L’errance sait donner un doux sentiment de liberté, mais il n’en reste pas moins une illusion et la brune de notre histoire ne le savait que trop bien. Toute sa vie elle l’avait vécue bercé par cette dernière, toute son existence elle s’en contentait pour garder sur ses lèvres un sourire joyeux, garder dans son cœur un sentiment de bonheur, aussi illusoire puisse-t-il être. Car oui, pour elle, une vie triste ne vivait pas d’être vécue et comme la vie était pour elle un cadeau des cieux, elle avait pour habitude de ne se concentrer que sur le meilleur, voyant un bon côté dans tous les aspects noirs de son quotidien, son passé et son probable avenir.  Elle se voyait continuer à vivre en nomade, gagnant son pain pour divers moyens, pas tous forcément très saints…

Jusque-là la môme encore  toute fraiche jeune fille,  avait été accompagnée d’une mentore lui ayant appris par mille façons à utiliser les moyens à sa disposition, qu’ils soient matériels, physiques ou spirituels. La filoute lui avait enseigné un aspect de la vie intéressé, dont le seul but était la survie à tout prix, malheureusement, le confort était aussi un luxe auquel on s’habituait que trop vite et pour le conserver, le seul recourt restait encore le sens du sacrifice. Voilà qui tombait bien, car la brune déjà n’avait rien d’une fille matérialiste, quant à son corps, il n’était pour elle que l’instrument de son âme, ainsi son « emploi » partiel ne lui posait jamais de remords ou d’état d’âme.  Elle vivait dans sa bulle, dans un autre monde qui n’hésitait que dans sa tête, avec une vision floutée que lui avait créée pour « l’utiliser » et malgré le fait qu’elle en avait conscience, elle préférait continuer à feindre l’ignorance.  

Ainsi non, Hana n’avait pas compris pourquoi, pourquoi celle qui l’avait trainée et utilisée jusque-là, l’avait si soudainement abandonnée sans crier gare. Elle avait pourtant été toujours docile, jamais ne s’était plainte, toujours elle avait été soumise et obéissante, pourtant, ce matin-là dans cette auberge à la nuit prêt-payer, on l’avait laissée sur place, comme une vieille valise ne servant plus.  Avec pour seule explication, une note griffonnée en forme de mot d’adieu : « Fais ta vie Hana, nous avons eu de bons moments, mais c’est fini, jamais plus je ne reviendrais. ».  Accompagnée de la note, la femme l’ayant laissé avait fait don d’une poignée de ryos, tout juste assez pour un repas, dire que c’était les mêmes ryos qu’elle avait gagné par le travail d’Hana… Ne reviendrait-elle plus jamais ? Où était-elle simplement fâchée ?...

Face à l’interrogation, elle errait dans un lieu inconnu, aveuglément elle l’avait toujours suivi sans poser de questions, la tête dans les nuages elle n’avait jamais accordé d’importance à ce qui l’entourait, soudainement, c’était comme si elle découvrait le monde et ce dernier était loin d’être accueillant.  Non, elle ne voulait pas quitter le lieu, non elle ne voulait pas d’une nouvelle vie, oui, elle voulait juste l’attendre, persuadée de ne pas pouvoir continuer à respirer dans ce monde sans « elle » pour l’assister dans sa quête d’air.  Dans cette optique, elle tentait de chercher une négociation possible pour conserver  sa chambre et accessoirement gagner un semblant de ryos, pour ce dernier point, elle avait bien une solution facile, mais son courage lui manquait soudain cruellement.  Après une brève discussion où elle trouvait le moyen de pouvoir régler sa note en fin de semaine, elle apercevait une autre âme entrait dans le lieu, un jeune homme à la crinière dorée par le soleil de la pièce. Hum, un signe des cieux répondant à son appel ?

-Ohayo, tu vas prendre une chambre ici toi aussi ? J’en ai une justement, une chambre qui peut faire double que je voudrais conserver, que dirais-tu de partager les frais en partageant cette dernière ? Je ne serais quasiment jamais là de nuit, je ne te gênerais pas tu vois, c’est une bonne affaire !

Oui, le tact et la maîtrise des mots et des négociations ne la connaissaient pas encore… Quoi qu'il en soit, qui ne tentait jamais rien, n'obtenait jamais rien n'est-ce pas? Repensant à ça, la brune s'armait d'un doux sourire avant de tendre sa main en guise de présentation tout en dévoilant son sobriquet, qui répondait au nom de ...

- Moi c'est Hana ! Enchantée !

Deux semaines. Aujourd'hui, cela faisait exactement deux semaines que Shion s'était retrouvé seul, errant par-ci par-là dans le but de trouver un village à habiter. Dernièrement, il fallait dire qu'il n'avait pas eu énormément de chance : Sa maîtrise du combat n'étant pas à son paroxysme – et je dirais même le contraire – il s'était fait dépouillé la moitié de sa bourse quelques jours auparavant. En plus de ça, une belle blessure à l'arcade lui rappelait chaque jour à quel point il avait été faible face à ces bandits. Uniquement armés de kunaïs et de leurs poings, ils n'étaient que quatre – ce qui fut en l'occurrence bien assez pour le maîtriser. Peu fier de lui, il aurait aimé avoir une personne près de lui à qui raconter, se confier. Certes, son état psychologique lui imposait d'afficher un sourire en guise de façade, mais au fin fond de lui-même il savait très bien que ce monde n'était que de la pure merde. Le long du sentier sur lequel il se baladait, il pu reconnaître divers types de baies. Des jaunes, des vertes, des pourpres. Et bien que son ventre criait famine, il se retenait d'en manger. Non pas qu'il avait peur, loin de là, mais il connaissait très bien les "vertues" qu'offraient celles-ci. Son ancien senseï lui avait fait un briefing de tous les fruits comestibles ou non en ce monde, et Dieu seul savait qu'il avait retenu la leçon le jour où il avait mangé quelques baies aux propriétés diarrhéiques. Plongé dans ses souvenirs, il se remémorait en boucle le combat qu'il avait donc mené contre les bandits, repassant en boucle chaque erreur qu'il avait fait tout en fixant longuement le sol.

« ▬ Je leur ai tourné le dos. Je les ai sous-estimé. Et j'ai pas surveillé mes arrières. Merde, merde et merde ! »

Grinçant des dents, le jeune errant continuait d'avancer les mains dans les poches, maudissant son inaptitude à se défendre. Aucune réelle compétence, aucun ami, aucun senseï, à quoi servait-il ? Les arbres défilaient aussi vite que ses souvenirs, représentants en quelque sorte son ascension. Vers quoi ? Tout simplement vers son futur lui-même. A ce moment-là, il n'était pas le Shion d'aujourd'hui, loin de là. Cupide, avide de pouvoir, il ne cherchait qu'à détrôner le plus fort pour le remplacer. Voyant le mal à chaque coin de rues, il ne faisait confiance à personne. Serrant de plus en plus fort les poings, son regard se porta alors sur une cheminée qui dépassait un peu à l'horizon. La fumée qui s'en dégageait en signifiait pas mal sur son activité, ce qui eut pour effet d'attirer le jeune homme. De loin, il l'aurait sûrement confondu avec une simple maison de campagne ; Sa clôture en bois et son petit jardin en faisait une résidence parfaite, si l'énorme panneau "Auberge" qui était fixée sur l'entrée n'effaçait pas le mythe. Inspirant un grand coup, il se décidé dès lors à entrer dans la maison de pierres.

Ce fut de sa main droite qu'il pourra en premier lieu la porte. Plutôt chaleureux comme endroit, infesté de bougies, le style baroque de l'auberge lui rappelait un peu le château dans lequel il était passé quelques mois auparavant. Malheureusement, l'activité en elle-même n'y était pas. En dehors d'une serveuse et lui, personne d'autre n'était présent dans la pièce. S'approchant lentement du bar, il posa son postérieur sur un tabouret et s'appuya sur le rebord du meuble. 

« ▬ Bonsoir, j'aimerai une place à une de vos tables ainsi qu'une chambre s'il vous plaît. »

Acquiesçant d'une geste de la tête, la barmaid s'en alla un peu plus loin lorsque des bruits de pas se firent entendre. Du coin de l'oeil, Shion se mit à reluquer allègrement la nouvelle arrivante. La jeune femme, avec des courbes aussi belles qu'élancées, s'approcha alors de lui. Plissant les yeux, il se mit immédiatement sur la défensive avant même qu'elle ne commence son discours ou ne se présente. La main tendue, elle attendait très certainement une réponse. Le blondinet prit un instant de réflexion, ignorant par la même occasion le geste de la belle, pour ensuite se gratter le menton.

« ▬ Mouais ... et qu'est-ce que j'y gagne réellement, moi ? Je veux dire, j'aime bien ma tranquillité aussi après tout ... »

Dur, le jeune homme faisait le difficile pas décider à la jouer docile, soit, ce n’était pas comme si la brune n’avait pas l’habitude, ravalant toute fierté qui ne lui serait d’aucune utilité, elle s’asseyait sur le tabouret près de lui sans prendre de sa douceur sur son minois. Très bien, restait à définir ce qu’il voulait alors.

-Ta tranquillité ? Je viens de te dire que je m’engage à ne pas te déranger quand tu occupes le lieu, de jour comme de nuit peu n’importe, je suis une fille très arrangeante, tu verras. Et ça te fera moitié moins à payer, aller, si ça peut te faire plaisir, je te ferais couler ton bain et te borderais avant de dormir ! Tout ça, pour la somme d’une chambre à moitié prix ! Que demandait de mieux ?...

Le ton se voulait taquin, mais il y avait du sérieux dans ses dires, fautes de moyens pour être en situation de puissance, mieux valait être prêt à tout.  Et sur ce point, la brune n’avait jamais eu froid aux yeux. S’accoudant au bar, elle examinait le jeune homme à l’attitude froide, lui annonçant que sa tâche n’allait pas être simple, seulement, après un balayage de la salle du regard, aucun ou aucune autre candidate ne se présentait.  Faute de choix, il fallait ruser…

-Hum, je te laisse réfléchir écoute, je suppose que tu vas manger ici, j’ai cru t’entendre demander une table, si après le règlement de ta note, une envie d’économie te prend soudainement, disons que tu n’auras qu’à rejoindre la chambre, je la laisserais ouverte ! C’est la huit ! Je serais de retour dans moins d’une heure, bon appétit jeune homme qui ne veut pas me dire son nom !

Un clin d’œil et elle s’éclipsait ne voulant alors pas le braquer, ce qui lui ferait faire perdre toute chance pour le coup, mais tandis qu’elle rejoignait la sortie, une voix familière l’interpelait, celle de l’aubergiste…

-Hey gamine, tu cherches toujours un petit boulot … ?  Ma femme à tout faire m’a lâchée ce soir ! J’ai besoin d’une remplaçante en urgence ! Je veux bien te loger gratuitement en échange de ton travail, ça te chante ?

Comment pouvait-elle refuser la proposition qui venait alors à point nommée ?   Murmurant un  « nourri/logé » pour sceller le contrat, la belle ne se faisait pas prier, d’ailleurs, l’histoire était d’autant arrangeante que son client là tout de suite n’était autre que…

-Re mon cher ! Puis-je prendre votre commande ?! La maison recommande ses spécialités culinaires si et celle-ci aussi…  Et pour ses plus charmants clients elle offre le désert !

Eh oui, la belle n’avait pas perdu de temps pour rejoindre la table de sa cible et revenir l’air de rien à la charge… Sourire charmeur, par-dessus l’épaule de l’inconnu,  elle présentait une carte avec une sélection rapide de ses goûts à elle et improvisait un geste commercial sans vergogne, avant de bien sûr conclure avec  une question à double sens…

-Alors, tu as fait ton choix ?

La douce chaleur qui émanait de la cheminée de l'auberge rendait confortable la position dans laquelle Shion était. Littéralement, je veux dire. Malgré le tabouret en bois sur lequel il s'était assis, il ne se sentait pas mal à l'aise contrairement à d'habitude. La plupart des endroits qu'il visitait – et de ce fait n'étaient qui éphémères à ses yeux – provoquait en lui un léger malaise qui ne parut pas ici. Etait-ce un signe, comme une impression de chez-soi ? Pour être franc, il l'ignorait totalement. Après avoir gentiment – en tout cas, sans méchanceté – demandé à la jeune fille de laisser tomber, il la vit quand même s'asseoir à côté de lui. Qu'avait-il fait pour mériter ça ? La seule raison pour laquelle il l'intéressait, c'était son porte-monnaie. Et le fait qu'il soit seul dans l'auberge. Ni son apparence ni sa personnalité n'avait pu attirée une telle vipère. Araignée. Veuve noire. Appelez ça comme vous voulez, ce n'était pas le genre de personne qu'il côtoyait. 

Seulement, lorsque ses pensées surgirent dans son esprit, une question se posa bien évidemment d'elle-même. Qui cotoyait-il exactement ? Personne. Un vide total. Sa vie sociale se résumait à la télévision. Son ancien maître et lui étaient tout le temps en déplacement, c'était la raison principale qui l'empêchait de s'attacher à une personne. Mais pour le coup, il fallait avouer que ça lui manquait. Après tout, elle ne le dérangerait sûrement pas, et puis un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal. Pris d'un doute soudain, il écouta patiemment les arguments de la gente dame qui lui faisait à présent face. Même si physiquement, il gardait un air froid, intérieurement un débat commençait à naître. Cette fois, sa voisine changea d'attitude et le laissa un peu cogiter. La meilleure solution, dans son cas. Reprenant sa position initiale, face au comptoir, il tapait lentement et d'une façon calculée les doigts sur le meuble.

« ▬ Soucis d'économie ... Si seulement elle savait de quel clan je viens ... »

En effet, le clan Kadoria n'était pas dépourvu de fortune, au contraire. Et ce n'était pas comme si son père ne lui avait rien laissé. Face à une personne qui connaissait son nom de famille, Shion l'aurait sûrement pris comme une insulte et aurait tenté de la tuer ; Mais dans le cas de la Belle, c'était différent. Elle ignorait tout de lui pour l'instant, et il y avait de fortes chances pour que ça n'évolue pas. Un petit rire taquin plus tard et notre cher blondinet se dirigea vers sa table où Hana ne tarda pas à le rejoindre. Ainsi, elle était serveuse ici ? Ce qui étonnait le plus Shion, c'était son avidité apparente. Avec un travail et un salaire elle n'aurait aucunement besoin d'un colocataire, alors pourquoi lui demander un tel service ? Quelque chose clochait, mais il ne savait pas où.

« ▬ Evite-moi tes compliments dénués de sincérité s'il te plaît, ça ne marchera pas avec moi ...»

Indiquant d'un doigt le plat qu'il souhaitait prendre, Shion se mordit en même temps la lèvre inférieure. Devait-il accepter son offre ? Après tout, il n'avait pas grand chose à perdre ....

« ▬ ... Et en même temps, compte moi dans les invités de ta chambre ce soir ... »

Les dés étaient à présent lancés. Qu'allait-il advenir d'eux ? Même lui ne le savait pas. S'il avait à faire à une voleuse, elle n'avait vraiment pas eu de chance de tomber sur lui. Après tout, s'il possédait une qualité, c'était bien son intelligence. Il ne restait plus qu'à attendre et voir. Son repas terminé, il attendit que la note arrive pour ensuite suivre la belle dans son logement ...

Des mots bien cruels qui s’abattaient sur une personne qui avait pour principe de ne jamais mentir, non, non, aussi difficile et curieux que cela pouvait paraitre, Hana ne mentait jamais, parfois elle ne disait pas tout ou manier les mots en laissant planer un double sens, mais jamais elle ne trompait avec ses dires de façon si horrible que le mensonge.

-Je ne mens jamais, libre à toi de me croire ou non, mon humeur agréable avec toi est sincère ou elle ne viendrait pas, la méfiance t’aveugle sur ma personne l’ami ! Je suis une fille intéressée certes, belle parleuse peut-être,  mais jamais mes compliments ou mes dires sont jetés avec un sentiment de faux.

Pourquoi l’avait-elle repris ? C’était un mystère, quelle importance cela avait-il la façon dont il la considérait après tout ? Jamais elle ne s’était souciée de l’avis d’autrui, peut-être était-ce les circonstances qui la poussaient  à être si « sensible », quoi qu’il en soit, son sourire doux avait disparu au profit d’un visage plus fermé.  Elle prenait note de sa commande dans sa tête avant de tourner les talons silencieuse après un simple « Soit » lâché, quand d’autres mots venaient bercer ses oreilles d’une autre information.  Le tout la faisait se stopper un instant, quelle étrange retournement de situation, parmi les « invités »,  sans trop savoir ce qu’il se tramait dans sa tête, la brune ne cherchait pas plus loin, c’était ce qu’elle voulait non ? Soulagée en un sens sans trop savoir pourquoi, une certaine légèreté lui revenait tandis que le repas avait passé et qu’elle apportait la note, elle qui était partie silencieuse s’exprimait alors d’un même ton qu’elle l’avait abordée plu tôt.

-Bien, tu es mon seul invité, les autres, araignées et insectes en tout genre, sont chez eux je crois bien, enfin, en y réfléchissant bien, vu que c’est « notre » chambre, il n’y aura pas d’invités ce soir à moins que tu es invité quelqu’un.

Plaisantine, preuve qu’elle n’était pas rancunière, il ne lui fallait alors pas longtemps avant de disparaitre à nouveau et réapparaitre enfin pour le conduire au lieu-dit, la chambre des négociations.  Un poil trop naïve, elle n’avait même pas pensé à le faire s’inscrire au registre, mieux, à lui demander une avance, autant de petites erreurs qui à l’avenir lui apprendrait les règles de la vie afin qu’elle ne les reproduise plus, mais là, c’était une autre histoire. Sous le regard méfiant de l’aubergiste face à son trafique, elle invitait l’inconnu à entrer dans leur antre, une chambre rustique possédant un lit et  une sorte de sofa pouvant parfaitement faire lit d’appoint, sous l’unique fenêtre se tenait une table décorée d’un vase orné d’un bouquet de fleurs et sur la chaise, l’unique bagage de la belle soigneusement rangé, mais rester ouvert.  Refermant la porte derrière eux, elle ôtait ses chaussons avant d’avancer de quelques pas léger et présenter la pièce à sa façon…

-Alors mon seigneur, voici votre suite ! Ici le lit royal, à ma droite votre bureau, à côté le sofa que je viendrais réquisitionner pour dormir, ici les rangements et pour finir –elle ouvrait une porte- voici le luxe des lieux, une salle d’eau privée ! Que demandait de plus ? Ah si ! Grace à la cheminée, je peux te faire une infusion à toutes heures et même on peut avoir quelque bon truc à grignoter, mais ça c’est un secret ok ?!

Se laissant tomber sur le lit pour s’assoir, elle n’en avait pas encore fini de parler, loin de là, elle était bavarde à l’excès et souvent il fallait la faire taire…

-Alors, c’est quoi ton prénom ou ton surnom, faute que tu veuille me dire ton nom complet, tu sais, je m’en fou en vrai, je veux juste savoir comment je dois t’appeler ! Le client est roi après toi, c’est comme tu préfères.

Ah le vieux tic qui faisait surface, c’était tellement commun, qu’elle n’y faisait plus vraiment attention…

-Alors, je disparais maintenant pour te laisser ta « tranquillité » ou tu as des questions? En quoi puis-je vous servir mon cher!

Oui la situation l'amusait, allez savoir pourquoi...

Ainsi donc elle affirmait ne jamais mentir ? Bizarrement, cela soulageait le blondinet. Non pas qu'il aimait se savoir flatté, peu importe qu'elle le trouve charmant ou non, mais lui aussi avait comme idéal de ne jamais mentir. Pour être plus précis, il n'en avait jamais eu besoin et à part les emmerdes, ça n'attirait rien de bon. Manipuler, il savait faire. Tromper aussi. Et tout ceci, sans mentir le moins du monde, alors pourquoi en arriver à un tel stade ? Cette personne devait être cupide, bavarde, belle parleuse et même peut-être folle, mais d'après son instinct elle ne mentait pas. Peu de gens arrivaient à déballer un tel discours, à feindre le mécontentement et à regarder leur victime dans les yeux, ce fut pourquoi il en déduisit une sincérité casi-parfaite. Un petit grognement se fit entendre ; Shion acquiesçait aux dires de la belle. Et le repas passa à une vitesse folle. Il se remémorait divers souvenir, seul à sa table comme d'habitude, et imaginait toutes les situations possibles, dont certaines le firent rougir. Puis le moment tant attendu arriva. Traîné jusque dans la chambre, le blondinet admirai d'une manière impassible l'endroit.

La chambre, dépourvue de tout charme, était composée principalement d'un lit, d'un sofa et d'une cheminée dont la maîtresse de maison fit l'inventaire. Plutôt taquine, elle avait l'air de très bonne humeur ; était-ce leur marché qui la mettait en si bonne forme ? Un léger sourire en coin, le Kadoria se demandait ce qu'il allait faire cette nuit. Sûrement s'entraîner, comme à son habitude. Lâchant dès lors un sac qui frappa le sol dans un bruit assourdissant – signe de son poids relativement élevé – Shion regarda attentivement Hana qui se laissait tomber sur le lit.

« ▬ Je ne compte pas inviter qui que ce soit, ne t'en fait pas pour ça. Et même si je le voulais, je ne connais personne. En attendant, je te laisse le lit ; Je prendrai le Sofa si toutefois je dors ici ce soir. Il y a de fortes chances que j'aille m'entraîner durant une grande partie de la nuit, alors t'inquiètes pas pour ce qui concerne le dérangement. »

S'avançant toujours un peu plus du lit, observant les contours des murs jusque dans les moindres recoins, il ne vit rien de choquant. Que ce soit infiltration d'eau ou fissures, tout était nickel ; Une qualité rare, malgré l'ambiance pourrie qui régnait ici.

« ▬ Je me nomme Shi-Woon. Kadoria Shi-Woon, mais on m'appelle Shion pour une question de confort ... »

Fermant un instant les yeux, l'âme errant posa un instant son derrière sur le lit, à côté de la Ketsueki. Pourquoi était-il tellement emplie de rancoeur ? Pourquoi voulait-il tuer le monde ? Etait-ce du à la disparition de son maître ? Non, rien à voir. On lui avait appris à ne jamais faire confiance à qui que ce soit, alors il devait suivre cet enseignement. Difficile ou pas.

« ▬ En tout cas, je te prie de m'excuser pour avant. Je n'ai aucunement voulu te vexer, je me méfie juste des filles dans ton genre, mignonnes et aguicheuses. Ne t'en fait pas pour mon confort, fais comme chez toi ... »

Et oui, les filles restaient son point faible. Impossible de ne pas rougir lorsqu'il se trouvait en leur présence. Là, tout allait pour le mieux car il était persuadé de ne pas être porté dans son coeur ...

C’était dans une agréable surprise qu’Hana découvrait que finalement, l’inconnu nommé Shion n’était pas aussi froid et désagréable qu’à leur rencontre, même à l’inverse, très vite, il s’annonçait d’une nature gentille et galante. Une feinte ou véritable attitude changeante de sa part, qu’importe, si il y avait bien une chose au monde que la brune ne supportait pas, c’était resté seule, alors le tout l’arrangeait et quand il annonçait son entrainement nocturne, elle se mettait vite en tête  de le contrarier.

-Seul ici ? Eh bien nous étions deux ! Mais maintenant tu ne peux plus le dire, tu me connais.

Quant au fait qu’il ne pourrait ramener personne en le voulant faute de connaitre quelqu’un, la brune jugeait bien vite de l’innocence du gamin, enfin, en échange de quelque ryos, un homme pouvait toujours avoir une invitée… Mais elle concluait bien vite que sa logique n’avait rien de commune et écoutant le long nom de ce dernier, elle croyait entendre un titre de noblesse, heureusement il raccourcissait le tout à « Shion », néanmoins, elle préférait garder en tête le prénom originel au complet. La suite de ses dires confirmait sa pensée,  le jeune homme débutait à peine ses pas dans le monde…

-Ohh je prends le mignonne mais …. Aguicheuse ? Je vais dire que je n’ai pas entendu, puisque  tu me laisses le lit et prend le sofa ! Car tu ne sa!is visiblement pas ce que c'est !

D’un clin d’œil, oui elle s’arrangeait tranquillement en charriant gentiment, il pouvait se rassurer, la brune avait le don de facilement prendre ses aises. D’un bond, elle se relevait pour se saisir du sac et le poser tant bien que mal sur la table, son côté un peu maniaque surement…

-Eh bien, qu’est-ce que tu mets là-dedans ? Tu veux que je te le range ? Ah mais au fait ! Moi c’est Han ! Hana Han ! –avant de rejoindre Suna, elle ne se savait pas qu’elle était une  Ketsueki-

Retrouvant sa place sur le lit, elle se laissait tomber sur ce dernier pour admirer le plafond confortablement installé avant d’entamer une discussion, car oui, être en présence comme ça que quelqu’un qu’elle ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve ne la mettait pas mal à l’aise, question d’habitude surement …

-Dis-moi, pourquoi tu es ici toi ?  Moi on m’a emmené là pour partir  en m’y laissant vois-tu, j’hésite entre partir  à mon tour ou attendre un retour providentiel… Tu ferais quoi toi ? Hum, non tu vas faire quoi, restait ici avec moi combien de temps au juste ? Hum… ? Déjà, reste ici ce soir aussi ! Tu entraîneras demain !

Non, elle n’avait pas l’habitude non plus de passer par quatre chemins et oui, elle demandait toujours ce qu’elle voulait de façon assez directe, et là ce qu’elle voulait, c’était une présence, une compagnie.

-Oyé tu viens d’où ? Moi à l’origine je suis née à Kaze no kuni, la chaleur du désert me manque tu sais, la chaleur d’un feu n’a pas le même effet que le sable chaud sur la peau…  Sinon…

L’art de passer d’un sujet à un autre façon Hana…

-Tu es tout pardonné !

Quel était ce sentiment ? Cette chaleur, ce bien-être que ressentait soudainement Shion ? En fin de compte, les paroles de la brune lui offraient un effet d'apaisement. Lui, qui jusqu'à présent avait toujours été seul. Celui qui avait toujours été fuis de par son nom de famille, celui que les gens pointaient du doigt. La façon dont elle lui avait annoncé ça ; Dont elle venait de mettre leur nouvelle amitié sur le tapis. Cette manière directe d'annoncer les choses ; Ce mélange détonant venait de surprendre notre jeune blondinet. Les yeux écarquillés un instant, fixant le sol de ses yeux amandes, un fin sourire en coin se dessina sur son visage et une expression de nostalgie s'installa un instant. Peut-être trop court pour que son interlocutrice ne le remarque, après tout. Mais malgré ça, il devait avouer une chose : Elle avait raison. C'était la première personne avec laquelle il se liait ainsi d'amitié – et même si pour cette dernière ça ne représentait pas grand chose, il ne manquerait pas de s'en souvenir. Certes, il ne pouvait pas encore lui faire confiance, mais peut-être n'était-ce finalement qu'une question de temps. Se retenant alors de rire aux éclats suite à la remarque de sa voisine, il se contentait de la fixer.

« ▬ Ha oui ? Et qu'est-ce que c'est qu'être aguicheuse dans ce cas ? »

Une idée malicieuse venait tout juste de traverser son esprit. Il voulait voir jusqu'où cette fille pouvait aller pour le simple plaisir de prouver qu'elle avait raison. En même temps, ce côté l'amusait beaucoup, et ça faisait tellement longtemps qu'il n'avait plus eu à faire à une présence féminine. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'était son clin d'oeil qui n'eut comme seule réaction que de le faire rougir. Oui, décidément, il n'était pas vraiment doué pour ça. Observant la jeune fille changer de place son sac, il fut assez étonné de voir qu'une demoiselle aussi svelte qu'elle arrivait à soulever le bagage.

« ▬ Ce sont des poids, des trucs du genre. Pour m'entraîner quoi. »

Depuis certains évènements, Shion s'était mis en tête de devenir un Shinobi de légende. Parcourant le monde en s'entraînant, il ne cessait d'accroître sa force, sans pour autant être réellement un ninja. Pour l'instant. Enfin, la remarque de sa voisine le fit tilter. Elle lui proposait de lui tenir compagnie ; En quelque sorte, il se sentit flatter. Il fallait qu'il s'améliorer, certes, mais un soir de repos ne lui ferait pas de mal. Puis, en fin de compte, il commençait à bien l'apprécier, cette Hana ...

« ▬ Hum oui .. tu dois avoir raison, je pourrais travailler demain. Et puis, il me faut un peu de repos. »

Un large sourire s'afficha alors sur son visage. C'est vrai qu'il apprécierais sûrement la présence de Hana à ses côtés, et ce fut la réponse qu'il lui donna d'ailleurs.

« ▬ Sinon je suis ici parce que mon senseï est mort. Je me balade de villages en villages et cherche à honorer sa mémoire comme je peux mais ce n'est pas si facile. Et pour être franc, je ne sais pas d'où je viens ... »

Un blanc s'installa soudainement dans la pièce. Un peu à l'image d'un silence morbide, qui mettait mal à l'aise les gens. Sauf que Shion ne voulait pas se cantonner à cette image, il ne voulait ni qu'on le plaigne ni qu'on le pleure. Souriant au possible à nouveau – un sourire faux cependant – il entama de retirer ses habits pour enfiler une tenue plus confortable. Peut-être allait-il aussi prendre une douche. De toute façon, il se sentait plus à l'aise dans une chemise qu'autre chose.

« ▬ J'ai toujours rêvé d'admirer le sable de Suna ... Même si je ne supporte pas trop la chaleur, il parait que la sensation est exaltante ... Et toi sinon, tu comptes faire quoi ? »

Sans trop de difficulté cette fois la brune obtenait gaine cause, l’entrainement s’annulait et Shion jouait au jeu des questions réponses volontiers, sans se faire prier.  Si certes Dame Destin pouvait être parfois une dame très taquine, il lui arrivait aussi de faire preuve d’altruisme offrant un peu de répit, à moins, qu’en cette nuit, cela soit sa maîtresse la nuit qui avait décidé de faire ce don à tous ses enfants perdus. Qu’importe, encore une fois la brune se soulageait de la véracité de ses croyances, il y avait du bon partout, chez chaque personne, dans chaque situation et de tous elle ne serait jamais celle le plus à plaindre. Bien qu’il n’y avait pas de quoi s’en ravir, d’ailleurs elle avait parfois un peu honte de le faire, Hana aimait se consoler avec ce genre de pensées et pour le coup, ce qu’elle entendait lui faisait entendre que son nouveau compère était lui aussi dans un deuil. Pas le même ; mais il essuyait lui aussi une perte le laissant amer et la brune connaissait bien ce sentiment pour avoir perdu tant de gens dans son existence. La colère, la rage, la haine, cette envie de destruction, une pulsion tel un volcan nous poussant à exploser pour seulement après redevenir serein, mais ne rien perdre de son côté menaçant enfouit, mais même là il avait du bon, car si certes les coulées de lave étaient ravageuses, avec le temps, elles ne laissaient place plus qu’à une terre fertile.

-Tu honores sa mémoire avec tout ce qu’il t’a appris ? En te battant ? Contre qui ? Et pourquoi ? Quelle cause défends-tu au juste ? Hum ? D’ailleurs, quand il t’a appris à te battre, quelle valeur par-là voulait-il te transmettre… La loi du fort ? La noblesse de protéger les faibles ou simplement comme ma mentore l’art de savoir se défendre ou obtenir tout ce que l’on désire de grès ou de force ? …

Le blanc s’installait un moment et le blond en profitait pour se changer, ce qui n’était pas une si mauvaise idée en soi, mais la brune avait alors quant à elle une sacrée flemme pour cette tâche…

-Tu sais, je n’ai jamais eu mon mot à dire pour quoi que ce soit, j’ai toujours obéit aveuglément à ce que l’on me demandait, sans réfléchir ou broncher et maintenant que je goûte à la liberté la vraie, je n’ai qu’une envie, retrouver mes chaines et leur facilité quand elles étaient portées…  Je crois que je préférais vivre dans mon illusion plutôt que seule et libre dans ce monde. Qu’est-ce qu’on peut faire au fond sans but dans la vie ?  Je devrais retourner vers le désert ? Mais pour y faire quoi ? Croupir ici en quête d'une vie sans passion...? Parcourir le monde à l'infini comme avant... Curieusement, je suis lassée et cette vie là, je ne la veux qu'avec celle qui me l'a fait découvrir...Suis-je au fond une petite fille capricieuse...?

Amusée, elle riait alors, pourquoi très bonne question à laquelle elle n’avait pas la réponse, enfin, si, elle était là à se plaindre, mais au fond, avait-elle le droit de le faire, le cas de Shion paraissait plus désespéré au fond, lui qui ne savait même pas où rentrer pour prendre un nouveau point de départ…

-Shion, je peux exhausser ton souhait, certes ça ne sera pas les grandes dunes de Suna, néanmoins…

La brune sortait alors une grande fiole de son sac, une marquée d’un symbole de fuinjutsu, de là elle la tendait en cadeau, à l’intérieur un échantillon du sable de son enfance, un souvenir précieux qu’elle affectionnait et que son grand père lui avait offert. Le sable dans cette prison de verre était en mouvement, telle une dune miniature sous l’effet du vent et le verre était chaud autant le sable ce jour-là l’avait été…

-C’est là un morceau de ma vie, je te l’offre, comme ça tu n’auras pas à supporter la chaleur suffocante de mon pays et puis, tu penseras à moi ok ! Tu vas voir, le sable m’a toujours inspiré, il suffit de le regarder pour obtenir les réponses qu’on cherche et que l’on connait pourtant déjà. Je te laisse méditer le temps de ma douche, à tout de suite !

Tel un courant d’air elle disparaissait une dizaine voire quinzaine de minutes, car oui, origine Sunajins oblige, l’eau étant rare, elle ne la gaspillait pas, la tignasse détrempée, elle scrutait alors la zone pour retrouver celui qu’elle avait laissé…

Qu'avait-elle à être aussi bavarde ? En fin de compte, Shion s'était laissé avoir dans un jeu sans qui ni tête qui avait pour but d'en apprendre plus sur l'autre. Une question, une réponse ; Rien de bien compliqué en somme. Pourtant, et à défaut de s'en être rendu compte, le blondinet s'amusait bien. Il commençait à s'attacher à cette personne malgré lui, et bien que ça pourrait clairement lui être utile, ce côté "fleur bleu" qui le suivait partout était aussi une faiblesse. Dernièrement, il s'était senti très seul depuis la disparition de son maître ; Et pour dire, il n'avait aucun ami, de quel type que ce soit. Fille, garçon, animaux : Que dalle. Alors pour une fois qu'il pouvait discuter tranquillement sans risquer de mourir, personne ne le blâmera d'en profiter un peu n'est-ce pas ? Écoutant attentivement chacune des questions de son interlocutrice, il ne voulait pas non plus tout lui dire. En y regardant de plus près, voilà maintenant seulement quelques heures à peine qu'ils se connaissaient ; Et malgré tout, il commençait déjà à la porter en considération. Son sourire charmeur et sa bonne humeur lui plaisait tant qu'il savait qu'elle lui remontait le moral, même sans en prendre réellement compte. Ses questions, toutes plus personnelles que les autres, étaient posées sans retenues. Loin d'être offensé, il se permit quand même d'en éluder quelques unes – qu'il voyait trop déprimantes ou tout simplement indignes d'intérêt.

« ▬ Jusqu'à ce qu'il disparaisse, mon maître m'a appris à protéger les plus faibles par-dessus tout. Amis, ennemis, nous sommes tous les mêmes. Il m'a appris à contrôler ma rage pour en faire une arme de destruction contre les plus noirs d'entre nous. Pourtant, ceci n'a jamais été dans mes attributions ; Tout ce que je voulais, c'était devenir assez fort pour ne pas être un boulet. Je tiens à protéger les gens que j'aime, aussi précieux et rares soient-ils et peut-être un jour devenir un capitaine. Mais en attendant, je ne suis qu'un apprenti après tout. »

Débitant tant d'informations en quelques secondes, le blond du reprendre son souffle. Assis sur le lit, sans avoir bougé, il regardait sa voisine dans les yeux en espérant qu'elle le comprenne. Elle aurait pu se jouer de lui, se moquer, le manipuler qu'il ne s'en serait pas rendu compte ; Et tant pis pour lui, après tout. S'il devait se méfier d'une personne comme elle, alors dans quel monde vivrions nous ?

« ▬  Je te comprends tellement. Ne rien porter sur ses épaules et laisser les autre nous dicter ce que l'on doit faire ; n'est-ce pas tellement plus reposant ? Je pense – et crois moi que je suis sincère dans ce qui va suivre – que tu devrais tout simplement faire ce que tu as envie. Patissière, ninja, caissière : Deviens ce que tu veux être sans te retourner. Ne te souçies plus de ton passé mais concentre-toi sur ton avenir. »

Quelques secondes de blancs, et la voilà réapparue avec un flacon de sable dans les mains. A première vue, Shion pu immédiatement en déduire que c'était un morceau de Suna. Non pas au sens littéral, bien entendu. Et cette attention qu'elle lui donnait ; Cette chose qu'elle lui offrait, n'était-ce tout simplement pas magnifique ? Un don de soi à quelqu'un qu'on connaissait à peine, dans le simple but de se rapprocher de cette personne. Ou de l'amadouer. Sautant alors dans la douche, elle laissa le jeunot méditer sur ce qu'il allait faire ou dire. Rien de tout ça ne l'ennuyait au contraire. Mais il savait aussi qu'à un moment donner, il devrait se séparer d'elle, la quitter. Il savait que les adieux faisaient mal ; Trop mal pour lui. Il ne voulait plus souffrir, et il savait pertinemment qu'il allait rapidement considérer la vie de la fille comme plus importante que la sienne. Refuser le cadeau. C'est tout ce qu'il avait à faire. Alors pourquoi était-ce si difficile ? Pourquoi ne pouvait-il pas simplement lui dire ce qu'il avait sur le coeur ? Non, rien de tout ceci ne l'enchantait. Il attendit alors patiemment qu'elle ne finisse ce qu'elle avait à faire. Il ne voulait pas s'attacher à elle. Il ne voulait plus s'attacher à personne. Pour la première fois depuis bien longtemps, il ressentait une craine, une peur profonde. Celle de perdre à nouveau un être cher.

« ▬  Je te remercie Hana, mais je ne peux accepter un tel cadeau ... »

Même si sa voix lui disait non, son coeur se battait pour le faire changer d'avis. De la mélancolie émergeait clairement de son être. Et même si ça lui fendait l'âme d'avoir à faire ça, il lui fallait déjà s'éloigner d'elle. Pour pas qu'elle ne le hante ; Pour qu'il l'oublie.

« ▬  Finalement je vais aller m'entraîner, la nuit est trop belle pour louper une séance ... »

Non, il ne mentait pas. Certes, c'était un moyen de fuir la demoiselle, qu'elle ne l'agrippe pas comme on hameçonne un poisson. Mais au final, le seul à qui il mentait, c'était lui-même. Il se dirigea alors vers la porte, le sac en bandoulière sur l'épaules, prêt à passer une nuit à l'air libre.

Un vent ? Sans nul doute, tel un courant d’air l’inconnu s’enfuyait aussi vite qu’il n’était arrivé dans sa vie, curieusement, la brune ne comprenait pas vraiment pourquoi, ni ce qu’elle avait dit, ni ce qu’elle fait pour provoquer ça. Ils semblaient si biens tout deux et puis voilà qu’en un instant tout s’était écroulé, c’était le temps de la réflexion qu’elle n’aurait pas dû lui donner ? Probablement, car l’effet du charme de la rencontre passé, la voilà à nouveau rejetée, voilà encore quelqu’un qui partait la laissant là dans la même pièce, la même où on l’avait abandonné une première fois. Pas un mot ne sortait de sa bouche, pas une seule envie ne la parcourait, le cadeau refusé dans les mains, elle était resté là, assise sans rien faire, comme figé par la fatalité.  Finalement son cri de victoire sur sa gaine cause s’était lâché trop vite, elle avait été fourber et l’élan de colère qui la parcourait alors la faisait jeter son bien partant précieux contre le mur de la cheminée.

En un instant il fut brisé, en quelque seconde il avait disparu à jamais et curieusement avec lui, c’était toute son affection pour son passé qui s’envolait. Partir de l’avant pour faire ce qu’elle avait envie de faire ? Et ne jamais suivre que ses envies en se faisant plaisir ? L’idée lui plaisait, oui, elle lui plaisait vraiment même, au point même qu’elle décidait de l’adopter, de ne vivre que pour elle et personne d’autre.  Et après les larmes qui avaient perlé son visage, c’était un sourire roi qui reprenait sa place maitresse, la suite lui paraissait une évidence, tellement censé, mais l’était-elle ?

Machinalement elle avait rejoint la sortie, machinalement elle arpentait les alentours, cela en quête de celui qui lui avait faussé compagnie, pourquoi ? Elle ne le savait pas vraiment, elle voulait juste le rattraper, le retrouver, probablement parce qu’elle n’avait pas fini de parler, probablement par peur qu’il disparaisse à jamais. Sa course effrénée en tenue de chambre et pantoufles ne s’arrêtait que quand elle fut face à ce dernier, après une courte reprise de son souffle, elle se forçait à quelque pas supplémentaire difficiles sous le coup de la fatigue pour s’approcher suffisamment et tapoter son bras avant de l'attraper… Récupérant son souffle après quelque secondes la brune pouvait enfin souffler quelques mots, fond de sa pensée…

-Shion… Tu es parti si vite… Mais tu as raison, tellement raison sur tout. Mais sans toi, je ne l’aurais jamais réalisé je crois. Je suppose que tu ne resteras pas ici et moi non plus, alors bientôt nous serons séparé, alors ça ne vaut pas le coup de s'attacher, c'est ça ? Mais je n’ai pas envie que nos départs soient quelque chose de triste, que ça soit encore quelqu’un que le destin m’arrache, disons, que le moment venu, nous quitterons sur un au revoir à bientôt et pas sur un adieu. Disons que dans nos moments sombres ce souvenir nous fera nous rappeler que nous ne sommes pas seuls… Tu veux bien. Puis nous qui sommes « libres » qu’est ce qui nous empêchera de nous revoir si nous en avons l’envie ? Hum ? Au pire des cas, tu m'oublieras, mais l'espace d'un temps dans notre existence nous aurons été deux ici, peut-être même que nous resterons des amis précieux au delà du temps et des distances. Tu vois ! Si tu refuses, c’est simplement par envie d’être seul ou bien alors ne pas me supporter, sur quoi je te ne pourrais pas te blâmer… Mais c'est alors que Monsieur est difficile franchement !

Taquine et le ton amusé, pourtant le cœur était au fond plus lourd que léger et la main qui agrippait le bras de son interlocuteur refusait vraiment de le lâcher, pourtant il le fallait, mais alors faire ce qu’elle n’avait pas envie contrariée ses nouvelles résolutions ?

-Je peux rester, même si tu t’entraines… ? Je ne te gênerais pas promis ! Tu verras, je suis plus discrète qu’une souris quand je veux…

Et le sourire là se faisait angélique, peut-être enfantine, loin des premiers qui avaient bercé leur rencontre, un semblant d’innocence retrouvait, mais malheureusement que passager…

Pourquoi tout allait toujours de travers ? Peu importe ce qu'il entreprenait, tout était d'ores et déjà voué à l'échec. Depuis qu'il avait été gamin, il n'avait entrepris quoi que ce soit. Relations, boulots, compétences : Tout laissait à désirer. Si seulement il y avait un domaine où il était doué, un seul, peut-être pourrait-il percer. Devenir le meilleur, qu'enfin on reconnaisse sa valeur, qu'enfin on le fuis plus à cause de son nom. Oui, depuis toujours il avait aspiré à devenir quelqu'un de reconnu, quelqu'un de respecté. Mais à l'inverse, tout ne se passait jamais comme il l'avait prévu ; Déjà tout petit, lorsqu'il se baladait les gens lui lançaient un regard effrayant. Soit il était détesté, soit il était ignoré. La rue avait à la fois été sa prison et sa maison ; Signe de liberté et d'enchaînement. Aussi loin qu'il s'en souvenait, la solitude avait toujours été sa seule amie alors pourquoi tout ceci changerait aussi ? Non, son senseï avait été là pour lui, dans les bons comme les mauvais moments. Il partageait ainsi de très beaux souvenirs, une très bonne éducation et sûrement de bonne compétences. Alors pourquoi se sentait-il si seul, si mal ? Pourquoi voulait-il tout plaquer pour ne devenir qu'une étoile parmi les milliards d'astres ornant cet univers ? Décidément, rien n'allait plus ...

Il avait espérer – Ou plutôt rêvé – qu'en traversant cette porte, elle ne le retienne. Il le savait, il ne servait à rien. Ni à honorer ses promesses, ni à combler les moments creux d'une simple jeune fille. Que faisait-il dans ce monde alors, si ce n'était le pourrir ? Un déchet de la société, c'est tout ce qu'il était.

Fixant le sol en enchaînant les pas, les mains dans les poches de son Jeans, il posait son regard sur les nombreuses pierres qui ornaient le sol. Un peu comme lui, elles restaient là, sans bouger, inertes ; Inutiles et pourtant membre constituant ce monde, elles n'étaient que futiles décorations. Relevant alors la tête, un bruit attira son attention. Pour être certain d'avoir bien entendu, il s'arrêta net et pivota sa tête. Avant d'avoir pu l'avoir dans son champ de vision, une main commença par lui tapoter le bras avant de le saisir. Elle était là, la fille de toute à l'heure. Une tenue d'ailleurs inhabituelle la recouvrait ; Mais qu'importait. Il était heureux de la voir, malgré tout. Un monologue s'en suivit presque immédiatement – si on enlevait les poses éventuelles de son manque de souffle. Un discours qui ne manqua pas d'émouvoir notre jeune blondinet à la tignasse épaisse. Pourquoi avait-il tant besoin d'être à proximité d'elle ? Leur présent était à présent lié ; Savait-elle dans quoi elle s'engageait ? Il l'ignorait, mais il se devait de lui faire confiance. Un large sourire s'étala sur son visage ; Une sourire radieux comme jamais. Tendant une main ouverte en direction de la belle avec pour but qu'elle la prenne, un peu comme un engagement à court terme, il comptait l'emmener au-dessus d'une colline qu'il connaissait bien. Même s'il n'aimait pas trop cet endroit, il se rappelait néanmoins d'un petit talus d'herbe où les étoiles paraissaient si grosses.

« ▬ Laisse tomber l'entraînement pour l'instant et suis-moi ... »

Oui, cette simple phrase voulait tout dire. A Hana de l'interpréter à sa manière, mais pour Shion elle faisait à présent partie de sa vie, qu'elle le veuille ou non ...

Curieusement, on disait jamais deux sans trois, pourtant ce jour,  l’exception à la règle allait surement se faire, elle avait essuyé un premier rejet à leur rencontre, mais il s’était ravisé, un second face à un présent, mais pas un troisième face à sa demande. Seulement, cette fois, elle ne criait pas victoire trop tôt, la brune avait semblait-il retenu un morceau de la leçon, elle attrapait la main qu’il lui tendait sans trop se faire prier et se laissait guider sans trop savoir où elle allait. Curieusement, un sentiment de réconfort venait, par ce geste qui lui semblait familier, à nouveau, même pour un court instant elle était guidée dans ses pas. Ah et dire qu’elle parlait d’une prise en main de sa vie, mais dès qu’une main se tendait vers elle pour briser cette résolution, elle l’attrapait… Au final, encore une fois, elle se berçait d’illusions, mais qu’importe, ce n’était qu’ainsi qu’elle savait avancer…

-Soit, mais où va-t-on si tu ne t’entraines plus… ?

La réponse venait après un parcours, qui soyons francs, était loin de la ravir, elle n’avait, ni la tenue, ni les chaussures, ni le courage pour grimper une colline, pourtant, elle l’avait fait sans broncher, contente même.  Étrange, mais compréhensif à la fois, Hana n’était pas du genre à faire la fine bouche, elle était docile et facilement elle entrait dans un moule, question d’habitudes…

-On est où ? Tu viens souvent ici… ?

Mais sa série de questions allait se stopper rapidement, forcément, en levant le nez, elle découvrait soudain un ciel étoilé, un comme elle n’en avait jamais vu encore. Ou alors simplement, n’avait-elle jamais pris le temps de le regarder ainsi… Quoi qu’il en soit, la suite semblait écrite d’elle-même, se laissant tomber sur l’herbe pour s’asseoir, elle n’avait pas quitté son emprise sur cette main, de ce fait, l’élan entrainait son complice du soir au sol pour qu’il la rejoigne, enfin, il avait là dû se laisser faire. Ca ne changeait rien à l’affaire, aussitôt à sa portée, loin de perdre le nord elle se glissait sous un bras pour s’installer… Pour ne pas changer, elle n’allait pas avoir sa langue dans sa poche…

-Hum c’est quoi une sorte de méditation en commun ou un doux rendez-vous  pour te faire pardonner d’être parti… ?

Et d’un sourire malicieux, elle se faisait pardonner d’être taquine, c’était plus fort qu’elle… d’ailleurs l’heure se voulait surement aux confidences…

-C’est quoi la suite ? On dort à la belle étoile ? Pas bête comme idée…D’ailleurs, j’ai pris une décision tandis qu’on marchait… Je me donne trois jours et si celle que j’attends ne revient pas… Je rentrerais à Suna… Et toi, que vas-tu faire… ?

Là, elle se doutait bien qu'il ne partagerait pas la même destination et la brune avait bien envie de quémander la promesse de sa part de venir la revoir, pourtant, l'espace d'un instant elle hésitait à le faire, avant de finalement exposer son idée tant bien que mal...

-C'est promis, on se reverra, d'ailleurs, pour en être sûre, chacune année, je reviendrais ici le même jour de notre rencontre pour trois jours de vacances. Tu vois, tu sauras toujours une fois par an d'être sûr d'où me trouver...

Non, ce n'était pas là des paroles en l'air et oui, pour sûr, elle allait y être infiniment chaque année, c'était là une part de sa personnalité dont il n'y avait pas à douter...

Cette fois, rien ne pourrait l'arrêter. Il avait pris la décision, incongrue peut-être, de lui montrer le plus bel endroit qu'il connaissait dans les environs. Certes, il ne passait pas souvent par ici, mais ça ne l'avait pas empêché d'y faire une petite carte mentale, regroupant dans son esprit toutes les informations importantes. Entre autre, la présence d'une forêt non loin regroupant des loups et des Ours, une cabane de pêcheur à quelques minutes de marche au Sud ainsi qu'un moulin au milieu d'un champ. Tout ceci était disposé de manière ordonnée dans sa tête de sorte qu'il puisse s'y retrouver et récupérer ces informations rapidement. Tenant Hana par la main – chose qu'il n'aurait pas pu faire de manière consciente –, un geste qui s'avéra plus être un réflexe qu'autre chose, il la tira presque de force pour qu'elle le suive. Il s'était laissé bercé par la douce musique de sa voix, par son caractère, sa personnalité, et maintenant il était ancré dans un filet dont il ne pouvait se défaire. Pourtant, tout ceci lui plaisait en quelque sorte. Pour la première fois depuis longtemps, il était bien, serein. La mort de son ancien maître l'affectait à chaque secondes un peu moins, se concentrant sur la présence de la vagabonde. Toujours avec le sourire, ils arrivèrent à l'endroit tant attendu. S'étant contenté de répondre un "Tu verras" aux questions de la Han, il ne voulait pas lui révéler ce qui l'attendait. Il était mieux pour elle qu'elle s'en rende compte toute seule, ce qui arriva encore plus tôt qu'il ne l'avait imaginer. Apparemment de caractère curieux et observateur, la brune s'était rendue compte que de là où ils étaient, l'impression de toucher les étoiles était plus présente que tout ailleurs.

Presque bouche bée, cette réaction fit à nouveau jubiler le blondinet qui ne s'attendait pas à un tel élan de surprise. Ce fut d'ailleurs à cet instant qu'il s'était rendu compte tenir la main de sa compagne dans la sienne. Devenant rouge pivoine comme jamais, il ne chercha pas à se dégager non plus. Au même moment, Hana se laissa tomber dans l'herbe, entraînant le jeunot avec elle. Un petit cri de surprise s'échappa de sa gorge au moment où il se retrouva happer vers le sol. Et, avant même de s'en rendre compte, son bras se retrouvait autour des épaules de sa nouvelle amie. Peut-être aurait-il du rougir encore plus ? Peut-être aurait-il du fuir et se trouver une cachette, parce qu'au point où il était, son coeur battait la chamade et la chaleur commençait à monter à tel point qu'il ne savait plus quoi faire. Pourtant cette position le confortait – autant dans sa décision que dans le moment présent. Et la question de la belle fut d'autant plus directe qu'elle avait raison dans les deux cas.

« ▬ ... Disons que c'est un peu des deux, Hana ... »

Sa tête glissa pour aller ensuite se poser contre celle de la belle. Sûrement un élan de courage et de romantisme dont il n'aurait plus jamais l'occasion de faire part, mais il s'en foutait. Il était bien, assis à côté d'elle. 

« ▬ Et bien ... Je suppose que je vais parcourir seul le monde, en attendant de rencontrer des gens intéressants. Je veux retrouver quelqu'un qui pourra m'en apprendre plus sur le monde des ninjas. Et une fois que j'aurai le niveau, j'intégrerai un village ; Celui que mon clan rejoindra. Mais en attendant, je ne peux qu'errer dans ce monde ... Rien de plus ... »

D'humeur mélancolique, heureusement que Hana enchaîna avec une proposition des plus alléchantes qui empli immédiatement le petit blondinet de bonheur.

« ▬ Oui ! Oui, faisons ça ! Après tout, on est jeune, on pourra encore se voir hein ? Je veux dire ... Si tu prends des vacances chaque années ici, je suis certain qu'on pourra se revoir ! Et puis .. J'ai envie de te recroiser ... »

Le plus sincère du monde, ce fut d'exclamations en exclamations que Shion lui avait avoué – autant à elle qu'à soi-même – que cette idée était tout ce qu'il y avait de plus bonne. Restait plus qu'à voir ce qui les attendait. Blotti l'un contre l'autre, ils allaient sûrement passer la nuit dehors ; Et peut importait pour lui. En plus d'être un réel radiateur, bouillant même en hiver, il ne craignait pas le froid. Pas tant qu'elle était là ...

Eh bien voilà, elle aurait dû le guider dehors plus tôt, car visiblement, sans surprise, son caractère se changeait sous la douce pluie d’étoiles de  composer mère la nuit, elle avait un effet apaisant sur les âmes, c’était indéniable.  Si bien que lorsqu’il posait sa tête, elle était maintenant deux à se retenir pour éviter de tomber dans un néant de mélancolie, à la place ainsi soudé, elle était emplie de joie et d’une chaleur de vivre que la brune n’avait plus retrouvé depuis longtemps. Même si ce n’était pas dans ses habitudes, cette trace-là de son passé, non, elle ne la perdrait pas, aucune chance que cela arrive, puisqu’à l’infini toutes sa vie, trois jours dans son existence futile viendraient le lui rappeler.  C’était un petit moment magique dont peu avaient le secret, un dont mieux que personne elle  savait profiter.

-Soit, alors je prends ça pour une promesse de ta part, dans trois jours, je compterais déjà les trois cent soixante-cinq qui nous sépareront. Et disons, que pour que les retrouvailles soient plus belles, il faudra que l’on ne se montre qu’avec une bonne nouvelle ok ? Un an à chaque fois pour trouver du bon dans notre vie, c’est largement faisable. Oui faisons ça !

Le sourire se voulait charmeur et ça, elle aussi en avait le secret, redevenu une petite fille un poil trop naïve, elle y croyait,  à tort ou raison, seul l’avenir allait pouvoir le lui dire, mais pour l’heure le silence se faisait, comme si tous deux méditaient à ce qu’ils venaient de dire. Imaginer leur rêve fou d’enfant perdu dans un monde qui ne leur avait pas encore donner leur place respective et curieusement la brune se perdait à espérer qu’il en ai une qui soit commune pour plus de praticité, sans savoir malheureusement que l’avenir allait en décider autrement. Pour l’heure, le monde shinobi dont il parlait lui était inconnu et très vite ses dires avaient suffi à l’y intéresser, silencieuse elle s’imaginait déjà qu’elle serait la surprise pour lui de la découvrir alors marchant sur ses traces.  Et si la prochaine fois elle le défiait avec pour but d’un jour le rattraper et sa décision sur l’avenir fut prise à cet instant, le même où elle avait brisé le silence doux qui les étreignait.

-Dis-moi Shion, c’est quoi au juste ce monde ninja dont tu viens de me parler, qu’est-ce qu’il y a de bon dans le fait de se battre à part faire souffrir  autrui…

Son âme s’était perverti en plusieurs points certes, mais il avait un aspect dans cette dernière qu’aucune horreur avait su touché, Hana était au fond un être gentil et pacifique, quel que soit les circonstances, c’était là dans sa nature profonde de vouloir que des issus pacifiques à tout. Elle était persuadée qu’en étant douce, les autres le seraient aussi avec elle, pour l’heure, ça n’avait pas beaucoup marché, mais elle y croyait dur comme fer…  Une vision encore une fois naïve qui l’empêchait de suffoquer dans un monde oppressant où elle manquait déjà assez d’air comme ça… Qui aurait cru qu'en s'étant ravisé, le jeune homme avait offert à la demoiselle la nouvelle chance de récupérer sa vie.

Que lui arrivait-il ? Pourquoi se laissait-il autant aller ? Il ne devait pas s'attacher, et pourtant c'est exactement ce qu'il se passait à ce moment-là. Il avait réellement tenté de prendre ses distances ; Les souvenirs de son maître, aussi douloureux étaient-ils, représentaient aussi une part de lui-même. Il ne voulait plus perdre quelqu'un comme il l'avait perdu ; Il ne voulait plus souffrir à ce point. Cette raison le poussait dès lors à devenir plus fort. Pour protéger ceux qu'il aimait. Pour protéger ses amis. Et bien qu'à l'heure d'aujourd'hui, il n'en avait qu'une, cela suffisait à le pousser vers l'avant. La motivation était là, mais pour le moment il ne comptait pas bouger. La chaleur de Hana le réconfortait, en quelque sorte. Il se persuadait intérieurement que cette situation ne changerait jamais, que le bien-être qu'il ressentait ne s'envolerait jamais. Et d'un autre côté, il savait pertinemment que tout ceci était éphémère. Un peu comme la vie, en somme. Seulement, ce qu'il retenait aussi de tout ça se résumait en deux mots : Trois jours. Le rendez-vous annuel qu'ils s'étaient fixés représentait beaucoup pour lui. Il savait que cette fille s'intéressait à l'argent, il savait qu'elle n'avait pas été attiré par sa personne. Alors pourquoi son instinct lui dictait-il de lui accorder sa confiance ? Qu'est-ce qui lui disait qu'elle serait effectivement au point de rendez-vous chaque année ? Le seul moyen de le savoir était d'y aller, de se rendre sur place. Et pour le moment, il y était déjà ...

« ▬ Oui, je te le promets ! On fera un pique-nique sous la belle étoile, et on s'amusera à se raconter nos blagues. On pourra aussi se défier, vérifier nos progrès, et le jour où je serai assez fort nous irons ensemble dans une nation. »

Tant d'enthousiasme dans un corps si frêle. Ignorant ce qui lui arrivait, l'adrénaline qui montait à chaque instant, il serra encore plus fort la brunette contre lui. Il voulait s'assurer de sa présence, que tout ceci ne se résumait pas en un doux rêve dont seul lui aurait le secret. Elle existait et était belle et bien vivante, alors pourquoi ressentait-il déjà la tristesse de leur futur adieu ? Sans penser aux retrouvailles, il fallait déjà qu'ils se quittent et pour le moment, ça ne l'enchantait gère. De plus, son sourire mi-charmeur mi-taquin ne lui rendait pas la tâche facile. Cependant le silence fut rapidement couper par sa question ; Aussi naïve que véritable. C'est ce côté là qui la rendait si mignonne, en fin de compte.

« ▬ Le but d'un ninja n'est pas de faire souffrir autrui. Enfin si, mais pas le mien. Chaque ninja possède son propre but, son propre "Nindô". La plupart du temps, il s'agit de faire prospérer son village en accomplissant des mission tu vois ... Être rentable en fin de compte. Pour ma part, je suis devenu ninja à cause de mon senseï, pour honorer sa mémoire, mais surtout pour protéger les gens que j'aime des ninjas qui justement font souffrir les autre. S'il faut que je tue pour ça, alors je tuerai, puisqu'au final j'ai bien plus peur de la vie que de la mort. Je ne pardonnerai jamais à ceux qui s'attaquent à mes proches. Jamais. »

Des paroles aussi vraies que froides. Il venait en quelques phrases de décrire sa voie, celle qu'il comptait emprunter. Pourtant être ninja comportait aussi des points forts, des avantages.

« ▬ Tu sais, ce monde possède aussi de bons côtés. Les missions de groupes, on se fait rapidement des amis ; Et puis on est respecté par les gens du village, on récolte ce que l'on sème en somme. Mais je me plais à croire que si plus personne se bat, alors la paix dans le monde reviendra ... Que si plus une goutte de sang ne coule, alors les morts s'arrêteront ... Mais je sais mieux que quiconque que tout ceci est impossible ... »

C’était tentant, très tentant même la façon dont il vendait cela, au point que oui, la brune se laissait bercer par cette idée, celle de devenir une shinobi, en kunoichi dévouée elle représenterait un village de tous ses charmes. L’idée était plaisante bien qu’un peu folle, en revanche contrairement à son compère, ce village était tout trouvé et plus il parlait plus elle découvrait que les bases de cet art en elle, elle sortait de sa bulle et regardait la lune et voilà comment enfin elle était lassé de sa vie de la nuit. Peut-être aspirait-elle à quelque chose de plus saint que ce quotidien intéressé et hasardeux, l’espace d’un instant même elle espérait que celle qu’elle attendait ne revienne pas, comme si le jeune homme à la base si sombre avait illuminé sa lanterne au milieu de l’obscurité de sa vie. Un peu comme l’astre lunaire illuminé leur horizon de façon subtil, la question alors, qu’avait-elle fait pour lui ?

Encore une fois la brune prenait sans donner, du moins elle en était persuadée, ce soir dans le noir elle reprenait goût à la vie, à l’écart dans un monde à part elle repartait et est-ce que tout comme elle dans le fond il pleurait ? Probablement, une certaine intuition lui disait qu’ils n’étaient au fond pas très différents. Mais les pleurs étaient parfois fait de larmes de joie ou de tristesse, dommage, il n’y avait pas de juste milieu avec elles, voilà pourquoi la belle les évitait, car le sourire contrairement à elles lui avait sa place parmi toutes les situations. La perte de ceux que l’on aime, une des plus grandes faiblesses de l’humanité, l’attache capable d’être portée à ses pairs, ce sentiment doux et enivrant poussant à la bêtise ultime, illusion ultime qu’est « L’amour ». Capable de tout nous donné mais aussi tout détruire, nous poussait au summum ou nous enterrait dix mille lieux  sous terre, pourtant, tout être humain y aspire au fond de lui, la loi de perpétuité, quelle explication autre pourrait-il y avoir ?

Voilà bien des interrogations confuses qui ne devraient pas avoir leur place ici, le temps était compté et l’attente qui s’en suivrait aller être longue, très longue, trop longue. Mais si bien installée là, elle aurait bien s’endormir, pourtant qu’importe la fatigue, la brune ne voulait pas dormir, elle voulait profiter, au pire, elle se reposerait après, voilà  pourquoi avec précipitation elle s’était relevé, comme pour dire à Morphée que ce soir, demain et même après demain elle se passerait de sa compagnie. Irréaliste là encore… ? Vous connaissiez bien mal Hana. Et d’une pirouette, elle demandait à ce que son vœu soit exaucé…

-Je ne veux pas dire, ni rêvasser, j’aurais toute l’année pour ça ! Allez debout ! Montre-moi, oui montre ce que c’est un shinobi, non fais même mieux, initié moi comme ton maitre l’avait fait avec toi. Je me sentirais moins bête avec ne serait-ce qu’un aperçu de la voie que je veux prendre !

Bien sûr qu’elle riait, car l’art ninja, elle ne le connaissait ni d’adam, ni d’eve, certes, elle avait apperçu ou en connaissait quelques facettes, mais sa pratique était réduite à néant, pour cause jamais elle n’avait eu à se battre par ce procédé, face à cela un autre détail la frappait, la voilà qui allait avancer dans le monde désarmée… ? Non, bien sûr que non, ou du moins, pas bien longtemps, enfin à condition que le mentor daigne se prêter au jeu…

Être ninja. La définition précédemment donnée par Shion représentait son idéal ; Ceux qu'il respectait et le type de personne qu'il voulait devenir. Certes, il était loin d'être un puissant ninja, et encore moins talentueux ; Mais ce qui le démarquait des autre c'était son courage. Oui, il était prêt à mourir pour ses convictions sans que tout ceci ne soit des paroles en l'air. Seulement, dans son idéal, décéder ainsi n'était pas dans ses attributions. Au contraire, il voulait que la guerre s'arrête et que tout le monde vive en paix. Autant demander la lune. Quoi qu'elle serait sûrement plus simple à obtenir. Fixant celle-ci de ses yeux ronds, Shion appréciait la chaleur de Hana. D'habitude, il détestait avoir trop chaud – ce qui représentait 99% du temps – et pourtant il aurait pu rester ainsi des heures durant voir même y passer la nuit. Blottie contre lui, il se sentait enfin utile à quelqu'un, comme si une nouvelle raison d'exister venait d'apparaître – la première depuis des lustres. Pourtant il ressentait toujours un vide, quelque chose qui manquait, qui clochait. Son coeur lui faisait mal. Comment la présence d'une personne pouvait-elle faire si mal ? Lui rappelait-elle tout simplement l'absence de son senseï ? En quelques sortes il aurait pu le confirmer. Il voulait être pour Hana ce que son maître avait été pour lui. Il voulait lui ouvrir les yeux, lui faire découvrir le monde des Shinobis ; Et en l'occurrence, elle était plutôt intéressée.

A présent qu'ils étaient debout, la belle était surexcitée comme un enfant. Elle tenait réellement à ce que Shion ne lui apprenne quelques trucs. En même temps, que savait-il réellement faire ? Il connaissait quelques techniques de sceau, ainsi que du Taijutsu. En somme, pas grand chose. De plus, athlétique comme elle était, elle devait sûrement être souple et pas mauvaise au combat. Seulement, sans savoir se défendre, elle n'irait pas loin ; même pour se protéger des gens malfaisants. Le regard du blondinet changea presque immédiatement. Quelques instants auparavant la tête dans les nuages, presque mélancolique à la limite du romantique, il était à présent devenu sérieux. Il avait réfléchi quelques instants à la manière dont il allait enseigner quelques choses à la brune. Pour une fille de son carrure, la force brute serait inutile, au contraire. Elle ne ferait même que la désavantager. Mais avant tout, les bases : Il lui fallait une posture. La plus adaptée était aussi la plus facile ; Une position qui incitait à l'intimidation. Passant rapidement derrière Hana, il posa ses mains sur sa taille et la fit pivoter de sorte qu'un arbre, situé environ à sept mètres d'elle, ne lui fasse face. Ensuite, Shion posa son menton sur son épaule – une position plus confortable pour observer les mouvements de sa main gauche, et commença à laisser glisser son bras gauche le long de celui de sa nouvelle élève. Puis, agrippant son poignet, il leva ce dernier de sorte qu'il forme une ligne continue avec son épaules. 

« ▬ Voilà, il faut que ton bras soit tendu, poing fermé et pouce vers le haut ... »

De l'autre main, il prit son second bras et le recroquevilla sur lui-même en position de garde, près de son épaule. Simultanément, il décala ainsi son buste de sorte qu'elle soit elle-même décalée – suivant les lignes de son corps – et écarta ses jambes en guise de dernier geste. Tapotant sur chacun de ses membres pour vérifier qu'elle tenait la position, il passa ensuite devant elle en lui révélant ce à quoi elle ressemblait, adoptant à son tour la même posture.

« ▬ Dans cette position, le poing qui est tendu doit suivre ta cible. Ainsi, elle se sentira oppressée et ne trouvera presque aucune ouverture. De ce fait, elle se focalisera sur ce dernier et tentera de t'attaquer en l'évitant. C'est là que la deuxième main intervient et surprendra ton agresseur lorsque tu la lui balanceras en pleine figure. Aussi simple que ça et pourtant tellement efficace ... »

Sans s'en rendre compte, Shion venait de toucher une personne de la gente opposée. Réalisant dès lors ce qu'il venait de faire, sorti de sa concentration, son teint vira immédiatement au rouge pivoine ...

Certes, le geste était beau et son utilité était tout trouvé, expliquer même et la façon dont il le faisait été en tous points attendrissant, tantôt il se mettait sévère, tantôt il souriait, tantôt il rougissait. Ce jeune homme était une vraie girouette et curieusement la brune aimait les gens comme lui qui ne la laissait jamais sur sa faim. Première leçon de ce qu’on pourrait appeler de taijutsu ? Première constatation la brune n’était pas douée, loin de là même, elle avait beau tenté d’imiter du mieux le blond, le résultat se voulait peu concluant, d’autant qu’à chaque mouvement, elle pouffait rapidement de rire. Peut-être était-elle trop joyeuse et amusée pour être concentrée ? Surement, quoi qu’il en soit, elle ne lâchait pas l’affaire pour autant le cirque reprenait et la belle au bout d’une demi-heure arrivait à se concentrer assez pour refaire le mouvement. Soit, alors peut-être était-il temps de passer à l’action, enfin, de tenter l’action plutôt…

-Ok, on passe à la pratique alors !

Pour allier le geste à la parole alors, elle s’élançait tentant la prise à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’enfin son main atteigne le visage du blond. Bon, elle ne l’avait que frôlé, ce qui ne l’empêchait pas néanmoins de sauter de joie face à réussite tout à fait minime…

-Le moins que l’on puisse dire est encore que je suis ce qu’on pourra dire un shinobi de premier front ! Je vais opter pour tes maitrises moins physique je pense… Néanmoins, c’était amusant merci ! Je m’en souviendrais. Donc… A moi de te donner une leçon maintenant pour que nous soyons quitte !

Et là inévitable, il lui fallait réfléchir à quoi lui apprendre, que savait-elle faire ? Levant le museau vers le cieux elle réfléchissait alors… Quelle bonne question et elle avait beau faire, rien ne lui venait à l’esprit, pourtant, son utilité en ce monde n’était pas tant sans intérêt, mais là très vite elle concluait que ses « occupations » n’avait nulle doute à être enseigné.  Elle grimaçait, soit, quand soudain une idée de génie lui venait, mais oui, depuis toujours à cet art-là elle avait été très douée !

-Hey Shion, sais-tu danser ?

De là, elle les lui attrapait les mains du bout de ses doigts pour les placer, une à sa taille et l’autre bien sûr elle l’a gardé, car en théorie c’est à l’homme de conduire la danse ! D’un pas en avant et l’autre en arrière, elle tentait alors tant bien que mal de le faire pivoter, cela à l’aide de quelques explications ça va de soi, autant que le fait qu’elle ne lui avait pas demandé son avis avant d’agir. Dommage, le lieu manquait de musique, sans son, c’était moins drôle, ce qui lui inspirait alors une chose…

-Tu vois, rien de bien compliqué ! Que dirais-tu de trouver demain un endroit où l’on joue de la musique, car vu l’heure, je suppose que ce soir c’est fichu. D’ailleurs, j’en conclu que l’on dort ici ? Faisons un feu !

Car oui, il n’existe pas un vrai campement sans un bon feu fumant… C’était parti.

Le rire. Le sentiment le plus magnifique que Shion connaissait. Capable de se partager, de se transmettre d'une personne à une autre. Capable de remonter le moral des plus dépressifs et de destresser les plus anxieux. Il était à la base de tous les sentiments heureux. Et à ce moment précis, le blondinet avait envie de rire. Non pas se moquer, au contraire, mais accompagner Hana dans sa démarche parce que son rire à elle – celui qui la caractérisait si bien – était tout bonnement fabuleux. Dans un lieu si vaste et une nuit magnifiques, nos deux jeunes gens s'amusaient bien ; Tantôt souriant, tantôt hurlant, on aurait dis deux gamins dans un bac à sable. Shion corrigeait tant bien que mal les mouvements de la brune – qui était pour le moins plutôt douée – et en profitait pour ajouter une pincée de bonne humeur dans le lot. Ici, il se sentait à sa place. Ici, tous les malheurs du monde s'étaient envolés pour laisser place à la joie et la bonne humeur. Le moment pratique arriva enfin et la Ketsueki fit tout son possible pour le toucher, ce qui ne tarda d'ailleurs pas à arriver. Le coup ne fit que frôler le visage du jeune Kadoria et on put tout de même y lire de la fierté. Seulement, avant même qu'il n'eut le temps de la complimenter, cette dernier prit les devant et attrapa le jeunot pas le buste.

Ce fut à ce moment précis que le temps s'arrêta. Il n'avait jamais été aussi proche d'une fille alors comprenez-le. Comprenez sa réaction, cette rougeur qui rapidement s'installa sur son visage. Ce teint pourpre qui l'envahit de but en blanc, lui laissant un fond de teint rouge pivoine. Tout ceci accompagnés de diverses maladresses et bien sûr de bégaiements. Il était heureux – et personne ne l'aurait contredit là-dessus bien au contraire – mais ceci restait une première pour lui.

« ▬ Non je .. je dois t'avouer que .. que je ne sais pas danser ... »

Ses explications, il les buvait comme de l'eau. Ses pas de danses, il les suivait comme un miroir. Ses yeux, il les fixait comme un trésor. Et tout ceci donna une danse – certes, loin d'être magnifique ni maîtrisée – mais un semblant de danse malgré tout. Son coeur battant la chamade, il fallait dire qu'il paniquait un petit peu. Heureusement, Hana s'arrêta avant que ce dernier n'explose pour lui proposer de trouver un endroit où danser le lendemain. Y parviendrait-il ? Sûrement pas ; Mais il se plaisait à le penser. Puis l'idée de son interlocutrice de dormir sur place l'intéressa fortement. Ainsi, elle voulait faire un feu. Il savait très bien se débrouiller dans un forêt et y allumer un feu ; Il fallait dire qu'il se trimballait d'auberges en forêt et vice-versa depuis quelques semaines, alors ce serait véritablement un jeu d'enfant pour lui. Seulement, pour ça il fallait du bois. Certes, une forêt se situait à proximité, mais il fallait voir le type d'arbre qui y était planté. D'autre part, divers animaux tels que des loups, des ourses ou des bestioles poilues autres devaient sûrement se balader dans les environs. Et les aptitudes de Shion n'étaient peut-être pas encore assez développées pour combattre ce genre d'ennemi. Néanmoins et par-dessus tout, la présence d'Hana en ce moment même lui donnait des aîles. Il se sentait apte à tout faire, et ce fut pourquoi il acquiesça avant de commencer à courir vers la forêt – agrippant la main d'Hana au passage de manière inconscience – et de terminer sa course une fois arrivé à l'entrée de celle-ci. Les arbres semblaient secs, un détail important pour pouvoir allumer un feu. Il se mit doucement à escalader un arbre et, comme le lui avait appris son sensei, sauta tout d'un coup pieds joins le long de son tronc. Son poids fit alors céder toutes les branches en-dessous de lui qui s'écrasèrent au sol, ne demandant plus qu'à faire office de combustible. Ses mains passèrent alors sous son T-shirt et sortirent un médaillon dans lequel deux pierres étaient reliées entre elles par une corde.

« ▬ C'est mon senseï qui m'a offert ce collier. En claquant les pierres l'une contre l'autre, on peut créer des étincelles. Tu veux essayer ? »