La forêt de la Brume allait finir par être renommée la forêt de Michiki s’il continuait à traîner là-bas. Il avait beau connaître l’endroit comme sa poche et y être venu des centaines de fois, il était toujours là-bas ! Remarque, cela le rendait nostalgique du bon vieux temps où il était encore un gamin innocent fasciné par la dissection de petits animaux et faisant la fierté de ses parents médecins. La belle époque comme on dit. Ses scalpels qu’on lui avait offert à son huitième anniversaire avait servi plus d’une fois sur les corps d’animaux tels que souris, grenouilles et autres. Et le voilà plusieurs années plus tard, shinobi de la Brume sanglante, réputé dans son village, à faire exactement la même chose qu’il y a quelques années. Comme quoi rien ne change ! Enfin, à quelques détails près !

Il était certes aujourd’hui en train de se promener dans la forêt de la Brume, à disséquer des écureuils mais contrairement à lorsqu’il n’était encore qu’un petit garçon, il expérimentait aujourd’hui un nouveau type de jutsu. Plusieurs visites dans des bibliothèques poussiéreuses et peu recommandables lui avaient permis de prendre connaissance d’un ancien pouvoir rattacher à la nécromancie qu’il n’utilisait que très peu jusqu’à maintenant. Et c’était du gâchis ! La dégénérescence des cellules. Une merveille à l’opposé des capacités de guérison d’un médecin. Prenez une blessure standard style vous vous êtes coupés avec une feuille, un soupçon de dégénérescence des cellules et vous obtenez l’équivalent d’une nécrose très avancée. Cette destruction des cellules avait un côté très pratique que Michiki comptait bien exploiter.

Il avait déjà accompli beaucoup en tant que nécromancien sur la maîtrise des corps. Quelques connaissances modestes en poison. Il connaissait même l’arcane suprême de la nécromancie : l’Edo Tenseï, qui requérait un entraînement vigoureux et régulier. Il en bavait pendant des heures à apprendre à l’utiliser de la meilleure façon qui soit. Lorsqu’il le maîtriserait enfin sur le bout des doigts, cela risquait d’être un atout intéressant dans son arsenal de techniques. Mais avec tout ça, il manquait un petit quelque chose. Un petit truc qui ajouterait encore plus de piquait et donnerait trois fois plus de mal aux adversaires de Michiki. Et il avait immédiatement vu en la dégénérescence des cellules, un moyen de se perfectionner et d’atteindre un nouveau niveau de combat. Il n’avait donc pas perdu de temps en bibliothèque et il avait aiguisé ses recherches pour en arriver à aujourd’hui. Le jour où il essayait pour la première fois ce jutsu en pratique.

Comme il l’avait toujours fait, il tenait d’abord à vérifier l’effet de sa technique sur de petits spécimens avant de s’assurer que cela marcherait comme il l’espérait sur les plus gros modèles. Les malheureux écureuils qui croisèrent son chemin ce jour-là ne purent jamais formuler de regret. Un coup de scalpel en plein thorax, ce qui était un excellent entraînement aussi. Pourquoi ? C’est pas gros ces bestioles alors essayez donc de les éventrer quand ça court dans tous les sens pour fuir la lame chirurgicale. Mais il terminait par en avoir un au final. Il pouvait donc expérimenter sa technique pour la première fois. Les résultats n’étaient pas mauvais mais le nécromancien avait relâché le chakra trop rapidement. Il fallait procéder de manière progressive afin que ça fonctionne à plein régime. Il laissa là le cadavre du rongeur pour en trouver un autre.

Alors qu’il venait de trouver un nouveau spécimen, une présence se fit sentir. Elle ne devait pas être hostile pour être si proche. Mais le nécromancien finit quand même par se retourner. Et en effet il n’y avait pas grand-chose à craindre puisqu’il s’agissait du Mizukage ! Un véritable clown. Les souvenirs d’une visite à l’hôpital revinrent en tête du Jônin lorsque Shinichi l’appela le proctologue. Pas que des souvenirs agréables en effet. Le Kage commença à s’indigner du traitement que le nécromancien faisait subir à de pauvres animaux innocents. Une réaction à prévoir en même temps. Les gens non-initiés à la nécromancie voyaient ce genre de pratiques d’un mauvais œil. Pourtant il n’y a vraiment pas de quoi ! C’est un entraînement comme les autres ! Comment ça non ?

Avant même que Michiki ne puisse répliquer quoique ce soit, Shinichi s’envola littéralement dans les airs pour disparaître dans la voûte sylvestre. Il redescendit quelques secondes après, un poussin dans la main. Il lui tendit l’animal en proférant un discours des plus amusants. D’ailleurs c’est ce qui causa un fou rire chez le nécromancien. Il se roulait par terre aux mots du Mizukage. Il fallait au moins reconnaître ça à cette énergumène, on ne s’ennuyait pas avec lui. Oh ça non… Les souvenirs de l’hôpital ressurgirent rapidement avant de s’estomper. Le nécromancien saisit le poussin. A peine se retrouva-t-il dans sa main qu’il commença à se décomposer à vue d’œil. Ce n’était vraiment pas beau à voir. Il se tordait de douleur et piaillait dans un gargouillis de chair en train de fondre et d’os qui craquent. Du petit tas de plumes jaunes, il ne resta plus grand-chose. Pour ne pas dire rien.

Avec un immense sourire de sadique, Michiki regarda son interlocuteur par-dessus ses verres avant de s’exprimer enfin :

-Merci Shinichi ! Et en plus d’être inutile ça prend plus vite que de l’écureuil !

Lui qui était accroupi au sol, il se releva finalement. Il épousseta son pantalon au niveau des genoux puis il se fit craquer le dos. Il avait dû s’amuser par terre pendant une bonne partie de la journée alors il en souffrait un peu forcément. Alors qu’il effectuait une rapide remise en forme, il repensa à un détail. En plus de voir le Mizukage en personne dans la forêt de la Brume, ce dernier avait utilisé une technique intéressante il y a un instant. Comment avait-il fait cela ? La curiosité de Michiki l’emporta et le força à demander à voix haute :

-Très belle technique de vol. Tu procèdes comment pour y arriver ? Du Fûton j’imagine ? Et j’en oublie l’essentiel ! Que fais le Mizukage en pleine forêt de la Brume par cette belle journée ?

De tout temps, l’un des plus grands désirs de l’Homme était d’apprendre à voler. Le Ninjutsu avait apporté bien des choses au monde. Il avait permis des exploits jusque-là inimaginables et infaisables jusqu’à maintenant. L’arrivée de l’art shinobi dans ce monde avait permis à la civilisation de prendre un nouveau tournant et de se développer de la meilleure façon qui soit. Les diverses branches qui en avaient découlés composaient la société actuelle et le faisait tenir sur de solides bases qu’il serait difficile d’ébranler. Remettre en cause tout le fondement d’une société ne se faisait pas en un jour. Et puis pour y arriver, il faudrait faire disparaître le Ninjutsu sous toutes ses formes. Pour l’inconscient qui aurait ce projet, il risquait d’y passer un moment. Car une telle chose s’avèrerait irréalisable.

En tout cas, ce rêve de voler parmi les cieux, Shinichi y était parvenu grâce à sa maîtrise du Katon. Une idée pas bête du tout quand on y pense. Michiki pensait que seuls les utilisateurs de Fûton étaient capables de faire ça. Mais il semblerait que ce ne soit pas une exclusivité à cette affinité primaire. Et en effet quand on y réfléchit, c’est plutôt malin, voire logique, de procéder avec du feu. Une propulsion verticale pour s’élever grâce à des flammes placées sur la plante des pieds et une propulsion à l’horizontale pour avancer en ligne droite. Avec un peu de pratique, ce mode de déplacement s’avèrerait grandement utile par la suite. Il offrirait des combinaisons intéressantes lors des combats. Michiki se perdit d’ailleurs dans les éventuelles perspectives que cela offrirait.

Sa maîtrise du Dôton qui assaille l’adversaire. Ses nombreux cadavres harcelant l’ennemi de tout côté. Des assauts au Suiton qui inonde l’opposant. Les pantins de Michiki se dissimulant sous terre pour une attaque souterraine lorsque leur maître s’élèverait dans les cieux pour attaquer grâce à son Katon dévastateur. Un combo entre ciel et terre qui donnerait bien du mal à ceux que le nécromancien de Kiri affronterait. Cela promettait d’être grandiose. Le simple fait de connaître cette technique octroierait des possibilités innombrables. Un sourire naquit sur les lèvres du binoclard. Cette proposition du Mizukage était des plus alléchantes et il serait débile de refuser.
Il finit enfin par s’exprimer à voix haute pour donner sa réponse à Shinichi :

-En effet cette technique serait un atout important. Si ça ne t’ennuie pas de m’enseigner ce jutsu alors je suis d’accord pour un petit entraînement. Je te demande juste un instant.

Michiki lui tourna le dos pour à nouveau se pencher sur la carcasse de l’écureuil éventré sur lequel il expérimentait sa dégénérescence des cellules. Il déposa à côté un rouleau qu’il entreprit de mettre convenablement à plat. Il y déposa une main et quelques signes commencèrent à se dessiner. Il posa deux doigts sur le crâne du petit animal puis la bestiole disparut pour être scellé dans le rouleau. La pièce du papier fut rangée soigneusement à la ceinture du Jônin, à côté de tous les autres. C’était une collection plutôt bien étoffée. Plus il devenait fort, et plus elle augmentait. Qui sait jusqu’où elle pourrait aller ? Seul le futur serait capable de répondre à cette question.

Une fois sa tâche accomplie, Michiki se redressa pour faire face à son supérieur. Il avait récolté le corps du rongeur pour observer les effets de sa technique un peu plus tard étant donné qu’il avait été interrompu dans son travail par l’arrivée de Shinichi. Mais maintenant il pouvait reporter cela à plus tard et se concentrer essentiellement sur l’entraînement. Ce qu’il ne tarda pas à exprimer tout haut :

-Navré d’avoir fait attendre. Je suis fin prêt maintenant ! On commence par quoi du coup ?

L’entraînement allait enfin pouvoir commencer. C’était la première fois que Michiki subissait un entraînement dans le but d’apprendre une technique. Lui qui s’était toujours débrouillé pour créer ses propres jutsus, ça allait le changer. De plus, il apprenait une technique auprès du Mizukage. Et ça par contre ça envoie quand tu sors ça dans un dîner ! C’est pas comme si c’était le premier clanpin du village qui a un truc un peu intéressant à apprendre. Non non là c’était le Kage en personne qui servait de maître ! C’est ça d’avoir la classe ! Mais ceci étant dit, n’aurait-il pas été plus intéressant de se faire enseigner un jutsu un peu plus intéressant ? Ouais bref on s’en fout ça permettrait à Michiki de voler alors c’est déjà ça !

Il se tenait face à son nouveau maître provisoire qui lui enseignerait sa technique. Il croisa les bras et attendit les instructions que lui donnerait le Mizukage. Il allait devoir faire preuve de concentration plus accrue. Quoique ? Etait-ce vraiment le cas ? Comme il y a quelqu’un pour nous guider dans la démarche ça doit être plus facile que quand on part de nulle part. On connaît les étapes et il y a un chemin logique et préétabli qu’il suffit de suivre. Alors que pour un jutsu original, il faut savoir se débrouiller avec ce qu’on sait faire, ce qui n’est pas toujours facile. Ayant appris que quelques jutsus d’autres personnes, Michiki allait bien voir ce que cela donnait et qu’est-ce qui serait le plus facile.

Puis vint enfin le moment des explications. Il y avait d’abord le fait de devoir concentrer du chakra dans la paume de ses pieds. A la différence que ce chakra devait être changé en feu. Similaire à la technique pour marcher sur les arbres dans le fond mais différente sur ce dernier point. Ça ne s’avérait pas très difficile et puis c’était logique en même temps. Il n’allait pas concentrer le chakra dans ses oreilles afin de décoller. Simple déduction. Mais Michiki n’était pas pour autant un génie. Il ne fallait pas exagérer non plus même si cette réflexion relevait de la démonstration scientifique suprême.

Enfin bref ! Sur cette magnifique preuve de bon sens, Michiki fit également attention à bien observer la démonstration que lui fit Shinichi. Ce dernier s’éleva de quelques centimètres au-dessus du sol. Il fallait commencer par ça. Le Mizukage semblait ne pas vouloir laisser le nécromancien partir trop haut de peur qu’il ne s’étale si jamais il se ratait. Ce qui était louable comme intention. Michiki devrait donc commencer petit avant d’en arriver au résultat escompté. Il ferait le nécessaire et agirait selon les recommandations de son entraîneur du jour. Il se mit en position et débuta la concentration de chakra dans la plante de ses pieds. Rien d’anormal ou de difficile jusque-là. Il changea la nature et la forme de son chakra ensuite afin que cela se transforme en petites flammes.

Mais il semblerait que le mot petit ne soit pas bien compris. Un véritable brasier enflamma les pieds du nécromancien. Ce qui eut pour conséquence de le propulser à toute vitesse, tête la première, dans l’arbre qui lui faisait face. Il se cogna violemment la tête et retomba lourdement au sol. Il se massa la tempe en se relevant avec difficulté. Trop de puissance semble-t-il. Il faudrait diminuer la quantité encore. Il tituba pour revenir à sa place initiale. Ses oreilles sonnaient tant qu’il ne pouvait entendre la moindre remarque de la part de son senseï intérimaire. Une fois à son ancienne place, il réitéra l’expérience. Il diminua néanmoins la quantité de chakra pour mieux la répartir. En effet, il était parti en avant car il avait mal réparti l’énergie sous ses pieds.

Il prit son temps cette fois. Ça ne prit pas deux ans non plus mais il s’appliqua un peu plus pour ne pas se retrouver dans l’arbre une nouvelle fois. Ses lunettes avaient miraculeusement survécu au choc de son embrassade avec le tronc d’arbre. Ne demandons pas trop à la Chance et au Destin. Ils sont d’une humeur capricieuse et plutôt radins. Il mit donc un peu plus de temps pour enfin arriver au résultat escompté. Il se retrouva à planer à quelques centimètres du sol. Lorsqu’il s’en rendit compte, il relâcha son attention, ce qui le fit tomber légèrement. Mais son visage s’ornait d’un magnifique sourire. Il y était arrivé quand même. C’était vraiment un tout petit pas (en l’air !) mais tout de même ! Il remonta ses lunettes sur son nez et demanda, non sans une pointe d’amusement, à Shinichi :

-Etape suivante ?

La première phase de l’entraînement était une véritable réussite pour Michiki. Il était parvenu à s’élever de quelques centimètres dans les airs sans trop de difficultés. Oui bon on va éluder la partie où il a roulé un patin à un tronc d’arbre. C’était déjà un miracle que le Mizukage n’est fait aucune remarque quand on connaît son caractère assez malicieux. Un véritable Lutin ce type. Mais bon le principal c’est que maintenant il y était arrivé. Ils pouvaient donc passer à quelque chose d’autre en remontant un peu le niveau. C’est comme ça qu’on apprenait le mieux. Logique en même temps. Si vous stagnez deux plombes au même niveau, vous progresserez pas de beaucoup.

Alors que Michiki attendait la suite des instructions, Shinichi lui demanda de patienter. Qu’allait-il faire ? Le Lutin commença à ériger des plaques de terre à différents endroits. Il en plaça de chaque côté de Michiki. Devant, derrière, à gauche et à droite. A quoi cela allait-il servir ? D’autant que la distance entre lui et les plaques n’étaient jamais le même. Il se trouvait au centre de cette étrange disposition sans pour autant réussir à voir comment cela allait l’aider. Chaque plaque était assez conséquente sur la largeur mais ne semblait pas bien épaisse. En arrivant à un petit pas de course normal, on pouvait certainement faire tomber l’armature en morceaux. En quoi cela lui serait-il utile pour voler ? Il ne tarda pas à avoir sa réponse.

Shinichi n’avait pas effectué ça car il souffrait de folie passagère même si n’importe qui le rencontrant pouvait être amené à penser ça. Non cette fois-ci, il s’agissait d’un acte mûrement réfléchi qu’il expliqua en détail. Ces plaques étaient en fait là pour permettre au nécromancien de travailler ses mouvements lorsqu’il se trouvait en état de lévitation. Une excellente idée car il n’allait pas se contenter de rester en l’air à rien faire. Il profiterait à coup sûr de cet avantage pour réaliser certaines actions. Une telle épreuve était donc nécessaire et très instructive. Il y avait peut-être plus conventionnel comme méthode mais le Mizukage semblait être un adepte de l’enseignement ludique.

Suivant les instructions de Shinichi, le nécromancien allait devoir se diriger vers la plaque indiquée, revenir au centre et enchaîner de nouveau avec le mouvement d’après. Un bon moyen de perfectionner la technique et son déplacement surtout. Mais Michiki eut à peine le temps de se préparer. Suite aux explications de son senseï improvisé, il avait racé une croix à son emplacement pour avoir un repère de l’endroit où revenir. Puis il dût directement enchaîner avec les mouvements que lui demandait le Mizukage. Il prit un peu de temps à réitérer son expérience de lévitation et il tâcha de se concentrer pour se déplacer grâce à cette dernière. Mais là ce fut un peu plus délicat.

Alors qu’il devait se rendre sur la plaque de droite, Michiki insuffla un peu plus de chakra afin de se déplacer. Ce ne fut pas d’une rapidité étonnante mais en tout cas il arrivait à bouger. Il avait évité de commencer trop fort comme tout à l’heure. Ce fut seulement lorsqu’il dut revenir au milieu afin de se rendre à la plaque du haut qu’il eut des problèmes. L’inversement de polarité entre ses pieds, le fait d’inpulser du chakra Katon dans l’autre pied pour revenir, le propulsa à vive allure contre la paroi de gauche. Il s’y écrasa mollement et la transforma en nombreux débris avant de retomber au sol. Il se releva tant bien que mal pour remettre en place la plaque avec son Dôton.

Il revint au centre en titubant et se reconcentra à nouveau. Sauf que son choc avait été légèrement perturbant. Résultat du compte, sa maîtrise de la lévitation avait été un peu altérée. Et il se retrouva à décoller bien trop haut pour dépasser la cime des arbres. Paniquant, il cessa toute impulsion de chakra. Très mauvaise idée. Il retomba lourdement vers le sol. Il se visualisait déjà le spectacle de son corps éclaté en plusieurs morceaux sur le sol lorsqu’il eut la présence d’esprit de reprendre la circulation de chakra dans ses pieds. Arrivé au niveau des arbres, il put adhérer à une branche et redescendre sans encombre. Il fallait réellement une concentration à toute épreuve !

De nouveau à sa place, il réessaya. L’exercice fut soldé d’échecs nombreux pour qu’il arrive finalement à un bon rythme. Il parvenait à suivre la cadence infernale du Lutin sans faire de gaffe. Mais ce fut au prix de nombreux sacrifices et de bons nombres de plaques cassées. Mais au moins il y arrivait maintenant ! Pas comme un expert mais il parvenait à se déplacer enfin. Il continua l’exercice pendant encore quelques temps comme ça pour améliorer sa vitesse. Il finissait par y prendre plaisir. Si c’était déjà amusant de voler comme ça à si peu de distance du sol, qu’est-ce que ce serait une fois qu’il serait à plusieurs mètres de hauteur ! Il avait tellement hâte ! Mais il préférait attendre l’avis éclairé de son entraîneur avant de se lancer dans du plus risqué et du plus intéressant. Même s’il se lassait de cet exercice, il continua inlassablement en attendant le feu vert de Shinichi pour la suite.

L’exercice s’était avéré plus compliqué que prévu sur le début mais avec le temps et la pratique, Michiki avait finalement réussi à s’y faire. Après un certain nombre d’échecs, certes. Mais ne ressassons pas le passé. Il faut aller de l’avant pour avancer ! Une belle phrase pourtant très stupide. C’est certes plus compliqué d’avancer en reculant, même si ça marche quand même mais bon. Pour un résultat efficace, mieux vaut avancer ! Euh…d’où vient ce débat parfaitement inutile en fait ? On était parti de quoi ? Ah oui ! De Michiki qui s’entraînait avec Shinichi pour apprendre à voler ! Il y a des transitions qui ne s’expliquent pas parfois…

Peu importe, la phase deux de l’entraînement était terminée puisque le nécromancien en avait compris l’essentiel. Il pouvait donc s’estimer victorieux de cette prouesse même si ça n’avait pas été évident. Il se demandait maintenant ce qu’allait pouvoir lui demander le Mizukage. Après avoir appris à léviter à faible hauteur et avoir appris à se déplacer, qu’allait-il lui demander ? Certainement quelque chose d’un peu plus complexe et de plus…excitant dirons-nous. Pas dans le sens que vous l’entendez sombres pervers ! Mais depuis tout à l’heure il s’élevait à des sommets de cinq centimètres alors il espérait aborder les choses sérieuses enfin !

Mais apparemment il n’allait pas être déçu. Shinichi lui demanda d’arrêter en prétextant qu’ils allaient passer à quelque chose de plus amusant. Quand un Lutin vous dit ça, vous pouvez être sûr que vous ne serez pas déçu de ce qui allait suivre. Le senseï intérimaire concentra du chakra Katon dans la plante de ses pieds afin de s’élever. Puis, sans prévenir, il demanda à Michiki d’essayer de le suivre. Et voilà Shinichi qui file à travers les arbres à toute vitesse à quelques centimètres du sol. Pour ne pas se faire distancer, le Jônin réagit au plus vite.

Il effectua l’exercice auquel il s’entraînait depuis hier. Chakra Katon aux pieds, il put se lancer à la suite du Mizukage volant. Il avait foncé en ligne droite sur un tronc avant de dévier brutalement de sa trajectoire pour zigzaguer entre une rangée d’arbres. Etant un peu en arrière à cause de son départ tardif, Michiki eut le temps de prévoir le changement de direction. L’exercice était assez simple mais il nécessitait une concentration de chaque instant. La moindre seconde de relâchement et c’était la chute ou même la collision. Dans les deux cas, échec = gros bobos. Par conséquent, pas question de se rater comme les autres fois !

Etonnamment, il s’en sortait plutôt bien dans leur petite course de zigzag. Michiki se surprenait lui-même à y prendre du plaisir. Le vent qui souffle autour de soi et qui vous propulse plus loin. Les changements de direction brutaux qui vous envoient des décharges d’adrénaline. C’était un exercice vivifiant. Mais le plaisir de cette balade aérienne allait vite tourner court. Même très vite étant donné que Shinichi venait d’effectuer un…looping ! Un putain de looping ! Mais Michiki n’allait pas de dégonfler pour autant.

Une pensée noble qu’il regretta quelques instants plus tard lorsqu’il amorça la montée. Sa seule pensée à ce moment était : « Mais qu’est-ce que je fous là putain ?! ». Au début de la figure, le nécromancien se sentait mal mais il devait réaliser cet exercice à bien pour prétendre connaître la technique. Déjà, il arrivait sans mal à décoller de plus de quelques centimètres. Il s’élevait haut dans les cieux et débuta la boucle du looping. Shinichi avait déjà de l’avance car au moment où il se trouvait à la fin du looping, Michiki en était à la moitié. C’est-à-dire tout en haut et Shini tout en bas. Ce fut d’ailleurs le moment que choisit le Jônin pour…tomber malade.

Une pluie des plus sympathiques pour le Lutin. Mais malgré ses maux d’estomac, le binoclard réussit à boucler son tour et à se retrouver auprès de Shinichi. Ce dernier avait dû apprécier la douche ! En tout cas, même si pour ce détail c’était un peu compromis, le reste était acquis. C’est donc avec un air à moitié auto-suffisant, vite balayé par l’expression de maladie qu’il affichait, que Michiki déclara :

-On peut dire que je suis un bon élève non ? Bon malgré le petit incident, désolé au passage, je saurais m’en sortir, non ?

Il semblerait que le Lutin s’est levé du mauvais pied ce matin. A peine Michiki avait-il terminé d’accomplir la manœuvre compliquée du looping, ce dernier demandait à son senseï de l’instant s’il s’en était bien sorti en se lançant une petite fleur. Pour le peu de fois où il le faisait, il pouvait se le permettre. Et puis défier les lois de la gravité à ce point c’est quand même quelque chose il ne faut pas oublier ! Alors s’octroyer un petit compliment au passage, pourquoi pas ! C’est pas comme si il s’était contenté de craché une grosse boule de feu. Tout le monde fait ça c’est d’un banal maintenant. Mais voler quoi ! Ça c’est quelque chose par contre ! Les possibilités étendues d’une telle technique dans l’arsenal de jutsus du nécromancien promettaient. Les enchaînements entre ciel et terre risquaient d’être des plus dévastateurs.

Mais pour l’heure il fallait essayer de comprendre ce qui rendait le Mizukage ronchon. Pour la petite tâche de vomi là sur l’épaule ? Serait-il si susceptible ?! Non impossible ! Un Lutin à l’esprit aussi farceur saurait voir le côté comique de la situation quand même. Non ?! Ah bon ? Ce serait pour ça qu’il fait la tête ? Michiki serait le premier étonné. Quand on voit à quel point cette personne n’est pas sérieuse. Les souvenirs d’une visite à l’hôpital et d’une mission vinrent renforcer cet avis que le Jônin avait de son supérieur. Il n’y avait pas plus relax et détendu que Shinichi alors pourquoi se crisper soudainement pour devenir aussi hargneux ? C’était vraiment bizarre. Et cela ne s’arrangea en rien lorsqu’il proféra une menace avec un sourire de dément.

Ce visage, Michiki ne le connaissait que trop bien pour l’avoir utilisé de nombreuses fois. C’était un peu le faciès standard de la carte d’identité du Kirijin. Dans d’autres endroits, on vous demande de rester sérieux et de ne pas sourire. Mais ici, c’est à celui qui fera le plus psychopathe. Certains n’ont pas besoin de sourire mais dévoiler ses dents de manière forcée joue beaucoup pour contribuer à ce côté sauvage, dément et psychopathe. Il n’y a rien de tel pour effrayer un ennemi. Ce visage avait été la dernière chose que bon nombre de victimes avaient vu avant d’expirer leur dernier souffre vital. Leur sort actuel était des plus cléments. Scellés dans des rouleaux, attachées à la ceinture d’un nécromancien de Kiri. Il y a largement pire comme perspective d’avenir.

L’affrontement pointait le bout de son nez au vu des mots du Lutin. Il restait donc deux choix pour Michiki. Le premier étant de faire comme lui avait conseillé le Mizukage. A savoir décoller pour fuir les lieux au plus vite sans tarder pour éviter le combat. Et la deuxième était bien sûr de rester et de risquer un affrontement contre celui qui avait été nommé Mizukage. Le genre de choix qui ne faisait pas polémique chez les sains d’esprit. Tout le contraire de Shinda Michiki. Car bien évidemment, l’esprit étriqué du nécromancien réfléchissait différemment. Il voyait les choses sous un angle plus particulier et le poussait à prendre une décision inconsidérée. Du moins c’est ainsi que certains l’auraient vu car à ce moment, le binoclard voyait cela comme une opportunité des plus plaisantes.

Cela faisait quelques temps qu’il connaissait Shinichi. Leur première rencontre remontait à une mission des plus éreintantes qu’ils avaient eu de la peine à terminer. Pas par sa difficulté particulière mais elle avait requis plusieurs étapes qui ne se faisaient pas en quelques secondes. Le tout leur avait demandé un sacré temps. Autant de temps qu’ils auraient tous deux pu mieux exploité. Comme en se mettant plus tôt à un tel entraînement. Un petit apprentissage qui se dirigeait maintenant vers un combat. Car c’est ainsi que Michiki voyait la finalité de tout cela. Il n’allait pas fuir selon les conseils prodigués par son senseï intérimaire. Il resterait là pour une seule et bonne raison.

Depuis le temps qu’ils se connaissaient, Shinichi n’avait jamais cessé de…comment expliquer ça de manière à la fois claire et polie ? Bon, restons simple. Il l’emmerdait au plus haut point. Et aujourd’hui, il semblerait que ce soit le nécromancien qui soit enfin venu à bout de sa patience. Et continuer en restant serait une pure provocation qui pourrait énerver un peu plus le Mizukage. Enervé n’était peut-être pas la meilleure expression mais en tout cas cela ne l’apaiserait pas vraiment. Et pour une fois, Michiki tenait là une occasion en or pour se venger de toutes ses fois où le Lutin l’avait importuné. Comme cette autre fois à l’hôpital. Un sourire bestial naquit sur ses lèvres en pensant qu’il pourrait enfin lui rendre la monnaie de sa pièce.

Le nécromancien remonta rapidement ses lunettes et regarda son interlocuteur droit dans les yeux. Son sourire ne s’était pas calmé. Il l’arborait fièrement et l’entretenait pour le faire durer encore quelques temps. Il le garda d’ailleurs bien en vue lorsqu’il commença à parler :

-Oooh ! Tu vas pas mal le prendre Shini ?! Allez ! Pour me faire pardonner, je t’offre le déjeuner. Très léger pour moi par contre, je me sens un peu patraque là tout de suite. Je me demande pourquoi !

Sa voix était limite partie dans les aigus quand il eut terminé sa dernière phrase. La raison à ça : sa jubilation ! Il n’avait même pas fait l’effort de marquer un semblant d’interrogation. C’était du pur foutage de gueule en effet. Mais bon sang ce que ça faisait du bien ! Alors que le nécromancien à lunettes préparait à user de son chakra en débutant dès maintenant la concentration, il avait réussi à repousser encore plus les limites de son sourire qui semblait percer encore plus loin que ses oreilles. Il finit d’ailleurs par laisser filtrer un ricanement des plus narquois. Qui a dit que Michiki ne pouvait pas se montrer chiant ? Il y avait pire, certes. Mais en la matière il savait se défendre tout de même !

Bon bah il semblerait bien qu’il soit de mauvaise humeur le Mizu ! Rien que son faciès traduisait toute la colère qu’il ressentait pour son homologue Kirijin. Lui qui était d’hbaitude si joyeux ça faisait bizarre de le voir comme ça ! Etait-il rancunier ? Ou du genre à aimer blaguer sur les autres sans supporter la critique sur sa propre personne ? Cette éventualité fit ricaner le nécromancien qui ne se lassait pas de ce spectacle. Pour une fois que c’était lui qui énervait l’autre ! D’ordinaire Shinichi avait le chic pour le mettre à bout. Et toutes ces fois où il s’était retenu, où il n’avait rien dit et encaisser les railleries, il avait espéré au plus profond de lui qu’un jour il pourrait lui renvoyer l’ascenseur. Et aujourd’hui ça y est ! Il tenait sa revanche et il ne comptait pas la laisser filer.

Il savourait chaque tic nerveux du Mizukage face à lui. Chaque goutte de vomi perlant de ses oreilles en pointe, chaque gonflement de sa veine sur son front. Tous ces détails qui laissaient transparaître la colère et l’énervement du Lutin. Toutes ces petites choses qui ne faisaient qu’emplir le cœur du nécromancien d’un sentiment très agréable appelé la joie. C’était rare mais quand ça se produisait, bon Dieu ce que c’était agréable et jouissif ! Il jubilait en fait. Ce n’était même plus un simple plaisir. Plus qu’un plaisir, une passion. Oui c’était exactement ça ! Ça pourrait faire une excellente phrase d’accroche ou un slogan pour une publicité. Comme cette chansonnette de Kiri qui courrait les rues et qui faisait : Le carnage ! Le carnage ! Le carnage c’est génial !

Mais il ne put pas s’amuser pendant encore bien longtemps. Shinichi avait vraiment mal réagi en fait ! Au point de sortir son sabre et de commencer à tournoyer sur lui-même. Il usait carrément d’un jutsu pour si peu ! Mais faut se calmer ! Qu’il aille s’acheter de la patience le FAUX NOBLE là ! En plus ça semblait puissant. Tellement puissant que le nécromancien ne put pas prévoir grand-chose à vrai dire. L’assaut aurait été moins imprévisible il aurait limité la casse avec son armure Dôton mais là il encaissa la chose de plein fouet et fut violement projeté en arrière, de larges entailles sur le corps. Il saignait abondamment et sa vue se brouillait un peu. L’enfoiré de Lutin.. Il leva la tête vers le Mizukage en serrant les dents. Un œil fermé comme pour atténuer la douleur et un sourire qui tentait de se dessiner malgré tout. Puis, en soufflant comme un bœuf, il finit par cracher quelques mots, qui furent accompagnés de gerbes de liquide rouge :

-FAUX NOBLE !

Et il s’évanouit ainsi. C’était la honte pour quelqu’un de son rang. Enfin en même temps il faisait face au Mizukage. Très peu pouvaient se vanter de s’en sortir en meilleur état. Surtout quand le moment n’était pas au combat. Là c’était venu de nulle part. L’effet de surprise et la puissance du coup avait pris de cours le Jônin qui se réveilla quelques minutes plus tard à l’hôpital. Des bandages un peu partout qu’il regarda avec mépris. Pas tant pour lui mais plutôt pour l’enfoiré aux oreilles pointues. S’il le recroisait celui-là ! Oh bon sang ! D’ailleurs il avait besoin de s’entraîner. S’écrouler ainsi si rapidement c’était tout de même inadmissible. Sans un bruit, mais non sans difficulté, il quitta son lit pour se diriger vers la fenêtre qu’il entrouvrit avant de s’engouffrer dans le cadre pour arriver sur le toit et ainsi partir vers d’autres lieux. En premier, son chez lui pour une bonne douche et ensuite le terrain d’entraînement.