Depuis sa désertion de Kiri, Fro' n'avait pas eu beaucoup de moments à lui. Il s'était pas mal mis au point avec Hiro' pour savoir ce qu'ils allaient faire de leur futur et, pour le moment, ils s'en tapaient. Ce jour-ci, c'était FIESTAAAAAAAAAAAAA. Le Samui et lui s'étaient laissés quartier libre pour toute la journée. L'Otoka avait décidé d'aller faire une tournée des bars et il se dirigeait désormais vers un des endroits mythiques dont il avait entendu parler durant de nombreuses soirées clandestines. Le Pacha. La chaine de boîtes de nuit illégales surement la plus populaire de ce côté ci du globe. Il s'était laissé entendre dire que leur boite la plus branchée se trouvait dans une des nombreuses cavernes qui formaient les Grottes du Temps. C'en était tout simplement génial. Ses pas l'avaient mené tout droit vers les dites Grottes.
Il avait mis un temps fou à trouver l'emplacement exact de la boite de nuit et avait donc suivi les masses de chakra en transe qui remuaient à moins d'un kilomètre. Au premier abord, cet ensemble de grottes auraient pu être confondues avec n'importe quel autre amas de cavernes rocheuses. En réalité, c'était le lieu d'amusement de plus de milliers de personnes chaque nuit et ce à l'insu des non-initiés et c'était LA PLUS GRANDE DISCOTHEQUE CLANDESTINE du monde. Plus de trois hectares de zone de fête. Fro' était aux anges. Il ne restait plus qu'un problème de taille. Plus grand que lui en plus. Passer l'entrée et la dizaine de videurs qui accueillaient les clients. Ce qui aurait du être une formalité devenait un casse-tête quant il s'agissait de l'Otoka. Pourquoi donc? Il avait tout simplement paumé le Pass VIP qu'il s'était procuré de manière plus que douteuse. Merde. Il allait falloir jouer serré et user de tout le charme possible. Un petit supplice de quelques minutes allait lui permettre d'accéder au Saint Graal des soirées clandestines.
Bombant le torse de manière à réhausser son taux de virilité dans un état supérieur à celui précédent, il observa les néons représentant le mot Pacha en bleu fluo et posa son complexe cristallin sur la file d'attente. Il repéra vite ce à quoi il voulait avoir affaire. Sa proie n'était plus dans la force de l'âge et elle était donc idéale. Des cheveux blonds péroxydés, un tee-shirt moulant rose qui peinait à masquerune poitrine d'un volume totalement contre-nature, des dents plus blanches qu'une pub pour Freedent, un petit short en jean à ras la ***** (PEGI 18) qui laissait dépasser un bout de ficelle blanc. Parfait. Le jeune shinobi se dirigea vers sa cible avec force prestance et élégance. Son ardeur masculine en prenait un coup mais s'il voulait rentrer, il devait passer par là. Il eut une petite prière en vue de la réussite de son approche. Il passa par dessus la rambarde qui délimitait la file d'attente et s'adressa directement à la vieile femme qui lui adressa un sourire carnassier.
"Puis-je me joindre à vous? Il me semble que vous cherchez de la compagnie et je pense pouvoir satisfaire cette demande."
"Avec plaisir."
Elle s'appelait Natascha. C'était une riche propriétaire terrienne du Pays du Feu dont le mari était décédé sous peu. Elle avait certes une haleine de chacal et avait apposé sa deuxième main sur les fesses du jeune ninja quand celui-ci lui avait proposé son bras mais il n'avait plus qu'une dizaine de mètres à parcourir et il serait libre. La libido de l'Otoka avait désormais sombré dans le néant. Il se demandait si son mal-être allait le transformer en immense crapaud gluant sur l'instant mais la musique qui se diffusait aussi légèrement à l'extérieur de la discothèque lui fit reprendre espoir, même si la main du démon resserrait son emprise sur ses fessiers. Il risquait d'être pris au piège. Le moment fatidique arriva et il se demande si tous ces efforts allaient se révéler vains. La musique montait dans les airs et un écho se faisait entendre.
Spoiler:
Pas obligée d'écouter mais ça met dans l'ambiance.
Le videur semblait se diriger au ralenti vers eux. Fro' fit un des sourires les plus faux de toute sa vie. Si l'entrée lui était refusée, il ne pourrait pas passer, même par la force. Les videurs étaient d'anciens ninjas rompus au combat. Il était certain que cela ne passerait pas. Natascha sortit son pass VIP et y glissa quelque chose à l'intérieur. Le videur écarquilla les yeux et afficha un sourire, les laissant ensuite passer. Corruption? On dira que ce n'était qu'un signe d'amitié mais Fro' y était. Il était entré. Les DJs commençaient à mixer et l'ambiance commençait à devenir bonne. Ca et là des danseuses exotiques s'exhibaient, virevoltant autour de barres de Pole Dance. De nombreux bars étaient disposés dans les différents salons. A ce qu'il comprenait, le Pacha s'étalait sur 3 étages et chaque étage était indépendant de l'étage voisin. Le service de sécurité était impressionnant. Il ne restait qu'une chose à faire, se libérer de la dite Natascha qui entrainait le jeune ninja vers la piste de danse. Il aimait la danse mais pas avec les dames de plus de 35 ans, surtout si elles sont refaites. Il prétexta le fait d'aller chercher des verres pour s'éclipser. Il passa par le premier bar qu'il vit et commanda un shot de rhum pour se mettre dans l'ambiance. Son esprit s'éclaircit soudainement et il se déplaça en dansant jusqu'à l'étage de dessus. S'enfonçant au plus profond de la piste de danse, il commença à exécuter ses pas de breakdance préférés et se laissa entrainer par le mouvement de ses pas. C'était clairement trop bon.
« Rappelle-moi ce qu'on fête ? » Mon déménagement, ma "nouvelle vie" de colocataire avec cette folle, vraiment ? Alors pourquoi on n'est pas chez nous là, dans notre canap', à mater des films avec des beaux gosses plutôt que d'attendre au milieu d'une file et de gens pas NORMAUX ? Je ne dis rien néanmoins, dissimulant tant bien que mal un léger soupir. J'exagérais un peu, en fait, parce que j'étais quand même contente de sortir avec elle ce soir. J'appréciais nettement son initiative, même si je sentais aussi clairement qu'elle nous emmenait dans un plan encore foireux. En outre, je connaissais l'endroit de nom, parce qu'elle y allait régulièrement, mais je n'y avais jamais mis les pieds. Pour être honnête, j'n'avais jamais mis ne serait-ce que le quart d'un orteil en boîte. Pas parce que j'étais une fille asociale, ou coincée, ou j'sais pas quoi. C'est juste un univers un peu trop éloigné du mien. J'avais, par exemple, un tout autre intérêt musical que cette mélodie saccadée et assourdissante qui sévissait en soirée ; la seule vraie musique, 100% clandestine, restait le silence. Pur et saisissant. Non mais, j'allais pas perdre mes tympans pour quatre heures passées sous des basses vibrantes non plus. Oui, oui, j'essaie de me rassurer là. Une autre raison pour laquelle j'avais toujours refusé la boîte, c'était pour la danse. Moi j'danse, ouais. Mais le rock' quoi... Vous croyez qu'on passe du vieux rock en boîte ? Pas ici, nan, nan. J'me fais nonne si je me trompe. Bon, en fait, c'était clairement la galère... Et encore une fois, je me demandais ce que je foutais là.
En promenant mon regard sur ceux qui espéraient entrer autour de moi, je repérai quelques spécimens amusants. L'intérêt avec ce coin, c'tait qu'il attirait des gens de tous les endroits du monde. Enfin, sauf peut-être du pays d'la foudre, parce que j'voyais pas de gay pour l'instant. Des refoulés ces gens, j'vous jure - j'étais encore choquée d'mon passage là-bas. M'enfin, même si mes gayzous préférés n'étaient pas là, on avait quand même une Barbie vivante qui devait être en train de chercher ses keupines sirènes dans la file, et une fille avec des cheveux d'un bleu clairement industriel qui me fixait étrangement - à laquelle j'avais envie de répliquer qu'elle pouvait bien être jalouse de mon vert libellule, parce qu'il était beau et naturel LUI. J'allais me désintéresser d'une vieille mocheté blonde postée un peu plus en avant dans la masse grouillante, lorsqu'il déboula de nulle part un p'tit jeune pour lui adresser la parole en des termes visiblement réjouissants pour la pabelle. Intriguée, je les observais un instant, l'air de rien. Je n'avais pas tout de suite compris ce qu'il était venu faire là, ni qui il était pour la vieille, et quand ce devint une évidence, je lâchai un juron étouffé. Oh shit, shit, shit man. Pourquoooooi ? J'suis vraiment naïve des fois, c'est déprimant. Pour la peine je décidais de ne plus m'intéresser qu'au bout de mes shoes violettes jusqu'à ce qu'on passe le mur de videur qui bouchait l'entrée. Là, j'lançais un vague sourire, laissant mon amie faire le nécessaire pour entrer à sa suite sans problème. J'aurais pu faire ça comme job... Regarder les gens passer, et repasser, indéfiniment. J'aurais été doué, étant surtout physionomiste. Ça aurait été aussi bien moins contraignant que d'être shinobi...
Dedans il régnait un vacarme assourdissant. Je dû mettre trente bonnes secondes avant de saisir le sens de ce que j'entendais. Instinctivement, je tirai le bras de ma collègue et lui signifiait d'un air un peu perdu que si elle s'éloignait de plus d'un mètre, j'allais sombrer. Son rire ne parvint pas jusqu'à mes oreilles, mais l'image qu'il rendait me faisait comprendre qu'elle se foutait royal'ment de ma gueule. Humf. Tant pis, elle savait très bien que j'allais avoir cette réaction. On ne demande pas à une fille qui a vécu dans un champ d'être complètement réceptive aux pratiques des urbains, non, non, non. Je la suivais tant bien que mal dans cette foule grouillante qui se pressait çà et là, ne sachant trop où elle me conduisait. Et comme d'habitude, ma trop grande confiance en elle allait me perdre dans des projets complètement louches... Je n'sais plus trop comment je me retrouvai alors un verre dans la main, sans plus trace de mon amie à mes côtés. Un coup d’œil dans le fond de mon verre m’assura qu’il n’était pas vide, aussi je le finissais d’une traite avant de tirer une grimace. C’était pas trop mauvais quoiqu’un peu trop brutal et je sentis une bouffée de chaleur soudaine monter jusqu’à mes joues. Damn. Elle était passée où… Cette folle m’avait abandonnée, et sûrement sciemment. Ça m’aurait par contre arrangé qu’elle attende que je sois complètement défoncée.
J’avais une très nette idée – et mes idées n’allaient pas rester nettes très longtemps à ce rythme – de l’endroit où elle aurait pu se diriger. Mais je n’allais pas la rejoindre, bien au contraire. C’était ce genre de filles qui font leur commerce des faiblesses des hommes, et elle n’avait pas besoin que je me mette dans ses pattes… Des fois que je lui piquerais ses proies, ah ah ah. Bref, j’peux rire, en attendant c’moi la paumée dans l’histoire. Resongeant aux quelques conseils que m’avait dispensés la folle, je me glissai dans le flot de gens qui soi-disant dansaient. Moi j’appelle pas ça d’la danse. Tu bouges, tu gigotes, et puis quoi ? Je me laissais finalement entrainer par le flot, et me retrouvai l’instant d’après dans un p’tit coin un peu plus sympa. Mais comme j’étais clairement maladroite et pas trop inspirée, je devais carrément détonner. Je profitai d’un peu plus d’espace pour ralentir la cadence, et m’intéresser plus au peuple qui m’entourait. Sur qu’à côté d’eux, on avait un peu l’impression que j’venais d’être télescopée d’une météorite sur la Terre. Mon épaule touchant quelqu’un, je me retournai vivement. La lumière m’offrit un visage que j’aurais pas aimé recroiser, j’crois. Le gars de la vieille. Omagad. J’sais pas pourquoi je me mis moitié à rire, moitié à m’étouffer. Et captant son attention d’un geste, je lançai par-dessus le bruit :
« On s’est lassé de la vieille blonde finalement ? T’as raison j’crois, vous colliez pas trop ensemble. Enfin, t’es t’être géronto’ nan ? »
Oh, Kita’, tu cherches quoi là ? Ça te dit pas on fait les fous comme ça, un peu ?