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Toutes les années à cette période fleurissent les cerisiers déversant aux grés des vents dans le village des milliers de pétales nacrés. Cependant, cette année aucun vestige de la floraison de ces arbres n'est paru dans Kiri; ce n'est pas dérangeant, mais néanmoins étrange. Allez voir, un peu plus au nord, ce qui fait que les cerisiers ne donnent pas de fleurs; agissez en conséquence selon ce que vous découvrirez.

Les mission s’enchaînaient pour Michiki. Il ne cessait de s’entraîner et de partir en mission. C’était un rythme qu’il aurait préféré ne pas avoir. Tout cela l’empêchait d’avoir du temps libre. Enfin bref. Il était convoqué chez le Mizukage pour qu’on lui remette une nouvelle mission. Il arriva au bureau des missions et on lui remit son ordre de mission, sous forme d’un rouleau, sans plus de précisions. Il s’empara du papier et s’en alla sans plus tarder. Quand on avait la chance que ça se passe aussi vite, il valait mieux en profiter. Une fois dehors, il ouvrit le rouleau. Il relut deux fois pour s’assurer qu’il ne se trompait pas. On le chargeait de s’occuper d’arbres qui ne fleurissaient plus ?! C’était une blague ? C’était une mission bonne pour un Yamanaka, pas pour lui !

Malgré son premier ressenti, il décida de se rendre là où se trouvaient les cerisiers. Une mission était une mission et il devait l’accomplir du mieux qu’il pouvait. Sa destination se trouvait sur une petite colline pas très loin du village. Plusieurs arbres s’épanouissaient là et les pétales étaient emportés par les vents qui parcouraient la colline. Généralement à cette époque, les habitants prétendaient que les rues étaient jonchées de pétales. Michiki n’aurait su le dire puisqu’il n’habitait au village que depuis peu. Dans l’éventualité où l’on ne lui aurait pas demandé d’enquêter sur l’absence des pétales, il était prêt à parier qu’on lui aurait demandé d’en nettoyer la présence dans les rues. Il ne mit pas beaucoup de temps pour arriver à la fameuse butte de terre où étaient censés fleurir les arbres.

Arrivé en haut du monticule de terre, il observa chaque arbre. Ils paraissaient tous biens tristes sans leur floraison estivale. Le bois ne semblait pas endommagé ou en mauvais état mais aucun bourgeon ou aucune fleur ne tapissait la surface rugueuse. Michiki ne savait pas ce qu’il pouvait faire. Il n’avait aucune connaissance en botanique et c’était précisément le sujet de cette mission ! Il commençait à perdre espoir. Que faire ? Il suivit la seule idée qui lui vint à ce moment-là : retourner au village afin de trouver quelqu’un qui s’y connaît en arbres.

De retour au village, Michiki ne perdit pas un instant. Il tâcha de trouver quelqu’un capable de le renseigner sur les causes de ce mystérieux phénomène. Il se rendit d’abord chez un fleuriste. Là-bas, le vendeur lui conseilla de se rendre à l‘autre bout du village pour y rencontrer un gars qui serait un grand botaniste. Le Kirijin suivit le conseil et se rendit à l’adresse que lui avait gentiment donnée le fleuriste. Le spectacle qui l’attendait était…incongru.

La maison à laquelle il faisait face ne pouvait qu’appartenir à un fan des plantes. L’architecture de toute la demeure était dissimulée sous d’épais feuillages, branchages et ronces en tout genre. Le jardin avait plus l’apparence d’une jungle sauvage. Michiki dû littéralement se frayer un chemin jusqu’à l’entrée. Des dizaines de branches et de feuilles venaient lui égratigner la peau ou la caressait dans un léger bruissement. Il arriva à la porte. Il frappa de trois coups distincts. Quelques minutes d’attente. Puis un bruit de pas derrière la porte. Un cliquetis et enfin un village apparut près de l’embrasure de la porte. Il s’agissait d’un jeune garçon, la vingtaine environ, aux cheveux blonds et yeux bleus. Michiki s’attendait à une personne âgée. Le contraste avec la réalité le fit sourire. Il se présenta auprès de l’homme.

-Pardonnez-moi de vous déranger monsieur. Je suis un ninja de Kiri et on m’a demandé d’enquêter sur l’absence de floraison des cerisiers qui sont en bordure du village. J’ai entendu dire que vous vous y connaissiez et j’aurais aimé avoir votre aide.

-J’en ai entendu parler oui. Je m’étais dit que j’allais y faire un tour pour voire ça de mes propres yeux justement. Pourquoi pas maintenant ! Je vais vous accompagner et voir si je peux vous conseiller sur la marche à suivre. Laissez-moi juste le temps de prendre mes affaires.

-Je vous en prie.

La porte se referma. Michiki eut donc le loisir de se faire un bilan de ce qu’il pensait de la personne qu’il venait de rencontrer. Le type semblait sympathique. Pour répondre aussi rapidement à son appel à l’aide, il devait avoir bon fond. Sa réflexion fut interrompue par le cliquetis de la porte. L’homme sortit, ferma la porte à clé et se dirigea vers l’épaisse jungle entourant sa maison. Ils marchèrent tous deux à travers le village jusqu’à leur destination. Pendant le chemin, l’homme se présenta, mais Michiki oublia son prénom. Cela ne l’intéressait pas vraiment. Il tenait juste à en finir avec cette mission. Le botaniste fit la conversation, le Kirijin faisant mine de l’écouter et répondant de temps à autre pour paraître intéressé. Arrivés sur place, l’inspection commença.

L’homme examina les arbres attentivement. Il tira quelques outils tarabiscotés que Michiki ne connaissait pas. Il le laissa donc à sa spécialité, s’éloignant pour le laisser travailler. Il regardait l’horizon, pensif, lorsque le botaniste le rappela. Le Kirijin avait bon espoir qu’il avait trouvé quelque chose. Ce ne fut pas le cas. Le type lui expliqua que la seule raison expliquant un tel phénomène était un hiver rigoureux qui aurait gelé les végétaux. Seulement l’hiver n’avait pas été si terrible. L’homme s’excusa auprès de Michiki. Il devait se rendre quelque part et le nécromancien ne voulut pas le retenir davantage. Il se retrouva finalement seul parmi les cerisiers.

« Me voilà dans de beaux draps »

Sur ces dernières pensées, il s’assit contre l’un des arbres fruitiers, la tête contre le tronc, pour mieux réfléchir.

Michiki voyait l’échec se profiler au bout de cette mission. La désagréable sensation que de toute façon, il ne pourrait rien faire et qu’il devrait retourner annoncer son échec à cause de vulgaires arbres. Il passa du défaitisme à la colère. Tout ça pour de simples arbres ! Encore qu’il échoue dans une mission de protection de personnes parce qu’il était seul contre cent, passe encore. Mais pour des arbres ! La rage commençait à prendre le dessus petit à petit. Une rage qu’il dut extérioriser en attrapant la première chose qui lui tombait sous la main pour la jeter au loin. Ce fut une pierre pas plus grosse que le poing qu’il balança devant lui au pied de deux cerisiers. Il était abattu. Echouer une mission pour si peu. Il rassembla son courage pour se lever et quitter cet endroit pour aller annoncer son échec.

Il repassa par l’endroit où était tombé le caillou qu’il avait jeté. En passant à cet endroit, une étrange sensation s’empara de lui. Il fut incapable de déterminer ce que c’était. Il observa le sol à la recherche de ce qui aurait pu causer un tel trouble. Son instinct l’attirait vers cet endroit. Il était incapable d’identifier ce qu’il ressentait. Il s’agenouilla pile à l’endroit qui le perturbait et commença à toucher le sol. La terre était rugueuse au contact de ses mains, légèrement meuble et anormalement fraîche. En grattant du bout de son index, Michiki se rendit compte que la parcelle de terrain était presque gelée. Ce phénomène étonna le Kirijin. Il tâta la terre alentour et délimita une zone de forme rectangulaire mesurant 1m60 sur 60 cm. A l’intérieur de ce rectangle, la terre était froide et autour elle restait à température normale. Il balisa la zone avec des pierres plantées à la verticale. Il laissa là sa mystérieuse parcelle de terre pour se rendre au village. Il revint quelques minutes après avec une pelle.

Il creusa pendant un certain temps dans la zone qu’il avait délimité. Plus il s’enfonçait, plus la terre était difficile à déplacer. Elle était de plus en plus gelée et les coups de pelle du nécromancien redoublaient d’intensité. Il finit par toucher quelque chose de différent. Il posa la pelle et dégagea un maximum de terre à la main. Un éclat brilla au soleil. En époussetant la terre retournée, Michiki fit face à une large pierre d’un blanc bleuté. Il toucha la surface rugueuse. Elle était extrêmement froide. Il reconnut finalement de quoi était fait cette matière. De la glace. Il aperçut même une forme derrière la couche d’eau congelée. Il récupéra la pelle et il abattit violemment l’outil sur la glace afin de la briser.

Ses coups n’étaient pas très efficaces au début. La tête de la pelle ne provoquait pas plus de dégâts qu’une mouche sur un bâtiment. Il redoubla d’efforts, se reposant de temps à autre pour récupérer. Il finit par créer quelques fissures dans l’épaisse couche protectrice. Il concentra l’essentiel de ses coups aux endroits fissurés. Lorsque le dernier s’abattit dans une zone bien fragilisée, la glace céda juste devant Michiki et ce dernier put voir ce que cachait la gangue de glace.

Un corps reposait au fond de ce caisson que formait la glace. La température avait conservé chaque trait du défunt. Cheveux noirs, traits fins et kimono bleu tacheté de givre blanc. Ses yeux étaient clos et ses mains étaient jointes sur sa poitrine comme l’exigeait la coutume lorsqu’on enterrait quelqu’un. Michiki remarqua un bandeau du village de Kiri posé à côté du cadavre. Celui qui reposait-là était un ninja donc. Michiki observa plus attentivement. Il reconnut sur la manche du kimono l’emblème des Samui. De son vivant, ce ninja devait utiliser le Hyôton. Puis il remarqua également des branches qui traversaient la glace comme pour venir toucher le corps.

Michiki laissa là sa découverte. Il devait se rendre au palais du Mizukage pour annoncer son échec. Il allait réfléchir à que faire du corps découvert lorsqu’il se remémora les mots de « l’expert » qu’il était allé chercher avant pour l’aider. Il avait dit que seul le gel pouvait provoquer un tel phénomène chez les cerisiers. Il regarda le corps recouvert de glace au fond du trou et sourit. L’explication était aussi simple !
Michiki était au bureau des missions pour son rapport. Le supérieur chargé de prendre son rapport lui demanda s’il avait trouvé les raisons pour lesquelles les cerisiers ne fleurissaient plus. Michiki lui dit oui et s’expliqua :

-J’ai découvert un corps du clan Samui au pied des cerisiers. Ceux qui l’ont enterré ont enveloppés le corps d’un sarcophage de glace dans lequel les racines des arbres étaient prises. Le froid a gelé les arbres de « l’intérieur » et c’est ce qui explique l’absence de floraison. J’ai déblayé la majeure partie du corps mais j’ai préféré venir vous faire mon rapport pour la suite.

Michiki savait pertinemment quelle importance on donnait aux cadavres. Il était mal vu d’en disposer ainsi comme bon nous semblait. C’était pour cela que beaucoup le regardait de travers. En tout cas, il avait rempli son rôle. Il avait découvert l’origine du mal qui rongeait les arbres. C’était maintenant au village de prendre les dispositions qui s’imposaient. Lui, il n’avait qu’une idée en tête : rentrer chez lui pour profiter du repos qu’il méritait.