La beauté, une opinion propre à son unique jugement où contemplation collective ? Est elle ce que l'on fait d'elle, ce que l'on désir qu'elle soit ? S'éloignant le temps d'une journée de la civilisation du village de la Brume, Akujin, s'autorisa une courte pause, un moment de répit où il serait coupé de toute activité et obligation en tant que ninja. Si la solitude pouvait à elle seule rendre un homme complètement fou, privé de sa raison, le travail acharné pouvait en faire de même. Le Gekei avait abandonné l'un de ces deux chemins pour mieux se perdre dans l'autre. Sa recherche de plénitude viendrait peut être de là, où peut être bien ressentait il l'appel de la nature, exprimé par la seule volonté de l'animal qui partageait le même esprit qu'Akujin, qui sait ? Bien que certains aspects physionomique de son être lui évoquait la présence de la bestiole en lui, il ne se sentait pas réellement possédé, qu'est donc le mystère que renferme chaque Gekei ? Une énième énigme.

Pour sa journée de congé, l'Akujin se retira sur une des îles que comptait l'archipel. Contrairement à l'ambiance glauque qui imprègne le village, ces îles n'étaient pas toutes couverts de brume. Le simple fait d'avancer nonchalamment et de baigner par la même occasion sous les rayons de Râ était un vrai délice. Durant ce court périple, le Gekei, toujours muni d'un calepin et de toutes sortes de crayons de couleur durant ses sorties, en profitait pour laisser libre court à son pinceau. Demeurant le plus silencieux d'entre tous, témoin du monde et de sa splendeur. Que de merveille en ces contrées, Akujin n'aurait jamais deviné que la cuniculiculture pouvait servir à des fins aussi cruel. Ces pauvres lapins que l'on élève uniquement afin d'être utilisé comme substitution pour toutes sortes de Shinobi, adepte de la dite technique. Placide devant ce spectacle quelque peu désolant, Akujin ne se contenta que de les représenter sur son papier, peinés dans leur enclos, partageant le même destin qu'un élevage de porcs, à quelques différences près. C'est fou, ce que l'on pouvait apprendre et découvrir en foulant d'autre sols que celui du village.

L'attention de son unique oeil fut capté par un banal couché de soleil. Cette concentration de lumière qui virait de l'orange au rose avant de nous léguer dans son sillage, un triste noir. A partir d'un banc qui donnait pleine vue su le littoral, le Gekei s'attelait à la tâche. Cependant, une ombre humaine gâchait totalement son tableau, ce n'était pas vraiment dérangeant d'un point de vue artistique mais du point de vue d'Akujin, lui qui n'appréciait guère représenter l'Homme en lui même sur ses toiles, se retrouvait horriblement gêné. Réaction excessive, me diriez vous ? Tout à fait. Durant ce repos qu'il s'accordait, il s'était essayé à cet alcool de riz qui fait tant parlé de lui, le saké. Lampant l'antépénultième gorgée de sa bouteille, sa raison le quittait peu à peu. Il se leva du banc pour s'approcher de cet homme, tout habillé de noir. Un code vestimentaire pour le moins étrange mais original en soi. Empestant l'alcool, muni d'un pas irrégulier et ne mesurant plus sa force, il se saisissait fermement de l'épaule du jeune homme qui lui aussi observait le magnifique spectacle de l'astre solaire.


» Hey.. ?! Tu te rends compte de ce que tu es en train de me faire là, mon gars ? Pourquoi tu viens pas t'assoir avec moi, ce sera mieux pour voir..

Il est une chose curieuse que de se réveiller un matin et de se rendre compte que l’air que l’on respire ne nous suffit plus. Que les choses que l’on voit ne nous rendent plus heureux. Que les parfums, les arômes et les pestilences d’un lieu n’ont pour nous plus qu’un goût amer de déjà vu. Je parle de ça car c’est ce que je ressens. J’ai une étrange envie de nouveauté en ce moment. Un besoin singulier de me renouveler, de découvrir d’autres horizons et de partir dans un lieu différent dont je ne connais rien. Seul hic dans cette histoire : je ne suis que Genin et donc je n’ai en aucun cas le droit de quitter le village pour aller étudier le monde sous toutes ses facettes. Je n’ai droit qu’au pays de Mizu et quelque part, cela me frustre profondément. Ce n’est pas que je n’aime pas que je n’aime pas le village. Je me sens juste plus enfermé que d’habitude. J’ai en effet besoin de me sentir plus libre, plus léger.

Tout cela explique pourquoi un beau jour, je laisse mon arsenal à la maison, n’emporte que ma tunique noire et mon carnet ainsi que de l’encre et que je quitte la maison pour sortir un peu du village. Oh, je n’ai pas comme projet de m’en aller bien loin. Juste de visiter les îles avoisinantes. Bien entendu, j’ai eu maintes chances d’observer tout ce qui valait la peine de l’être dans ces archipels mais vu que c’était tout ce dont j’avais droit, je profitais du peu qui était à ma portée. C’est ainsi que je me retrouve à marcher pendant une bonne partie de ma journée. Je me contente de faire travailler mes jambes et mes yeux. Je regarde l’aspect des gens, leur curieuse façon de s’habiller, leur façon de me regarder lorsque je passe près d’eux. En les analysants, je comprends un peu le concept du mot famille. Des pères, des mères et des fils qui se promènent tous ensemble pour le seul plaisir d’être ensemble. Voilà qui aurait pu me plaire si ma mère était toujours de ce monde et si mon père avait été un peu plus ouvert aux autres. Mais la vie est comme elle est et ruminer dessus n’a pas d’intérêt. Celui qui cherche dans le passé les réconforts pour le présent ne fait que rater ceux du futur.

En fin de journée, alors que je me promène sur le littoral, j’ai la chance de pouvoir admirer un magnifique coucher de soleil. Il n’est serte pas le plus beau que j’ai eu la chance de pouvoir contempler mais il est tout de même agréable pour les pupilles. Les couleurs forment comme une mélodie picturale. Ah, si j’avais eu  un don pour la peinture, j’aurai sans doute calqué ce paysage sur une feuille, bien qu’il soit quelque peu banal. Mais, les dieux ont jugé utile de me doté du dont d’écriture plutôt que de celui de peinture. Je devrais sans doute me sentir favorisé. J’ai pourtant toujours considéré la peinture et la poésie comme deux arts très similaires. L’un retranscrit par le pinceau, l’autre par l’encre. Deux arts, deux outils, deux façons de voir le monde.

Je suis perdu dans mes spéculations philosophiques lorsque je sens une très forte pression sur mon épaule. Je me retourne vivement et je vois un shinobi de kiri, assez grotesque, me sommer de reculer et de venir m’assoir à ses côtés. Là, je ne sais pas quelle mouche me pique, toujours est-il que je suis pris d’une curieuse montée d’adrénaline. Sans doute est-ce le fait de m’être fait tiré de la vision plutôt agréable qu’offre un coucher de soleil pour à présent regarder un confrère qui, soit dit en passant sans fortement l’alcool, et qui me donne un ordre de façon détourné. Je me grise en quelques secondes et je ne réfléchis plus. Ce genre de chose est très rare chez moi mais bon…
Je me saisis de l’accoutrement du shinobi au niveau de l’épaule et lui donne un coup violent dans l’abdomen avant de sauter et de lui donner un coup de pied rotatif au visage qui le rejette sur quelques mètres.

-Donne moi encore une fois un ordre et je te montre qui je suis !

Tandis que la nitescence du soleil abandonnait le peuple, laissant place à l'obscure clarté qui accompagne si bien la lune, les esprits commencèrent à s'échauffer. Akujin, l'artiste, complètement désorienté, s'en était complètement remis à ses instinct qui s'étaient réveillé sous la boisson du démon, l'un des trois interdits du digne shinobi. Alors que le Gekei s'apprêtait à surenchérir sa réplique, l'embrouillamini qui régissait son esprit ne lui permit guère d'anticiper une telle manoeuvre de l'homme en noir, un violent coup à l'abdomen qui le fit se courber l'échine avant de repeindre le sol d'une mince gerbe de sang. Inféodé face à l'opposant, Akujin semblait visiblement impuissant dans de telles condition physique. Le Kid, plutôt balèze dans son genre, ne s'arrêta pas en si bon chemin, bondissant même et préférant continuer l'assaut dans les airs. La sérénade inopinée emplissait Akujin d'une soudaine montée d'adrénaline. Tous le savouraient avec agrément, ce silence équivoque où l’on sent le temps ralentir, où l’on prédit l’arrivée de la tempête, où l’on suinte devant cette exquise quiétude, qui marque une fureur des plus olympiennes.

Le coup de pied du jeune d'en face fusait indéniablement vers la face du Gekei. Mais avant qu'un nouveau malheur s'abatte sur lui, sa main gauche s'interposa, bloquant le coup de sa paume et déviant brusquement le coup vers le côté. Tout de même, le borgne se fit propulsé de quelques mètres en arrière, sous la puissance du coup. Le gamin d'en face énonça alors son non contentement, mettant en garde l'artiste qui semblait mystérieusement absent. La tête toujours affaissée, les poils de tout son corps s'hérissèrent, son unique pupille jaune s'amincissait, un visage perfide se dessinait peu à peu, la bouche à demi ouverte, laissait entrevoir des crocs qui faisaient leur apparition sous des lèvres qui tremblaient grossièrement. Placide, intemporelle, éminente, la noirceur qui l'enveloppait n'était qu'une locution de son inhumanité. L'incube qui jusqu'à présent sommeillait en lui, s'aventura, exerçant un total contrôle sur son hôte. Ne quittant plus des yeux son agresseur, celui qui semblait être Akujin, lui déclama sa fureur avant de lancer sur lui sa furie.

» Je te ferai connaître ce que c’est la frayeur de la destruction, le pouvoir de l’inaltérable détermination, ta destruction ne sera que inéluctable, inévitable. Admire-donc et déguste !

Le démon s'était exprimé d'un ton hautain, muni d'une voix rocailleuse, ne niant nullement sa belligérance. Pendant son discours, une langue anormalement longue s'extrayait de sa bouche, ne gênant en rien sa parole. Après une telle déclamation, le déclamateur se précipita aussitôt dans la bagarre. D'un bond, il engouffrait les mètres qui le séparait de sa proie. A sa portée, il lui affichait un visage aux allures de croquemitaine avant de disparaître le long de quelques rayures noirâtres. Ayant fusé au bas du Shinobi, au niveau du sol, il avait entamé un rapide coup de pied retourné au niveau de la cheville tout en étant accroupi et ce, avant de s'élancer sur le jeune homme pour le saigner de ses crocs.

Du sang encore du sang, toujours du sang. Si c’est réellement ce qu’il veut il va l’avoir. Après mon attaque, l’homme qui s’est fait projeter retourne le regard vers moi. Il n’a qu’une pupille jaune. L’autre œil est recouvert de je ne sais quoi et personnellement, je n’ai pas spécialement envie de le savoir. Mon seul objectif est de me débarrassé de cet énergumène au plus vite et de pouvoir continuer ma journée tranquillement dans la quiétude du matin. Cet individu va s’en prendre et cela est sûr. Néanmoins, je me demande comment je vais lui faire ravaler sa langue. D’ailleurs en parlant de langue, la sienne était particulièrement longue. Juste après avoir parlé, il rampa à une vitesse étonnante jusqu’à moi et m’infligea un coup de pied rotatif. Il était impressionnant de voir un humain agir de la sorte. C’est alors que je compris pourquoi cet individu me rappelait clairement quelque chose. En réalité, sa capacité à ramper et à allonger sa langue rose me rappelait un animal en particulier : Le serpent. Bien que plus un reptile qu’un animal, je ne vais pas chipoter sur la théorie.
Je me souvins alors en une fraction de seconde de ce livre que j’avais un jour lu dans à la bibliothèque de kiri et où il était question du clan Gekai. Ce clan dans lequel tous les membres avaient la capacité d’agir comme des serpents. Et je compris alors que j’avais en face de moi un représentant de ce clan si spécial. Je n’avais pas spécialement peur seulement je me serrais senti plus rassuré si mes katanas avaient été avec moi.
Le coup de pied de ce Gekai me fit pirouetter. Cependant, malheureusement pour le pauvre bougre, ma spécialité, c’est le taijutsu. Je pose donc, alors que je suis à l’horizontale, une main à terre pour me servir de pilier. Je jette un regard sur mon adversaire et, non content de voir que ses dents ressemblent plus aux crocs d’un crotale qu’à des dents, je vois qu’il se rut littéralement sur moi. Je n’ai pas d’autre choix, je me sers de ma main pilier pour plier les genoux et les rejeter violemment en pleine figure de mon adversaire. Celui-ci ressent le coup mais n’est pas projeté. Je saute donc en arrière d’un bond et je le regarde dans les yeux. Je peux y voir de la haine, de l’assurance et une sorte de bestialité. Je suis quelques peu intimidé mais surtout intéressé. Je souris et lui lance une phrase bien sentie.

-Envie d’une baignade le lézard ?

Je sais qu’il se croira plus à son avantage dans l’eau mais il ne sait pas encore de quoi je suis capable. Je saute alors en arrière sans le quitter du regard et me retrouve dans l’eau. Je descends à une certaine profondeur et commence à émettre du chakra raiton. Ainsi, si le reptile saute, et je sais qu’il le fera, il sera suffisamment électrocuter pour ne plus bouger pendant quelques secondes. A ce moment là, je pourrais peut-être lui porter un coup fatal. Nous verrons bien comment les choses tournent. En tout cas, pas question de perdre la face, J’exige du sang et maintenant !