objectif. Tous pense que mon but est de protéger Konoha, de servir mon village. Ils n’ont pas tort, loin de là même, mais j’ai un deuxième objectif qui est sûrement plus difficile à concrétiser.

Je marque alors une petite pause et levant les yeux en direction des étoiles.

- La vie ne tient qu’à un fil. Tu vois, mon but est de renforcé ce fil jusqu’à le rendre incassable. En d’autre termes, je vise l’immortalité. Pas forcément physique, non, mais plutôt faire que mon âme soit immortelle. Je ne veux plus craindre la mort.

Dans l’ombre de la nuit, je lève mon bras en direction de la lune, comme pour la saisir entre mes doigts.

- Quand j’ai perdu mon œil gauche, j’ai compris qu’il était trop facile de mourir. Beaucoup trop à mon goût. C’est pour cela que je recherche, dès que j’ai du temps libre, un moyen d’obtenir ce que je désire par-dessus tout. Et si par malheur aucun moyen n’existe, je deviendrais assez forte pour créer un jutsu qui me le permettra. Après tout, nous sommes experts dans l’esprit nous les Yamanaka. Je suis sûr que j’en serais capable.

Natsuki accusa d'abord d'un air surprit, à l'écoute de la confidence de la jeune femme, qui lui fit mécaniquement redresser le dos. Non pas tellement pour le contenu en lui-même, mais pour le fait qu'elle se soit ouverte à lui bien rapidement. La relation entre leur clan avait-elle joué ?

« L'immortalité, hein ? » lâcha-t-il plus pour lui-même que pour elle.

Les mains derrière lui, il exposa à nouveau son visage à la clarté de la lune dont il observa la faible lueur, comme pensif. Il donnait l'impression d'imaginer ce que la vie éternelle, sous quelque forme que ce soit, lui permettrait de faire, mais il n'en était rien : il avait une approche assez particulière de sa vie et de sa mort, dont il avait déjà longuement réfléchit.

« Ma foi, pourquoi pas ? C'est un objectif comme un autre. Et puis ne dit-on pas que la grandeur des shinobis se mesurent à l'impossibilité de leur rêve ? »

Natsuki éclata à nouveau d'un rire franc et sincère pendant quelques instants.

« Mes excuses, je ne cherche pas à me moquer ou à te décourager, loin de là. C'est bien d'avoir un but précis et personnel dans la vie, c'est ce qui fait avancer et s'épanouir. Cela s'entend à ta voix, tu as déjà mûrement réfléchit au sujet, et ce n'est pas à la légère que tu as décidé de te lancer sur cette route. Mais en ce qui me concerne, je ne sais pas si l'immortalité est une bonne chose. »

Il garda les yeux tourné vers les étoiles, l'air de plus en plus lointain. Sa voix et sa conscience pourtant étaient bien présentes, sur le terrain d'entrainement.

« Encore une fois, mon avis et ce qui va suivre n'engagent que moi. Mais j'imagine que si tu m'as parlé de cela, c'est que mon opinion, quel qu'il soit, t'intéresse aussi. Et personnellement, je ne vois pas tellement d'avantage que cela à vivre éternellement. Au-delà même de ce que l'on entend tout le temps dans les contes pour enfants, sur le fait de voir ses proches et amis mourir pendant que l'on perdure, et sur lequel je ne vois même pas l'intérêt de revenir. Fondamentalement, être immortel revient à ne plus craindre la mort, et c'est justement ce que je trouve le plus dérangeant. Ne penses-tu pas que c'est justement notre crainte de la mort qui nous pousse à aller de l'avant ? N'importe comment c'est mon cas. Je n'ai pas peur de la mort en tant que telle, car je n'hésiterai pas à donner ma vie pour la cause de mon Village, c'est ce à quoi je me suis engagé en devenant un shinobi de la Feuille, mais je n'ai pas pour autant envie qu'elle me fauche. C'est pourquoi je m'entraine chaque jour, afin de repousser au plus loin le destin qui est commun à tous les Hommes. C'est de notre courte espérance de vie – encore plus en tant que ninja – que nous vient notre goût prononcé pour la vie. Et c'est sans doute de là que te vient ton désir de la prolonger aussi, cette hâte de trouver la solution avant qu'il ne soit trop tard. Mais qu'en sera-t-il si maintenant hypothétiquement tu arrivais à tes fins ? - ce que je te souhaite, bien entendu. Penses-tu que l'oubli de ta propre mortalité te permettra encore de nourrir ce besoin de vivre le plus intensément possible ? »

Natsuki se laissa quelques secondes pour reprendre le fil de ses idées.

« Je suis en train de mourir Natsumi. A chaque souffle, chaque seconde, chaque battement de cœur, je me rapproche de ma fin. Et c'est de cette fatalité que me vient mon amour et mon désir de vivre, ce besoin que j'ai de remplir mes jours – mes heures ! - d'expérience et de joie pendant le temps qu'il me reste encore. L'immortalité à ses avantages, je ne le nie pas, mais je ne crois pas qu'elle m'irait : j'aurai trop peur qu'au fil des siècles elle n'érode cette volonté de vivre qu'est la mienne. Et à mon sens, ce ne sont pas les années qui déterminent la véritable longueur d'une vie. Moins les heures sont perdues, et plus la vie est remplie. Ne trouves-tu pas que, selon cette façon de voir les choses, les quelques décennies que nous passons sur terre – dans le meilleur des cas – peuvent être bien plus longue que l'éternité ? Je reste intimement convaincu que c'est ma propre mortalité, mon existence éphémère qui donne pleinement le sens de ma vie. Maintenant, si l'on parvenait à maintenir malgré l'immortalité cette soif de vie, ce serait merveilleux. Mais réellement possible, cela j'en doute. Ce serait comme vouloir entretenir indéfiniment une flamme sans jamais ajouter de combustible. »

Pour la première fois depuis le début son petit monologue, il tourna les yeux vers Natsumi, et lui offrit toute sa sympathie au travers d'un fin sourire.

« Je suis déjà immortel je pense. Peut-être ni de corps ni d'esprit, mais je crois avoir déjà beaucoup accomplit dans ma vie, et marqué l'esprit de nombreuse personnes. Même si je meurs, quelque part, je continuerai de vivre à travers leurs souvenirs, tant qu'ils en auront pour moi. En un sens, c'est cela aussi, la Volonté du Feu de Konoha : l'aube ne dure peut-être que quelques minutes, mais son souvenir peut brûler à jamais dans les cœurs. »

Garder en mémoire les sacrifices du passé, et glorifier ceux qui ont donné leur vie pour les droits dont chacun profite aujourd'hui.

« Voilà, tu connais mon opinion sur la question. » précisa-t-il après un petit temps de flottement. « Je ne dis pas que l'immortalité est bien ou mal, simplement qu'elle ne me siérait pas. Je ne peux donc que te souhaiter de parvenir à ton objectif, et que celui-ci puisse ton combler d'autant que tu attends de lui. »

Je reste là, assise, la tête baissée. Je ne sais pas vraiment pourquoi je me suis confié à cet inconnu. Peut-être est-ce parce qu’il m’a l’air de bon conseil et ouvert d’esprit ? Je ne sais pas. Pourtant, je ne me suis jamais autant senti gêné. Pas que j’ai honte de mon objectif ou autres, mais juste que je manque encore de confiance en moi par rapport à ce sujet. Avec un peu de chance, sa réponse me donnera plus de courage pour suivre cette voie, qui je l’espère, mènera jusqu’au but souhaité. Il se peut aussi que le contraire se produise. Natsuki peut très bien trouver cela idiot et se moquer de moi, ce que me confirmera dans l’idée de ne plus me confier, du moins par rapport à ce sujet-là.

Mais après quelques secondes de silence pesant, le jeune Nara brise le silence d’un simple « Ma foi, pourquoi pas ? » avant de continuer sur sa lancé. Rien que l’entente de ces quelques mots ma soulage. C’est comme si j’avais une épée de Damoclès au-dessus de la tête et qu’on venait tout juste de me l’enlever. S’ensuit alors un rire franc du jeune garçon. Trop prise par mes pensés, je n’ai pas écouté la suite de sa tirade, ne comprenant alors pas pourquoi il rigole. Je me contente alors d’afficher un petit sourire en sa direction.

Il continue en m’assurant qu’il ne cherche pas à me décourager ou autres mais que selon lui, l’immortalité n’est pas forcément une bonne chose. La peur de la mort ne sera pas que néfaste apparemment, du moins selon son opinion. Sur ce point-là, il n’a pas vraiment tort, mais il y a quelque chose qu’il n’a pas pris en compte. Tout le monde a peur de la mort, que ce soit inconsciemment ou consciemment. Alors comment peut-il savoir qu’une personne craignant la mort aura plus de chances d’avancer qu’une personne immortelle ? Là est vraiment la question. Cependant, je reste muette en attendant qu’il m’expose entièrement son point de vue.

La suite me paraît bien plus réfléchie et approfondie. Comme si pour lui, l’immortalité n’a aucun sens propre, qu’il la refuserait sans aucun doute. Peut-être que l’immortalité n’est pas faite pour tout le monde après tout et ça je le conçois très bien. Il ne me reste donc plus qu’à lui expliquer plus profondément ma pensée.

- Je comprends parfaitement que ton existence ne soit pas en accord avec l’immortalité, mais j’aimerais quand même rajouter quelque chose d’important…

Fixant le ciel, je repris d’un ton plus que sérieux.

- La mort est un destin commun à tous les hommes et créature vivante comme tu dis, c’est d’ailleurs le plus gros point commun que l’on possède. Mais si une personne parvient à passer outre à cette règle, peut-il être considéré comme encore humain ? Sera-t-il supérieur aux humains ? Je n’ai pas de réponse à cette question. Personne ne peut répondre à quasi toutes les questions concernant l’immortalité. Ni moi, ni toi, ni même tous les sages de la terre. Nous pouvons éventuellement faire des hypothèses comme quoi un immortel perdra le goût de la vie tellement celle-ci sera longue, mais rien ne peut nous le prouver. S’il faut que quelqu’un se sacrifie pour savoir tout cela, je suis prête à le faire. Si par malheur je découvre que l’immortalité est effectivement néfaste, je ferais en sorte que personne d’autre ne le devienne, ça c’est sûr.

J’ai l’impression d’être folle en parlant de ça j’vous jure.

- La médecine essaie déjà depuis de nombreux siècles de rallonger l’espérance de vie. N’est-ce pas là aussi un désir d’atteindre l’immortalité ? L’homme désire l’immortalité depuis longtemps et je pense que tu le sais. Je ne serais peut-être pas la première à en découvrir le secret. Disons qu’il vaut mieux que ce soit une Konohajin qui trouve le moyen plutôt qu’une personne mal intentionné non ?

Lâchant un petit rire, je me lève avant de m’étirer comme un chat. Je me retourne ensuite en direction de mon interlocuteur avec un grand sourire.

- Bon... assez parlé sérieusement ! Ça te dirait un petit d’entraînement ? Autant profiter du fait qu’on ait un terrain rien que pour nous non ?

En fait, c’est surtout que je me fais peur moi-même quand je parle de l’immortalité, alors bon…

« Ah ça, c'est un autre débat encore, que de savoir ce qui est humain et ce qui ne l'est pas. Tout dépend des critères j'imagine. Ne dit-on pas que certains humains sont de véritables monstres ? Beaucoup ne se considèrent pas comme l'égal des autres, alors qu'ils partagent pourtant les mêmes traits. Enfin, passons, là n'est pas le sujet, tout comme le fait que cette découverte serait plus sûre si elle était faite par un ou une Konohajin plutôt que par un ennemi : après tout, des déserteurs et des menaces du monde, il y en a eu aussi venant du Pays du Feu. »

Des questions sur le sens de la vie et sur l'éthique, il y en avait tant qu'une vie ne suffirait pas à toutes les traiter. Même une vie d'immortel. Car à chaque époque, les mentalités changent, évoluent. Ce qui était bien vu et jugé comme normal avant peut être considéré une décennie plus tard comme la pire des atrocités. Et d'un pays à l'autre, d'un village à l'autre même, ce même raisonnement peut s'appliquer. C'est ce qui fait la beauté des cultures, et l'origine des conflits...

« Un petit entrainement ? répéta Natsuki en haussant un sourcil.

Il avait vu Natsumi se lever et s'étirer, ce qui avec sa chevelure d'argent lui donnait une certaine grâce sous les reflets de la lune, et avait pressentit que le sujet était donc clos, mais il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'après cela elle lui annonce vouloir se défouler un peu. Car même si les lèvres de la jeune femme n'en avaient pas prononcé le terme exacte, les oreilles de l'héritier Nara, elles, avaient très bien entendu '' un petit combat ? ''. Sans bouger, il l'observa alors avec le même sourire dessiné sur le visage. Était-ce vraiment une bonne idée ? Sur le papier en tout cas, oui. Natsuki avait toujours adoré ce genre d'affrontement, car l'on ne se combattait pas par désir d'écraser l'autre, mais pour la beauté du sport. C'était ce genre de duel qui permettait de tester ses capacités, et celles de son opposant. De voir jusqu'où notre propre entrainement nous avait permit d'aller, et ce qu'il vaut face au monde extérieur. C'était l'occasion de découvrir ses forces et ses faiblesses pour progresser, mais aussi et surtout, pour faire progresser l'Autre. C'était l'unique chose qui lui procurait du plaisir dans un affrontement, et l'une des deux seules raisons pour lesquelles il acceptait de se battre. L'autre bien sûr, était sa survie. Il avait toujours refusé de se battre par fierté ou pour de l'argent dans la rue par principe : ce n'était pas pour cela qu'il avait embrassé la carrière de ninja. Maintenant, en pratique, c'était une autre histoire, avec comme introduction rédhibitoire son état physique : loin d'être mal au point, il n'était cependant pas encore tout à fait rétablit. Et il serait très irrespectueux de sa part pour la jeune femme de penser qu'il pouvait se permettre le risque avec cette jeune genin inexpérimentée.

« Ma foi pourquoi pas ? Montre-moi ce que vaut la nouvelle génération des Yamanaka. » défia-t-il avec plus d'enthousiasme dans la voix que ce qu'il aurait voulu.

Déposant alors sa guitare derrière la bûche, il se releva avec autant de souplesse que le lui permettaient ses blessures pas encore tout à fait cicatrisées, et se déploya comme un ressort pour se réceptionner sur le sol à quelques mètres de Natsumi. Mais plutôt qu'une posture de combat, il se tint bien droit, et leva un unique index à hauteur de poitrine.

« J'émets cependant une unique condition : pas de possession totale du corps, ce serait trop dangereux. Pour nous deux. En contrepartie, je m'engage à n'utiliser aucune technique du clan Nara. Compte tenu du terrain et de l'heure, c'est un avantage pour toi. Et maintenant, en piste ! »

Il déplia ses bras en resserrant ses poings, et écarta les jambes, l'une devant l'autre pour s'assurer une position stable. Et il attendit, un sourire invitant sur les lèvres, que Natsumi lui porte le premier coup, quel qu'il soit.

Il semblerait que ma proposition intéresse le jeune Nara. Il faut dire que ce genre de combat / entraînement, plaît à la plupart des Shinobi dans le monde. C’est sûr que quand on y regarde de plus près, ce n’est que bénéfique. On peut tester nos capacités, nos stratégies, sans pour autant craindre pour sa propre vie. Même si au vu de la démonstration de tout à l’heure, je devrais quand même craindre un minimum pour ma vie. De son côté, je pense qu’il devrait plutôt être tranquille. Je ne suis pas très forte en 1 contre 1. Tout mon potentiel ressort lors de combat multiple au vu de ma capacité à mettre hors-jeu un adversaire d’un seul jutsu.

Il finit par accepter mon invitation avant de déposer sa guitare à l’abri derrière la buche. La pauvre, elle a déjà assez pris pour ce soir je pense. Natsuki, lui, se retrouve d’un seul bond à quelques mètres de sa précédente position, tout en me défiant de lui montrer ce que vaut la nouvelle génération de Yamanaka. Ahah, je ne pense pas pouvoir prétendre être meilleurs que ma mère, surnommé la maîtresse de l’esprit, mais je me débrouille plutôt pas mal tout de même. Je ne suis pas son élève pour rien j’ai envie de dire !

Mais alors que je me prépare à commencer le combat, je remarque que mon adversaire n’est pas du tout en position de combat. Tout s’explique quand il prend à nouveau la parole pour poser une condition à notre combat. Pas de possession complète. Ah, bah ça commence bien. C’est pas comme si c’était mon jutsu principal, sur lequel reposent la plupart de mes tactiques, mais bon… Il n’a pas vraiment tort, une possession complète est beaucoup trop dangereuse dans un combat juste d’entraînement. Je le sais particulièrement bien puisque c’est à cause de cela que je suis borgne. Mais ce n’est pas tout. En échange, il promet de ne pas utiliser de jutsu secret du clan Nara, et m’assure que c’est tout à mon avantage. C’est sûr qu’en pleine nuit, il n’est pas recommandé d’affronter un Nara…

- Ça me convient, même si je vais être plutôt limité niveau tactique sans mon transfert total…

Toutes les conditions posées, le combat peut normalement débuté, et au vu du sourire que me lance Natsuki, je suppose que c’est à moi de commencer. Bien, je vais commencer par un petit combo bien sympathique, auquel j’ai bien envie de voir comment il va s’en sortir. Lui lançant un grand sourire carnassier, j’exécute un mudras afin de faire apparaître cinq clones à mes côtés. Clones, qui sont bien évidemment immatériels. Ces derniers partent immédiatement sur les côtés pour couvrir le plus de terrain possible. Une fois cela fait, tous lancent, moi y compris, un kunaï explosif en direction de Natsuki. Seulement, seul le mien est réel, mais ça il n’est pas sensé le savoir.

Et voilà la touche finale à mon combo ! Une fois tous les projectiles lancés, je fais à nouveau un signe avec mes mains. Puis, comme déconnecté de mon cerveau, mon bras gauche se relâche d’un seul coup. Oh oui, je sais que vous connaissez ce jutsu. C’est ma technique de possession partielle. En sacrifiant mon bras, je prends possession de celui de mon adversaire. C’est pour cela que la main gauche de Natsuki vient de saisir sa gorge fermement, le prenant ainsi par surprise.

Résumé et techniques utilisées:

« Un bon shinobi ne doit pas compter que sur un seul de ses talents pour atteindre la victoire. Et tu ne me feras pas croire que tu n'en as pas d'autres. »

Si effectivement, elle n'avait qu'un unique talent, elle corrigea rapidement ce problème en se multipliant. Passant de un à six adversaires, Natsuki répondit par un même sourire, alors qu'il préparait sa stratégie. Vrais clones ou simples illusions ? Difficile à dire pour le moment, mais il allait très vite être fixé. Portant ses mains à la poche de projectiles qu'il n'avait pas accroché à sa ceinture en partant, c'est tout naturellement qu'il ne trouva pas de quoi se saisir et lancer. Il effectua alors un bond en arrière pour éviter d'être encerclé, et composa une poignée de mudra. En résultat alors un voile d'ombre, comme de la fumée opaque, qui recouvrit entièrement son visage. Au vu des conditions dans lesquelles il se battait, mieux valait qu'il s'assure certains avantages. Car si lui ne devait ni ne pouvait se permettre d'y aller à pleine puissance, Natsumi ne partait probablement pas de cette logique : elle l'avait félicité pour ses performances, et s'attendait donc à un adversaire redoutable face auquel elle n'aura pas à ménager ses forces.

En parlant de forces, celles de la demoiselle étaient justement bien répartie afin de contrôler la zone et profiter de leur avantage. Comme un seul homme – ou en l'occurrence, une seule femme – ils lancèrent un projectile dans la direction de Natsuki. Plutôt que de s'échapper par les airs, il posa un genoux au sol, et frappa avec force la terre à ses pieds de son poing gauche. Aussitôt, un dôme de vent l'entoura, et chassa au loin les projectiles qui ricochèrent dessus comme une balle de tennis frapperait un mur. Sauf qu'en réalité, un seul percuta son bouclier. Alors il comprit que les autres étaient des illusions. Et dans la seconde qui suivit, il comprit aussi qu'il avait un autre problème, le genre qui fait que l'on ne se préoccupe plus vraiment après que l'on a manqué de finir soufflé par un kunai munit d'un sceau explosif – lequel détonna un peu plus loin sans faire plus de dégât que martyriser une pelouse et assassiner une famille de champignons. C'était le cas typique des problèmes qui vous prennent à la gorge, et ne vous lâchent plus. Et ce problème, en plus de ne pas être une métaphore, avait prit la forme de son bras gauche. Le dôme de vent qu'avait érigé l'héritier Nara cessa bien avant qu'il ne le désire car le bras qui maintenait la technique en place décida de ne plus suivre les ordres que lui envoyait le cerveau. Pire encore, comme s'il n'était pas d'accord avec ce dernier, et pour lui exprimer tout son mépris, les doigts de sa main empoignèrent fermement le cou et entamèrent de comprimer la trachée pour le priver d'oxygène et/ou de sang.

En deux instants, Natsumi avait su le mettre dans une position délicate, qui lui aurait très certainement valut la victoire contre quelqu'un de son niveau. Tout comme les Nara, les Yamanaka étaient considérés comme des shinobis de '' supports '', ne déployant leur réelle force qu'en groupe, et plutôt faibles dès qu'il s'agissait de combat singulier. Natsuki avait su prouver le contraire, et il était très satisfait de voir que la jeune femme aussi. Mais pour le moment, il n'avait pas le temps de s'attendrir. Dépliant les genoux pour se relever, il attrapa sa main rebelle avec la droite, et pressa au niveau des articulations pour tenter de relâcher la pression des doigts. Il valait mieux pour lui qu'il se dépêche, car avec son bras qui refusait de suivre les ordres que lui envoyait en masse son cerveau, il allait très bientôt s'évanouir. Se retrouvant avec deux mains luttant l'une contre l'autre, et donc inutilisables, il eu tout simplement recourt à ce qu'il lui restait, à savoir ses pieds. Poussant sur ses jambes pour charger Natsumi avec toute sa vélocité naturelle que ses années d'entrainements lui avaient permit d'atteindre, il combla la distance qui les séparait et frappa. Comme une toupie, il décolla du sol en tournoyant et tenta de frapper à plusieurs reprises de la jambe Natsumi, en visant spécifiquement son bras gauche, celui qui n'avait plus l'air très réactif.

Une action qui lui fit se rappeler quelque chose. Si un Yamanaka possédait le corps de quelqu'un, et si ce corps possédé était blessé, alors lui aussi en subissait les blessures. Était-ce pareil lorsque ce n'était qu'un seul membre qui était contrôlé, comme c'était vraisemblablement le cas ? Si sa vie était en jeu, Natsuki n'aurait pas hésité à se taillader le bras pour le vérifier. Mais actuellement, il n'était pas question de mourir en cas de défaite : ce n'était qu'un simple entrainement. Pas question non plus de se lacérer un membre donc. Et à quand bien même, il n'avait aucun outil sur lui, ni la possibilité d'en invoquer avec ses deux mains prises. Il ne lui restait donc qu'à la frapper pour espérer rompre la concentration de son adversaire avant que l'air qu'il lui restait après son sprint ne lui fasse défaut.

Spoiler:

Alors que mes clones et moi-même lançons l’assaut, mon cher Natsuki Recule d’un petit bond avant de composer quelques mudras. Dès lors, un sorte de voile noir recouvre le visage de mon adversaire. Je ne sais pas vraiment à quoi ça sert mais je vais certainement le savoir sous peu. Peut-être que ça sert à contrer les genjutsu visuels . Après tout, il connaît les techniques de mon clan et sait sûrement que mes jutsu lié à mon clan sont tiré tout droit du Genjutsu. On peut alors aisément en déduire que je possède d'autres genjutsu qui ne sont pas forcément en lien avec l’esprit, ce qui est d’ailleurs le cas. Malheureusement pour lui, je ne possède aucun genjutsu basé sur le visuel.

Afin de parer mes kunaï, Natsuki enchaîne en frappant le sol du poing droit, faisant se lever une sorte de barrière de vent. Ainsi, le seul vrai projectile ricocha et explosa quelques mètres plus loin. Je me doutais bien qu’il trouverait une parade à cela, mais la suite est beaucoup plus intéressante à mon avis. Voyons voir comment mon cher Nara va s’en sortir contre ma technique de possession partielle. Le jeune a d’abord l’air surpris de voir son propre bras l’attaquer, ce qui est parfaitement compréhensible. Pourtant il immobilisa rapidement sa main gauche avec son autre main, empêchant ainsi l’étranglement total d’avoir lieu. Au final, même si je n’ai pas le résultat que je voulais, je m’en tire plutôt bien. Un bras d’occuper de mon côté contre deux de son côté, autant dire que c’est encore à mon avantage.

Mais alors que je fixais mon adversaire, ce dernier se met à foncer dans ma direction. Oh merde. Il compte m’attaquer au taïjutsu, et il semblerait que ce soit d’ailleurs mon point faible. Je n’ai pas beaucoup de force de base et je ne maîtrise aucun jutsu lié au Taïjutsu. En plus, un de mes bras est immobilisé, alors que lui, va sûrement utiliser ses jambes pour m’attaquer. Trop tard. Je n’’ai pas le temps d’annuler mon jutsu et me protéger avec mon bouclier aqueux. Tournoyant sur lui-même dans les airs, Natsuki me décoche un énorme coup de pied qui m’envoie valser contre un arbre. Projeté contre l’arbre, j’essuie avec mon bras droit le petit filet de sang qui coule de ma bouche. Puis, je me relève tout en maintenant ma possession active. Son but était sûrement de me faire annuler mon jutsu en me forçant de me protéger. Malheureusement pour lui, même en annulant mon jutsu je n’aurais pas pu me protéger, alors autant le laisser actif non .

- On dirait que tu as déjà trouvé mon point faible, mais ne crois pas que ça suffit à me battre.

Au vu des nombreuses coupures présentent sur mon corps, il va sûrement proposer qu’on arrête là, mais je ne suis pas de cet avis. Je ne lui ai pas encore montré tout l’étendue de mes pouvoirs ! C’est donc dans cette optique que je me relève en m’aidant de mon bras droit. En fait, ma contre-attaque a déjà commencé. Ma prise de parole n’avait pas pour but principale de lui dire que je pouvais encore continuer… Non, elle transportait avant tout mon plus puissant genjutsu non lié à mon clan. Ainsi, toute sa vue sera décalée de quelques secondes, réduisant ainsi grandement ses chances de parer mon prochain assaut.

C’est alors que deux senbons sortent de ma bouche, formé par ma salive. Ces deux senbons, fusent alors immédiatement en direction de Natsuki en visant ses hanches. Bien évidemment, je fais en sorte de viser un endroit qui l’immobilisera au niveau des déplacements, sans pour autant l’envoyer à l’hosto. Si jamais cette attaque réussi il ne pourra juste pas combattre correctement pendant quelques jours mais rien de bien grave. D’ailleurs, ces senbons sont totalement contrôlés par ma pensée. De ce fait, si monsieur utilise une nouvelle fois son bouclier de vent, mes chers projectiles contourneront tout simplement l’obstacle.

Résumé et techniques utilisées:

Natsuki se demanda s'il n'y était pas allé un peu fort, quand il vit à quelle vitesse s'envola son adversaire. Ou du moins, il se serait posé la question si son bras gauche l'y avait autorisé. Car loin d'avoir rompu le charme, c'est à peine si ses doigts avaient desserré leur emprise sur sa gorge. Juste un instant en fait, durant lequel Natsumi n'était plus en état de se concentrer. Il pu donc en déduire avec quasi certitude que c'était elle qui le contrôlait, et non une réaction systématique à la technique. Mais aussi qu'il ne rompra pas la possession juste en la frappant pour la déconcentrer. A moins qu'il ne l'assomme ? Il n'était pas sûr d'y arriver avant de manquer d'air et de sang. S'ajoutait à cela ses blessures sur le torse qui se réveillaient suite à l'effort... Alors il fit ce qu'il y avait de plus simple à faire dans ce genre de situation. Glissant son bras droit autour du gauche en l'entortillant de façon improbable, il frappa ensuite du genou le coude gauche. Avec l'effet levier de l'autre avant-bras, il déboita tout bonnement dans un crac significatif son épaule. Lui qui n'était initialement pas partant pour se lacérer le bras, il n'avait pas fait beaucoup mieux maintenant en rendant temporairement infonctionnelle son membre. Il avait dosé son coup pour ne pas briser l'articulation, mais il allait quand même le sentir pendant quelques jours. Heureusement qu'il avait rendez-vous un peu plus tard dans la journée à l'hôpital...

Une vague de douleur le parcourra, puis s'atténua pour rester plus diffuse. Un autre flux par contre, chargé de désir sanglant, refusa de partir. La colère froide que détestait tant Natsuki commença à l'envahir. C'était la première fois qu'il se battait à nouveau par plaisir, et donc sans transe, et il fut forcé de constater qu'il ne maîtrisait pas encore aussi bien qu'il le voulait l'origine de ses pulsions malsaines. Quelque part, ce n'était pas plus mal que son masque lui cachait la face, quoi qu'il doute que de nuit, même sans, Natsumi aurait pu voir à cette distance à quoi il ressembla pendant quelques secondes. Une poignée de secondes durant laquelle il afficha une expression qui n'aurait jamais dû s'y trouver, une poignée de secondes durant laquelle il lutta pour ne pas se laisser déborder par ce qu'il avait pendant des mois essayé de dominer. Une chose contre laquelle il refusait de perdre. Retrouvant le fil de sa concentration pour plonger son être dans le néant comme il savait si bien le faire, il endigua la soif de sang qui le gagnait comme l'on ferme un robinet.

C'est alors qu'une nouvelle douleur le ramena à la réalité. En baissant les yeux, il vit comme à la clarté du jour les deux senbons fichés dans ses hanches, avant de couler littéralement en perdant de leur substance. Il avait complètement relâché sa garde en plein combat, une erreur qu'il n'avait jusqu'à présent encore jamais fait. Tout cela à cause de ça. Cette chose lui avait tout prit, jusqu'à ses capacités à combattre en restant fidèle à ses valeurs. Il n'était même plus capable de se battre sans ressentir le besoin vicieux de tuer, acte dont il n'avait jusqu'à présent jamais tiré le moindre plaisir. Cela ne pouvait pas durer, il ne pouvait pas rester ainsi. Il avait passé sa courte vie à mener une existence de soldat, et avait forgé sa volonté dans le sang et l'acier. Il refusait de croire que tout cela n'avait servit à rien, qu'il pouvait flancher. Peu importe s'il allait lui falloir encore du temps pour dominer sa peur la plus profonde - la seule qu'il ai jamais réellement ressentit - mais il devait y parvenir. Cependant, il fallait d'abord et surtout qu'il mette fin à ce combat avant qu'il ne dégénère par sa faute. Chargeant alors avec toute la vitesse que le lui permettait son déploiement de chakra dans ses jambes, il retourna au contact de Natsumi bien plus vite qu'il ne l'avait fait précédemment – comme la première fois en réalité, après l'agression caractérisée sur sa guitare – et se jeta sur elle. Il l'attrapa alors et la plaqua au sol en l'immobilisant à l'aide de son propre corps. Un contact rapproché et assez tendancieux à en juger la position de ses jambes pour bloquer celles de la jeune femme, mais c'était sans compter sa main droite : menaçante, elle tenait sans serrer la gorge de sa proie.

« Fin de la partie. » souffla-t-il avec le sourire alors que son masque immatériel se dissipa.

Presque aussitôt, il roula sur le côté pour se dégager de la jeune femme puis se redresser sur ses jambes.

« Et en toute honnêteté, je pense que c'est une victoire haut la main pour toi. Rien de cassé ? » demanda-t-il en tendant sa main encore valide à la concernée pour l'aidé à se relever.

Avant de commencer quoi que ce soit comme forme de discussion, il pivota en direction de l'arbre contre lequel avait buté Natsumi, et cogna d'une façon particulière son épaule sur le tronc, de sorte à remettre plus ou moins en place la tête de l'humérus à sa place dans l'articulation. Un nouveau craquement significatif se produisit, suivit de la douleur qui allait toujours de paire avec. Mais à part à grognement, il n'en montra rien. Il avait pour ainsi dire presque l'habitude de faire ça, mais n'étant pas médecin pour autant, les ratés arrivaient...

« Très intéressante ta technique. Tu m'as neutralisé en un instant, et rendu incapable d'avoir recours à mon propre registre. Le seul défaut que j'ai pu y trouver est que cela te rend vulnérable au corps-à-corps en t'empêchant d'utiliser d'autres techniques nécessitant de malaxer du chakra au préalable. Mais je pense que tu as déjà eu l'occasion de t'en rendre compte par le passé. Reste à trouver une parade maintenant, si ce n'est pas déjà le cas. La possession d'un jambe aussi ? » proposa-t-il avec un ton plus plaisantin qu'autre chose.

Posant négligemment la main sur son torse à cause de la douleur gênante qu'il ressentait, il regarda ses doigts avec une moue contrariée.

« Je crois qu'une de mes blessures s'est réouverte... » lâcha-t-il en frottant entre son index et son pouce la fine pellicule de liquide poisseux qui avait gorgé son pansement et s'attaquait maintenant à son haut. « Finalement, m'est avis que j'ai quand même été un peu présomptueux en acceptant ce combat. Enfin, ça valait le coup. »

Pas tant que ça en réalité. Il n'avait pas tiré autant de plaisir de l'affrontement que ce qu'il avait voulu, et ce principalement à cause de ses débordements qui perturbaient encore son raisonnement. Il se sentait pas très fier, et même minable d'avoir faillit y céder encore une fois. Mais ce n'était pas le genre de choses qu'il se permettait d'exprimer ou d'afficher sur son visage.

« Ne crois pas que je t'ai ménagé ou que je me suis réellement retenu par égard pour toi, loin de là. Tu m'as mit une jolie rouste, me rappelant que j'ai encore bien du chemin à faire et une sacré marge de progression devant moi. Tu feras une coéquipière de choix pour tes alliés. »

Pressant sur son torse pour comprimer sa plaie avec le pansement qui était collé autour, il poursuivit.

« Maintenant si tu le permets, je crois que je vais devoir déranger le service de nuit de l'hôpital...»

Il aurait bien proposé à Natsumi de venir avec lui, mais il n'était pas sûr de vouloir prolonger le contact pour le moment, car il ne souhaitait pas revenir sur le court échange de coups qui venait d'avoir lieux. Il gardait bonne figure, mais malgré qu'il admettait volontiers que la jeune femme l'avait clairement dominé – ce qui était le cas -, il n'avait pas eu les réactions dignes de quelqu'un de son niveau et se doutait que cela s'était très probablement remarqué. Si elle lui demandait, il pouvait très facilement mettre sa faiblesse sur le dos de ses blessures pas encore tout à fait guérie, mais s'il pouvait la leurrer elle, il ne pouvait pas se mentir à lui-même : il connaissait la vraie raison de son fiasco émotionnel.

Spoiler:

Mes senbons fusent dans l’air en direction de Natsuki. C’est exactement ce moment-là que mon adversaire trouve une parade très simple à ma possession partielle. Un cri de douleur m’échappe sans que je ne le veuille, me faisant comprendre ce qu’il vient de faire. Le Nara vient tout juste de se déboiter l’épaule, brisant ainsi mon genjutsu et mon contrôle partiel. Du moins, j’ai brisé ma possession suite à la douleur qui m’a parcouru. Cependant, trop occupé à se déboiter l’épaule, le jeune homme n’a pas eu le temps de voir arriver les senbons, qui se sont alors planté dans ses hanches.

Cela ne semble d’ailleurs pas le déranger puisque sans attendre plus longtemps, Natsuki me fonce dessus avec une vitesse phénoménale. Voilà ce que je redoutais, la même vitesse qu’il a fait preuve tout à l’heure. Face à ça, je ne peux pas faire grand-chose. En une fraction de seconde, je me retrouve au sol, immobilisé par le corps du Nara. Oui bah hein, je ne suis pas Dieu non plus, je ne peux rien faire face à ça. C’est donc tout naturellement qu’il annonce la fin du combat, alors que son masque noir se dissipe. Me libérant de son emprise, il me tend la main pour m’aider à me relever. Aide qui est la bienvenue au vu de mon état pas très glorieux.

La suite, elle, me paraît étrange qu’autre chose. Natsuki, le garçon vient tout juste de m’immobiliser au sol avec une simplicité impressionnante, déclare que je suis la gagnante de ce combat d’entraînement. Euh… Jusqu’à preuve du contraire, c’est lui qui m’a vaincu, même si j’ai réussi à bien l’amocher. Tout naturellement, le jeune homme frappe son épaule contre l’arbre afin de remettre son épaule en place. Malheureusement, je ne sais pas vraiment comment faire pour la remettre en place, moi. Je me vois mal lui demander de me la remettre… Au pire je demanderais à mon père tout à l’heure.

Il reprend la conversation en analysant ma technique de possession partielle. Expliquant ainsi le principal défaut de mon jutsu, avant de terminer sur une petite pointe d’humour. Lâchant un petit rire, j’écoute attentivement les commentaires de celui qui sera peut-être mon future sensei. Ce dernier me fait ensuite par du fait qu’une de ses anciennes blessures s’est rouverte. S’il était déjà blessé de base, j’ai encore moins de mérite à tirer de ma pseudo victoire à ce combat…

- Tu aurais dû me prévenir que tu avais des blessures pas totalement guérie… Je n’y serais pas allé à fond.

Puis, un petit sourire se dessine sur mon visage.

- Ne t’inquiète pas pour mon jutsu. Je travaille actuellement avec ma mère pour mettre au point une technique de contrôle partiel et non de transfert. De ce fait, je pourrais manipuler un membre adverse tout en gardant le contrôle du mien. Si en plus je peux faire en sorte que les blessures de se répercute plus aussi… M’enfin bon, je vais déjà commencer par le début.

La conversation se poursuit alors que mon cher interlocuteur me complimente encore sur mes capacités au combat, même si je ne pense pas en mériter autant.

- Merci, mais je sais que tu aurais pu très facilement me vaincre quand tu le voulais. Rien qu’avec ta vitesse… Je n’aurais rien pu faire. Sans oublier le fait que tu étais privé de tes techniques du clan Nara. Autant dire que dans de vraies conditions, je n’aurais sûrement pas fait long feu.

Natsuki m’indique ensuite qu’il allait sûrement faire un petit tour par le service de nuit au vu de ses blessures. Huum… Je pense que je vais l’accompagner… Ah, heu, non en fait. Face à moi, une lueur orange se met à briller légèrement au loin. Merde ! Je dois rentrer avant que le jour se lève ou sinon mon père va me tuer !

- J’espère que ce n’est pas trop grave ! Je dois aussi y aller, si je ne veux pas que mon père me tue. Pas au sens propre bien évidemment.

Puis, dans la nuit, je m’éclipse hors du terrain d’entraînement, le bras pendant comme un zombie.

'-':

Mes lèvres étirées en un sourire improbable, silencieusement installé dans l'ombre, j'avais observé les deux Konohajin. Un combat entre un Nara et une Yamanaka, n'est-ce pas ? Ce ballet glorieux de crâne argentés m'avait laissé fasciné par leur maîtrise de leur corps et de leurs capacités offensives. Ils avaient été impressionnants, et mes paupières étrécies par un sentiment amusé, mais né d'une constatation mi figue-mi raisin, j'observais leurs rétablissements finaux, et le Nara acheva le combat d'une parole sans réplique. Bien. Les têtes humérales de l'homme aux cheveux argentés n'avaient pas été axées de manière la plus correcte qui soit, et je craignais un handicap en combat s'il conservait son bras de cette manière. Dommage que l'idée que « remettre en place d'un grand coup » circule, car elle n'était pas des meilleures. Je me relevais lentement, le souffle lent, mes yeux dardés sur les deux jeunes gens, je baissais les mains sur mon sac contenant les premiers secours, et après un instant d'hésitation, choisissais de m'approcher. Le Nara avait assurément besoin de soin, quant à la Yamanaka, … La Yamanaka qui, comme un lièvre, s'enfuit d'un bond, plongeant vers le centre-ville. Huh. J'eus un sourire misérable. Voilà que mes patients fuyaient avant même que je les approche. C'était de pis en pis. J'allais jusqu'au Nara, le saluant doucement.

« 'Soir. Fukuo Ban, service de nuit. »

Arrivé à sa hauteur, constatant de sa taille plus importante que la mienne, je relevais les yeux sur son épaule, et un sourire mièvre glissa sur mes lèvres. Il ne m'avait pas arrangé les choses en cherchant à réaxer lui-même son épaule. Je m'en occuperais en dernier, songeais-je en glissant mes mains sur sa hanche, malaxant le chakra pour une stimulation certaine des tissus endommagé. Ma paume s'endigua de la pellicule à l'épaisseur immatérielle du chakra médical, et étudiant la surface de la peau, je sortais de la main gauche une petite bouteille d'alcool et un tampon d'ouate, que j'imbibais, et que je vins presser doucement contre les blessures. Soit, c'était nettoyé, maintenant. Ma main droite vint presser contre l'os de sa hanche, pour répandre les stimulus extinguibles du chakra médical, et réparer les lésions. Action de quelques instants, le temps que je surveille l'état de ses deux hanches, et puis je relâchais son bassin, concentrant mon attention sur l'épaule.

« A l'avenir, si vous êtes à Konoha, n'essayez pas de réparer une épaule déboitée de cette manière, allez plutôt à l'hôpital sans y toucher. Cela occasionne bien souvent plus de problèmes que de soins véritables. La méthode brutale n'est pas une alliée et fait souvent défaut au corps. Pouvez-vous tendre le bras et les doigts, vers l'extérieur, s'il vous plaît ? »

Dans le jeu de mes phalanges, je récupérais le poignet de mon homologue, et avec douceur, soulevais le bras pour étudier l'axe de l'humérus. Soit, les têtes fémorales resteraient douloureuses et handicapantes ; mauvais axe. Effectuant une pression légère avec son bras, je le fis tourner doucement, appuyant son poignet dans une compression du membre complet, étirant les muscles, lui murmurant de rester immobile et guainé pour déplacer le bras. D'abord, mes deux doigts saisirent l'articulation du coude, puis tracter vers le haut, en douceur. Accompagner le mouvement, et dans la lenteur, abaisser ensuite le coude. Et maintenant, une courbe douce pour rentrer le bras à l'intérieur de son axe. Comme un mouvement de garde, comme un mouvement pour protéger.
Je relâchais le bras du Nara.

« Voilà. Si jamais vous avez la moindre douleur, n'hésitez pas, et passez à l'hôpital de Konoha. Je vous souhaite une excellente nuit. »


Sur un sourire tranquille, je m'éloignais.

Natsumi n'avait pas l'air de s'en rendre compte. Il était évident que Natsuki pouvait la battre aisément, mais cela aurait été sans aucun mérite, puis qu'il y avait un écart certain de puissance brute. Pourtant, malgré cela, elle avait su lui imposer le rythme, et le mettre dans une posture assez embarrassante, le contraignant à se blesser pour s'en sortir. Alors certes, il n'avait pu avoir recourt à tous les stratagème possible comme il l'aurait fait au cours d'un combat réel, mais il n'en demeurait pas moins qu'elle avait su prendre le dessus par moment, ce qui lui valait amplement sa victoire, pour autant de valeur qu'elle pouvait avoir...

Cela n'avait aucune importance en réalité. Ce combat lui avait apprit au moins une chose : il avait encore du chemin à faire avant de maîtriser totalement l'Autre, qui avait tendance à déborder encore un peu trop souvent. La sagesse avait eu son prix : il était maintenant dans un état qui nécessitait de repasser par l'hôpital plus tôt que prévu. Mais plus pressé que lui d'y aller, ce fut Natsumi qui dû prendre rapidement congé pour des raisons patriarchiques visiblement. Natsuki espèrea que ce dernier ne lui tiendra pas trop rigueur pour avoir déboité le bras de sa fille. Sans doute aurait-il dû essayé de le lui remettre en place aussi, mais il avait déjà un peu de mal à le faire avec lui-même, alors le tenter chez un autre, c'était prendre d'autant plus de risque d'aggraver la situation que de l'améliorer. Cela dit, elle n'avait pas l'air plus inquiète que cela, c'est donc que cela devrait aller pour elle.

« Le spectacle vous a-t-il été profitable ? » questionna Natsuki en se tournant vers celui qui approchait.

Ce dernier se présenta comme le service de nuit que l'héritier Nara comptait justement venir voir. Étant dans le territoire de Konoha encore, il ne jugea utile de mettre sa parole en doute.

« Eh bien, c'était du rapide. Vous attendiez la fin du combat pour savoir si vos capacités allaient être requise, ou vous patrouilliez simplement dans les environs ? »

Bien évidemment, Natsuki aurait du mal à croire que le jeune homme – comme n'importe quelle unité médicale d'ailleurs – puisse patrouiller à cette heure-ci de la nuit, ou de la matinée maintenant dans les environs du Village. En général, avec l'effectif réduit des postes de nuit, le personnel restait à travailler dans l'hôpital. D'un autre côté, les raisons qui expliquaient la présence de Ban sur le terrain d'entrainement ne le regardaient absolument pas, pas tant qu'elles n'allaient pas à l'encontre du bien du Village en tout cas.

« Enchanté, Natsuki, du clan Nara. » répondit-il finalement à la politesse de son homologue.

Mais déjà, le présupposé médecin étudiait les blessures de Natsuki. Faisant démonstration d'un certain talent, il referma les deux plaies qu'avaient formé les senbons aqueux dans les hanches avant de s'intéresser de plus près à l'épaule fraîchement réaxée.

« Étant à Konoha, je n'ai effectivement pas d'excuse. J'ai un peu prit la sale habitude de devoir me débrouiller seul hors des frontières. Hum... technique intéressante pour remettre la tête humérale sans abimer la capsule de l'articulation. »

Natsuki observa avec attention la succession de mouvements à laquelle eu recourt Ban, et tâcha de la mémoriser : cela pourra lui servir à l'avenir.

« Eh bien, c'est une chance pour moi que vous étiez proche d'ici. Je ne ressens presque plus de douleur » commenta-t-il en effectuant quelques rotations de l'épaule. « Cela dit, ça ne m'évitera pas le passage par l'hôpital hélas. » ajouta-t-il ensuite en montrant son autre main, celle que le sang de sa blessure réouverte au torse maculait. « Dites-moi Ban, ce n'est pas la première fois que l'on se voit non ? Votre visage ne m'est pas tout à fait inconnu. Peut-être que l'on s'est croisé à l'hôpital, justement ? »

Comme beaucoup de shinobis à Konoha, il ne comptait plus ses séjours là-bas. Quoi que, ce n'était tant élevé que cela, c'était surtout que presque chacune de ses entrées avait menacé d'être la dernière pour lui. De ce fait, pour le temps qu'il y passait certains visages commençaient à lui être familiers. D'autres par contre qu'il ne faisait que croiser parfois, comme Ban en l'occurrence, ne demeuraient qu'un vague souvenir incertain.

« Mais Vous êtes un Eisei-Nin du coup, ou un médecin en apprentissage affecté à l'hôpital de Konoha ? Non pas que votre âge me pose le moindre problème, loin de là, mais vous m'avez l'air un peu jeune encore pour en avoir déjà fait votre profession. »

Natsuki n'était pas sans ignorer que l'âge était assez peu représentatif des capacités d'un individu. Il avait déjà croisé des enfants ayant la moitié de ses années de vie qui s'étaient révélés de redoutables adversaires. Les prodiges pouvaient fleurir n'importe où, et c'était surtout en ces temps de troubles qu'ils se révélaient pleinement.

« Dites-moi Ban, ce n'est pas la première fois que l'on se voit non ? Votre visage ne m'est pas tout à fait inconnu. Peut-être que l'on s'est croisé à l'hôpital, justement ? »

« Je suis très souvent à l'hôpital, nous avons du nous y rencontrer là bas. »

Et c'était peut-être aussi de cette manière que j'avais compris un Nara ; outre le fait de lire sur ses lèvres durant le combat ; la chose ne m'avait en effet pas étonné, comme si j'avais déjà été au courant, et que j'avais simplement oublié ce détail. Oui, peut-être bien l'avais-je déjà croisé au détour d'un couloir, ou en passant devant une salle d'attente, courant pour rejoindre un bloc opératoire.

« Mais Vous êtes un Eisei-Nin du coup, ou un médecin en apprentissage affecté à l'hôpital de Konoha ? Non pas que votre âge me pose le moindre problème, loin de là, mais vous m'avez l'air un peu jeune encore pour en avoir déjà fait votre profession. »

Je relevais les yeux sur lui, croisant mes bras sur ma poitrine, dans un regard mi impérieux, mi désolé, un sourire glissé sur mes lèvres.

« Je fais réellement si jeune que cela ? Mince, c'est très gênant. Plus sérieusement, je fais partie de l'équipe chirurgicale de l'hôpital. J'ai eu un bon professeur. »


Je savais qu'avec un tant soit peu de crâne, j'aurais pu répondre que cela était grâce à un enseignement que j'avais reçu très jeune. Qu'en vue des compétences et du niveau reconnu de mon professeur, on m'avait réclamé l'obtention de certains diplômes qu'un médecin de mon âge ne se devaient de passer que dans quelques années. Cependant, c'était un peu orgueilleux de balancer ce fait sur un ton aussi méprisant. Est-ce que je faisais méprisant, Natsuki ?

Natsuki, vous aviez l'air d'avoir mon âme. Sous les reflets grisés de vos cheveux, il y avait la vérité troublée d'une jeunesse trop bouleversée, d'une âme déjà meurtrie par les épreuves de la vie. Vous le ninja qui combat, moi le médecin qui soigne. Et plus les secondes s'écoulaient, plus je me rendais compte que cette différence d'âge que j'avais cru exister entre nous, et qui aurait pu se solidifier dans les centimètres nous séparant, disparaissait. Il avait le même âge que moi, ou presque. Et si l'on me reconnaissait comme un médecin au talent aussi affûté que ses scalpels, en était-il la même chose pour lui et son art de la survie ? Je n'en doutais pas. Il ne me semblait pas être de ces ninja que l'on n'ignorent et qui restent à jamais dans la masse tourbillonnante de l'effarante banalité. Nara Natsuki. Je ciselais son nom dans ma mémoire.

« Faites attention à votre bras, Natsuki. Et au reste de votre corps. A l'occasion, j'espère que l'on se reverra en dehors de l'hôpital. »

Il allait falloir que j'y aille.