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Tout puait l'échec. En ce sombre jour même les formules magiques qu'Onpu gardait en réserve pour rester optimiste en toutes circonstances semblaient ne pas marcher.

Ce sombre jour était celui des obsèques de Hyûga Kotori et Mitarashi Reha.

Les deux genins s'étaient éteintes côtes à côtes, inséparables jusqu'au dernier soupir. Elles s'étaient battues ensemble contre un trio d'assimilateurs; deux d'entre eux étaient répertoriés dans le bingo-book comme des criminels de rang B, et un de rang A. Ils courraient toujours, même si des rumeurs disaient que l'un d'entre eux s'était suicidé de désespoir après avoir apprit la mort de Makka la déesse. Il n'en restait pas moins que Kotori avait fini méconnaissable, charcutée de tous les côtés par une tornade fûton ingérable pour une genin de son niveau, et que la pauvre Reha s'était retrouvée avec la moitié du corps et du visage calciné.
On les avait incinérées plus tôt dans la journée. La plaque de marbre et le renard d'or et de cuivre n'attendaient plus que leurs cendres.

Une poignée de gens étaient là, il en connaissait certains. Maïka ne manquait pas à l'appel, elle avait tenu à venir pour l'épauler dans ce moment difficile. Il leur faisait face. C'était lui qui avait tenu à ce qu'on les enterre ensemble, et à dire un mot à leur sujet.
Il savait qu'il ne pleurerait pas aujourd'hui, il l'avait déjà fait de son côté. La culpabilité restait assez dure à encaisser. Quand on parlait de la mort de ces jeunes filles, on devait sans doute se demander qui avait pu aussi mal les former pour les laisser croire qu'elles pouvaient se frotter à de tels adversaires. Peut-être n'avaient-elles juste pas eu de chance.
Onpu n'était pas vraiment sûr de vraiment savoir comment les choses s'étaient déroulées là-bas. De fait, les étudiantes avaient pris de la distance par rapport à l'équipe depuis l'examen chûnin à Suna. Il avait gardé une oreille et un certain suivi sur elles, mais par la force des choses elles ne s'étaient pas retrouvées dans la même légion que lui à Hai no kuni. Au final, personne n'avait veillé sur elles, et certainement pas lui. Les plus au courant prétendraient qu'il avait alors "d'autres occupations plus contraignantes", car on le connaissait désormais comme l'un des derniers adversaires de Makka. D'autres diraient qu'il était simplement le plus indigne, le plus irresponsable des sensei.

On' trouva finalement la force de s'exprimer, en se disant que le sujet n'avait même pas lieu d'être.

Une longue inspiration.

"Merci à tous d'être venus.

Hyûga Kotori faisait partie de la branche parallèle de son clan. Elle avait été formée dés son plus jeune âge à défendre et protéger. J'ai appris à la connaître, et je n'ai jamais réussi à savoir ce qu'elle pensait de la branche principale, mais une chose est sûre: elle n'a jamais manqué au devoir auquel on l'avait destiné. Son manque de confiance en soi ne l'a jamais empêché de briller en taijutsu, et de se tirer de situations périlleuses, jusqu'à cette embuscade à l'île de la Cendre.
Nous lui devons la libération des Sabakyôs. C'est grâce à elle que la mission aux geôles d'Ame no kuni a été menée à bien, et je crois que ni son clan ni son village ne l'a jamais assez remercié pour cela.

Reha, à l'inverse, était issue de l'union de deux commerçants du pays du Feu. Je l'ai rencontré peu après qu'elle se soit établie à Konoha, alors qu'elle faisait un aller-retour entre Konoha et son village, à l'occasion de quoi elle m'a guéri d'une piqure de vipère. Son serpent, Kini, a été porté disparu à Hai no Kuni. Elle possédait un rapport particulier à la nature, et nul doute qu'à terme elle serait devenue une excellente eisen-nin. Son caractère était diamétralement opposé à celui de Kotori, c'était quelqu'un avec qui on rigolait beaucoup. Elle aimait faire le pitre, mais savait se montrer efficace aux moments appropriés.
Elle a aussi participé au plan de libération des clans d'Ame, en accompagnant Yamanaka Iji lors du coup d'état."

Il était inutile de rajouter davantage de bons sentiments, autant ne pas rendre cette journée plus interminable qu'elle ne l'avait déjà été. Pas la peine non plus de s'éterniser sur les conditions de leurs décès, ni sur la façon dont elles auraient pu être sauvées, ni même sur le fait qu'elles étaient "un sacrifice nécessaire" ou toutes ces conneries qu'on entendait habituellement. Il n'y avait qu'une unique chose à ajouter.

"Nous pouvons leur dire merci."

Alors deux personnes se démarquèrent des autres, portant chacun une jarre. Ils rejoignirent la stèle, et versèrent lentement les cendres des victimes de la guerre dans leur lieu de repos, avant de placer le morceau de marbre par dessus.

Cela s'était révélé moins dur que prévu. Pour On', l'adieu avait déjà été fait avant tout ça. Au final, le plus émouvant était sans doute de voir ces gens rassemblés en silence. Le luthier reconnut en particulier les parents de Reha, qu'il avait eu l'occasion de croiser à l'occasion d'un retour de mission; la mère ne pouvait retenir quelques larmes de temps à autres. De nombreux Hyûga avaient fait le déplacement également, Bunke et Soke confondues. Ce village avait ses défauts, mais il y avait dans l'idéologie konohajin cette bienveillance, un esprit d'entraide qu'il était rare de trouver ailleurs.

Il faisait un temps de chien, c'était le cas de le dire. Le ciel était noir, et il était prêt à exploser, à se déchirer pour laisser place à des éclairs de lumière bruyants. Raito avait le front sur la vitre du balcon. Il voyait les gens s'afférer dans le village, et spécialement les shinobis. Aujourd'hui, on enterrait deux genins qui avaient péri durant la dernière bataille. L'Hayashi n'avait pas eu la chance de les connaître. Ainsi prenait-il l'évènement avec distance. Il était cependant toujours triste de perdre un ami, un amant, un parent, ou encore même et tout simplement, un compatriote. Raito avait décidé d'aller rendre hommage à ces deux genins qui s'étaient battus courageusement pour leur village. Il était temps que Raito s'implique également dans l'aspect social du village, il ne pouvait se contenter de faire ses missions les unes après les autres, et rester ensuite chez lui. Il avait besoin de se socialiser. Bien sur cette sortie n'avait pas d'arrière pensée, il ne faisait pas ça pour être bien vue par les autres Konohajins, il voulait tout simplement rendre un hommage aux défuntes. Il s'habilla de noir, signe du deuil, et partit en direction du cimetière. Raito marchait de façon silencieuse, décidément la mort ne semblait pas le quitter, malgré le fait qu'il ne connaissait pas ces deux jeunes filles. Mais où qu'il aille, le genin était confronté aux décès autour de lui. Pendant un moment, Raito pensait qu'il était maudit, qu'il donnait, sans le vouloir, la mort aux autres. Cependant cette idée ne tenait pas de bout, et il abandonna très rapidement cette thèse. Il arriva enfin au cimetière. Il y avait déjà beaucoup de monde, civils comme shinobis. Une majorité des gens présents pleurait. Beaucoup de femmes cachaient leurs visages dans les bras de leurs maris. Les hommes, eux, avaient un regard triste et sombre. Raito se sentit terriblement seul. Tout le monde avait quelqu'un pour se consoler, mais lui n'avait personne. Il allait se positionner dans les premiers rangs. Bien qu'il ne pouvait dire qu'il était triste car les deux jeunes femmes lui étaient inconnus, il aurait bien voulu avoir un ami ou une amie pour passer se terrible moment. Un homme d'une vingtaine d'année s'avança. Le Konohajin le reconnut sans hésitation, étant donné qu'il était l'une des rares personnes que Raito connaissait au village. Il s'agissait d'Onpu le luthier. Sauf que cette fois, le jônin n'avait pas cet air joyeux, cet air enfantin, sur son visage. Non, la tristesse le vieillissait presque. Il semblait particulièrement touché par la tragédie, en tout cas plus que la majorité des personnes présentes. Le genin se dit qu'il avait dû bien connaître ses deux jeunes femmes, surtout après le discours qu'il prononça. Il n'y avait plus de doute possible, Onpu connaissait les jeunes filles. Avait-il été leur senseï ? C'est en tout cas se qu'extrapolait Raito. Après le discours d'Onpu, un silence s'installa, personne ne semblait vouloir prendre la parole. Le garçon au chakra rouge voulait s'avancer et parler, mais il ne savait pas quoi dire, et certains auraient pu interpréter ce geste comme déplacé. Qui était-il pour prononcer un discours sur deux personnes défuntes, lorsque les défuntes en question étaient de parfaites étrangères pour lui. Cependant il pensait que ces deux jeunes filles méritaient bien plus qu'un seul et unique discours. Le village tout entier leur devait un immense hommage. Sur le coup, Raito pensa que le cadre était vraiment trop, bien que l'évènement était très triste. Il voulait que les deux tombes aient une certaine magnificence. Il s'avança, et tous les yeux se braquèrent sur lui. Le silence pesant était toujours présent, mais quelques murmures commençaient à se faire entendre. Certains devaient se demander qui était le garçon qui avançait. Il semblait être un étranger, mais pourtant il portait le bandeau frontal de Konoha. Sans un mot, Raito effectua quelques mudras, et lorsqu'il eut terminé, un magnifique arbre à fleurs poussa. Il y eut de la stupéfaction dans l'assemblée. Raito ne trouva que ces quelques mots, dédiés à la mémoire de ces demoiselles.

- Ces demoiselles ont donné leur vie pour Konoha... N'oublions pas leur nom, surtout ne nous souvenons pas d'elles que pour leur sacrifice, mais souvenons d'elles pour ce qu'elles furent au quotidien. Cet arbre prospérera, il vivra... Comme nous vivrons et prospérerons grâce à elles.

Raito avait parlé avec son cœur, ces mots pouvaient semblé dérisoires. Il n'avait pas vraiment su quoi dire, alors il avait laissé ses émotions le diriger. Il reprit sa place, seul, dans l'assemblée.

La vie veut que l'on finisse toujours par mourir. Cette réalité inaliénable était inscrite en chaque être à la naissance. Sans cela, personne ne craindrait quoi que ce soit, et l'on ne pourrait pas profiter autant de la vie. Afin que cette vérité ne soit jamais oubliée par les vivants, régulièrement, des gens, plus ou moins proches, disparaissaient.

Avec les récents événements, Raki s'était attendu à ce que tous ne reviennent pas. C'est là tout ce que l'on gagnait à guerroyer, et envoyer des novices au combat. Lui-même se sentait incapable de tenir tête à la majorité des opposants qui se dresseraient devant lui à l'avenir. Il n'avait pas particulièrement d'atouts au combat. Des Genins, tout comme lui. Voilà ce qu'ils enterraient aujourd'hui. Ce monde n'était pas fait pour les faibles. Les gens qui naissaient faibles, mourraient faibles, sans avoir accompli quoi que ce soit.

Il ne savait même pas pourquoi il allait assister à ces enterrements. Cela n'avait aucun intérêt, il ne les connaissait pas, et ne se sentait même pas ému par leur destin tragique. L'envie de rire le prenait quand il pensait à la stupidité des choix qui avaient été fait.

Familles, amis, connaissances, camarades de combat, illustres inconnus, compatriotes. Tous se rassemblaient pour se souvenir, une dernière fois tous ensemble, de ninjas qui n'auraient pas dû quitter ce monde si tôt. Des choses ne changeraient jamais, il n'y avait aucune raison de culpabiliser. En aucun cas Raki n'aurait pu les sauver, ses compétences n'étaient pas assez bonnes pour cela. Personne n'aurait pu les sauver sans sacrifier quelqu'un d'autre à leurs places.

Vétu de noir, mais en civil, le jeune homme serait un peu à l'étroit avec tout ses gens. Jamais une larme ne coulerait, son cœur ne tremblerait pas devant leurs photos. Il essaierait déjà de ne pas éclater de rire. S'il réussissait au moins cela, il aurait fait un immense hommage à ces kunoichi.

Les gens se rassemblaient, un véritable cortège noir se dirigeait vers le cimetière. Le pire dans l'histoire était que Raki ne pouvait pas simplement se contenter de courir, d'arriver, de jeter une rose blanche, puis de repartir. Ou peut-être qu'au fond de lui, il ne voulait pas réellement bâcler cette part de son devoir. Il pouvait arriver en retard, ignorer les ordres d'Aku, mener des expériences farfelues qui ne correspondaient à rien. Il pouvait rater autant de missions qu'il voulait, même les plus simples et les plus ridicules par pur caprice. Pourtant, cracher sur les morts, ce n'était pas du tout du même calibre. Ce n'était pas une question de respect, au contraire, Raki voulait se révolter rien qu'à l'idée de se sentir obligé d'y assister. Il voulait peut-être simplement voir de ses yeux ce que cela signifiait que de mourir pour protéger ce que l'on aime.

Les adieux semblaient particulièrement émouvant, même si Raki n'éprouvait absolument rien. Il devait avoir l'air si froid que c'en était presque inutile qu'il assiste à toutes ces formalités. Un discours, pourquoi pas. Cela faisait bonne figure. Les vivants regardaient les morts, mais ce qu'ils regardaient et écoutaient avant tout, ce n'était rien d'autre qu'un vivant. Quel intérêt y avait-il à s'intéresser à ses paroles ? En plus, il semblait tellement mal à l'aise. Des gens devaient lui tenir rancune pour la mort des deux Genins.

Si jamais il avait eu la chance de les rencontrer, cela l'aurait peut-être ému, voire même fait fondre en larmes. Toutefois, l'intérêt de tout ceci résidait dans le fait que tout lui était inconnu. Elles étaient mortes, comme lui aurait pu mourir s'il avait du aller sur le champ de bataille.

Après le discours, les cendres furent apportées dans des jarres. Raki regarda les cendres tomber lentement à l'intérieur des tombes. Au moins, elles auraient de la compagnie pour un moment. Elles ne se sentiraient pas seul. Le plus effrayant dans la mort, c'est que l'on y fait fasse seul, par chance, c'était à deux que ces deux jeunes filles étaient parties.

Un autre homme se distingua de la foule, pour faire pousser un arbre. Drôle d'idée. Cela n'intéressait même pas Raki, il savait déjà suffisamment de choses sur les Hayashi pour s'en coltiner une quotidiennement. Sazena était vraiment un cas à part.

Ses pensées vagabondaient, et ses yeux aussi. Aux expressions des gens, peu connaissaient le Hayashi. Raki en était intrigué. Un illustre inconnu s'illustrait, sans que personne ne le connaisse. Parfois, les choses les plus loufoques paraissaient les plus banales.

En ce qui le concernait, Raki resterait bien sagement dans les rangs. Exhiber aux yeux de tous que cela ne l'attristait pas le moins du monde ne semblait guère judicieux. De même pour toutes le blagues douteuses qui pouvaient lui venir en tête. Il valait mieux laisser chacun avec ses propres pensées, rendre hommage à sa propre façon.

En ce qui le concernait, il n'y avait que quelques mots qui venait à l'esprit du jeune homme :

« Elles étaient des nôtres. »