Le ciel bleu était encore une fois au rendez-vous au pays du vent, avec lui son ami le soleil qui s’amusait à augmenter considérablement la chaleur que ce soit le matin ou l’après-midi, les conditions climatiques ce n’étaient pas vraiment le top à Suna. Comme tant d’autres je m’y étais habitué, un ninja doit après tout être polyvalent, dans le grand froid ou dans le désert, la fatigue ne m’atteindra pas…

Sous l’un des rares endroits vêtus d’ombre, je faisais une sieste comme j’en avais l’habitude. J’en avais ras le cul de cette chaleur interminable, quelle idée d’être venue m’installer dans ce village, celui de Konoha paraissait beaucoup plus sympa niveau température. Ici les tempêtes de sable étaient monnaies courantes, les insolations fréquentes et les endroits à l’ombre manquaient cruellement. Bref le village de Suna quoi. J’avais assisté il y a peu de temps à une cérémonie en hommage à un grand homme du village, un certain Ao Kuroi d’après ma mémoire… jamais entendu parler de ce mec-là. Beaucoup de personnes étaient présentes, le Kazekage avait lui-même lancé cet hommage et était donc présent. Un homme avec beaucoup de charisme, malgré mes années de service à Suna, je n’avais jamais vraiment eu une discussion avec lui. Il faut dire qu’il doit avoir autre chose à faire que de parler avec un homme de ma trempe, obéissant et ponctuel, j’étais l’homme que tout le monde aimait. Cet Ao Kuroi semblait lui aussi être aimé, peut-être qu’accomplir de grandes choses m’aideraient à atteindre mon objectif. Lors d’une sieste, le cerveau est à moitié conscient et à moitié inconscient, un simple bruit me ferait sortir de mon rêve et le retour à la réalité serait terrible.

En fin de compte je me rendais compte que si aucun bruit ne venait me déranger, je ferais une sieste si longue que je m’égarerais dans des pensées absurdes, dans des débats infinis et deviendrais un homme comme un autre. Ce qui devait arriver arriva et cette fois-ci ce fut le son d’un petit garçon qui m’interpella. Ouvrant les yeux comme un homme qui venait de se lever d’un sommeil de 1000 ans, je m’étirai et tournai la tête pour apercevoir un petit bout d’homme, pas plus haut que trois pommes qui criaient sans relâche comme s’il avait vu un fantôme. Ma foi, je n’en avais jamais vu, leur existence jamais prouvée même s’il m’était arrivé de rencontrer certains shinobis avec des pouvoirs très spéciaux. Mais bon, de nos jours nous préférerions voir un fantôme plutôt qu’un cadavre qui sortirait du sol, c’est donc avec une grande lenteur que je regardais l’homme fantôme.

Une peau très blanche s’affichait devant mes yeux, ses vêtements étaient très élégants, on croyait avoir à faire à un monarque des anciens temps. Ses yeux étaient eux aussi très clairs, je n’irais pas jusqu’à dire qu’ils étaient purs mais dans tous les cas ils ne montraient aucune trace de danger. En réalité on sentait toute la confiance de cet homme rien que dans son regard. Quant à ses cheveux, là on ne pouvait que croire ce pauvre garçon car oui, ils étaient blancs comme la farine, comme le blanc d’un œuf ou comme la merde d’un oiseau. Bref, pas besoin de se lever pour si peu, je ne savais pas où portait son regard mais allongé comme un homme mort sur un banc, je ne devais pas être très beau à voir. Refermant les yeux, son visage revint immédiatement dans ma mémoire, une mémoire excellente à ce niveau et là… c’est le drame !!

Dans un sursaut je mis pied à terre, passa ma main dans mes cheveux pour me recoiffer et me tenant bien droit je pris la parole comme un soldat à son capitaine tout en gardant un ton très détendu.

- Bonjour maître Kazekage, ravi de vous voir parmi nous en cette si belle après-midi. Puis-je vous être utile d’une quelconque manière, ma sieste étant terminée…

Il était simple, tout paraissait naturel chez cet homme, sa démarche, sa voix, même son caractère n'était pas surprenant, à croire que son esprit était vraiment lié avec son corps. Me saluant très poliment, il vint s’asseoir à côté de moi comme si de rien n’était. Il semblait vouloir me rencontrer en personne, rares étaient les déplacements pour un homme de son rang. Voilà que cela commençait à me trotter dans la tête, je ne pouvais m’empêcher d’imaginer des situations tout aussi loufoque les unes que les autres. Non il n’était pas du genre à venir pour demander des nouvelles et repartir aussi vite, sa visite annonçait quelque chose d'important, je devais sans doute faire partie de ces plans.

Il lança un sujet tout particulièrement vif en ce moment, la désertion d’Habashi Zanshi n’avait pas passé inaperçu loin de là. Elle a causé certains dégâts en plus de combattre des camarades, une haute trahison que je ne comprenais pas vraiment. Je ne l’avais jamais vraiment côtoyé, du regard je la voyais avancer encore et encore, sa puissance n’est plus à démontrer aujourd’hui. Suna perdait un shinobis exemplaire et surtout un atout militaire très important. La rumeur allait sans doute bientôt se répandre, de toute manière quand on déserte son village c’est pour une bonne raison et là j’en ignorais complètement la raison. Kyoshi Rei voulait savoir mon avis sur cette histoire, j’allais donc donner mon point de vue, le kakumeigun venait de perdre son chef après tout, il était logique que cela face tourner les têtes.

- Oui j’ai appris cela en revenant au village dernièrement, je dois dire que je n’ai jamais vraiment discuté avec elle. Son objectif ? Son passé ? Je ne sais pas grand-chose sur elle mais il se peut que quelque chose l’est fait changer d’avis. Il suffit parfois d’un petit incident pour qu’on voie les choses différemment…

Je savais de quoi je parlais, la mort de ma famille m’avait fait voir le monde autrement, je n’étais pas pour autant devenu un déserteur. Je m’étirais un peu les bras, essayant de réfléchir autrement à ce sujet, si le kazekage en personne venait me parler de cette situation, c’est que lui aussi devait avoir la tête qui fumait.

- Il faudrait interroger les personnes qui ont essayé de l’arrêter, si jamais elle n'a parlé de ces convictions. Le Kakumeigun perd son chef, nous perdons une camarade et le village perd un atout militaire important, personne n’est gagnant dans cette histoire… Que comptez-vous faire pour combler ce vide même si l’on sait tous les deux qu’on ne pourra pas le combler complètement.

Discuter de la sorte avec moi, me parler des problèmes du village sans pour autant me donner de solution, un comportement étrange de sa part. J’étais certes un fainéant, un paresseux et tous les adjectifs types d’un dormeur, je n’étais pas un homme qui écoutait sans réfléchir. En réalité c’était plus le comportement du Kazekage qui me faisait marcher les méninges plutôt que la désertion de Zanshi, après tout je n’avais aucune information sur son envie de partir. Je savais où me tourner si jamais j’en voulais, elle possédait des amis, ou tout du moins des camarades shinobis avec qui elle a sûrement dialogué. Je pourrais mener mon enquête en solo si cela devenait trop important dans ma tête, je n’étais pas du genre à rester les bras croisés quand quelque chose me semblait louche. Agir, résoudre un mystère… cela demandait souvent beaucoup d’énergie… plus j’y pensais et plus l’envie de me lancer là-dedans disparaissait.

En soi il avait raison, si lors d’une mission Zanshi en avait profité pour fuir, cela aurait causé plus de dégâts. Malgré toute la perte était quand même importante et ça n’avait pas l’air de plus le gêner que cela, je parlais au chef de Suna mais à côté de moi je ne sentais pas la présence d’un chef. Physiquement il avait l’allure, le charisme mais son discours était différent, lorsqu’on perd un élément comme celui-ci, on essaye de résoudre le problème ou tout du moins d’envoyer des unités à sa recherche. Je n’entendis rien de tel dans le village après sa désertion, il ne voulait pas la rattraper. Peut-être comprenait-il son choix ou bien était-il heureux de la voir partir… Rien de tout cela n’était logique.

- C’est sûr qu’il ne faudrait pas se retrouver en face, en tout cas moi j’en ai pas trop envie haha !

Je riais, je ne savais pas pourquoi mais je riais comme un imbécile. Rire d’un événement comme celui-ci, fallait-il être fou ou bien simplement stressé. Moi j’étais détendu, je me laissais aller au gré de mes émotions, peu importe qu’un gosse ou qu’un Kage soit à côté de moi, je n’avais honte de rien. Sortant une cigarette de ma poche arrière, je l’allumai juste avant de prononcer quelques mots.

- Ne serait-il pas mieux de partir récupérer Zanshi pendant qu’il en est encore temps, la discussion est aussi un moyen de raisonner les personnes. De plus elle vient de nous trahir, une sanction devrait s’imposer non . À moins que vous passiez l’éponge sur son acte…

Spoiler:

Il n’allait pas passer l’éponge sur un tel acte, ses yeux en disant long sur sa détermination à retrouver Zanshi. Comme il l’a si bien dit, l’ergastule ou la mort, aucune autre initiative n’était prévue pour un traître. Elle n’avait pas seulement déserté le village, combattre des camarades était aussi un manque total de respect et de compréhension. Cela montre bien à quel point elle voulait partir d’ici, après la disparition de Renji, s’était autour de Zanshi de nous quitter mais d’une manière différente. Malgré ça, Rei ne voyait pas sa désertion comme quelque chose d’urgent, il est vrai que la retrouver ne serait pas simple, mais envoyer une escouade dans les plus brefs délais devrait être obligatoire non . J’arrêtai de me poser des questions sur le sujet et admirai la grandeur de mon kage entrain de s’étirer et prononça quelques mots.

- Même les grands hommes ont besoin de se reposer Kazekage, je ne voudrais pas vous voir assoupi comme moi le long d’un trottoir…

J’étais mort de rire intérieurement mais très sérieux à l’extérieur, j’imaginais déjà le pauvre Rei complètement étalé sur un banc, la bave coulant de sa bouche. Non, avoir une telle image en moi ne me mettait pas à l’aise du tout, je restais assis pour ne pas le gêner dans son exercice d’étirement. Il était certes fin, sa posture inspirait le respect et il lui fallait bien cela après son arrivée inattendue à ce poste de Kazekage. Il finit par une petite phrase, très naturel comme toujours, il désirait partir pour continuer sa petite promenade. L’en empêcher serait sûrement vu comme un affront, je ne voudrais pas le stopper dans son élan…

- Je vous en prie, je ne voudrais pas vous retenir plus longtemps en cette si belle après-midi. Profiter un peu de ce soleil radieux pour prendre des couleurs… Non je plaisantais bien évidemment…

Est-ce que j’avais confiance en lui ? Assez pour le laisser s’asseoir à côté de moi s’en avoir un kunai dans la main pour autant, malgré tout ne je lui confierais pas ma vie. Pour moi il était simplement le shinobis qui dirigeait le village que j’aimais et qui donc me dirigeais aussi d’une certaine façon. Avant qu’il parte, j’avais malgré tout une dernière question à lui poser. Ne voyant que son dos, je parlais donc en levant la tête vers le ciel.

- Comment voyez-vous le futur de notre village ? La perte d’un membre important voire de deux avec le décès d’Ao Kuroï, les tensions qui augmentent donc logiquement avec Kumo, je ne sais pas ce que nous réserve l’avenir Kazekage, mais j’espère que vous prendrez les bonnes décisions. Si jamais je peux jouer un quelconque rôle dans l’ascension de Suna, n’hésitez pas à m’en faire part, je suis tout ouïe.