Le monde de la nuit hébergeait les délinquances les plus affligeantes. Konoha, malgré toutes les allures de carrefour culturel que l'on lui prêtait, n'en restait pas moins une ville comme les autres. La présence des autorités shinobis rendaient la cité un peu plus sûre que certains villages civils, mais c'était loin d'être le paradis qu'Onpu s'était imaginé cinq ans auparavant.

Maintenant, c'était son tour de faire la police. Une façon comme une autre de garder le rythme entre deux Furyous ; le combat contre Makka commençait à dater, mais la traque de Meteora était imminente ; il avait prévu son départ pour le pays du Givre d'ici quelques jours.

Cette nuit-là, c'était un détenu de Konoha qu'il traquait. Le petit malin avait dupé un garde et s'était discrètement échappé de la prison par les conduits d'aération, avant d'atteindre la forêt. Malheureusement pour lui, le luthier était de sortie cette nuit-là, et un geôlier Yamanaka n'avait pas manqué de le prévenir pour le mettre sur le coup.

Il était Sennin maintenant ; de nombreuses rumeurs circulaient sur lui. Sa préférée, celle qui prétendait qu'il se changeait en chauve-souris pendant les nuits sans lunes pour purifier la forêt de ses vermines, était bien entendu fondamentalement fausse même s'il avait une fâcheuse tendance à vivre la nuit. Mais cette nuit-là, il avait décidé de donner un sens à cette légende, de se mettre dans la peau de la chauve-souris Garou imaginaire que les villageois lui avait tricoté malgré eux.

Les branches des cèdres se succédaient sous ses pas silencieux. Il ne volait pas comme une chauve-souris, mais le vent le poussait à une vitesse conséquente et transformait ses bonds en longs vols-planés. Le senseur avait du coupler son ouïe hypersensible et sa détection de chakra pour repérer le fugitif, mais même s'il le savait à quelques minutes plus loin que lui dans la forêt, il l'avait désormais dans sa ligne de mire virtuelle ; il ne le voyait pas encore (et pour cause : il faisait nuit noire et des cinquantaines d'arbres les séparaient) mais sa sensorialité à deux versants constituaient un troisième œil qui transcendait les deux autres.

Cela ne l'empêcha pas de remarquer ce garçon au dernier moment. Son attention était tellement focalisée sur sa cible qu'il n'avait même pas perçu le son de sa respiration dans la forêt.

Quand il crut apercevoir sa silhouette au sol de la forêt, il s'arrêta sur une branche de cèdre. Il ne distinguait pas ses traits, mais percevait avec une finesse impressionnante les battements de son cœur. Quelques étoiles se reflétaient subtilement sur le métal du bandeau autour de son cou, trahissant son appartenance à la communauté Konohajin.

Reprenant son souffle, il l'apostropha avec délicatesse et discrétion, comme pour ne pas réveiller les oiseaux diurnes.

- Promenade nocturne, camarade ?

Il s'agissait de ne pas se détourner de la mission qu'on lui avait attribué.

- Appelle-moi On'. Une vermine s'est échappé de la prison, je suis à sa poursuite. Tu me filerais un coup de patte ?

Seule la lueur des torches disséminées sur les remparts et un peu partout dans le village illuminait cette nuit sombre au sein de Konoha. De retour depuis peu au sein de la vie de ninja, je n'arrivais pas à dormir pour une raison qui m'est inconnue pour le moment. J'avais donc revêtu des habits civils, mais comme tout bon ninja, un kunai caché sur moi, au cas où j'aurais besoin de me défendre. Bien sûr, pour qu'on me reconnaisse, j'avais attaché mon bandeau à mon cou. Rapidement, je m'étais dirigé vers un des remparts du village, pour sentir la brise de vent fraiche me caresser ma chevelure brune.

J'étais là depuis une bonne heure et je pensais faire un tour ailleurs lorsque mes yeux avaient cru capter un mouvement dans la forêt. Était-ce un nukenin qui tentait de rentrer dans le village ? Normalement, les ninjas senseurs l'auraient déjà repéré, mais en étant militaire, je me devais d'enquêter là-dessus. Rapidement, j'avais sauté en bas des remparts et en tendant mon oreille, j'avais cru entendre des bruits suspects plus loin dans la forêt.

* Je n'ai pas trop le choix ... Le temps que je prévienne quelqu'un, il sera peut-être trop tard ... * pensais-je, en m'élançant dans la forêt.

Au mieux de mes capacités, je sautais d'arbre en arbre, tentant de trouver la source de ce bruit. Après une trentaine de minutes de recherche infructueuse, je descendais sur le sol de la futaie. Je reprenais mon souffle lorsque j'avais cru entendre un bruit et avant que je puisse me retourner, une voix discrète s'était manifestée d'un haut de l'arbre proche de moi. Il faisait très sombre, donc il était dur de voir à quoi ressemblait cette personne. Même s'il m'appelait camarade, je ne pouvais pas discerner son identité. Je m'étais rendu ici, car la forêt du pays du feu était assez dense et familière. Je pouvais sans risque courir d'arbre en arbre pour éviter de faire une mauvaise chute, mais la nouvelle que On' m'apportait, je devrais sûrement passer à la vitesse supérieure.

« J'étais sur les remparts il y a une demi-heure et un mouvement dans la forêt avait attiré mon attention. » disais-je d'une voix calme.

« Je vais vous suivre de proche, vu que la nuit est très sombre. » rajoutais-je en m'élançant à la suite de cet homme.

Nous étions rapidement de retour dans les arbres, essayant de retrouver ce criminel. Je pensais à son nom, On' ... Il me rappelait quelque chose.

« Au passage, je suis Daiki ... Saitô Daiki. » disais-je, comme d'habitude lorsque je me présentais à un autre ninja. Avoir le même prénom que le Godaime me forçait à spécifier mon nom de famille, de clan. C'était à ce moment que j'avais réalisé l'identité de mon compatriote.

« Vous êtes Myakudou On' , le Sennin ? » disais-je, reconnaissant les exploits qu'il avait commis ... M'enfin, ceux que nous, les ninjas de bas rangs pouvaient savoir.

Revoilà ce titre, encore lui. Mais cette fois-ci, Onpu l'avait bien cherché.

Au moins, ce gus ne semblait pas surpris de tomber sur la version chauve-souris du luthier, ce qui en faisait quelqu'un d'assez lucide.

- J'en ai bien peur, lui chuchota-t-il alors qu'ils bondissaient à travers les cèdres. Tu as un prénom honorable en tout cas, jeune ami. Ahaha.

Quant au nom « Saitô », il lui rappela le nom de clan d'Atasuke, bien qu'il ne trouvât aucune ressemblance entre les deux garçons. Il fallait dire qu'avec son visage autrefois sauvagement mitraillé de piercings, Atasuke avait un physique difficilement associable à n'importe quel catégorie de famille.

Les deux promeneurs nocturnes suivaient donc a priori la même proie. Ce Daïki – appelons mini-Daïki pour éviter les confusion – avait de l'initiative pour un shinobi de son niveau de chakra. Il ne portait pas de veste de chûnins, mais beaucoup de chûnins ne faisaient plus l'effort de la porter désormais ; mais on le devinait genin à sa façon de parler et de s'adresser à ses supérieurs hiérarchiques. Quelque peu allergique à la hiérarchie, c'était un détail que Onpu remarquait souvent.


Bientôt, Onpu entendit le souffle de sa cible se rapprocher d'eux, à mesure qu'ils évoluaient tous deux dans la forêt. Le détenu faisait une pause, le senseur put clairement distinguer le son caractéristique de sa mâchoire sombrer dans les fibres d'une pomme sèche.
Il fit un signe à mini-Daïki comme pour lui faire comprendre qu'ils ne devaient pas s'approcher de lui davantage, sous peine de trahir leur position, et plaça l'index devant sa bouche pour lui signifier la nécessité du silence.

Il se mordit ensuite le pouce jusqu'au sang, enchaîna deux paires de mudras, et ouvrit un portail runique d'où sortit une chauve-souris de taille humaine au museau allongé.

Aaron:

Aaron se positionna furtivement sur une branche au dessus d'eux, la tête en bas, et les dévisagea avec son air effrayant au milieu de la nuit noire. Pendant un instant, Onpu communiqua avec lui en émettant des ultrasons du bout des doigts.

Puis, son regard retourna vers Daïki. Il le montra du doigt en prononçant silencieusement le mot « appat », pour lui attribuer son rôle.
Le Sennin s'enveloppa alors dans une bulle de silence de sa création, et disparut un peu plus loin dans les bois. Aaron, quand à lui, s'était déjà volatilisé également.

Daïki pouvait voir sa cible, elle était à quelques bonds de lui. Onpu lui avait donné un rôle à jouer, il lui avait accordé sa totale confiance. Mais il y avait plusieurs façons d'appâter quelqu'un...