Mes respects.

Cette lettre vous est adressée, à vous, Myakudou On’, dans un but bien précis. Le reste de cette lettre ne peut être lu que par vous, j’ai placé un sceau qui détruit ces informations si quelqu’un d’autre vient à jeter ne serait-ce qu’un regard dessus. Soyez prudent.

Je vous annonce qu’il y a du grand changement dans ma méthode d’exécution des plans dont je vous ai parlé. Une idée succincte a germé dans mon esprit, une idée qui pourrait sans doute limiter les dégâts que peuvent causer la plupart des déserteurs et shinobis errants dans les pays voisins aux Grandes Puissances Ninjas. Au sein même du Pays de la Rivière, je compte créer un agglomérat de shinobis, avec pour seul but de leur proposer un toit et une organisation minimale afin qu’ils puissent vivre dans la quiétude et la sérénité. Canaliser toute cette haine et la calmer est un bon moyen de réduire les conflits.

Malgré tout, je suis consciente du risque que je prends. La plupart des shinobis présents dans les petits pays sont des déserteurs, et créer un ni de déserteurs pourrait m’attirer les foudres des autres Villages Ninjas. Néanmoins, j’ai prévu une solution adéquate à ce problème. Ce village sera certes un regroupement de vagabonds, mais avec eux je compte ouvrir une grande clinique capable de traiter n’importe quel patient, d’où qu’il vienne. Il y aura également une instance administrative afin de parlementer avec les autres pays, mais aussi afin de dynamiser et contrôler les missions prises par les habitants du village. N’est-ce pas une merveilleuse idée ?

Ce n’est évidemment par mon unique but. Avec tout ce savoir-faire à l’intérieur de ce nouveau village, je pense que je peux collecter les ressources nécessaires me permettant d’avancer dans mes recherches sur comment vaincre un Furyou, ainsi que de savoir où ils se trouvent.

Ceci n’est qu’une mise en bouche de mes futurs plans, il faudra quand même que vous veniez à l’endroit que je vous ai indiqué afin d’en savoir plus. Le jour de cette réunion correspond au solstice de printemps, dans quelques semaines déjà. Soyez prêt !

Que les Nuages couvrent vos pas,

Amaterasu

P.S. : Cette lettre volera en poussière une fois que tous les mots auront été lus par vos yeux.

Mes respects, il semble que j'aime cette expression.

C'est encore moi, l'intrépide gamine aux idéaux démesurés, qui s'adresse à vous. Cela faisait quelques mois que vous n'aviez pas entendu parler de moi, les temps sont durs, la survie aussi. Pendant tout ce laps de temps où j'ai du faire profil bas, beaucoup de choses se sont passées. Il ne sert à rien de vous demander si cela vous dérange de vous raconter ce qui s'est passé, car je le ferai malgré tout, égoiste comme je suis. La nature humaine est douteuse, je l'ai appris dernièrement. Les vertus et les croyances de chacun diffèrent en de nombreux points, sans pour autant affecter les instincts naturels de nos corps. Survivre. Manger pour survivre, se reposer pour survivre, se battre pour survivre, je ne le sais que trop bien. J'ai failli oublier une notion, se reproduire pour survivre, même si cela ne me concerne pas pour le moment... quoique... non, oubliez.

Parce que chaque individu est unique, sa vision du monde et de lui-même lui est propre. Beaucoup de choses peuvent faire évoluer cette façon de découvrir le monde et d'intéragir avec lui. Mais tout ça n'est que pure logique, non ? Cela ne sert à rien de vous préciser tous ces détails. Cependant, jusqu'à il y a peu, j'ignorais ce fait tout simplement logique. Vouloir éradiquer la guerre de la surface de la planète était une vision bien trop utopique qui n'appartenait qu'à mon coeur et à mon esprit. J'ai donc décidé d'agir autrement. Ouvrir cette clinique au sein du Pays de la Rivière m'a ouvert les yeux. Je ne dois pas éradiquer la guerre, mais je dois faire en sorte que peu voire personne ne puisse en souffrir. Ni les familles, ni les combattants, ni les riches, ni les pauvres, tout le monde y trouvera son compte. J'ai perdu cette étincelle qui m'obligeait à tenir cet idéal depuis bien longtemps, et maintenant j'ai perdu la naiveté de pouvoir y croire. Tout ceci m'amène à mon projet d'envergure.

Un grand projet que tous ces shinobis ne pourroent ignorer, un grand projet qui attirera bien des foudres envers moi. Mais ne vous en faites pas, je sais fort bien ce que je fais. J'ai une petite équipe qui m'aide dans mes desseins, des alliés dévoués et purs comme des cristaux à peine extraits de la roche. Je n'ai aucun souci à me faire de ce côté-là. Cela signifie également que l'An'tei n'est plus, l'harmonie à laquelle aspirait mon ancien supérieur n'est plus mon objectif premier. Plus que l'harmonie, je souhaite amener l'ordre en ce bas monde. Un mot qui ferait frémir n'importe qui, moi la première. Mais trève de bavardages, je dois vous parler de la raison première qui m'amène à vous écrire cette lettre.

D'ailleurs, je pense qu'il s'agit aussi de la première chose à laquelle vous avez pensé en sachant que j'étais l'expéditrice de ce message. Et oui, ce sujet, je veux bien parler de mon petit bout d'chou Ninigi ! Comment va t-il ? Est-ce qu'il est en bonne santé ? Il grandit bien ? Il mange bien ? Il ne faut pas le laver à une eau trop chaude, donc les bains publics ou les sources chaudes sont une interdiction primordiale ! Il a déjà commencé à marcher ? A prononcer des mots ? Quel mot a t-il dit en premier ? Aaah, j'aurai tellement voulu être là pour voir ça. Mais les choses sont mieux ainsi. Hu, j'en oubliais pourquoi je vous l'avais confié à vous. Myakudou On', vous n'êtes pas un shinobi que les gens puissent prendre à la légère, de plus vous vivez au sein d'un village serein et puissant, et vous partagez des principes avant tout pacifistes, des qualités que j'ai vues en vous lors de notre dernière rencontre. Ca ne pouvait être nul autre que vous ! Je vous fais entièrement confiance à ce propos ! Bon courage, Papa On' !

Ah, et désolée de ne pas avoir pu venir au lieu de rendez-vous, les choses se sont envenimées d'une manière bien étrange, j'ai du décliner mes précédents plans. Vous savez où me trouver, vous n'aurez qu'à chercher un lieu appelé "Takamagahara", et les habitants du Pays de la Rivière sauront de quoi vous parlez. Sur ce, je vous dis à bientôt ! Gros bisous à Ninigi !!

Que les Nuages couvrent vos pas,

Amaterasu

P.S. : Cette lettre volera en poussière une fois que tous les mots auront été lus par vos yeux, encore.

Mes respects.

Je ne vous cache pas ma surprise de vous savoir vivante, car à mon sens votre mort était bien la seule et unique explication plausible à votre mystérieuse absence aux vestiges du Panthéon Kaimetsu il y a bientôt trois saisons. Aussi, je ne vous remercie pas de m'avoir imposé cet aller-retour inutilement chronophage.

J'en viens d'ailleurs immédiatement à Ninigi, et sans détours : en me câblant ce fardeau autour du cou sans me demander mon avis, vous avez compliqué ma vie à un point difficilement imaginable, et soyez bien consciente que je ne vous remercierai pas non plus pour cela. Je suis au service de la feuille, mon  quotidien n'est malheureusement pas aussi flexible que celui d'un nuke-nin puisqu'axé sur la survie de la communauté avant celle de l'individu. J'aurais apprécié recevoir une preuve de votre confiance sous une forme différente.

J'en ai terminé pour les mots désagréables. Ninigi va bien, il se fraye péniblement un chemin dans le premier âge, et je fais mon possible pour le guider dans cette voie ; je ne suis cependant pas seul sur le coup, puisque Mao m'apporte son soutien régulier dans cette tâche, au même titre qu'une amie pharmacienne de confiance qui lui procure le peu de confort maternel qu'elle peut lui offrir. Nous nous relayons tous les trois pour assurer sa construction dans des conditions décentes malgré nos emplois du temps respectifs de chûnin, jônin et « sennin ».
Le garçon commence à se tenir sur ses seuls pieds avec l'aide d'un tiers, et j'ai soigneusement enregistré ses premiers mots dans une mémoire de chakra que je partagerai peut-être avec vous un jour, sait-on jamais. De fins cheveux clairs (dont vous trouverez une mèche en pièce jointe) ont commencé à s'emparer du haut de son crâne, et de subtiles éminences blanchâtres dans sa mâchoire annoncent l'ère de la mastication.

Seule tâche d'encre, si j'ose m'exprimer ainsi : le sceau sur son dos. Vous l'avez peut-être remarqué si vous avez pris la peine de changer ses draps avant de le livrer aux cigognes : un tatouage gigantesque et inquiétant, aux allures abstraites, mêlant courbes chaotiques et angles droits, s'étendant jusqu'à l'épaule droite et l'avant-bras gauche du garçon. Mes contacts experts en fuinjutsu n'ont pas su analyser la composition du sceau, mais tous sont d'accord avec moi pour confirmer qu'il y a du chakra passif piégé dans l'encre. Aucune incidence notable sur sa croissance pour le moment, mais je vous fais part de mon inquiétude. Seriez-vous à tout hasard l'auteur de ce sceau ? D'avance merci pour vos éclaircissements.

Je n'ose plus me prononcer sur vos projets, d'abord parce que vous restez volontairement énigmatique à chaque fois que vous les évoquez, et surtout parce que sous vos airs de pacifiste déterminée, vous semblez découvrir le monde de jour en jour et construire votre idée brique après brique. Je ne suis pas mieux placé que les autres pour vous juger, mais cet éclair de lucidité dont vous m'avez fait témoin en évoquant l'inaccessibilité utopique de la paix universelle prouve que votre quête est en travaux, probablement pour le mieux. Je me réjouis par ailleurs que votre projet d'hôpital ait prit forme ; vous promettre de visiter les lieux serait audacieux au vu de l'emploi du temps qui m'attend, mais je penserai à y jeter un œil si mes affaires me mènent sur les flots du pays des rivières.

J'espère de tout cœur que vos idéaux ne vous mèneront pas sur de fausses pistes, et que votre « quête d'ordre » reste modeste et respectueuse des libertés individuelles et collectives des grands villages. Dans le cas contraire, vous me trouverez fatalement sur votre route, ce qui serait tout de même fâcheux ; j'aime penser que nous pourrons un jour croiser nos desseins. Reste à fixer ces derniers...

Pour ma part, j'ai l'intention de me lancer sur les traces du chasseur de visages, le dernier fléau du pays du Feu. C'est mon devoir, mais j'ai également des raisons personnelles de partir à la chasse. A ce propos, n'hésitez pas à me tenir au courant de l'avancement de vos recherches sur la méthode d'élimination des Furyous ; je mène ma propre étude sur le sujet, j'espère pouvoir vous en parler avant d'en payer les frais.

Les nuages couvrent mes pas, que le silence couvre les vôtres.

On' ♪

P.S. : cette lettre ne volera pas en poussière après lecture, je n'ai malheureusement pas votre doigté en fuinjutsu. Je vous laisserai le soin de l'archiver de la façon que vous jugerez appropriée.