Finalement, les Kirijins étaient parvenus jusqu’au bâtiment du Kazekage. Leur mission allait pouvoir être accomplie maintenant. Cela ne s’était pas avéré facile aux portes de Suna. Mais en même temps, Michiki ne pouvait s’indigner ou même s’emporter par rapport à la réaction des Sunajins. Il était naturel d’agir ainsi quand la sécurité de son village est en danger. Trois personnes n’auraient pas pu faire grand-chose me direz-vous. Mais après, tout dépend des personnes. Trois shinobis d’un certain niveau resteraient un danger potentiel au sein d’un village ennemi. Alors il était normal que le contrôle se soit montré si strict. Si une telle délégation s’était présentée à Kiri, Michiki aurait agi similairement. Peut-être pas les mêmes mots et les mêmes mesures mais il aurait pu faire beaucoup pour obéir à son devoir.

Toujours est-il que c’était du passé maintenant. Ils étaient arrivés à l’endroit où siégeait le Kazekage. Kairi était partie avec les Sunajins pendant ce temps. Ils la retrouveraient plus tard une fois leur entretien terminé. Ce ne serait pas long de toute façon. Des gardes avaient escortés Michiki et Masashi jusqu’à l’endroit. Ils étaient restés à leurs côtés ensuite tandis qu’un autre type était parti informer le Kazekage. L’attente dura quelques instants. Aucun bruit, aucune parole d’échangée. Les Kirijins savaient ce qu’ils avaient à dire de toute façon. Quelques minutes suffirent pour faire revenir le messager qui leur annonça que leur hôte les attendait. Les deux shinobis furent encore une fois escortés jusqu’à la porte mais on les laissa entre seul quand même après qu’une voix les y ait invité.

Ils firent leur entrée dans la pièce. Le Kazekage se tenait là devant eux, une guitare à la main. Un accessoire plutôt inhabituel pour un chef d’armée et de pays. Mais après tout, quand on voyait Shinichi ou Yoru, ce type pouvait paraître bien plus fade à côté d’eux. Mais il ne fallait pas juger un livre à sa couverture après tout ! L’homme qui leur faisait face était blond aux yeux bleus. Enfin à l’œil bleu pour être plus précis ! Rien d’inhabituel avec tous les borgnes de Kiri. Ses cheveux étaient tenus par un bandana et une petite barbe naissante ornait son menton. Il semblait être bien jeune pour être Kage. Remarque là encore, Shinichi et Yoru n’étaient pas ce qu’on pouvait appeler des vieux de la vieille. Bien au contraire.

Après que leur hôte se soit levé de son siège, il désigna les chaises devant son bureau pour inviter les Kirijins à s’asseoir. Michiki se dirigea vers l’une des deux et il s’installa. Le Kage entama ensuite la conversation en se souciant de la qualité du voyage ainsi que de l’accueil reçu aux portes. Michiki l’écouta attentivement. Il n’avait pas à faire à n’importe qui. Il fallait qu’il se montre le plus courtois possible et agisse selon les ordres qui lui avaient été donnés. Comme le Kazekage posait son instrument de musique dans un coin, le nécromancien en profita pour répondre à ses premiers mots échangés :

-Nous vous remercions de votre accueil Kazekage. Je me permets de me présenter. Shinda Michiki. Ne vous en faites pas pour le voyage et pour l’accueil. Il est tout à fait naturel d’être prudent lorsque des shinobis d’un pays étranger s’aventurent aussi près. Nous venons certes de loin et ce n’est pas dans un but belliqueux comme pourrait le suggérer notre « réputation ». Sans quoi nous serions venus plus nombreux vous vous en douter.

Il n’avait pas hésité à parler franchement. Se contenter de politesses, d’amabilités et d’autres supercheries inhérentes au savoir-vivre et à ces conneries serait immédiatement vu comme une forme de manipulation qui pourrait déboucher sur une trahison. En parlant si franchement, le Jônin tenait à prouver quelque chose à son fameux interlocuteur. Il tenait à lui montrer sa bonne foi. Le but de cette mission était claire et il ne comptait pas tout faire gâcher parce qu’il s’était mal exprimé ou mal comporté. C’est pourquoi il faisait attention à tout ce qu’il faisait et disait. Il réfléchissait deux fois à ces propos avant de les laisser franchir ses lèvres. Le Kage revint ensuite s’asseoir et demanda aux Kirijins de ne pas tourner autour du pot plus longtemps. Voilà quelqu’un d’utile et de logique. Michiki se permit donc de prendre la parole en premier. Il laisserait son coéquipier compléter ses dires ensuite.

-Nous ne tenons pas à vous faire perdre votre temps inutilement. D’autant que nous ne vous retiendrons pas longtemps étant donné ce qui nous amène. Nous sommes envoyés par Kiri afin d’entamer une proposition diplomatique.

Il laissa passer quelques secondes de silence pour laisser le temps au Kazekage de considérer ces premières paroles.

-Il est évident que l’essentiel de tout ceci se discutera avec nos supérieurs mais nous sommes là en tant qu’invitation je dirais. Notre dirigeant souhaiterait organiser une rencontre entre vous afin que vous discutiez de l’avenir entre nos deux nations.

Afin de ne pas empiéter sur la compétence de son allié qui était de valeur égale avec la sienne, Michiki n’avait pas avancé tous les arguments et tous les détails immédiatement. Masashi avait été désigné avec lui alors il était normal qu’il discute à partie équitable avec lui. Il s’arrêta donc là dans son discours afin de laisser, à la fois le temps à son interlocuteur de réfléchir et, au Gekei pour continuer sur la lancée.

Comme l’avait imaginé Michiki, le Gekei avait continué sur la lancée pour expliquer la raison de leur venue ici. Ce qu’ils expliquaient là leur avait été expressément demandé par Yoru qui tenait à établir une alliance avec le village du Vent. Rien de plus normal quand on fait face à un ennemi comme Makka. Redoutable Gogyou Katon qui posait tant de mal depuis bien longtemps. Sauf que par le passé, aucune véritable alliance inter-villages n’avait eu lieu. Et c’était certainement ce qui manquait pour venir à bout de cette kunoichi. Une alliance entre les puissances de ce monde pour mieux détruire le mal qui rongeait les terres d’Hai no kuni.

Leur hôte écoutait attentivement les faits et propositions qui lui étaient faites. Michiki se demandait quel genre d’homme c’était. En combat surtout. Quel genre de techniques pouvait utiliser ce chef de village ? Il existait à Suna un clan de manipulateur de sable. Le nécromancien en avait rencontré un par le passé. Au niveau d’un Kage, un tel pouvoir devait être une arme redoutable entre les mains du dirigeant du pays où le désert avait imposé sa loi. Ou bien s’agissait-il d’un marionnettiste comme celui que Michiki avait rencontré autrefois. Quel était son nom déjà ? Renzaburo quelque chose. Un jeune garçon sur qui il avait appliqué un sceau afin qu’ils puissent se retrouver par la suite.

Il n’avait toujours pas eu signe de vie de type d’ailleurs. Avait-il réussi à comprendre le fonctionnement de ce sceau de repérage ? Peu probable car sinon il aurait fini par retrouver la trace du nécromancien. Il allait profiter de son voyage ici pour se renseigner. Et puis pourquoi ne pas demander directement au Kazekage. Il se pouvait qu’il le connaisse et puisse le renseigner. Il aurait aimé parlementer avec ce type afin de s’excuser des circonstances de leur dernière rencontre. Voilà un autre pouvoir qui serait susceptible d’intéresser le nécromancien. Quand on y pense, le Nécromancien et le Marionnettiste n’étaient pas différents. Si ce n’est que les marionnettes devaient offrir moins de contraintes.

Malgré ce vif intérêt pour les pouvoirs du pays du Vent, il ne fallait pas perdre l’objectif premier de cette visite. L’alliance Kiri-Suna. Une idée respectable que le nécromancien comprenait parfaitement et il soutenait le régent dans cette action. Par le passé, Makka les avait mis au tapis pour la simple et bonne raison que chacun était resté dans son coin. Aujourd’hui, s’ils apprenaient de leurs erreurs, les quatre grands villages pouvaient aisément triompher. Cela ne serait pas sans sacrifice mais c’était entièrement jouable si chacun apportait ses meilleurs éléments et qu’ils coopéraient tous dans le but d’anéantir Makka et ses généraux. Le marché proposé avait peu de chances d’être refusé puisque cette dernière solution s’imposait à chacun d’elle-même. Kiri avait juste fait le premier pas vers Suna pour accélérer les choses.

Masashi venait de terminer de parler. C’était maintenant au Kazekage de répondre et de donner son avis sur cette initiative de conciliation. Il commença par s’annoncer surpris de voir le village sanguinaire de Kiri s’avancer en premier sur la scène diplomatique puis il sembla se moquer de cette initiative. Que voulait-il dire ? Il ne tarda pas à éclairer ses propos. Il jugea cette action comme celle d’opportunistes. Michiki commençait à y voir plus clair et son visage conserva un sérieux inébranlable face aux propos tenus face à eux. Le Kazekage exprima bien sûr le fait que cette coopération, et il insista pour ne pas user du terme alliance, était inévitable mais il expliqua qu’il ne bougerait pas de Suna. Et pour résumer ces dernières paroles, il invita les Kirijins à rester au village pour se reposer avant de faire parvenir à leur chef que le Kazekage le tiendrait au courant de l’avancement du projet.

Le nécromancien remonta ses lunettes silencieusement et ne laissa rien paraître. Il gardait un visage parfaitement neutre. Ses actions pouvaient peut-être en dire long sur ce qu’il pensait mais il s’en fichait pas mal. Sa réaction était humaine après tout puisque son interlocuteur venait de leur expliquer en quelques phrases qu’ils avaient fait tout ce chemin pour pas grand-chose au final. Sans un mot, le Jônin d’élite se leva de son siège pour finalement adresser un regard à son hôte. Ses yeux restaient froids comme d’habitude. Il se contenta d’adresser ses simples mots :

-Il me semble que tout est dit. Nous n’allons donc pas vous retenir plus longtemps. Et navré d’avoir été une perte de temps que vous auriez pu remplacer par une simple lettre à notre régent. En vous souhaitant la bonne journée Kazekage.

Et Michiki se dirigea vers la porte par laquelle il était arrivé, enjoué à l’idée de servir noblement son visage. Maintenant, il la franchirait avec un arrière-goût en bouche, un peu désappointé par l’accueil qu’il venait finalement de recevoir puisqu’une simple lettre aurait eu trois fois plus d’efficacité qu’eux. Et lorsqu’on fait un si long voyage, il y a de quoi être dégoûté. Et ce fut ainsi que Michiki quitta le bureau du Kazekage.