Seul. J’étais encore seul, cette soirée-là. Ryûji devait encore faire je ne sais quoi à l’extérieur. Si au moins il s’entraînait sérieusement, ça passerait. Mais je savais pertinemment que ce n’était pas le cas. Loin de là. Des fois, j’ai cette impression que je devrais agir comme un père pour lui, alors que je ne suis, qu’à la base, son petit frère. Je vous jure… De mon côté, j’étais dans ma chambre, et je m’entraînais à rendre mon chakra médical le plus pointu et efficace que possible. De cet art-là, je ne maîtrisais que le côté soutien, et non le côté offensif. C’est pour ça que je tâchai de rendre mes techniques de soin les plus efficaces que possible. Depuis que je suis arrivé à Kumo, j’ai fait d’énormes progrès. Et pour cause : j’étais devenu un vrai rat de bibliothèque, à étudier de nombreux livres portant sur l’Irou no Jutsu. J’avais appris plein de chose, je m’essayais dans l’art des poisons et des drogues, même si ce n’était pas encore au point. J’ai pu également apprendre des choses sur des ninjas médecins étant, ou qui étaient, à Kumo. Parmi eux, il y avait une élève de mon frère. J’aimerais la rencontrer un jour, mais je n’aimais pas spécialement me mélanger aux autres.

Allongé dans mon lit, un bouquin sur l’oreiller, j’étudiais. C’était un livre qui portait toujours sur la médecine, mais qui reprenait les bases, pour parvenir au plus complexe. C’est ce qu’il me fallait, car les bases je ne les ai acquises que par moi-même, n’ayant connu personne qui s’y connaissait. Et puis, l’endroit où on était de regorgeait pas de livres en tout genre, non loin de là. La nuit tombait, et j’étudiais encore et toujours. J’avais lu, et relu la partie qui enseignait les soins, puisque c’était ce qui m’intéressait. Arrivé à la partie offensive de l’Irou no Jutsu, je fermai le livre, avant de le poser sur une table. Je n’étais doté d’aucun don dans ce domaine. Ma seule arme, c’est les illusions, et le Suiton a un faible niveau. Cela me suffisait, je n’aspirais pas à devenir puissant, mais seulement à être capable de sauver des vies. La puissance peut corrompre les gens, et c’est ces gens corrompu qui ont besoin de personnes comme nous. Sans personne pour les soigner, jamais ils ne survivront. Je craignais que mon frère entre dans cette catégorie, et tout ce que je pouvais faire était d’assurer ses arrières.

Je fermai les yeux, me laissant emporter par le sommeil.

La journée qui suivit, était une copie conforme de la veille. Moi qui m’entraînais, et étudiais, et mon frère qui avait une fois de plus disparu. Seulement, en soirée, quelque chose de différent se produisit. Il fallait que je me rende le plus rapidement que possible à l’hôpital de Kumo. C’était tout ce que je savais. Il s’était passé quelque chose ? Prenant une veste, et une écharpe, je sortis à toute allure pour me diriger à l’hôpital. Que peut-il bien se passer pour que je sois convoqué, à une heure si tardive ? Et puis, même en étant un ninja médecin, je ne travaillais généralement pas à l’hôpital, étudiant l’art de la médecine. Je n’avais pas encore les qualifications requises pour y travailler. D’où ma surprise.

Arrivé à l’hôpital, un vieux monsieur m’accueillit. C’était le patron de l’établissement.

- Kazuki, c’est ça ? Tu vas bien ?
- Ca… Ca va…

Je me forçais un peu à parler, bien que je pouvais rester silencieux. Je n’étais plus à mon aise dans cet hôpital, n’étant pas connue pour ma sociabilité. Le vieil homme me demanda alors de le suivre dans son bureau, avec son assistante. Cette dernière était toute souriante et bienveillante, et me fit prendre place sur une chaise. Mais qu’est-ce qu’on me voulait à la fin ? Mon regard azuré se porte sur les deux personnes présentes dans la salle. Dans mon esprit, l’incompréhension régnait.

- J’ai entendu parler de toi. On m’a dit que tu étudiais la médecine, et que tu t’en sortais plutôt bien. Mais tu ne travailles pas encore ici. C’est pourquoi je t’ai fait venir ici, que dis-tu de travailler avec nous ? En plus, si tu acceptes, un médecin expérimenté te prendra en charge.

Mes yeux s’écarquillèrent. Mes efforts ont été reconnus par le dirigeant même de l’hôpital ? En plus, on me proposait de les rejoindre, et d’avoir un professeur pour m’aider. Je ne savais pas trop quoi y répondre… C’était l’occasion rêvée de faire de gros progrès, mais d’un autre côté je n’aimais pas l’idée de m’intégrer dans un groupe de personnes, même si l’on partageait le même don, la même vocation en quelque sorte. Assis sur ma chaise, je balançais mes pieds qui ne touchaient pas le sol, et je les regardais en y réfléchissant. Avant de me décider.

- J… J’accepte…

L’homme eut un sourire, avant d’officialiser mon intégration avec eux. Ryûji allait être fier de moi, enfin, s’il avait encore quelque chose à faire de moi. Il s’en foutait de toute façon. Après toute la paperasse remplie, je quittais alors son bureau. Je prendrais service dès demain, mais pour l’instant il fallait que je me repose, la nuit commençait à tomber. En sortant, l’assistante vient à moi.

- Ce sera moi ton senseï à partir de demain. Pour l’instant, je n’ai juste qu’un conseil à te donner : pense à prendre un élève toi aussi. Apprendre quelque chose aux autres est bénéfique pour soi-même, ne l’oublie pas.

Je lui souriais, avant d’acquiescer. Cette femme m’avait l’air d’avoir le cœur sur la main, je n’aurais pas de problème avec elle. Mais un élève… Ce n’était pas pour moi. Vraiment pas. Pour l’instant, il fallait que je rentre à la maison, histoire de me reposer avant demain.

En chemin, j’entendis un bruit ahurissant. On aurait dit que quelque chose de très lourd était tombé sur le sol. Cela venait des terrains d’entraînements. Je m’y précipitais, pour voir ce qu’il s’était passé. Dans ma course, j’avais manqué de trébucher plusieurs fois, car je ne voyais pas spécialement grand-chose dans cette obscurité grandissante. Mais je commençais à connaître assez le village pour ne pas me perdre, surtout que je n’étais pas spécialement loin de ma destination. Arrivé sur place, je vis sur l’un d’entre eux un grand arbre, déraciné, qui était étalé sur le sol. Ce n’était qu’un arbre ? Mais qui a bien pu faire ça ? Pas loin, je vis une grande concentration de chakra Fûton, dans la main d’un individu. C’était Ryûji, mon frère. Ainsi, lui, il s’entraînait ? Qui l’eut cru, il faisait autre chose que de s’amuser comme un gamin.

M’approchant de lui, je regardais l’arbre qui jonchait le sol.

- T’as pas mieux à faire ?

Je ne lui avais même pas adressé un regard, et mon ton était plutôt froid. C’était la dernière personne que je voulais voir ce soir, puisqu’il passait le plus clair de son temps, à me laisser seul. Alors pour une nuit de plus ou de moins… Il m’expliqua ensuite qu’il s’entraînait. Merci, j’avais compris. Apparemment, il cherchait à rendre sa technique plus fine et précise. Parce que là, c’était une grosse concentration de vent tranchant, et effectivement ce n’était pas joli à voir, bien qu’il pourrait me tuer en un coup. De toute façon, je n’en avais rien à faire de ce qu’il avait. Ce n’est pas moi qui allais lui donner des conseils pour faire une technique de ce genre. La seule qui me venait en tête, c’était les scalpels de chakra, que je ne maîtrisais pas, et qui étaient effectuables uniquement par des ninjas médecins. Or, il n’en était pas un, ça réglait le problème. Mais une voix résonna ensuite dans ma tête…

« Apprendre quelque chose aux autres est bénéfique pour soi-même, ne l’oublie pas. »

C’était ma future senseï qui venait de me dire ça, en sortant de l’hôpital. Je souriais, avant d’enfin regarder mon frère dans les yeux.

- Tu sais Ryûji, on peut s’arranger.

J’aurais du y penser plus tôt. Au contraire de moi, il était bien plus bourrin que soutien. Si j’arrivais à faire de lui un ninja médecin, il pourra m’initier à des techniques plus offensives de cet art-là.

- On vient de me recruter à l’hôpital, et on m’a conseillé de prendre un élève, à qui je peux enseigner l’Irou no Jutsu. Cet élève, ça sera toi. Le Taïjutsu des médecins est ce que tu recherches, non ?

À ces quelques mots, je lui sortis le livre que j’étais en train de lire, et je l’ouvrais au chapitre sur les techniques offensives, avant de lui passer. Il lisait quelques pages, et moi je m’installais sur l’arbre par terre. Si j’avais un appareil photo, je m’en serais bien servi là. Ce n’est pas tous les jours que l’on voit Ryûji lire un livre quoi. Enfin, je me moque de lui, mais je le sais bien plus intelligent que ce qu’il montre, sinon on n’en serait pas là à l’heure qu’il est. Mais c’est rare de le voir lire.

Il était bien plongé dedans, et ne disait aucun mot. Ca avait l’air de l’intéresser.

- Ca marche. Donc, tu m’apprends les arts médicaux, et je me débrouille pour apprendre ses techniques offensives ?

Il acquiesça. Ainsi, mon frère a réussi à devenir un médecin ninja officiel du village. J’étais fier de lui, et je le félicitai. Maintenant, il voulait m’apprendre les arts médicaux à mon tour. Je n’étais pas très partant au départ, mais il est vrai qu’avec ça, mon Taïjutsu s’en retrouverait renforcé. C’était intéressant comme proposition. J’acceptai alors. Et puis, il est vrai que c’est rare que je passe du temps avec lui, ça rattrapera un peu le temps perdu. Même si je ne le montrais pas trop, j’avais bien compris qu’il m’en voulait, et je le comprenais après tout. Je ferai des efforts pour ça. Je pouvais lui promettre.

J’étais donc prêt à écouter mon senseï de ce soir. C’est bizarre de se dire que son petit frère, qui est Genin, va être considéré comme mon senseï pendant qu’il m’apprend l’Irou no Jutsu. Mais avec lui, je ne préférais pas résonner avec l’âge, ni le grade, il n’aimait pas ça. Moi non plus au final, je sais qu’un jour il arrivera à mon niveau, si ce n’est plus. Il avait ça en lui, j’ai déjà pu en avoir la confirmation dans le passé, lorsqu’on s’entraînait, et ses progrès depuis qu’on était arrivé. Même s’il ne doit pas me croire, je peux lui assurer que je suis ses progrès de très près. S’entraîner en autonomie est bénéfique également, il ne faut pas toujours que compter sur les autres.

Mais ce n’était pas le sujet de ce soir. Kazuki allait m’initier aux arts médicaux, et j’étais prêt à l’écouter. La première étape était de réussir à produire ce chakra médical, qui était la base de tout cet art. Je voulais bien, mais comment ?

- L’Irou no Jutsu, ce que je veux t’apprendre, n’est pas réservé à des personnes en particulier. Chacun peut éveiller ce don, du moins c’est ce que je pense. Imagine-toi que tu as quelqu’un à sauver avec uniquement du chakra, pense à ça quand tu le malaxes.

Facile à dire, mais plus difficile à faire. Je concentrais du chakra dans ma main, mais c’était du chakra le plus banal qui soit. Rien de bien intéressant quoi… Je malaxai ce chakra, incessamment, pendant que mon frère me regardait. Cela dura bien une heure, si ce n’est deux. Mon frère allait s’endormir sur place si ça continuait, et de plus, si j’ai bien compris, il prend service dès demain, et il ne faudrait pas qu’il passe la nuit sans dormir. Mais il semblait être vraiment motivé à m’enseigner ce pouvoir. Il ne fallait pas que j’en abuse, et que je me donne à fond pour avoir un résultat au moins dans la soirée. Je ne veux pas être capable de soigner une personne mourante dans la soirée, mais juste arriver à produire ce chakra en question. Après, une fois que j’y parviendrais, ça viendra tout seul de ce que j’ai compris.

Mes pensées étaient tournées vers le passé. J’essayais de me souvenir à quel moment Kazu avait développé ce pouvoir… Je m’en souviens.

Il devait n’avoir que six ans, oui c’est bien ça. Un ninja nous voulait du mal, pour une raison que j’ignore. De notre côté, on commençait à peine nos entraînements respectifs. Pour protéger mon frère principalement, je l’avais affronté, et j’ai failli y laisser la vie… Je ne me souviens plus de ce qui s’était passé après, j’avais sombré dans l’inconscience. Cependant, mon frère était parvenu à le vaincre, et ses dons de médecins s’étaient éveillés, pour me sauver. C’était de ça qu’il parlait.

Je sortis de mes pensées, lorsque je vis du sang couler. Mon frère avait un kunai ensanglanté en main, et venait de se taillader l’avant-bras.

- Mais t’es…
- T’inquiète pas. Tu t’en es souvenu n’est-ce pas ? Ce jour-là, j’ai éveillé mes dons pour te sauver d’une mort presque certaine, après avoir réussi à me débarrasser de notre ennemi. Le mieux est qu’il y ait un élément déclencheur… Bouge-toi, je perds beaucoup de sang…

Ce gamin avait un gros problème par moment… Pas le temps de le remettre à sa place, je pris son bras, essayant désespérément de concentrer ce chakra médical dans mes mains. Rien, toujours rien. La tension montait, il s’était complètement charcuté le bras cet idiot. Bon apparemment ce jour-là, j’étais dans un état plus critique que celui-là, et il y était parvenu. Je l’ai déjà vu plusieurs fois soigner des personnes… Je peux le faire aussi, le tout est de rester calme, concentré, et surtout motivé. Dans ma tête, une seule pensée sans cesse : « Le protéger. ». Même si cette blessure n’était pas la pire que j’ai déjà vue… Mais c’était mon frère quoi, ce n’était même pas pareil. Il n’aurait qu’une égratignure, ce serait pareil.

Mes mains étaient posées au-dessus de sa blessure, et je cherchais toujours à produire ce chakra particulier, avec hargne. Quand soudain, cela se produisit. Du chakra de couleur verte sortit de mes mains, et se concentra sur le bras mutilé de mon frère. Ma plaie se refermait, mais très lentement. Je ne le maîtrisais pas encore assez bien, mais j’y étais.

- Laisse.

Apposant son autre main sur sa blessure, il la soignait par lui-même.

- Bah voila, t’apprends vite ! Maintenant, souviens-toi de tout ça, et entraîne toi quotidiennement pour le développer encore plus. Tu me dois un entraînement maintenant, sur ce, je vais dormir.

Il sourit, et je le remerciai. Ouais, la prochaine fois, ce sera à moi de lui apprendre quelque chose. De plus, je savais ce qu’il voulait, je n’étais pas dupe. Les arts offensifs de l’Irou no Jutsu, il peut compter sur moi à ce sujet. Mais il allait payer ce qu'il s'est fait à son bras...