Enfin ! Oui, il était finalement temps que les choses prennent un tournant plus intéressant. Vous vous demandez sans doute ce qui se m’oblige à vous cracher toute mon émotivité au visage. Et bien tout simplement le passage au rang de Chûnin de notre ami Gin ! Vous me direz que c’est quelque chose d’assez anodin, voire ridicule au vue du nombre d’année qu’il a passé à Kiri. Et bien non ! Ce n’est pas totalement banal. Moi qui ait vécu tous les chapitres de sa vie, je peux vous dire que cette promotion était quelque chose qu’il attendait depuis un bon bout de temps. C’est un homme très impliqué pour son village, très nationaliste, il se préoccupe de tout et essaye de faire son maximum pour aider sa patrie. Un type presque exemplaire, en somme, qui prend sur lui pour éxecuter les dizaines et dizaines de missions qu’on lui attribue, aussi ennuyante qu’elles puissent-être. Tout cela a nécessité énormément de sacrifices, notamment des heures de sommeil assez cruciales au début, puis devenue utilisée pour des entraînements, des tâches ensuite. L’Hasegawa voulait vraiment être reconnu à sa juste valeur. Malgré le fait qu’il ne soit pas totalement en confiance avec ces idées hiérarchiques, ce changement de grade reflétait un effort constant, régulier qui donnait un résultat appréciable. La hiérarchie dans ce monde est assez réfutable, et c’est ce qu’il remet en question. Il y a tellement de choses à dire concernant les failles du fait de posséder une échelle de puissance. Un Genin peut battre un Chûnin, cela semble tout à fait faisable, mais c’était un fait. Et dès lors où ceci n’est pas impossible, le classement présente des disparités. Bien évidemment, si l’on prend les deux opposés, à savoir un Genin et un Kage, ce n’est pas très probable, voire même impossible, mais à un niveau assez proche, la hiérarchie fait face à un obstacle. Cela marche dans les deux sens. Autant un Genin peut-être très fort, autant un Chûnin peut-être très faible, ce qui ne justifierait pas son grade, tout est relatif.
Pour l’or, les choses commençaient à devenir réellement intéressantes. Laisser le grade de Genin derrière lui lui offrait un bon nombre d’avantages. Les autorités commençaient à prendre conscience de la confiance que l’on pouvait lui accorder, et donc il était évident qu’un nouveau panel de missions s’offrait à lui. Fini la capture de chat, les livraisons ennuyantes, les recherches d’objets perdus, non, il avait atteint un niveau supérieur. Un niveau où le risque est aussi beaucoup plus grand et les enjeux plus importants. Cela changeait énormément d’une banale mission rang B, c’était totalement différent. Une nouvelle mission lui avait été envoyée, propre à son grade, ce qui eut pour effet d’animer une certaine joie. En effet, après avoir lu l’ordre, on pouvait aisément voir les différences, notamment en terme d’ennemi. Le nouveau Chûnin devait se rendre dans une île inconnue où un groupe de Samouraï y avaient élu domicile, dans une forteresse. C’était en somme un travail d’infiltration, pur et dur, comme il les aimait. Quelque chose d’autre pouvait stimuler le blond à participer à cette convocation : son partenaire. Car oui, ce n’était pas comme la majeure partie des fois où il faisait équipe avec des shinobis de son niveau. Non, c’était autre chose : le Sandaime Mizukage en personne ! Du moins, l’ancien Régent de Kiri devenu chef du village. Ce n’était pas anodin. Sa concentration, son implication et sa prudence n’allaient pas être semblables aux fois précédentes. Le fait qu’il soit coéquipier d’un poste qu’il envie énormément influe sur ses actes, sur ses dires. Ce n’était qu’une question de principe au fond. Dans tous les cas, participer à une mission de rang A l’obligeait à faire preuve d’une énorme conscience dans ce qu’il faisait.
Quelque chose d’autre encore l’obligeait à s’intéresser à cette charge : les Samouraïs. Experts du Kenjutsu, leur maîtrise du sabre était à la pointe de la perfection, et pour un membre du clan Sabreur comme Gin, les défier n’était pas sans intérêt. Se battre contre les meilleurs était la clé pour progresser plus rapidement. La cible était un puissant guerrier d’un rang auquel il n’aimerait pas faire face, bien qu’il le faille. C’était peut-être ce qui expliquait la raison pour laquelle on lui offrait le Mizukage comme partenaire.
« Bon, allons-y, il ne faut pas que je sois en retard. »
Parler seul l’aidait un petit peu, le rassurait. Quelque chose de psychologique en somme, mais assez indispensable pour lui. C’est donc suite à cette courte phrase qu’il se mit en route vers le point de rendez-vous indiqué sur l’ordre, prenant soin d’avoir tout le matériel nécessaire pour cette aventure, à savoir son Sabre, ses multiples parchemins, ses projectiles et quelques autres outils bien utile dans certaines situations. Il traversa rapidement la zone, empruntant les différents raccourcis qu’offrait le village de Kiri. Notre protagoniste atteignit rapidement les Grandes Portes, rassuré d’être le premier sur les lieux. Il se mit donc à attendre son partenaire qui ne devait plus tarder.
« Vous voulez tuer ? Vous êtes Kirijins ? Ok. Il y a peu, un groupe de Samouraïs sans maître sème la panique dans le Pays des Vagues. Il ont même élu domicile dans une sorte de forteresse, située sur un des nombreux îlots de votre nation. Cependant, il y a un hic, nous ne connaissons pas l'emplacement exact de leur base. Mais les villages attaqués ont tous été situés au Nord-Est, il serait donc bon d'aller jeter un coup d’œil par là. Une fois leur camp trouvé, infiltrez-vous et détruisez le, que ce soit le bâtiment ou les terroristes qui l'occupe. Bref nettoyez moi ça. Attention leur chef est un très puissant guerrier de rang S. Sa maîtrise du sabre n'est plus à démontrer. »
Quand on pense Kenjutsu, généralement, il y a toujours deux écoles bien distinctes qui s'opposent. Tout d'abord, les Sabreurs. Un clan de Kiri assez spécial. Parler de clan est assez flou dans leur cas, car il s'agit d'un regroupement de personnes possédant un sabre aux propriétés particulières. À plusieurs reprises dans sa carrière, Yoru avait croisé des escrimeurs de la caste des Sabreurs. Le premier, et celui avait qui étonnement il avait gardé le contact, c'était Kitase Shinichi, le Nidaime Mizukage, dont le sabre avait les mêmes propriétés que l'eau. Il y avait eu ensuite son tout premier sensei, qui avant sa disparition était un Sennin : Sensoo Kiru, dont la flamberge au galbe obscur n'avait d'égal en terme d'incandescence qu'un charbon des enfers. D'autres noms suivaient, de Tatsuki Ao, escrimeur au sabre vaporeux qui servit rapidement en tant que disciple de Yoru, à Fuji Sayoko, camarade de guerre aux côtés du Régent, et dont la lame reptilienne avait fait du tort à un Jônin de Kumo appartenant au clan Seki. Tout ça pour dire que chacun disposait de son propre style de combat, lié aux capacités de son épée. Yoru se souvenait que Shinichi exploitait pas mal les capacités de son sabre aussi bien à distance qu'au corps à corps; Kiru lui était un partisan du corps à corps, tandis que Sayoko utilisait la forme serpentine de son katana pour affaiblir à petit feu l'antagoniste.
Il y avait ensuite, lorsqu'on pensait au mot Kenjutsu les fameux samourais. Ces guerriers qui juraient avec fanatisme leurs actes sur l'honneur, et fondaient leurs pensées sur leur code d'honneur : le Bushidô, la Voie du Guerrier. On pouvait même dire que ces hommes-là étaient la Némésis des Sabreurs, n'ayant que comme centre de symétrie la maitrise du sabre, bien que les samourais étaient en mesure de diversifier leur arsenal avec l'arc, le naginata etc. Les uns suivaient le Nindô, et se fondaient dans l'ombre, assassinant avec lâcheté, fourberie et discrétion. Les autres suivaient avec dévotion le Bushidô, et fusaient dans la bataille, mettant corps et âme dans l'affrontement, mettant en jeu honneur et patrimoine physique pour vaincre ou être vaincu selon leurs règles. Cela tombait bien, Yoru allait justement faire les frais de ce choix fatal. On l'avait mandaté pour exécuter aux côtés d'un tout récent Chûnin, justement membre de la caste des Sabreurs, une mission de catégorie A. L'objectif était plus simple, et se résumait à l'inlassable adage : trouver et éliminer. Éliminer qui ? Un groupe de va-nu-pieds s'affirmant Rônins, samourais sans maitre, semant le carnage au sud de l'Archipel de Mizu no kuni. Les trouver où ? Dans un castel, qu'ils ont pris d'assaut, et pris pour quartier général, au nord-est de l'épicentre de leurs attaques.
Alors, prêt à trancher du samourai, l'Alérion Cyclopéen se prépara, emportant avec lui quelques petites nouveautés dans son bagage, et rejoignit le dénommé Gin aux frontières de la cité. Avec un Sabreur, et son nouveau compagnon de combat, l'oblat aspirait à un grand combat, riche en rebondissements. Il espérait qu'il y aura de la difficulté, et que ce fameux chef des samourais rebelles dont il était question dans l'ordre des missions soit aussi puissant qu'il le disait. Coulant alors des foulées déterminées, le Troisième Mizukage distingua la silhouette de son partenaire de mission : Hasegawa Gin. Un éphèbe à la crinière ambrée, au regard de saphir, bref, une réplique de Yoru dans sa jeunesse. Dès lors que leur regard se croisèrent, le Lutin Borgne tendit sa dextre au susnommé Gin, dans l'attente d'une virile poigne entre shinobis.
✗ Ravi de te revoir, Gin ! On va voir ce que vaux au combat le ninja de classe moyenne que tu es aujourd'hui, héhé.
Comme à son habitude, le Sandaime Mizukage faisait preuve de son invincible verve populaire, à l'épreuve du temps et des promotions. C'était surtout que par le passé, le Hasegawa avait fait la rencontre de Yoru lorsqu'il était encore Régent, et sur le coup, fugitif de son propre palais !
✗ Direction le Sud de l'Île ! On va prendre un bateau qui nous mènera sur les lieux où sévissent ces enfoirés de bretteurs. Prend les devants, je te suivrai Gin. Pour la stratégie, on verra sur place, de toute façon, dans les grandes lignes, ça consistera à les retrouver, et à leur flanquer une branlée.
C'est vrai, après tout, pourquoi aller à l'Est, comme avec Rei, quand on peut aller au Sud ? Et surtout, pourquoi s'embêter à causer stratégie sur le trajet, ou avant, comme avec Kairi et Inori, ainsi que Rei, quand on peut voir sur place comment s'arranger ? Tout ça pour dire que le Ryûzoji avait décidé de faire dans l'originalité cette fois-ci. Pas de chichi, juste de bons combats entre des hommes de guerre, de vrais professionnels de la baston qui mette de l'honneur dans leurs coups.
Cette lame qui brillait de milles éclats, je ne me lassais jamais de l’observer, analysant les moindres bordures presque intactes. Les dents de l’épée rasaient avec beauté le côté droit, atout idéal pour le tranchage, créant un bruit au contact assez dérangeant, mais qui a fini par devenir habitude. Tant de puissance en une seule et même arme. Tant de mystères que je me devais de révéler. Ma maîtrise du Kenjutsu était plus ou moins correcte, en soit, j’arrivais à mélanger harmonieusement fluidité et puissance à la fois, mais était-ce suffisant ? Y a-t-il quelqu’un en ce bas monde qui puisse se qualifier de parfait manieur d’épée ? J’en doute fortement. Dans chaque domaine, il y a un maximum qui ne peut être franchit, et ce n’est pas la perfection, non, loin de là. A mes yeux, la perfection est quelque chose d’inaccessible pour des êtres comme nous. C’est un concept abstrait qui beaucoup se vantent de posséder. Stupidité. Nous étions avant tout humains. Des êtres qui ne peuvent se décrire comme parfait ni même capables de juger si une chose l’était ou pas. Pour moi, ça n’avait pas de sens. L’excellence, c’était autre chose. Il est tout à fait possible d’exceller dans un domaine ou autre. Cela sous-entend bien évidemment des erreurs, parfois, toutes ces choses qui font de nous des êtres humains. Mais ma maîtrise de l’épée n’était ni parfaite, ni excellente, loin de là. Je n’étais qu’un simple Chûnin du village, jouissant d’une fraiche promotion, je ne pouvais en aucun cas me vanter de quoi que ce soit.
Mes pupilles parcouraient chaque centimètre du métal, cherchant une quelconque marque, bien qu’il n’y en ait pas. Le Kinton, pouvoir caché de ce sabre. Un art très intéressant qui offrait une diversité étonnante dans un répertoire de techniques. Un chakra très complexe autant dans sa manière à le manipuler qu’à le modeler. Mais l’art du métal était fort intéressant, et c’est cette complexité qui en faisait son charme et son originalité. C’est au fil d’un nombre grandissant d’entraînement que je parvenais à lentement découvrir les mystères de cette épée. Chose assez difficile et qui nécessitait une concentration incroyable. Mais revenons-en donc à la réalité et ne me laissez pas me perdre dans mes pensées. Notre mission suscitait un tel intérêt à mes yeux que j’en étais presque excité. Je ne saurais vous décrire le méli-mélo d’émotions qui stationnent en mon esprit, mais j’essayais de les cacher. Dans ce fracas de sentiment, on pouvait lire en moi une certaine motivation, une très forte implication. Lorsque vous êtes accompagné d’un gradé, qui plus est un Kage, je peux vous dire que vos gestes autant que vos paroles comptent. Non pas que cela se présentait comme une relation assez froide entre moi et notre ami borgne, non, pas du tout, j’étais quelqu’un qui avait su prendre en compte autrui, ce que je ne faisais pas avant. Il y a juste une sorte de flamme qui brule en vous, qui vous empêche de faire choses de travers, sachant parfaitement que vous êtes observé, c’est cette motivation qui vous anime dans tout votre être.
« J’en suis tout autant ravi, Yoru. J’espère quand à toi que tu vaux le grade de Mizukage qui t’a été accordé, ce ne sera pas facile. »
En effet, ce ne serait pas une mince affaire. Un Samuraï de rang S. Dieu sait à quel point je m’entraîne dur chaque jour pour exceller dans la maîtrise de ma lame, mais cet homme devait être quant à lui monstrueux dans cet art. De toute évidence, j’aurais prochainement l’occasion de voir par mes propres yeux ce qu’il valait. Le borgne prononça la phrase qui signifiait un départ imminent. J’étais plus que prêt. Je prenais donc les devants, comme il me l’avait été dit. Notre destination se trouvait donc au Sud de notre position actuelle. Le Mizukage en venait ensuite à traiter le sujet de nos méthodes d’attaques. Chose assez simple : tuer tout ce qui bouge. En soit, une tactique n’était absolument pas nécessaire pour une mission de ce genre. Bien que ce soit une de rang A et donc où le risque y est plus élevé, il faut savoir faire parler le talent plus que le cerveau, parfois.
« Ma première mission rang A, ça change un peu. Tout devient plus intéressant petit à petit, il faut juste être patient. Sinon, le travail de Mizukage est-il plus compliqué que celui de Régent ? Toujours autant de paperasse ? »
Oui, la patience était mère de vertu. Un fondement essentiel en notre monde pour progresser. Nous marchions donc, enchaînant les multiples paysages que cachait Mizu no Kuni. Des forêts à perte de vue se dressaient devant nous, toutes aussi dangereuses les unes que les autres. Aucun obstacle n’apparut pour le moment, nous rejoignions notre destination avec prudence. C’est donc après deux longues heures de marche que nous parvinrent au port qui menait à l’endroit indiqué.
« Cet homme là-bas est peut-être susceptible de nous emmener là où nous voulons aller. Allons le voir ! »
Une fois les retrouvailles faites, Gin et Yoru partirent en direction du Sud de leur île. Leur but était tout simple : atteindre un port, et prendre un navire qui les conduirait sur les lieux de la mission. Le tandem de Kiri semblait déjà bien s'entendre, ce qui était bon signe pour la suite de la mission. Sans trop forcer, le Hasegawa et son supérieur avancèrent de sylve en forêt, portés par un doux zéphyr de bonne augure. Tout en se dirigeant vers le port qui pourrait les conduire à destination, les deux hommes discutaient avec convivialité.
✗ Gin, ça peut paraître une blague, mais est-ce que tu connais la différence entre un Régent et un Mizukage ? Aucune ! L'un remplace juste l'autre dans sa corvée de merde ! C'est un peu comme ça que je résumerai mon passage de Régent à Sandaime Mizukage. J'ai officialisé certes mon poste de chef du village, mais c'est pas pour autant que j'ai moins de paperasse à faire.
Beaucoup de convivialité même. Suite à cette discussion pleine de spiritualité et de comique, le tandem du Frimas arriva à proximité d'un petit port. L'endroit était digne d'une carte postale : quelques mouettes virevoltaient autour des quais, nageant dans un éther iodé. Ainsi, les cris des volatiles se mêlaient aux remous de la mer, et à l'agitation de la criée, le tout dans une harmonie populaire propre au lieu. Gin fit signe à son homologue Kirijin qu'un marin pouvait éventuellement les prendre pour les amener à destination. Effectivement, le marin possédait un joli bateau, ni trop large, ni trop petit. Ses dimensions étaient idéales pour embarquer deux shinobis sur les terres méridionales de Nami no kuni. Alors Yoru, avec son air de pirate, s'approcha du jeune loup de mer, et lui tint un discours plutôt simpliste, se résumant à la question : pouvez-vous nous amener à cet endroit ? Dès lors que le Borgne eut mentionné son statut de Mizukage, le faciès de son allocutaire vira au pâle, et bégaya un petit oui à peine audible.
La moralité de cette petite histoire, c'est que les gens se rattachent bien trop souvent à la hiérarchie, et Yoru savait exploiter habilement cette coutume béotienne. Quelques instants plus tard, Gin et le Mizukage prirent alors place dans une petite cabine. Le navigateur de service annonçait une poignée de jours de voyage. Ce serait parfait. Pendant ce temps, les deux hommes pourraient se poser, discuter tranquillement, et éventuellement, adopter une stratégie. Mais Yoru restait convaincu que dans ce cas précis, il n'y avait qu'une chose à faire : frapper jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien d'autre à frapper. Ce n'était après tout que de vulgaires roturiers qui s'affirmaient samourais, et détruisaient sans indiscrétion ce que bon leur semblait. Toutefois, au cours du trajet, le destin en décida autrement quant à la tournure des événements. En effet, au lieu de mener sans encombres les deux jeunes gens sur les côtes de Nami, le navire fut sauvagement perturbé par une tempête en pleine mer. Il fallait par conséquent rester sur place en attendant que l'orage se calme : il était de toute manière impossible de faire quoique ce soit d'autre. En attendant, Yoru avait une idée derrière la tête pour gagner du temps. Le Ryûzoji pensait s'en occuper une fois sur place, dans une auberge qui servirait de base. Dans la cabine où se reposait les deux Kirijins en proie à la houle violente, l'oblat belliqueux sortit de sa sacoche deux livres. Il en présenta un à Gin.
✗ J'pensais pas faire ça ici, mais vu qu'on est bloqué au beau milieu de l'océan, autant gagner du temps. Histoire de s'occuper facilement du chef de la bande, qui n'est pas à négliger contrairement aux autres gusses, j'avais pensé avant de partir à trouver une combine. Le livre que je t'ai passé, c'est le code du Bushidô. En gros, c'est une religion pour ces cons de samourais. Alors, samourais sans maître ni patrie ou pas, s'ils sont des samourais, ils doivent malgré eux, et surtout leur chef suivre leur code d'honneur. Pour ma part, j'ai trouvé un livre de Tetsu no kuni. J'suis sûr qu'avec un peu de chance, on trouvera une règle à la con pour mettre en déroute le boss. Allez sur ce, bonne lecture !
Et ainsi, tel un nageur olympique, il inspira un grand coup avant de s'élancer sur le plongeoir, et de faire une belle brasse oculaire sur la piscine de papiers que représentait ce bouquin. Dehors le tonnerre grondait fort, et le bateau était pris en étau entre deux mers. En bas, c'était un océan déchainé de verre brisé qui sévissait, tandis que dans les cieux, une vaste mer de nuages fuligineux exprimaient leur irascibilité entre deux éclairs. Autant dire que les émissaires de Kiri avaient autant de temps disponible que d'écrits à portée de main en attendant de pouvoir faire couler le sang et la sueur.
Nous arrivâmes finalement sur ledit port. Notre but était de trouver un navire, chose qui allait s’avérer plutôt simple, étant donné le statut hiérarchique de mon coéquipier. La plèbe formait une grande foule, rendant compliquée la circulation. Le temps était parfait pour une journée de voyage, un soleil nous frappait de tout son éclat, offrant lumière et chaleur. Oui, c’était une belle journée, dans un bel endroit. Un lieu très beau, nous offrant une vue parfaite sur la mer qui bordait le pays de l’Eau, l’horizon infini, les immenses vagues. Kiri était vraiment un endroit qui avait tout pour plaire. J’en venais à me perdre dans les bruits du paysage, les remous de la mer, le brouhaha de la plèbe, les cris des volatiles qui donnaient à ce panorama un aspect plus gaï. Mon coéquipier vint m’interrompre dans mes rêvasseries, répondant à une question que j’avais presque oubliée, trop occupé à m’intéresser à l’aspect du port. Selon lui, et c’était une chose dont je n’avais pas connaissance, le statut de Mizukage et celui de Régent n’avait rien de très différent. C’est probablement vrai. Mais il est à présent officialisé comme le Kage et cela est plus parlant qu’un titre de Régent. « Oui, ça doit certainement être tout aussi chiant. »
Notre tandem se dirigea vers l’homme que j’avais pointé, susceptible de nous offrir un voyage dans un bateau convenable pour le court voyage que nous désirions. De largeur appropriée, ni trop grand, ni trop minuscule, l’embarcation optait pour un style plutôt simpliste, ne crachant pas sur un certain charme. C’était parfait. Et puis, au vue de nos moyens, nous pouvions nous permettre de faire un choix sur le navire que nous désirions. Yoru en vint donc à demander à l’homme s’il pouvait répondre à notre demande, puis il ajouta son statut. Cette dernière information semblait faire pâlir le marin, balbutiant des mots que seul lui pouvait comprendre. La hiérarchie. Chose auquel nous offrons beaucoup d’importance pour un rien. Créée elle-même par les hommes, elle est respectée par d’autres hommes. C’était tout bonnement ridicule, et la populace s’y attache, s’identifie à ces échelles alors même qu’elles sont mise en place par l’être humain lui-même. Je ne suis pas pour cette omniprésence de la hiérarchie dans notre société, mais c’est ainsi et cela ne changera jamais. Peu importe. Notre premier objectif était finalement accomplit, il ne restait plus qu’à nous mettre en route, et le plus tôt possible serait le mieux.
Nous prîmes ensuite rapidement place dans une cabine qui semblait nous être accordée. Parfait. D’ici, nous pourrions discuter de comment procéder. La meilleure des stratégies à employer, dans cette situation, était celle qui consistait à frapper, jusqu’à ce que rien ne reste. Une tactique qui finissait par me plaire, au vue du nombre de fois où je l’avais employé. Ces types n’étaient que des futiles combattants. Ils s’affirmaient samouraï et salissaient la réputation de ces hommes d’honneur et de loyauté, ils étaient plus nuisibles qu’autres chose, des guerriers sans ambitions, rien de plus. Le sort nous frappa, décidant de nous bloquer au beau milieu de l’océan. Une tempête, oui, comme celle que l’on retrouve dans toutes les histoires de pirates, celle qui semble déchirer votre bateau, mais qui finalement ne vous offre qu’une simple frayeur, rien de plus. Il fallait donc que notre patience nous gouverne car il allait en falloir. « Comme si nous avions besoin de ça. Espérons que ça se calme au plus vite. De longs jours de voyage nous attendent, s’il faut que l’on subisse tous les caprices de la nature… ». Maintenant, il fallait trouver de quoi nous occuper. Mais mon partenaire semblait avoir répondre à ma question sans même que je cherche à me manifester. De sa sacoche, il attrapa deux livres, m’en tendit un. Le « code du Bushidô », selon ses dires. Un code des samouraïs.
« Ah oui, j’ai déjà entendu parler de ce code. Cela ne m’a jamais intéressé, mais puisque nous y sommes, autant faire comme tu le dis, je suis entièrement d’accord. »
Je pris ensuite une bouffée d’air pour débuter ce long processus, puis j’ouvris la première page. Je réussis à terminer le bouquin plus rapidement que je ne le pensais, au final ce n’était pas si ennuyant que je ne le pensais. Ces samouraïs étaient accrochés aux règles et aux normes et valeurs qu’ils se transmettent eux-mêmes, ce code nous en montre tous les aspects. Ce livre occupa une bonne partie de mes journées car au final, il était vraiment très long. « Alors, tu as trouvé quelque chose d’intéressant dedant ? » Nous finîmes par arriver à notre destination, quelques jours plus tard. C’était la fameuse île où régnaient ces « menaces » qui étaient presque anodines à mes yeux. Il était temps de passer à l’action !
La tempête tombait finalement à point nommé. Elle permit au tandem de Kiri, constitué de Hasegawa Gin et Ryûzoji, de s'adonner davantage à la lecture, et à se renseigner. Leurs ennemis étaient des Rônins, donc des samouraïs. Habituellement, ils avaient pour cibles des brigands, des mercenaires sans réelles compétences, ou tout simplement des ninjas. Cette fois, leur ennemi suivait un code d'honneur et utilisait des techniques qui n'avaient rien à voir avec ce qu'ils connaissaient. En bons shinobis, ils devaient alors s'adapter, tel le caméléon, pour mieux comprendre leur cible, et mieux l'éliminer par la suite.
L'escrimeur à la lame modulable se chargea alors de lire le Bushidô, tandis que le Lutin Borgne se chargerait de consulter quelques livres en provenance de Tetsu no kuni. Au premier abord, la lecture était enrichissante, source de savoir. Elle illuminait les ignorants, soulageait les parias, faisait voyager les béotiens. Dans le cas du Cyclope… elle ne faisait que le lasser de plus en plus. Codes de conduite, prières religieuses, cours de géographie… le Ryûzoji se retrouvait presque projeté à l'école de formation de son clan ! Sautant quelques pages par moment, dans le dos du sabreur, il eut malgré tout la chance de tomber sur ce qu'il voulait. Au moment de faire un compte-rendu de leurs lectures respectives, l'Oblat ne cacha pas son dégoût. Lui qui pensait pouvoir se trouver une passion dans les écrits de samourai venait au final d'être déçu plus qu'autre chose. En faisant l'inventaire de ses recherches, il s'abstint alors de faire mention de sa déception, histoire d'éviter de dégoûter à son tour le Hasegawa.
✗ À part du blabla inutile, pas grand chose. Enfin presque, j'ai trouvé ça : une loi martiale respectée par les guerriers du Pays du Fer depuis des générations. En gros, c'est la loi du défi : tu peux lancer un duel singulier à un samurai, en mettant en jeu ton honneur etc. Le truc, c'est que techniquement il peut pas refuser. Espérons que le chef de cette bande de guignols acceptera de se plier malgré tout à cette règle ancestrale.
La petite équipe finit par arriver sur leur première destination. Ils étaient dans un petit village de pêcheurs, calme, sans soucis. Ou du moins, jusqu'à ce qu'un marin ne vienne à l'encontre du Sandaime Mizukage pour le prévenir qu'il y avait du grabuge en ville. D'après les propos confus du marin, un des samourais était dans les alentours, et s'amusait à dévaster les quais. Il y avait eu un malentendu dans une des tavernes qu'il fréquentait, et faisant état de son manque de civilité, décida de s'en prendre aux villageois. Prenant donc en considération les propos de son interlocuteur, le Shinku Obake fila aux côtés de Gin en direction du premier samourai pour le neutraliser. Sur place, ce fut un homme d'une violence assez stupide qui se présenta face au tandem. Hirsute, il avait le torse en tonneau, et l'air bourru. Il n'était pas dans son état normal : titubant un peu, son visage portait les stigmates érubescents de l'ivresse. Ce fut donc sans politesse que le Sandaime Mizulage lança une demi-dizaine de kunais sur le spadassin menaçant un passant avec son arme. Le passant put s'enfuir de justesse, tandis que le samourai ivre para l'intégralité des projectiles avec sa lame.
Yoru se retrouva face à face avec le samourai, qui répondait avec des insultes et des mots sans trop de sens. Bien que sous le joug de la boisson, il fallait rester méfiant : Yoru savait en connaissance de cause qu'un homme saoul, et plus généralement dans un état d'aliénation, était plus dangereux que dans son état normal. Plus dangereux, certes, mais ici bien plus mou qu'à la normale. Profitant du temps de réaction alourdi par le saké de son adversaire, l'Alérion utilisa la technique du Mizu Kamikiri : une lame d'eau fendit droit sur sa cible. Mais ce fut sans compter sur les réflexes du bretteur qui trancha en deux l'assaut d'un coup d'épée. Le Mizu Kamikiri de Yoru prenait alors des allures de vague s'échouant contre le rivage. L'éborgné en question avait du coup profité de cette diversion pour activer une nouvelle technique, celle de l’Éclair Fou. Un halo de vapeur rougeoyante recouvrait dorénavant son corps, et augmentait aussi bien sa force physique que sa résistance aux coups. Il fusa ainsi vêtu sur son ennemi, et échangea des coups. Le samourai tint tête au Mizukage, jusqu'au moment où faisant usage du Yugezenshi, il prit par surprise son adversaire, et bloqua la lame à main nue. Un véritable bras de fer débuta dès lors entre les deux hommes. Quelques secondes plus tard, l'exercice trouva son vainqueur : la main légèrement en sang, le Ryûzoji parvint à briser l'épée de son adversaire. Son autre main se saisit de l'homme pour l'immobiliser par le cou. Avec sa force doublée, il n'eut plus qu'à écraser sa gorge pour que sa tête se décroche du reste de son corps. Le corps sans vie du guerrier tomba alors à terre, tandis que son crâne emprunt d'une expression de stupidité roula au sol, souillant le pavé d'un sang alcoolisé.
✗ Voilà qui est réglé. Il ne causera plus de soucis ici. Gin, repartons.
La main et la joue entachées de sang, il se retourna alors vers le Hasegawa et l'invita à reprendre leur route vers la place forte des samourais. Dorénavant l'Oblat de Kiri ne plaisantait plus, à en juger par l'expression taciturne de son visage. Petit à petit, le sang s'évapora sous son armure de vapeur, et avec sa main, cautérisa ses plaies en bronchant légèrement. Ils pouvaient donc reprendre la route sans craintes.
Il était vrai que le code que j’avais entre les mains ne m’intéressait guère. La profession de samouraï n’était pas quelque chose qui suscitait en moi inspiration et imagination, bien au contraire. Vivre sous une certaine loi, des coutumes, une sorte de religion, ce n’était pas vraiment ce qui me portait à cœur, selon moi, c’était plus handicapant qu’autre chose. Mais je respectais parfaitement leur décision et le fait qu’ils suivaient un code de l’honneur aussi strict et rigoureux. Mais mon avis n’avait pas d’importance dans cette mission, nous n’étions pas ici pour dénoncer ou bien mettre au grand jour les méthodes de vie des samouraïs et d’en émettre les critiques les plus dédaigneuse, ô que non. Yoru, quant à lui s’était intéressé à d’autres bouquins, tout autant complexe que le mien. Finalement, cette tempête arrivait à point nommé. Le shinobi à l’œil manquant me présenta une des règles qu’il retint, une sorte de duel qui misait sur l’honneur et le respect mutuel. L’avantage était que refuser n’était pas dans les options des intéressés, et que donc attirer le chef avec une pareille approche était plus intéressant que la méthode initiale qui consistait simplement à faire entrechoquer lames entre elle jusqu’à qu’il ne reste plus rien. « Faisons donc ainsi. Mais avant, nous avons surement une multitude de sbires à éliminer, et c’est ce qui va peut-être être le plus long et le plus ennuyeux. Tachons de faire ça vite et bien. »
Nos pieds rencontrèrent enfin la terre ferme. Notre première destination était donc atteinte, il fallait maintenant persister et poursuivre dans les différents îlots. Notre but était donc de trouver leur base et de combattre le plus puissant des shinobis, à savoir leur chef. Un guerrier de rang S apparemment. Quoi de plus intéressant. Mais avant, une multitude d’obstacles nous attendaient. D’autant plus que la position de leur forteresse n’était pas connue, c’était à nous de la découvrir et de la vider de tous ses occupants. Nous attendait donc une véritable péripétie en terres inconnues. C’était donc dans un village de pêcheur que notre longue aventure débuta. Aux apparences calmes et prospères, cette petite bourgade n’avait rien à se reprocher. Peut-être fallait-il creuser pour y rencontrer les conflits. Mais apparemment, notre question eut rapidement réponse. Un homme vint à notre rencontre, il informa le Mizukage d’un certain souci qui s’était présenté en ville. D’après ses dires, un samouraï semait la zizanie après un malentendu qu’il avait eu dans une taverne. Nous fûmes rapidement confrontés à la situation. Sous les jougs de l’alcool, il marchait d’un pas lent, le corps légèrement courbé, ses pas ne semblaient pas présenter une suite logique, mais divergeaient en plusieurs directions pour créer une marche des plus ridicules.
« Et bien, faut croire qu’il est tombé au mauvais endroit, au mauvais moment lui. Yoru, je vais te laisser te charger de lui, j’ai cru entendre avant de venir, je vais voir de quoi s’agit-il. »
Je m’élançai donc dans une course vers l’endroit qui m’était resté à l’esprit, laissant derrière moi les bruits de métaux qui s’entrechoquaient. Je n’avais pas à m’en faire pour mon ami, après tout, il était Mizukage, en quoi devais-je en avoir peur ? J’arrivai dans une ruelle, très peu éclairée et infréquentée. De là, j’aperçu deux individus, une femme et un homme. Les cris étouffés de la demoiselle semblait me faire comprendre la scène. J’assistais ici à un véritable viol, ou bien du moins une tentative. Le fugitif semblait bien avoir du mal à neutraliser sa victime pour qu’elle se plie à ses ordres. On ne m’avait toujours pas vu, et ce n’était pas plus mal, engager le combat directement était assez long et fastidieux, c’était plus une perte de temps qu’autre chose. Je grimpai donc à un bâtiment proche, gardant dans mon champ de vision la scène. A l’aide des toits, j’en vins à me retrouver juste au-dessus du criminel. Je fis un bond, après m’être emparé d’un Kunaï, pour attérir juste derrière l’intéressé. L’action fut tellement rapide qu’il n’eut le temps de se retourner pour comprendre ce qui se passait. Le petit poignard rencontra sa gorge, j’en dessinai ensuite un trait qui lui déchira la chair pour laisser jaillir le liquide rouge. La femme marcha un petit peu plus loin, désemparée. Je laissai s’écrouler l’abominable chose, après s’être pressé machinalement la main contre la blessure, sans grand résultat. J’offris ma main à la femme qui semblait être au bord de l’évanouissement. Je décidai donc de la raccompagner chez elle, ne lui offrant pas même mon nom durant notre petite marche, elle semblait ailleurs, pétrifiée. Ceci fait, je rejoins les quais pour constater la réussite de mon partenaire. La tête, disloquée du corps, roulait au sol, le sang remplissait les interstices des pavés. La courte phrase de mon partenaire semblait annoncer notre départ. Je le suivais sans broncher. Nous étions des Kirijins, l’échec n’avait pas de place dans nos options, il fallait que nos adversaire sachent qui nous sommes car nous étions peut-être loin d’atteindre la ligne droite, mais à un moment ou un autre, nous l'atteindrons.
Le zéphyr, allégé d'une menace sur les contrées portuaires de la petite île, soufflait avec plus de vigueur, et tentait de faire rouler la tête du rônin déchu. Tel un Sisyphe immatériel, elle essayait de transmettre son mouvement aérien à la caboche pour la faire choir dans les eaux du port. Absent de cette tentative macabre de noyade, le Tsar de la Cité des Brumes était en route, aux côtés de son vassal, l'escrimeur Hasegawa Gin. Portant encore son haubert de vapeur érubescente, lui donnant ainsi des allures d'incube incandescent, il avait mis le cap vers le cœur de l'île, espérant faire connaissance avec le capitaine de cette bande de brigands pour mettre fin à ses agissements. Le tandem quitta ainsi les côtes de l'île, et traverse une petite plaine. Le calme était roi dans ces lieux : pas un homme, pas un animal n'erraient ici. Il n'y avait que le soleil, monarque solitaire de l'empyrée, qui exerçait son joug caniculaire sur la vacuité de cet espace. Là, le duo pouvait se préparer à tout et n'importe quoi : une escarmouche de l'ennemi, une rencontre inintéressante… les options étaient aussi vastes que l'endroit était vide.
Débarrassé de sa cuirasse d'airain vaporeuse, le Ryûzoji guida le Hasegawa vers un nouveau village. Au cours du voyage, l'éborgné fut alarmé par l'ascension d'une fumée opaque. Les samourais, aujourd'hui pyromanes, étaient à coup sûr dans les parages. Il fallait intervenir au plus vite, pour pourfendre les criminels à l'origine de ce vaste brasier. Le souci, avec un tel incendie, c'est qu'il était difficile de déterminer le nombre des pyromanes. Ils pouvaient tout aussi bien être une importante quantité, créant un petit feu, qui par addition avec les autres, devenant un immense incendie, qu'une poignée d'hommes, générant un important incendie au fil du temps. La méfiance était donc de mise dans cet énième voyage vers le danger. Bien qu'il fasse confiance envers le membre de la lignée des Hasegawa, Yoru préférait prendre tout de même ses précautions auprès de Gin.
✗ Nous allons bientôt arriver à proximité de ce village, ceins par les flammes. Dans ce genre de situations, comme il sera difficile d'évaluer le nombre d'ennemis, autant rester prudents. Voilà ce que je te propose : tu t'occuperas d'évacuer les lieux, et moi de l'incendie. Les samouraïs ne doivent pas être bien loin, alors sois prêt à te battre à tout moment. De toute façon, je garderai active ma technique de télépathie si tu rencontres un problème.
Ce choix était tout à fait légitime de la part de l'autocrate de Kiri : Gin ne disposait de l'affinité de l'onde, le Suiton. En revanche, en bon Ombre de l'Eau, Yoru possédait ce Suiton, avec un registre assez complet. Mieux encore, pour éteindre l'incendie, il disposait également de la vapeur, sous le sobriquet de Futton. Autant d'outils que de moyens de sécuriser le lieu. Pour l'heure, les seules difficultés que pouvaient rencontrer le tandem résidaient dans l'épuisement en chakra, par le biais d'un abus de jutsus dans le but d'éteindre les incendies ou de protéger la population, ou tout simplement le flou sur les effectifs ennemis en présence. Ainsi, afin de faciliter sa lourde tâche, le Sandaime Mizukage activa une première technique, celle du Shigure no jutsu. Promptement, l'empyrée se couvrit d'un épais manteau fuligineux. L'air devint plus frais, la brise plus présente. Les nuages s'aggloméraient alors, virant d'un blanc virginal au gris, avec quelques teintes obscures par endroits. Puis, la chute des larmes divines débuta. Une pluie banale, mais qui permettrait d'atténuer la puissance de l'incendie, tout en octroyant à l'illusionniste cyclope une source d'eau pour ses techniques.
Suite à cette technique, le Sandaime se sépara de son camarade escrimeur, et fila dans les environs du village pour se charger du feu. Tout en maintenant sa technique de télépathie active, il fit apparaître à ses côtés trois clones, dont la constitution était la même que celle de son armure de vapeur. Chaque Lutin Fou se chargea d'un point cardinal : les clones se répartirent le Nord, l'Ouest, ainsi que l'Est, alors que le créateur s'occupa quant à lui du Sud. Chacun partageait le même objectif : utiliser le Kasumi no Ryû pour éteindre l'incendie, ou du moins le rendre contrôlable. Maintenant en action, Yoru espérait que Gin s'en sortirait seul : ce brasier géant ne lui inspirait rien de très bon…
