La loi, c'est nous. [Yoru — Rang S.]

Ordre de Mission:

Aujourd’hui, je chasse. J’écrase les mouches, j’anéantis les moustiques, j’annihile la puissance des araignées, bref, je fais le carnage. Aujourd’hui, mes proies sont quarante-trois. Quand j’ai vu l’ordre de mission dans la boîte aux lettres, j’ai souri. Une mission avec Yoru, hein ? Comment nous rappeler que, malgré notre relation, nous restons des shinobis de la Brume Sanglante. Et puis, pourquoi pas ? Il y a tout à gagner à faire cette mission. Le moyen de veiller l’un sur l’autre tout en se défoulant, et en redonnant à Kiri toute sa gloire. Kin ne resterait pas impuni longtemps.

Je reviens doucement dans la chambre, prenant place sur le lit doucement, pour ne pas éveiller mon aimé. Ah, les joies de la vie de couple. Pas besoin de se donner rendez-vous pour se retrouver, il suffit de passer d’une pièce à l’autre pour prévenir. Déjà apprêtée, je ne me hisse pas sous la couverture comme à mon habitude, je me contente simplement de passer ma main tout au long de son dos. Doucement, je me penche, et dépose un baiser sur sa joue. Un petit sourire naît sur mes lèvres. J’en oublie presque la dangerosité de la mission. Je pourrais rester là, à le contempler, le caresser, le câliner, pendant des journées entières. Je pourrais vraiment passer mon temps entier au creux de ses bras. Je ne les quitterais jamais, si je le pouvais. Mais voilà. Nous sommes des shinobis. Et aujourd’hui, nous sommes des shinobis en mission.

— Mon amour … ~ Il est temps de quitter le pays des rêves, nous avons une mission … Un ordre aussi intéressant que dangereux, et nous faisons équipe … ~

Je balade mes doigts tout au long de ses côtes, attendant qu’il se réveille. Mes joues se parent de rouge, je m’immobilise. Il est adorable quand il dort. Il retrouve toute la placidité, la paix qu’il n’a pas lorsqu’il règle tous les problèmes de Kiri. Il a l’air si paisible. Je l’embrasse à nouveau, et me relève. Encore dans les bras de Morphée ? Je ne pense pas. Pour tester le terrain, je lui envoie un petit oreiller, au bout du lit, et m’apprête à sortir.

— Allez, marmotte ! Debout !

Bon, d’accord, il est tôt, mais tout de même ! Nous avons à faire. J’aimerais bien flâner, moi aussi, mais cela fait longtemps que je n’en ai plus l’occasion, désormais. Les responsabilités, un petit poison addictif qui finit par prendre une place plus que conséquente dans nos vies. Je m’y fais, ça me plaît, mais il n’empêche que pour combiner vie amoureuse et vie de kunoichi, c’est parfois difficile. M’enfin ! Je suis grande, forte et euh … J’ai du courage. Ouais, on va dire ça. En tous les cas, je suis capable d’y arriver ! Et c’est le principal.

Après un petit temps passé à la cuisine à préparer le petit-déjeuner, je vois ma marmotte débouler, encore dans le gaz. Je lui tire la langue. Allez, il est réveillé, c’est déjà ça ! Le reste va suivre très rapidement.

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Je regarde alentour. Il fait bon, c’est un temps idéal pour chasser du vilain. Ça me met de bonne humeur, tout ça. La mission va bien se passer, oh oui. Et beaucoup de petits oiseaux vont avoir les ailes brûlées. Grrrh, j’ai toujours adoré fracasser les petits oiseaux qui se prennent pour des rebelles. Personne ne se lève contre Kiri, personne. Surtout pas un vieux à qui on a accordé suffisamment de crédit pour ne pas lui tomber sur le coin de la figure. Tu merdes, on te défonce. C’est comme ça. Et j’adore cette idée.

— Allons-y ! Il y a quarante-trois petits elfes qui n’attendent que nous !

Enjouée, j’ouvre la marche, en direction du port. Plusieurs îles ont vu leurs prisons vidées de leurs prisonniers, mais … ils les retrouveront ! Peut-être pas tous, mais dans leur bonne globalité. Ce serait dommage de tous les éclater un à un, voyons. Nous n’avons pas le temps de toute façon. Quoique. Aaaaah, tuer, tuer, tuer … ♥ Les méchants vont apprendre que les plus vils, dans l’histoire, ce sont bien les kirijins ! Niark.

Il est de coutume chez les hommes d'embrasser leur femme avant de partir au travail. Le stéréotype de la femme docile qui reste à la maison sagement en attendant le retour de son mari, assurant la pérennité du couple. Il est tout autant de coutume que le shinobi embrasse comme s'il allait mourir demain sa femme, avant de partir en mission. Un ninja, surtout quand il est haut gradé, risque souvent sa vie dans son métier. Habituellement, Yoru aurait prouvé de diverses manières son amour pour Yuka ce matin. Il partait en mission S, et savait qu'il risquait sa vie, Mizukage ou non. Le danger existait toujours, même lorsqu'on avait fait ses preuves.

Pour autant, le Lutin Fou brisa la coutume, et reçut son oreiller en pleine poire de la part de sa moitié et coéquipière avant de se préparer pour partir en mission de niveau S. À ce moment-là, le Ryûzoji était encore un peu dans les vapes, et avait du mal à percuter lorsque sa moitié lui sommait de se lever. Il avait eu vent la veille de sa mission, et savait qu'il devait se lever tôt. Néanmoins, le Mizukage avait pris la mauvaise habitude de se coucher plus tard qu'habituellement; il grignotait plusieurs minutes à discuter dans le noir avec la Mitsuharu, à s'échanger des mots d'amour, à parler de leur avenir. Conséquence de cette conversation nocturne, il se leva avec l'allure d'un déterré et une vague de fatigue évidente. Un petit-déjeuner en compagnie de la kunoichi, suivi d'une douche fraiche suffirent pourtant au Cyclope de retrouver toute la force nécessaire à l'accomplissement de sa mission. Il avait d'ailleurs bien besoin de force, pour combattre la menace que représentait Kin et ses quarante-deux sbires. La cible de jour ne plaisantait pas : il ne lui fallut que très peu de temps pour se mettre en action, s'attaquer aux prisons du sud de l'archipel, et se constituer une armée d'une quarantaine de prisonniers. De la même façon, le couple de Kiri devait réagir avec autant de rapidité qu'a pu faire le Yadatano. Face à cette nuée de corbeaux tout droits libérés de leur cage, Yoru et Yuka allaient leur refaire le mythe d'Icare, en plus sanglant.

Ils prirent alors la route les conduisant vers la partie méridionale de Mizu no kuni, et adoptèrent un comportement plus sérieux qu'au départ. Enfin presque. À ce moment de la mission, c'est-à-dire le déplacement vers le lieu d'action, Yoru avait pour habitude de discuter d'une éventuelle stratégie à adopter tout au long de cette même mission. Le Ryûzoji aimait faire les choses bien, de telle sorte à suivre un plan linéaire, où leurs actions se succédaient automatiquement, grâce à la finesse de leur tactique. Ici, il préféra discuter joyeusement avec sa femme, souriant. Pour une telle mission, qui demandait plus de muscles que de matière grise, il était peu recommandable d'appliquer une stratégie. Il fallait être sur les lieux, étudier la situation, avant d'émettre une première idée. Pourtant, bien que dans sa tête il préféra réserver l'élaboration du plan à plus tard, sur le bateau les menant au sud de l'archipel, Yoru tâcha de préparer le terrain.

✗ Exactement ! Quarante-trois elfes, qui n'attendent que notre venue pour savoir ce que ça fait de se faire déplumer. Toutefois, ça sera une toute autre histoire avec le dernier elfe, le doyen de la bande… même à deux, on aura du mal à s'en occuper… Enfin ! Avec ta sensorialité, nos invocations et nos capacités respectives, on a toutes les cartes en main pour mettre une sévère correction à ses idiots.

Il lui sourit sincèrement, et d'un clin d’œil, lui fit comprendre que malgré le pessimisme de ses propos, il avait confiance en leur tandem. Il fallait effectivement admettre qu'outre le caractère sentimental de leur couple, le duo Mitsuharu-Ryûzoji était plutôt intéressant. L'une se battait essentiellement au corps à corps, avec des capacités de sensorialité accrue; l'autre était un magicien du terrain, jouant sur le sadisme avec ses illusions. Leurs défauts semblaient naturellement se combler par la présence de l'autre. Ainsi, aussi fort puisse être Kin, il aurait bien du mal lui aussi face à la détermination du couple de Kiri.

Le temps passa, et le bateau arriva à destination. Les deux ninjas étaient arrivés sur une des îles concernés par la mission, et assez proche de l'île principale de l'archipel. Le Sandaime Mizukage et sa dulcinée n'eurent d'ailleurs pas le temps de découvrir les lieux que dix minutes suivant leur arrivée sur l'île, un homme orné d'un plastron se présenta essoufflé devant le Mizukage.

✗ Mizukage-sama ! Je viens vous annoncer une nouvelle inquiétante : les hommes de Kin sont déjà là ! Il semblerait qu'il ait envoyé une demi-dizaine de ses hommes pour s'en prendre aux habitants de l'île, et semer la pagaille… vous devez faire vite, je vous en prie !

Peu touché par le discours du guerrier du dimanche, le Lutin Fou en vint à conclure malgré tout une chose : ce Yadatano était malin. Avec une armée aussi conséquente que celle qu'il venait de constituer, il avait besoin de temps malgré tout pour se déplacer. Il devait encore rassembler ses hommes en un point, avant d'attaquer concrètement l'archipel. En envoyant quelques uns de ses sbires directement face au Mizukage et à la Jônin, ils retardaient leur progression, et s'offrait une chance incontestable de gagner du temps pour préparer sa marche vers Kiri. Face à cette escarmouche, le tandem devait donc faire très vite. Sans plus tarder, le Cyclope remercia l'autochtone pour ses informations et invita Yuka à le suivre.

✗ On a pas de temps à perdre. Ce Kin ne plaisante pas, on dirait bien… On a pas vraiment le choix du coup. On va devoir s'occuper des prisonniers sur cet île avant de continuer notre route. Qui sait, on pourra peut-être en interroger un afin d'avoir plus d'informations sur notre ennemi, quoique sur le coup ça ne me semble pas très utile… Quoiqu'il en soit, allons-y ! Yuka, active ta technique de sensorialité s'il te plait. On aura besoin de ton don pour pister nos cibles et les retrouver.

Les dés étaient lancés, et une véritable course contre la montre s'engageait derechef pour les deux Kirijins. L'avenir de l'archipel dépendait de leurs décisions, et surtout de leurs actions. Il était temps de montrer à Kiri ce que valait la puissance de leur couple au combat.

Pour la première fois depuis toutes les missions effectuées dans sa carrière de kunoichi, Yuka a trouvé le voyage court et agréable. Entre discussions joyeuses avec son aimé et petits clins d’œil, tout a semblé similaire à une simple balade. Cependant, le temps des réjouissances ne tarde jamais à pointer le bout de son nez. Malgré tout, la brune ne se sent pas le moins du monde en danger, au contraire. Confiante, et prête à foncer dans le tas, peu lui important le nombre de combattants, elle est là, parée. Dans sa tête se joue une fête, célébrée en l’honneur des deux amants ayant fait sauter la tête de Kin. Tout le monde se rendra alors compte de la puissance destructrice de Yoru et Yuka, mis dans le même tandem. Quel rêve. Mais pour l’heure, il faut faire en sorte que cela arrive vraiment.

Arrivés sur l’une des îles concernées, les deux amoureux font face à une première nouvelle des plus alléchantes. La bataille commencera avec cinq têtes. Cinq vilains présents pour les retarder. Pas con, le Kin. Mais pas encore invincible. Et s’il se défausse ainsi de ces cartes, il finira par vite devoir jeter les as, et se retrouvera bien con. Être un joker, c’est bien. Se trouver face à deux personnes qui le sont aussi, c’est moins cool. Yuka hoche vivement la tête à la demande de Yoru et se concentre pour pister les sources de chakra présentes dans la zone. Comme elle le soupçonnait, elle discerne précisément cinq têtes, au centre même de l’île.

Sans dire quoi que ce soit, la brune prend la main de son aimé, et se précipite tête baissée en plein dans le tas. Ils sont tous là, avec leurs grands sourires, et leur impression d’être au-dessus de tout. Des Nukenins, hein ? Double raison de leur faire bien du mal. Le premier d’entre eux se jette avec une absolue violence sur le tandem, séparé instantanément par Yuka qui s’oppose à lui et le repousse d’un coup de sabre bien placé. Son arme brandie devant elle, la kunoichi se prépare à quelque chose de grand, de très grand, quand elle voit que … La seule offensive lancée est celle d’un loubard courant comme un mammouth qui se lance à sa rencontre. Pas très glorieux comme entrée en matière. M’enfin, pas glorieux, mais dangereux quand même. La mission qui s’annonçait une véritable partie de plaisir va vite devenir chiante et longue.

La kunoichi crache une flaque de colle tout autour du lourdaud qui se prend les pattes dedans et pousse un rugissement de rage. Le gros tas est bloqué, et tente difficilement de sortir de là. Un grand sourire naît sur les lèvres de Yuka, qui s’arrange pour emmerder les autres opposants, en leur crachant des boules de colle. Deux autres sont totalement pris dedans. Simple. Par contre, les deux derniers, plus robustes, semblent très en colère. Trois sur cinq, c’est bien, cinq sur cinq, c’est mieux.

La Mitsuharu recule, de manière à laisser de l’espace à Yoru pour attaquer, avant de se précipiter sauvagement sur les deux types, pour les repousser, et finir par débouler sur les trois types englués pour les assommer. Avec une certaine violence, elle les fout tous dans les vapes, surtout le gros pas beau, qui ne manque pas de baver en tombant. Peut-être qu’il finira par dissiper la colle de cette manière ? À force, hein … Sait-on jamais. Tout est possible. Même les choses les plus immondes.

Une fois les deux autres types annihilés par les bons soins de Yoru, la brune vient à nouveau à ses côtés, sautillante. Elle a la patate, mais pour combien de temps ?

— Désormais, deux solutions : On se précipite jusqu’à l’île principale de l’archipel, ou alors on fait toutes les autres îles pour foutre en l’air les possibles nukenins présents. Le problème, c’est que de là, je ne peux pas savoir ce qui se trouve sur les îles alentour, et pister chaque personne à chaque fois me consommera beaucoup de chakra … Une idée ?

Eh bien oui. Dans le couple, Yuka représente la bourrine, celle qui frappe sans se soucier du reste – du moins, par moments – et Yoru, le cerveau. Il faut bien honorer leurs rôles respectifs. Surtout que là, à force, l’utilisation des cerveaux va s’avérer plus que nécessaire.

— Foncer sans plan ne nous sera pas bénéfique. On ne peut pas en créer un là en réfléchissant, cela leur donnerait du temps. Allons-y, on y pensera en chemin.

Les surprises les retarderont, mais ils y arriveront. Ce ne sont pas trente-huit petits elfes qui vont les gêner, certainement pas.

Guidé par la sensorialité de sa moitié, Yoru prit en chasse les cinq nukenins qui semaient la pagaille sur l'île sur laquelle ils se trouvaient. Le temps était compté pour le tandem de Kiri, et la mort des cinq déserteurs devaient être aussi rapide qu'efficace. Le Ryûzoji ne devait pas s'attarder à déblatérer des discours dissuasifs, ou bien à négocier des informations avec les évadés. Yoru n'était de toute manière pas de ce bord, et préférait l'action pure et dure à la conversation. Le seul souci n'était donc autre que le chakra. L'économiser serait capital pour la suite de la mission. Aussi lorsque le tandem fut confronté au quintet de criminels, le Lutin Cyclope fut bien surpris de voir que son aimée ne fit pas preuve d'autant d'avarice qu'il ne songeait à le faire. La kunoichi prit ainsi au piège les Nukenins dans un genre de mucus généré à partir de son chakra Suiton.

Le combat débute alors à toute allure, comme une véritable course contre la montre. La Mitsuharu se montre sans aucune pitié envers ses adversaires. Elle ne cherche pas à les comprendre, ni à les attendre. Elle sait pertinemment qu'elle n'a pas le droit de perdre du temps. De la même manière, elle sait que ces Nukenins ne sont qu'un frein à leur progression. Elle s'en prend donc à trois déserteurs du groupe, laissant par conséquent les deux autres en pâture au Sandaime Mizukage. Laissant transparaître un sourire carnassier sur ses lèvres, l'alérion de Kiri charge sur ses proies, et invoque dans chacune de ses mains un shuriken géant. Au dernier moment, feintant d'empaler tel un taureau ses ennemis, il recule d'un vif bond, et lance ses projectiles, attachés fermement à des câbles aqueux. Alors sur leurs gardes, prêts à réagir au corps à corps, les deux ennemis sont pris par surprise. Il ne suffit alors qu'un mouvement de main digne d'un marionnettiste pour que les deux étoiles d'acier s'enfoncent dans les hanches des renégats. Yoru n'eut plus qu'à achever ses proies en les ramenant à lui, tel un caméléon. Le premier Nukenin vit son cou brisé sous la dextérité démoniaque du Tsar de la Brume, tandis que le second fut mis à terre d'un coup de genou au ventre. Le sang coula, et l'affrontement vira bien vite à la victoire du côté des deux Kirijins. Il fallait maintenant élaborer un plan pour la suite à venir.

✗ Effectivement, ta sensorialité sera inefficace à ce stade-là. Le souci, c'est que pour agir, on doit savoir si le reste des Nukenins sont concentrés en un seul point auprès de Kin, ou bien sont dispersés dans les différents îles du sud de l'Archipel. Et pour ça, j'ai ma petite astuce.

Son regard se tourna vers le second Nukenin qu'il avait affronté, et laissé vivant. Yoru ne tuait pas sans raison; de la même manière, il n'épargnait pas ses ennemis sans aucune raison. Il souleva ainsi à une main sa cible, et plongeant une œillade diabolique dans le regard apeuré du malfrat, le fit souffrir davantage, afin qu'il soit plus coopératif. Sa main libre inocula au niveau de sa plaie une vapeur ardente qui accentua sa douleur. Il cria, hurla, en vain; personne ne l'entendrait, et ne pourrait venir à son secours. Calmant la douleur en stoppant sa torture, le Mizukage posa une ultime question au blessé, qui se solda par la réponse suivante : Kin avait rassemblé sa petite armée sur la plus grande île du Sud de Mizu no kuni, afin de saccager une par une chaque île. Le souhait de Yoru exaucée, ce dernier s'empara sans autorisation de l'arme de sa nymphe, et trancha sans plus attendre la gorge de son prisonnier.

✗ En route.

Il rendit ainsi son sabre à l'escrimeuse, et abandonna le corps fraichement meurtri du Nukenin à même le sol. Sur la route les menant à la grande île - passant de ce fait sur l'eau en utilisant des techniques ninjas - Yoru eut une idée plutôt ingénieuse. Elle permettrait aux deux jeunes gens de faciliter leur mission, tout en leur faisant gagner du temps.

✗ Histoire de gagner du temps, voilà ce que je te propose. Nous allons prendre l'apparence des Nukenins que nous avons rencontrés, et allons voir directement Kin. On pourra de cette manière leur raconter un bobard parfait pour notre mission : nous leur raconterons que les Kirijins que nous attentions ne sont finalement pas venus sur l'île, et ont escale à côté. De là, nous n'aurons plus qu'à conduire une poignée des hommes de Kin sur la dite île et les éliminer pour affaiblir notre cible tout en prenant connaissance de la position de celle de notre cible principale : Kin. Qu'en dis-tu ?

Après tout, bien qu'il soit Mizukage, il n'était macho : Yoru aimait laisser une part d'initiative, même infime, à sa moitié !

La violence ne se fait pas prier, et arrive à une vitesse surprenante. Yoru, en apparence si tendre avec Yuka, est en fait comme sa réputation l’indique : très violent. Brutal, sadique, il n’hésite pas à torturer ses adversaire pour obtenir ce qu’il désire d’eux et, évidemment, il ne leur laisse pas la vie sauve. Encore surprise de la scène qui vient de se produire sous ses yeux, la kunoichi ne sait pas trop où se placer. Elle qui a l’habitude de voir un Lutin tendre et agréable vient de voir un véritable monstre sanguinaire. D’une certaine manière, cela ne la dérange pas plus que ça, puisque … finalement, elle est pareille. C’est donc fascinée qu’elle le suit gentiment, découvrant une facette plus que plaisante chez son aimé. Un grand sourire naît sur ses lèvres, et elle range Suishô dans son fourreau, fière que son arme ait encore servi à enlever une nouvelle fois la vie. Guillerette, elle donne alors toute sa concentration à son ange, suivant le rythme de la course, tout en écoutant le plan. Vicieux, pernicieux, vil, mais tellement intéressant.

La brune hoche la tête, souriante. Oh, oui, une idée telle que celle-ci lui plaît au plus haut point. Certes, elle est pleine d’une certaine lâcheté, mais. Il faut voir le côté pratique de la chose. Yoru et Yuka sont au nombre de deux – comme si vous ne saviez pas compter. Eux sont encore trente-huit. En décimer une bonne dizaine, permettrait de pallier un peu, et de se servir de cela pour rebondir sur un nouveau carnage – ce qui ne déplaira ni à l’un, ni à l’autre. De ce fait, la kunoichi approuve automatiquement la proposition, et prend la forme du premier nukenin assommé, l’un des deux touchés par les bulles collantes. Se souvenant bien de ses traits, et surtout de tout ce qui est silhouette dans son ensemble, elle n’a aucun mal à faire une reproduction presque parfaite de ce dernier. Au passage, Yuka modifie aussi sa voix, de manière à ne pas se faire repérer. Un bonhomme qui parle avec une voix juvénile de fille, c’est pas très crédible, m’voyez.

Leur course les mène alors sur l’île au Sud, et la kunoichi prend les devants. Elle fait mine d’être essoufflée, simulant une véritable course folle suite à ce constat horrible, immonde, improbable !, auquel aucun d’eux ne s’attend. Ses yeux sont exorbités, et elle transpire. Ah, le théâtre. Tout un art, tout un art.

— Il y a un problème !

La Mitsuharu fait en sorte de s’exclamer suffisamment fort pour que le grand manitou décide de se montrer. Yuka jauge l’homme en approche, et capte qu’il s’agit en effet de Kin. Une puissance exceptionnelle émane de lui, et elle la ressent extrêmement bien. C’en est presque flippant. Cependant ! La brune fait au mieux pour garder son calme. Le vieux lui adresse un signe du menton pour qu’elle continue.

— Ils ne s’y trouvaient pas ! Nous avons fait fausse-route ! Ils ont fait escale sur une île à côté ! Nous les attendions au mauvais endroit !

Kin met une main sur son front, blasé. Ses informateurs seraient-ils aussi mauvais que cela ? Non, quand même pas … Ou alors … Oh, peut-être. Tout le monde n’a pas les mêmes informateurs que Kiri, après tout, haha. Oui bon, bref. Ce n’est pas l’heure des louanges. Le vieux finit par remuer sa peau, expliquant que dix hommes partiront avec le tandem, histoire de les intercepter et les réduire à néant. À douze, ça devrait suffire, pense-t-il. Intéressant … Très intéressant. Yuka hoche la tête et décide d’embarquer sans plus attendre pour aller zigouiller du méchant. Enfin. Les zigouiller eux, mais ça, personne ne le sait.

Les deux personnes tracent alors sur l’eau, et vont en direction de l’île en question. Il ne faut pas les rater ! Ah, ça, pour ne pas les rater … Haha ! Yuka s’arrête au milieu de l’île et les regarde tous un à un an, jaugeant toute l’assemblée. Ah, ils ont l’air extrêmement puissants, dis-donc. Tellement qu’elle s’en pisse dessus. Ça va être du gâteau. Bon appétit ! La kunoichi vérifie bien que personne ne les a suivis, vérifiant bien les alentours. Personne. Juste Yoru, elle, et ces idiots. Très bien.

Se rapprochant de son amoureux, Yuka lui indique qu’il est l’heure. Il est l’heure de faire le carnage ! Et cette fois, elle laisse l’honneur à Yoru, ayant commencé le dernier … ~

Yuka ayant approuvé le plan plutôt vicieux de son homme, chacun prit l'apparence d'un des Nukenins affrontés précédemment. Tandis que la Mitsuharu utilisa le Henge en utilisant la silhouette de sa première victime, le Tsar du Frimas choisit de prendre l'identité de sa dernière victime, celui qui avait vu sa gorge tranchée par le sabre diamantin de la kunoichi. Retrouvant l'usage factice de ses deux yeux le temps de la tromperie, il perdit également en taille et en poids. Une silhouette plus affinée, plus famélique surtout. Son regard vira au marron, tandis que ses cheveux noircirent. En possession de sa couverture éphémère, le Lutin Fou se toucha sa gorge, se souvenant de la violence avec laquelle celle de l'homme à qui il avait usurpé son identité avait été sectionnée. Il ne connaissait pas le nom du Nukenin, ni ses préférences, en définitive, il avait tout intérêt à rester dans le flou si on venait à le questionner.

Le tandem de Kirijins arriva plus tard sur la grande île où les attendait la bande restée sur place. Grâce aux talents sensoriels de la kunoichi, il ne fut guère difficile pour le duo de trouver la localisation précise des malfrats. Mieux encore, en sondant les réserves de chakra de chacun, l'escrimeuse put rapidement identifier le dénommé Kin. Le personnage ne payait pas de mine en apparence, pourtant, il fallait se méfier : depuis des années le criminel faisait de la résistance à Kiri. Il ne fallait par conséquent ne pas le sous-estimer. En retrait par rapport à sa moitié, Yoru laissa Yuka jouer la comédie pour faire tomber dans le panneau leurs ennemis. Écrasant un sourire satisfait derrière son masque de chair, le Ryûzoji fut content face à la performance théâtrale de la demoiselle : Kin avait mordu à l'hameçon, et avait décidé d'envoyer non pas moins de douze hommes sur place afin d'éradiquer la menace de Kiri. Ce qu'ils ne savaient pas, et ne sauraient peut-être jamais, c'était que la situation allait se retourner à leur insu : au lieu d'aller détruire l'ennemi, ils courraient aveuglément à leur propre perte.

✗ Beau jeu d'acteur, Yuka-hime. Avec ça ils vont se jeter droit dans la gueule du loup.

L'escadron de Nukenins fila alors vers le lieu indiqué par la Mitsuharu. Le combat s’annoncerait intéressant : cette fois ils seraient plus nombreux, le double exactement, que précédemment. En outre, le Cyclope et sa Belle possédaient un avantage sur cet affrontement inévitable : ils avaient l'effet de surprise, puisqu’ils s'étaient immiscés dans les rangs ennemis. Néanmoins, il ne suffisait pas de compter sur l'effet de surprise pour espérer gagner, et Yoru le savait. En marchant sur l'onde, il élaborait déjà mille et une ruses afin de réduire à néant les effectifs avec lesquels ils discutaient. Le temps passa, et petit à petit, le groupuscule pénétra progressivement vers le centre de l'île, dont la végétation luxuriante laissa place au final à une petite plaine. L'échéance approchait, et lorsque la Mitsuharu se rapprocha davantage du Ryûzoji, tout semblait indiquait que l'heure était venue. Un des déserteurs du groupe demanda à Yoru où se trouvaient précisément leurs proies. S'approchant du personnage en question, il prit le soin de se retrouver totalement face au reste de la bande, avant de faire émerger une flamme de vapeur dans sa main droite.

✗ Périssez de la main de Kiri ! Shinkunami no Obake !

La Vague du Lutin Pourpre éradiqua totalement le premier Nukenin, juste devant le jutsu. Il était totalement carbonisé, et l'acidité de l'assaut l'avait rongé jusqu'aux os. Il se tordit quelques instants de douleur, son sang s'évaporant comme une âme en peine, avant d'agoniser, assistant dans les bras de Thanatos au massacre des siens. La vague se diffusa alors sur le terrain, tel un poison pestilentiel et s'en prit aux adversaires du Borgne. La plupart fut touchée sans grand mal par l'attaque, et brûlée. D'autres eurent le temps d'esquiver, se protégeant derrière une barrière de pierre. Le combat avait enfin commencé, et pour le moment les Kirijins menaient la danse : en face, ils n'étaient plus que neuf, et la grande majorité étaient amochée. Le Sandaime Mizukage annula alors sa métamorphose, et invita l'Escrimeuse au sabre de diamant d'en faire de même.

✗ Je prends le brun à ma droite, lança-t-il à sa moitié par télépathie, chargeant son chakra dans tout son corps, je te laisse t'amuser avec le reste en attendant.

Le brun en question avait choisi de s'en prendre au Mizukage en lançant un dragon de feu sur ce dernier. Pour cette raison, le Borgne avait décidé d'occire ce déserteur en deuxième. Son chakra sonique dans sa main, il activa sa technique de la Fusée de Vapeur pour quintupler sa vélocité et contourner sans grand mal le reptile igné, et venir s'en prendre à son propriétaire. L'impact fut bref, violent, sanguinaire : la main du Cyclope avait traversé la poitrine du Nukenin, grâce au chakra Onkyôton, et était venu frapper le cœur. Tout s'était passé en un éclair : le brun tomba à terre, le regard vide, et s'écroula dans une petite marre de sang. Au même moment, ses collègues tentèrent de venger sa mort. Un kunaï coupa alors à l'épaule et à la joue le Ryûzoji. Le poing armé du Bruit Guerrier, il se relança dans la bataille, se souciant peu des blessures qui le couvriraient. Le Lutin Borgne était sur son terrain, et prendrait tout le temps qu'il lui conviendrait pour panser ses plaies avant de venir en découdre avec Kin.

Manipulation, ou comment plonger encore plus profondément dans le monde vicieux des shinobis. Ici, tout n’est que mensonge et dissimulation, personne ne sait où est le vrai, où est le faux. Les soldats de Kin en payeraient le prix fort. Dommage pour lui, il n’a pas su réfléchir. M’enfin, quand une sentinelle revient en alerte, expliquant que tout va mal … Il se peut que ce soit possible. Du bluff ? Oh, oui. Et dans tous les cas, de toutes les façons, il s’agit purement et simplement de bluff. Une belle grosse manipulation signée Yuka. Et celle-ci n’en a pas du tout honte.

Lorsque le combat débute, sur une action des plus violentes de la part de Yoru, la brune se met en position et se prépare à tous les réduire à néant, un par un. Le premier semble à l’agonie, s’écroulant par terre avant de mourir, sans avoir eu le temps de prononcer sa dernière volonté. Furax, tous se tournent vers le shinobi, qui s’occupe d’en tuer un autre par rancune. De là, tous se précipitent sur lui, et deux coups le touchent. L’hémoglobine perle de son visage. Yuka ferme les yeux et, quelques secondes après, révèle un nouvel atout. Sa vitesse, quintuplée, lui permet d’intercepter tous les coups des ninjas présents, qui tentent de détruire Yoru. Un bond, puis un autre, et ces pauvres créatures se retrouvent sous la pluie de la kunoichi. Le sabre dégainé, elle passe de l’un à l’autre, les tranchant avec beaucoup de précision. L’un d’entre eux, le dernier, parvient à éviter un premier coup, pensant que c’est fini. Se dirigeant vers le Mizukage, il ne se rend alors pas compte que la brune en a profité pour se retrouver dans son dos et le voilà réduit à néant. L’arme transperce son cœur, et ressort de l’autre côté. Violemment, la sabreuse retire son arme de son cadavre, et essuie les quelques gouttes de sang qui ont éclaboussé son visage. Les autres, simplement assommés, pas totalement morts, font alors l’expérience la plus douloureuse de leur vie. La dernière, d’ailleurs. Yuka transperce leurs viscères et remonte brutalement, laissant une plaie béante les mener au trépas.

Après ce joli carnage, la brune s’approche de son aimé et essuie le sang sur son visage avec son pouce. Un sourire attendri se pose sur ses lèvres, comme si rien de tout cela ne s’était déroulé. Un petit baiser, et la kunoichi est prête à repartir. Pour la suite, ce ne sera pas tout à fait un carnage, il faut être plus malin. Beaucoup plus rusé. Revenir avec d’autres corps en criant à l’embuscade créerait une redondance telle que la tête recherchée comprendrait d’office. Yuka réfléchit un instant, et se tourne vers son ange.

— Nous en étions à trente-huit, nous voilà désormais à vingt-huit. Ce n’est pas négligeable, mais il nous faut un autre plan. Revenir en vainqueurs nous mènerait automatiquement à la mort, nous serions brûlés vifs sous la haine de Kin. Comment faire alors … Mmh … Foncer dans le tas n’est pas une hypothèse valable, mais maintenant que nous connaissons le terrain, je crois que j’ai une idée …

La brune peaufine son plan dans sa tête, faisant attention aux détails, histoire de ne pas tomber dans son propre piège. Puis, un sourire carnassier illumine son visage. Plein de sadisme, il témoigne de la vacherie de son idée.

— Je te propose de les attirer avec mon corps, maculé de sang, échoué à l’opposé de leur campement. Ainsi, une portion viendrait surveiller, voir ce qui se passe. On les détruit, et on fait en sorte de revenir à la charge différemment. En prenant leurs apparences, peut-être. Il suffira alors de mentir encore une fois, et le tour sera joué. Cela nous permettra de les emmener encore ailleurs, en prétextant la reconnaissance, pour les buter. Pour le reste, on verra comment cela se passera. Les meurtres précédents nous donneront aussi une occasion, je pense. Qu’en dis-tu ?

Foisonnante d’idées, il n’empêche cependant que si son aimé a un plan plus plausible et meilleur que le sien, Yuka ne crachera pas dessus ! Le tout est de savoir comment s’y prendre pour les décimer petit à petit et n’en laisser qu’un. Tout le monde sait que les petites bestioles autour du boss sont toujours les plus chiantes à avoir. Tout le monde.

Un nouvel affrontement débutait entre Nukenins évadés et le tandem de Kiri. Cette fois-ci, il y avait plus d'enjeux, moins de contraintes pour le couple du Brouillard, mais plus d'ennemis en face. Ils étaient dix, puis huit, lorsque Yoru passa à l'attaque. Le premier fut occis avec une violente vague de vapeur acide dont il fut la première victime; le second fut quant à lui transpercé au cœur par une charge du Ryûzoji. Le Sandaime Mizukage ne faisait aucunement dans la dentelle, et pour cause : il n'aimait pas que des déserteurs s'amusent à souiller les terres de Mizu no kuni de leur présence. Leur place n'était autre qu'en prison, dans une cellule miteuse avec pour seul compagnon le poids des remords. Dorénavant au centre du groupe d'évadés, l'éborgné dut apprendre à se contorsionner pour éviter la salve de projectiles qui le menaçait. Il pouvait certes compter sur la Mitsuharu pour le combat, toutefois, avant qu'elle ne passe réellement à l'attaque, Yoru dut essuyer quelques tirs. Pour faire, pas le choix : le Cyclope réutilisa sa technique de la Fusée de Vapeur afin de s'assurer une certaine sécurité.

Par chance, Yuka avait activé elle aussi une technique lui permettant de quintupler sa célérité. Telle une démone, elle fusa alors sur le champ de bataille, terrassant les ennemis au sabre. Petit à petit, le Ryûzoji - qui faisait office de diversion pour la kunoichi - eut plus de facilité à esquiver les techniques adverses. Malgré son habilité, le Lutin dut quand même serrer les dents : un épieu de terre vint se loger dans sa jambe gauche, lui arrachant un bref cri de douleur. Néanmoins, aux yeux du Tsar, le jeu en valait la chandelle, puisque la Mitsuharu était parvenue à neutraliser à elle seule l'intégralité du reste du groupe. Après avoir étripé ses dernières proies, c'est donc une sadique escrimeuse qui revient aux côtés de son amoureux, l'embrassant avec une innocence presque effrayante. Rapidement, l'innocence laissa place à la réflexion, et Yuka proposa à son tour une suite à cette sanglante histoire. Le plan qu'elle évoqua paraissait plutôt bon pour le blondin, toutefois, ce dernier désirait ajouter sa touche personnelle, afin de s'assurer de la réussite de la mission.

✗ Le coup de l’appât me convient, toutefois, je dois avouer que quelque chose me chiffonne… Lorsque nous nous sommes fait passer pour deux des cinq nukenins que nous avons abattu, tout allait bien. Kin et ses hommes n'ont pas du prêter attention au fait que nous nous sommes faits porte-paroles du groupe. Je doute que nous puissions continuer ainsi d'abuser de la confiance de nos ennemis… il y aura bien un moment donné où notre ennemi va débusquer la supercherie. Qui plus est, à ce rythme, nous allons manquer de chakra contre Kin. Il va falloir être astucieux maintenant.

Replaçant une mèche de sa moitié, Yoru inhiba une expression de douleur. Sa blessure à la jambe lui lançait depuis qu'il s'était retiré le pic de pierre de sa cuisse. Mais ce n'était pas le moment de se plaindre : le tandem ne s'était pas encore frotté au plat de résistance, à savoir Kin.

✗ Enfin… je te laisse faire, je te fais confiance pour la suite. Néanmoins, quoique tu décides de faire, agis en prenant en considération mes remarques.

Il vint s'asseoir contre un rocher, afin de scruter sa blessure de plus près. Yoru désirait se poser quelques instants, avant de reprendre. Lorsque le tandem repartirait à l'assaut, ils n'auraient plus le droit de se poser avant longtemps; il fallait par conséquent profiter de ce dernier moment de répit. En attendant ainsi toute prise d'initiative de la part de l'escrimeuse, le Sandaime Mizukage chercha un rouleau de bandage dans sa sacoche, et enroula la partie de sa jambe blessée, prenant soin de bien désinfecter avant. Il aurait été bien dommage de partir au combat avec une septicémie sous le bras. En plus de devoir éliminer vingt-huit pourceaux, il n'avait pas tellement envie de se munir d'un fardeau supplémentaire avant d'affronter le dangereux Kin. Le criminel en question représentait une menace pour Mizu no kuni, et le Mizukage se devait d'être au meilleur de sa forme pour pouvoir l'éliminer. Toutefois, bien que confiant, le Lutin Fou doutait… leur équipe, bien qu'efficace, s'épuisait progressivement au fil des batailles. Parviendraient-ils à arriver jusqu'au bout avec l'énergie nécessaire pour en finir ? La réponse à cette question reposait entre les mains homicides de la Mitsuharu…

Le carnage, en soi, est un concept qui plaît à Yuka. Trancher des organes, arracher des têtes, entendre les hurlements des victimes ; tout ça semble un véritable concert à ses oreilles. Cependant, un carnage aussi grand la laisse perplexe. Il faut ruser, agir de manière à tous les réduire à néant en faisant attention aux réserves de chakra, et à l’état de l’équipe. En cela, la brune se sait en désavantage, n’ayant absolument pas l’habitude de compter. Généralement, ses carnages s’élèvent à une petite dizaine de quidams, sans plus. Sauf que cette fois, il s’agit de quarante-deux petits cochons, menés par un sanglier assoiffé de sang. Un sanglier puissant, qui plus est. À voir cela, même si la brune se sent prête à se battre jusqu’à son dernier souffle, elle hésite. Ses idées sont plutôt intéressantes, certes, mais … comme Yoru l’a si bien souligné, elles restent bancales. Manipuler le chef ne sera pas possible alors qu’ils ont déjà rusé ainsi si tôt auparavant. Il faudra faire preuve d’encore plus d’astuce. À cela, la sabreuse ne sait pas quoi répondre, ni comment réagir. Elle reste muette un instant, détournant le regard lorsqu’il replace une mèche de sa chevelure brune. Comment faire, alors ? Yuka hoche la tête quant à sa remarque, tendue, pensive. Que faire, que faire ? Là est la question. Et c’en est une bonne, de question.

Une fois que son ange est assis, à panser ses plaies, la kunoichi vient se poser également. Son regard se pose sur son sabre, le parcourant de haut en bas continuellement, pour chasser le doute. Comment faire ? Comment anéantir vingt-huit personnes sans se brûler les ailes au final ? Agir d’un seul coup, et tout détruire en une fois lui paraît plus qu’impossible. C’est là que la brune hésite. Et si cela était hors d’atteinte ? Et si elle n’avait pas la capacité de mener à bien cette mission aux côtés de sa moitié ? Sa tête se pose contre l’épaule de Yoru. Pour la première fois de sa vie avec son aimé, Yuka a peur. Elle craint l’inconnu, l’avenir. Elle ne sait pas ce qui peut s’y cacher, et hésite à vouloir le savoir. Tremblante, cachée dans une bulle protectrice, elle désire ne plus bouger. Sauf que cela n’est pas une option.

— Faisons le coup de l’appât pour le départ, nous agirons en conséquence par la suite. Mais il faudra bien y réfléchir pour ne pas être débusqués. Cela nous mettrait tous les deux en péril …

La kunoichi soupire. Mourir ne l’inquiète pas. Mener Yoru à la mort, par contre, est une toute autre histoire. S’il tombe, Yuka tombe avec, et ce n’est pas négociable. Hésitante, elle se redresse, se dégourdissant les jambes. Quelque chose de gros les attendent. En espérant que les shinobis qui viendront à leur rencontre seront assez nombreux pour que cela fasse un paquet sur les vingt-huit restants, mais qu’ils ne le soient pas trop pour éviter d’être surexposés. Cette mission, au final, en plus d’être d’un grand danger, semble être plus qu’intéressante sur le plan de l’expérience. Ils y gagneront aussi bien l’un, que l’autre. La sabreuse en est certaine.

Rangeant son sabre dans son fourreau, elle finit ses préparatifs mentaux. Le mensonge est une chose, le manier correctement en est une autre. Pour se redonner du courage, sans crier gare, Yuka se tourne vers son ange et dépose un baiser sur sa joue. « Nous y arriverons », finit-elle par murmurer. Elle n’en est pas certaine, mais le dire ainsi à son chéri lui permet d’apaiser ses nerfs et de se redonner du courage. Ils y arriveront. Il n’est pas question d’échouer.

— Allons-y.

La jônin se redresse et se tourne vers la nouvelle direction qu’ils devront prendre. Une fois parée, elle s’élance rapidement, contournant toute l’île pour s’y « échouer ». Durant la traversée, une petite idée sur le plan actuel germe dans son esprit.

— Le mieux serait que tu sois caché, tapi dans l’ombre de nos ennemis pour leur tomber dessus. Cela me donnerait le signal, et nous pourrons les détruire. Il faudra attendre que leur attention soit bien accaparée par mon corps abîmé, par contre … Mais pour ça, j’ai mon idée !

Une idée moins bancale, d’ailleurs.

Une fois le chemin parcouru, Yuka se transforme en une autre demoiselle, couverte de sang et d’ecchymoses. Ses vêtements sont déchirés, abîmés, réduits à l’état de véritables charpies. Elle s’étend sur le sol et pousse un long hurlement de douleur, avant de fermer les yeux. Il ne reste plus qu’à attendre l’arrivée des ninjas en question, désormais, histoire de voir leur nombre, leur composition. Elle pousse un petit soupir, et travaille sa respiration. Doucement, doucement … Presque masochiste, la brune en rajoute une couche en se traumatisant elle-même pour faire battre son cœur plus vite.

Pendant ce temps, l’équipe arrive. Ils sont au nombre de sept. C’est déjà ça. L’un d’eux s’approche rapidement de la brune – devenue blonde – et la prend dans ses bras, inquiets. Il lui pose alors les questions routinières. Deux d’entre eux viennent vers elle, suivant leur comparse, tandis que d’autres font le guet un peu plus loin. Trois rien que pour elle ? Quelle jolie attention. Elle ouvre doucement les yeux, dévoilant des prunelles violacées qui charment rapidement le bonhomme. Alors qu’il entame une technique de soin pour retaper ses blessures, Yuka s’approche de lui, passant ses bras autour de son cou. Les deux autres relâchent l’histoire, pour ne pas les « déranger ». Ni une, ni deux, elle lui brise la nuque et se redresse pour zigouiller les autres, son sabre dégainé. Elle se jette sur le premier.

Signal lancé. À Yoru de l’intercepter, et d’être vif, histoire de ne pas se faire repérer …

Bien qu'en proie au doute quant à la suite de sa mission, Yoru faisait confiance à sa compagne. Elle avait élaboré un petit stratagème pour abuser de la pitié de leurs proies, afin de les attirer dans la gueule du loup. Pour faire, elle comptait prendre la physionomie d'une Andromède enchainée par le sang au sol, ayant pour seul tissu un haillon déchiré par la houle. Sous cette apparence, l'escrimeuse à la flamberge cristalline comptait bien duper la vigilance de ses ennemis, afin de mieux les terrasser. Le plan paraissait au point, cependant, il suffisait que la poignée d'hommes tombant dans le panneau soit munie de capacités sensorielles pour que le plan tombe à l'eau. Le Ryûzoji se devait donc d'être embusqué à proximité de sa moitié en cas d'imprévu. Il approuva alors la décision de sa coéquipière, et la suivit jusqu'à la destination. Là, à proximité de la Mitsuharu, il resta dissimulé en contrebas de la côte, guettant de l'oreille le moindre bruit suspect. Ce serait là le signal pour intervenir, et occire les prisonniers évadés.

Calmant sa respiration, le démon du Frimas ferma les yeux, et se concentra en attendant le coup d'envoi. Sa confiance était telle qu'il savait que Yuka réussirait à mettre en application sa stratégie d'approche. Et ce fut le cas : après s'être installée, la demoiselle lança sa mise en scène, et parvint à charmer, tromper, et embobiner non pas moins de sept prisonniers. L'un fut plus particulièrement piégé, allant jusqu'à soigner les blessures de sa ravissante trouvaille au moyen d'un jutsu d'Eiseinin. Parfait. De cette façon, Kin voyait ses effectifs se réduire à bon rythme, tout en octroyant à la kunoichi une forme de pause. Pour autant, la demoiselle ne profita guère longtemps de cette comédie, et brisant la nuque de son sauveur, elle repartit immédiatement à l'assaut. Le craquement significatif des cervicales de sa victime fit office de signal pour l'intervention du Tsar berserk. Il sauta, et lança un premier kunaï qui se planta dans la jambe d'un adversaire, le forçant à se plier. Il n'eut alors plus qu'à lui assener un violent coup en joignant ses mains et en frappant sa tête pour l’assommer au sol. Malheureusement pour le pugiliste aux oreilles pointues son adversaire n'était pas si frêle, et d'une roulade, évita d'être mis d'emblée hors combat.

Le reste de la bande se mit alors en avant pour tenter de supprimer les deux Kirijins qui entravaient les sombres desseins de leur libérateur. Cette fois-ci, Yoru et Yuka n'avaient plus à faire au menu fretin : plus ils en tuaient, et plus les survivants étaient puissants, ce qui n'était pas pour déplaire au Ryûzoji, qui désirait encore et toujours en découdre avec plus fort. Un premier shinobi forma un puissant dragon de feu, dont les ailes érubescentes avaient pour objectif d'augmenter la portée, et accessoirement la force de frappe du projectile massif. Ni une ni deux, le Sandaime Mizukage fit usage du Kitai no Roketto afin d'éviter l'attaque, et au passage de dégainer son sabre pour entailler la cuisse d'un adversaire au passage. C'était sans compter sur la présence du prisonnier aux techniques médicales de tout à l'heure qui se chargea de soigner les blessés. Il y avait au total deux blessés, et afin que le médecin du groupe puisse panser les plaies de ses alliés, un quatrième shinobi se chargea d'ériger une défense, faisant apparaître sur le terrain un imposant mur d'airain qui assurerait la protection du triumvirat de malfrats. Il restait donc au final deux criminels, et ces derniers étaient imposants. Leurs visages avaient quelque chose de communs entre l'un et l'autre, comme deux frères. En effet, ces deux criminels étaient connus dans le sud de Mizu no kuni pour s'en être pris à des civils à l'aide de leurs jutsus. Leur répertoire de techniques, ils ne tardèrent pas à le dévoiler, lorsque simultanément, ils vinrent forer leur pouce au moyen de leurs canines, afin de collecter le sang. Quelques signes incantatoires, ce fut un sceau, puis un véritable monstre de foire qui apparut face au couple. Quatre pattes, trois têtes pour un seul corps, le Cerbère aux proportions monstrueuses exhalait une haleine fétide digne d'une créature extirpée directement des Enfers. L'animal se rua immédiatement sur Yoru, avec pour objectif de le déchiqueter avec ses trois paires de crocs, pour le démembrer, le décapiter, et se nourrir de sa charogne fraîche.

✗ À un monstre, opposons donc un autre monstre.

Le Mizukage composa à son tour une série de signes incantatoires, et annonça le long de sa technique, contemplant statique la venue dangereuse de l'invocation, dont la bave abondante au bord de ses lippes témoignait de son appétit.

✗ Sōtō no Shūtai !

Du sol émergea quelques piliers de vapeur, et dans un bruit sourd, se forma de ces mêmes colonnes une créature à la physionomie spectrale. Elle était composée d'une tête de moins que son homologue infernal, mais sa constitution vaporeuse ne faisait que rendre l'abomination bicéphale plus dangereuse encore. Ainsi, lorsque le Cerbère tenta d'imposer ses crocs à portée de la carotide fictive de l'Orthos de Vapeur de Yoru, ce dernier exprima un violent cri de douleur lorsqu'il put sentir ses dents se heurter à une vapeur corrosive. L'émail se pliait sous la tyrannie du pelage infernal de la technique de Yoru. Ainsi, lors de la riposte, l'Abomination acheva très rapidement l'invocation des deux frères, au moyen de ses griffes et de ses crocs semant la putréfaction. Au même moment, Yoru profitait de la diversion occasionné par son familier de vapeur pour attaquer. De sa paume partait un orbe de vapeur condensé, donnant des airs de vulgaire boule d'eau pressurisé. L'avantage de cet autre technique du manipulateur d'eau à l'état gazeux, c'est qu'il obéissait tout comme l'Abomination à la volonté de son créateur. Ainsi, aussi solide puisse être la muraille de fer du prisonnier, elle ne pouvait se mouvoir, et empêcher le projectile caustique de la contourner, pour exploser, et emporter les blessés, ainsi que le médecin. L'un d'eux se retrouva grièvement touché, au point de s'évanouir avec la peau brûlée et ensanglantée. Les deux autres, la Mitsuharu les éliminerait en un rien de temps. L'affaire réglée, il ne restait plus qu'à Yuka de s'occuper des restants aux côtés de sa moitié pour que Kin puisse de nouveau compter ses abattis. Seul souci : la lucidité d'un des évadés, plus précisément l'un des deux frères ayant fait appel au fauve tricéphale. Comprenant qu'il ne ferait pas le poids face au Mizukage et sa compagne, il se sentit investi d'une unique mission : fuir, et apporter la nouvelle de la venue des deux Kirijins à proximité du Maître des Hérissons. Tandis que l'homme au Kinton détruisit l'Abomination à l'aide d'une technique Suiton, et que l'un des deux frères appela un autre monstre dans sa réserve, l'autre frère prit la fuite, dans l'intention de pouvoir faire son rapport d'urgence à Kin, compromettant de facto la réussite de la mission du tandem de la Brume.

✗ Yuka, rattrape-le, autrement on est mal ! Je m'occupe des autres, fait vite !

L'homme prenait petit à petit de l'avance, et s'éloignait progressivement du danger, de la mort, de ses camarades. Cependant, il ne devait pas sous-estimer la ténacité de ses adversaires. L’Inquisitrice au Flocon Rouge trônait fièrement au sein de la section de Traque, sous le sobriquet de Tsume. Cette appellation de Griffe n'était pas anodine : telle l'arme naturelle du prédateur, le membre de la Tsume a pour crédo d'éliminer sa proie dès qu'elle le prend en chasse. La Mitsuharu ne risquait pas de faire office d'exception, bien au contraire : elle ferait preuve de son appartenance secrète à l'unité d'espionnage de la Brume en un rien de temps.

La douceur de son sourire, la chaleur de ses étreintes. Le contact agréable de sa main qui se balade sur sa peau. L’envoûtement ressenti sous ses baisers qui s’échouent sur ses joues, ou sur ses lèvres. La tendresse de sa voix, la beauté de ses yeux. Tout cela, balayé d’un revers de la main par la folie. Lorsque Yuka pose ses prunelles sur son aimé, elle parvient à voir cette délicieuse réalité qui n’appartient qu’à elle. Pourtant, la scène qui se déroule sous ses yeux semble renier en bloc tout l’aspect candide de Yoru. Cela semble presque illusoire à côté de toute la violence dont il fait preuve. La kunoichi est toujours un peu surprise par la haine qui émane de leurs deux êtres lorsque la bataille débute. Ils ne deviennent que deux monstres, liés par un amour parfait, mais aussi liés jusque dans l’adversité et la brutalité. Ils luttent, envers et contre tous, n’ayant aucune crainte quant à l’issue du combat qui se déroulera. Quoique. Cette fois-ci, derrière leurs masques enjoués d’enfants amoureux, se dessine un sourire nerveux, une mimique apeurée, douteuse. Ils craignent ce qui risque d’arriver, ils craignent l’issue. Pour la première fois depuis longtemps, Yuka ne sait pas si elle réussira. Tout semble ne tenir qu’à un fil, sur lequel ils marchent prudemment, dans leur numéro de funambule. Si jusque-là ils maîtrisaient totalement, l’arrivée des caillasses les ont largement ralenti.

La brune serre alors les poings. Intérieurement, elle mène une guerre sans fin contre ses propres songes. Mais extérieurement, elle est passive. Son aimé se démène contre les envahisseurs. Ils ne survivront pas bien longtemps sous la couverture de sociopathe qui le recouvre. Il enchaîne les adversaires, les anéantit comme on écraserait une mouche. Yuka prend sa respiration. Trois d’entre eux sont sévèrement amochés, mais pas morts pour autant. Un grand sourire sadique naît sur ses lèvres. Si elle l’a regardé sans se manifester pendant cette démonstration, elle ne restera pas immobile bien longtemps. Elle se redresse et marche jusqu’aux hommes. Ils sont en sang, à gésir face contre terre, priant pour leur salut. La marche de la kunoichi est longue, comme celle du bourreau qui vient couper la tête de son condamné. Elle s’arrête, puis brandit Suishô qui fend l’air.

Ses mouvements s’accélèrent d’un seul coup. Elle embroche un, puis deux, puis trois hommes. Ces derniers retombent, cette fois raides morts. Et le tout continue de gagner en vitesse. Yoru donne l’ordre à Yuka de rattraper le fuyard qui pense avoir une solution à son calvaire. Son sourire se fait plus carnassier. Sans un mot, la sabreuse s’élance à la poursuite de sa proie. Le prédateur en elle s’est éveillé, et est … affamé. Il veut que le sang ruisselle, tache ses vêtements. Il veut sentir l’odeur de l’hémoglobine qui perle et s’échappe de tous ceux qui le méritent. Yuka réprime un frisson, et accélère. Le fugitif ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir. Elle concentre son chakra fûton dans ses pieds pour se donner un semblant de vitesse en plus, ce qui lui permet de le rattraper en un rien de temps.

Il est là, l’air perdu, avec ses yeux de brebis, qui implorent la tueuse de le laisser partir. Le ris de cette dernière lui indique pourtant que plus personne ne viendra le sauver, pas même les anges qui lui ont promis une vie longue, et une mort douce. Bah, peut-être l’obtiendra-t-il, son trépas sans douleur. Mais on ne meurt qu’une fois, autant profiter de cet instant pour se remémorer toute une vie et se dire qu’on a gravement merdé, non ? La brune brandit son sabre et lui plante dans la main. Le voilà coincé contre l’arbre, presque foutu. Ils sont désormais à mi-chemin, non-loin du rassemblement de Kin. De ce fait, s’il hurle, ce sera grillé pour Yuka et Yoru. Hors de question de laisser cela arriver. Alors … Autant l’en empêcher, non ? Yuka se saisit d’un chiffon dans sa sacoche et l’enfourne dans la bouche du jeune homme, avant de faire un nœud au niveau de sa nuque. Il remue les lèvres, marmonne des choses incompréhensibles.

La brune parcourt son corps du regard, intriguée. Alors, par où commencer ? Se saisissant d’un kunai, elle plante au premier endroit qui bouge : La jambe. Ce dernier a voulu riposter, en lui assénant un bon coup au travers de la figure. Malheureusement, à cause de ça, il vient de perdre sa mobilité. Yuka penche la tête, affichant un faux air de compassion. Le monstre est définitivement éveillé. Les prunelles de la victime sortent presque de leurs orbites, avant de redevenir normales. La kunoichi soupire. Il n’est décidément pas drôle. Au bout de quelques minutes, il sera mort, et il ne l’aura même pas amusé. Boarf. Y en a encore d’autres qui les attendent. Combien, déjà ? Ah, oui. Vingt-et-un. Vingt, sans compter Kin. Yuka hausse les épaules. Encore vingt possibilités de s’amuser ! Alors lui, bah …

Schlak. Il tombe simplement, le corps lourd. Son sang se répand sur le sol dans une mare très plaisante aux yeux de la kunoichi. Elle sourit, d’un sourire amusé, ravi. Son aimé revient peu de temps après, taché de part et d’autre du liquide vital de ses ennemis. Yuka vient l’enlacer, dans un élan de tendresse. Elle le serre contre elle et, comme pour se rassurer, sans totalement y croire, la brune finit par dire :

— On y arrivera, va. On sortira vainqueurs de cette mission. Peu importe le nombre de personnes qu’il reste à tuer.

Son sadisme redescend aussi vite, tandis que son âme d’amoureuse revient au galop. La sabreuse ferme les yeux, exhale un petit soupir, puis relâche son chéri. Il est magnifique. Monstrueux, violent, sadique, peu importe l’adjectif, Yoru est et restera toujours la plus belle créature de ce monde. Après un tout petit laps de temps à le contempler, elle penche la tête, puis repart sur une bonne base.

— Et maintenant mon ange, comment on s’y prend ?

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La loi, c'est nous. [Yoru — Rang S.]

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