"Un verre"

 - Prologue -

Étrange personne qui se jouait devant  elle, perplexe Hana ne savait pas trop quoi en penser, ni d’où lui venait cette aura haineuse qu’elle percevait. Le sourire en coin, néanmoins, elle devinait très vite avec sa réponse que ses remarques déplaisaient, certes, mais mal faire c’était s’exposé à la critique et les bonnes faisaient avancés, évoluer et s’améliorer. Pourtant, la belle ne faisait aucune remarque de plus à ce sujet, non elle n‘était pas là pour le faire se braquer, loin de là, l’assistance de la petite Phénix la soulageait dans sa tâche, ainsi, elle obtenait ce qu’elle voulait, l’enfant restait pour l’heure chez elle, mais pas le colosse. Un petit moment de répit dans cette vie mouvementée pour l’enfant, curieusement, en l’observant face à la réaction de son mentor, Hana ne pouvait s’empêcher de voir à quel point son départ troublé affectait l’enfant. C’était donc déjà un grand attachement qui lié ces deux-là, sur ce point, la brune n’en avait aucun doute, quel que soit la façon, ils avaient s’en doute bien su se trouver, mais ce n’était pas pour autant qu’elle allait cesser sa zizanie, bien au contraire…

-Bien, bien et sois à l’heure ce soir quand tu viendras nous chercher !

Curieux, la brune s’attendait à ce qu’il râle, peut-être ne l’avait-il pas entendu, tant mieux ? Jetant un œil vers Phénix, il lui fallait alors jeter un mot à son intention, pour qu’elle ne s’inquiète pas…

-Bien, nous voilà entres filles, le reste de la journée va être serein ainsi… Ne t’en fais pas, on va retrouver Goren bien vite !

Sur cette affirmation, elle lui tapotait la tête tout en l’entrainant vers l’intérieur, la première pièce, la plus grande  si on veut, était composée d’un coin cuisine et d’un coin détente salon, la veinarde vivant sur un toit disposait alors d’un  immense balcon donnant vu sur Suna, chose qui n’échappait pas à Phénix. La vision de la citée vu d’en haut semblait lui plaire, après la courte découverte, la belle continuait la visite par la chambre aux fenêtres irrémédiable ouvertes, Hana détestait être enfermée, d’où le choix de ce logement. Là, la gamine s’amusait de l’aspect cabane avec juste la place pour le sofa faisant office de lit, l’étroite commode-coiffeuse et l’armoire haute mais compact de la pièce. La Ketsueki avait prévenu, ce n’était pas le grand luxe, mais il y avait le confort, d’ailleurs, cette pièce elle ne la fréquentait que pour se préparer, préférant de loin dormir sur le balcon en s’écroulant sur sa pile de coussins...

Détail qu’elle partageait avec Phénix avant de passer à la salle d’eau.  Cette salle en dernier n’était pas le choix du hasard, par chance, la brune disposait d’une baignoire, luxe rare à Suna, comment se trouvait-elle là ? Simple, la brune avait modifié la douche base et lui rajoutant des rebords qu’elle avait carrelé. Oui, la demoiselle était agile de ses mains en plusieurs points et le système D la connaissait bien. C’était sans surprise qu’elle découvrait que la môme voulait patauger dans l’eau, pourquoi pas, elle allait d’ailleurs même lui proposer, laissant la petite demoiselle à sa besogne, Hana pouvait ainsi retourner aux siennes. Preuve encore que la présence d’un tiers chez elle ne la gênait pas plus que cela. Au bout d’une bonne d’heure quasiment, elle s’inquiétait tout de même de ce que faisait Phénix et là encore, c’était rassurée qu’elle la découvrait s’adonner aux occupations d’une petite fille de son âge, enfin, l’état de sa chambre et ses affaires mit en vrac lui annonçait des heures de rangements, mais qu’importe, la scène ne la faisait que rire au final…

-Hum… Pour ce qui est de mes babioles d’accessoires je t’en prie pare t’en autant que tu veux, en revanche ! Je ne suis pas sûre que tu es l’âge pour le maquillage et pour les affaires… Hum je suppose qu’il y a moyen d’arranger ça avec une aiguille, des ciseaux et un peu de fils…

Une curieuse sensation de déjà vu la prenait alors, mais cette fois les rôles c’étaient inversés, la gamine, ce n’était plus elle et comme l’histoire lui semblait belle, elle ne se gênait pas pour la répéter. Comme l’avait fait sa mentor des années avant avec elle, mais tout cela, à quelques détails près, ignorant ainsi pour elle les détails sombres, du moins, elle le lui souhaitait. Et tandis que ces dames s’amusaient à leur occupations féminines la nuit tombait enfin, du moins, le commençait, c’était surpris que ses voisins découvraient alors une Hana accompagnait de sa miniature enfantine, d’un salut gracieux comme toujours, elle ne se gênait pas pour les expédier avec tact.

-Bon, Goren risque de râler, je vous emmène dans une auberge, certes il pourra boire, mais non ça ne ressemble pas à vos coins mal famés, d’ailleurs, une petite fille n’a rien à faire dans les bars ! Rappelle-le lui bien Phénix !

Curieusement le temps passait sans l’ombre de Goren… En retard ou avait-il oublié… ?

Tandis que les dames étaient installées à leur table, monsieur comme toujours se faisait attendre, sans grande surprise la Ketsueki s’impatientait même plus quand elle le voyait arriver, rustre et bruyant pour ne pas changer…  Et tandis que la fleur délicate avait fait une arrivée remarquée en douceur accompagnée de la petite fille, la brute, enfin le colosse quant à lui en faisait une toute aussi remarquable  par sa brutalité… Soupirant, elle observait sa victime s’enfuir en courant avant que ce dernier ne vient briser le mobilier et tandis qu’il l’hognait sur la chaise d’un autre client, par chance c’était Phénix qui intervenait… Après qu’il eut usé de sa grosse voix, la brune prenait enfin la parole d’un ton doux et las à la fois…

-Veux-tu bien commander un dîner en passant ? Je ne compte pas me nourrir d’alcool, pour cause je n’en bois quasiment pas.

D’un geste, elle conviait alors le serveur apeuré à s’approcher, qui machinalement se glissait du côté d’Hana pour éviter  Goren, amusée par la scène, elle commandait son plat et inviter Phénix à en faire de même puis Goren…  Tandis que le serveur s’éloignait bien vite, elle observait la scène sans le cacher, celle que jouait Goren et Phénix, amusée elle affichait un sourire satisfait avant de déclarer…

-Tu as de la chance Goren, on est rarement aussi aimer dans une vie, je t’envie sur ce point-là, on se sent moins seul quand on a quelqu’un qui tient à nous et à qui tenir….

Marquant le point, elle laissait échapper un rire avant de changer le sujet pour éviter que le colosse ne s’énerve trop en public…

-Nous avons passées une belle journée toutes les deux, n’est-ce pas Phénix ? N’hésite pas à me la confier plus souvent Goren…

À peine avait-elle le temps de dire cela, qu’un baril se faisait rouler jusqu’à leur table sous le regard ébahit de la salle, forcément, pas gênée par le regard des autres, la brune ne s’en souciait pas tandis qu’elle commençait son entrée…

-Bon alors, tu as réfléchi à ma proposition ? Certes, je peux sembler suspecte par ma gentillesse, mais mon côté fourbe n’a pas lieu de s’abattre sur vous rassure toi. En outre, ce n’est pas par bonté, c’est par pure égoïsme, je te l’ai déjà dit, j’ai horreur de rester seule, je m’arrange toujours pour trouver de la compagnie.

Jamais la brune ne mentait, question de principes, alors oui, toute sa misérable existence elle avait cherché de la compagnie, aussi bonne que mauvaise tant que le glas de la solitude ne frappait pas à sa porte. Pourtant, toute sa vie elle était resté au final toute seule et étrangement elle n’en comprenais pas la cause, tout ceux qui étaient un jour près d’elle finissaient par s’envoler au loin, même ceux à qui elle s’attachait le plus. Cela n’avait plus rien de surprenant, c’était devenu simplement une rutine agaçante, la joie de la chaleur humaine n’était pas pour elle, peut-être était-ce une punition des dieux auxquels elle croyait, allez savoir…

Encore avec son côté méfiant ? Décidément, le colosse n’avait pas fini de montrer les crocs vis à vis d’Hana, enfin sa méfiance était légitime et ses menaces, la brune passait outre sans s’en préoccuper, elle avait déjà connu des bêtes plus farouches qu’elle avait su amadoué… Pourquoi  au juste ? Elle ne le savait pas vraiment, c’était une fâcheuse manie qu’elle avait à vouloir sauver le monde autour d’elle, faute de savoir comment se sauver elle-même. Certains découvraient en elle un être gentille, d’autres une folle, un danger ou une fine manipulatrice. Pourtant à l’imagine d’une enfant, Hana était facile à comprendre, elle suivait ses envies sans réfléchir aux conséquences de ses choix ou de ses actes, elle devait ensuite subir les retomber, mais jamais, non jamais elle ne regrettait cette façon de penser hors du monde réel. Elle aimait vivre dans sa bulle, son monde et y voir parfois des âmes défilés, certaines y restaient  à jamais, tandis que d’autres n’étaient que des anges de passage la laissant seule dans son décor après leur passage. Qu’importe, malgré tout elle savait toujours trouver du courage pour recommencer, qu’importe combien de fois elle s’était trompé en tendant la main, combien de fois c’était une baffe qu’elle avait pris, la leçon ne lui était pas acquise et jamais elle n’allait l’être surement, puisqu’elle ne voulait qu’elle le soit. Alors face à la réaction de Goren, simplement, elle répondait souriante et avec un ton gracieux.

-Rassure toi je t’ai déjà dit ce que je veux, de la compagnie rien de plus, ma plus grande faiblesse est mon incapacité à rester seule, c’est aussi simple que ça. Mais si un jour l’envie de prendre ma vie te vient, sache que je ne me gênerais pas non plus à te priver de la tienne…  La vie est un don des Dieux, le seul qui en mérite une autre pour être préservé… Bon appétit.

Non pas de méchanceté dans ses paroles, juste elle exprimait sa façon de penser et tandis que les deux mangeaient de la viande, la brune végétarienne dégustait une salade, affichant un sourire niais, elle était heureuse sans trop savoir pourquoi, enfin si, l’espace d’un dîner elle avait l’illusion d’être en « famille » comme au bon vieux temps, comme quand ceux qui la chérissaient étaient toujours de ce monde.  Alors oui, elle levait son verre de rouge sans mal à « leur  santé». Et curieusement le dîner se faisait sans encombre, comme une musique retentissait alors, elle confisquait la présence de Phénix sur les genoux de Goren pour l’inviter à un jeu qu’elle connaissait bien, la danse.

-Tu sais danser Phénix, c’est facile il faut se laisser porter par ses envies…

Et ça la faisait rire, tandis qu’elles tournaient et tourner encore et encore sans fin, allez savoir pourquoi ou comment, mais elle s’était attachée à cette gamine qui semblait n’être nulle autre qu’elle-même… Et quand enfin elles se stoppaient c’était pour repartir de plus belle. Seulement voilà, toutes les bonnes choses avaient une fin…

-L’a… a… addition monsieur…  

Voilà qui n’avait pas été avisé du serveur, pour rattraper le coup la brune lui faisait un signe.

-C’est moi qui offre, voici et apportez nous un autre baril s’il vous plait et nous prendrons aussi un désert, nous n’avons pas fini c’est soir de fête, n’est-ce pas Miss Phénix ?!

-Très ... très bien...

Qu'importe la note, la brune était d'humeur festive, au point même...

-Tu veux danser aussi Goren?

Petite soirée charmante faite de rires, oui beaucoup de rires… Soirée rare donc pour la brune, car cette fois les sourires et l’amusement était sincère, pas forcé le moins du monde, elle s’amusait et cela comme une petite folle, d’ailleurs elle n’était pas la seule, Phénix semblait conquise, Goren c’était moins sûr, quoi que. Par chance une fée l’amenait dans cette direction, cette enfant avait quelque chose de magique, probablement ce qui plaisait autant à Hana, un rayon de soleil même dans le nuit noir, jamais à se plaindre, jamais à abandonner ou amère, elle lui rappelait quelqu’un, elle lui rappelait elle. Et qui mieux que la brune savait la rareté de pareille personne, elle les avait cherché si longtemps et maintenant qu’elle n’était plus la seule,  rassurant non ?

En revanche… Un colosse qui maitrisait un art aussi doux et soigneux que le chant… Sur le coup la brune était restée perplexe, mais le doute s’esquivait vite à l’écoute du son après une scène qui ne la faisait finalement que rire. En temps normal, elle lui aurait fait la leçon vu comment il traitait ce pauvre pianiste, mais la musique adoucissant les mœurs, on allait pouvoir simplement faire comme si rien n’était et le contraste entre la façon d’être de Goren et la musique qui retentissait avait un côté attendrissant. Oui, oui, c’était bien ça, car la voix était belle comme le chant et elle se couplait bien à ce qui animait les oreilles, d’un autre côté c’était à voir, très drôle et soudain la brune s’imaginait bien qu’ils pourraient étriper le premier qui n’allait pas lui faire une ovation à la fin. Voilà probablement pourquoi elle n’arrivait pas à étouffer son rire à la fin de la chanson, rien à dire, c’était magique et tapant dans ses mains, elle réclamait la suite.  Et voilà toutes les bonnes choses avaient une fin la soirée se finissait la bonne humeur devait-elle partir pour autant… ?

-Et bien, tu sais bien cacher ton jeu ténor, tu fais ça souvent, je veux dire chanter… ?

Eh bien oui, la brune est une enfant curieuse et le point lui semblait intéressant, la note réglée, l’heure dans la nuit était avancée, restait à savoir la suite, s’il y en avait une ma foi… Si tard, une petite fille devrait dormir, mais Hana n’espérait plus ce genre de logique.

-J’ai passé une très bonne soirée, je vous remercie vous deux, il faudra faire ça souvent. Et maintenant vous comptez faire quoi ? Rentrez chez vous ou je vous vole encore un peu de votre temps… ? D’ailleurs, tu ne m’as toujours pas dit où vous vivez Goren.

Effectivement, elle n’avait toujours pas son information…

Plus ça défilait et plus elle découvrait  la vie atypique de ces deux-là, mon dieu ! Enfin ses dieux, venaient de grâce lui soufflait une patience de fer pour ne pas criser… Car non, elle n’aimait pas ça et donc elle passait  outre les excès de conduites de son charmant invité tout en plaquant sa main sur mon visage entre deux rires. Quelle équipe… Et ses surprises n’en finissaient pas, bien au contraire, la première était bonne, l’existence d’un « Papi Goren », d’expérience elle  savait que les grands-pères étaient magiques, pour cause, le mien l’avait élevé jusqu’à sa mort, elle  l’adorait, sa fleur lui venait d’ailleurs de lui en hommage à sa mémoire à jamais.

-Un Papi Goren… ? Voilà qui est intéressant… la prochaine nous pourrions l’emmener avec nous !

Pas autant que la suite en tout cas, le géant éludait sa question, mais cela en vain grâce à la gamine qui répondait elle du tac-au-tac. Trop tôt pour dormir hein ? Il voulait dire, mieux vaut ne pas répondre à la question, car sur sa lancée la môme balançait tout et si c’était la tête de la petite que le colosse avait voulu arraché, c’était maintenant la sienne que la brune avait envie de couper…

-Une prison… Mais qu’est-ce tu vas faire dans une prison pour dormir…

Ah cette question aussi c’était Phénix qui s’en chargeait, encore une fois la brune tapotait son visage délicatement pour ne pas s’énerver et ce jusqu’à la question SM d’une gamine de six ans…

-Maso… Quelqu’un de maso aime qu’on le frappe et prend du plaisir à avoir mal. Le sado est mieux pour l’art du combat, c’est ceux qui font mal avec le fouet, tu vois comme ça !

Et paf ! Un coup de fouet sanglant dans la gueule du titan. Quoi, il aimait ça non ?  Ah moins que cela ne soit qui aimait les donner, mais là, la brune s’en fichait, sa biffe, il l’avait bien cherché ! …

-A l’occasion Phénix, je t’apprendrais à faire un fouet avec de l’eau  si par chance tu as cette affinité. Tu pourras ainsi corriger cette grosse cervelle vide… Goren… Une prison franchement… Et tes trucs devant les petites ! Tu es vraiment un cas désespéré, ça va pas bien la tête ! Non, non, vraiment, laisse là chez moi le soir, ça vaut mieux que lui montrait des délires comme ça. De plus, tu seras plus libre, tu devrais être content.

Presque là son handicape était une chance, elle ne pouvait pas voir ce qui se tramait devant elle et c’était tant mieux… Une énième fois, la brune plaquait sa main sur son visage avant de déclarer…

-Bref ! Passons… N’oubliez pas que vous êtes mes invités favoris hein… N’hésitez pas à passer et pour le coup et bien à cette heure-ci reste la solution de la promenade à moins que certain ai mieux à proposer, autre qu’un rendez-vous masochiste…