Petite marche banale en cette aurore sous la pluie, enfin presque, coiffée d'une capuche « becquée » - qui ressemble à un bec des bestioles que je déteste le plus au monde : Les piafs -, je m’engouffrais dans les alentours de la ville pour trouver : Un maudis oiseau tient ! Pourquoi ? Damne, parce que mon idiot de frère avait cru malin de le détacher de son perchoir, pire encore, de l'emmener dehors et pour couronner le tout, le laissait s’échapper. Enfin, ce n'était trois fois rien me diriez-vous, un oiseau en plus ou en moins à la maison quelle différence, d'autant que celui-ci devait être bien incompétent pour s'enfuir ainsi. Seulement, voilà, il n'était pas à l'intérieur par hasard, avec lui il portait une missive que bien sûr, mon frère n'avait pas jugé utile de lui enlever. Et maintenant quoi ? C'était moi qui en payer les frais courant derrière le piaf avant que le patriarche de la maison l'apprenne et sévis... Non, ma famille était tout, sauf compréhensive.

=| -Stupide Tei'-chan...

Bah oui, qu'il était mon favori de la fratrie ne changeait rien, mon cadet nous mettait dans un sacré pétrin et si je voulais lui éviter un sale sort, j'avais intérêt de retrouver la bestiole idiote et tout remettre en place avant qu'un autre que moi s'active à la tâche, pire, que le contenu de la missive tombe là où il ne fallait pas. En parlant de ça, je voyais se dessiner devant moi avec un air mauvais les traits d'une demeure que je n'avais aucune envie d'approcher, encore moins en pareille circonstance. La plaie, comme pour me narguer ce stupide pigeon roucoulait avant d'entrer dans la propriété Samui...

« Toc toc, bonjour ça va ? Je viens récupérer mon piaf vous permettez ? » ou « Faites comme-ci j'étais pas là, je prends mon piaf et je trace ! » Bah voyons... Je ne voyais pas me présenter à leur porte avec pareil discours, d'autant qu'il y avait de fortes chances pour que non seulement elle se referme sur mon nez et en plus déclenche leur intérêt pour la bestiole ! L'impasse, non l'angoisse de devoir faire preuves de manières face à eux non tout simplement d'avoir à jacasser, car si une évidence existait, les Samui et les Kaguya étaient tout sauf amis, c'était même l'inverse, si du moins en apparence ils se supportaient, Kiri oblige.

Devenons-nous alors la jouer discrète ? Pourquoi pas, après tout pourquoi cela serait différent d'une quelconque autre infiltration, je n'allais qu'entrer dans le jardin d'une maison des plus nobles familles de Kiri. Du suicide. Mais ma foi, quand il n'y a pas le choix il n'y a pas le choix, un bond et j'y étais entrée dans la gueule du loup, sa langue était un parterre tenu à la perfection. Un coup d’œil à droite, gauche plus d'oiseau en vue, où était-il passé au juste, c'était là que mon regard se voyait attirer par une fenêtre ouverte, tandis que mes oreilles m'annonçaient un bruit alarmant...

=| Hey toi ! Qu'est-ce que tu fais là !

Zut... Fumigène lâché au sol, seule la paroi murale semblait pouvoir m'offrir un refuge et avant de me remettre à réfléchir, j'étais entrée par la fenêtre, accroupie contre le mur du bas de cette dernière pour me planquer je faisais face à quelqu'un. Mauvais plan et la seule chose que je trouvais à faire était un...

=| -Salut ! -une main levée en guise de salut...-

Finalement j'en revenais à ma première option de frapper à la porte, enfin à la fenêtre, un petit peu forcé quand même! Combien de chances pour que je ne sois pas fichue, hum ?

Ce matin là, Rei travaillait encore sur ses manuels, comme presque tous les jours. Ce samedi était un jour normal parmi tant d'autres, dehors il pleuvait et il était encore tôt. Il avait donc choisi de travailler plutôt que de s'entrainer, de plus, sa sœur lui avait proposé de s'exercer avec elle aux techniques médicales dans l'après midi. Elle était la plus forte de sa famille, et celle qui possédait la plus grande maîtrise des jutsu médicaux. Elle travaillait dans l'hôpital de la ville en tant que doctoresse. Étant chef de service, elle était respectée de ses confrères et des Samuis. Car dans le clan, le respect de l'autre passe par sa réussite personnelle. Valeur que Rei trouvait vielle et absurde.

Le jeune homme était assis devant son bureau. Entouré par ses manuels et par ses feuilles remplies de schémas sur le corps humain plus complexes les uns que les autres. Certains décrivaient les membres, d'autres le système nerveux, ou encore les différents réseaux et flux de chakra. Afin de pouvoir prétendre à être docteur, et soigner efficacement ses patients, ou lui-même, l'étudiant devait tout connaître du corps humain, que cela soit son agencement, ou les réactions chimiques qui lui permettait de vivre. Rei s'était réveillé il y a peu et avait directement attaqué ses révisions. Il devait toujours plus travailler et s'entrainer afin d'atteindre son objectif, même s'il ne se refusait jamais quelques moments de détente. Et c'était justement ce qu'il avait décidé de faire. Il se leva puis commença à se diriger vers le jardin.

Sa famille vivait dans un maison traditionnelle du village de la brume. Elle était spacieuse et luxueuse, logique étant donné la noblesse de sa famille. Elle se composait d'un étage en plus du rez-de-chaussée, et comptait nombre de pièces. Sa chambre était confortable et grande. Même si tous ses livres et son équipement prenaient une place non négligeable. Situé dans le quartier des Samuis, elle était également entourée d'un vaste jardin. Parcourant le dédale de couloirs afin d'atteindre le jardin, son lieu de prédilection, il se perdit dans ses pensée. Il adorait flâner allongé près de la source au fond du jardin, ou encore près des arbres qui le côtoyait. Ceux-ci étaient grands et assez vieux, ils étaient également dense, la pluie ne pouvant passer à travers leur feuillage. C'était là qu'il avait décidé de se diriger. Il s'allongeait rarement dans l'herbe mais préférait rester sur la dalle en pierre qui servait de siège, réfléchissant à diverses choses.

Quand il eut presque atteint il vit une adolescente qui venait de sauter par dessus le mur qui entourait la bâtisse. Elle était vêtu d'une capuche et Rei n'arrivait pas à distinguer les contours de son visage, mais il parvint à reconnaître les traits qui caractérisaient les Kaguyas. Son clan et celui de la jeune femme avaient depuis toujours été rivaux. Pour autant rei n'avait pas vraiment d’apriori sur les Kaguyas. Il n'aimait pas se baser sur le jugement des autres pour fonder le sien, et encore moins écouter les rumeurs, il en avait trop souffert. Elle semblait scruter les lieux, probablement afin de voir si quelqu'un l'avait remarqué. Mais le jeune homme se demanda pourquoi puisqu'elle avait sauté dans la gueule du loup sans même faire attention à ce qu'il y aurait de l'autre côté du mur. Il la fixa et cria alors :

« Hey toi ! Qu'est-ce que tu fais là ! »

La jeune shinobi utilisa une bombe fumigène afin de s'enfuir, mais il fut surpris de la voir débouler devant lui « caché » juste en dessous de la fenêtre. Donc au lieu de s'enfuir par la route elle s'était rapproché de son opposant, il pensa tout d'abord qu'elle devait être stupide, mais il mit cela sur le compte de la panique et d'un mauvais jugement. Quand elle se rendit comptait qu'elle lui faisait face, elle leva la main :

« Salut » dit-elle.

Il était évident qu'elle était encore jeune et que comme lui elle ne maîtriser pas encore l'art du ninja, loin de là.... Il décida alors de lui répondre simplement et calmement, afin que sa famille ne la remarque pas. Non pas parce qu'il avait de la compassion pour la jeune femme, mais plutôt pour ce que ça impliquerait si on découvrait qu'un Kaguya était rentré par effraction chez un Samui.

« Qu'est-ce que tu fais là ? Tu te rends compte des risques que tu prends en venant ici ? »

=| -Qu'est-ce que tu fais là ? Tu te rends compte des risques que tu prends en venant ici ?

Grillée ? Ça semblait évident, si je me rendais compte, non je savais que trop bien la folie de mon acte, d'un simple coup d’œil l'évidence était là, il avait pu voir à cette distance les deux points ornant mon front. J'étais cataloguée Kaguya et là, ça devenait plus compliquer que jamais, dangereux même, mais pas que pour moi. A l'abri, le tissu ne servant plus, j'ôtais la capuche qui gênée ma vue, cette voix était la même que celle du jardin, possible qu'il était encore le seul informé de ma présence. Et maintenant que faire ? Dans un dernier élan de culot si on peut dire, je tentais la simplicité, pour une fois qui sait...

=| À tout hasard, un oiseau ne traînerait pas dans le coin ? Ce crétin indiscipliné s'est enfui et ma course me l'a fait entrevoir qui entrait ici... Quant aux risques pris... Crois bien que ce piaf de malheur en a pris bien plus que moi. - à comprendre : attends que je mette la main dessus et la poêle à chauffer... - Je suppose que tu es un Samui, vrai ?

Question stupide... Je ne pouvais pas dire plus vrai ! Certes pas tout, mais qu'une extrême vérité -pour une fois -, mentir ne s'ajouterait pas à ma liste de lors de ma remonté de brettelles, car c'était évident que là l'histoire allait se régler en « vrai ». J'imaginais déjà la réaction Samui et à son antipode la Kaguya -pour une fois qu'un de mes actes leur aurait plu... -, de quoi mettre le feu aux poudres, mon père n'attendait que ça, mais moi j'aspirais à autre chose que taper du Samui, aujourd'hui du moins. Et comme c'était évident que j'étais une Kaguya, je m'abstenais de me présenter, quelle utilité ?

Plutôt serein, le Samui face à moi n'avait pas grand chose des descriptions que l'on m'en avait faites, il avait une allure qui le montrait toutefois assez humble, sa carrure semblait fragile, mais son agilité ne m'y avait pas trompée, c'était un shinobi qui me faisait face. Autant posé cartes sur table, nous étions après tout de la même faction, même si j'étais en tort avouons-le...

=| -Je ne cherche pas les ennuis, je suis pas vraiment une machine sans cerveau tu sais -allusion au cliché sur les Kaguya-, je veux simplement récupérer mon dû et j'ai eu de sérieux doutes d'y parvenir en frappant à ta porte. J'ai faux ? Tu t'imagines une Kaguya toquant ! « Bonjour je peux entrer pour mon oiseau s'vous plait ! »

Je me faisais rire toute seule, car devant la bêtise de mes dires, mon ton ne pouvait plus rester sérieux, trahissant ainsi mon amusement. Pourtant, j'étais plus tendue qu'un élastique à la limite de casser, le sourire en coin je patientais de voir la réaction du Samui qui allait dicter la suite de l'histoire.

Quand la jeune femme ôta sa capuche, Rei pu enfin poser un nom sur la personne qui se dressait devant lui. Kaguya Aojikawamanashi, un nom bien long pour la jeune adolescente et qui tranchait avec sa petite taille et sa fine carrure. Elle avait deux points sur le front, symbole de son appartenance au clan Kaguya et arborait une longue chevelure blanche, qui contrastait avec le ciel. Elle portait également une sorte de collier fait d'os, probablement des phalanges, sinon ils ne tiendraient pas autour du frêle cou de la jeune fille. Il ne la connaissait que peu, mais il avait déjà entendu parler de sa famille de part son père, et comme le jeune homme a une bonne mémoire, il se souvenait donc de la famille de Aoji'. Une famille assez stricte, comme bon nombre de Kaguya.

Ce clan était connu pour sa maîtrise très particulière de leur os. En effet ils pouvaient s'en servir comme d'une arme, et les retirer de leur corps ou les faire grandir. Rei trouvait cette caractéristique très intéressante, scientifiquement parlant, et surtout la façon dans les muscles et tendons s'agençaient afin de faire bouger l'os sur lesquels ils reposaient. Leur peau se régénérait très vite, et les signaux de douleurs ne parvenaient pas jusqu'au cerveau du ninja, ou tu du moins, ils étaient ignorés par celui-ci. Il ne connaissait pas vraiment la raison ni même l'explication, mais il l'apprendrait bien un jour de toute façon. Tout ce qu'il savait c'est qu'à cause de cette technique il mouraient assez jeune, sauf rare exception. Les cellules vieillissaient en accéléré à force de se régénérer.
Il était aussi réputé pour sa férocité, et son extrémisme. Les Kaguya voulaient imposer leur vision des choses et cherchait pas tous les moyens à posséder toujours plus de pouvoir et de puissance.

« À tout hasard, un oiseau ne traînerait pas dans le coin ? Ce crétin indiscipliné s'est enfui et ma course me l'a fait entrevoir qui entrait ici... Quant aux risques pris... Crois bien que ce piaf de malheur en a pris bien plus que moi. Je suppose que tu es un Samui, vrai ? »

Tout ça pour un oiseau ? Elle devait vraiment y tenir pour s'être aventuré si loin, et avoir pris tant de risques inconsidérés. Après sa réponse, le jeune homme voulu lui répondre mais après un court temps de réflexion elle poursuivit :

« Je ne cherche pas les ennuis, je suis pas vraiment une machine sans cerveau tu sais, je veux simplement récupérer mon dû et j'ai eu de sérieux doutes d'y parvenir en frappant à ta porte. J'ai faux ? Tu t'imagines une Kaguya toquant ! « Bonjour je peux entrer pour mon oiseau s'vous plait ! » »

Par nature, Rei ne croyait jamais ce qu'on lui disait, ou plutôt il ne buvait jamais les paroles de ses interlocuteurs, pas avant d'avoir confirmé leur dire. Elle n'était peut-être pas une machine sans cervelle, mais elle n'avait pas conscience de la portée de ses actes. Leurs deux familles prendraient se prétexte pour nourrir le conflit qu'entretenait les deux clans.

« Tu n'as pas tort en disant que mes parents, ou même mon frère et ma sœur t'auraient envoyé balader si tu leurs avait posé une telle question. Mais saurait été beaucoup moins inconsidéré que de sauter dans le jardin du clan rival. »

Il prit un petit temps de réflexion puis poursuivit :

« Avant de répondre à ta question, j'aimerai savoir ce qui te pousse à aller si loin pour un simple oiseau. »

Il le reconnaissait lui-même, c'était le râteau assuré que de venir l'air de rien se présenter chez les Samui et ce qui semblait être un semblant de morale me laissait de marbre. Non ce n'était pas un scoop, mais je pouvais difficilement lui dire ce qui se jouerait là, bien au-delà de ma simple effronterie à leur égard, le contenu de la missive pourrait me faire du tort, par moi j'entendais nous Kaguya et cela bien que je n'avais aucune idée de ce qu'elle contenait encore. Alors non, pas si inconsidéré que cela, même si mon orgueil en prenait un coup, il me fallait subir l'affront de passer pour une idiote, alors autant l'être jusqu'au bout. Lui prenait le temps de la réflexion et moi je m'impatientais, pire je m'irritais lorsqu'il posait la question inévitable sur l'oiseau. Impasse, non, fort heureusement ma langue savait aussi facilement que mon corps et ses os, régénérer une succession de mots répondant. Sans mentir toujours, car le faire était une façon de se trahir, je nommais alors une nouvelle vérité, une qui était amputée des faits gênants.

=| -Bien, tu viens de nommer un frère et une sœur, donc je suppose que sur ce point il est possible que l'on se rassemble. Je répare la bêtise d'un frère -j'en avais tellement qu'il serait difficile de savoir lequel si l'info se perdait -, s'ils sont pour toi ce qu'il est pour moi, alors tu sais aussi bien que moi qu'il n'y a plus aucun risque qui pousserait à l'abandonner à son sort. Les règles sont rudes chez moi et je ne te l'apprends pas, alors la vraie infraction que je fais aujourd'hui est de ne pas m'y plier en enfreignant bien plus crois moi que les frontières de ta propriété.

Confus et compliqué comme charabia qu'importe je n'étais pas là pour soulager ma conscience et lui raconter les détails de ma vie. Le jeune homme avait l'air intelligent était-il aussi empathique, s'il avait un cadet, il y avait de fortes chances qu'il comprenait par là mon action bien que son explication soit confuse, au pire, il ne se sentirait pas concerné, au mieux, il s'en foutrait. Dans tous les cas impossible pour moi de présenter de simples excuses et partir l'air de rien, néanmoins, j'étais prête à marchander, le tout ne tenait pas qu'à moi. Je me l'étais toujours dit, les sentiments étaient une faiblesse qu'il valait mieux se priver d'avoir, mais je n'avais pas choisi d'avoir de frères, en revanche mon affection avait voulu me lier à l'un d’entre-deux... La plaie.

Quelle sœur indigne je devais être à avoir de pareilles pensées, une Kaguya dans l'âme . L'attente à nouveau insupportable, probablement qu'il jaugeait mes propos autant que ma personne tout comme je le faisais avec lui. Et me voilà prête à me montrer diplomate, on aura tout vu...

=| -Écoute, je me doute bien que je te parais suspecte, mais mes intentions ne sont pas mauvaises bien que louches. Mon oiseau en main je disparais et comme je me doute que tu ne vas me laisser partir aussi simplement, je te propose dans un premier temps de te prouver ma sincérité en retrouvant avec toi l'oiseau. Je l'ai vu entré ici, il ne doit pas être loin. De là nous pourrons discuter de la conséquence de l'acte, car tu doutes aussi bien que moi que la petite histoire arrangerait certains d'entre nous -Samui & Kaguya- pour leur affaire. Reste à voir si tu fais partie de ceux-là.

Sur ce dernier point j'avais de sacrés doutes, il aurait déjà hurlé à la mort pour que toute la maison se mette en traque, à moins qu'il ne fût plus vicieux que cela et préférer jouer sa carte personnelle. On allait vite le savoir....

En posant cette question Rei cherchait à savoir et comprendre plusieurs choses. Dans un premier temps, il voulait savoir quel était le vrai visage de Aoji' car il ne pensait pas que la comédie qu'elle avait joué reflétait sa vrai personnalité. Elle n'était surement pas idiote, quoi que un peu imprudente. À celle-ci elle répondit :

« Bien, tu viens de nommer un frère et une sœur, donc je suppose que sur ce point il est possible que l'on se rassemble. Je répare la bêtise d'un frère, s'ils sont pour toi ce qu'il est pour moi, alors tu sais aussi bien que moi qu'il n'y a plus aucun risque qui pousserait à l'abandonner à son sort. Les règles sont rudes chez moi et je ne te l'apprends pas, alors la vraie infraction que je fais aujourd'hui est de ne pas m'y plier en enfreignant bien plus crois moi que les frontières de ta propriété. »

Il est vrai que les familles des Kaguyas sont souvent nombreuses, il faut croire que leur férocité passe aussi par leur ébats personnels. La jeune fille renchérit aussitôt :

« Écoute, je me doute bien que je te parais suspecte, mais mes intentions ne sont pas mauvaises bien que louches. Mon oiseau en main je disparais et comme je me doute que tu ne vas me laisser partir aussi simplement, je te propose dans un premier temps de te prouver ma sincérité en retrouvant avec toi l'oiseau. Je l'ai vu entré ici, il ne doit pas être loin. De là nous pourrons discuter de la conséquence de l'acte, car tu doutes aussi bien que moi que la petite histoire arrangerait certains d'entre nous pour leur affaire. Reste à voir si tu fais partie de ceux-là. »

Avant toute reflexion, Rei s'empressa de corriger Aoji' sur un point :

« Je ne sais pas vraiment ce qu'on ressent à l'égard d'un frère ou d'une soeur ou même d'un parent. Certes j'éprouve du respect pour eux, mais ma façon de penser et bien différente de la votre, et de la tienne. »

Et ceci fut l'une des nombreuses raisons qui avaient poussé certains à le persécuter quand il était jeune. Rei était un jeune homme assez peu sentimental envers les autres. Bien sûr il éprouvait de la joie, de la tristesse, et d'autres, comme tout personne normalement constitué, mais il n'éprouvait pas vraiment d'affection par rapport à sa famille ou ses ami(e)s. Il les jaugeait plutôt sur la confiance qu'il avait pour eux, et le respect.

Rei prit ensuite un petit temps pour analyser ce que la jeune femme lui avait dit. Son but semblait animé par l'amour qu'elle avait pour son frère, mais un oiseau peut-être remplacé, et surtout, ses parents feraient-ils un scandale pour un simple oiseau ? Même si ce sont des kaguyas, cela parait assez absurde. Quant au reste de ses propos, ils suivaientt une certaine logique. Il ne pensait pas que les intentions de Aoji' étaient mauvaises, mais ses dires ne reflétaient surement pas ses réelles intentions. Ou pas totalement. Rei n'avait pas aperçu d'oiseau, mais il connaissait les moindres recoins de sa maison, si il s'était caché dans celle-ci, ou dans le jardin , il n'aurait pas trop de mal à le retrouver.
La jeune fille lui avait proposé de le rechercher avec lui, ce qui laissait au jeune ninja deux choix :
Il pouvait rechercher l'oiseau avec elle et prendre le risque d'être pris en flagrant délit, mais il aurait certainement réponse à ses interrogations quand ils l'auront trouvé.
Ou il pourrait demander à Aoji' de sortir de sa bâtisse en lui disant que c'était trop dangereux et qu'il chercherait l'oiseau seul.
Mais elle semblait déterminé et par conséquent elle refuserait surement cette deuxième option. En parler à sa famille ne causerait que plus d'ennuis donc il avait directement éliminé cet option après avoir eu la certitude que les intentions de l'adolescente n'étaient pas mauvaises. Et rechercher l'oiseau pourrait lui en causer bien d'autres. Ce fut sa curiosité qui pris le dessus et qui l’incita à prendre la première option. Il pourra garder un œil sur elle et vérifier si elle disait vrai. Si jamais elle tentait de s'enfuir une fois son but accompli, il n'aurait qu'à le dire à sa famille, et il comptait bien le lui précisé afin de garder le contrôle de la situation.

« D'accord, je vais t'aider à trouver cet oiseau, mais si jamais je te dis d'aller te cacher à un endroit tu devras le faire, surtout si tu ne veux pas qu'on se fasse attraper. Je connais ma famille par cœur et je sais quel chemin ils emprunteront, ou comment leur faire changer d'avis. De plus, si jamais tu t'enfuis avec l'oiseau une fois que tu l'auras récupéré, je crierai pour signaler ta présence, ce qui m'innocentera et te causera probablement de gros ennuis, ainsi qu'à ton clan. Et même si tu racontes la vérité, personne ne saura jamais distinguer le vrai du faux. »

Rei repensa alors à la dernière phrase que lui avait dit Aoji' et poursuivit :

« Si tu penses que je fais partis de ceux qui cherchent à tous prix le conflit, tu as tort. Que tu sois un Kaguya, un femme à la peau rouge, ou je ne sais quoi d'autre, ça ne fait aucune différence, tant que tu es humain et que tes intentions ne sont pas mauvaises. Et si je peux éviter les ennuis je le ferai... Surtout que le village n'a pas besoin d'une énième altercation entre nos deux clans. »

Petite conversation mal tombée, mais pas pour autant inintéressante, les liens solides entre membres du clan ne semblaient pas au beau fixe chez les Samui aussi, tandis que mes oreilles buvaient ses paroles comme autant d'informations utiles, je décryptais mieux cet être un brin autoritaire avec moi. Partie remise l'ami ! C'était sûr qu'à la première occasion ça se payerait, on ne se refaisait pas -surtout sans en avoir envie-. Pour l'heure, il se dévoilait à moi bien plus que je ne le faisais à lui et je n'étais pas sûre que cela était vraiment volontaire, j'avais touché un point sensible concernant les liens qu'il pouvait entretenir.

L'examinant de plus près, je me prêtais au jeu d'imaginer qu'il soit un Kaguya et ma première conclusion était que né chez moi, il serait probablement mort depuis bien longtemps, certains disparaissaient pour moins que ça. Non pas que je doutais de ses capacités ou de talents qu'il pouvait avoir, juste que dans ma famille -proche du moins- rien que son physique aurait suffi à le disqualifier du droit de vivre. Fascistes à souhait, la différence et la faiblesse n'étaient pas tolérées pire, extrémistes, elle était éliminée. Mieux valait suivre le troupeau ou au pire s'y fondre. Je me demandais alors si la discrimination ne frappait pas ailleurs que mon clan et sous d'autres formes, si Samui et Kaguya se détestaient peut-être au fond que c'était qu'ils se ressemblaient...

Du moins, j'avais senti la même amertume dans sa voix que celle tapie au fond de mon cœur, on ne choisit pas sa famille n'est-ce pas, je le disais assez souvent comme ça. D'ailleurs, son discours me rappelait quelqu'un, un autre pseudo ennemi qui était adepte de cette optique pacifique, décidément, j'avais le don pour les interpeller et surtout les dénicher ceux-là ! Je supposais que c'était une chance au fond que beaucoup voudraient, manque de pot, je n'étais pas diplomate alors je m'en foutais. Sa dernière phrase trahissant un certain patriotisme qui m'était lui aussi inconnu, les règles étaient données, libre à moi de les suivre et m'y plier ou d'en subir les conséquences. Je me gardais de lui dire, mais il n'était pas question qu'il puisse poser un œil de trop près sur l'oiseau et par là j'entendais bien sa missive. Ma foi, obéir pour récupérer l'oiseau et me sortir de là m’agaçait, mais pouvait me convenir, le faire et devoir me plier à une énième exigence allait en revanche être de trop. Nous n'en étions pas encore là, j'avais donc le temps d'y penser et d'aviser le moment venu.

=| -Marché conclu, je me doutais bien des conditions pas de soucis. Après toi dans ce cas c'est bien ça ?

Le choix était risqué, un instinct me disait d'être confiante, un autre grognait de ne pas céder à plus d'imprudences, si ça se trouve, ma promenade me conduisait à un piège et c'était un risque à prendre...

=| -Et sinon, à qui ai-je l'honneur ? Je t'avoue que je ne suis pas vraiment ce qui se passe en ville, je ne connais pas grand monde, mais je me doute qu'on est tous deux pressés, je me trompe.

Déjà, je savais qui était le régent -de nom-, le Nidaime et une dizaine de congénères de mon clan... La plupart étant de ma proche famille. C'était pas mal pour quelqu'un qui n'en avait rien à faire du genre humain, asocial, certes, j'assumais totalement mon côté sorti d'une grotte, il suffisait de me regarder en même temps...

Rei se doutait bien que Aoji' ne se plierait pas facilement à ses exigences, et surtout celle concernant l'oiseau. Elle tentera surement de le duper ou de profiter de la situation. Et même si elle arrivait à ses fins, cela prouverait que les Kaguya trament quelque chose, et il préviendrait aussitôt ses parents, même s'il aurait besoin d'une bonne raison pour expliquer pourquoi il agit ainsi. Mais le jeune homme trouvera surement une solution pour faire en sorte que la jeune fille n'est d'autre choix que d'y obéir. Dans le cas présent il valait mieux se montrer autoritaire et sur ses gardes pour que Aoji' sente bien qu'à tout moment Rei peut décider de son sort. Il n'était pas agressif ou méchant par nature, même s'il pensait que quinconce menacerait sa vie courait vers une mort certaine, facette de lui-même que peu de personne connaissait, voir aucune. Il n'aimait pas la méchanceté gratuite, mais n'éprouvait aucune pitié. Néanmoins il est plus sage d'éviter le conflit tant que l'occasion le permet. Il s'était un peu dévoilé quand il reprit les propos de la Kaguya, et ce volontairement, sa voix ayant probablement trahi une certaine rancune. Il était bien sûr passé à autre chose, mais certaine expériences ne s'oublient jamais, on apprend juste à vivre avec. Il se fichait bien du regard des autres et de ce qu'ils pouvaient penser de lui. Mais il y trouva un moyen de mieux comprendre la jeune fille, en observant sa réaction. Quand elle entendit ses propos elle ne semblait pas si surprise. Peut-être se disait-elle que tous les Hommes sont pareils, égoïstes. Pour autant, Rei n'était pas différent. Il pensait d'abord à sa propre personne. Pour lui le village était un moyen d'atteindre ses objectifs, et il fallait donc le défendre. Et il se comporte de même pour tout ce qui a un intérêt à ses yeux. Toute famille à ses problèmes, et même si sa proche famille n'en avait que peut, son clan en nourrissait beaucoup, comme beaucoup d'autres. Le jeune ninja ne fut pas étonné lorsqu'il entendit la réponse de Aoji' :

« Marché conclu, je me doutais bien des conditions pas de soucis. Après toi dans ce cas c'est bien ça ? »

Rei cru ressentir une pointe de provocation dans ses propos, mais il n'en prit pas compte.

« Et sinon, à qui ai-je l'honneur ? Je t'avoue que je ne suis pas vraiment ce qui se passe en ville, je ne connais pas grand monde, mais je me doute qu'on est tous deux pressés, je me trompe. »

Il fut étonné que la jeune fille sache si peu de choses. Elle était encore jeune donc ne se tenait probablement pas informé, mais elle aurait du en apprendre beaucoup depuis les discussions de ses parents, ou de sa fratrie.

« Je suis Rei, étudiant en médecine. Tu dois connaître ma famille proche, étant donné que mon père a un poste important dans l'administration du village.»

Il ne s’étala pas plus sur sa présentation, car il préférait faire en sorte que Aoji' doute de lui et de ses capacités et ne puisse pas correctement les évaluer. Même si une fois arrivé chez elle pourra avoir toute les informations qu'elle voudra sur lui.

« Et concernant le monde extérieur, il y a eu pas mal de bouleversement en ce moment. Entre la mort de Makka et l'alliance shinobi on ne peut pas s'ennuyer. Du coup beaucoup de ninja sont partis au front, et le centre ville est assez calme. Si l'histoire du monde shinobi t'intéresse, je me ferai un plaisir de t'informer sur le sujet, mais je doute que j'aurai le temps de finir, et aussi de l'intérêt que tu y porteras. Et, même si on est pressé, si parler ne t’empêche pas de rester concentrer, je n'y vois pas de problème. Si je ne me trompe pas tu es Kaguya Aojikawamanashi ? »

C'était donc un certain Rei à qui j'avais affaire, un étudiant d'un art qui me dépassait totalement pour cause, je n'en avais jamais vraiment besoin, j'avais la chance -ou malchance- de posséder un corps auto-régénérant. Malgré tout je me doutais bien qu'il devait avoir ses limites et qu'un probablement revers de la médaille m'attendait au bout du chemin. Après tout, c'était bien connu mes semblables mouraient tôt soit disant, soit disant à cause des excès de leur corps, mais plus couramment sous le poids d'une bataille. C'était du moins cette dernière que je le souhaitais. Passons. Ceci dit, sa parfaite prononciation de mon nom ne m'étonnait plus, ce type devait être un sacré cerveau mine de rien, après tout ne fallait-il pas l'être pour apprendre la complexité de l'iroujutsu...

Qu'il me connaît si bien m'étonnait cependant, je n'étais pas du genre à me montrer ou côtoyer d'autres personnes, cette facette de lui me parlait encore un peu plus. Les Samui était encore plus parano que moi ma parole ou celui ci particulièrement curieux, à moins que cela soit mon étrange prénom qui l'avait fait me retenir dans son esprit, là encore, je me questionnais quant à comment il l'avait appris. La réponse ne m'intéressant pas plus que cela je laissais couler l'affaire, partie remise, encore une fois. Et au risque d'encore lui paraître idiote, je n'avais pas une fichue idée de qui était son père, alors lui... Comme ci je m'intéressais aux affaires du village, ou à l'extérieur de mon petit monde tout court...

Une fois encore la différence de culture se faisait sentir entre nous, il me parlait de la guerre et de quelconque actualités avec un ton très studieux. Tu sais l'ami, chez moi ce qu'on nous disait de la guerre c'était seulement comment faire le plus de massacre, les exploits des autres ne nous importaient peu, à moins que l'on y était convié. En l'occurrence, ça n'avait pas été le cas de mes parents ou bien ils avaient décliné l'invitation va savoir, puis après tout, comme je disais, je m'en fichais...

=| -Ne le prend pas mal, mais je préfère m'intéresser à mes affaires plutôt de perdre mon temps avec les va et vient de ce monde. Si encore, j'étais directement concernée, mais là comme tu vois, mes préoccupations sont toutes autres. L'histoire et moi ça fait vingt...

Là peut-être que je devrais m'abstenir de lui dire qu'il y a encore deux semaines, je ne savais même pas qui était le Mizukage -voir qu'il en existait un-, et voilà que du jour au lendemain on venait me bombarder d'informations sur cette "Kiri" qui était notre... Autant d'ennuis inutiles dont je me serais passé, notre vie recluse jusqu'à lors me convenait parfaitement, là encore pure perte de temps que de chercher à comprendre les motivations de mes géniteurs. Obéir et ne pas penser, la première règle n'est ce pas... De tous je crois que j'étais celle de la maison à avoir le plus de mal à l'appliquer, voilà probablement ce qui m'épargnait une quelconque humeur farouche avec le fameux Samui Rei et qui déclenchait soudainement une certaine curiosité, je voulais connaître "sa" vérité du monde pour ainsi la comparer à celle qu'on m'avait donné.

=| -Tu es la première personne que je rencontre à ne pas se paumer dans mon nom, mieux qui me connait. Toi qui semble si aviser, je t'écoule, informe moi comme tu disais si bien.

Le ton arrogant comme à mes habitudes, certes, pourtant, je ne me moquaispas, je m'intéressais vraiment et j'avais emboîté son pas à la recherche de l'oiseau. Il voulait papoter papotons tant qu'il restait tranquille et m'amener à mon objectif...

=| -Raccourci mon nom à Aoji' ça nous fera gagner du temps, Rei.

Pour Rei, l'information était le nerf de la guerre. Même si dans ce contexte cette phrase ne signifie pas grand chose, elle permet d'expliquer sa façon de penser. Il faisait toujours en sorte de se tenir informé, pour connaître la situation de son pays, et du monde. Évidemment il ne connaissait pas tout, loin de là, mais assez pour savoir ce qui en ressortait. Malgré sa carrure il était assez endurant, mais en force brute il ne ferait surement pas le poids face à un adversaire bien entrainer, ou même un Kaguya. Et c'est pour ça qu'il savait quand combat au corps à corps il n'avait aucune chance de battre Aoji'. Mais de toute façon il était très improbable qu'une telle chose arrive. Il s'était néanmoins fait la promesse de corriger ça un jour, quand il aura le temps pour. Aojikawamanashi, un prénom qu'il ne pouvait pas oublier de par sa complexité, et du fait qu'il n'en avait jamais entendu un autre comme celui-ci, il était assez unique en son genre.

La jeune fille lui répondit qu'elle ne se préoccupait pas du monde qui l'entoure, sauf si ça la concerne directement. Aucun doute, c'était bien une Kaguya. Ils excellaient par leur force physique, et par leurs techniques de combat rapproché, mais pas pour leur curiosité et leur intelligence. Pour autant, Rei ne pensait pas que la jeune fille était si bête que ça, bien au contraire, ses question transparaissait une bonne dose de réflexion, et elle avait subtilement tourné la conversation vers un autre sujet que l'oiseau. Il n'en était pas sûr, et n'avait pas le temps d'y réfléchir plus que cela, il analyserait donc tout ça plus tard. Et il ne faut jamais sous-estimer un adversaire, même si dans le cas présent elle n'en était pas vraiment un. Tout le monde est différent, et il n'aimait pas catégoriser les personnes par leur clan ou leurs origines.

« Tu es la première personne que je rencontre à ne pas se paumer dans mon nom, mieux qui me connait. Toi qui semble si aviser, je t'écoute, informe moi comme tu disais si bien. » dit-elle. Une certaine arrogance transparaissait à travers les propos de la jeune fille, mais il l'ignora. Elle finit en lui disant qu'il pouvait l’appeler Aoji', un surnom beaucoup plus simple à prononcer que son véritable prénom. Rei le trouvait assez mignon, en contraste avec la personne qu'il avait devant lui. Non pas qu'il avait d’apriori sur elle, mais il savait ce qu'il en ressortait pour la plus part des Kaguyas, car il avait déjà eu l'occasion d'en voir un certain nombre, mais jamais directement. Et de ce qu'il avait pu observer d'eux quand il en avait croisé dans le centre ville, il sont très forts physiquement. Les premiers propos de Rei était moralisateur, mais il ne pouvait perdre plus de temps, les shinobis devaient faire vite pour na pas être vu par les membres de sa famille.

« D'accord, Aoji'. Je trouve qu'il est difficile d'oublier un tel nom, je n'en ai jamais entendu un aussi long et complexe. C'est surement pour ça que je suis arrivé à le retenir, en plus du fait qu'il fait contraste avec ta petite carrure.» Ce sont souvent les choses qui sortent de l'ordinaire qu'on retient le plus. « Et je ne sais pas si je suis avisé, mais j'essaye de me tenir informer sur le monde dans lequel je vis. Mais commençons par le plus important, est-ce que tu pourrais me décrire l'oiseau que tu tiens tant à récupérer ? Car il doit y en avoir pas mal dans le jardin. »

Alors que Rei venait de poser cette question, il était en train de mettre de l'ordre dans son esprit afin de répondre à la deuxième interrogation de la jeune fille. Elle était très vague, et on pouvait donc en dire beaucoup.

Arf, coriace le bougre, il n'avait pas perdu le nord à propos de l'oiseau, n'est en moins, sous ses airs passifs il n'avait pas manqué non plus de me balancer un pic aussi perçant qu'un sembon... Comment ça petite carrure? Touchée au vif, il n'y avait pas pire insulte pour un Kaguya que se faire plus ou moins traiter de gringalet. Là, ma langue sans retenu aurait voulu lui grogner s'il fallait lui montrer si mon nom imposant contrastait aussi avec la puissance de mes poings. À la place, mes yeux se faisaient assassins, mais je restais muette sur le sujet, c'était certain, ce ne serait ni la première, ni la dernière fois que Rei et moi nous verrions, car fichtre ! J'avais deux ou trois choses sur ma personne à lui faire étudier de près ! En terrain neutre de préférence ...

Ma foi, passons -pour le moment -, mains sur les hanches pour me donner un air motivé ou me motiver tout court, je ravalais ma rancune pour me prêter au jeu imposé de mon hôte: question-réponse.

=| -C'est un pigeon assez banal, tout gris, sauf qu'on lui a teinté le col de son cou d'un magenta assez sombre...

Eh bam. Je venais tout simplement de donner le signe de reconnaissance des messagers de ma famille. Cependant, je ne m'en inquiétais pas pour le moment, chaque chose en son temps, j'allais bien trouvé une solution à ce problème ou au pire un baratin pour faire changer ce code de couleur...

=| -Bon je te préviens tout de suite, c'est subtile et pour couronner le tout, le Piaf est conditionné à ne pas se poser n'importe où et surtout approcher ou toucher par n'importe quoi... Sans être offensante... Ça s'annonce corser même moi il a refusé de m'obéir, va savoir ce qui se passe dans sa tête de malheur... Ou avec quel code un gamin de trois ans l'a envoyé en mission.

En gros, on allait être bien emmerdé en restant poli. Moi surtout et là plus encore, je venais de dénoncer le coupable, la négociation pour son silence allait s'annoncer rude, car je restais persuader qu'il ne serait pas judicieux d'ouvrir les hostilités, pas question de se compliquer la vie plus qu'elle ne l'était déjà. Retour au jardin sous la pluie battante, d'un point de vue logique, chose dont mon coéquipier de fortune ne manquait pas -en apparence-, un pigeon ne pouvait pas voler comme il le voulait ainsi détrempé. Il avait donc dû se caler dans un abri pour patienter de l'averse et surtout se sécher pour alléger son poids. Avec un peu de chance il n'était plus possible pour lui de voler, une bonne nouvelle que je partageais avec mon guide pendant nos recherches...

=| -Je l'ai poursuivi plus de dix minutes sous cette pluie, il doit être épuisé, trempé et posé quelque part à l'abri. Ne lui donnons pas le temps de sécher et repartir. Tu vois des recoins dans ta propriété qui pourrait attirer les oiseaux en temps normal?

Tout en posant ma question je scrutais les alentours quand soudain!

=| -Hey là ! Regarde c'est mon oiseau qu'il tient ! Va le récupérer dépêche-toi !!!!!

Grosse montée de mon adrénaline, les frissons dansaient dans mon dos, non, non, non, courage, ne bougeons pas...

Rei remarqua que la jeune fille lui lança un regard assassin, il faut croire qu'elle n'avait pas aimé sa petite description d'elle même. Quand il entendit celle de l'oiseau, ça ne fit qu'un tour dans sa tête. Tout d'abord c'était un pigeon de couleur grise avec le col de son cou teinté en magenta. Ensuite il était conditionné à ne pas se poser n'importe où, et à se méfier de son environnement, humain y compris. Donc en un sens à ne prendre aucun risque, et rester discret. Pour finir son frère lui aurait envoyé un code pour qu'il aille en mission. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que c'est un pigeon ninja. Car dans quel autre but apprendrait-on tout ça à un pigeon ? Et surtout à envoyer des messages. Le jeune homme devait donc voir ce qui composait ce message soit-disant envoyé par le jeune frère de Aoji'. Si c'était la vérité il la laisserai surement partir. En effet, sa famille a déjà très probablement la description des pigeons voyageurs des Kaguyas. Dans le cas contraire il devait faire en sorte de pouvoir lire le code qu'il transportait. Et même s'il ne pourrait probablement pas le décoder, il devait en apprendre la majeur partie pour en faire part à son frère afin qu'il le traduise.

Alors que Rei était en train de réfléchir à l'endroit où l'oiseau aurait pu se cacher après les dire de Aoji', elle trouva l'oiseau dans les mains de Yoshii, leur domestique, et ne s’empêcha pas de le crier haut et fort :

« Hey là ! Regarde c'est mon oiseau qu'il tient ! Va le récupérer dépêche-toi !!!!! »

Rei n'aimait pas qu'on lui donne d'ordre, ou tu du moins pas comme cela. Mais dans la situation actuelle, il avait mieux à faire que de reprendre Aoji'. Le pire n'était pas arrivé. Il n'y avait que lui et ses parents dans sa demeure en plus de Yoshii, leur domestique. C'était une femme d'un certain âge et très gentille. Elle s'occupait souvent de lui lorsque sa mère travaillait et était digne de confiance. Elle l'avait toujours encouragé et soutenu, et il l'appréciait beaucoup. Il se dirigea alors vers elle pour tenter de récupérer l'oiseau.

« Salut Yoshii, tu vas bien ?

Oh jeune maître, très bien et vous ?

Très bien, c'est un oiseau que tu tiens là ?

Oui, je l'ai trouvé près d'une fenêtre, il semble s'être blessé, je ne sais comment.

Je vois, je vais le soigner dans ce cas, d'accord ?

D'accord jeune maître, je vous le confie.

Merci grand-mère. »

Rei se dirigea alors vers Aoji' pour lui rendre l'oiseau, mais il remarqua le morceau de papier qui était attaché sur le dos de l'oiseau et approcha sa main pour l'ouvrir.

S'activant à la tâche Rei s'éloignait pour récupérer l'oiseau, prête à l'assaut, vieille dame ou pas -suffisait de voir les rares vieux de chez moi pour comprendre-, j'épiais ce qui passait plus loin. Des diverses expressions de leurs visages et à leur façon de se conduire, j'en concluais que pour l'heure l'alerte n'était pas de rigueur et le tout se confirmer quand le blond commençait à revenir le maudis volatile en mains. Ah ça oui je les avais à l’œil -ses mains-. Maintenant se jouait toute la complexité de l'histoire, impossible que le message de l'animal lui était passé inaperçu, quelle aubaine pour lui que de s'offrir ainsi une utile petite indiscrétion. Mais non, il ne fallait y penser, quitte à lui couper les membres s'il le fallait. Quoi qu'avant d'en arriver à de pareille extrémité, mieux valait vérifier le contenu et surtout s'il y était toujours. Comme prédis la discorde voulait s'inviter à la fête, je voyais venir son geste si bien qu'il était sans surprise, alors même si je me dévoilais ainsi à la vue de l'autre individu, je m'approchais le mouvement vif pour le couper dans son élan.

=| -Alors ça, n'y penses même pas.

Les yeux dans les yeux le message se voulait clair, nous avions tous deux désormais prise sur l'objet de la convoitise, si je ne voulais pas le lui laisser, il y a des chances que lui non plus. Mais c'était sans compter sur un point, j'avais un avantage non négligeable, des doigts agiles et des os tranchants... Un simple bout d'os sorti de ma paume, le cuir se faisait tranché et le papier embroché, vivement ainsi retiré, je m'en étais emparé et d'un mouvement de poignet je l'ouvrais pour le contrôler, cela avant qu'on le fasse pour moi...

=| -Tu permets que je regarde « mon » courrier.

Dès le premier regard ma tête était équivoque, j'allais tué quelqu'un pour ça, mais ce n'était pas le Samui...

=| -Ah mais je rêve...

Pour cause, ma voix se coupait après si bien que la colère m'empêchait de pouvoir apprécier à sa juste valeur la première missive de mon petit frère... Rien de moins qu'une jolie succession de gribouillis ne voulant rien dire.... C''était par simple jeu qu'il les avait mis là et envoyer le piaf. Perplexe, j'aurais payé cher pour avoir la réponse, mais ce n'est pas Rei qui allait me la livrer pas vrai ?

=| -Je suppose que tu veux vérifier le contenu...

Bah là oui, plus de raison de lui cacher, il pouvait même la garder, je notais au moins que Tei' avait appris à faire une certaine harmonie dans ses symboles improvisés. Sacré garnement où avait-il la tête, ne me restait plus qu'à remettre l'oiseau en place, je l'avais échappé belle et le contenu du message me soulageait en un sens du moins. De l'autre tous ces risques pour rien... En quelque secondes la colère m'était passé, je ressentais que plus encore cette faiblesse que formait ce petit monstre.

=| -Je vais reprendre l'oiseau maintenant et te laisser si tu permets, je suppose que tu as d'autre chose à faire et n'as pas envie de jouer l'hôte encore longtemps. Disons, que c'est à charge de revanche jusqu'à ce que nous soyons quitte, j'ai bonne mémoire ne t'en fais pas...

Pas question de devoir quoi que ce soit à qui que ce soit. Au final le Samui avait été plus ou moins sympa, mais le reconnaître ouvertement m'aurait tuée. Enfin, la mésaventure m'avait offert une rencontre et une petite -voir plusieurs- leçons de vie. Un détail me titillait cependant...

=| -Hey ! N'oublie pas que tu t'es engagé à partager tes lumières avec moi sur ce fameux monde...

Evidemment, il ne fallait pas s'attendre à ce que je sois studieuse, au minimum je serais attentive à ce qui m'intéresserait ou le pourrait du moins, une façon comme une autre de conclure une sorte de... Pacte? Qui sait. Le but premier étant bien sûr de garder avec lui ce contact "courtois" du départ... Ca allait être aussi simple que ça?

Rei vit la jeune fille apparaître devant lui quand il essaya d'ouvrir la message sur le dos du pigeon. Elle le fusilla du regard et l'averti de ne pas toucher au papier en question. Il en tira deux hypothèses : soit Aoji' ne savait pas ce que contenait ce manuscrit et voulait vérifier ce qu'il y avait dedans, ou au contraire elle le savait et ne tenait pas à ce que le jeune homme puisse le lire. Dans tous les cas il avait l'avantage, la jeune fille ne pouvait l'attaquer s'il refusait de lui donner l'oiseau, car elle risquerai une guerre ouverte et de grosses représailles sur on clan. Ce serait une pure folie. De plus même si elle parvenait à ses fins, Rei aurait peut-être le temps de lui couper les tendons d'achilles, ce qui la rendrait totalement immobile et donc elle serait pris en flagrant délit, sans rien pour pouvoir se défendre, surtout face à ses parents. Elle se ferait capturer sans difficulté.
Si elle essayait de s'échapper, il n'avait qu'à en revenir au plan qu'il avait pensé plus tôt. Crier pour avertir sa famille de la présence d'une Kaguya dans leur demeure. Évidemment elle aurait pu tout nier en bloc, mais un détail n'échappa pas au regarde de Rei. Il avait observé en prenant l'oiseau qu'il était blessé à son aile gauche. Elle n'était pas cassé mais il était certain qu'il ne pouvait pas voler. Or ce genre de blessure laisse toujours une trace, si infime soit-elle, sur le squelette. De ce fait, même si elle niait tout l'histoire, il suffirait qu'un docteur examine le pigeon pour affirmer ses dires, et devant l'évidence les kaguyas ne pourraient rien faire d'autre que de céder. Elle était prête à en découdre, et ignorait surement les conséquences que cela impliquerait. Rei la laissa donc vérifier le contenu du message. Et de ce qu'il observa elle fut assez surprise.

« Ah mais je rêve... » dit-elle. Il faut croire que ce n'est pas ce à quoi elle s'attendait. « Je suppose que tu veux vérifier le contenu... »

Il était évident que Rei voulait voir ce que contenait le message, la réaction de la jeune fille avait encore plus piqué sa curiosité. Mais si elle le laissait lire le message, c'est que celui-ci ne devait pas être important, et que donc il n'avait rien à craindre. Surtout après la surprise que montrait Aoji' en ayant lu le message. Elle le lui tendit et le jeune homme le lut. Ce n'était que des gribouillage enfantins, surement ceux du petite frère qui avait laissé l'oiseau s’échapper, pendant tout ce temps elle pensait surement qu'il contenait des informations beaucoup plus importante. Il lui rendit. Elle avait maintenant une dette envers lui et Rei espérait bien qu'elle lui rendrait la pareil un jour. Mais il ne s'en faisait pas trop après ce que la jeune fille venait de lui dire.

« Avant que tu ne partes laisse moi soigner l'aile de cet oiseau. Sinon tes parents remarqueront qu'il s'est passé quelque chose. »

Rei tendit alors la main vers le pigeon et un halo vert apparut autour de celle-ci. Quelque secondes après l'oiseau semblait en pleine forme et bougea ses ailes.

« J'espère bien que tu n'oublieras pas que tu as une dette envers moi. Et ne t'inquiète pas, la prochaine fois je te ferai partager mes « lumières », comme tu le dis si bien. »